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Mémoires de Guerre - Introduction

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Mémoires de Guerre - Introduction

L'ancienne confrontation entre "histoire" et "mémoire", naguère dominée par l'opposition entre Lavisse et Péguy, a resurgi dans le débat historiographique et civique depuis vingt ans. La mémoire est devenue un objet d'histoire ; il n'appartient donc pas à l'Assemblée nationale de décider si le massacre des Arméniens est un génocide. Cette tâche incombe aux historiens. Il existe donc un devoir d'histoire qui respecte les règles du métier d'historien et qui se distingue du devoir de mémoire. La présence de cette mémoire à des effets induits en classe, elle fait partie de nos sociétés, c'est un fait d'histoire, un fait réel mais elle soulève aussi la question des commémorations. N'y a t-il pas danger à multiplier les commémorations ?

Histoire et mémoire

Comme le précise Krzysztof Pomian , "le droit à l'histoire est en train de devenir dans nos sociétés démocratiques l'un des droits du citoyen. Cela se voit surtout, pour des raisons évidentes, dans l'histoire du temps présent ".

En effet, on constate un temps de remémorations massives, largement médiatisées, issues de pressions diverses, qui ne favorisent pas le travail de deuil, dévalorisent l'oubli et le pardon, contribuent à l'inverse à la promotion de communautarismes "identitaires", sociaux ou géographiques, dont l'affirmation et la promotion mémorielles peuvent contribuer à distendre le lien social. Ces commémorations à répétition, ce "devoir de mémoire" vont donc à l'encontre du but recherché, que nous croyions si utile naguère d'exposer en classe. Sur ce sujet, Paul Ricoeur écrit : "Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire et d'oubli. "

Krzysztof Pomian écrit que "rien n'interdit, en effet, d'admettre que la mémoire est devenue l'une des provinces de l'histoire, tout en reconnaissant qu'elle ne saurait aucunement être enfermée dans ces limites". En effet, l'histoire "n'a pas pour but de célébrer telle ou telle mémoire particulière ni de ressusciter ce qui s'est passé, mais de faire comprendre, dans toute leur complexité, les rapports qui unissent ou divisent…"

Ces commémorations obligatoires représentent un vrai danger car "elles ont envahi le travail de l'historien jusqu'à l'asservir tout entier" et par ricochet le travail du professeur d'histoire et géographie. Le danger est celui d'une histoire à pilotage mémoriel, la pression de la mémoire pouvant contribuer à rompre la chaîne argumentative et paradoxalement à disloquer un peu plus la temporalité.

Il faudra donc faire demain une histoire de la mémoire, en suivant les règles élémentaires du métier d'historien et proposer en classe une historisation pas à pas de la mémoire. D'où la difficulté de fond qui nous assaille aujourd'hui : comment intégrer mémoire et commémorations au corpus historique à transmettre aux élèves ? En attendant, il importe de mieux maîtriser le rapport entre "un devoir de mémoire" socialement et culturellement acquis en ce début du XXIème siècle et un "devoir d'intelligence" qui est au cœur de nos enseignements et de toute éducation.

Deux pistes de réflexion s'ouvrent à nous. D'une part, réfléchir à la notion d'événement, qui devient beaucoup trop aujourd'hui une sorte de valeur-refuge outrageusement médiatisée et sur laquelle l'analyse des suites inlassablement réactualisées (voir le premier anniversaire du 11 septembre 2001) l'emporte sur celles des causes et des effets historiques ; d'autre part, mener une réflexion sur l'usage pédagogique plein du document patrimonial : quelle doit être sa place dans l'argumentaire ? Comment rendre disciplinaire, donner une dimension historique nouvelle à ce qui n'est encore le plus souvent, en classe, qu'un apport pédagogique ?



Auschwitz

 

 

Les commémorations : devoir civique ou devoir de mémoire ?

Il y a toujours eu des commémorations, mais les choses ont changé de nature avec la Seconde Guerre mondiale, car elle a d'emblée été tenue pour porteuse de leçons de morale et de civisme. Un appareil de commémorations a été mis en place dès la fin de la guerre : loi instituant la journée de la Déportation, organisation du concours national de la Résistance devenu concours national de la Résistance et de la Déportation, création et diffusion du film Nuit et Brouillard. En France, il y a donc aujourd'hui quatre journées nationales commémoratives pour la seule Seconde Guerre mondiale : la journée de la Déportation ; le 8 mai ; le 16 juillet ; le 27 janvier (ouverture du camp d'Auschwitz), journée européenne créée récemment par le Conseil de l'Europe pour commémorer la Shoah.

Il convient également de réfléchir au rôle joué par les centres de la mémoire, Caen, Oradour-sur-Glane, Péronne, Saint-Omer, demain le Mémorial d'outre-mer à Marseille. Ce sont des lieux financés par les collectivités locales qui ont aussi une fonction touristique. Aussi la mémoire envahit-elle l'histoire puisque, sous l'influence de groupes de pression divers, l'appareil commémoratif a été mis en place avant l'écriture de l'histoire de la guerre.

Celle-ci se heurte par ailleurs à de nombreuses difficultés : premièrement, le poids des "témoins" qui pèse sur l'écriture, d'abord les résistants, puis les déportés, avec le danger de la fascination pour ce que racontent les témoins, en sachant bien aussi que tous les témoins ne sont pas interchangeables. En classe, les témoins peuvent créer de magnifiques moments d'émotion, mais cela nécessite un important travail de préparation non seulement en amont mais aussi en aval. Deuxièmement, l'impératif de comprendre, comme nous l'enseigne Marc Bloch, doit suivre les règles de notre métier consignées dans son Apologie pour l'Histoire ou le métier d'historien et dans L'Étrange défaite : "L'Histoire doit nous permettre de penser le neuf et le surprenant." Troisièmement, la difficulté à gérer le conflit entre l'impératif du travail de compréhension et le discours sur l'interdit de la compréhension, imposé notamment par Claude Lanzmann dans son film Shoah selon lequel Auschwitz serait hors de l'histoire, hors du temps, hors de la pensée. Enfin, quatrièmement, le surgissement de la mémoire régionale, dans les DOM-TOM par exemple à propos de la question de l'esclavage, mais aussi en métropole (par exemple en Ardèche). C'est un enjeu à moyen terme pour les collectivités territoriales et la question va rebondir avec la montée de l'enseignement du fait religieux et des langues régionales.

Jean-Pierre Rioux, inspecteur général de l'Éducation nationale - Annette Wievorka, directrice de recherche au CNRS

 

Allez plus loin :

 


Schirach Baldur von

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Schirach Baldur von

 

Baldur von Schirach (9 mars 1907 à Berlin - 8 août 1974 à Kröv-an-der-Mosel (de)) était le chef des Jeunesses hitlériennes et également gauleiter de Vienne. Il fut condamné à vingt ans de prison à la suite du procès de Nuremberg et emprisonné à la prison de Spandau. Baldur von Schirach est né le 9 mars 1907 à Berlin. Il est issu d'une riche famille d'aristocrates officiers et est le dernier des quatre enfants von Schirach. Son père, l'officier Carl von Schirach épousa Emma, la fille d'un avocat américain. En 1908, Carl démissionna de l’armée pour devenir directeur du théâtre de la Cour grand-ducale de Weimar. Baldur connaît une enfance privilégiée, marquée par la musique, le théâtre et la littérature.

Très tôt, il fit preuve d’un talent de poète et aime particulièrement Goethe. Malheureusement, la Première Guerre mondiale mit vite fin à cette vie sans souci. À 10 ans, le jeune von Schirach devint membre de la ligue des Jeunes Allemands, une organisation nationaliste et raciste. Le lendemain de la défaite allemande de 1918, son père fut révoqué et resta quelque temps sans emploi. Les désordres qui agitaient alors l’Allemagne traumatisèrent durablement la famille von Schirach. Le fils aîné ne supportant pas le déshonneur de sa patrie mit fin à ses jours.

Désenchanté, Carl von Schirach se tourne vers l’extrême-droite et devint l’un des partisans du parti national-socialiste. urant son adolescence, Baldur fut marqué par la haine de son père envers la République de Weimar. Au cours d’un voyage qu’il effectua avec sa mère aux États-Unis, sa famille américaine lui proposa de s’y installer pour entamer une carrière. Mais Baldur choisit de retourner en Allemagne. Le 29 août 1925, lors d’un dîner organisé dans la maison familiale, il fit la connaissance d'Adolf Hitler. L’adolescent profondément impressionné par cette rencontre adhéra peu après au NSDAP. En 1927, Baldur entra à la SA et s’installa à Munich où il s’inscrivit à l’université pour y suivre des cours d’histoire de l’art, d’anglais et de littérature allemande. n dépit de son jeune âge, von Schirach fit très vite partie du cercle intime des dirigeants du NSDAP. Ainsi, le 20 juillet 1928, il fut nommé à la tête de l’Union des étudiants hitlériens .

En 1929 son engagement politique le poussa à abandonner ses études. Propagandiste et organisateur remarquable du mouvement étudiant, il inspira chez ses compagnons les idéaux de la camaraderie, du sacrifice, de la discipline, du courage et de l’honneur. Il gagna ainsi à la cause nazie des centaines de milliers de jeunes. L'efficacité de son action auprès de la jeunesse et la dévotion aveugle qu’il exprime dans ses poèmes lui valent l’estime de Hitler. Le 30 octobre 1931, celui-ci le nomma chef des Jeunesses hitlériennes, poste qu'Hitler crééa spécialement pour lui. Baldur, qui n’avait que 24 ans, devint ainsi colonel SA. En mars 1932, il épousa Henriette Hoffmann, la fille du photographe personnel de HitlerHeinrich Hoffmann. Leur  témoin, Hitler, leur offrit un chien. Le couple aura quatre enfants, trois garçons et une fille. Le 31 juillet, von Schirach entre au Reichstag. Quelques mois plus tard, début octobre 1932, il organisa une monumentale marche de la jeunesse nazie.

Des dizaines de milliers de jeunes, venus à pied de toute l'Allemagne, rendirent ainsi hommage à Hitler au cours d’un défilé qui dura près de 7 heures. Le Führer fut lui-même très impressionné. A partir de janvier 1933, von Schirach travailla d’arrache-pied pour atteindre son objectif : inculquer à la jeunesse allemande les idéaux nazis. Il prit ainsi possession, par la force, des bureaux du comité des associations de jeunesse du Reich, puis de l’organisation des auberges de jeunesse. Le 17 juin 1933, lors d’une cérémonie en présence de Hitler, von Schirach devint chef des Jeunesses du Reich allemand. La Hitlerjugend fut ainsi libérée de la tutelle SA et devint autonome du parti. Entre janvier 1933 et 1934, les jeunesses hitlériennes passèrent de un à 3,5 millions de membres. À la suite du décret du 1er décembre 1936 qui en fit une organisation d’État, les adhérents furent de plus en plus nombreux. Von Schirach devint alors Secrétaire d’État à la jeunesse. Désormais, il ne dépendit plus que de Hitler et fut « entièrement responsable de l’éducation physique, idéologique et morale de la jeunesse allemande ».

En janvier 1937, avec l'aide du docteur Ley, il ouvrit les écoles Adolf Hitler pour former l’élite du IIIe Reich. Son organisation travailla en étroite collaboration avec le ministère de la propagande qui avait pour chef Joseph Goebbels. Présenté comme une sorte de héros, adulé par les jeunes nazis comme un dieu, les photographies du chef des jeunesses hitlériennes furent diffusées en nombre dans l’ensemble du Reich. En 1938, von Schirach déclara : « Le combat pour l’unification de la jeunesse allemande est terminé. Je considère comme de mon devoir de la conduire d’une manière dure et intransigeante [...] et je promets au peuple allemand que la jeunesse du Reich, la jeunesse d’Adolf Hitler, accomplira son devoir suivant l’esprit de l’homme à qui seul leurs vies appartiennent. » Le 25 mars 1939, l’adhésion aux jeunesses hitlériennes devint obligatoire pour les jeunes voulant faire des activités sportives ou encore aller à l'école. Elles regroupèrent alors 12 millions de jeunes. Von Schirach transforma ainsi la jeunesse allemande en « objet de propagande vivante », faisant ainsi l'embrigadement des parents par leurs enfants.

C'est à cette époque que von Schirach prononça la célèbre phrase dans un meeting, joignant le geste à la parole : « Quand j'entends le mot « culture », je sors mon revolver ! ». Cette phrase a en fait été écrite par Hanns Johst (de) (1890-1978), lui-même national-socialiste, qui l'a placée comme réplique d'un personnage de l'une de ses pièces de théâtre intitulée « Schlageter » (1933). Attribuée à tort à Hermann GoeringJoseph Goebbels ou von Schirach lui-même, c'est une des plus célèbres citations apocryphes du XXe siècle. Terrain d’entraînement des futurs officiers, les jeunesses hitlériennes devinrent également à partir du 26 août 1938 le vivier de la SS : à la suite d’un premier accord conclu entre Baldur von Schirach et Heinrich Himmler, les meilleures recrues furent orientées vers l’Ordre noir après avoir suivi un entraînement particulier. Un bureau de liaison entre la SS et la Hitlerjugend fut mis en place le 1er octobre, et un nouvel accord renforçant cette collaboration fut signé le 17 décembre 1938.

Quant à la coopération avec l’armée, elle fut renforcée le 11 août 1939. Von Schirach signa alors une nouvelle convention avec Wilhelm Keitel, commandant en chef de la Wehrmacht, suivant laquelle la Hitlerjugend effectuera l’entraînement pré-militaire suivant les règles fixées par l'armée qui, en contrepartie, s’engagea à former chaque année 30.000 instructeurs pour la jeunesse hitlérienne. Cependant, le Jugendführer n’avait pas que des amis au sein du NSDAP. L’un de ses principaux ennemis, Martin Bormann, fit en sorte de nuire à sa réputation par des plaisanteries sur son comportement. Il fut vrai que le grassouillet Baldur n’appréciait guère la vie spartiate qu’il faisait régner dans les camps de la Hitlerjugend, et se montra distant envers ses troupes lors de ses déplacements. Quelque temps après le déclenchement de la guerre, en décembre 1939, sans doute pour couper court aux insinuations de ses opposants, von Schirach rejoignit volontairement l’armée. Après avoir subi un entraînement, il servit sur le front de l’ouest à partir d’avril 1940 et participa à la campagne de France.

En juin 1940, promu lieutenant, il reçut la Croix de fer de seconde classe, avant d’être rappelé à Berlin par Hitler. Son opposition à la guerre et des litiges internes le conduisirent à être remplacé à la tête des jeunesses hitlériennes ; il resta néanmoins Reichsleiter, chargé de l’éducation de la jeunesse allemande. Déçu par son protégé, Hitler l’exila en le nommant en 1940 gouverneur de la région de Vienne et Reich commissaire à la défense. À partir de septembre 1940, il fut également chargé de l’évacuation des enfants des villes pour les protéger des bombardements britanniques. Dans la métropole viennoise, Baldur von Schirach donna de somptueuses fêtes. Sur place, ses responsabilités couvraient l’économie de guerre, l’administration de Vienne et celle du Gau sous la supervision du ministre de l’Intérieur. Il y fut responsable du programme de travail forcé. Surtout, dès sa prise de fonction, von Schirach précipita la déportation des Juifs de la région de Vienne. Le 2 octobre 1940, alors qu’il participait à une réunion dans le bureau de Hitler, il demanda au chef du Gouvernement Général de se charger des Juifs qui étaient encore présents à Vienne. Le 3 décembre 1940, à la suite de ses rapports, il reçut une lettre lui annonçant que Hitler avait décidé de déporter les 60 000 Juifs restant à Vienne vers le Gouvernement Général. Au total, il participa directement à l’envoi à l’Est de 185 000 Juifs. Expulsion qu’il jugea, dans l’un de ses discours, comme étant « une contribution active à la culture européenne ».

Von Schirach n’a désormais plus de réelle influence au sein du Reich. Ses rapports avec son Führer iront en se dégradant jusqu’à la fin du conflit. Bormann fit d’ailleurs en sorte d’envenimer leurs relations. Après le 17 novembre 1942, une nouvelle répartition administrative le déchargea de la responsabilité du Danube inférieur et du Danube supérieur. En 1943, il s’attira les foudres de Hitler pour avoir organisé à Vienne une exposition sur « l’art décadent ». La rupture fut pratiquement consommée au cours d’un dîner avec le Führer, le 24 juin 1943. Von Schirach aurait alors demandé qu’un meilleur traitement soit accordé aux peuples de l’Est, en particulier aux civils russes, et aurait protesté contre les conditions dans lesquelles s’effectue la déportation des Juifs. Quant à sa femme Henriette, elle se serait déclarée opposée aux déportations et aurait demandé au Führer s’il avait lui-même permis que les Juifs soient maltraités. Hitler, furieux, aurait quitté la pièce avec fracas.

Au moment de la prise de Vienne par l’Armée rouge le 13 avril 1945, von Schirach tenta dans un premier temps d’échapper à la capture. Sous le nom de Falk, il travailla à Schwaz, dans le Tyrol, comme interprète pour l’armée américaine. Cependant, quelques jours avant la capitulation allemande, le 5 mai 1945, il dévoila par lettre son identité aux Américains et se constitua prisonnier. Le 20 novembre, il fut mis en accusation par le tribunal de Nuremberg pour « plan concerté ou complot » et « crimes contre l’humanité ». Le principal acte d’accusation reposa sur sa participation aux déportations des Juifs d’Autriche. Au cours du procès de Nuremberg, von Schirach fut le seul, avec Speer et Hans Frank, à reconnaître la culpabilité du régime nazi et à faire preuve de quelque repentance. Il déclara : « Devant Dieu, devant la nation allemande, devant le peuple allemand, je porte seul la culpabilité d’avoir entraîné la jeunesse à soutenir un homme qui durant de longues années a été considéré comme étant irréprochable et qui a assassiné des millions de gens ». Il apporta la preuve qu’il avait protesté auprès de Bormann contre le traitement inhumain infligé aux Juifs et, déclarant que les crimes commis resteront pour des siècles une tache dans l’histoire allemande, il assura ne pas avoir eu connaissance de l’existence des camps d’extermination.

Affirmation fort douteuse, puisque ses fonctions lui valaient de recevoir les rapports du SD sur l’application de la « Solution Finale ». Il se défendit en déclarant que ses « principales activités à Vienne étaient sociales et culturelles ». Le 1er octobre 1946, disculpé du premier chef d’accusation, von Schirach fut reconnu coupable de Crime contre l'humanité et condamné à 20 ans de prison. Au cours de ses années d’incarcération, il commença à écrire secrètement ses mémoires. En 1950, les époux von Schirach divorcèrent. La même année, ses enfants demandèrent sa grâce, en vain. Ce fut un homme malade et prématurément vieilli qui sortit de la prison de Spandau le 30 septembre 1966. Jusqu’à son décès, il vécut retiré dans le sud-ouest de la République fédérale d'Allemagne. En 1967, il publia Ich glaubte an Hitler (J’ai cru en Hitler), tentant d’expliquer la fascination que le Führer avait exercée sur lui et sur la jeunesse allemande. Il mourut dans son sommeil dans un petit hôtel de Kröv-an-der-Mosel, le 8 août 1974.

Benes Edvard

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Benes Edvard

 

Edvard Benes, dont le nom est souvent francisé en Édouard Bénès ou Benes, né le 28 mai 1884 à Kožlany et mort le 3 septembre 1948, fut un des fondateurs de la Tchécoslovaquie, ainsi que son président de la République de 1935 à 1948 (de 1938 à 1945 en exil en tant que président du Gouvernement provisoire tchécoslovaque).

Né dans une famille paysanne, Edvard Benes est le benjamin de dix enfants. Sa famille est orientée à gauche. Il obtient son baccalauréat dans un lycée du quartier pragois de Vinohrady. Il étudia ensuite le droit et la sociologie à l’université Charles de Prague. Il continue ses études à Londres et à Berlin, mais surtout à Paris à la Sorbonne et à l’École libre des sciences politiques. Il obtient un doctorat en droit à l’université de Dijon en France, 1908. Ce long séjour en France imprègnera en lui, et en sa politique, une profonde francophilie qui durera jusqu’en 1938.

Beneš devient professeur à l’université Charles de Prague en 1909. Il adhère au parti progressiste tchèque de Masaryk. Il épouse, le 10 décembre 1909, Hana Vlčková. Grâce à une des tantes de sa femme, il obtient de larges moyens financiers. Ceux-ci seront mis à contribution pendant la Première Guerre mondiale.

Edvard Beneš s’installa en France en 1915. Il milita aux côtés de son mentor Tomáš Masaryk et de Milan Rastislav Štefánik pour la disparition de l’Autriche-Hongrie. Il commença sa carrière politique dans le Conseil national tchécoslovaque en exil à Paris. Celui-ci avait été respectivement reconnu par la France, l’Angleterre et enfin les États-Unis en 1918. Lors de la négociation sur le traité de Versailles, il accomplit un lobbying très actif pour permettre à la future Tchécoslovaquie de garder les frontières occidentales de la Bohême malgré une forte minorité allemande.

Il était un ardent défenseur de l’idée de la Tchécoslovaquie - réunion de la Bohême, de la Moravie et de la Slovaquie - entité sans fondement historique. En effet, même si ces deux peuples parlaient des langues très proches, leurs traditions culturelles et racines historiques étaient très opposées. La Bohême, où la tradition hussite était forte, avait fait partie du Saint-Empire, la Slovaquie, très imprégnée de catholicisme, jamais. D’autre part les minorités allemande, hongroise et ukrainienne, encore plus allogènes, étaient hostiles au nouvel État, où les Tchèques eux-mêmes étaient minoritaires. Cet État fut néanmoins créé par le traité de Saint-Germain-en-Laye en 1919 et agrandi par le Traité de Trianon en 1920, sur les décombres de l’Empire d’Autriche-Hongrie, sur la base du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, en application du 14e point de la déclaration du président Wilson.

Après avoir été ministre des Affaires étrangères de la nouvelle Tchécoslovaquie, député au Parlement, président de la SDN, Beneš fut l’architecte du système de sécurité en Europe, fondé sur la Petite Entente et l’alliance avec l’Union soviétique. Il devint le deuxième président de la première République tchécoslovaque le 18 décembre 1935 suite à la démission de Tomáš Masaryk. Il le demeure jusqu’aux accords de Munich; il renonce à sa charge le 5 octobre 1938 et est remplacé par Emil Hácha comme président de la république.

Il quitte alors son pays avec l’aide financière secrète de Staline pour un exil à Chicago où il enseigne la philosophie. Depuis le début du XXe siècle Chicago comptait le plus grand nombre de Tchèques aux États-Unis. En mars 1939, ce qui reste de la Tchécoslovaquie (« seconde République tchécoslovaque ») est démembré par l'Allemagne, donnant naissance au Protectorat de Bohême-Moravie et à la République slovaque indépendante. Beneš part pour à Londres où il fonde en 1940 le gouvernement tchécoslovaque en exil, et en assume la présidence.

En 1941, Beneš signe avec Staline un traité d’alliance et organise avec l’aide des Anglais l’attentat contre Reinhard Heydrich, Reichprotektor et bourreau du pays tchèque (mai 1942). Cet attentat sera suivi d’une cruelle répression. L’Armée rouge occupe l’est du pays et Prague en avril et mai 1945, tandis que l’armée américaine libère l’ouest et Pilsen. La restauration de l'État tchécoslovaque est proclamé, donnant naissance à la « troisième République tchécoslovaque ». Beneš est confirmé dans sa fonction de président de la République à ce moment par le gouvernement intérimaire présidé par le socialiste de gauche Fierlinger et réélu le 19 juin 1946.

Après l’occupation allemande et en l’absence d’un parlement élu, mais en application des décisions prises par les Alliés à la conférence de Potsdam, il signe les « décrets Beneš » dont les plus connus concernent l’expropriation et l’expatriation forcée des Allemands des Sudètes et d'une partie des Hongrois de Slovaquie. L’existence de ces décrets, par le biais de l’exploitation qui en est faite par les partis conservateurs de Bavière et d’Autriche, continue de polluer l’atmosphère des relations germano-tchèques. En l’état actuel des choses, ces décrets ont été maintenus par les gouvernements qui se sont succédé à Prague de 1945 à nos jours et intégrés dans le corpus juridique de l’Union européenne en 1996.

Après les élections de 1946, le PCT qui avait obtenu 38% des suffrages domina la vie politique et son secrétaire général, Gottwald devint Président du Conseil. Beneš se fit beaucoup d’illusions sur ses rapports personnels avec Staline, grâce auxquels il croyait pouvoir maintenir une démocratie pluraliste en Tchécoslovaquie. Il sera broyé par la guerre froide.

Gravement affaibli par une série d'attaques cérébrales, il laissa le Parti communiste tchécoslovaque liquider le Parti Démocrate Slovaque après une violente campagne de presse : ce parti représentait un véritable obstacle à la mainmise des communistes sur la Tchécoslovaquie. Après ce succès, le Parti communiste comprit alors que la voie était libre pour le coup d'État qui vint en février 1948.

Sous la pression de Staline, reprise par le Parti communiste, Beneš dût refuser l’aide du plan Marshall, ce qui aurait conduit le PCT à la défaite aux élections de 1948. Aussi, le 21 février 1948, Gottwald précipite la crise par une mainmise totale des communistes sur la police, ce qui provoque la démission des ministres libéraux, avec l’encouragement de Beneš : Gottwald procède alors à des arrestations massives dans l’armée, la presse et les partis d’oppositions, qui sont alors abandonnés par Beneš. C’est le coup de Prague.

