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Brinon Fernand de

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Fernand de Brinon lors de son procès

Fernand de Brinon lors de son procès

Fernand de Brinon, né le 26 août 1885 à Libourne et mort le 15 avril 1947, était un avocat et journaliste français, ainsi que l’un des agents de la collaboration française avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Né dans une famille d'ancienne noblesse (du XIVe siècle) à Libourne, en Gironde, le comte, dit marquis, Fernand de Brinon étudie d’abord le droit et les sciences politiques à Paris. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il devient journaliste. Dans le Journal des débats, puis à L'Information, convaincu de l'échec de la politique dite des « réparations » (imposées à l'Allemagne en 1921), il se montre partisan d'un rapprochement et d'une entente pacifique et durable entre la France et l'Allemagne, partageant les idées de Georges Mandel, Paul Reynaud et surtout Édouard Daladier.

C'est dans les colonnes du Matin (quotidien auquel il collaborait épisodiquement) qu'il publie, en novembre 1933, une interview d'Hitler, la première jamais accordée par le chancelier du Reich à un journaliste français. Cette interview avait été organisée grâce à Ribbentrop, avec lequel Brinon avait sympathisé, un an plus tôt, en 1932, lors d'une rencontre chez des amis communs. À l'issue de cette entrevue, le nouveau Führer invitera personnellement une délégation d'anciens combattants français en Allemagne. Fernand de Brinon devait rencontrer Adolf Hitler à cinq autres reprises, entre 1935 et 1937.

Promu Officier de la légion d'honneur le 6 fevrier 1934, il fonde en 1935, avec Georges Scapini (1893-1976), le comité France–Allemagne. Après la défaite, Brinon se fait l'avocat de la collaboration avec l'Allemagne. En juillet 1940, il est appelé par Pierre Laval, membre du gouvernement de Vichy, à représenter le gouvernement français auprès du haut-commandement allemand dans le Paris de l'Occupation. Il devenait alors « l'Ambassadeur de France à Paris », titre qui lui est attribué le 3 novembre 1940. En 1942, le maréchal Pétain lui confère le titre de secrétaire d'État dans le gouvernement que Laval dirige à son retour aux affaires. Brinon était « de fait » le troisième plus important membre du gouvernement collaborationniste.

Réfugié à Sigmaringen en aout 1944, où il préside la « commission » (pseudo gouvernement dont il est le « premier ministre » ou « président du Conseil »). Devant l'avancée des armées alliées, début mai 1945, il essaie dans un premier temps de rejoindre par avion l'Espagne, via l'Autriche et la Suisse. Ses tentatives ayant échoué, il se présente aux autorités américaines le 8 mai 1945 à la frontière austro-suisse, souhaitant rentrer en France et se constituer prisonnier. Incarcéré, jugé et condamné à mort, il sera fusillé le 15 avril 1947 au fort de Montrouge et inhumé au cimetière de Saint-Quentin-la-Chabanne à Felletin (Creuse), où il possédait une propriété. Lors de son procès, il lui sera notamment reproché, au-delà du qualificatif de « traître à la nation », d'avoir été un espion au service de l'occupant. Fernand de Brinon, sans postérité reconnue, avait épousé au début des années 1930 Jeanne Louise Rachel Franck, juive et divorcée, connue sous le nom de Lisette de Brinon.

lignes (45)

bookDirection des Renseignements Généraux - Audition du 23/12/1946 d'Helmut Knochen, 36 ans, ex-chef de la Police de Sûreté et du SD en France

 

Fernand de Brinon

 

"Etant en rapports avec mes services, notamment Boemelburg et Nossek. Personnellement, j'étais invité à déjeûner chez lui une ou deux fois par mois en moyenne, et il me renseignait très utilement. Si un problème ou une question était soulevé au cours du repas, de Brinon s'arrangeait pour obtenir des indications et me les faisait parvenir, par la suite. Il agissait de même avec Nossek et Boemelburg. Très attaché à son poste, de Brinon était un collaborationniste sincère, fidèle à Laval."


Seconde Guerre mondiale

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Seconde Guerre mondiale

Conflit planétaire qui, de 1939 à 1945, opposa les puissances démocratiques alliées (Pologne, Grande-Bretagne et pays du Commonwealth, France, Danemark, Norvège, Pays-Bas, Belgique, Yougoslavie, Grèce, puis URSS, États-Unis, Chine, et la plupart des pays de l'Amérique latine) aux puissances totalitaires de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon et leurs satellites, Hongrie, Slovaquie, etc.).


La Seconde Guerre mondiale, qui coûta la vie de plus de 40 millions de personnes, a duré six ans, du 1er septembre 1939, date de l'agression allemande contre la Pologne, au 2 septembre 1945, jour où le Japon capitula. Circonscrite à l'origine à l'Europe, elle devient véritablement mondiale avec l'entrée dans la guerre, en 1941, de l'URSS, du Japon et des États-Unis.

Le nombre des belligérants, la nature et la puissance des moyens mis en œuvre, le caractère idéologique du conflit donneront plus d'ampleur encore à cet affrontement qu'à celui de 1914-1918. On y distinguera deux immenses théâtres d'opérations. Le premier, centré sur l'Europe, va de l'Atlantique inclus à la Volga et de l'océan Arctique à l'Afrique équatoriale ; le second, axé sur le Japon, englobe le Pacifique, l'Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique. En dehors de quelques États d'Amérique latine et de quelques îlots européens (Espagne, Portugal, Suède, Suisse), toutes les nations du monde et leurs dépendances entreront peu à peu dans la guerre. Si quelques « têtes » dominent particulièrement ce conflit (→ Churchill, Hitler, Roosevelt, Staline), ils le doivent évidemment à leur forte personnalité, mais aussi à l'importance des ressources humaines, économiques, scientifiques et techniques que leur pays mettra à leur disposition.

Les historiens s'accordent à discerner deux parties dans le déroulement de cette guerre. La première, qui s'étend jusqu'à la fin de 1942, est marquée par le flux conquérant des puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon). Un terme y sera mis dans le Pacifique par l'échec naval japonais de l'archipel des Midway, en Afrique par la bataille d'El-Alamein et le débarquement allié au Maroc et en Algérie, en URSS par le désastre de la Wehrmacht à Stalingrad. Dans une seconde partie, les Alliés reprennent l'initiative et la direction du conflit, puis, refoulant systématiquement le Japon dans le Pacifique et débarquant en Europe, contraindront d'abord l'Italie (1943), puis l'Allemagne et le Japon (1945) à la capitulation.

À l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 a été considéré par l’Allemagne comme un diktat, qui la condamne à reconnaître sa responsabilité unilatérale dans le déclenchement de la guerre, à payer au titre de « réparations » pour les dommages causés aux personnes et aux biens (une somme qui implique des versements échelonnés jusqu'en 1988), à subir des amputations de territoires à l'est et une limitation de sa souveraineté à l'ouest (démilitarisation de la Rhénanie). Mais on ne peut imputer aux seuls excès du traité la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l'épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions (et notamment la crainte de l'Angleterre de voir la France trop puissante), l'éclatement de l'Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l'impuissance d'une Société des Nations (SDN) imposée mais aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de facteurs accentuant la fragilité du nouvel équilibre international.

Hitler AdolfIl n'empêche que c'est d'abord à l'Allemagne d'Adolf Hitler qu'appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit. Soulevé par la mystique du national-socialisme, Hitler est installé en 1933 au pouvoir par le président Hindenburg dans un pays rongé par le chômage et les conséquences économiques et sociales d'une inflation catastrophique. Son objectif est d'effacer le diktat de Versailles et d'assurer à l'Allemagne l'« espace vital » nécessaire à son expansion démographique : le réarmement va donc lui servir à la fois à préparer les conditions d'un changement politique et à remédier à la crise.

Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l'Angleterre et de la France ne répondront que par autant de renoncements. En particulier, leur absence de riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht – en violation du traité de Versailles –, le 7 mars 1936 retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l'égard de l'Allemagne nazie.