Le 25 février 1948, il accepte, sous la pression du Parti communiste et de Klement Gottwald, la démission du gouvernement de coalition démocratique et confie au parti communiste le soin de former un nouveau gouvernement sous son contrôle quasi exclusif. Le parlement, épuré, vota la confiance au nouveau gouvernement à l’unanimité. Après des élections truquées ou seul le PCT et ses affidés pouvaient se présenter, il refuse de ratifier la nouvelle constitution qui consacre la mainmise totale du PCT sur le pays et démissionne de son poste de président de la République le 7 juin 1948. Il meurt le 3 septembre 1948.

Benès a fait preuve de beaucoup d'aveuglement devant la montée du nazisme, jusqu'en 1938 et celle du communisme, jusqu'en 1948. Il refusa systématiquement toute alliance ou même simple coopération entre les Pays Danubiens par peur de voir se reconstituer l'Autriche-Hongrie. Sa haine des Habsbourg était telle qu’elle lui fit prononcer ce mot : « Plutôt Hitler que les Habsbourg ! ». Ceci en dit long sur le rejet que cette dynastie avait engendré chez Beneš ; mais aussi chez les Tchèques qui l’ont constamment réélu.

Il commit la même erreur à partir de 1945 : fort de l'illusion de l'amitié personnelle de Staline, il pensait que les élections anticipées qui auraient dû se tenir après la démission des ministres libéraux au moment du Coup de Prague auraient marqué un recul des communistes : "Pas trop ! Sinon Staline se fâcherait ! " croyait-il naïvement. Ce recul aurait permis un recentrage de la politique vers l'Ouest. Or, ni Gottwald, ni Staline, n'avait nullement l'intention de lâcher quoique que ce soit. Sa seconde faute fut d'encourager les libéraux dans leur projet de démission avant de les abandonner devant les menaces proférées par Gottwald et l'ambassadeur Soviétique Zorine .

La Tchécoslovaquie, a été créée par un vote des députés Tchèques et Slovaques en 1918 mais elle ne résista ni à la montée du nazisme en 1938/39, ni à la naissance de la guerre froide en 1946/48, ni à l’effondrement du mur de Berlin en 1989 ; elle fut divisée en République tchèque et Slovaquie, comme le voulait l'histoire de ces deux peuples. Sa nièce, Emilie-Anna Benès épousera Zbignew Brzezinski, le conseiller à la sécurité nationale du Président Carter, ce qui accroîtra la suspicion soviétique à l'égard du président américain.

Milch Erhard

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Milch Erhard

 

Erhard Milch (30 mars 1892 - 25 janvier 1972), fut un général d'aviation allemand, feldmaréchal. Il supervisa le développement de la Luftwaffe et joua ainsi un rôle important dans le réarmement de l'Allemagne après la Première Guerre mondiale. Milch est né à Wilhelmshaven en Allemagne. Sa mère était allemande et, sur l'origine de son père, il y eut des rumeurs selon lesquelles il aurait été juif. Le jeune Erhard sert dans l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale, au début en tant qu'officier d'artillerie.

Il est transféré ensuite dans un corps aérien et entraîné comme observateur aérien. Vers la fin de la guerre, il atteint le poste de commandant d'escadrille. En 1920, il quitte l'armée pour faire profiter le secteur privé de son expérience aéronautique. La carrière de Milch, avant l'avènement du Troisième Reich, est le reflet de l'industrie aéronautique naissante en plein bouleversement. Il crée une petite ligne aérienne à Gdansk avec Gotthard Sachsenberg, un copain d'escadrille, sous la bannière Lloyd Luftdienst, intégrée à l'association régionale des compagnies aériennes allemandes Norddeutscher Lloyd. La ligne aérienne se nomme Lloyd Ostflug et relie Gdansk aux Pays baltes.

En 1923, il devient le directeur de la compagnie Danziger Luftpost qui est le résultat de la fusion de Lloyd Luftdienst avec son concurrent Aero Union, la nouvelle société porte le nom de Deutscher Aero Lloyd. À partir de cette date, Milch et Sachsenberg quittent pour le concurrent Junkers Luftverkehr, où Sachsenberg vient d'être nommé directeur. Sachsenberg occupe cette position jusqu'en 1925 seulement, il est remplacé par Milch. C'est à ce poste que Milch supervise la fusion de Junkers Luftverkehr avec Deutscher Aero Lloyd en 1926, il devient ainsi le premier directeur de la Lufthansa. En 1933, Milch est nommé au poste de secrétaire d'état du Reichsluftfahrtministerium (ministère de l'aviation) nouvellement créé, sous la responsabilité directe d'Hermann Göring.

À ce titre, il contribue à mettre en place la Luftwaffe, à l'origine en charge de la production du matériel de guerre, même si c'est Ernst Udet qui prend la majorité des décisions concernant les contrats militaires aéronautiques. Il se sert rapidement de cette position pour régler des comptes personnels avec d'autres personnalités de l'industrie aéronautique, notamment Hugo Junkers et Willy Messerschmitt. Son différend avec Messerschmitt est une des raisons pour laquelle Willy Messerschmitt ne parvient à acquérir personnellement la compagnie Bayerische Flugzeugwerke (BFW) qu'en 1938, c'est pourquoi le préfixe Bf est utilisé pour désigner les avions Messerschmitt avant l'acquisition de la compagnie par Messerschmitt.

En 1935, l'origine ethnique de Milch fait surface alors que les rumeurs disent que son père, Anton Milch, était juif. La Gestapo ouvre une enquête rapidement étouffée par Göring, qui produit une déclaration sous serment, signée par la mère de Milch, déclarant qu'Anton n'est pas véritablement le père d'Erhard et de ses enfants, et que le nom du vrai père est Karl Brauer, son oncle. Ces événements amènent la publication d'un certificat d'authenticité de sang allemand. C'est à cette époque qu'on attribue à Göring la célèbre phrase "Je décide qui est et qui n'est pas un juif". Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate, Milch, qui est maintenant un général, commande une aile de la Luftwaffe pendant la campagne de Norvège.

Après la défaite de la France, Milch est promu au rang de feld-maréchal et on lui donne le titre d'inspecteur en chef de l'aviation. À cette époque, Milch est en charge de la production d'avions, et ses erreurs contribuent à la perte de la supériorité aérienne allemande au fur et à mesure que la guerre progresse. Les fabricants, tel que Messerschmitt, sont incapables de concentrer leurs efforts sur la production d'avions, à cause des changements de conception et d'exigences fréquentes. L'Allemagne ne produit que 5 000 avions en 1942, alors que les Russes augmentent leur production à plus de 40 000, faisant basculer la supériorité sur le front de l'est. Curieusement, en 1944, alors que les Alliés bombardent et rasent les usines et villes allemandes, la production allemande atteint le niveau des soviétiques, soit 40 000 avions, mais trop tard. En 1944, Milch se range aux côtés de Joseph Goebbels et Heinrich Himmler afin de convaincre Hitler de retirer à Göring le commandement de la Luftwaffe suite à l'échec de l'invasion de l'Union soviétique.

Hitler refuse et Göring se venge en obligeant Milch à quitter son poste. Milch travaille ensuite pour Albert Speer jusqu'à la fin de la guerre. Milch tente de fuir l'Allemagne après le suicide d'Hitler mais il est capturé par les troupes alliées sur la côte de la Baltique le 4 mai 1945. Il est jugé pour crime de guerre à Nuremberg et, reconnu coupable, il est condamné à perpétuité. Il purge sa sentence à la prison de Landsberg. Il est tout de même libéré en juin 1954 et passe le reste de sa vie à Düsseldorf, où il meurt en 1972.

Sauckel Fritz

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Sauckel Fritz

 

Fritz Sauckel (27 octobre 1894 - 16 octobre 1946) était un responsable nazi. Il organisa les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne.Marin sur des navires de commerce, puis ouvrier d'usine, il adhéra en 1923 au parti nazi, dont il devint Gauleiter en Thuringe en 1927. Chef du gouvernement de Thuringe en 1932, puis Reichsstatthalter de Thuringe en 1933, il fut nommé plénipotentiaire général pour l'emploi de la main d'œuvre en 1942 et organisa à ce titre les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Son représentant en France jusqu'à son assassinat en septembre 1943 était Julius Ritter. Il fut condamné à mort au cours du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et pendu en 1946.

 

Sauckel Fritz Ernst Friedrich Christoph "Fritz" Sauckel (27 October 1894 – 16 October 1946) was a German Nazi politician, Gauleiter of Thuringia and the General Plenipotentiary for Labour Deployment from 1942 until the end of the Second World War. Sauckel was among the 24 persons accused in the Nuremberg Trial of the Major War Criminals before the International Military Tribunal. He was found guilty of war crimes and crimes against humanity, and was sentenced to death by hanging. He was born in Haßfurt (Kingdom of Bavaria), the only child of a postman and a seamstress. Sauckel was educated at local schools and left early when his mother fell ill.


He joined the merchant marine of Norway and Sweden when he was 15, first on a Norwegian three-masted schooner, and later on Swedish and German vessels. He went on to sail throughout the world, rising to the rank of Vollmatrose. At the outbreak of World War I, he was on a German vessel en route to Australia when the vessel was captured. He was subsequently interned in France from August 1914 until November 1919.

He returned to Germany, found factory work in Schweinfurt, and studied engineering in Ilmenau from 1922 to 1923. He joined the National Socialist German Workers Party (NSDAP) in 1923 (member 1,395). In 1924 he married Elisabeth Wetzel, with whom he had ten children. He remained a party member over its dissolution and publicly rejoined in 1925. Sauckel was appointed party Gauleiter of Thüringia in 1927 and became a member of the regional government in 1929. Following Hitler's appointment as Chancellor in 1933, he was promoted to Reich Regent of Thüringia and Reichstag member. He was also given an honorary rank of Obergruppenführer in the SA and the SS in 1934. During World War II he was Reich defence commissioner for the Kassel district (Reichsverteidigungskommissar Wehrkreis IX) before being appointed General Plenipotentiary for Labour Deployment (Generalbevollmächtigter für den Arbeitseinsatz) on 21 March 1942, on the recommendation of Martin Bormann.

He worked directly under Goering through the Four-Year Plan Office, directing and controlling German labour. In response to increased demands, he met the requirement for manpower with people from the occupied territories. Voluntary numbers were insufficient and forced recruitment was introduced within a few months. Of the 5 million foreign workers brought to Germany, around 200,000 came voluntarily according to Sauckel himself in his testimony at Nuremburg. The majority of the acquired workers originated from the Eastern territories, especially Poland and the Soviet Union where the methods used to gain workers were very harsh. The Wehrmacht was used to pressgang local people, and most were taken by force to the Reich. Conditions of work were extremely poor, and discipline severe, especially for concentration camp prisoners. All the latter were unpaid and provided with starvation rations, barely keeping those workers alive. Such slave labour was widely used by swathes of German industry, coal mining, steel making, armaments manufacture and so on. It was to be one of the main accusations against Sauckel when he was brought before the Nuremburg trials for his crimes. The use of forced and slave labour increased throughout the war, especially when Albert Speer came to power in 1943 to replace Fritz Todt in charge of armaments production, and he demanded much more labour from Sauckel as a result.

At the Nuremberg trials, Fritz Sauckel was accused of conspiracy to commit crimes against peace; planning, initiating and waging wars of aggression; war crimes and crimes against humanity. He defended the Arbeitseinsatz as "nothing to do with exploitation. It is an economic process for supplying labour". He denied that it was slave labour or that it was common to deliberately work people to death (extermination by labour) or to mistreat them. After a defense led by Robert Servatius, Sauckel was found guilty of war crimes and crimes against humanity, and together with a number of colleagues was hanged on 16 October 1946, just 11 days shy before his 52nd birthday. His last words were recorded as "Ich sterbe unschuldig, mein Urteil ist ungerecht. Gott beschütze Deutschland!" (I die an innocent man, my sentence is unjust. God protect Germany!).

 

Ernst Friedrich Christoph Sauckel (27 octobre 1894 à Haßfurt - 16 octobre 1946 à Nuremberg) était un responsable nazi. Surnommé le « négrier de l'Europe », il organisa les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Marin sur des navires de commerce, puis ouvrier d'usine, il adhéra en 1923 au parti nazi, dont il devint Gauleiter en Thuringe en 1927. Chef du gouvernement de Thuringe en 1932, puis Reichsstatthalter de Thuringe en 1933, il fut nommé plénipotentiaire général pour l'emploi de la main d'œuvre en 1942 et organisa à ce titre les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Son représentant en France était Julius Ritter, assassiné en septembre 1943. Il fut condamné à mort au cours du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et pendu en 1946.

Doenitz Karl

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Doenitz Karl

  Karl Dönitz (16 septembre 1891 à Berlin-Grenau - 24 décembre 1980 à Aumühle, Schleswig-Holstein) est amiral allemand, que Adolf Hitler désigne par testament comme son successeur à la tête du Troisième Reich. Karl Dönitz atteint le rang de grand amiral dans l'Allemagne nazie, sans avoir adhéré formellement au parti nazi. Il sert comme commandant en chef des sous-marins (Befehlshaber der Unterseeboote) de la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale. Sous son commandement, la flotte des U-boote participe à la bataille de l'Atlantique, en essayant notamment de priver le Royaume-Uni des approvisionnements indispensables des États-Unis et d'ailleurs. Il sert enfin pendant vingt jours comme président du Reich (Reichspräsident), après le suicide d'Adolf Hitler. Après la guerre, il est condamné lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et fait dix ans de prison pour sa participation à la guerre sous-marine illimitée menée par l'Allemagne.

 

Bien qu'il se soit toujours présenté comme un simple militaire apolitique, des recherches historique récentent prennent le parti d'un homme ayant largement épousé la vision du monde nazie. Jeune officier pendant la première guerre mondiale, il sert sur le croiseur SMS Breslau en méditerranée. A partir de 1916, il passe quelques mois à bord du U-39 au sein duquel il effectue 5 patrouilles entre janvier et décembre 1917. Il prend ensuite le commandement du UC-25 avec lequel il effectue 2 patrouilles entre mars et septembre 1918 et coule 4 navires. Le 5 septembre 1918, il est nommé commandant du UB-68, qui est coulé le 4 octobre 1918.

 

Avant le conflit, Karl Dönitz insista pour convertir la flotte de surface presque entièrement en une grande flotte de sous-marins. Il défendit la stratégie de n'attaquer que la marine marchande, cible moins dangereuse que les grandes flottes cuirassées de l'Empire Britannique. Il mit en avant que la destruction de la flotte de pétroliers priverait la Royal Navy de son carburant pour opérer ses navires, ce qui serait au final aussi efficace que de les couler. Au début de la guerre, quand le Royaume-Uni de Winston Churchill se trouva seul face à l'Axe, Dönitz calcula que s'il coulait 500 000 tonnes de navires marchands britanniques, le Royaume-Uni ne pourrait tenir bien longtemps vu qu'elle ne pouvait fabriquer que 1 500 000 tonnes de navires par an et que Roosevelt avait déjà fourni à Churchill plus de 50 destroyers jugés démodés par le Congrès. Les destroyers étaient bien les adversaires des sous-marins que craignait l'amiral, car il se moderniseraient vite et limiteraient progressivement l'efficacité des U-boote. Malgré l'entrée en guerre des États-Unis, Dönitz continua de détruire une bonne partie des convois de l'Atlantique car ceux-ci étaient mal protégés.

 

Plusieurs U-Boote patrouillèrent même près de la Floride et coulèrent un Liberty ship devant des milliers de baigneurs près d'une plage. Il affirma qu'avec une flotte de 300 des nouveaux U-boote type VII, l'Allemagne mettrait le Royaume-Uni « sur la touche ». Afin de neutraliser et accabler les vaisseaux d'escorte, les destroyers de plus en plus redoutables, soutenus par l'aviation embarquée sur les porte-avions, il imagina une nouvelle tactique, l'attaque groupée en meute. A l'époque beaucoup pensaient, en Allemagne, que cette stratégie était une marque de faiblesse, y compris son supérieur hiérarchique, l'amiral Erich Raeder. Les deux s'opposèrent constamment pour les priorités budgétaires.

 

Raeder avait pourtant une attitude assez pessimiste ; il ne croyait pas, par exemple, que les cuirassés, navires de prestige, étaient vraiment utiles vu leur faible nombre comparativement avec la flotte britannique. Il aurait notamment déclaré que tout ce que les cuirassés pouvaient faire était de mourir vaillamment. Dönitz n'avait pas un tel fatalisme, car il pensait que l'attaque des convois de munitions et de pétrole en route vers Mourmansk au large de l'Île aux Ours et le cap Nord seraient une opportunité à saisir pour les grands navires de surface basés dans les fjords de Norvège.

 

En 1943, la guerre de l'Atlantique prit un tournant défavorable, les Allemands accumulant les pertes de sous-marins et d'équipages. Dönitz continuait cependant à pousser à la construction d'U-boot et à la poursuite des améliorations techniques. A la fin de la guerre, la flotte allemande de sous-marins étaient de loin la plus avancée du monde et les modèles Unterseeboot type XXI servirent de modèle pour les sous-marins soviétiques et américains d'après-guerre. Son propre fils, lieutenant dans le U-Boot 954, est mort pendant la bataille de l'Atlantique.

 

Dans son testament final, du 30 avril 1945, Hitler choisit Dönitz comme son successeur en tant que chef de l'État (bien que le poste soit aboli depuis des années au profit de celui de Führer), montrant à quel point il était devenu suspicieux à l'encontre de Goering et Himmler. Dönitz dirigea alors un éphémère gouvernement provisoire connu sous le nom de gouvernement de Flensbourg. Dönitz consacra son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux soviétiques, dans l'espoir de donner à l'armée allemande une place importante dans le futur affrontement entre l'Occident et l'URSS que, comme Hitler, il espérait. Le 5 mai, il fit capituler les armées de l'Ouest à Lüneburg devant les forces du général Montgomery, mais ruinant ses espoirs de paix séparée, les Alliés n'en continuèrent pas moins d'exiger une capitulation globale et inconditionnelle.

 

À contre-cœur, Dönitz envoya Alfred Jodl la signer à Reims le 7 mai, acte confirmé le lendemain à Berlin par Keitel. Pendant les huit jours précédant la capitulation, Dönitz employa la marine à évacuer le maximum de réfugiés allemands fuyant l'avancée de l'Armée rouge. Mais dans le même temps, il ordonna aux tribunaux militaires et aux commandos de la marine d'exécuter sommairement les jeunes soldats allemands qui osaient déserter un combat sans espoir, dans la lignée des pendaisons de civils défaillants pratiquées par les SS au cours des récentes batailles de rues de Vienne et Berlin. S'il finit par révoquer officiellement Himmler le 5 mai, il n'interdit jamais ni les SS ni le NSDAP. Les portraits de Hitler restèrent accrochés aux murs du gouvernement de Flensburg jusqu'à sa dissolution le 23 mai, et le salut nazi resta en vigueur sauf dans l'armée.

 

Quelques jours après la capitulation, pour sauver l'existence du gouvernement de Flensburg, Dönitz publia un communiqué exprimant son horreur des camps de concentration, mais rejetant les fautes du régime hitlérien sur les seuls SS, et lavant les forces militaires traditionnelles de toute complicité. En réalité, ces dernières s'étaient rendues également coupables de plusieurs crimes tout au long de la guerre. Le 23 mai, Dönitz fut finalement arrêté en même temps que ses ministres Alfred Jodl et Albert Speer. La dissolution de son gouvernement mettait un point final à l'existence sanglante du IIIe Reich et donnait le coup de grâce à la dernière fiction d'un État allemand, le pays ne devant renaître en tant qu'État (divisé) qu'en 1949. La fouille au corps humiliante à laquelle furent soumis le grand-amiral et ses ministres symbolisa la fin dérisoire et sans gloire d'un Reich auquel son Führer avait promis jadis mille ans de règne.

 

Nombreux témoignages à l'appui, Guido Knopp, dans son documentaire sur Dönitz (1996), deuxième épisode de la série consacrée aux Complices de Hitler (Grancher, 1999), brosse de l'amiral un portrait sensiblement éloigné de celui de l'honnête soldat apolitique que ce dernier se complaisait à tracer de lui-même après la guerre. Apparaît en fait un homme indiscutablement raciste et antisémite, qui nourrissait une véritable phobie à l'encontre des partis politiques et de la démocratie de Weimar. Très intelligent et excellent organisateur, il n'en était pas moins un admirateur inconditionnel de Hitler, qu'il a considéré jusqu'à la fin comme un homme d'État exceptionnel. Il a prêché pendant tout le IIIème Reich une fidélité fanatique au Führer, et s'est déclaré convaincu, même des années après la défaite finale, que ce dernier avait sauvé l’existence de l’Allemagne.

 

Jusqu’au-boutiste sans état d’âme, il a envoyé jusqu'au dernier jour des troupes à la mort ; responsable de crimes de guerre pendant la guerre sous-marine contre les Alliés, il fait encore abattre en mai 1945 de nombreux jeunes déserteurs par les commandos de sa marine, qui accomplissent cette tâche avec non moins de zèle que les SS, alors même que le conflit est à l'évidence perdu. Au procès de Nuremberg, il se dira toujours convaincu que les camps de concentration étaient seulement peuplés de criminels de droit commun, ou au moins de seuls communistes. Selon le témoignage de son codétenu Albert Speer, en 1955, au moment d'être libéré de la prison de Spandau, il n'avait de pensée que pour sa carrière militaire brisée. Indigné de son insensibilité et de son indifférence aux dizaines de millions de morts de la guerre provoquée par le Reich, Speer lui reprocha de ne manifester ni regrets ni remise en question personnelle après avoir servi un régime criminel. Goering avait confirmé au cours du procès que d'amiral compétent, Dönitz était vraiment devenu un nazi de cœur, même sans adhérer au NSDAP, et que sans cette adhésion idéologique de fait, jamais il n'aurait gardé son poste, ni pu être désigné comme le successeur du Führer en personne. Dönitz fut mis en accusation comme criminel de guerre lors des procès de Nuremberg.

 

Contrairement à beaucoup, il ne fut pas mis en cause pour crime contre l'humanité. La charge principale était l'ordre qu'il avait donné de ne pas secourir les naufragés. Pour sa défense, Dönitz produisit notamment une lettre officielle de l'amiral Chester Nimitz qui affirmait que les États-Unis avaient utilisé la même consigne et en particulier lorsque la sécurité des sous-marins était en cause.

 

Malgré tout, le tribunal le jugea coupable de « crimes contre la paix » et de crimes de guerre pour lesquels il fut condamné, et fit dix ans à la prison de Spandau. Ses mémoires, intitulés Dix ans et vingt jours furent publiés en Allemagne en 1958. Il fit tous ses efforts pour répondre aux questions que ses collègues lui posaient au fil des années. Karl Dönitz décède d'une attaque cardiaque le 24 décembre 1980, à Aumühle. Étant le dernier officier allemand avec le grade de Grand Amiral, il est honoré par de nombreux anciens militaires et officiers de marine étrangers qui assistent à ses funérailles, le 6 janvier 1981.

Karl Dönitz (16 septembre 1891 à Berlin-Grenau - 24 décembre 1980 à Aumühle, Schleswig-Holstein) est amiral allemand, que Adolf Hitler désigne par testament comme son successeur à la tête du Troisième Reich. Karl Dönitz atteint le rang de grand amiral dans l'Allemagne nazie, sans avoir adhéré formellement au parti nazi. Il sert comme commandant en chef des sous-marins (Befehlshaber der Unterseeboote) de la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale. Sous son commandement, la flotte des U-boote participe à la bataille de l'Atlantique, en essayant notamment de priver le Royaume-Uni des approvisionnements indispensables des États-Unis et d'ailleurs. Il sert enfin pendant vingt jours comme président du Reich (Reichspräsident), après le suicide d'Adolf Hitler. Après la guerre, il est condamné lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et fait dix ans de prison pour sa participation à la guerre sous-marine illimitée menée par l'Allemagne.

 

Bien qu'il se soit toujours présenté comme un simple militaire apolitique, des recherches historique récentent prennent le parti d'un homme ayant largement épousé la vision du monde nazie. Jeune officier pendant la première guerre mondiale, il sert sur le croiseur SMS Breslau en méditerranée. A partir de 1916, il passe quelques mois à bord du U-39 au sein duquel il effectue 5 patrouilles entre janvier et décembre 1917. Il prend ensuite le commandement du UC-25 avec lequel il effectue 2 patrouilles entre mars et septembre 1918 et coule 4 navires. Le 5 septembre 1918, il est nommé commandant du UB-68, qui est coulé le 4 octobre 1918.

 

Avant le conflit, Karl Dönitz insista pour convertir la flotte de surface presque entièrement en une grande flotte de sous-marins. Il défendit la stratégie de n'attaquer que la marine marchande, cible moins dangereuse que les grandes flottes cuirassées de l'Empire Britannique. Il mit en avant que la destruction de la flotte de pétroliers priverait la Royal Navy de son carburant pour opérer ses navires, ce qui serait au final aussi efficace que de les couler. Au début de la guerre, quand le Royaume-Uni de Winston Churchill se trouva seul face à l'Axe, Dönitz calcula que s'il coulait 500 000 tonnes de navires marchands britanniques, le Royaume-Uni ne pourrait tenir bien longtemps vu qu'elle ne pouvait fabriquer que 1 500 000 tonnes de navires par an et que Roosevelt avait déjà fourni à Churchill plus de 50 destroyers jugés démodés par le Congrès. Les destroyers étaient bien les adversaires des sous-marins que craignait l'amiral, car il se moderniseraient vite et limiteraient progressivement l'efficacité des U-boote. Malgré l'entrée en guerre des États-Unis, Dönitz continua de détruire une bonne partie des convois de l'Atlantique car ceux-ci étaient mal protégés.

 

Plusieurs U-Boote patrouillèrent même près de la Floride et coulèrent un Liberty ship devant des milliers de baigneurs près d'une plage. Il affirma qu'avec une flotte de 300 des nouveaux U-boote type VII, l'Allemagne mettrait le Royaume-Uni « sur la touche ». Afin de neutraliser et accabler les vaisseaux d'escorte, les destroyers de plus en plus redoutables, soutenus par l'aviation embarquée sur les porte-avions, il imagina une nouvelle tactique, l'attaque groupée en meute. A l'époque beaucoup pensaient, en Allemagne, que cette stratégie était une marque de faiblesse, y compris son supérieur hiérarchique, l'amiral Erich Raeder. Les deux s'opposèrent constamment pour les priorités budgétaires.

 

Raeder avait pourtant une attitude assez pessimiste ; il ne croyait pas, par exemple, que les cuirassés, navires de prestige, étaient vraiment utiles vu leur faible nombre comparativement avec la flotte britannique. Il aurait notamment déclaré que tout ce que les cuirassés pouvaient faire était de mourir vaillamment. Dönitz n'avait pas un tel fatalisme, car il pensait que l'attaque des convois de munitions et de pétrole en route vers Mourmansk au large de l'Île aux Ours et le cap Nord seraient une opportunité à saisir pour les grands navires de surface basés dans les fjords de Norvège.

 

En 1943, la guerre de l'Atlantique prit un tournant défavorable, les Allemands accumulant les pertes de sous-marins et d'équipages. Dönitz continuait cependant à pousser à la construction d'U-boot et à la poursuite des améliorations techniques. A la fin de la guerre, la flotte allemande de sous-marins étaient de loin la plus avancée du monde et les modèles Unterseeboot type XXI servirent de modèle pour les sous-marins soviétiques et américains d'après-guerre. Son propre fils, lieutenant dans le U-Boot 954, est mort pendant la bataille de l'Atlantique.

 

Dans son testament final, du 30 avril 1945, Hitler choisit Dönitz comme son successeur en tant que chef de l'État (bien que le poste soit aboli depuis des années au profit de celui de Führer), montrant à quel point il était devenu suspicieux à l'encontre de Goering et Himmler. Dönitz dirigea alors un éphémère gouvernement provisoire connu sous le nom de gouvernement de Flensbourg. Dönitz consacra son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux soviétiques, dans l'espoir de donner à l'armée allemande une place importante dans le futur affrontement entre l'Occident et l'URSS que, comme Hitler, il espérait. Le 5 mai, il fit capituler les armées de l'Ouest à Lüneburg devant les forces du général Montgomery, mais ruinant ses espoirs de paix séparée, les Alliés n'en continuèrent pas moins d'exiger une capitulation globale et inconditionnelle.

 

À contre-cœur, Dönitz envoya Alfred Jodl la signer à Reims le 7 mai, acte confirmé le lendemain à Berlin par Keitel. Pendant les huit jours précédant la capitulation, Dönitz employa la marine à évacuer le maximum de réfugiés allemands fuyant l'avancée de l'Armée rouge. Mais dans le même temps, il ordonna aux tribunaux militaires et aux commandos de la marine d'exécuter sommairement les jeunes soldats allemands qui osaient déserter un combat sans espoir, dans la lignée des pendaisons de civils défaillants pratiquées par les SS au cours des récentes batailles de rues de Vienne et Berlin. S'il finit par révoquer officiellement Himmler le 5 mai, il n'interdit jamais ni les SS ni le NSDAP. Les portraits de Hitler restèrent accrochés aux murs du gouvernement de Flensburg jusqu'à sa dissolution le 23 mai, et le salut nazi resta en vigueur sauf dans l'armée.

 

Quelques jours après la capitulation, pour sauver l'existence du gouvernement de Flensburg, Dönitz publia un communiqué exprimant son horreur des camps de concentration, mais rejetant les fautes du régime hitlérien sur les seuls SS, et lavant les forces militaires traditionnelles de toute complicité. En réalité, ces dernières s'étaient rendues également coupables de plusieurs crimes tout au long de la guerre. Le 23 mai, Dönitz fut finalement arrêté en même temps que ses ministres Alfred Jodl et Albert Speer. La dissolution de son gouvernement mettait un point final à l'existence sanglante du IIIe Reich et donnait le coup de grâce à la dernière fiction d'un État allemand, le pays ne devant renaître en tant qu'État (divisé) qu'en 1949. La fouille au corps humiliante à laquelle furent soumis le grand-amiral et ses ministres symbolisa la fin dérisoire et sans gloire d'un Reich auquel son Führer avait promis jadis mille ans de règne.

 

Nombreux témoignages à l'appui, Guido Knopp, dans son documentaire sur Dönitz (1996), deuxième épisode de la série consacrée aux Complices de Hitler (Grancher, 1999), brosse de l'amiral un portrait sensiblement éloigné de celui de l'honnête soldat apolitique que ce dernier se complaisait à tracer de lui-même après la guerre. Apparaît en fait un homme indiscutablement raciste et antisémite, qui nourrissait une véritable phobie à l'encontre des partis politiques et de la démocratie de Weimar. Très intelligent et excellent organisateur, il n'en était pas moins un admirateur inconditionnel de Hitler, qu'il a considéré jusqu'à la fin comme un homme d'État exceptionnel. Il a prêché pendant tout le IIIème Reich une fidélité fanatique au Führer, et s'est déclaré convaincu, même des années après la défaite finale, que ce dernier avait sauvé l’existence de l’Allemagne.

 

Jusqu’au-boutiste sans état d’âme, il a envoyé jusqu'au dernier jour des troupes à la mort ; responsable de crimes de guerre pendant la guerre sous-marine contre les Alliés, il fait encore abattre en mai 1945 de nombreux jeunes déserteurs par les commandos de sa marine, qui accomplissent cette tâche avec non moins de zèle que les SS, alors même que le conflit est à l'évidence perdu. Au procès de Nuremberg, il se dira toujours convaincu que les camps de concentration étaient seulement peuplés de criminels de droit commun, ou au moins de seuls communistes. Selon le témoignage de son codétenu Albert Speer, en 1955, au moment d'être libéré de la prison de Spandau, il n'avait de pensée que pour sa carrière militaire brisée. Indigné de son insensibilité et de son indifférence aux dizaines de millions de morts de la guerre provoquée par le Reich, Speer lui reprocha de ne manifester ni regrets ni remise en question personnelle après avoir servi un régime criminel. Goering avait confirmé au cours du procès que d'amiral compétent, Dönitz était vraiment devenu un nazi de cœur, même sans adhérer au NSDAP, et que sans cette adhésion idéologique de fait, jamais il n'aurait gardé son poste, ni pu être désigné comme le successeur du Führer en personne. Dönitz fut mis en accusation comme criminel de guerre lors des procès de Nuremberg.

 

Contrairement à beaucoup, il ne fut pas mis en cause pour crime contre l'humanité. La charge principale était l'ordre qu'il avait donné de ne pas secourir les naufragés. Pour sa défense, Dönitz produisit notamment une lettre officielle de l'amiral Chester Nimitz qui affirmait que les États-Unis avaient utilisé la même consigne et en particulier lorsque la sécurité des sous-marins était en cause.

 

Malgré tout, le tribunal le jugea coupable de « crimes contre la paix » et de crimes de guerre pour lesquels il fut condamné, et fit dix ans à la prison de Spandau. Ses mémoires, intitulés Dix ans et vingt jours furent publiés en Allemagne en 1958. Il fit tous ses efforts pour répondre aux questions que ses collègues lui posaient au fil des années. Karl Dönitz décède d'une attaque cardiaque le 24 décembre 1980, à Aumühle. Étant le dernier officier allemand avec le grade de Grand Amiral, il est honoré par de nombreux anciens militaires et officiers de marine étrangers qui assistent à ses funérailles, le 6 janvier 1981.

Todt Fritz

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Todt Fritz

Fritz Todt, né le 4 septembre 1891 à Pforzheim et mort le 8 février 1942, est un ingénieur allemand de travaux publics et une figure nazie importante, fondateur de l'Organisation Todt. Fils d'un petit propriétaire d'usine il étudie l'ingénierie à Karlsruhe et à l'École pour les techniques avancées à Munich. Il prend part à la Première Guerre mondiale d'abord comme lieutenant dans l'infanterie (110e régiment) puis comme observateur pour l'aviation. Il devient meneur d'une escadrille et est blessé au combat, ce qui lui vaut d'obtenir la croix de fer. Après la guerre il finit ses études et rejoint la société civile d'ingénierie Sager & Woerner. Il devient membre du NSDAP en 1922.

Il devient Oberführer dans le Sturmabteilung en 1931 et complète à la même époque son doctorat (« Sources d'erreurs lors du revêtement des routes en asphalte »). À la suite de la nomination de Hitler comme chancelier, Todt devient inspecteur général pour les routes allemandes (Generalinspektor für das deutsche Strassenwesen) et est impliqué dans la nouvelle société pour construire les autoroutes (Reichsautobahnen).

Plus tard il devient chef du bureau central pour la technique (Leiter des Hauptamts für Technik in der Reichsleitung der NSDAP) et mandataire général pour le règlement de l'industrie du bâtiment (Generalbevollmächtigter für die Regelung der Bauwirtschaft). En 1938 il fonde l'organisation Todt, dans laquelle sont associées des entreprises d'État, des entreprises privées et le ministère du travail (Reichsarbeitsdienst).

En 1940 il est nommé ministre du Reich pour l'armement et les munitions (Reichsminister für Bewaffnung und Munition). Il contrôle les opérations de l'organisation dans l'ouest occupé. Après l'invasion de l'Union soviétique, il est chargé de la restauration des infrastructures. Il devient de plus en plus distant des commandants de la Wehrmacht et d'Hermann Goering en 1941. Après une tournée d'inspection sur le front oriental, il se plaint auprès de Hitler de la mauvaise qualité de l'équipement et des fournitures qu'il reçoit, suggérant qu'il valait mieux finir la guerre avec les Soviétiques. Le 8 février 1942, alors qu'il quitte une réunion avec Hitler à Wolfsschanze, près de Rastenbourg, son avion explose. Son successeur comme ministre du Reich est Albert Speer, qui faillit prendre le même appareil.

Conti Leonardo

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Conti Leonardo

Naissance 24.8.1900 à Lugano, décès 6.10.1945 à Nuremberg, prot., de Monteggio, naturalisé allemand en 1915. Fils de Silvio, fonctionnaire postal, et de Hanna Pauli, Allemande (divorcés en 1903). 1925 Elfriede von Meerscheidt Hüllessem, Berlinoise. En Allemagne dès 1912. Etudes de médecine à Erlangen et Berlin (doctorat 1925). Conti entre aux SA (1923), adhère au NSDAP (1927).

Député au Landtag de Prusse (1928), il entre dans les SS en 1930. Conseiller (1933) du service de santé prussien, il est nommé en 1939 président de la Chambre des médecins allemands et secrétaire d'Etat à la santé. Coresponsable du lancement du programme d'euthanasie Aktion T4 et de sa radicalisation, a appuyé les expériences médicales dans les camps de concentration. Nommé général de divison (1943) et général d'armée SS (1944), il est arrêté par les Américains (mai 1945) et se suicide lors de la phase d'instruction du procès de Nuremberg.


Ribbentrop Joachim von

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Ribbentrop Joachim von

 

Joachim von Ribbentrop (30 avril 1893 à Wesel - 16 octobre 1946 à Nuremberg, Allemagne) était ministre des affaires étrangères du Troisième Reich du 4 février 1938 au 30 avril 1945. Il passe sa jeunesse au Canada anglais, y exerce divers métiers dont celui d'importateur de vins, champagnes et spiritueux et y demeurait en août 1914. Lorsque la Première Guerre mondiale est déclenchée, il rentre immédiatement en Allemagne en passant par la Hollande et s'engage comme soldat.

Il est blessé en 1917. Il était marié avec Anna Elisabeth Henkell (qu'il épouse en 1920), fille de Otto Henkell. Ancien représentant en vin de Champagne pour Pommery, il rejoint le NSDAP en 1932 où ses liens avec le milieu politique traditionnel sont appréciés. Il est alors l'ami de Heinrich Himmler, mais leur relation se détériore quand ce dernier tente d'avoir son propre service diplomatique.

En 1935, il devient ministre sans portefeuille et conseiller officieux de Hitler pour les affaires étrangères, parce qu'il parlait couramment le français et l'anglais et qu'il se prévalait de connexions internationales. Il accroît son influence en prenant systématiquement le parti le plus extrême, le seul que voulait entendre Hitler, ce qui revient à marginaliser le ministre des affaires étrangères en titre, Konstantin von Neurath. En juin 1935, il négocie, sur un coup de bluff, un accord naval germano-britannique permettant au Troisième Reich d’accroître sensiblement sa flotte : pour cela, il affirma à John Simon, Secrétaire au Foreign Office, que si les propositions allemandes n'étaient pas acceptées dans leur intégralité, il repartait immédiatement. Il permit ainsi à la Kriegsmarine d'atteindre 35% du tonnage de la Royal Navy en navires de surface et 45% pour les sous-marins.

Il devint à ce moment le spécialiste du Parti Nazi pour la diplomatie et augmenta son influence sur Hitler. D'abord ambassadeur à Londres en 1936, il y laisse une réputation d'incompétence totale ; il pensait, à tort, que le Roi Edouard VIII, réputé pro-allemand, dirigerait la politique étrangère britannique et vit dans son abdication un complot "judéo-maçonnique" ! Il montrait ainsi une méconnaissance totale du système constitutionnel du Royaume-Uni. Les quelques contacts établis avec des membres de la Chambre des Lords, notamment Lord Lothian, Lord Cecil ou Lord Londonderry lui firent croire que l'opinion britannique souhaitait une alliance avec l'Allemagne, ce qui était faux.

Il devient cependant ministre des affaires étrangères d'Hitler en 1938 à la place de von Neurath. En effet, Hitler pensait, à tort, que les contacts qu'il avait établis à Londres lui permettraient d'amadouer la Grande-Bretagne. Il prépare aussi le terrain diplomatique de l’annexion des Sudètes en traduisant les menaces d'Hitler en termes euphémiques et joue un rôle essentiel dans le rapprochement entre Hitler et Mussolini qui aboutit au Pacte d'Acier signé le 22 mai 1939. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est l'artisan, avec Viatcheslav Molotov, du pacte germano-soviétique de non-agression qui aboutit notamment en 1939 à la répartition de la Pologne entre les deux puissances. Au cours de l'automne 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale se déroule, il monte le chimérique « complot Windsor » pour s'emparer de l'ex-roi Edouard VIII et le remettre sur son trône pour amener la Grande-Bretagne à la paix. Winston Churchill sent néanmoins le danger suffisant pour envoyer le duc de Windsor aux Bahamas comme gouverneur. Ribbentrop ne pousse pas au déclenchement de la guerre contre l'URSS en 1941, mais ne fait rien pour l'empêcher par servilité vis-à-vis d'Hitler.

Selon l'historien Anthony Beevor, juste après avoir remis la déclaration de guerre à l'ambassadeur soviétique Dekanozov, il lui souffle : « Vous ferez savoir à Moscou que j'étais contre cette guerre ». Au fur et à mesure que la guerre se poursuit, l'influence de Ribbentrop diminue d'autant plus qu'Hitler ne s'embarrasse plus de précautions diplomatiques. De plus, la plupart des personnes qu'il nomme dans les ambassades sont grossièrement incompétentes. Hitler le marginalise, mais le maintient dans son entourage où il est fréquemment moqué.

Ribbentrop aménage un train qui suit tout le temps Hitler dans ses déplacements, pour se montrer tout le temps avec lui. Il est complètement exclu du complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler pourtant mené par la classe sociale à laquelle il cherchait à s'identifier. Au moment de son arrestation, il adresse une lettre à « Mr. Winston Churchill » pour le mettre en garde contre le risque de voir le bolchevisme se répandre en Europe : cette erreur sur le prénom du Premier Ministre britannique démontre son inculture dans le domaine diplomatique. Lors du Procès de Nuremberg, il nie toute responsabilité au sujet des camps de concentration. Cependant, il aurait poussé, en septembre 1942, les diplomates allemands en poste dans les pays occupés à accélérer les déportations de Juifs.

Ribbentrop se serait plaint auprès des Italiens des lenteurs dans la déportation des Juifs de la zone d'occupation italienne en France. Les diplomates ont joué un rôle important dans l'organisation de la déportation, négociée, comme en France avec le régime de Vichy en juin 1942, lorsque le représentant allemand auprès du régime de Vichy exige de Pierre Laval la déportation de 50 000 Juifs. D'autre part, il fut prouvé pendant le procès qu'il s'empara des biens de certaines personnes dont il avait ordonné la déportation. Au cours du procès, c'est le procureur français Edgar Faure qui mène le contre-interrogatoire : il lit à l'accusé un extrait d'une lettre de l'ambassade d'Allemagne du 27 juin 1942, adressée au chef de la Sipo en France. « Le Hauptsturmführer Dannecker m'a indiqué qu’il avait besoin au plus tôt de 50 000 Juifs de la zone libre pour être déportés vers l'Est, et qu'il convenait de soutenir l'action de Darquier de Pellepoix, Commissaire Général aux Questions Juives. ». Dans sa réponse, Ribbentrop s'embrouille et se laisse piéger par Edgar Faure. Il commence par nier avoir eu connaissance du travail de ses propres services, avant d'essayer de dire qu'il a tenté de temporiser, ce qui indique qu'il connaissait parfaitement la situation.

En avril 1943, Ribbentrop participe aussi à une conférence entre Hitler et le Hongrois Miklos Horthy durant laquelle ce dernier est informé que les Juifs devaient être exterminés ou envoyés en camps de concentration. Il est condamné à mort lors du Procès de Nuremberg en 1946 pour plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crime contre l'humanité. Il est le premier des condamnés à être exécuté par pendaison dans la nuit du 16 octobre 1946 à 1h01. Ses dernières paroles sur l'échafaud : « Que Dieu protège l'Allemagne, sur le point de mourir, j'exprime l'espoir qu'elle puisse conserver son unité, et que l'Ouest et l'Est arriveront à s'entendre sur ce point. » L'exécution est mal préparée par le bourreau en chef de l'US Army, le sergent Woods : Ribbentrop, qui est le premier à monter sur l'échafaud, met 17 minutes à mourir. Des commentateurs malveillants diront qu'il aura tout manqué, même sa mort !

Streicher Julius

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Streicher Julius

Julius Streicher (12 février 1885, Fleinhausen près de Augsburg - 16 octobre 1946 Nuremberg) était un antisémite allemand qui participa au putsch manqué de Munich en novembre 1923, et qui fut condamné à mort en 1946 au procès de Nuremberg. Julius Streicher était un instituteur allemand, puis un officier prussien pendant la Première Guerre mondiale. Violemment antisémite, il rencontra Hitler en 1921. Il était alors le responsable de l'extrême-droite de Franconie, ce qui contribua à faire de Nuremberg une ville phare du parti nazi. Il fut le directeur du journal antisémite Der Stürmer de 1923 à 1945.

Gauleiter nazi de Franconie (1925-1940), puis député au Reichstag en 1933, il était connu pour ses violences verbales contre les Juifs. Il tomba en disgrâce durant la Seconde Guerre mondiale et s'occupa de ses terres. On lui refusa le droit de s'engager pour aller combattre sur le front. Il fut néanmoins jugé à Nuremberg pour ses écrits antisémites, dans la ville dont il avait fait un bastion nazi.

Il obtint les moins bons résultats aux tests de QI - 106. Parmi tous les condamnés à mort du procès, Streicher fut le seul qui posa des problèmes lors de son exécution. Lorsque les gardes vînrent le chercher pour monter à l'échafaud dans la nuit du 15 au 16 octobre 1946, il refusa de s'habiller, puis refusa de marcher . Ce n'est qu'en tricot de corps et en caleçon long qu'il fut trainé sur l'échafaud . Avant d'être pendu, ses derniers mots seront : « Purim 1946 ! ».

Hiro-Hito

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Hiro-Hito

Hirohito ou Hiro-Hito, connu désormais au Japon sous son nom de règne posthume Shōwa Tennō ou Empereur Shōwa (né le 29 avril 1901 à Tōkyō – décédé le 7 janvier 1989 à Tōkyō), fut empereur du Japon du 25 décembre 1926 à sa mort. Fils de l'empereur Taishō et de l'impératrice Teimei, frère des princes Yasuhito Chichibu, Nobuhito Takamatsu et Takahito Mikasa, il est le 124e empereur selon la tradition shintō. Son règne, le plus long de l'histoire japonaise (62 ans), coïncide exactement avec l'ère Shōwa d'où il tire son nom posthume. L'empereur Shōwa est l'un des personnages majeurs de la Seconde Guerre mondiale. La question de sa responsabilité personnelle dans les activités militaires et les crimes de guerre du Japon en Asie avant puis durant la Seconde Guerre mondiale a eu une grande importance politique et fait l'objet de nombreux travaux historiques.

Le prince Hirohito naît le 29 avril 1901 dans le palais Aoyama à Tōkyō, premier fils du prince héritier Yoshihito (le futur empereur Taishō) et de la princesse Sadako. Il sera le premier empereur depuis une centaine d'années dont la mère biologique est l'épouse officielle de son prédécesseur. Son prénom, Hirohito, est composé des kanji  (signifiant « richesse, abondance, fertilité » et « vertu », le deuxième caractère hito entrant dans la composition du nom de pratiquement tous les enfants mâles de la famille impériale japonaise depuis le XIe siècle. Hirohito porte dans sa jeunesse le titre honorifique de prince de Michi.

Comme le veut la tradition, il est séparé de ses parents et confié, avec son frère cadet Yasuhito d'Atsu (futur prince de Chichibu) à la garde d'un amiral à la retraite, le comte Kawamura Sumiyoshi, et de son épouse. Il suit également une éducation spéciale au sein d'une institution spéciale pour les enfants de la famille impériale située dans le palais détâché d'Akasaka jusqu'en 1908, puis à l'école pour garçon de la compagnie scolaire Gakushūin (établissements éducatifs dédiés aux enfants de la Kazoku) de 1908 à 1914 (il y a pour maître l'ancien général Maresuke Nogi, figure de la guerre russo-japonaise, désormais principal de Gakushūin et admirateur des règles du bushido) et finit sa formation auprès d'une institution spéciale créée au sein de la Maison du prince héritier, le Centre de supervision de l'éducation de la Maison du prince héritier, Tōgū-gogakumonsho?). Il y reçoit une formation militaire de l'amiral et marquis Heihachirō Tōgō (qui fut le commandant de la marine impériale durant la guerre russo-japonaise), morale, philosophique et religieuse (telle que la morale confucéenne, la théologie shintoïste et l'histoire de la famille impériale, ainsi qu'une introduction aux théories de Herbert Spencer sur la sélection naturelle et le darwinisme social, et plus largement aux sciences et à la langue française) de Shigetake Sugiura et historique du sinologue Kurakichi Shiratori, tous de fervents nationalistes mais aussi des défenseurs d'une monarchie certes divine mais constitutionnelle et parlementaire, sur le modèle du règne de l'empereur Meiji (surtout Sugiura).

La mort de l'empereur Meiji le 30 juillet 1912 fait de lui l'héritier de la couronne. Il est formellement investi du titre de prince héritier le 2 novembre 1916. En 1921, il entreprend un voyage d'une durée de six mois en Europe, première de la part d'un prince de l'empire nippon, visitant notamment le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Vatican, les Pays-Bas et la Belgique. À son retour, Hirohito devient régent du Japon le 29 novembre 1921 à la suite des problèmes de santé de son père, atteint d'une maladie cérébrale, séquelle d'une méningite contractée enfant. Il se familiarise alors avec sa future fonction en réalisant les obligations quotidiennes de son père : lecture d'ouverture de la session annuelle de la Diète impériale, signature des actes, décrets et lois, réalisation des rituels Shintō. Il reçoit des hôtes officiels étrangers, comme le prince de Galles Édouard (futur Édouard VIII) en 1922.

Son initiation politique est alors prise en main par l'ancien Premier ministre Kinmochi Saionji, dernier genrō (titre honorifique donné à certains hommes d'État de l'ère Meiji et qui ont pour mission de conseiller directement l'empereur, notamment pour la nomination des chefs de gouvernement) vivant à partir de 1924 et libéral admirateur des systèmes politiques britanniques et américains. La régence de Hirohito correspond alors à la première expérience de démocratie parlementaire connue par le Japon, avec quatre Premiers ministres civils sur six durant cette période (Korekiyo Takahashi de 1921 à 1922, Keigo Kiyoura en 1924, Takaaki Katō de 1924 à 1926 et Reijirō Wakatsuki de 1926 à 1927) et plusieurs réformes libérales dont surtout la réforme de 1925 de la Chambre des pairs en l'ouvrant à certains roturiers et en réduisant son poids politique au profit de la Chambre des représentants, ou l'instauration du suffrage universel masculin par la loi du 29 mars 1925.

Le 26 janvier 1924, il épouse la princesse Kuni Nagako (titrée depuis sa mort impératrice Kōjun), issue d'une branche mineure de la famille impériale, avec qui il s'était fiancé le 19 juin 1921, et malgré la forte opposition des chambellans et fonctionnaires de la cour. En effet, la jeune femme est la première épouse d'un héritier (et futur empereur) à ne pas être issue de l'une des cinq branches de sekke (classe supérieure de l'aristocratie de cour japonaise) du clan Fujiwara (Ichijō, Kujō, Nijō, Konoe et Takatsukasa) depuis le début du VIIIe siècle.