Le rapprochement de Mussolini vers l'Allemagne nazie

En Italie, Mussolini a pris le pouvoir dès 1922, dans un pays qui s'estime lésé par les traités de 1919 et de 1920 : les accords avec l'Autriche-Hongrie et la Yougoslavie ne répondent pas aux promesses faites par les Alliés le 26 avril 1915 (traité de Londres), lorsqu'ils avaient détaché l'Italie de la Triplice. Pourtant, lors de la conférence de Stresa (avril 1935), Mussolini conclut avec la Grande-Bretagne et la France une entente qui stipule que les trois pays s'opposeront à toute modification des traités. Mais, contré par la Grande-Bretagne et la France lors de l'affaire éthiopienne (→ campagnes d'Éthiopie, octobre 1935), Mussolini se rapproche de Hitler et dénonce les accords de Stresa.

L'expansionnisme nippon

Au même moment s'affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l'empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province chinoise de Jehol et quitté la SDN (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai, Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing Tchang Kaï-chek. L'extension de l'influence nippone dans le Pacifique ne provoque aucune réaction des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n'interviendront pratiquemen pas dans la crise internationale d'où sortira la Seconde Guerre mondiale.

Mais c'est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit. Après s'être habilement assuré à l'automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du → pacte Antikomintern, dirigé contre l'URSS, et de l'alliance de l'Italie fasciste par la constitution de l'Axe Berlin-Rome, Hitler annexe l'Autriche en mars 1938 (Anschluss). La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich (septembre), qui, en acceptant l'incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie. Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l'Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d'Acier (→ traité de Berlin), qui enchaîne inconditionnellement l'Italie à l'Allemagne.

Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor (→ Gdańsk), Londres prépare-t-il avec diligence un traité d'alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d'Alexandrette (aujourd'hui Iskenderun), détaché de la Syrie alors sous protectorat français.

Le pacte germano-soviétique

À l'approche de l'été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d'un conflit désormais inéluctable est l'attitude de l'URSS. Sans doute la France et l'Angleterre espèrent-elles encore que l'inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale. Le 11 août, une mission militaire franco-britannique est dépêchée en URSS pour tenter d'obtenir l'appui de l'Armée rouge contre les nouveaux appétits de l'Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprennent la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939 d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète (→ pacte germano-soviétique).

Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l'État et du parti et décapité l'Armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l'URSS hors d'état d'intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères (Molotov remplace Litvinov), Staline prenait le parti d'éloigner la guerre de son pays au prix d'une aide politique, économique et militaire à l'Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits : l'annexion de la Pologne orientale, des pays Baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.

L'invasion de la Pologne

Ayant chassé le spectre de toute menace à l'est, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939, il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne. Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne (bientôt suivie par les dominions) et la France déclarent-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne. Arguant de sa faiblesse militaire, l'Italie demeure provisoirement « non belligérante », tandis que les États-Unis proclament leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques latino-américaines.

Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l'état-major allemand s'est vu imposer par Hitler l'audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile d'Espagne et des invasions de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie. La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Śmigłi d'une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens. La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions. Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l'armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résiste jusqu'au 27 septembre. Dix jours avant, elle a reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d'être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht.

Conquise en vingt-six jours, la Pologne est, le 28 septembre à Moscou, l'objet d'un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l'URSS obtient de s'installer dans les États baltes, y compris en Lituanie. Quant à l'Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor (→ Gdańsk), la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un Gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu. Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Pologne.

« Drôle de guerre » à l'ouest

Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l'hiver 1939-1940. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow (14 octobre) et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo (17 décembre) ; la Kriegsmarine (marine de guerre) ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n'en est qu'à ses débuts. Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l'amirauté, et Eden devient ministre des dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s'approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à l'image de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin est reconnu généralissime du front occidental.

La stratégie demeure défensive à l'abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements. Les forces allemandes sont supérieures à celles des Alliés dans tous les domaines, sauf la Marine : 127 divisions terrestres contre un peu plus d'une centaine ; 5 200 avions contre 1 200 pour la France et 1 700 pour la Royal Air Force ; 3 croiseurs et 3 cuirassés contre 3 croiseurs et 10 cuirassés britanniques, et une vingtaine de croiseurs lourds et 3 cuirassés à la France. Le nombre des sous-marins allemands n'est pas supérieur à celui des Français : 120 contre 130.

Une offre de paix de Hitler (6 octobre) est repoussée, comme la médiation du roi Léopold III de Belgique, et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Au printemps de 1940, un voyage d'information en Europe du secrétaire d'État adjoint américain Sumner Welles, révèle l'impossibilité d'un compromis.

Campagne de Finlande (30 novembre 1939-12 mars 1940)

Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l'URSS attaque la Finlande (30 novembre), ce qui lui vaut d'être exclue de la Société des Nations (SDN). La résistance de l'armée finnoise étonne le monde jusqu'en février 1940, date où les Russes finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l'isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l'URSS annexe la Carélie finlandaise et s'empare de la presqu'île de Hanko (Hangö en suédois).

Occupation du Danemark, campagne de Norvège (avril-mai 1940)

Le 16 février 1940, le cargo allemand Altmark est arraisonné dans les eaux norvégiennes par un destroyer anglais, et, le 8 avril, les Alliés annoncent le minage des eaux territoriales de la Norvège pour empêcher le Reich de se ravitailler par Narvik en minerai de fer suédois. Dès le lendemain, Hitler devance ces projets en occupant le Danemark et en envahissant la Norvège. Les Alliés répondent en débarquant au nord et au sud de Narvik du 13 au 20 avril. La flotte anglaise attaque ce port avec succès, mais la supériorité de la Luftwaffe (armée de l'air) contraint les Alliés à concentrer dans cette seule région leur action terrestre : la prise de Narvik le 28 mai par les Français de Béthouart ne sera qu'un succès éphémère, précédant de peu le rembarquement des troupes alliées imposé par l'offensive allemande sur la France.

Par cette nouvelle victoire, Hitler s'assure aussi bien les portes de la Baltique que la côte norvégienne et contrôle ainsi les débouchés vers l'ouest de l'économie suédoise. Dès le 9 avril, un gouvernement Quisling, aux ordres des Allemands, a été installé à Oslo, forçant le roi de Norvège Haakon VII à gagner l'Angleterre (juin). Au Danemark, le roi Christian X décide de demeurer avec son peuple, mais l'Islande, où débarquent les troupes anglaises (10 mai 1940), puis américaines (7 juillet 1941), proclame son désir de dénoncer son union avec le Danemark.

Guerre éclair aux Pays-Bas, en Belgique et en France

La guerre éclair en Europe et l'avance des troupes de l'Axe vers Stalingrad et le CaucaseLa guerre éclair en Europe et l'avance des troupes de l'Axe vers Stalingrad et le Caucase. Le remplacement de Daladier par Reynaud à la tête du gouvernement français le 22 mars 1940 accentue l'engagement de la France dans la guerre : le 28, elle signe avec l'Angleterre une déclaration où les deux nations s'interdisent de conclure toute paix séparée.

La débâcle

Le 10 mai, la Wehrmacht envahit les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Entre le 10 et le 12 mai, le front français est percé sur la Meuse ; le 14, tandis que l'armée néerlandaise dépose les armes, les Allemands percent de nouveau le front français près de Sedan (→ percée de Sedan) et, par la brèche ainsi ouverte entre Sedan et Namur, les divisions allemandes foncent en direction de l'Oise et de la Somme. Le 27, remontant vers le nord, les Allemands atteignent Calais et encerclent les forces franco-britanniques, qui sont mises hors de combat ; le 28, tandis que les franco-britanniques évacuent Dunkerque dans des conditions dramatiques, l'armée belge, à son tour, capitule. L'avance allemande a jeté sur les routes civils et militaires en un exode qui désorganise les communications et rend impossibles les manœuvres de rétablissement du commandement allié.

Cet enchaînement de catastrophes pose au gouvernement français de redoutables problèmes politiques, au moment où, le 10 juin, l'Italie lui déclare la guerre. Le 11, au Conseil suprême interallié de Briare, le général Weygand (successeur de Gamelin et soutenu par Pétain), que Paul Reynaud a appelé le 18 mai dans son gouvernement, évoque à mots couverts la possibilité d'un armistice, tandis que l'amiral Darlan s'engage, vis-à-vis de Churchill, à ce que la flotte française ne tombe jamais aux mains de l'Allemagne.