À la mort de l'empereur Taishō, le 25 décembre 1926, Hirohito lui succède sur le trône, et une nouvelle ère est immédiatement proclamée : Shōwa (la Paix rayonnante). Selon l'usage japonais, l'empereur ne porte pas de nom durant son règne et est désigné usuellement par le terme Kinjō Tennō, soit « l'empereur actuel ». Le nom sous lequel il sera désigné après sa mort est cependant connu dès le début de son règne, puisque c'est le nom même de l'ère coïncidant avec son règne : Shōwa Tennō c'est-à-dire Empereur Shōwa. Hors du Japon, les livres et les journaux continuent pour la plupart de désigner l'empereur par son nom personnel « Hirohito » – même après sa mort –, quand bien même tous les précédents empereurs du Japon sont communément dénommés par les mêmes sources sous leur nom de règne posthume. Cette pratique peut être d'ailleurs considérée au Japon comme un manque de respect envers le défunt empereur. Le nouvel empereur est intronisé le 10 novembre 1928 à Kyōto.

Les années 1920 et 1930 sont marquées par des violences continuelles entre les deux principales factions nationalistes au sein de l'armée impériale, la Kōdōha (radicale, favorable à l'expansion en Asie et à un gouvernement totalitaire et militariste) et la Tōseiha (plus modérée), et, dans un premier temps, à la mise en place d'une forme de démocratie parlementaire basée sur un bipartisme entre le Rikken Minseitō (parti démocrate constitutionnel, libéral modéré) et le Rikken Seiyūkai (Fraternité du gouvernement constitutionnel, libéral conservateur). Un moment décisif est l'assassinat du premier ministre Tsuyoshi Inukai en 1932, qui marque la fin du contrôle de l'armée du Guandong par le conseil des ministres. Après une succession de six Premiers ministres civils entre 1924 et 1932, l'empereur nomme à nouveau à cette date un militaire à la tête du Cabinet du Japon.

Auparavant, une suite d'incidents orchestrés par des officiers de l'armée du Guandong avaient débouché sur l'invasion de la Mandchourie en 1931. Le gouvernement et l'Empereur se montrent d'abord irrités par l'insubordination des troupes, mais sanctionnent finalement l'occupation en raison des gains territoriaux réalisés. En 1936, lors de l'incident du 26 février, de jeunes officiers de la Kōdōha organisent une tentative de coup d'État. Cette insurrection répondait à la perte d'influence de la faction militaire à la Diète à la suite des élections. La tentative se conclut par le meurtre de plusieurs officiers supérieurs et membres du gouvernement et avorte quand l'empereur s'oppose résolument aux insurgés en menaçant de prendre lui-même la tête de la garde impériale.

En 1936, l'Empereur autorise par décret impérial l'expansion de l'unité de recherche bactériologique de Shiro Ishii et son incorporation au sein de l'armée du Guandong. Cette « unité 731 » procédera à des expérimentations et à des vivisections sur plusieurs milliers de prisonniers chinois, coréens et russes, incluant hommes, femmes, et enfants. L'invasion du reste de la Chine à partir de 1937 donne lieu à d'innombrables atrocités contre les populations civiles. Ces atrocités sont notamment rendues possibles par la décision prise par l'Empereur en août 1937 d'approuver une directive proposant la suspension de l'application des conventions internationales sur les droits des prisonniers de guerre. Parmi ces atrocités, les plus connues sont le massacre de Nankin et la Politique des Trois Tout (Sankō Sakusen?, « tue tout, brûle tout, pille tout »), une stratégie de la terre brûlée qui entraîne, à compter de mai 1942, la mort de 2,7 millions de Chinois des régions du Hebei et du Shandong.

Les archives militaires et le journal du général Sugiyama, commentés par plusieurs historiens japonais comme Yoshiaki Yoshimi et Seiya Matsuno, de même que Herbert Bix, indiquent de plus que Shōwa s'est réservé le contrôle des armes chimiques dont il autorise l'utilisation à maintes reprises contre des civils, notamment en Chine. Ces autorisations se font par le biais de directives impériales spécifiques (rinsanmei) transmises aux généraux par l'entremise du chef d'état-major de l'armée, le prince Kotohito Kan'in, puis le général Hajime Sugiyama (à compter de 1940). De septembre à octobre 1938, l'Empereur autorise ainsi l'emploi de gaz toxiques à 375 occasions lors de la bataille de Wuhan. En mars 1939, le général Yasuji Okamura est, quant à lui, autorisé à employer 15 000 bonbonnes de gaz toxique au Shandong.

Au printemps 1939, l'incident de Nomonhan débouche sur une attaque de l'Union soviétique. Cette tentative d'invasion se solde par un cuisant échec des forces impériales et oblige l'Empereur à conclure un pacte de non-agression qui porte le Japon à se diriger définitivement vers le sud, puis vers les États-Unis. De 1938 à 1940, l'empereur Shōwa se rallie à la position de l'état-major de la marine et résiste à la tentation d'ouvrir un nouveau front comme l'aurait souhaité l'état-major de l'armée. En 1941, après les succès remportés par la Wehrmacht en Europe, il se laisse finalement convaincre par les partisans, dont faisait partie son frère Yasuhito Chichibu, d'une alliance militaire avec l'Allemagne nazie.

A l'automne 1941, alors que le Japon doit faire face aux conséquences de l'embargo sur les produits pétroliers que lui ont finalement imposé les États-Unis pour son refus de se retirer de la Chine, l'empereur demande la tenue d'une série de conférences impériales pour discuter de la possibilité de déclarer la guerre à d'autres pays que la Chine. Le 4 septembre 1941, le cabinet japonais se réunit pour discuter les plans de guerre préparés par le quartier général impérial et arrête ce qui suit : « Notre Empire, pour assurer sa propre défense et pour se préserver, se préparera à la guerre… [et est]… résolu à entrer en guerre avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas si nécessaire. Parallèlement, notre Empire entreprendra toutes les initiatives diplomatiques possibles vis-à-vis des États-Unis et de la Grande-Bretagne, et s'efforcera ainsi d'atteindre ses objectifs… Dans l'éventualité où ces négociations diplomatiques ne laisseraient pas d'espoir de voir nos exigences remplies avant les dix premiers jours d'octobre, nous déciderons le déclenchement immédiat des hostilités contre les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. »

Les « objectifs » à atteindre sont clairement explicités : les mains libres pour poursuivre la conquête de la Chine et du sud-est asiatique, pas d'accroissement des forces militaires américaines ou britanniques, et la coopération de l'Occident en ce qui concerne « l'acquisition des produits dont notre Empire a besoin ». Le 5 septembre, le premier ministre Fumimaro Konoe soumet de façon informelle ce projet de résolution à l'Empereur, à la veille de la conférence impériale qui devait l'entériner. Ce dernier convoque alors les chefs d'état-major de l'armée et de la marine à une rencontre privée, au cours de laquelle il leur fait part de son incertitude quant à la pertinence d'ouvrir un nouveau front contre l'Occident. Apostrophant le général Sugiyama, il rappelle notamment que son état-major lui a promis que la guerre avec la Chine serait terminée en trois mois. L'amiral Osami Nagano, chef d'état-major de la marine, ancien ministre de la marine et officier très expérimenté, rapportera plus tard à un collègue de confiance : « Je n'ai jamais vu l'Empereur nous réprimander ainsi, son visage s'était empourpré et il élevait la voix ».

Lors de la conférence impériale du lendemain, les intervenants se montrent plutôt divisés, la marine jugeant une guerre à grande échelle prématurée alors que l'armée de terre est en sa faveur. Les chefs d'état-major font, quant à eux, front commun pour la guerre. Le baron Yoshimichi Hara, président du Conseil impérial et représentant de l'empereur, les interroge alors avec soin, obtenant des uns la réponse que la guerre doit être considérée comme le dernier recours, et des autres le silence. C'est à ce moment que le monarque surprend l'assemblée en s'adressant à elle en personne. L'Empereur souligne l'importance de poursuivre les négociations internationales, puis récite un poème écrit par son grand-père l'empereur Meiji.

Quelques semaines plus tard, Konoe, opposé à la guerre contre l'Occident, remet sa démission à l'empereur. Pour le remplacer, le choix unanime de l'état-major se porte sur le prince Naruhiko Higashikuni, oncle de l'Empereur. Ce dernier rejette ce choix en indiquant que la famille impériale ne devait pas être exposée à prendre le blâme en cas de conflit armé. Il porte plutôt son choix sur le général Hideki Tōjō, ministre de l'armée et partisan d'une politique dure mais réputé pour son dévouement à l'institution impériale.

Après avoir demandé à Tōjō de réévaluer la pertinence d'ouvrir un nouveau front, Shōwa se range à l'avis des bellicistes lors d'une réunion tenue le 2 novembre au cours de laquelle Tōjō, Sugiyama et Nagano lui font valoir que la révision de la politique nationale a mené à la même conclusion. Le lendemain et dans les semaines qui suivent, l'Empereur analyse en détail avec son état-major le plan d'attaque contre les « États-Unis, la Grande-Bretagne et la Hollande » dont la mise en œuvre est arrêtée en conférence impériale le 1er décembre.

Le 8 décembre 1941 (7 décembre pour Hawaii), une attaque combinée des forces japonaises frappe la flotte américaine stationnée à Pearl Harbor et déclenche l'invasion du sud-est asiatique. Une fois la nation totalement engagée dans la guerre, l'Empereur s'intéresse de près aux progrès des opérations militaires et cherche à soutenir le moral de ses troupes. La première phase de la guerre n'apporte que de bonnes nouvelles aux Japonais. À partir du reflux (vers fin 1942-début 1943) et jusqu'à l'époque de la reddition, il continue à recevoir des militaires une description précise de la situation.

Parallèlement, la propagande présente au public les batailles à l'issue indécise ou perdues comme de grandes victoires. La réalité, bien moins reluisante, n'apparaît que graduellement aux habitants de l'archipel. Les raids aériens lancés à partir de 1944 par les États-Unis révèlent enfin l'aspect fantasmagorique de ces victoires. Plus tard dans la même année, le gouvernement de Hideki Tōjō doit remettre sa démission. Deux premiers ministres se succèdent pour poursuivre l'effort de guerre, Kuniaki Koiso et Kantaro Suzuki, toujours avec l'assentiment de l'Empereur. Aucun des deux ne peut conjurer l'approche de la défaite.

Suite aux bombardement de Hiroshima, de celui de Nagasaki et en réaction directe à l'invasion du Mandchoukouo par l'Union soviétique, l'Empereur demande la tenue d'une conférence impériale dans la nuit du 9 au 10 août au cours de laquelle il annonce son intention de se rendre à l'ultimatum de Potsdam à la condition que la déclaration de reddition « ne porte pas atteinte aux prérogatives de Sa Majesté à titre de Souverain ». Le 12 août, l'Empereur informe la famille impériale de sa décision et, le 14 août 1945, il s'adresse pour la première fois directement à ses sujets au cours d'un discours radiodiffusé dans lequel il reconnaît la défaite du Japon (allocution connue sous le nom de Gyokuon-hōsō). Il nomme finalement son oncle le prince Naruhiko Higashikuni au poste de premier ministre pour gérer la capitulation du Japon.

À titre de commandant suprême des forces alliées, Douglas MacArthur rencontre l'empereur Shōwa le 27 septembre 1945. Au cours de l'entretien, il lui fit comprendre que les alliés pourraient se montrer « compréhensifs » si l'entourage impérial faisait preuve d'une pleine et entière collaboration. Par cette collaboration, l'empereur et les membres de la famille impériale seront exonérés de toute poursuite criminelle devant le Tribunal de Tōkyō.

Plusieurs historiens critiquent ces efforts pour exonérer l'empereur et tous les membres de la famille impériale impliqués dans la conduite de la guerre. Selon John Dower, «Cette campagne menée à bien pour absoudre l'Empereur de sa responsabilité à l'égard de la guerre ne connut aucune limite. Hirohito ne fut pas seulement présenté comme étant innocent de toute action formelle qui aurait pu le rendre susceptible d'une inculpation comme criminel de guerre. Il fut transformé en une icône sainte ne portant même aucune responsabilité morale à l'égard de la guerre. »

Selon Herbert Bix, « les mesures réellement extraordinaires entreprises par MacArthur pour sauver Hirohito d'un jugement comme criminel de guerre eurent un impact persistant et profondément distordant dans la compréhension des Japonais à l'égard de la guerre perdue » et « plusieurs mois avant que ne débutent les travaux du Tribunal, les plus hauts subordonnés de Mac Arthur travaillaient à attribuer la responsabilité ultime de l'attaque de Pearl Harbor à Hideki Tojo. » Ainsi, « immédiatement à son arrivée au Japon, (le brigadier-général) Bonner Fellers se mit au travail pour protéger Hirohito du rôle qu'il avait joué pendant et à la fin de la guerre» et «permit aux principaux criminels de guerre de coordonner leur version des faits afin que l'Empereur échappe à une inculpation. »

Le 1er janvier 1946, dans un discours radiodiffusé, l'empereur renonce à sa nature de « divinité à forme humaine » (akitsumikami). Une nouvelle constitution (disponible en français) est mise en place le 3 mai 1947, qui prive l'empereur de tout pouvoir politique, et même du titre de Chef de l'État, remplacé par celui de Symbole de l'État. Jusqu'en 1951, MacArthur peut être considéré comme le dirigeant effectif du Japon. À la cessation de l'occupation américaine, l'empereur, privé de son rôle de commandant en chef des armées et de tout pouvoir politique au profit du gouvernement par la constitution du 3 mai 1947, devient un personnage symbolique, conforme au rôle que lui attribue la légende pendant la guerre. Il est également le premier empereur japonais régnant à se rendre à l'étranger en visite officielle, lors d'un tour d'Europe de septembre à octobre 1971 et aux États-Unis en 1975. Il effectue également durant la seconde partie de son règne des déplacements réguliers dans les 47 préfectures du Japon.

L'empereur Shōwa était passionné et très au fait de la biologie marine, le palais impérial contient un laboratoire où il publie plusieurs articles dans ce domaine. Ses contributions comprennent la description de plusieurs douzaines d'espèces de scyphozoa (méduses) jusqu'alors inconnues. À partir de 1978, l'Empereur met fin à ses visites au sanctuaire Yasukuni, dédié aux soldats morts pour la patrie. Les nationalistes attribuaient cet arrêt à une volonté d'éviter les polémiques sur la religion que provoquaient ces visites, les autres l'attribuant au transfert des cendres de criminels de guerre. La question a été tranchée récemment avec la publication par le quotidien Nihon Keizai Shimbun d'une note de l'intendant principal de l’Agence des affaires impériales, Tomohiko Tomita, qui a mis par écrit les propos de l'empereur Shōwa motivant la fin de son pèlerinage en ce sanctuaire par le transfert en 1978 des noms des partisans de l'alliance avec l'Allemagne nazie qui furent condamnés comme criminels de guerre de classe A par le Tribunal de Tōkyō. « J’ai appris le transfert des cendres des [criminels de guerre de] classe A, y compris Matsuoka et Shiratori [tous deux farouches partisans de l’alliance avec Hitler et Mussolini]. J’ai pourtant entendu que [Fujimaro] Tsukuba [ancien desservant du sanctuaire] avait traité ce dossier [du transfert] avec prudence. Le fils de [Yoshitami] Matsudaira [ancien ministre de la Maison impériale], actuel desservant du Yasukuni, a effectué ce transfert sans réfléchir. Je pense que Matsudaira tenait beaucoup à la paix, mais son fils a ignoré l’esprit de son père. C’est pour cette raison que, depuis, je ne m’y rends plus en pèlerinage ; voilà mon sentiment. ».

Pour le journaliste Masanori Yamaguchi, qui a analysé le mémo Tomita à la lumière des déclarations de Hirohito lors de sa conférence de presse de 1975, l'attitude « opaque et évasive » de l'empereur sur sa responsabilité à l'égard de la guerre et le fait qu'il ait déclaré que le bombardement atomique de Hiroshima « ne pouvait être empêché », démontre qu'il craignait que l'intronisation des criminels au sanctuaire puisse relancer la question de sa responsabilité personnelle concernant les crimes du régime shôwa. Le 7 janvier 1989, l'Empereur meurt au Kōkyo (palais impérial de Tōkyō). Son fils, le prince Akihito lui succède immédiatement et, le jour même, l'ère Shōwa prend fin, remplacée par l'ère Heisei (l'Accomplissement de la Paix). L'empereur décédé est officiellement appelé Taikō Tennō (l'« empereur sur le Grand Départ »), jusqu'au 31 janvier où le gouvernement japonais annonce formellement son nom de règne définitif : Shōwa Tennō. Sans surprise, ce nom est conforme avec la tradition établie depuis 1912 de donner comme nom de règne à l'empereur le nom de l'ère durant laquelle il a régné. Il est inhumé le 24 février 1989 dans le mausolée de Musashino (Musashino-no-Misasagi?), voisin de ceux de ses parents, dans la ville d'Hachiōji à l'ouest de Tōkyō et ce qui est appelé « Cimetière impérial Musashi » (Musashi Ryōbochi?) à partir de 1990.

De nombreuses personnes en Chine, en Corée et dans le sud-est asiatique estiment que l'empereur Shōwa est le principal responsable des atrocités commises par l'armée impériale en Asie pendant la Seconde Guerre mondiale et que, de même qu'un bon nombre de membres de la famille impériale, il aurait dû être jugé pour crimes de guerre. Cette famille est en conséquence encore considérée avec hostilité par de nombreux habitants des pays occupés par les Japonais durant la guerre. La question cruciale est celle du pouvoir effectif exercé par l'Empereur sur les militaires japonais durant la guerre. La version la plus communément admise au Japon et en Occident jusque dans les années 1990 le présente comme un spectateur impuissant dans le domaine politique, marginalisé par un état-major militaire tout-puissant et des politiciens bellicistes.

Le débat sur le rôle effectif de l'Empereur fut éludé à la fin de la guerre car le général MacArthur, gouverneur suprême des forces alliées, voulait non seulement conserver l'institution impériale comme symbole et garant de la cohésion du pays mais plus encore s'assurer de la collaboration docile de la personne impériale. Balayant les pressions de nombreux dignitaires japonais et membres de la famille impériale comme les princes Takamatsu, Mikasa et Higashikuni qui souhaitaient l'abdication de l'Empereur Shōwa et la mise en place d'une régence, il refusa l'inculpation et même l'audition de l'Empereur lors des procès de Tōkyō. Afin de protéger au mieux ce dernier, cette exonération s'étendit à tous les membres de sa famille. À compter de 1954, les gouvernements japonais successifs ont appuyé la diffusion d'une image officielle d'un empereur isolé, s'opposant sans succès à la clique militariste.

Cette vision des choses a toutefois été ébranlée depuis les années 1990 par l'analyse des archives japonaises dont notamment les documents rédigés par le général Sugiyama, le prince Konoe, le prince Takamatsu et le garde des sceaux Kido. La redécouverte du travail monumental de l'historien Shirō Hara, ancien membre de l'armée impériale, publié en cinq volumes en 1973 et 74 sous le titre Daihon'ei senshi, a également contribué à cette révision. Ces archives démontrent une implication directe et soutenue de l'Empereur, non seulement dans la gestion des affaires de l'État, mais aussi dans la conduite de la guerre. Selon plusieurs historiens dont Akira Fujiwara, Akira Yamada, Peter Wetzler et Herbert Bix, l'Empereur n'était ni un belliciste, encore moins un pacifiste, mais essentiellement un opportuniste qui gouvernait en collégialité. Conformément à la tradition, chaque décision d'importance était ainsi soupesée par l'état-major et le conseil des ministres puis soumise à l'empereur pour approbation.

Les années marquantes du règne de l'Empereur Shōwa (entre 1926 et 1945) virent l'accroissement de l'influence des partisans de l'expansionnisme colonial désireux de faire du Japon l'égal des grandes puissances occidentales. L'Empereur, d'abord réticent, se laissa peu à peu convaincre et cautionna une politique agressive qui allait déboucher sur l'invasion de la Mandchourie en 1931, puis du reste de la Chine en 1937 (appelée Deuxième Guerre sino-japonaise) ainsi que sur une alliance avec l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie (pacte tripartite) et une invasion de l'Asie du sud-est qui entraîna la Seconde Guerre mondiale.

Ce courant donna également naissance à une idéologie nationaliste selon laquelle le Japon était une nation guidée par le descendant de la déesse Amaterasu Omikami et faite pour dominer ses voisins. Dès le début des années trente, des idéologues comme Sadao Araki, ministre de l'Éducation en 1938 et 1939, cherchèrent à revitaliser la doctrine traditionnelle du Hakko ichiu (huit coins sous un seul toit), et à en faire le cœur d'une « Restauration Shôwa ». Les principes fondamentaux de cette doctrine soutiennent que le Japon est le centre du monde et gouverné par un être divin et que le peuple japonais, protégé par les kami, est supérieur aux autres. La mission divine du Japon est donc d'unir les huit coins du monde sous un seul toit. Des politiciens comme le premier ministre Fumimaro Konoe ordonnèrent ainsi la distribution, notamment dans les écoles, de pamphlets comme le Kokutai no hongi (les fondements de la politique nationale) reprenant ces principes. Cette conception de la supériorité japonaise eut de profondes répercussions lors de la guerre. Ainsi, les ordres émanant du quartier-général impérial utilisaient fréquemment le terme kichibu (bétail) pour décrire les Alliés, mépris qui favorisa selon certains auteurs la violence à l'encontre des prisonniers, conduisant jusqu'à la pratique du cannibalisme.

Au fil des années, l'Empereur Shōwa devint de plus en plus directif et interventionniste, notamment par le biais du quartier-général impérial, institué en octobre 1937. Alors que l'armée impériale et la marine impériale disposaient d'un droit de veto sur la constitution des cabinets depuis 1900, l'Empereur imposa unilatéralement ses choix à partir de 1939. La famille impériale en 1936. De g. à d. : prince Tsugu (actuel Empereur Akihito), l'empereur Hirohito, princesse Teru Shigeko, princesse Yori Atsuko, prince Yoshi Masahito (futur prince Hitachi) sur les genoux de l'impératrice Nagako et la princesse Taka Kazuko. Hirohito, alors encore prince héritier, a épousé le 26 janvier 1924 la princesse Kuni Nagako (Kuni-no-miya Nagako Joō?), fille aînée du prince Kuni Kuniyoshi, membre d'une branche cadette de la famille impériale, plus connue depuis son décès en 2000 sous le nom d'impératrice Kōjun. Ils ont eu ensemble sept enfants (5 filles et 2 garçons) : 

 

  • Princesse Teru (Shigeko) (Teru-no-miya Shigeko?, 9 décembre 1925-23 juillet 1961), qui a épousé le 10 octobre 1943 le prince Higashikuni Morihiro (à la fois petit-fils de l'empereur Meiji par sa mère et cousin germain de l'impératrice Nagako). La constitution de 1947 non seulement exclut la princesse Shigeko, désormais simplement appelée Mme Shigeko Higashikuni, de la famille impériale mais en plus retire tous ses titres et biens nobiliaires au prince Morihiro.
  • Princesse Hisa (Sachiko) (Hisa-no-miya Sachiko?, 10 septembre 1927-8 mars 1928).
  • Princesse Taka (Kazuko) (Taka-no-miya Kazuko?, 30 septembre 1929-28 mai 1989), qui a épousé le 20 mai 1950 Toshimichi Takatsukasa, issu du clan aristocratique des ducs de Nobusuke, abandonnant donc le même jour son appartenance à la famille impériale et donc dénommée par la suite Mme Kazuko Takatsukasa.
  • Princesse Yori (Atsuko) (Yori-no-miya Atsuko?, née le 7 mars 1931), qui a perdu son statut de princesse impériale après son mariage le 10 octobre 1952 avec Takamasa Ikeda, fils d'un ancien marquis, et est donc depuis lors connue comme Mme Atsuko Ikeda.
  • Prince Tsugu (Akihito) (Tsugu-no-miya Akihito?, né le 23 décembre 1933), l'actuel empereur Akihito.
  • Prince Yoshi (Masahito) (Yoshi-no-miya Masahito?, né le 28 novembre 1935), qui a fondé sa propre maison cadette de la famille impériale suite à son mariage le 1er octobre 1964 avec Hanako Tsugaru (elle-aussi issue d'une ancienne famille aristocratique) et depuis lors titré Prince Hitachi (Hitachi-no-miya?). Il est actuellement en quatrième position dans l'ordre de succession au trône du Japon.
  • Princesse Suga (Takako) (Suga-no-miya Takako?, née le 3 mars 1939), qui a donc quitté la famille impériale le 3 mars 1960 suite à son mariage avec Hisanaga Shimazu (ancien comte) pour devenir par la suite Mme Takako Shimazu.

Mitterrand François

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Mitterrand François

 

François Mitterrand, né le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charente) et mort le 8 janvier 1996 à Paris, est un homme d'État français. Fonctionnaire sous le Régime de Vichy, puis résistant, il est onze fois ministre sous la IVe République. Opposé au retour du général de Gaulle, il affronte celui-ci au second tour de l'élection présidentielle de 1965, qu'il perd. Il devient premier secrétaire du jeune Parti socialiste en 1971. Candidat de l'Union de la gauche à la présidentielle de 1974, il est battu par Valéry Giscard d'Estaing.

Élu président de la République française en 1981, il fait voter plusieurs lois sociales, mais décide le « tournant de la rigueur » devant la menace qui pèse sur le franc. Contraint de nommer Jacques Chirac Premier ministre après la défaite de la gauche aux élections législatives, en 1986, il est néanmoins réélu deux ans plus tard. La fin de son second septennat est marquée par plusieurs polémiques, son mauvais état de santé, la première nomination d'une femme, Édith Cresson, au poste de Premier ministre et la deuxième cohabitation avec Édouard Balladur.

François Maurice Adrien Marie Mitterrand est né dans la ville charentaise de Jarnac, au sein d'une famille bourgeoise catholique et conservatrice. Son grand-père paternel était chef de gare à Jarnac, fils d'un éclusier du Canal de Berry, et un catholique pratiquant. Son père Joseph, était ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans, puis devint industriel vinaigrier et président de la fédération des syndicats de fabricants de vinaigre. Sa mère, Yvonne Lorrain, issue d'une famille de tradition républicaine, était la fille de Jules Lorrain, un négociant en vins et eaux de vie et un conseiller municipal de Jarnac (et neveu par alliance du ministre Léon Faucher). François a trois frères :

 

  • Robert (1915-2002), polytechnicien ;
  • Jacques (1918-2009), général d'armée ;
  • Philippe, (1921-1992), exploitant agricole et ancien maire de Saint-Simon en Charente,

 

et quatre sœurs :

 

  • Antoinette, épouse Ivaldi ;
  • Marie-Josèphe ;
  • Colette, épouse du capitaine Landry ; et
  • Geneviève (1919-2006), épouse Delachenal.


François grandit dans une famille fortunée, ayant l'électricité dès 1922. Il fréquente l'école communale de Jarnac avec son frère Robert jusqu'en 1925. Cette année-là, François entre au collège Saint-Paul d'Angoulême pour entamer des études secondaires. Il se révèle excellent en histoire, en géographie, en latin et en instruction religieuse, et prend goût pour la littérature. Il devient membre de la JEC, structure étudiante de l'Action catholique. En 1933, un discours lui vaut de remporter le Championnat de l'Éloquence.

Il obtient son baccalauréat en 1934 et décide de s'inscrire aux Facultés des lettres et de droit de Paris. À son arrivée dans la capitale, il s'installe au 104 rue de Vaugirard, où se trouve un foyer de pères maristes. Parallèlement, il entre à l'École libre des sciences politiques, de laquelle il sort diplômé en juin 1937. La même année, il obtient un diplôme d'études supérieures de droit public, suite à l'obtention d'une licence ès lettres l'année précédente.

À partir de novembre 1934, François Mitterrand milite pendant environ un an aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse de la droite nationaliste des Croix-de-feu du Colonel de La Rocque. Il participe aux manifestations contre « l'invasion métèque » en février 1935 puis à celles contre le professeur de droit Gaston Jèze, après la nomination de ce dernier comme conseiller juridique du Négus d'Éthiopie, en janvier 1936. Il cultive par la suite des relations d'amitiés ou de famille avec des membres de La Cagoule.

Il est un temps critique littéraire et écrit sur la société contemporaine et la politique dans la Revue Montalembert et dans le quotidien L'Écho de Paris d'Henry de Kérillis, proche du Parti social français. Il y écrit notamment un article regrettant que le quartier latin se soit laissé envahir par le « dehors ». « Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu'on a l'impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire. » Il publie également le 18 mars 1936, un compte-rendu de la conférence donnée par Marcel Griaule sur l'Éthiopie, concluant notamment qu'« Il est toujours utile de connaître l'histoire de peuples si particuliers, et, en même temps, si pareils aux autres, car, au fond, ce n'est pas la couleur de la peau ou la forme des cheveux qui ont donné quelque valeur aux âmes. ». Il se serait aussi inquiété de l'expansionnisme nazi lors de l'Anschluss dans l'un de ses articles. En 1937, il obtient son diplôme de l'École libre des sciences politiques9 et s'inscrit pour le Service militaire dans l'infanterie coloniale. Il y rencontre son grand ami, Georges Dayan (juif et socialiste) après l'avoir sauvé d'agressions d'antisémites de l'Action française et devient son meilleur ami. En septembre, il est incorporé pour son service militaire dans le 23e régiment d'infanterie coloniale.

En septembre 1939, à l'engagement de la France Seconde Guerre mondiale, alors qu'il termine ses études d'avocat à Paris, il est envoyé sur la ligne Maginot avec le grade de sergent chef, à proximité de Montmédy au 23e régiment d'infanterie coloniale 7e compagnie du capitaine Xavier Louis. En mai 1940, quelques jours avant l'invasion allemande, il se fiance avec Marie-Louise Terrasse (future Catherine Langeais, elle rompra en janvier 1942).

À la suite de la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, François Mitterrand est mobilisé sur la ligne Maginot. Le 14 juin 1940, le sergent Mitterrand est blessé à l'omoplate droite, et, après des soins rudimentaires, qui lui évitent de perdre un bras, il est fait prisonnier par les Allemands le 18 juin. Après dix-huit mois dans les stalags IX A de Ziegenhain-Trutzhain et IX C de Schaala et deux tentatives infructueuses, il s'évade en décembre et rentre en France.

En janvier 1942, bien que recherché par les Allemands en tant qu'évadé, il travaille cependant à la Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale en tant que contractuel du gouvernement de Vichy puis, à partir de juin, au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, où il est chargé des relations avec la presse et où il favorisera la fourniture de faux-papiers pour aider les évasions. En juin 1942, il participe à des réunions au château de Montmaur, où sont jetées les premières bases de son réseau de Résistance.

Le 15 octobre 1942, Mitterrand est reçu par le maréchal Pétain avec plusieurs responsables du Comité d'entraide aux prisonniers rapatriés de l'Allier. En janvier 1943, Mitterrand démissionne du Commissariat, suite au remplacement du vichysto-résistant Maurice Pinot par André Masson, un partisan de la collaboration. Il conserve cependant un poste à la tête des centres d'entraides.

En février 1943, puis plus tard au printemps, il se rapproche de la puissante Organisation de résistance de l'armée (ORA), en cours de formation. Il commence à prendre Morland comme pseudonyme (il utilisera aussi les noms de code Purgon, Monnier, Laroche, capitaine François, Arnaud et Albre) et cofonde le Rassemblement national des prisonniers de guerre avec Maurice Pinot financé par l'ORA.

Plusieurs membres du réseau Mitterrand-Pinot sont, en pratique, membres de l'ORA. François Mitterrand lui-même est considéré par le service Action de l'organisation comme un de ses membres. Plusieurs actions sont décidées en commun entre des dirigeants de l'ORA et des dirigeants du RNPG et exécutées par des militants des deux mouvements.

En mars 1943, Mitterrand rencontre Henri Frenay et le convainc aisément de travailler avec lui. Grâce à Frenay, la Résistance intérieure soutient François Mitterrand contre Michel Cailliau. Cependant, la date du 28 mai 1943, lors de sa rencontre avec le gaulliste Philippe Dechartre a été considérée comme la date de sa rupture définitive avec ses anciens protecteurs de Vichy.

L'activité du RNPG se déplace, au cours de l'année 1943, de la fourniture de faux papiers vers la fourniture de renseignements à la France libre. Selon Pierre de Bénouville, « François Mitterrand avait réussi à mettre sur pied un véritable réseau de renseignement dans les camps. Grâce aux prisonniers de guerre, nous avons pu prendre connaissances d'informations, parfois décisives, sur ce qui se passait derrière les frontières. »

C'est à partir de la fin de l'été ou à l'automne 1943 que François Mitterrand entre en résistance passe à la clandestinité, traqué par la Gestapo, le Sicherheitsdienst et la Milice. Le Sicherheitsdienst (SD) perquisitionne à son domicile, absent. Deux de ses amis sont arrêtés, déportés ; l'un ne revient pas du camp de concentration. Peu après, il est sauvé par la femme du colonel Pfister, dirigeant de l'Organisation de résistance de l'armée, d'une arrestation par la Gestapo. Il est établi que René Bousquet, Secrétaire général de la Police, sentant le vent tourner, a fait prévenir Mitterrand, par l'intermédiaire de l'un de ses collaborateurs, Jean-Paul Martin, des risques d'arrestation qui pesaient sur lui.

Au printemps 1943, parrainé par deux membres de La Cagoule (Gabriel Jeantet, membre du cabinet du maréchal Pétain, et Simon Arbelloti), il est décoré de l’ordre de la Francisque. Le 10 juillet 1943, François Mitterrand et le militant communiste Piatzook sont les auteurs d'un coup d'éclat lors d'une grande réunion publique à Paris, salle Wagram, consacrée à la « relève » des prisonniers par les ouvriers. Au moment où André Masson flétrit la « trahison des gaullistes », François Mitterrand l'interpelle de la salle et lui dénie le droit de parler au nom des prisonniers de guerre, qualifiant la relève d'escroquerie. François Mitterrand n'est pas arrêté, sa fuite ayant été facilitée par Piatzook.

Selon Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action à l'époque, « c'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il a été proposé pour la francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. » (no 2202).

En novembre 1943, il se rend à Londres, puis à Alger, où il rencontre le général de Gaulle, le général Giraud et Pierre Mendès France. La rencontre fût âpre, De Gaulle demande à ce que les organisations de prisonniers fusionnent sous l'égide de M.R.P.G.D., seule condition pour recevoir matériel et argent. Mais Mitterrand refuse la tutelle du mouvement de Michel Cailliau. Finalement, de Gaulle accepte les conditions de François Mitterrand. Le 18 mars 1944, Henri Frenay écrit à Michel Cailliau qu'il se « porte personnellement garant » de François Mitterrand, et que le général de Gaulle partage son point de vue.

À partir de février 1944, François Mitterrand dirige, en France, le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, qui unifie tous les réseaux de résistance de prisonniers de guerre. En août 1944, Mitterrand participe à la libération de Paris, où il s'empare du siège du Commissariat général aux prisonniers de guerre. Il est nommé secrétaire général des prisonniers et des victimes de guerre. Puis, en octobre 1944, après avoir épousé Danielle Gouze, il monte avec Jacques Foccart l’opération Viacarage, dont l'objectif est la libération des camps de prisonniers et de concentration.

Enfin, en avril 1945, François Mitterrand accompagne le général Lewis comme représentant de la France pour la libération des camps de Kaufering et de Dachau, à la demande du général de Gaulle. C'est là, en compagnie de Pierre Bugeaud, qu'il découvre, « par un hasard providentiel », Robert Antelme, mari de son amie Marguerite Duras, à l'agonie, atteint du typhus. Les mesures sanitaires interdisant de l'évacuer, il organise l'évasion de cet ancien membre de son réseau. Rétabli, celui-ci sera l'auteur d'un livre important sur la déportation : L’Espèce humaine.

Peu après, François Mitterrand participe au gouvernement des secrétaires généraux voulu par le général de Gaulle avant l'installation du gouvernement provisoire à Paris. Invité à « plancher » devant l’atelier « L’Abbé Grégoire », affilié à la loge maçonnique Grande Loge de France (GLF), il est expulsé manu militari à la demande de Jean Pierre-Bloch qui ne peut tolérer la présence d’une personne décorée de la Francisque dans une loge19, alors qu’il lui aurait demandé d’accepter cette distinction.

Le 28 octobre 1944, il épouse Danielle Gouze à la mairie, puis à l’église Saint-Séverin à Paris. En 1945, François Mitterrand et André Bettencourt apportent un témoignage en faveur du fondateur du groupe L'Oréal, mais aussi collaborateur et ancien financier de la Cagoule, Eugène Schueller. François Mitterrand est alors (brièvement) engagé comme président-directeur général des Éditions du Rond-Point (et directeur du magazine Votre Beauté) appartenant au groupe fondé par Schueller.

En février 1946, François Mitterrand adhère à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), qu’il préside ensuite de 1953 à 1965 et qui lui offre un premier laboratoire politique. Candidat aux élections de la seconde Assemblée constituante, le 6 juin 1946, dans la 5e circonscription de la Seine, il ne recueille que 6 % des voix. Eugène Schueller, ami de l’évêque de Nevers, convainc alors François Mitterrand de s’intéresser à la Nièvre afin de reprendre au moins un des mandats entièrement aux mains de la Gauche. Avec l’aide du clergé et des notables nivernais, François Mitterrand est élu, le 10 novembre 1946, député de la Nièvre à la tête d'une liste « Unité et action républicaine », au programme anticommuniste. François Mitterrand abandonne alors ses fonctions aux éditions du Rond-point.

En 1947 François Mitterrand devient l'un des plus jeunes ministres de France avec le portefeuille des Anciens Combattants dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier. Dans les années qui suivent, il détient plusieurs portefeuilles ministériels, dont ceux de l'Information, de la France d'outre-mer, et le ministère délégué au Conseil de l'Europe. En mai 1948, parmi 800 délégués (dont Konrad Adenauer, Léon Blum, Winston Churchill, Harold Macmillan, Paul-Henri Spaak et Altiero Spinelli), il participe au Congrès de la Haye, à l'origine du Mouvement européen, auquel il adhère.

En 1949, il est élu conseiller général de la Nièvre dans le canton de Montsauche-les-Settons. Il est réélu en 1955, 1961, 1967, 1973 et 1979. En 1950, René Pleven le nomme ministre de l'outre-mer. Il est partisan de l'instauration d'une union franco-africaine où les territoires d'outre-mer jouiraient d'une autonomie négociée et librement consentie et s'efforce d'améliorer le sort des Africains, encore soumis à un régime très dur. Il est alors traité de « bradeur d'empire » : il s'attire dès cette époque une vive hostilité de la part des colons et du RPF, le parti gaulliste de l'époque, qui s'exprime notamment par la voix de Jacques Foccart, Édouard Frédéric-Dupont et Maurice Bayrou. Il participe aux négociations entamées par René Pleven pour légaliser le Rassemblement démocratique africain et apparenter les députés de ce parti à l'UDSR. Afin de consolider cette politique libérale, François Mitterrand relève le gouverneur Laurent Péchoux, qui avait été nommé par son prédécesseur Paul Coste-Floret pour démanteler le RDA. François Mitterrand s'aliène alors le MRP.

En août 1951, le Mouvement républicain populaire obtient de René Pleven que François Mitterrand quitte le ministère de l'Outre-Mer. Ne faisant plus partie du gouvernement, François Mitterrand, réélu à l'Assemblée le 17 juin 1951, devient président du groupe parlementaire et renforce son influence sur l'UDSR, et obtient l'élection, au poste de secrétaire général, d'un de ses partisans, Joseph Perrin. Pour autant, il conserve sa loyauté à René Pleven, resté président du Conseil.

En 1952, François Mitterrand devient ministre d’État sous le gouvernement d’Edgar Faure. Il prend en charge le dossier tunisien et esquisse un plan d’autonomie interne. Mais le gouvernement Faure est renversé six semaines seulement après sa formation. Les libéraux en matière coloniale (c'est-à-dire ceux qui refusent la répression systématique et prônent l'égalité des droits entre colons et colonisés, puis l'autonomie, voire l'indépendance si elle est réclamée avec force par la population et un interlocuteur crédible) sont provisoirement écartés du pouvoir.

Après la formation du gouvernement d'Antoine Pinay, François Mitterrand critique la participation systématique de l'UDSR aux gouvernements et demande un recentrage à gauche. Il dénonce à l'Assemblée la politique répressive du gouvernement et défend avec vigueur le droit des Tunisiens à l'autonomie.

En 1953, il devient ministre délégué au Conseil de l'Europe, mais démissionne rapidement en raison de son hostilité à la répression menée au Maroc et en Tunisie ; il préconise vis-à-vis de ces pays, ainsi que pour l'Indochine, une politique plus libérale. Il signe, avec des personnalités comme Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Alain Savary ou Louis Vallon, le « Manifeste France-Maghreb », demandant que « soient mis en œuvre tous les moyens légaux pour que les principes des droits de l'homme soient appliqués sans distinctions en Afrique du Nord ».

Le 23 novembre 1953, il est élu président de l'UDSR par le comité directeur. Il soutient alors une ligne libérale (mais déjà commune à cette époque) pour l'outre-mer : arrêt de la guerre d'Indochine, constitution d'un ensemble franco-africain, fédéral puis confédéral (ce qui revient à accorder l'autonomie, voire l'indépendance-association aux territoires colonisés). Il publie au même moment Aux frontières de l'Union française. Indochine-Tunisie, préfacé par Pierre Mendès France. Il se prononce pour l'indépendance de l'Indochine (avec, si possible, une association) et pour une refonte des liens avec les pays africains : la défense, la monnaie et la politique étrangère doivent relever de l'Union française, avec une pleine association des Africains aux décisions ; les autres domaines doivent relever de l'autonomie des populations locales. Plus généralement, l'élection de François Mitterrand marque une évolution de l'UDSR vers des positions plus à gauche, cependant que le nouveau président du parti « se positionne dès lors pour atteindre l'hôtel Matignon ».

En 1954, il est nommé Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Pierre Mendès France. Il est alors opposé à l'indépendance de l'Algérie. Ses tentatives de muter le gouverneur général Léonard et le directeur de la Mosquée de Paris, puis d'augmenter le SMIG d'Algérie, rencontrent l'hostilité des colons et de l'administration. Le 8 septembre 1954, François Mitterrand apprend qu'il est l'objet d'une enquête de la part des services secrets français : ainsi débute ce qu'on a appelé l'Affaire des fuites.

Du 19 au 23 octobre 1954, il se rend en Algérie, où il rencontre une nette hostilité de la part des partisans de l'Algérie française. Le 5 novembre de cette même année, à la tribune de l'Assemblée nationale, alors que les premiers conflits de la guerre d'Algérie éclatent, il déclare : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre. », puis « L'Algérie, c'est la France. »

En novembre 1954, le gouvernement annonce une forte augmentation des investissements sociaux en Algérie dans l'agriculture et l'éducation, et entend préparer « l'égalité des citoyens […] des chances égales à tous ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol algérien. » François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, autorise alors Germaine Tillion à mener une enquête dans la zone d'insurrection, afin, entre autres, de signaler les éventuelles exactions policières. En accord avec le président du Conseil, il fusionne la police d'Alger avec celle de Paris. Les décrets du 20 janvier 1955, qui mettent fin à l'autonomie de la police d'Algérie, contribuent à permettre la mutation de deux cents agents soupçonnés d'actes de torture ou de l'avoir encouragée. Parmi eux, le directeur des Renseignements généraux d'Alger. Les députés conservateurs en matière coloniale critiquent fermement cette décision. D'après François Mitterrand, la suppression de ce « système détestable » est à l'origine de la chute du gouvernement Mendès France, un mois plus tard (lettre à Pierre Mendès France, 31 août 1959). En tout état de cause, le sénateur Henri Borgeaud, porte-parole des pieds-noirs, avait ainsi menacé : « Si vous fusionnez les polices, nous voterons contre votre gouvernement. »

François Mitterrand assiste Pierre Mendès France dans les négociations qui aboutissent à l'autonomie de la Tunisie et du Maroc. L'Assemblée nationale ayant été une nouvelle fois dissoute, il mène campagne dans la Nièvre et conserve son siège lors des élections du 2 janvier 1956. Un mois plus tard, il est nommé garde des Sceaux dans le gouvernement Guy Mollet. François Mitterrand participe aux travaux du gouvernement, qui accorde l'indépendance à la Tunisie et au Maroc, l'autonomie à l'Afrique noire. Sur la question algérienne, il critique fermement (en privé) la dérive répressive qui suit l'échec de la tentative de libéralisation, en février 1956. Toutefois, c'est lui qui est chargé par le Conseil des ministres, de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l'armée. Il donne forcément son aval, en tant que Garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d'Alger contre des militants de la lutte pour l'indépendance, notamment Fernand Iveton, membre du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le 11 février 1957. Il couvre l'exécution de quarante-cinq militants algériens condamnés de manière expéditive. Il est certain qu'assumer la charge de Garde des Sceaux en pleine bataille d'Alger, à l'époque où l'armée française recourt massivement à la torture et aux exécutions sommaires pour mater l'insurrection algérienne, constitue une redoutable épreuve pour l'humaniste et l'homme de gauche dont, malgré tout, François Mitterrand veut sans doute continuer de donner l'image. Les témoins cités par son biographe Jean Lacouture décrivent d'ailleurs un homme bouleversé, profondément hésitant. Cependant, au risque de s'exposer à l'accusation d'avoir couvert, voire encouragé des pratiques renouvelées de celles de la Gestapo et relevant pour le moins du crime de guerre, l'ancien Résistant reste au gouvernement, car il veut accéder à la présidence du Conseil, où, pense-t-il, sa marge de manœuvre serait plus large ; il pourrait, après tout, rendre plus libérale la politique algérienne.

Dans un tout autre domaine, il fait adopter le statut de l'Agence France-Presse (AFP). Après la démission de Guy Mollet, François Mitterrand refuse de participer à un gouvernement, à moins de le diriger. Il n'y parvient pas, bien que le président René Coty ait sérieusement envisagé de faire appel à lui. Le 1er juin 1958, il refuse de voter la confiance à Charles de Gaulle, expliquant ainsi son vote : « Lorsque, le 10 septembre 1944, le général de Gaulle s’est présenté devant l’Assemblée consultative provisoire issue des combats de l’extérieur ou de la Résistance, il avait près de lui deux compagnons qui s’appelaient l’honneur et la patrie. Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis, mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. […] En droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait, il les détient déjà du coup de force. »

En septembre 1958, il appelle à voter non au référendum sur la Constitution, qui est néanmoins adoptée à une très large majorité, puis promulguée le 4 octobre 1958. Dans la 3e circonscription de la Nièvre, nouvellement créée, François Mitterrand est battu aux élections législatives le 30 novembre 1958 par le candidat indépendant Jehan Faulquier. En mars 1959, il est élu maire de Château-Chinon (il le reste jusqu'à mai 1981) et, un mois plus tard, sénateur de la Nièvre. Il s'inscrit au groupe de la Gauche démocratique.

En octobre 1959, a lieu l'attentat de l'Observatoire dans lequel François Mitterrand est impliqué et qui le mène à être inculpé le 9 décembre pour outrage à magistrat au motif qu'il l'aurait lui-même commandité dans le but de regagner les faveurs de l'opinion publique. La loi d'amnistie de 1966 met fin à la procédure.

En 1961, il effectue un voyage en Chine ou il rencontre Mao Zedong. Le 18 mai 1962, François Mitterrand est appelé à témoigner à décharge au procès du général Salan par Jean-Louis Tixier-Vignancour. Le témoignage de Mitterrand porta sur l'« affaire du Bazooka », tentative d'assassinat perpétrée contre le général Salan le 16 janvier 1957 et qui avait fait un mort, le colonel Rodier. Mitterrand appuya la thèse de Salan à propos du complot gaulliste fomenté (plus ou moins indirectement, c'est selon) par Michel Debré (d’autres personnalités comme Roger Frey et Alain Griotteray furent aussi citées comme prenant aussi plus ou moins part au complot).

Cette thèse du complot gaulliste fomenté directement par Debré fut reprise par Mitterrand dans un éditorial du Courrier de la Nièvre. Les auteurs et commanditaires de l'attentat, Philippe Castille, Michel Fechoz et René Kovacs notamment, avaient motivé leur action par la nécessité de remplacer le général Salan, considéré avec Pierre Mendès France comme le liquidateur de l'Indochine, par un général authentiquement favorable à l'Algérie française. Pour François Mitterrand, « Raoul Salan garde le droit de récuser certains de ses accusateurs qui, pour corriger la maladresse de l'avoir manqué, firent de lui plus tard son complice dans les événements de mai 1958 qui ramenèrent le général de Gaulle au pouvoir ». Une partie de la gauche s'en prit alors à Mitterrand, lui reprochant d'être intervenu dans un règlement de compte au sein de la droite française, d'avoir été jusqu'à saluer Salan dans son box et d'avoir pris place au milieu de ses partisans.

Le 25 novembre 1962, Mitterrand retrouve son siège de député de la Nièvre et abandonne celui de sénateur. Lors du référendum de 1962, il appelle à voter contre l'élection du président de la République au suffrage direct. Le oui l'emporte avec 62,25 % des suffrages exprimés (46,66 % des inscrits). En 1964, il devient président du conseil général de la Nièvre. Il prend la tête de la Convention des institutions républicaines (CIR) et publie Le Coup d'État permanent, qui renforce sa position d'opposant de gauche à Charles de Gaulle.

Conscient des divisions de la gauche et de la difficulté de se placer en leader (Paris égaré par ses intellectuels de gauche), François Mitterrand décide de concentrer ses attaques contre l’image même du général de Gaulle, image renforcée, en particulier, par son célèbre appel du 18 juin. En effet, François Mitterrand craignait que l’image du général de Gaulle, bien ancrée dans l’opinion, réduise ses chances dans une élection au suffrage direct, même avec une gauche rénovée.

En outre, la séparation des pouvoirs et les domaines réservés prévus par la Constitution en cas de cohabitation conduisent François Mitterrand à radicaliser sa position. D’où l’agressivité qu’il manifeste en 1964, il précise : « qu’il importe que l’opposition s’affirme sans accommodement. Il n’y a d’opposition qu’inconditionnelle dès lors qu’il s’agit de substituer un système de gouvernement à un autre. Retoucher, aménager, corriger le pouvoir absolu c’est déjà composer avec lui, c'est mimer l'opposition de Sa Majesté qui, autant que la majorité, participe au régime qui le soutient. »

En 1965, bien que représentant d'une petite formation politique (la CIR), il est le candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle. Il axe sa campagne sur le changement comme l'indique son slogan de campagne : « Un président jeune pour une France moderne ». Son résultat est inespéré (en seconde position avec 31,78 % des suffrages), tout comme celui du candidat centriste Jean Lecanuet (15 % des suffrages). François Mitterrand reçoit alors l'appui pour le second tour de toute la gauche, mais aussi de Jean Lecanuet, du conservateur modéré Paul Reynaud et d'une partie de l'extrême droite : Jean-Louis Tixier-Vignancour et des partisans de l'OAS. Au soir du second tour, Mitterrand est battu avec le score de 45,51 % des suffrages contre 54,49 % au général de Gaulle.