L'armistice

L'avance de la Wehrmacht se poursuit, et Reynaud, qui préconisait la continuation de la lutte en Afrique du Nord, démissionne le 16 juin. Appelé par le président Lebrun, Pétain lui succède comme chef du gouvernement et demande aussitôt l'armistice : il est signé le 22 juin à Rethondes avec l'Allemagne et le 24 à Rome avec l'Italie. La défaite française est à l'époque une énorme surprise, d'autant que les forces en présence n’étaient pas disproportionnées. Elle s'explique, entre autres, par l'incapacité du commandement, qui s'est cantonné dans la conception d'une guerre défensive et qui n'a su ni prévoir ni parer une attaque utilisant massivement les forces combinées de l'aviation et des blindés (les Français n'avaient que 3 divisions blindées à opposer aux 12 Panzerdivisionen allemandes).

Les clauses de l'armistice, qui, jusqu'à sa libération en 1944, vont peser sur la France, sont particulièrement sévères. Son gouvernement perd en effet le contrôle des trois cinquièmes du territoire national – soit toute la région nord-est du pays, Paris, la Bretagne et une bande côtière allant jusqu'à la frontière espagnole – qui seront occupés par l'Allemagne. Il est convenu que les deux millions de prisonniers le resteront jusqu'à la paix, et que la France paiera l'entretien des troupes d'occupation allemandes. Elle conserve toutefois son Empire colonial, sa marine (à peu près intacte), une armée de 100 000 hommes et une zone non occupée où, le 2 juillet, Pétain installe à Vichy son gouvernement (→ gouvernement de Vichy).

L'appel du 18 juin 1940

Le jour même où le vieux maréchal demande l'armistice, le 17 juin, le général de Gaulle, membre depuis le 5 juin du gouvernement de Paul Reynaud, rallie Londres et proclame le lendemain son refus de l'armistice et son appel à continuer la lutte aux côtés de l'Angleterre (→ appel du 18 juin). Tandis qu'ainsi naît la France libre, Pétain reçoit le 10 juillet de l'Assemblée nationale le pouvoir constituant et se proclame chef de l'État. Son autorité s'étend sur l'ensemble de l'Empire sauf l'Afrique-Équatoriale française, les établissements de l'Inde, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie, qui, au cours de l'été, se rallient au général de Gaulle (→ État français).

L'Angleterre seule

La soudaineté inattendue de l'effondrement français ne pouvait manquer de bouleverser les rapports franco-anglais. Malgré les assurances réitérées de Darlan, Churchill, dans sa crainte de voir les bâtiments de la marine française utilisés par l'Allemagne, n'hésite pas à attaquer, le 3 juillet, ceux de Mers el-Kébir (où 1 300 marins trouvent la mort) et, le 8 juillet, le cuirassé Richelieu à Dakar, provoquant ainsi la rupture des relations diplomatiques entre Vichy et Londres. Ce manque de confiance et de sang-froid s'explique par l'isolement subit de la Grande-Bretagne, désormais seule en guerre contre une Allemagne qui apparaît invincible.

Hitler, pourtant, espérait encore amener son adversaire à composition, et, le 19 juillet, il lui fait au Reichstag une ostentatoire offre de paix. C'était compter sans la résolution de Churchill, Premier ministre depuis le 10 mai, et du peuple britannique, qui ont accueilli à Londres – ainsi promue capitale de la résistance au nazisme – les gouvernements tchèque, norvégien, néerlandais, belge et polonais. De Gaulle, qui a échoué dans sa tentative de ralliement de Dakar à la France libre (23 septembre), constitue également à Londres, le 27 octobre, un Conseil de défense de l'Empire français.

La bataille d'Angleterre

C'est alors que commence la fameuse bataille d'Angleterre, dont le succès eût sans doute consacré pour de longues années la victoire allemande. Occupant toutes les côtes de Narvik (Norvège) à Hendaye, Hitler se trouve dans une position exceptionnelle pour conquérir l'Angleterre. L'offensive aérienne déclenchée le 10 août par la Luftwaffe sur la Grande-Bretagne se heurte toutefois à une telle réaction de la Royal Air Force qu'à la mi-octobre Hitler renonce à l'opération et par là même au débarquement qui devait la suivre.

Pour les Anglais, la menace la plus immédiate se trouve ainsi écartée. Au cours de l'automne, sans renier de Gaulle ni le mouvement de la France libre, Churchill reprend secrètement contact avec Vichy. Les accords Chevalier-Halifax établissent un modus vivendi entre les deux pays : Pétain renonce à reconquérir les territoires français ralliés à de Gaulle et renouvelle ses assurances sur la flotte, mais Churchill s'engage en contrepartie à ne plus rien tenter contre les autres possessions françaises et à ne pas s'opposer aux relations maritimes entre celles-ci et la métropole.

L'effort de guerre britannique

En cette période dramatique, la chance de l'Angleterre est d'avoir à sa tête Winston Churchill, qui incarnera, durant ces six années, la résistance au nazisme. Excentrique, autoritaire, d'un courage indomptable, il est le chef incontesté de la stratégie comme de l'effort de guerre britannique, auquel le Commonwealth est directement associé (les Premiers ministres des dominions font partie du cabinet de guerre britannique).

Dans l'immédiat, c'est de soldats que la Grande-Bretagne a le plus besoin. En dehors de ceux qu'elle a rembarqués à Dunkerque, Churchill ne dispose que de 30 000 à 40 000 hommes en Afrique. Aussi l'apport des dominions, dont les armées sont en 1940 quasi inexistantes, sera-t-il essentiel. Malgré la tiédeur des Canadiens français, le Premier ministre Mackenzie King parviendra à mobiliser au Canada tous les hommes de 21 à 24 ans. L'Australie et la Nouvelle-Zélande fourniront 5 divisions, qui arriveront juste à temps en Égypte à la fin de 1940. L'Afrique du Sud est, elle aussi, en guerre, mais il est entendu que ses troupes ne serviront pas hors d'Afrique. En Inde, les partis nationalistes (→ Congrès et Ligue musulmane) cherchent à monnayer leur appui contre un statut de dominion et donc l'indépendance. Le refus de Churchill, attaché à l'Empire colonial britannique, freinera l'emploi de cet immense réservoir d'hommes. Huit divisions indiennes seront envoyées en Égypte à partir de février 1941, mais l'Angleterre devra laisser des troupes en Inde pour y maintenir l'ordre.

C'est évidemment à la Grande-Bretagne elle-même qu'il revient de fournir le plus gros effort. Plus mal préparée encore que la France (en 1938, 7 % seulement de son revenu sont consacrés au réarmement), elle ne réquisitionne sa flotte marchande qu'en janvier 1940, et, cinq mois plus tard, a encore un million de chômeurs. Un an après, 40 % de la population active (dont les femmes de 20 à 30 ans) sont mobilisés dans l'armée ou l'industrie. La production monte aussitôt (626 chars par mois en 1941, 717 en 1942), mais plafonne rapidement (2 000 avions par mois contre 2 300 prévus en 1942). Les résultats atteints resteront considérables jusqu'à la fin de la guerre grâce à l'esprit civique des Anglais, à une inflation jugulée au prix d'une baisse du niveau de vie de 14 % par rapport à 1938 et d'un gros effort de justice sociale : le plan Beveridge de 1942 pour l'assurance nationale sera, après 1945, le modèle des systèmes de sécurité sociale.

Dès la fin de l'été de 1940, le président Roosevelt, en avance sur l'opinion publique américaine, oriente sa politique vers un appui de la Grande-Bretagne. Passés le 2 septembre de l'état de neutralité à celui de non-belligérance, les États-Unis prêtent 50 destroyers aux Anglais en échange de la location de leurs bases de Terre-Neuve, des Antilles et de Guyane. Le 16 septembre, ils adoptent le service militaire obligatoire. La loi du prêt-bail du 11 mars 1941 ouvre à l'Angleterre un crédit financier illimité.

La guerre en Afrique et au Moyen-Orient

Après l'élimination militaire de la France, c'est en Libye que se situe le seul front terrestre de la guerre. En septembre 1940, les forces italiennes – 200 000 hommes aux ordres de Graziani – attaquent la petite armée britannique d'Égypte (36 000 hommes commandés par Wavell). Après leur éphémère succès de Sidi-Barrani, les Italiens sont refoulés au-delà de Benghazi par une vigoureuse contre-attaque de Wavell (décembre 1940-février 1941). C'est alors que Hitler, inquiet de la défaillance italienne, envoie en Libye Rommel et deux divisions blindées (Afrikakorps) qui, en avril 1941, reconquièrent la Cyrénaïque et assiègent Tobrouk, dont la garnison restera investie jusqu'au 27 novembre. Ce succès allemand ne compensera pourtant pas la perte par les Italiens de leur Empire d'Afrique orientale, totalement conquis par les Britanniques : le 10 avril 1941, ceux-ci occupent Addis-Abeba en Éthiopie, où rentrera le négus Hailé Sélassié, tandis que le duc d'Aoste, vice-roi d'Éthiopie, devra capituler le 19 mai à Amba Alagi.

Au même moment éclate en Iraq un soulèvement dirigé contre la Grande-Bretagne par Rachid Ali. Pour l'appuyer, le Führer exige de Vichy, au cours de son entrevue avec Darlan le 12 mai 1941, l'usage, pour la Luftwaffe, des aérodromes français du Levant. Mais les Anglais étouffent la révolte et, avec le concours d'un contingent des forces françaises libres du général Catroux, attaquent le 8 juin les troupes françaises de Syrie aux ordres du général Dentz, fidèle au maréchal Pétain. Celles-ci résisteront énergiquement durant un mois, puis cesseront le combat et négocieront avec les Britanniques à Saint-Jean-d'Acre un armistice et leur rapatriement en France (14 juillet 1941).

L'instauration du nouvel ordre européen

Ayant les mains libres à l'ouest, Hitler peut entamer la construction de la nouvelle Europe destinée à remplacer l'édifice périmé mis en place par le traité de Versailles. Pour accentuer l'isolement de l'Angleterre, il tente vainement d'entraîner dans la guerre l'Espagne de Franco. Mais le Caudillo, qu'il voit à Hendaye le 23 octobre 1940, fait la sourde oreille. À son retour, le 24, Hitler rencontre Pétain à Montoire, où est évoquée en présence de Laval la possibilité d'une collaboration entre la France de Vichy et le IIIe Reich. Cette entrevue n'apporte aucun changement au dur régime de l'Occupation et notamment au fardeau que représente pour la France l'indemnité de 400 millions de francs par jour qui permet au Reich d'« acheter l'économie française avec l'argent des Français ». La Belgique et la Hollande connaissent le régime de l'administration allemande directe ; les vrais « collaborateurs » du type norvégien de Quisling se font rares.

C'est en Europe centrale et orientale que s'ébauche la nouvelle Europe, qui se présente d'abord comme un compromis germano-soviétique. Dans le cadre du pacte du 23 août 1939, l'URSS annexe en août 1940 les pays Baltes, la Bessarabie et la Bucovine roumaines. Il n'y a plus d'État polonais. La Slovaquie « indépendante » de Monseigneur Tiso est dominée par l'Allemagne, qui contrôle directement le protectorat de Bohême et de Moravie. Le 29 août 1940, Hitler rend à Vienne une sentence arbitrale qui achève de dépouiller la Roumanie en donnant à la Bulgarie la Dobroudja méridionale, à la Hongrie les deux tiers de la Transylvanie et en faisant occuper par la Wehrmacht ce qui restait de ce malheureux pays.

Ce nouvel ordre est consacré par la signature à Berlin le 27 septembre 1940 du pacte tripartite – Allemagne, Italie, Japon – dirigé contre la Grande-Bretagne et les États-Unis et auquel les États satellites du Reich sont invités à adhérer, recevant en retour le « bienfait » de la protection et de l'occupation allemandes. Deux principes guident l'administration de l'Europe conquise : elle doit nourrir l'effort de guerre, en fournissant hommes et produits ; elle doit préparer l'avènement d'un nouvel ordre européen. Dans cette « Nouvelle Europe », dominée par l'Allemagne, la position de chaque peuple sera déterminée par sa place sur l'échelle des races établie par la doctrine hitlérienne : les peuples de langue germanique seront associés au Reich, les Latins maintenus dans une position subordonnée, les Slaves déportés ou anéantis, afin de permettre l'expansion allemande vers l'est, de même que les Juifs. Les difficultés de l'arbitrage entre ces deux impératifs expliquent la diversité des formes de l'Occupation nazie.

Quatre types principaux d'administration des territoires soumis se dégagent :

 

  • La Pologne occidentale, l'Alsace, la Moselle, la Slovénie, le Luxembourg sont annexés et germanisés. Une partie des populations non germaniques est expulsée, la mise en valeur des terres devenues vacantes est confiée à des colons allemands. L'administration échoit à des fonctionnaires venus du Reich. La loi du Reich et l'usage de la langue allemande sont imposés.
  • Le reste de la Pologne et les territoires pris sur l'URSS sont administrés directement par l'État allemand : soumis à un pillage en règle, ils seront le cadre d'une exploitation sans pitié des populations locales. Les déclarations de Himmler aux chefs SS en 1943 illustrent l'esprit de cette occupation : « Peu m'importe que 10 000 femmes russes meurent pour creuser un fossé antichar si le fossé est creusé. ».
  • Le nord de la France, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique sont également placés sous administration allemande, soit pour préparer leur annexion, soit parce que les nazis n'ont pu y recruter de collaborateurs locaux qui les satisfassent. L'exploitation y est cependant moins brutale, même si les opposants et les Juifs sont impitoyablement pourchassés.
  • Plusieurs pays, dont la France de Pétain, la Serbie de Nedić, la Slovaquie de Tiso, conservent une administration nationale. Leur situation n'est cependant pas très éloignée de la précédente, à cette différence que l'existence d'un gouvernement propre légitime leur exploitation. Le sort des alliés de l'Allemagne – Hongrie, Roumanie, Bulgarie, voire Italie – se rapprochera de plus en plus de celui de ces pays, au fil des difficultés rencontrées par l'Axe.


De l'alliance à la guerre germano-soviétique

Le pacte germano-soviétique de 1939 fut suivi de l'accord commercial du 11 février 1940, qui, pour Berlin, atténua de façon importante les effets du blocus britannique. Les Allemands obtiennent de payer en 27 mois ce qu'ils reçoivent en 18 : cuivre, nickel, tungstène, céréales, coton et produits pétroliers ; l'URSS accorde une réduction de tarif de 50 % aux marchandises transitant par le Transsibérien. Tandis que les services de propagande nazis et soviétiques continuaient à converger contre l'impérialisme anglais, de sérieuses divergences se manifestaient lors de la venue en novembre 1940 de Molotov à Berlin. En offrant à Moscou l'Iran et l'Inde, Hitler tente de diriger vers l'Orient la politique soviétique, mais Staline entend affirmer sa position en Europe et exige la révision du régime des détroits turcs des Dardanelles et des détroits danois. Ces prétentions confirment Hitler dans sa volonté d'abattre l'URSS : il prescrit à son état-major d'accélérer le plan Barbarossa d'attaque contre la Russie, lequel, confié au général Paulus, est adopté le 5 décembre 1940. L'attaque est fixée au printemps suivant, mais la décision en reste secrète, et, jusqu'au dernier jour, des trains soviétiques alimenteront largement l'économie allemande.

Pendant ce temps, la diplomatie de Berlin s'efforce d'isoler l'URSS : des avantages économiques sont concédés à la Finlande, un pacte d'amitié est négocié avec la Turquie (il sera signé le 18 juin 1941), et c'est sans doute pour tenter un compromis avec Londres que Rudolf Hess s'envole pour l'Écosse le 10 mai 1941. Le déclenchement de l'agression contre l'URSS exige que l'Allemagne ait préalablement éliminé toute difficulté pouvant surgir des Balkans. Or, Mussolini, refusant le rôle de parent pauvre de la nouvelle Europe, avait décidé, sans en avertir Hitler, de conquérir la Grèce. Le 28 octobre 1940, les troupes italiennes passent à l'attaque, mais les forces grecques, refoulant leurs agresseurs, occupent bientôt le tiers de l'Albanie ; les Anglais décident alors d'appuyer la Grèce, où ils débarquent des troupes en mars 1941. Parallèlement, des éléments antiallemands commencent à s'agiter à Belgrade.