Fort de ce résultat (peu de monde pensait que de Gaulle pouvait être mis en ballottage), il prend la tête de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui regroupe la gauche non communiste (essentiellement la SFIO, le Parti radical, la CIR et divers clubs). Il forme également le premier contre-gouvernement en France, en 1966, expérience qui ne dure qu'un an. Aux élections législatives de mars 1967, le scrutin uninominal à deux tours et la nouvelle disposition qui relève le seuil et élimine du second tour tous les candidats n'ayant pas obtenu au premier tour au moins 10 % des inscrits, favorisent la majorité sortante face à une opposition hétéroclite (PC, PS et centristes de Jacques Duhamel) et désunie. Mais avec 194 sièges, l'ensemble des partis de gauche (FGDS, Parti communiste) parvient à gagner 63 sièges, le Parti communiste restant la principale force de gauche avec 22,5 % des suffrages. Néanmoins, la coalition gouvernementale est reconduite avec une majorité réduite à un seul siège à l'Assemblée nationale (247 sièges sur 487, dont 231 sièges en métropole). En Métropole, au premier tour, l'ensemble de la gauche (FGDS, PSU, PC) obtient même plus de voix que les seuls partis gouvernementaux gaullistes et giscardiens (46 % contre 42,6 %), alors que le Centre démocrate de Duhamel recule de trois points à 7 % des voix. Mais avec le taux exceptionnel en France de 38 % des suffrages (en hausse de deux points par rapport au précédent scrutin), l'Union pour la Ve république reste le premier parti de France.

Le 28 mai 1968, il déclare : « il convient dès maintenant de constater la vacance du pouvoir et d'organiser la succession. » Cette déclaration est faite la veille du départ du général de Gaulle, parti consulter le général Massu en Allemagne. Il propose le nom de Mendès France pour former le gouvernement provisoire et annonce qu'il est candidat à la présidence de la République, au cas où une élection anticipée aurait lieu. De Gaulle a en effet annoncé qu'il organiserait un référendum, et qu'il démissionnerait si le « non » l'emportait (une idée à laquelle le général a finalement renoncé).

Le discours du 30 mai de de Gaulle réplique de façon sèche. Les élections législatives anticipées de juin 1968 se soldent par un raz-de-marée gaulliste (293 sièges pour la seule UNR et 61 sièges aux républicains indépendants) et une majorité à droite jamais vue depuis le Bloc national de 1919, alors que la gauche s'effondre de 194 à 91 députés. François Mitterrand parvient toutefois à sauver son siège de député.

En 1969, Mitterrand ne se présente pas à la présidence de la République car il a perdu le soutien de Guy Mollet, qui refuse de lui accorder le soutien de la SFIO. La gauche, représentée par Gaston Defferre pour les socialistes, Jacques Duclos pour les communistes, et Michel Rocard pour le PSU, est éliminée du second tour de l'élection présidentielle, qui voit la victoire de Georges Pompidou face au centriste Alain Poher.

En juin 1971, lors du Congrès d'Épinay, la Convention des institutions républicaines se fond dans le Parti socialiste (créé en 1969 en remplacement de la SFIO). François Mitterrand est élu premier secrétaire du PS, avec l'appui de l'aile gauche du parti, le CERES mené par Jean-Pierre Chevènement, et celui de deux puissantes fédérations, celles du Nord de Pierre Mauroy et des Bouches-du-Rhône de Gaston Defferre. Comme l'a rapporté Pierre Mauroy dans ses Mémoires, François Mitterrand n'envisageait pas initialement de devenir premier secrétaire : cette tâche devait revenir au dirigeant du Nord, et François Mitterrand lui-même devait exercer un rôle comparable à celui de Léon Blum entre 1921 et 1938. Mais Augustin Laurent a réclamé que Pierre Mauroy fût son successeur à la mairie de Lille sans exercer de responsabilités nationales.

En juin 1972, il signe le Programme commun de gouvernement avec le Parti communiste de Georges Marchais et le Mouvement des radicaux de gauche de Robert Fabre. En mars 1973, aux élections législatives, le Parti socialiste obtient presque autant de voix que le Parti communiste au premier tour et davantage au second, mettant fin à une supériorité qui remontait à 1946. Les élections cantonales qui ont lieu en septembre de la même année confirment cette évolution. Par ailleurs, le PSU chute de 4 à 2 % par rapport à 1968. Au congrès du PS tenu à Grenoble la même année, la motion finale de François Mitterrand obtient 96 % des voix.

Le 2 avril 1974 est annoncée la mort de Georges Pompidou, président de la République en exercice. Le 19 mai 1974, candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle, François Mitterrand perd face à Valéry Giscard d'Estaing avec 49,2 % des voix au second tour. Pendant l’été 1974, François Mitterrand se rend incognito sur le Larzac à une fête rassemblant plusieurs milliers de militants luttant contre l'extension du camp militaire voisin. Reconnu par la foule, il est la cible d'invectives et de jets de pierre. Des paysans non-violents l’entourent, le protègent puis le soignent. Sept ans après, élu président en 1981, il annulera le projet d’extension du camp militaire et rendra leurs terres aux paysans.

Aux élections cantonales de mars 1976 et aux élections municipales de mars 1977, le PS devance largement le PCF. En septembre 1977 a lieu la rupture de l'Union de la gauche, les communistes mettant de nouvelles conditions à l'actualisation du Programme commun. Aux élections législatives de mars 1978, la gauche qui était majoritaire au premier tour est néanmoins battue par la droite (UDF-RPR). Toujours d'après Jean Lacouture, Raymond Aron et Mitterrand, cette défaite est largement imputable aux roueries du Parti communiste. Michel Rocard remet alors en cause François Mitterrand et la direction du Parti socialiste.

En avril 1979, il s'allie avec le CERES de Jean-Pierre Chevènement contre Michel Rocard (la Deuxième gauche) pour remporter le congrès de Metz du Parti socialiste. François Mitterrand lors d'un meeting de campagne, le 7 avril 1981. Lors du congrès extraordinaire de Créteil, qui se déroule en janvier 1981, il est officiellement désigné candidat du PS avec 83,64 % des voix. Il adopte les « 110 propositions pour la France » comme programme. Le 24 avril 1981, au premier tour de l'élection présidentielle, François Mitterrand talonne le président sortant avec 25,85 % des voix contre 28,32 % pour Valéry Giscard d'Estaing. Jacques Chirac est troisième avec 18,00 % des suffrages.

Au soir du 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimés contre 48,24 % à Valéry Giscard d'Estaing. Le soutien de Jacques Chirac au président sortant est resté extrêmement ambigu : il déclare ne pouvoir voter, à titre personnel, que pour Valéry Giscard d'Estaing mais refuse de donner une consigne de vote. Le 21 mai 1981, le septennat du nouveau président s'ouvre par une cérémonie au Panthéon. Puis il nomme son premier gouvernement dirigé par Pierre Mauroy.

Le lendemain, il dissout l'Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et 21 juin 1981, lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes. De nombreuses réformes sociales sont alors adoptées. Sur le plan économique, le septennat est marqué dans un premier temps par une vague de nationalisations (loi du 13 février 1982) et par une politique de maîtrise de l'inflation, infléchie vers l'austérité à partir du tournant de la rigueur, passage à une culture de gouvernement. Le septennat s'achève en 1988 sous la première cohabitation de la Ve République.

Bien qu'il sache, depuis novembre 1981, qu'il est atteint d'un cancer de la prostate, il annonce sa candidature pour un second septennat le 22 mars 1988 au journal d'Antenne 2. L'information concernant ce cancer ne sera dévoilée que lors de son hospitalisation au Val-de-Grâce en septembre 1992. Le 24 avril, François Mitterrand arrive nettement en tête de l'élection présidentielle avec 34,11 % des suffrages face à son Premier ministre et le chef de la majorité Jacques Chirac (19,96 %). Le 8 mai, François Mitterrand est réélu en remportant l'élection présidentielle contre Jacques Chirac avec 54,02 % des voix.

Le second septennat de François Mitterrand est marqué par l'instauration du RMI et de la CSG, les célébrations du bicentenaire de la Révolution, l'engagement dans la première guerre d'Irak, le référendum sur le traité de Maastricht mais aussi par les affaires politiques, la maladie du président, la révélation publique de l'existence de sa fille adultérine Mazarine Pingeot (dont il a tenté de cacher l'existence par tous les moyens) et les polémiques sur ses activités et ses amitiés nouées dans les années 1930 et sous le régime de Vichy.

Il nomme Premier ministre Michel Rocard et dissout l’Assemblée nationale. Le groupe socialiste et apparentés remporte alors une majorité relative, les communistes refusent une alliance gouvernementale. Les gouvernements socialistes sont contraints à un jeu de bascule entre le groupe communiste et les éléments modérés de l'opposition, surtout l'Union du centre (UDC, groupe parlementaire autonome issu de l'UDF).

François Mitterrand n'est pas candidat à l'élection présidentielle de 1995, qui voit la victoire de Jacques Chirac sur Lionel Jospin. Le 8 mai, Chirac, élu la veille, et Mitterrand, encore en fonction, sont côte à côte pour la cérémonie de la Victoire 1945 à Paris, et affichent une bonne entente. C'est la première fois que deux présidents de la République française se retrouvent côte à côte dans ce genre de cérémonie. Le 17 mai 1995, Jacques Chirac est investi officiellement président de la République et François Mitterrand lui passe ses pouvoirs au cours d'une cérémonie officielle, au palais de l'Élysée.

Après la passation de pouvoirs, François Mitterrand devient membre de droit du Conseil constitutionnel. Il refuse cependant d'y siéger, s'abstenant de participer aux réunions. Par la suite, il effectuera de nombreux déplacements (familiaux, politiques) bien qu'étant très affaibli. Il recevra même chez lui des hommes politiques comme Michel Charasse ou l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing.

Le 24 décembre 1995, il passe Noël à Assouan en Égypte. Ce voyage lui avait été fortement déconseillé en raison de son état de santé. Le 31 décembre, il passe le réveillon en famille dans sa propriété à Latche, dans les Landes. Il écoute les vœux de son successeur en simple citoyen, comme il l'avait annoncé un an plus tôt lors de ses derniers vœux à la nation. Le 2 janvier 1996, il doit rentrer à Paris pour effectuer des examens médicaux importants et subir un nouveau traitement.

François Mitterrand meurt le 8 janvier 1996 de son cancer de la prostate dans son appartement de fonction du 9 avenue Frédéric-Le-Play, dans le 7e arrondissement de Paris, immeuble où réside également Anne Pingeot. Des chefs d'État et des personnalités politiques se rendent très vite sur les lieux. Le soir même, le président Chirac rend hommage à François Mitterrand dans un discours officiel retransmis en direct à la télévision.

Ses obsèques, le 11 janvier 1996, donneront l'occasion d'apercevoir côte à côte ses deux familles, officielle et officieuse. Une messe privée se déroule en l'église de Jarnac, Charente (durant cette cérémonie, son labrador nommé Baltique était resté à l'extérieur de l'église, tenu en laisse par Michel Charasse). Une messe officielle se déroule au même moment en la cathédrale Notre-Dame de Paris célébrée par le cardinal Lustiger en présence de 61 chefs d'État et de gouvernement. Le 11 janvier 1996 est déclaré jour de deuil national. François Mitterrand repose au cimetière de Jarnac, en Charente, dans le caveau familial.

Wilhelmine des Pays-Bas

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Wilhelmine des Pays-Bas

 

Wilhelmine (Wilhelmina Helena Pauline Maria van Oranje-Nassau en néerlandais), née le 31 août 1880 à La Haye aux Pays-Bas, morte le 28 novembre 1962 à Apeldoorn, fut reine des Pays-Bas de 1890 à 1948. Fille de Guillaume III des Pays-Bas, née d'une union très tardive, elle lui succède le 23 novembre 1890, mais demeure sous la régence de sa mère Emma de Waldeck-Pyrmont jusqu'en 1898. Wilhelmine des Pays-Bas appartient à la sixième branche (Nassau-Dietz) issue de la seconde branche (Nassau-Dillenbourg) de la Maison de Nassau. Cette lignée de Nassau-Dietz aujourd'hui Orange-Nassau appartient à la tige ottonienne qui donna dans le passé des stathouders à la Hollande, la Frise, la Zélande, la Gueldre, les Provinces Unies et un roi à l'Angleterre et l'Écosse en la personne de Guillaume III d'Orange-Nassau, des rois et reines aux Pays-Bas.

Wilhelmine, qu’on appela Paulientje pendant les premières semaines de son existence, était le seul enfant du roi Guillaume III et de sa seconde épouse Emma de Waldeck-Pyrmont ; elle naquit le 31 août 1880 à 18 heures au Palais Noordeinde à La Haye. Trois demi-frères plus âgés étaient nés du premier mariage de son père avec Sophie de Wurtemberg : Guillaume des Pays-Bas (1840-1879), Maurice des Pays-Bas (1843-1850) et Alexandre des Pays-Bas (1851-1884) ; à la naissance de sa sœur, celui-ci était le dernier encore en vie. Le deuxième mariage de son père fit entrer Alexandre dans une telle colère (le jour de la cérémonie, il avait fermé les volets de son palais), que, même plus tard, il refusa de voir sa sœur. Il mourut quand elle avait quatre ans. À la mort de Guillaume III le 23 novembre 1890, Wilhelmine devint reine à l’âge de 10 ans. Cependant, jusqu'à ses 18 ans, c’est sa mère Emma qui assura la régence du royaume. Pour le Grand-Duché de Luxembourg, l’hérédité était exclusivement masculine. La couronne grand-ducale passa donc à un autre membre de la Maison de Nassau, Adolphe, chef de la branche Walram de cette famille.

Le 6 septembre 1898, Wilhelmine fut couronnée dans la Nieuwe Kerk à Amsterdam. Un an avant elle avait eu l'immense chagrin de perdre sa tante paternelle, la grande-duchesse Sophie de Saxe-Weimar. Dans son autobiographie, elle confia plus tard toute l'importance que sa tante avait eue pour elle. Deux ans après son couronnement, un navire néerlandais, le Hr. Ms. Gelderland, fut envoyé au Mozambique pour permettre l'évacuation de Paul Kruger, le président du Transvaal qui avait été écrasé (Guerre des Boers). Ce geste (fait avec le consentement tacite de la Grande-Bretagne), fut en Europe un signe éclatant de bonne volonté. On chercha un mari pour la jeune reine. Il ne fallait pas songer à des candidats britanniques en raison de la Seconde Guerre des Boers. « Nur einen deutschen Prinzen soll sie bekommen », déclara Guillaume II, l'empereur allemand. En mai 1900, la reine-mère Emma se rendit avec sa fille au château de Schwarzenburg en Thuringe. Elle y avait organisé des rencontres avec les trois candidats. Frédéric-Guillaume de Prusse, 20 ans, petit-fils de la princesse Marianne des Pays-Bas et du prince Albert de Prusse, gouverneur du duché de Brunswick, avait les faveurs du Kaiser.

Les deux fils du Grand-Duc Frédéric-François II de Mecklembourg-Schwerin et de la princesse Marie de Schwarzburg-Rudolstadt, Adolphe-Frédéric, 27 ans et Henri, 24 ans, avaient été choisis dans le Gotha, la Maison de Mecklembourg-Schwerin étant également alliée aux Hohenzollern et aux Nassau par les Saxe-Weimar-Eisenach. Des deux, Henri vint seul. Redoutant le pangermanisme prussien, la mère et la fille préférèrent le prince de Mecklembourg-Schwerin à un membre de la Maison de Hohenzollern et choisirent le prince Henri de Mecklembourg-Schwerin. Le 16 octobre 1900, on annonça leurs fiançailles. Le mariage eut lieu le 7 février 1901. Malgré quatre fausses couches lors des premières années, il fut d'abord assez heureux. Si Wilhelmine était morte sans enfant, le trône serait revenu à un prince allemand, en l'occurrence le petit-cousin de Wilhelmine, Guillaume Ernest, Grand-Duc de Saxe-Weimar-Eisenach, un petit-fils de Sophie, tante de Wilhelmine et sœur de Guillaume III. On parlait également de la cousine de Wilhelmine, Marie, fille de la même Sophie. Le 30 avril 1909 naquit enfin Juliana. La Reine éleva sa fille en se fondant sur la Bible, selon la conception protestante, et en lui apprenant tous les détails sur la royauté. Il en résulta un lien très fort entre la mère et la fille.

Alors qu'elle était encore une jeune fille de treize ans, Wilhelmine accompagna sa mère, la régente, chez l'empereur d'Allemagne, Guillaume II. Celui-ci s'étant vanté devant la jeune reine de ses gardes du corps qui mesuraient près de deux mètres, Wilhelmine sourit poliment et répondit que, dans son petit pays, si l'on ouvrait les écluses les eaux montaient à deux mètres et demi. L'empereur reçut de la reine Wilhelmine la Grand-Croix de l'Ordre militaire de Guillaume et la Grand-Croix de l'Ordre de la Maison d'Orange. Le 10 novembre 1918, après la Première Guerre mondiale, l'empereur demanda l'asile politique que le gouvernement néerlandais lui accorda contre la volonté des puissances alliées, la France, la Grande-Bretagne et surtout la Belgique. Wilhelmine évita cependant tout contact avec l'empereur déchu. Elle lui reprochait d'avoir failli à son rôle de chef et même d'avoir abandonné son peuple. La révolution allemande aurait des répercussions aux Pays-Bas, comme elle devait l'éprouver par la suite.

Wilhelmine tint à faire usage de tous ses pouvoirs. Même si elle en connaissait les limites, elle les respectait à contrecœur. Elle n'avait pas non plus beaucoup d'affinités avec les hommes politiques de son temps, ce qui la mit souvent en conflit avec ses ministres. En particulier lorsque la presse fit savoir qu'elle avait accru jusqu'à un milliard de dollars le capital de sa famille. La famille royale hollandaise était en effet l'un des principaux actionnaires de la compagnie pétrolière royale. Elle se rangea dans le camp du Royaume-Uni et des États-Unis dans l'affaire de l'annexion du pétrole mexicain. Ses décisions mirent également les Pays-Bas en conflit avec le Venezuela sur la question des Antilles néerlandaises. Wilhelmine a été depuis Guillaume d'Orange un des monarques qui ont eu le plus d'influence. Après que les grandes puissances eurent choisi La Haye pour se rencontrer, la jeune reine de dix-neuf ans offrit un de ses palais comme lieu où les pays pourraient régler pacifiquement leurs litiges en les soumettant à la Cour permanente d'arbitrage. Elle offrit également un dîner de gala à l'issue de la première Conférence de la paix organisée à La Haye. Elle n'attendait pas beaucoup de ces initiatives - les Pays-Bas étaient en effet un pays neutre – et d'autant plus soucieux de posséder une défense forte.

Les Pays-Bas restèrent neutres pendant la Première Guerre mondiale. L'Allemagne avait fait des investissements considérables dans l'économie néerlandaise et les échanges commerciaux étaient importants entre les deux pays. Pour affaiblir l'Empire allemand, le Royaume-Uni fit le blocus des ports néerlandais. En réponse le gouvernement néerlandais fit du commerce avec l'Allemagne. Avant une attaque on donnait aux soldats allemands du fromage d'Edam pour leurs rations. Wilhelmine fut une reine-soldat ; étant une femme, elle ne pouvait être le Commandant en chef, mais elle ne manqua jamais une occasion d'aller inspecter ses forces. À de nombreuses reprises elle venait sans avoir averti, voulant voir la réalité et non un spectacle préparé. Elle aimait ses soldats, mais devait affronter la plupart de ses gouvernements, qui ne cessaient de voir dans l'armée le chapitre de dépense où l'on pouvait pratiquer des coupes de budget. Wilhelmine souhaitait une armée petite, mais bien entraînée et bien équipée. On en était à vrai dire bien loin. Durant la guerre, elle estimait qu'elle devait être sur ses gardes et se méfiait toujours d'une attaque allemande, surtout au début. Et pourtant, la violation de souveraineté territoriale néerlandaise vint à la fois de la Grande-Bretagne et des États-Unis, qui, en raison du blocus, capturèrent un grand nombre de navires de commerce néerlandais pour essayer de désorganiser l'effort de guerre allemand. Il en résulta un accroissement des tensions entre les Pays-Bas et les forces Alliées. Quand, au printemps 1918, des navires de commerce néerlandais furent arrêtés par les Britanniques, on constata que les bornes avaient été dépassées. Il fallait faire un geste et le 5 juillet 1918 un convoi marchand à destination des Indes néerlandaises fut escorté par la marine de guerre battant pavillon tricolore.

La révolte bolchevique de 1917 dans la Russie impériale provoqua des troubles aux Pays-Bas après la guerre. Un leader socialiste nommé Troelstra tenta de renverser le gouvernement et la reine. Au lieu d'une révolution violente, il voulait prendre le contrôle de la Tweede Kamer, la deuxième chambre, l'organe législatif du Parlement, et espérait atteindre ce but par les élections, convaincu que la classe ouvrière le soutiendrait. Cependant, la popularité de la jeune reine permit de rétablir la confiance dans le gouvernement. En paraissant avec sa fille dans une voiture à cheval découverte, Wilhelmine provoqua dans la foule un fort mouvement en sa faveur et on comprit que la révolution ne réussirait pas. Après l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale, Guillaume II s'enfuit aux Pays-Bas, où le gouvernement néerlandais lui accorda l'asile politique, en partie en raison des liens de l'empereur avec la famille de la reine Wilhelmine. En réponse aux efforts des Alliés pour mettre la main sur le Kaiser déposé, Wilhelmine convoqua les ambassadeurs alliés et leur fit un véritable cours de droit sur les demandes d'asile. Pendant les années 1920 et les années 1930, les Pays-Bas ont commencé à émerger comme puissance industrielle. Par leurs travaux sur le Zuiderzee, les ingénieurs reconquirent sur l'eau de vastes territoires engloutis. En 1934, la mort du mari de Wilhelmine, le prince Hendrik, termina une année difficile qui vit aussi le décès de la reine-mère Emma.

L'entre-deux-guerres et particulièrement la crise économique des années 1930, fut aussi la période où le pouvoir personnel de Wilhelmine atteignit son zénith ; sous les gouvernements successifs d'un Premier ministre dévoué à la monarchie, Hendrik Colijn (ARP), Wilhelmine fut profondément impliquée dans la plupart des questions d'État. En 1939, le cinquième et dernier gouvernement Colijn fut renversé par un vote de défiance deux jours après sa formation. Il est communément admis que Wilhelmine elle-même était derrière la formation de ce dernier gouvernement, conçu pour être un cabinet extra-parlementaire ou « royal ». La Reine se méfiait profondément du système parlementaire et plus d'une fois essaya de le contourner sans qu'on le remarquât. Elle arrangea aussi le mariage de sa fille Juliana et de Bernhard de Lippe-Biesterfeld, un prince allemand qui avait perdu la plupart de ses biens après la Grande Guerre. Bien qu'on ait affirmé qu'il était au début un partisan du régime nazi, aucune preuve irréfutable n'en a jamais été trouvée ou publiée. Il faut tout de même préciser qu'il n'y a jamais eu d'enquête sérieuse sur la question. Le prince Bernhard devint par la suite un personnage très populaire aux Pays-Bas.

Le 10 mai 1940, l'armée allemande envahit les Pays-Bas sans déclaration de guerre préalable. L'armée néerlandaise ne tient qu'une semaine. Pendant ce temps, la reine affrète le destroyer britannique HMS Codrington pour exfiltrer (dans la nuit du 12 au 13 mai) sa fille, la princesse héritière Juliana et son époux le prince Bernhard ainsi que leurs filles (Beatrix et Irène) et les joyaux de la couronne, ayant eu vent d'une opération de l'armée allemande pour ne pas laisser s'échapper la famille royale. La reine Wilhelmine quitte le pays le 13 mai avec son gouvernement, à bord du HMS Hereward, après avoir voulu, en vain, résister. Depuis Londres, elle anime les quelques foyers de résistance néerlandais depuis la BBC et prend les rênes du pays : elle renvoie son Premier ministre Dirk Jan de Geer, qui parlemente avec le chancelier allemand Adolf Hitler ; elle déclare même : « On ne pactise pas avec le diable, l'ennemi de l'humanité », nomme son gendre « commandant en chef des forces de la Résistance » (malgré le refus du gouvernement britannique) et envoie sa fille Juliana et ses enfants à Ottawa (Canada). Elle finance une radio de Résistance, « Oranje » et empêche l'occupant allemand d'obtenir l'entreprise pétrolière Dutch Shell en faisant, grâce à sa fortune, monter le prix des actions. Le Premier ministre britannique Winston Churchill dit d'elle qu'elle est « le seul homme parmi tous ces chefs d'État en exil », faisant référence aux différents gouvernements de résistance réfugiés à Londres depuis les succès militaires allemands. Dès la Libération, malgré la proximité avec les troupes allemandes, la reine arrive à Eindhoven, en mars 1945. Elle abdique le 4 septembre 1948, année des 50 ans de son règne effectif, en faveur de sa fille Juliana. Bien que dernière reine à être fille d'un Orange-Nassau, cette dynastie se perpétue sous le règne de sa fille Juliana et celui de sa petite-fille Beatrix. Les membres actuels de la maison royale des Pays-Bas portent le nom néerlandisé d'Oranje-Nassau.

Goebbels Magda

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Goebbels Magda

 

Magda Goebbels (11 novembre 1901 - 1er mai 1945) était la femme de Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie. Elle est surtout connue en tant que première dame du Troisième Reich et pour avoir tué ses six enfants, quelques heures après le suicide d'Hitler. Magda Goebbels est née en 1901. Son vrai prénom est Maria Magdalena. Elle est la fille d'Oskar Ritschel, un ingénieur, et d'une employée de maison de ce dernier nommée Auguste Behrend. Magda porte ce nom dans un premier temps.

 

Elle vit quelques années en Belgique. Son père biologique, qui ne la reconnaît pas, lui paie ses études dans un pensionnat catholique de Bruxelles, où elle est rejointe par sa mère et le mari de celle-ci, un commerçant juif nommé Richard Friedländer - mais en août 1914, la Première Guerre mondiale éclate et les Friedländer sont soudainement obligés de repartir pour Berlin. Elle garde le contact avec son père, Ritschel, qui l'initie au bouddhisme. À Berlin, Magda va dans un lycée pour les filles de la bonne société et devient une bonne amie de Lisa Arlosoroff, fille d'émigrés russes.