Hitler décide alors d'intervenir : huit jours après qu'un coup d'État chassant le régent Paul de Yougoslavie a porté au pouvoir le roi Pierre II, la Wehrmacht envahit brutalement le 6 avril 1941 la Yougoslavie et la Grèce. Dès le 17, les forces yougoslaves doivent capituler, et, le 27 avril, les Allemands entrent à Athènes, chassant de Grèce les unités britanniques ; celles-ci rembarquent au début de mai en direction de l'Égypte, où se réfugie le roi Georges II. Du 20 au 30 mai, les parachutistes allemands du général Student conquièrent la Crète.

Ce nouveau succès de la guerre éclair, auquel se sont associées la Bulgarie et la Hongrie, entraîne l'éclatement de la Yougoslavie. La Slovénie est partagée entre l'Allemagne et l'Italie, qui crée une Croatie « indépendante » dont un prince italien est proclamé roi. La Bulgarie reçoit la majeure partie de la Macédoine et de la Thrace, tandis que le Monténégro reconstitué est soumis à l'Italie. Le retard apporté par ces opérations au déclenchement de l'attaque allemande contre l'URSS sera lourd de conséquences.

L'invasion de l'Union soviétique

Quelques heures après le franchissement de la frontière soviétique par la Wehrmacht, l'ambassadeur de Staline à Berlin est informé de l'ouverture des hostilités, tandis que Hitler proclame par radio sa « volonté » d'assurer la sécurité de l'Europe… et de « sauver le monde ». Appuyées par 2 000 avions et secondées par 50 divisions « alliées » (finlandaises, roumaines, italiennes, hongroises), 145 divisions allemandes, dont 19 blindées (3 300 chars), articulées du nord au sud dans les trois groupes d'armées de Leeb, Bock et Rundstedt, se lancent à l'assaut de l'URSS. L'Armée rouge compte 140 divisions, dont 24 de cavalerie à cheval et 40 brigades blindées réparties en quatre grands fronts aux ordres de Vorochilov, Timochenko, Boudennyï et Meretskov.

Malgré les avertissements des Américains et des Anglais, et les multiples violations aériennes du territoire russe par la Luftwaffe, il semble bien que Staline se soit laissé surprendre. Tandis que Leeb conquiert les Pays baltes et marche sur Leningrad, investie le 8 septembre, Bock gagne la grande bataille pour Smolensk (8 juillet-5 août). Mais, contre l'avis de son état-major, qui voulait centrer tout son effort sur l'axe Smolensk-Moscou, Hitler envoie Rundstedt conquérir l'Ukraine. Ses troupes sont à la fin d'août sur la ligne Jitomir-Ouman-Odessa et livrent avec les groupements blindés Kleist et Guderian une nouvelle bataille d'encerclement du 13 au 26 septembre autour de Kiev. Ce n'est qu'au début d'octobre, après la prise de Viazma et d'Orel, que les chars allemands de Guderian sont rameutés sur Toula et Moscou. Le 1er novembre, les avant-gardes allemandes atteignent Mojaïsk, à 90 km de Moscou. Le 5 décembre, elles sont à 22 km au nord de la capitale, dont Hitler et le monde entier attendent la chute avant Noël.

Mais, le 6 décembre, une brutale contre-offensive soviétique dirigée par Joukov dégage Toula, reconquiert Kline et Kalinine, sauve Moscou et bloque définitivement la Wehrmacht, à bout de souffle et incapable de tenir tête aux rigueurs d'un hiver où le thermomètre descend jusqu'à −50 °C. Ce premier et retentissant échec de la guerre éclair entraîne dans la Wehrmacht une grave crise. Le Führer chasse plusieurs chefs de l'armée (Brauchitsch, Rundstedt et Guderian) et assume désormais directement le commandement des forces terrestres. Alors que Hitler se lançait dans une aventure qui scellera sa perte, Staline bénéficiait aussitôt de l'assistance des alliés occidentaux. Le 10 juillet 1941, Churchill s'engage à ne conclure avec l'Allemagne aucun armistice ni paix séparée. Roosevelt décide en septembre de faire bénéficier l'URSS de la loi du prêt-bail : elle recevra de 1942 à 1945 du matériel de guerre américain dont la valeur s'élèvera à 11 milliards de dollars.

En juillet 1941, les troupes américaines relèvent les Britanniques en Islande, et, le 14 août, Churchill et Roosevelt se rencontrent en mer ; ils proclament la charte de l'Atlantique, affirmant leur unité de vues sur les principes qui doivent guider le rétablissement d'une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ces principes seront réaffirmés le 1er janvier 1942 par la déclaration des Nations unies signée à Washington par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et vingt-trois pays en guerre avec l'Axe.

Japon et États-Unis : la rupture et l'entrée en guerre

Si les États-Unis s'engagent ainsi sur le théâtre occidental, leur vigilance est attirée plus encore en Extrême-Orient par l'attitude du Japon. En 1940, pour interdire les fournitures d'armes à Tchang Kaï-chek, Tokyo, profitant de la défaite française, avait imposé en juin la fermeture du chemin de fer du Yunnan et obtenu de l'Angleterre en juillet celle de la nouvelle route de Birmanie. Au moment de la signature du pacte tripartite avec l'Allemagne et l'Italie (septembre), le prince Konoe annonce un « ordre nouveau » en Extrême-Orient, qui, pour lui, comprend la Mandchourie, la Chine, l'Inde, le Sud-Est asiatique (y compris l'Australie) et le Pacifique. La pression du Japon s'accroît sur l'Indochine française, qui doit accepter la présence de ses troupes, d'abord au Tonkin (juillet 1940), puis, après l'arbitrage imposé par Tokyo au conflit franco-thaïlandais, en Cochinchine (juillet 1941).

À cette attitude, Roosevelt répond d'abord par des mesures économiques, mettant l'embargo sur les expéditions américaines à destination du Japon (notamment le pétrole), puis bloque le 26 juillet 1941 les avoirs japonais aux États-Unis. Cependant, le Japon hésite encore à se lancer dans la guerre : au mois de mars, le ministre Matsuoka entreprend un voyage en Europe, où, après s'être arrêté à Rome et à Berlin, il signe, le 13 avril, à Moscou, un pacte d'amitié avec l'URSS. Mais, après l'échec de nouvelles négociations nippo-américaines (Hull-Nomura), le cabinet Konoe démissionne le 16 octobre 1941 et est remplacé par celui du général Tojo Hideki, qui personnifie le parti militaire, résolu à s'assurer par la force les richesses (pétrole, étain, caoutchouc) du Sud-Est asiatique.

Le 7 décembre 1941, la flotte combinée japonaise de l'amiral Yamamoto surprend et détruit en deux heures l'escadre américaine de Pearl Harbor (Hawaii). Le 8, le Japon déclare la guerre aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à ses dominions ; le 11, Berlin et Rome sont en guerre avec les États-Unis : le conflit est alors devenu mondial, à la seule et essentielle réserve près de la neutralité maintenue jusqu'en 1945 entre l'URSS et le Japon. Son principal adversaire étant provisoirement maîtrisé, l'état-major nippon, qui, seul, détient le pouvoir à Tokyo, lance aussitôt ses forces à l'attaque. Le 10 décembre 1941, elles torpillent deux grands bâtiments de la flotte britannique d'Extrême-Orient, le Prince of Wales et le Repulse ; à Noël, elles ont occupé la Thaïlande, Hongkong, débarqué aux Philippines, conquis Guam.

La vague déferle ensuite sur Bornéo, la Malaisie, les Célèbes, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; Singapour capitule le 15 février 1942. En mars, l'Indonésie et la Birmanie sont complètement conquises, puis c'est le tour des Philippines avec les capitulations de Bataan (9 avril) et de Corregidor (7 mai). Au début de l'été, une ultime avance pousse les Japonais aux îles Aléoutiennes (juin), dans les îles Salomon (Guadalcanal, 4 juillet) et en Nouvelle-Guinée (juillet-août). Leurs avions, qui ont bombardé l'Australie (février) et Ceylan (5 avril), attaquent maintenant l'Alaska et l'île canadienne de Vancouver (20 juin). Ainsi, le rêve des impérialistes nippons semble réalisé : en huit mois, Tokyo s'est rendu maître de la moitié du Pacifique et contrôle plus de 90 % de la production mondiale du caoutchouc, 75 % de celle de l'étain et une immense réserve de pétrole.

Dès le printemps de 1942, toutefois, la réaction des États-Unis se fait sentir, infligeant à la marée japonaise ses premiers coups d'arrêt par les deux victoires de la flotte américaine du Pacifique, commandée par l'amiral Nimitz dans la mer de Corail (4-8 mai) et aux îles Midway (4-5 juin). Mais c'est aux Salomon que l'état-major américain a décidé de constituer la base de sa contre-offensive : celle-ci débutera le 7 août par un débarquement de vive force à Guadalcanal, qui amorce le retournement de la situation stratégique en Extrême-Orient. À la fin de 1942, au moment où l'Allemagne, l'Italie et le Japon ont atteint le zénith de leur puissance expansive, leurs forces subissent en Russie, en Afrique et dans le Pacifique des coups d'arrêt que l'avenir révélera décisifs. La victoire de l'armée soviétique devant Moscou est suivie dans les deux camps par une période de relative accalmie, mise à profit par l'URSS pour réorganiser ses armées et transférer de nombreuses usines de guerre en direction de l'Oural, en Sibérie et au Turkestan.

Le 5 avril 1942, Hitler fixe à la Wehrmacht les objectifs de sa prochaine offensive, qui visera la Volga, le Caucase et son pétrole. Retardée par une action de l'Armée rouge au sud de Kharkov (mai), elle débouche le 28 juin en direction de Voronej, pivot à la boucle du Donets, tandis que capitule Sébastopol après un siège de 250 jours. Le front russe est percé sur 500 km, et, après la chute de Rostov (23 juillet), les Allemands se lancent vers le Caucase, entrent à Maïkop, plantent le drapeau à croix gammée au sommet de l'Elbrous (21 août) ; ils sont bloqués dans la région du Terek à 120 km de la Caspienne, mais à 600 km de Bakou. Au même moment, la VIe armée (→ Paulus) franchit le Don à Kalatch, atteint la Volga (20 août) et conquiert du 1er au 15 septembre une grande partie de la ville de Stalingrad. Alors que Hitler croit tenir la victoire, débouche le 19 novembre la contre-offensive soviétique qui, encerclant l'armée de Paulus, la contraint à capituler le 2 février 1943.

Cette première grande défaite allemande a un énorme retentissement : toute une armée a été détruite après avoir perdu 250 000 hommes à cause de l'entêtement du Führer, ce qui a pour effet de dresser contre lui nombre de chefs militaires. L'Armée rouge a pris l'initiative des opérations ; elle ne l'abandonnera plus jusqu'à Berlin. En Libye, l'année 1942 marque également la dernière avance africaine des forces de l'Axe. Après son offensive de janvier, qui l'avait porté à proximité de Tobrouk (10 février), Rommel déclenche le 27 mai une nouvelle attaque. Elle est d'abord retardée par la résistance de Bir Hakeim, tenu du 27 mai au 11 juin par les Français libres du général Kœnig qui permet aux Britanniques de se replier vers l'Égypte. Mais, après avoir pris Tobrouk le 21 juin, l'Afrikakorps de Rommel franchit la frontière égyptienne et contraint la VIIIe armée britannique à se replier au début de juillet sur la position d'El-Alamein, à 130 km d'Alexandrie, qui marque le point extrême de l'avance allemande en direction du canal de Suez.

Après avoir vainement tenté de rompre le front adverse, Rommel est surpris le 23 octobre par une brutale contre-offensive de Montgomery (nommé en août à la tête de la VIIIe armée), et doit à son tour rompre le combat le 2 novembre. Six jours plus tard, les Américains débarquent au Maroc. Six mois après, la Wehrmacht sera chassée d'Afrique. D'autre part, la guerre sous-marine a pris un développement considérable. Dans l'Atlantique, l'année a été désastreuse pour les Alliés : 3 millions de tonnes de navires coulés de janvier à juillet, 700 000 en novembre. Mais là aussi la situation tend à se renverser : en octobre 1942, les pertes des sous-marins allemands atteignent en nombre celui des submersibles construits, et, grâce à l'effort prodigieux des chantiers américains, le tonnage allié construit dépassera, au début de 1943, celui qui est coulé par les sous-marins de l'Axe. Dans le Pacifique, les sous-marins américains détruisent en 1942 un million de tonnes de navires nippons, chiffre à peine inférieur à celui des prises de guerre et constructions neuves du Japon.

L'effort de guerre allemand

Dans l'ensemble, l'Allemagne réussira à financer par ses propres ressources la moitié de son imposant effort de guerre. L'autre moitié sera fournie par les territoires occupés et singulièrement (40 %) par la France. Anarchique jusqu'à la mort de Fritz Todt (février 1942), la production allemande d'armement, placée sous la haute autorité de Göring, directeur du plan, est pour l'ensemble des années 1941 et 1942 nettement inférieure à celle de la Grande-Bretagne pour les avions (24 000 contre 31 000) et à peine supérieure pour les chars (14 500 contre 13 400). Le successeur de Todt, Albert Speer, sait planifier cette production sans trop diminuer jusqu'à la fin de 1943 la consommation allemande. Un effort considérable est accompli dans la fabrication de carburants et huiles synthétiques (3,8 millions de tonnes en 1943), mais, dès 1942, c'est le problème de la main-d'œuvre, confié au Gauleiter Fritz Sauckel, qui devient primordial.

Le problème de la main-d'œuvre

En 1943, 11 millions d'hommes servent dans la Wehrmacht, dont les pertes (tués, blessés, disparus et prisonniers) sont alors de 4 millions. Pour y remédier, les Allemands enrôlent à titre d'auxiliaires (dits « Hilfswillige ») de nombreux Russes, si bien que, compte tenu de leurs « alliés », les effectifs sur le front est comprennent 25 % d'étrangers. La main-d'œuvre civile comprend 30 millions de personnes, dont 8 dans l'industrie. En 1944, Sauckel aura ramené dans le Reich, au titre du Service du travail obligatoire (STO), 6,3 millions d'ouvriers étrangers (dont 723 000 Français). Leur travail s'ajoute à celui de plus de 2 millions de prisonniers de guerre et aussi à celui des déportés des camps de concentration.

Aussi Speer réussit-il à faire passer la fabrication des chars de 9 400 en 1942 à 19 800 en 1943 et à 27 300 en 1944, et celle des avions de 13 700 en 1942 à 22 000 en 1943 et à 36 000 en 1944. Ces résultats sont obtenus alors que les bombardements aériens de la Royal Air Force et de l'US Air Force atteignent des proportions écrasantes : 48 000 tonnes de bombes en 1942, 207 000 t en 1943, 915 000 t en 1944. Cet effort de guerre se poursuivra jusqu'à la fin avec une étonnante efficacité : 7 200 avions sont encore construits dans les quatre premiers mois de 1945, ce qui porte la production totale allemande de 1939 à 1945 à environ 100 000 avions, chiffre un peu supérieur à la production anglaise (88 000 avions). Il permettra notamment l'engagement, à la fin de 1944, de nouvelles armes, tels les avions à réaction « Me 262 » (produits à 1 200 exemplaires) et les fusées de type V1 et V2, mises au point au centre de recherche de Peenemünde sous la direction de Wernher von Braun.