 

Elle y fait aussi la connaissance du grand frère de Lisa, Victor Arlosoroff, un jeune sioniste qui devient son premier grand amour. Ce dernier devient plus tard en Palestine une des grandes figures du sionisme avant d'être assassiné en 1933, dans un meurtre resté non résolu et dont certains (sans preuves réelles) avancent que Goebbels serait l'instigateur. Magda participe aussi avec ferveur (selon les carnets de Lisa, la sœur de Victor) aux débats de groupe « Tikwath Zion » sur l'avenir de la Palestine, apprend l'hébreu et porte même l'étoile de David. Mais leurs chemins se séparent et, après avoir réussi son baccalauréat, Magda veut fréquenter un pensionnat huppé à Goslar qui enseigne la formation ménagère pour les demoiselles de la bonne société.

 

En 1920, dans le train qui va de Berlin à Goslar, la jeune fille de dix-huit ans fait la connaissance de l'industriel Günther Quandt, âgé de trente-huit ans, un des hommes les plus riches d’Europe, membre de la célèbre famille Quandt. Il est si impressionné par l’habileté et par le charme de Magda qu'il décide de l'épouser. La perspective de vivre en grande bourgeoise sans souci matériel masque la différence d’âge et Magda accepte le mariage en 1921. Cependant, elle doit renoncer au nom de Friedländer, à cause de ses connotations juives qui le rendent peu convenable aux yeux de la famille, protestante, de son futur mari. Son père biologique accepte alors de reconnaître sa fille. De plus, sa mère divorce peu après de Richard Friedländer, qui disparaît de sa vie.

 

En tant que Magda Quandt, elle prend en charge les rôles de mère et de maîtresse de maison, tout en s'occupant des deux fils du premier mariage de Quandt. Mais elle vit dans une cage dorée et son rêve d'une vie heureuse aux côtés d'un millionnaire ne se réalise pas. Dix mois après le mariage, le 1er novembre 1921, elle met au monde un fils qu'elle appelle Harald et, en 1925, la famille adopte en plus les trois enfants d'un partenaire d'affaires qui sont subitement devenus orphelins. Magda consacre alors son temps à l'éducation des six enfants, qui comprend le piano et les obligations sociales. La paix familiale est soudainement rompue quand Hellmuth, le fils aîné de Quandt, meurt à la suite d'une erreur médicale. Sa mort détruit le dernier lien qui subsistait entre les mariés. Leurs différences devenues trop marquées, Magda ne supporte plus la situation et se plonge dans une liaison amoureuse avec son ancien ami, Victor Arlosoroff. Son mari la jette brusquement dehors.

 

Cependant, Magda menace de publier des lettres « scandaleuses » sur ses liaisons hors mariage et s'assure ainsi d'un appartement, d'une pension de 4 000 marks par mois et du droit de garde pour leur fils Harald. La femme divorcée s’ennuie dans cette vie sans souci matériel. Elle adhère aux alentours de 1929 au club Nordische Ring qui regroupe les membres de la bonne société berlinoise favorables aux idées nazies. Elle participe à une prestation électorale du NSDAP au Palais des sports à Berlin le 10 septembre 1930. Magda est fascinée par le discours de Joseph Goebbels. Le lendemain, elle s'inscrit dans la cellule du NSDAP de son quartier, puis Magda se présente dans le quartier général du NSDAP à Berlin. Grâce à son excellente formation et ses connaissances linguistiques, on lui donne un poste aux archives de la direction en face du Gauleiter Goebbels.

 

D'une manière générale, ce n'est sans doute pas l'idéologie nationale-socialiste qui attire Magda vers la politique mais beaucoup plus probablement l'ambition, le goût du pouvoir et une réelle fascination pour Goebbels et Hitler. Tous les témoignages décrivent une femme intelligente, belle, cultivée mais également terriblement narcissique, égoïste et vaine. Goebbels, connu pour ses histoires de femmes, remarque immédiatement la dame élégante et gracieuse, et la charge tout de suite de s'occuper de ses archives privées. Il évoque cette rencontre à la date du 7 novembre 1930 dans son journal : « Une superbe femme du nom de Quandt organise mes nouvelles archives personnelles ». Ils deviennent rapidement amants et Goebbels écrit le 15 février 1931 : « Ce soir, Magda Quandt est venue. Et est restée très tard. Elle s'épanouit en une fascinante sucrerie blonde. Comment es-tu devenue, toi, ma reine ? » C'est le début d'une relation intense et difficile, car les deux sont jaloux de leur liberté respective. L'appartement élégant de Magda devient le point de ralliement de la société nazie où Hitler et elle se rencontrent pour la première fois. Il est séduit par l'ambiance de l'appartement et particulièrement par l'hôtesse qui incarne parfaitement le stéréotype de la femme germanique. Elle est l'une des rares personnes de son entourage qui rayonne de charme, qui lui est fidèlement dévouée et qui est aussi capable de soutenir avec lui une véritable conversation. Il semble évident que Magda exerce un attrait puissant sur Hitler et elle éprouve aussi des sentiments pour le Führer. Mais comme le dictateur s'est promis à l'Allemagne, il utilise sa grande influence sur les deux pour accélérer le mariage entre Magda et le propagandiste. Le mariage a lieu le 19 décembre 1931 avec Hitler comme témoin.

 

Quand Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933, il crée très vite un nouveau ministère pour Goebbels : « le ministère du Reich pour l'édification du peuple et de la propagande ». Pour Goebbels il est impensable de donner à sa femme un rôle politique et de fait Magda n'exerce plus de fonction dans le parti. Mais elle incarne l'Aryenne parfaite et fait partie du cercle des intimes du Fürher. Magda profite de son prestige nouveau, car Hitler refuse d'avoir une femme afin de consacrer toutes ses forces créatives à son unique « épouse », la nation allemande. L'épouse du ministre Goebbels devient en quelque sorte la « Première dame du Troisième Reich ». Elle représente le régime lors des visites d'État et des sorties officielles. Il lui incombe de se poser en modèle de la mère allemande lors de la fête des Mères. Magda se sent à l'aise dans les cercles politiques et le couple se dispute souvent à cause de leur opinions divergentes quant au rôle et au statut de la femme dans la société. Certains prétendent que Magda a épousé Joseph Goebbels pour se rapprocher d'Hitler qu'elle aimait secrètement sans que cela ne soit véritablement confirmé. Elle finit par se soumettre et accomplir la tâche la plus importante d'une femme nazie, celle d’être mère.

 

En 1940, elle est mère de six enfants (Helga, Hilde, Helmuth, Holde, Hedda et Heide), dont le nom commence par H. À ceux-ci s'ajoute son fils aîné, Harald, qui vit avec le couple depuis 1934. Elle devient la première femme à recevoir la « Croix de la mère » des mains d'Hitler. Toute sa famille sert la propagande nazie et donne l'image parfaite de la famille modèle du régime, avec Hitler comme bon oncle. Magda, toujours parfaitement coiffée, manucurée et maquillée parmi ses six enfants, vit dans le luxe. Mais l'apparence de la famille heureuse que Magda préserve avec discipline est trompeuse. Le père de famille passe ses nuits avec des actrices et la situation s'aggrave quand, en 1938, Goebbels confesse à Magda qu'il est amoureux de l'actrice tchèque Lida Baarova qui a 22 ans.

 

Cependant, Hitler, supplié par Magda d'intervenir, refuse le scandale d'un divorce à cause de cette maîtresse tchèque, car il faut maintenir l'image de la famille modèle à tout prix. En conséquence, il interdit à Goebbels tout contact avec la jeune actrice et celle-ci est bannie du Reich. Magda triomphe et retrouve la face. Goebbels, relatant cet épisode dans son journal, écrit le 18 août 1938 : « J'ai avec Hitler une longue et sérieuse discussion qui me touche au plus profond. J'en ressors abasourdi. Le Führer est pour moi comme un père [...]. En cette heure difficile, cela m'est d'un grand secours. Je prends des décisions difficiles. Mais définitives [...]. Alors je vais me plier. De tout mon être et sans rechigner. C'est une vie nouvelle qui commence à présent. Une vie dure et cruelle, entièrement vouée au devoir. C'en est fini maintenant de ma jeunesse. »

 

Étonnamment, Magda ne s’intéresse pas au destin de son beau-père juif. Elle accepte aveuglément le dogme du régime auquel elle se dévoue. En réponse à une question à propos de l'antisémitisme de son mari, elle répond : « Le Führer le veut ainsi et Joseph doit obéir. » Lorsque Hitler déclenche la guerre en 1939, le couple se reforme. Le propagandiste est entièrement dans son élément en annonçant des victoires réelles ou supposées et Magda retrouve sa fonction officielle en accueillant les épouses des chef d’États étrangers, en logeant des soldats et en réconfortant les veuves de guerre. Elle a même un fils qui lutte sur le front et la « Première dame » s'efforce de donner l'image de la mère patriote : une formation d’infirmière de la Croix-Rouge et un travail à Telefunken, société allemande de téléphone. En 1943, la famille s'installe dans la région idyllique de Bogensee et Magda souffre de sévères dépressions nerveuses qui reflètent son état psychologique. Magda accepte la décision de Goebbels de rester à Berlin avec le Führer jusqu'à la fin de la guerre. Ils décident que toute la famille mourra et Magda se justifie en affirmant qu'elle ne veut pas que ses enfants vivent dans un monde sans national-socialisme.

 

Le 22 avril 1945, la famille déménage au bunker du Führer, où ils passeront leurs derniers jours. Hitler et son épouse Eva se suicident le 30 avril 1945. Le lendemain Magda habille ses enfants de tenues blanches et leur donne d'abord un somnifère. Endormis, elle leur met des ampoules de cyanure dans la bouche et tue Helga (12 ans, née le 1er Septembre 1932), Hilde (11 ans, née le 13 avril 1934), Helmuth (9 ans, né le 2 octobre 1935), Holde (8 ans, née le 19 février 1937, 2 mois avant terme), Hedda (6 ans née en mai 1938) et Heide (3 ans, née le 29 octobre 1940). Joseph et Magda Goebbels montent alors au jardin du bunker. Goebbels se suicide par un coup de feu ; Magda, par une ampoule de cyanure. Sur ordre de Goebbels, les deux corps sont brûlés par des officiers SS.

 

Cependant une chose controverse cette thèse de l'empoisonnement : le colonel Helmut Futerzen aurait vu Goebbels dans les jardins de la Chancellerie brandir son revolver sur Magda puis quelques secondes plus tard sur Goebbels lui-même. Connaissant les mœurs de la bourgeoisie, Magda Goebbels voulait atteindre le sommet de la société, et c’est cette volonté d'ascension sociale qui caractérisera sa vie dès son enfance. Cependant, derrière cette façade se trouvait une femme émancipée qui ne correspondait pas aux vertus principales de la femme au foyer et de la mère fidèle. Elle se sentait supérieure aux règles suivies par les femmes du peuple, car elle fumait, buvait de l'alcool, s'habillait avec des vêtements luxueux, trompait son mari avec son secrétaire d'État, et était la seule femme avec qui le Führer s’entretenait de politique.

 

Elle menait une vie moins totalitaire que le régime auquel elle s'était vouée mais l'idéologie nazie servit parfaitement son besoin de croire et de s'exalter pour quelque chose. Tant et si bien qu'elle se laissait facilement fasciner par des idéologies extrêmes ou des religions auxquelles elle sacrifiera sa vie. D'abord le catholicisme de l'enfance, le judaïsme de son beau-père, le sionisme de son premier amour, le bouddhisme du père et enfin l’idéologie nationale-socialiste pour laquelle elle va jusqu'au suicide. Le fanatisme et l'absolutisme font d'elle une meurtrière de ses propres enfants, et la suite de ses noms de famille témoignent d'une vie extrême : elle naît comme Behrend, est adoptée comme Friedländer, se légitime par le nom Ritschel pour pouvoir devenir une Quandt et finir par être l'épouse du propagandiste Goebbels.

Lischka Kurt

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Lischka Kurt

 

Kurt Lischka (Breslau, 16 août 1909 - Brühl, 1987). Il fut le chef de la Gestapo avec le grade deSS-Obersturmbannführer en région parisienne à partir de 1940. Lischka était le fils d’un employé de banque à Breslau. C’est là qu’il a passé son baccalauréat en 1927. Ensuite il a étudié le droit et les sciences politiques à Berlin puis a occupé différents postes dans des tribunaux civils et régionaux. Il est entré dans la SS le 1er juin 1933. À partir du 1er septembre 1935 il a travaillé pour la Gestapo, d’abord comme personne de référence pour les affaires religieuses.

En 1938 il devint, comme docteur en droit, chef du bureau II B de la Gestapo en charge des confessions religieuses, des Juifs, des franc-maçons, des émigrants et des pacifistes. Au cours de cette seule année, Lischka a été promu trois fois pour devenir SS-Sturmbannführer le 11 septembre 1938. Son dossier vante ses qualités principales: zèle, sang-froid, audace.

Le 28 octobre il organise la rafle de 20 000 juifs de Berlin et leur déportation vers la frontière polonaise où ils sont refoulés dans des camps de transit, beaucoup meurent de faim et de froid. Reinhard Heydrich dira de son initiative : « L'idée est ingénieuse ». Les parents d'Herschel Grynszpan seront du convoi, ce qui sera à l'origine de son acte criminel contre Ernst vom Rath, un diplomate allemand à Paris. C’est en occupant ce poste qu’il s'est rendu responsable des emprisonnements massifs de Juifs allemands consécutifs à la Nuit de cristal. « Lischka est un agent remarquable » Reinhard Heydrich. Lischka a dirigé temporairement la centrale du Reich pour l'émigration juive qui dépouillait les Juifs de leurs biens avant leur émigration. De janvier à août 1940, il a été chef de la Gestapo à la Maison EL-DE à Cologne. Le 1er novembre 1940 il arrive à Paris où il est l'assistant d'Helmut Knochen, au commandement de la Sipo (police de sûreté) - SD (Service de sécurité) à Paris et en tant que dirigeant du bureau II (organisation, administration) et co-responsable de la déportation d'au moins 73 000 Juifs vers Auschwitz-Birkenau via le camp de Drancy. Il est lui même assisté de Theodor Dannecker. 20 janvier 1941 : Réunion à Paris sur les Juifs dominé par Lischka :

« Afin de résoudre le problème juif en France, nous devons appliquer les mêmes mesures que celles mises en pratique dans le Reich. À cet effet, je demande la création en France d'un office central juif qui aura les tâches suivantes:
 

  • 1. Traitement de toutes les questions de police intéressants les juifs (recensement, constitution de fichiers, surveillance) 
  • 2. Contrôle économique, c’est-à-dire élimination des juifs de la vie économique, transfert des entreprises juives aux aryens,
  • 3. Propagande antijuive parmi les Français  » 


Applaudissements nourris de son auditoire .

« Je précise bien qu'il faut confier aux Français le soin de régler ces problèmes afin de parer à l'inévitable réaction de la population contre tout ce qui vient des Allemands. Aussi les services Allemands se borneront-ils à faire des suggestions. ».Cette fois-ci c'est l'ovation, il est vrai que Lischka est connu comme étant un bon orateur. Il affirmera que son travail de départ était de mettre au pas les institutitons juives existantes encore à Paris et les mettre sous le commandement du Grand Paris . « Il appartiendra à l'avenir d'assister les Juifs dans tous les domaines. Les présidents Juifs de différentes œuvres ont décidé sur mon initiative d'organiser un "Comité de coordination des œuvres de bienfaisance de Paris et du département de la Seine." Toute l'organisation serait placé sous la surveillance de mes services ».

Lischka a fait de la centrale de la Gestapo à Paris un véritable instrument de terreur que la Résistance a payé au prix de mesures de représailles qui ont entrainé l'exécution de 29 000 otages au total. Le 20 avril 1942 il est promu Obersturmbannführer. Le 14 mai 1942 il fait porter l'Étoile jaune dès l'âge de 6 ans. Juillet 1942: Kurt Lischka organise la rafle du Vel d'Hiv. Bilan fait aux autorités militaires : « Au total 12 884 (sur 28 000 prévues grâce aux fichiers) personnes ont été arrétés . Ils seront envoyés à Drancy où ils seront transférés vers le Reich dans des trains de mille personnes "pour travaux" .» Du 15 janvier au 10 septembre, Lischka s'est occupé en plus de l'association du personnel du bureau du commandant de la police secrète et du service de sécurité de Paris. Sa réponse à un diplomate venu lui demander la libération d'un ami Israélite : « Je refuse toute exception, sans quoi les Français penseront qu'à part le Führer lui même, il n'y a pas d'antisémite allemand. Bien sûr, vous souhaitez qu'on libère tel ou tel Juif parce que vous pensez que c'est un brave homme, qu'il est meilleur que les autres. Et c'est là votre erreur absolue. Les Juifs sont tous les mêmes! Il n'y a pas de Juif meilleur qu'un autre Juif. Ce sont nos ennemis, vos ennemis aussi ! »

En septembre 1943, Lischka, soupçonné de corruption, est rappelé à Berlin. Une procédure pénale est engagée. Elle se termine le 27 juin 1944 par un non-lieu. Le 23 octobre 1943 il assume l'intérim de Muller lorsque celui-ci s'absente À partir de novembre 1943, il a été affecté au service IV D 1 de l'Office central de la sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt), en charge des représailles dans le Protectorat de Bohême-Moravie. En 1944, Lischka a appartenu à la « Commission spéciale du 20 juillet 1944 ». Dès avril 1945, son service est évacué vers le Schleswig-Holstein puis complètement dissous le 3 mai 1945. Une méthode de Lischka pour interroger un prisonnier récalcitrant : « On doit interroger un prisonnier politique en usant d'un langage très poli. S'il n'avoue pas, il faut lui donner un repas composé seulement d'un hareng salé sans une goutte d'eau. Le lendemain matin, ramener le prisonnier à l'interrogatoire et lui offrir comme petit déjeuner que du hareng salé, et lui poser des questions en buvant une tasse l'une après l'autre. S'il continue à nier, le renvoyer en cellule sans lui donner à boire et avec comme seule nourriture du hareng salé. Le plus souvent la méthode est efficace au bout d'un certain temps. »

À la fin de la guerre, Lischka a d'abord vécu à St Peter Ording, où il a travaillé sous une fausse identité comme ouvrier agricole.  Le 10 décembre 1945, il a été arrêté par les soldats britanniques et emprisonné dans des camps d'internement anglais et français. En raison de son activité dans la Tchécoslovaquie occupée, il a été extradé en 1947 à Prague. En avril 1949, la police tchécoslovaque l'arrête et en informe les autorités françaises, mais elle ne reçoit pas de réponse . En août 1950 il a été renvoyé en République fédérale d'Allemagne . Une décision du tribunal de Bielefeld l'a acquitté. Le 18 septembre 1950, un tribunal militaire français l'a toutefois condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité. Il l'apprend en lisant son journal dans sa maison de Cologne.

Lischka a travaillé à Cologne comme fondé de pouvoir d'un magasin de gros de céréales, sans être dérangé par la justice. Il connaissait la famille des propriétaires depuis la période d’avant-guerre. En 1971 , il est retrouvé par Beate Klarsfeld au numéro 554 de la Bergisch-Gladbacher Strasse à Cologne dans le quartier d’Holweide. Beate Klarsfeld a alors projeté de le kidnapper vers la France : pour cela elle a été condamnée ainsi que son mari Serge Klarsfeld à deux mois de prison. En 1975 Lischka prit sa retraite en partie en raison des manifestations devant le magasin de gros de céréales qui l'employait : les manifestants utilisaient des cocktails Molotov qui mettaient en danger les autres employés de l’entreprise. En 1980, il fut condamné au procès de Cologne à 10 ans de prison, et libéré en 1985 . Lischka a fini ses jours auprès de sa femme dans une maison de retraite à Brühl, et est mort deux ans plus tard.


Ohlendorf Otto

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Ohlendorf Otto

 

Otto Ohlendorf (né le 4 février 1907 à Hoheneggelsen et mort le 7 juin 1951 à Landsberg am Lech) est un dirigeant SS allemand. SS-Gruppenführer, il fut responsable de dizaines de milliers de meurtres dans le cadre de la Shoah et condamné à mort pour cela au procès de Nuremberg.  Né à Hoheneggelsen près de Hildesheim en Allemagne, fils d'un fermier, il rejoint en 1925 le Parti nazi, puis la SS en 1926. Il étudie le droit et l'économie aux universités de Leipzig, de Göttingen et de Pavie.

Il obtient le titre de docteur en jurisprudence. Il devient directeur de recherche à l'institut de l'Economie mondiale et du Transport maritime de Kiel. En 1938, il devient Hauptgeschäftsführer du Reichsgruppe Handel, c'est-à-dire un des dirigeants du commerce extérieur allemand.  Au début de l'année 1936, il devient consultant économique pour le SD et il est également rattaché à la SS avec le grade de SS- Hauptsturmführer. En mai 1936, il est promu SS-Sturmbannführer, puis SS-Standartenführer en 1939.

À partir de cette année, il est nommé chef de l'Amt III du RSHA, poste qu'il occupe jusqu'en 1943. Il devient ensuite Ministerialdirektor et délégué du secrétaire d'État au ministère de l'économie. Heydrich le juge trop indépendant, car il n'aimait pas qu'un SS poursuive des activités en dehors de l'organisation, ce qui était le cas d'Ohlendorf.  Les opérations mobiles de tuerie prévues dans le cadre de l'invasion de l'URSS demandent des dirigeants à plein temps. Heydrich décide d'y affecter Ohlendorf. En juin 1941, Ohlendorf est donc nommé chef de l'Einsatzgruppe D par Reinhard Heydrich. Il a alors 34 ans. L'Einsatzgruppe D, rattaché à la 11e armée, opère dans la région du Caucase et en Crimée.

Il se montre un officier consciencieux et efficace, soucieux de ses hommes. Lors de massacres collectifs de Juifs, il refuse que ses hommes exécutent leurs victimes d'une balle dans la nuque pour ne pas leur imposer « une responsabilité personnelle ». Il s'efforce de minimiser l'impact des tueries auprès des populations civiles et de la Wehrmacht. Il assiste donc personnellement aux tueries pour s'assurer qu'elles s'effectuent dans les règles militaires et « humainement » Il veille à ce que les corps soient bien enterrés pour cacher les méfaits des nazis.

Les massacres de l'Einsatzgruppe qu'il dirige continuent leurs basses œuvres jusqu'à l'été 1942. Sous son commandement, l'Einsatzgruppe D est responsable du massacre de 90 000 personnes. Une des tueries les plus connues a lieu à Simferopol et coûte la vie à plus de 14 300 personnes, majoritairement des Juifs. À la fin de l'année 1943, Ohlendorf devient délégué du secrétariat à l'Économie du Reich. Il était chargé des plans de coordination de la reconstruction de l'économie allemande à la fin de la guerre. En 1944, il est promu SS-Gruppenführer. Otto Ohlendorf accepte de témoigner des méthodes utilisées par les Einsatzgruppen, au procès des responsables du Troisième Reich, à Nuremberg.

Pendant le Procès des Einsatzgruppen contre les chefs des Einsatzgruppen en 1947, il n'exprime aucun remords. Ohlendorf justifie ses actes par la nécessité militaire. Il affirme que les Juifs constituaient un danger permanent pour les troupes allemandes et auraient pu un jour attaquer l'Allemagne. En ce qui concerne l'exécution des enfants, Ohlendorf déclare :  « Je crois que c'est très simple à expliquer, si l'on part du fait que cet ordre visait non seulement à procurer (à l'Allemagne) une sécurité temporaire mais aussi une sécurité permanente. Dans cette optique, les enfants étaient des individus qui grandiraient et constitueraient sûrement, étant les enfants de parents qui avaient été tués, un danger non moindre que celui de leurs parents. ». 

Ces déclarations reprennent un discours de Himmler prononcé le 6 octobre 1943. Il est condamné à mort et pendu le 7 juin 1951. Le capitaine Harry Murray Johnson, qui avait été chargé par l'ambassadeur des États-Unis de faire un rapport sur l'exécution d'Otto Ohlendorf, rapporte que le condamné interpela les personnes autour de la potence et leur dit : 

 

« J'ai servi mon pays, j'ai servi ma famille, j'ai servi la race aryenne, j'ai servi Hitler ».  Lorsque le bourreau s'approcha de lui pour lui mettre la corde autour du cou, Ohlendorf lui cracha à la figure et l'interpela en ces termes : « Fais ton office sous-homme ». Ce furent les dernières phrases d'Otto Ohlendorf.

Globocnik Odilo

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Globocnik Odilo

Odilo Globocnik était un important nazi autrichien et plus tard un leader SS. Né dans une famille autrichienne de descendance slovène à Trieste (qui fait partie de l’empire austro-hongrois), Odilo travailla la première fois comme agent immobilier. Dès 1922 il devint un membre actif des organisations paramilitaires pré-nazi de la Carinthie. Il rejoignit le NSDAP en 1931 et devint un membre des SS en 1934. Entre 1933 et 1935, il fut arrêté 4 fois par les autorités autrichiennes à cause de ses activités pour l’illégal NSDAP et haute trahison. En tout, il a passé 11 mois en prison.

Considéré comme une personne énergique et dynamique, Globocnik monta rapidement au sein du NSDAP. Il devient l’un des principaux nationaux socialistes autrichiens qui ont aidé à organiser le renversement du gouvernement autrichien et à rendre l’Anschluss de l’Autriche au Reich allemand possible. Comme récompense pour son aide, Adolf Hitler fit de Globocnik le Gauleiter de Vienne le 22 mai 1938.

Mais bientôt son déclin commença. Une des raisons est qu’il aimait utiliser la diffamation, en particulier pour les affaires financières. Une autre raison fut qu’il était une personne intransigeante qui réussissait extrêmement bien en trouvant de nouveaux adversaires et ennemis dans les rangs du parti, principalement du côté catholique du NSDAP. Plus important, Hermann Göring, le dictateur économique de l’Allemagne, essaya d’évincer Globocnik de son ministère. Le 30 janvier 1930, Globocnik fut suspendu de son côté de GauleiterHitler nomma Josef Bürckel comme son successeur.

Globocnik devint volontaire dans les Waffen-SS et a servi comme sous-officier avec la SS-Standarte Germania de mars jusqu’en novembre 1939, servant avec distinction lors de l’invasion allemande de la Pologne. Le Reichsführer SS Heinrich Himmler n’avait pas oublié un de ses éléments les plus obéissants : assez étonnamment, le 9 novembre 1939, Globocnik fut nommé SS et chef de la police dans le district de Lublin du gouvernement général. Après une carrière décevante dans le parti, Globocnik avait maintenant une seconde chance dans les rangs de la SS et de la police. Les années suivantes ont prouvé de quoi il était capable.

Le 13 octobre 1941, Globocnik reçut un ordre verbal d’Heinrich Himmler pour démarrer immédiatement les travaux de construction de Belzec, le premier camp d’extermination dans le gouvernement général. La construction de deux camps d’extermination supplémentaires, Sobibor et Treblinka, suivirent en 1942. En tout, Globocnik fut responsable de la mort de plus de 1,5 million de Juifs polonais, slovaques, tchèques, néerlandais, français, soviétiques, allemands et autrichiens dans les camps de la mort de l’Opération Reinhard qu’il a organisé et dirigé. Il exploitait les Juifs comme des travailleurs slaves dans ses propres camps, et saisissait les propriétés et les objets de valeur des Juifs assassinés.

Après la chute de Mussolini, Globocnik fut transféré du gouvernement général vers Istria la partie allemande occupée de l’Italie en septembre 1943, et a été posté dans sa vile natale de Trieste. Il a été nommé Higher SS et chef de la police de la région côtière Adriatique.

Sa principale force ici était qu’il combattait des partisans, mais encore, il jouait un rôle important dans la persécution des Juifs italiens. Avec l’avance des troupes alliées, Globocnik se retira dans la Carinthie en Autriche et finalement est parti se cacher en haut des montagnes dans une hutte alpestre près de Weissensee, toujours en compagnie de son personnel le plus proche. Traqué et capturé par les Britanniques le 31 mai 1945, il se suicida le même jour en mordant sur sa capsule de cyanure. 

Stangl Franz

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Stangl Franz

  

Franz Stangl, (26 mars 1908 à Altmünster (Autriche), 28 juin 1971 à Düsseldorf (Allemagne)) était un officier SS qui fut commandant des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka. Il fut condamné à la réclusion à perpétuité en 1970 par un tribunal allemand. Franz Stangl naît le 26 mars 1908 au sein d’une famille modeste à Altmünster en Autriche. De son père, qui était veilleur de nuit, il garde un mauvais souvenir. Ce dernier meurt de malnutrition en 1916. Il est très tôt contraint de se trouver du travail et devient apprenti tisserand à l’âge de 15 ans.

Au bout de trois ans il devient maître tisserand et deux ans plus tard dirige une équipe de 15 ouvriers dans l’usine où il travaille. En 1931, ayant l’impression que ses possibilités d’avancement sont bloquées fautes d’études suffisantes. Il décide alors de postuler pour la police de Linz où il finit par être admis et où il va faire carrière. En 1935, il est attaché à la section politique de la CID de Wels, où sa tâche consiste à dépister les activités anti-gouvernementales et notamment, semble-t-il, celles menées par les nazis.

Toutefois, à partir du milieu des années 1930, le climat en Autriche commence à changer et les idées nazies commencent à obtenir de plus en plus de soutien, y compris au sein des administrations autrichiennes, police incluse. Cette évolution, motivée notamment par la prise de pouvoir des nazis en Allemagne va aboutir le 13 mars 1938 à l’Anschluss. Commence pour Stangl une période trouble. Catholique, il dira plus tard avoir été profondément troublé par l’appel du Cardinal Innitzer à la coopération de tous les catholiques avec les nazis. S’étant distingué dans la lutte menée par la police contre les nazis autrichiens, Stangl, selon ses dires, craint désormais des représailles. Avec l’aide d’un collègue, il va arriver, racontera-t-il, à convaincre un membre du parti de nazi de l’inscrire sur les listes du parti nazi autrichien à partir d’une année antérieure à l’Anschluss, époque à laquelle ce parti était encore illégal et clandestin en Autriche.

Par la suite, dans tous les formulaires officiels Stangl mentionnera toujours 1936 comme date de son affiliation. La question de son appartenance volontaire au parti avant l’Anschluss reste encore controversée et fit du reste l'objet de longs débats lors de son procès. Dès avant la fin de 1938, il est chargé d’une mission de recensement des Juifs en Bohème. Peu après la police politique autrichienne, dont Stangl fait partie est intégrée à la Gestapo. Stangl est transféré de Wels, où il va continuer à résider avec sa femme, épousée en 1935, au siège de la Gestapo de Linz où il va avoir à faire à un chef qu’il n’apprécie pas et dont il se méfie. En novembre 1940 Stangl reçoit de l’avancement et un ordre signé de Heinrich Himmler l’informant qu’il est transféré au Centre National pour la Santé publique (Gemeinnützige Stiftung für Weil und Anstaltspflege) et l’enjoignant de se présenter au Reichskriminalpolitzeiamt de Berlin pour y prendre ses ordres. C’est là que le Kriminalrath Werner va l’informer de l’existence et du contenu du programme Aktion T4, qui consiste à éliminer les handicapés physiques ou mentaux déclarés incurables. Stangl va accepter de faire partie du personnel policier du programme.

 

Pour se justifier, il invoquera ses mauvaises relations avec son chef à Linz et le fait que son adhésion au programme mettait fin à une enquête disciplinaire en cours à sa charge. Il demande à être affecté à un centre d’euthanasie situé en Autriche pour rester proche de sa famille, ce qu’il obtient. Il est nommé à Schloss Hartheim, près d’Alkoven, au grade de lieutenant de police, ce qui lui garantit la préséance sur le chef du poste de police local. Il va y rester jusqu’en février 1942. Strangl prétend qu'il ne fut pas impliqué directement dans le programme d’euthanasie, car son rôle se serait limité à la délivrance de certificats de décès. Au cours de cette période, il séjournera toutefois au centre d’euthanasie de Bernberg, près de Hanovre où, selon Gitta Sereny, des condamné politiques furent gazés après qu’un terme fut mis au programme Aktion T4. En février 1942, il est convoqué à Berlin où on lui donne le choix entre le retour à la police de Linz ou une mission à l’est, à Lublin. Il choisit la seconde solution. Arrivé au quartier général de la SS à Lublin, il est reçu par le Obergruppenführer SS Odilo Globocnik qui le charge de la construction du camp de Sobibor alors à l’état d’ébauche.

 

Stangl prétend qu’à ce moment, il ignorait tout de l’opération Reinhard, à savoir l’extermination programmée, par des moyens industriels, des Juifs de Pologne et de la destination réelle du camp de Sobibor dans ce contexte. Selon ses dires, il n’aurait eu des soupçons sur la finalité de Sobibor qu’au moment où il y aurait découvert la chambre à gaz alors en construction. Il aurait été informé de la finalité exacte de Sobibor et de son rôle par Christian Wirth lors d’une visite en avril 1942 à Belzec qui, à cette époque, fonctionnait déjà. Stangl prétend avoir limité autant que possible durant son séjour à Sobibor ses contacts directs avec les opérations d’extermination proprement dites. Toutefois, lors de son procès, un des rares survivants du camp, Stanislaw Szmajzner, appelé à la barre comme témoin à charge déclara avoir vu Stangl, reconnaissable à sa veste blanche, tirer en même temps que d’autres gardes, sur la foule à peine débarquée du convoi qui l’avait amené au camp. Fin août ou début septembre 1942, il est convoqué par Globocnik à Varsovie. Ce dernier l’informe qu’il l’envoie à Treblinka pour une « mission de police » en lui expliquant que 100 000 Juifs y avaient déjà été envoyés, sans que rien, « ni argent ni affaires » en soit revenu.

 

En fait, comme va le découvrir Stangl, le camp, qui avait été placé sous la direction d'Imfried Eberl est dans un état indescriptible et complètement désorganisé. Pendant que Christian Wirth se charge de réorganiser le camp, Stangl se charge de retrouver l’argent et les objets de valeur. Une fois le camp réorganisé par Wirth, Stangl s’en voit confier le commandement. A la fin de 1942, il est définitivement incorporé à la SS. Pendant son commandement à Treblinka, Stangl se promène sur un cheval blanc parmi les futures victimes, vêtu d'une veste taillée sur mesure. Durant cette période, selon Tzvetan Todorov, Stangl « hésite entre le dévouement pour sa femme et son devoir à l'égard de la patrie (le bon fonctionnement du camp). »

 

Le 2 août 1943, les prisonniers des Sonderkommandos se révoltent contre leurs gardes. Stangl dirige les opérations menées par les gardes pour contrecarrer la révolte, mais il ne pourra empêcher qu’une partie des prisonniers ne s’évade. Peu de temps après, le camp est démantelé sous la direction de Kurt Franz et Stangl affecté à une unité SS anti-partisans à Trieste. Il passera le restant de la guerre en Yougoslavie et en Italie, d’abord engagé dans des opérations contre les partisans et ensuite comme officier d’intendance à l’Einsatz Poll, projet de contruction stratégique dans la vallée du Pô. Toutefois, avant la capitulation, il tombe malade et est envoyé à Berlin après sa convalescence. Il revient alors en Autriche où il finit par être capturé par les troupes américaines. Comme il porte l’uniforme de la SS, il est interné au camp de Glasenbach.

A la fin de l’été 1947, les autorités autrichiennes, qui enquêtent sur les euthanasie pratiquées à Hartheim découvrent la présence de Stangl à Glasenbach et se le font remettre en vue de le faire passer en jugement. Alors que le procès a déjà commencé, il est transféré dans une prison ouverte dont il s’évade sur l’insistance de son épouse pour gagner l’Italie. Arrivé à Rome, il parvient à entrer en contact avec une ratline liée aux milieux catholiques. Selon ses dires, c’est Mgr. Alois Hudal lui-même qui lui fournira un logement, de l’argent et les papiers qui lui permettront ensuite de partir en Syrie où il va faire venir sa famille et où il trouve du travail. En 1951 toute la famille, à Stangl, sa femme et leurs trois filles partent au Brésil où ils s’installent définitivement. Stangl va rester au Brésil jusqu’en 1967, sous son identité, sans être apparemment inquiété le moins du monde. Le 28 février 1967 il est arrêté par la police brésilienne et extradé en Allemagne le 22 juin de la même année. Lors de son procès, d'anciens détenus se souviennent « du plaisir évident qu'il trouvait dans son travail » ; quant à Stangl, il affirme que « tout ce que je faisais de ma libre volonté, il me fallait le faire le mieux possible. Je suis comme ça.» Cela ne l'empêche pas de ne pas vouloir regarder les choses en face : « À Sobibor, on pouvait s'arranger pour ne voir presque rien, ça se passait loin des bâtiments du camp. » Selon, T. Todorov, déjà cité,

 

Stangl constitue un exemple de la fragmentation entre sphère privée et publique qui permet de continuer à mener une vie privée et familiale pleine d'amour et de souci, alors même qu'ils se comportent avec la dernière brutalité à l'égard des détenus ; à Gitta Sereny, il déclare que je ne pouvais vivre que si je compartimentais ma pensée et qu'il y avait des centaines de moyens de penser à autre chose ; je les ai tous utilisés. [...] Je me forçais à me concentrer sur la travail, le travail et encore le travail. Sa femme Theresa et sa fille Renate affirment l'une que « c'est vraiment un très bon mari », l'autre que « moi aussi, j'irais au bout du monde pour lui [...] Je l'aime. Je l'aimeai toujours. » Au terme de son procès, il est condamné en 1970 à la réclusion à perpétuité. Il décède en prison le 28 juin 1971 à la prison de Düsseldorf où il attendait les résultats de l’appel qu’il avait interjeté contre sa condamnation à perpétuité.

Salazar Antonio de Oliveira

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Salazar Antonio de Oliveira

 

António de Oliveira Salazar (né le 28 avril 1889 à Santa Comba Dão, Portugal - décédé le 27 juillet 1970 à Lisbonne) était un économiste, un homme politique et un dictateur portugais. Président du Ministère (1932-1933) puis du Conseil des ministres (1933-1968), il dirigea pendant 36 ans un régime autoritaire conservateur et nationaliste connu sous le nom d'Estado Novo.

Issu d'un milieu agricole, ayant passé son enfance dans un petit village isolé du centre du pays, dans un milieu conservateur et catholique, António Salazar fait ses études au séminaire de Viseu. Malgré l'importance de ces années sur la formation de son esprit, il renonce à entrer dans les ordres pour s’orienter vers le droit. À l'université, il fait la connaissance de Manuel Gonçalves Cerejeira, futur cardinal de Lisbonne. Il commence sa carrière comme professeur d'économie politique à l'Université de Coimbra en 1916.

En 1919, on l'accuse de participer à un complot royaliste. Cela le décide à s'engager en politique contre la république ouvertement anticléricale de l'époque. Déjà, à cette époque, il mène une vie austère de célibataire se consacrant à son travail. Ses opinions et ses liens avec la Jeunesse catholique le font élire en 1921 pour un bref mandat de député catholique du Centre académique démocrate-chrétienne (CADC) au Parlement. Après avoir assisté à sa première session, il décide de ne plus y siéger. Influencé par les idées de Charles Maurras, il prône plutôt un état fort. Il devient petit à petit le leader de son groupe, obtenant bientôt le soutien de l'Église portugaise, mais aussi de l'Union du commerce et de l'industrie. En 1923, en pleine crise financière, ses propositions pour un plan de sauvetage séduisent le patronat portugais. Il apparaît déjà comme l'homme providentiel.

En 1926, un régime militaire dirigé par Mendes Cabeçadas, puis par le général Gomes da Costa met fin au régime parlementaire. C'est le début de la Deuxième République portugaise ou « dictature nationale ». Le Portugal vit alors une crise économique et militaire. Si les militaires mettent fin à la république, ils ne viennent pas à bout de la grave crise que connaît le pays. En 1928, sur les conseils de Cunha Leal, Mendes Cabeçadas nomme Salazar au poste de ministre des Finances. Il démissionne au bout de quatre jours n'estimant pas avoir les moyens d'agir comme il le souhaite. Il réclame les pleins pouvoirs afin d'assainir la situation financière du pays au bord de la banqueroute. Le gouvernement va être obligé de demander l'aide de la Société des Nations pour s'en sortir. L'orgueil national est touché. Le nom de Salazar s'impose encore une fois. Le 18 avril 1928, Óscar Carmona le nomme aux Finances. Il est alors en capacité d'imposer ses conditions : aucun escudo ne doit être dépensé sans son accord.

En un an, il procède à un redressement économique spectaculaire : rétablissement de l'équilibre budgétaire et stabilisation de la monnaie. Même si Salazar n'est pas encore chef du gouvernement il sait utiliser les crises politiques afin de consolider son pouvoir. En 1930, il cumule le portefeuille des Finances et des Colonies. Ce n'est que le 25 juin 1932 qu'il est nommé président du Ministère (chef du gouvernement) par le président de la République, le général Óscar Carmona. Salazar consolide le régime autoritaire en prenant ses distances avec les milieux qui l'ont soutenu, en créant un mouvement qui deviendra le parti unique (l'Union nationale) et en instaurant une nouvelle Constitution en 1933 ; celle-ci lui confère les pleins pouvoirs et le contrôle total de l'État en qualité de président du Conseil. C'est l' Estado Novo (État nouveau).

C'est un régime politique nationaliste, proche de l'idéologie fasciste de Benito Mussolini, mais néanmoins distinct car d'inspiration différente, certes autoritaire, mais pas totalitaire. L'État nouveau est ainsi surtout fondé sur le catholicisme et l'anti-communisme et ne prétend pas développer la puissance de l'État au même degré qu'un régime fasciste. En outre, reconnu pour son mode de vie simple et ascétique, Salazar introduit un faible culte de la personnalité, contrairement à d'autres dictatures de la même époque. Le régime avait pour devise officielle : « Dieu, Patrie, et Famille » qui dans les faits sera plus connue sous la dénomination du « triple F » pour fado, Fátima et football.

Dès lors, Salazar maintient son hégémonie personnelle avec le soutien de riches propriétaires, d'industriels, et de banquiers. Les syndicats et la presse indépendante sont abolis ainsi que toute opposition politique, dissidence ou autre institution hostile. Le parti communiste portugais (PCP) poursuivra son action clandestine de l'étranger avec son leader Alvaro Cunhal. Il crée le parti unique, l'Union Nationale, sur lequel il s'appuie et favorise l'Église catholique et les corporations pour prendre le contrôle de la société portugaise. En économie, Salazar impose, surtout à partir de 1933, un régime corporatiste, inspiré des encycliques pontificales. Le corporatisme portugais se distingue du système italien en laissant une véritable autonomie aux corps de métier et à l'Église catholique, ce qui lui vaut d'être plébiscité en France par l'extrême-droite et la partie de la droite tentée par la solution corporatiste. C'est tout particulièrement net pour les questions agricoles. Bien des aspects de la Révolution nationale du Maréchal Pétain trouveront leur origine dans le salazarisme.

En 1933, il met en place une police politique, la PVDE (Police de Vigilance et de Défense de l'État), qui devient en 1945 la PIDE (Police Internationale et de Défense de l'État), puis après sa mort la DGS (Direction Générale de Sécurité). Elle est formée avec l'appui de la police italienne. Son rôle est de surveiller la population, de chasser les opposants au régime en métropole et dans les colonies et d'appliquer la censure. Des prisonniers politiques sont incarcérés dans des centres de rétention où la torture est pratiquée, comme la prison de Caxias, près de Lisbonne, ou celle de Tarrafal, dans les Iles du Cap-Vert. L'armée et la police politique quadrillent le pays, en ayant notamment recours à des indicateurs, les "bufos", fondus dans la population. Durant la Seconde Guerre mondiale, il réussit à stabiliser les finances grâce à une politique monétaire restrictive au prix d'un déficit en biens alimentaires et d'une grande inflation.

Durant la Guerre d'Espagne, fidèle à ses préceptes anti-communistes, il apporte son soutien à Francisco Franco dans sa lutte contre les Républicains. Il ouvre ses ports au transit de matériels d'armement (armes, avions) fournis par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste au profit des nationalistes espagnols, et met à disposition des franquistes des moyens de communication et de propagande. Il permet également qu'une Légion portugaise de 12000 hommes participe aux combats contre les républicains. L’aide de Salazar, dans les six premiers mois du conflit, se révèle absolument décisive pour la victoire de Franco en 1939. Les relations personnelles entre les deux hommes ne seront cependant jamais amicales.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il réussit à maintenir une neutralité apparente (pour préserver l'alliance avec le Royaume-Uni) bien que dans un premier temps ses affinités idéologiques lui fassent préférer une victoire des forces de l'Axe. En effet, Salazar considérait que la politique étrangère de la nation portugaise lorsqu’elle intervenait en Europe le faisait rarement pour défendre ses intérêts vitaux. Il reste méfiant envers l'Allemagne hitlérienne (tout comme envers la Grande-Bretagne et les puissances de l’Axe), qui dans une carte du Lebensraum, prévoyait l'annexion du Portugal (en raison notamment de l'intérêt du pays et de ses colonies). Il signe avec Franco un pacte de neutralité dans le conflit : c'est le Pacte Ibérique, signé en 1939.

Salazar donne des instructions explicites à ses ambassadeurs pour qu'ils limitent l'octroi de visa aux personnes prétendant fuir la France, quand celle-ci est envahie par l'Allemagne. Pendant l'été 1940, Aristides de Sousa Mendes, consul portugais à Bordeaux, passe outre les consignes de Salazar (la fameuse « circulaire 14 ») et concède une trentaine de milliers de visas, sauvant ainsi de nombreux juifs de l'Holocauste. Furieux, Salazar le démet de ses fonctions et prive ce père de famille nombreuse de son traitement de diplomate, même si à la fin de la guerre, il se félicite officiellement du fait que le Portugal ait sauvé autant de juifs. Aristides de Sousa Mendes, mort dans la misère en 1954, ne sera réhabilité que dans les années 1980 après la chute du régime et la Révolution des œillets. Finalement, environ 100 000 juifs se réfugièrent au Portugal pendant la guerre.

Durant la guerre, Salazar maintient également des relations commerciales avec les deux forces, ce qui bénéficie à l'industrie portugaise. Il fournit quelques métaux rares (tungstène et étain) au régime nazi et laisse quelques centaines de militants fascistes portugais s'engager dans la División Azul. Sentant venir la défaite du Troisième Reich, il permet en août 1943 aux Alliés d'installer une base militaire dans les Açores pour surveiller l'Atlantique et lutter contre les U-Boots. Le 4 mai 1945, lors de l'annonce de la mort d'Hitler, il est l'un des seuls chefs d'État occidentaux - avec l'Irlandais Eamon de Valera - à envoyer un télégramme de condoléances à Berlin, et fait mettre les drapeaux en berne : une demi-journée de deuil national est décrétée, comme pour tout chef d'État entretenant des relations diplomatiques avec le Portugal.

En 1949, le Portugal intègre l'OTAN en raison du fort sentiment anti-communiste de Salazar, et du rôle géostratégique des colonies portugaises. Défenseur d'une politique colonialiste, Salazar souhaite maintenir l'unité territoriale du « Portugal continental, insulaire et ultra-marin », du Minho à Timor, alors que le reste des nations européennes décolonisent progressivement l'Afrique. La guerre coloniale, commencée en 1961, ne s'achèvera qu'après la Révolution des œillets, en 1974. 8 000 soldats portugais y perdirent la vie. Il pratique une politique isolationniste sous le slogan « orgueilleusement seuls ». Isolé, le Portugal vit une époque de récession économique et culturelle.

Les élections présidentielles de 1958, auxquelles l’opposition présente comme candidat le général Humberto Delgado, marquent le début d’une crise politique interne. Salazar introduit quelques réformes plus symboliques que réellement efficaces. Mais les méthodes de gouvernement ne changent pas. En 1961, un paquebot de croisière, le Santa Maria, est dérouté par un opposant, Henrique Galvão, qui trouvera refuge au Brésil. La répression s’accentue et atteint son point culminant en 1965, avec l’assassinat en Espagne de Delgado, devenu le symbole de l’opposition anti-salazariste et de son secrétaire, commis par la police politique portugaise. Son pouvoir est à son apogée lorsqu'il est destitué en 1968, en raison d'une hémorragie cérébrale. Mais ayant été nommé « Président du Conseil à vie », Salazar continue quand même ses habitudes sans en avoir été informé de peur de sa réaction. Il est remplacé par un ancien responsable de la jeunesse salazariste, Marcelo Caetano. Salazar meurt en 1970.

Son successeur est Marcelo Caetano, qui restera au pouvoir jusqu'en 1974 dans un pays affaibli. Il sera renversé lors de la Révolution des œillets. En mars 2007, il a été désigné « Plus grand Portugais de tous les temps » par 41 % des téléspectateurs de la chaîne de télévision RTP, devançant son ancien opposant Alvaro Cunhal (19 %) et le diplomate Aristides de Sousa Mendes (13 %), tandis que le navigateur Vasco de Gama était relégué à la dixième place. Le vote est contesté et dénigré par des historiens du pays qui soulèvent l'hypothèse d'une manipulation des résultats du vote par le directeur du programme.

Ufa-Star Lotte Koch stirbt mit 100 Jahren

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Lotte Koch in einer Aufnahme aus den frühen Vierzigerjahren

Lotte Koch in einer Aufnahme aus den frühen Vierzigerjahren

 

Ihre große Zeit waren die 40er-Jahre. Damals spielte Lotte Koch ein gutes Dutzend Hauptrollen an der Seite von Zarah Leander, Hans Albers, Luis Trenker und Carl Raddatz. Jetzt ist sie gestorben.

Der Ufa-Star Lotte Koch, dessen große Zeit die Vierzigerjahre waren, ist im Alter von 100 Jahren in Unterhaching bei München gestorben.


Kochs Filmchefs und -gatten waren erstklassig: Hans Albers (in "Und über uns der Himmel"), Luis Trenker ("Germanin"), Hans Söhnker ("Der Strom"), Willy Birgel ("Du gehörst zu mir"), Rudolf Prack ("Aufruhr der Herzen"), O.E. Hasse ("Aufruhr der Herzen") und Carl Raddatz ("Zugvögel").


Koch, geboren 1913 in Brüssel, wurde von dem Schauspieler Paul Hubschmid auf der Bühne in Wien entdeckt und spielte 1940 ihre ersten großen Rollen, in dem Propagandafilm "Achtung! Feind hört mit!" und als giftmischende Zofe an der Seite von Zarah Leander in "Das Herz der Königin".


Sie spielte mit Hans Albers und Zarah Leander


Nach dem Krieg konnte sie ihre Karriere nahtlos fortsetzen und wurde von Artur Brauner für seine erste große Produktion verpflichtet, den Trümmerfilm "Morituri". Koch verkörperte eine polnische Dorfschullehrerin, die einen Erdbunker tief in den Wäldern zusammenhält, wo sich während des Zweiten Weltkriegs Verfolgte aller Nationen versteckt halten.


Danach zog Lotte Koch nach München, wo sie weiter Filme drehte, für den Rundfunk arbeitete und synchronisierte. Ihr Kinoabschied war 1953 der Albers-Film "Käpt'n Bay-Bay", aber sie spielte wieder Theater, allerdings an kleineren Bühnen wie in Essen, Bonn und Witten.

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