L'effort de guerre soviétique

La direction de la guerre en Union soviétique est confiée à un organisme nouveau, le Comité d'État pour la défense, présidé par Staline, qui étend son autorité sur tous les organismes de l'État et du parti. Il dirige la production et l'économie, mais aussi les forces armées, avec le concours de la Stavka (l'état-major), que commande de 1937 à novembre 1942 un militaire de grande classe, le maréchal Chapochnikov, auquel succédera le maréchal Vassilevski. L'intelligence de Staline le conduit à mettre l'accent sur le patriotisme et les traditions militaires russes (restauration des ordres de Souvorov, d'Alexandre Nevski) ; les insignes de grades des officiers réapparaissent, l'Internationale cesse d'être l'hymne national, et le Komintern est supprimé (15 mai 1943).

Du fait de l'invasion allemande, la production industrielle globale baisse en septembre 1941 de plus de 50 %. La situation s'aggrave encore en 1942, où la production du charbon baisse de 142 à 75 millions de tonnes, celle de la fonte de 18 à 5, celle de l'acier de 13,8 à 4,8… Mais, au même moment, les Soviétiques évacuent 1 300 entreprises de grandes dimensions, ainsi que 10 millions de personnes (dont 2 de la région de Moscou), qui vont s'installer dans l'Oural, en Sibérie occidentale et en Asie centrale, où de nouvelles usines sortent de terre. À la fin de 1942, la situation est redressée : la production de matériel de guerre dépasse celle de 1941, et les livraisons anglo-américaines, qui ont débuté dès octobre 1941, arrivent alors par Arkhangelsk, par l'Iran et par Vladivostok (elles comprennent notamment 22 000 avions, 12 184 chars, 2,6 millions de tonnes d'essence, 4,5 millions de tonnes de vivres).

Cependant, l'URSS manque de main-d'œuvre : 27 millions de travailleurs en 1945 contre 30 millions en 1940 (9,5 millions contre 11 dans l'industrie). Tous les congés sont supprimés et on s'efforce de moderniser et rationaliser la production (3 700 heures de travail pour fabriquer un char « T 34 » en 1943 contre 8 000 en 1941 ; 12 500 pour un avion de chasse contre 20 000). Aussi, en 1942, l'URSS peut-elle produire 25 400 avions, 24 600 chars et près de 30 000 canons de campagne (contre 15 400, 9 300 et 12 000 en Allemagne) ; en 1944, ces chiffres s'élèvent à 40 000 avions, 29 000 chars et 122 000 canons pour une armée de plus de 400 divisions qui, en 1945, engage 6,5 millions d'hommes sur un front de 2 400 km, soutenus par 13 000 chars, 108 000 canons et 15 000 avions (production globale 1941-1945 : 142 800 avions, 102 500 blindés, 490 000 canons). Les investissements soviétiques, concernant surtout l'industrie lourde, passent de 48,2 milliards de roubles de 1941 à 1943, à 73,7 de 1943 à 1945, date à laquelle les productions de houille, de fonte et d'acier seront remontées à environ 150, 9 et 12 millions de tonnes.

L'effort de guerre américain

En 1939, l'armée américaine compte 190 000 hommes, dont 50 000 outre-mer avec 330 chars. L'industrie d'armement n'occupe que 2 % de la main-d'œuvre, et il y a 7 millions de chômeurs. Six ans après, les États-Unis ont près de 11 millions de soldats ou de marins, dont près de la moitié combattent à plusieurs milliers de kilomètres : 2,7 millions en Extrême-Orient, 2,3 millions en Europe. Doublant leur production, ils auront fourni plus de la moitié des armes de la coalition contre l'Axe, livrant, de 1940 à 1945, 96 000 chars, 61 000 canons, 2 300 000 camions, 21 millions de tonnes de munitions, 296 000 avions. La standardisation des constructions navales, la création en 1941 de 140 nouveaux chantiers ont permis la construction de plus de 5 000 navires, dont 2 700 « Liberty ships ».

Au moment de l'institution du service militaire obligatoire (septembre 1940), l'US Army compte 23 divisions ; en 1943, il y en a 91 (dont 3 aéroportées et 16 blindées), recrutées et instruites avec l'aide d'un service de sélection ajustant l'offre à la demande par l'emploi de tests psychotechniques. En 1945, l'US Navy compte 3,3 millions d'hommes ; l'US Air Force, 2,3 millions d'hommes avec environ 100 000 avions. Dans le cadre de la loi du prêt-bail de mars 1941, les États-Unis doivent en outre fournir ses Alliés, qui reçoivent à ce titre 16 % de la production de guerre américaine. Les principaux bénéficiaires sont la Grande-Bretagne, qui reçoit 1 000 chars et 5 200 avions en 1941, 4 400 chars et près de 7 000 avions en 1942. La part de l'URSS est également considérable (14 795 avions et 7 000 chars). À partir de 1943, l'armée française d'Afrique du Nord reçoit aussi son lot, pour une valeur de 3 milliards de dollars, soit 8 % du prêt-bail (1 400 avions, 5 000 blindés, 3 000 canons, etc.).

Pour soutenir cet effort, l'économie américaine doit sacrifier au dirigisme. Elle le fait d'une manière très pragmatique : chaque problème est confié à une Agency, organisme nouveau créé à cet effet sous le seul signe de l'efficacité et dirigé par un industriel ou un technicien habillé ou non en général. L'orientation et le contrôle de ces organismes relèvent, à l'échelon du président, d'un Office of War Mobilization, dirigé par Donald Wilson. Mais, dès le début de 1944, les Américains préparent la reconversion de leur économie de guerre pour le temps de paix. L’effort de guerre passe par le recours aux chômeurs puis aux femmes : ainsi, la population active américaine comprendra 36 % de femmes en 1945, alors qu'elle n'en comptait que 25 % en 1941. Les besoins en main-d'œuvre sont aussi couverts en faisant appel aux Noirs, jusqu'alors surtout employés dans l'agriculture : le nombre de Noirs travaillant dans l'industrie double au cours de la guerre. Comme dans le cas des femmes, leur participation à l'effort de guerre les conduira à remettre en cause leur infériorité sociale.

L'émergence de la Résistance

En Europe, l'occupation allemande s'est faite d'autant plus lourde que la Gestapo a étendu partout son appareil de terreur – et notamment le système concentrationnaire – qui reçoit désormais mission de fournir au Reich une main-d'œuvre dont il a un impérieux besoin. Aussi, un peu partout, à mesure que le contrôle politique, policier et économique se resserre, les populations des territoires occupés passent-elles de l'attentisme à la résistance. À Prague, le « protecteur du Reich » Heydrich, chef SS aussi connu comme le « boucher de Prague », est assassiné le 27 mai par des résistants tchécoslovaques. En Serbie, le combat contre l'Allemagne se double rapidement d'une guerre civile entre Partisans communistes de Tito et les nationalistes de l'armée régulière, les Tchetniks), commandés par le général Draža Mihailović.

En France, où les Allemands ont imposé le rappel de Laval le 18 avril 1942, l'odieux système des otages, l'occupation totale de la France à partir du 11 novembre 1942 et l'instauration (février 1943) d'un Service du travail obligatoire (STO), au profit du Reich, contribueront à renforcer le courant antiallemand. Le fait qui domine la seconde partie de la guerre est la reprise de l'initiative par les adversaires de l'Axe, qui adoptent partout une attitude résolument offensive. Mais la coordination de leurs actions n'interviendra que très progressivement. L'URSS attend avant tout de ses alliés anglo-saxons l'ouverture d'un second front en Europe qui allège la pression de la Wehrmacht sur le front russe. C'est ce que Molotov dit à Churchill en signant à Londres le 26 mai 1942 un traité d'alliance anglo-soviétique, et surtout à Roosevelt, qui le reçoit le surlendemain à Washington. Mais, tandis que Staline est tendu vers un unique objectif, les États-Unis et la Grande-Bretagne sont engagés, souvent conjointement, dans le monde entier sur de multiples théâtres d'opération où ils entendent d'abord mener une stratégie commune.

La direction de guerre anglo-américaine

C'est en 1942 que la direction anglo-américaine s'organise par la volonté commune de Churchill et de Roosevelt, qui établissent entre eux un contact quasi permanent. Leur instrument est le Comité mixte anglo-américain des chefs d'état-major (Combined Chiefs of Staff), créé à Washington dès Noël 1941, où Londres est représenté par sir John Dill, mais où domine la forte personnalité du général américain George Marshall. Les ressources des deux pays sont mises en commun : en janvier 1942 est constitué le Combined Shipping Adjustment Board, qui gère le pool de leurs navires marchands et pétroliers (95 millions de tonnes en 1944), indispensable à la conduite d'opérations qui se déroulent à des milliers de kilomètres de leurs territoires. Si la priorité finale est reconnue au théâtre européen, Churchill s'oppose à toute tentative prématurée en France (en 1942, seuls deux raids expérimentaux sont lancés, l'un en février à Bruneval, l'autre en août à Dieppe). Conscient de l'importance de la Méditerranée, il convainc Roosevelt de s'y assurer d'abord des bases solides en débarquant en Afrique du Nord (opération Torch).

Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord

Le 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent à Casablanca, Oran, Alger. Du 9 au 12 novembre, les Allemands débarquent à Tunis, d'où ils prendront liaison avec les forces germano-italiennes refoulées d'Égypte par Montgomery suite à sa victoire d'El-Alamein (2 novembre). Décidée en juillet 1942, l'opération Torch est la première entreprise américaine sur le théâtre occidental. Déclenchée le 8 novembre aux ordres du général Eisenhower, elle fut précédée de multiples contacts avec des éléments français se réclamant du général Giraud (récemment évadé d'Allemagne), et bénéficia de la présence fortuite à Alger de l'amiral Darlan, successeur désigné de Pétain. L'autorité de Darlan comptera aussi bien pour faire cesser le 11 novembre les résistances locales (Casablanca, Oran) des troupes françaises aux Américains que pour leur prescrire, le 13, de reprendre en Tunisie le combat contre les Allemands qui venaient d'y débarquer.

Le 22, Darlan, devenu, à la stupeur des gaullistes l'interlocuteur des Américains, signe avec le général Clark un accord organisant la rentrée en guerre de tous les territoires français d'Afrique, et notamment de ceux d'Afrique-Occidentale. La riposte allemande est brutale : dès le 11 novembre 1942, la Wehrmacht envahit la zone non occupée de la France, tandis que les Italiens se saisissent de Nice et de la Corse ; le 27, l'armée française d'armistice est dissoute, et la flotte de Toulon se saborde suivant les engagements pris en juin 1940 pour ne pas tomber aux mains du Reich. Le 23 janvier 1943, les Britanniques sont à Tripoli en Libye, où les rejoint la colonne française du général Leclerc, venue du Tchad ; le 4 février, ils entrent en Tunisie et passent aux ordres d'Eisenhower, dont les forces franco-anglo-américaines, qui ont débouché d'Algérie, en décembre, menacent Tunis. Sous les attaques conjuguées des deux groupements alliés, les forces germano-italiennes d'Afrique doivent capituler le 13 mai 1943 au cap Bon, abandonnant 250 000 prisonniers.

À la conférence de Casablanca (ou d'Anfa), du 14 au 27 janvier 1943, Roosevelt et Churchill tirent ensemble les conséquences de leur succès. Affirmant leur volonté d'exiger une capitulation sans condition de l'Italie, de l'Allemagne et du Japon, ils établissent leur plan pour 1943 : débarquement en Sicile, attaque aérienne systématique du potentiel économique allemand pour préparer l'ouverture du second front, laquelle est ajournée à 1944. Roosevelt et Churchill tentent aussi, au cours de leur rencontre à Anfa, de rapprocher de Gaulle de Giraud, qui a pris à Alger la succession de Darlan, assassiné le 24 décembre. Le 3 juin 1943, les deux généraux installent à Alger, sous leur coprésidence, un Comité français de libération nationale (CFLN), unique pouvoir politique représentant désormais la France en guerre. Après avoir dirigé la libération de la Corse par les troupes françaises, Giraud abandonne le 27 septembre sa coprésidence, et de Gaulle devient le seul maître à Alger.

L'élimination de l'Italie (juillet 1943-juin 1944)

Dès le 10 juillet 1943, Eisenhower lance ses forces sur la Sicile, qu'elles conquièrent en un mois (→ débarquement de Sicile). Cette victoire accélère la désagrégation du régime fasciste italien : dans la nuit du 24 au 25 juillet, Mussolini est destitué au cours d'une dramatique réunion du Grand Conseil fasciste et arrêté sur ordre du roi, qui confie le pouvoir au maréchal Badoglio. Tout en cherchant à rassurer les Allemands (qui ont des troupes en Italie), ce dernier prend en août des contacts secrets avec les Alliés et signe le 3 septembre à Syracuse un armistice impliquant la capitulation sans condition de toutes les forces italiennes. Les Alliés ne l'annoncent que le 8, alors qu'ils ont déjà débarqué le 3 en Calabre et s'apprêtent à le faire le 9 à Salerne. Hitler réagit aussitôt : le 12 septembre, il fait libérer Mussolini, qui fonde la république sociale italienne ou république de Salo pour continuer la lutte aux côtés du Reich, auquel le gouvernement de Badoglio, réfugié à Brindisi, déclare la guerre le 13 octobre.

Au même moment, les Allemands réussissent à se retrancher au sud de Rome sur une forte position, la ligne Gustav, à laquelle se heurtent les forces anglo-américaines du général Alexander, rejointes en décembre 1943 par le corps expéditionnaire français du général Juin. Alors commence une très rude campagne, marquée notamment par la violente bataille de Cassino : c'est seulement le 11 mai 1944 que les Français de Juin réussiront la percée de la ligne Gustav et permettront l'entrée des Alliés à Rome, le 4 juin 1944.

La Wehrmacht refoulée de la Volga au Dniestr (1943-1944)

Si, en 1943, les alliés anglo-saxons ont obtenu des résultats décisifs en Afrique et en Italie, ils n'y ont immobilisé qu'une très faible partie de la Wehrmacht. Les trois quarts du potentiel militaire allemand s'appliquent encore au front soviétique, où, au cours de la même année, la victoire va aussi définitivement changer de camp. Au nord, la prise de Schlüsselburg par les Russes (12 janvier) dégage Leningrad ; celles de Viazma et de Rjev (mars) refoulent la Wehrmacht à 250 km de Moscou, mais c'est au Sud qu'ont lieu les actions décisives. Au lendemain du désastre de Stalingrad (février 1943), les Allemands, chassés du Caucase comme de la boucle du Don, doivent abandonner Rostov, Koursk et Kharkov (qui est reconquis en mars par Manstein). Le 5 juillet 1943, l'échec de la double offensive blindée allemande (Manstein-Kluge) sur le saillant de Koursk signifie la perte désormais irréversible de l'initiative par la Wehrmacht sur le front de l'Est.

Le 12, l'offensive soviétique de Rokossovski sur Orel est la première d'une série de coups de boutoir sur Kharkov, Briansk et Smolensk qui mènent à la fin de septembre l'Armée rouge sur le Dniepr : il sera largement franchi en novembre, malgré la réaction de Manstein à Jitomir. Refusant tout répit à Hitler, Staline déclenche dès le 18 décembre 1943 la campagne d'hiver : au Nord, la Wehrmacht est refoulée de 200 km sur Narva et Pskov (janvier 1944) ; au Sud, Vatoutine, Koniev, Malinovski et Tolboukhine portent leurs forces sur le Boug (février) et le Dniestr (mars), tandis que Joukov entre en Galicie polonaise, atteint Tchernovtsy et Kovel et menace Lvov. Le 15 avril, après la prise d'Odessa et de Ternopol, le front se stabilise : l'Ukraine est totalement libérée, les Russes sont à la porte des Balkans ; Sébastopol tombe le 9 mai ; seuls les pays Baltes et la Russie blanche (actuelle Biélorussie) sont encore aux mains de la Wehrmacht.

L'URSS et ses Alliés : conférence de Téhéran (novembre 1943)

Sur le plan diplomatique, où elle connaît une intense activité, l'année 1943 est dominée par le problème du second front, que Staline, qui se refuse à considérer comme tel l'étroit champ de bataille italien, ne cesse de poser aux Alliés. De nombreuses réunions se tiennent à Washington en mars et en mai, à Québec en août, où Roosevelt, Churchill et le Canadien Mackenzie King se concertent avec T. V. Soong, ministre de Tchang Kaï-chek, sur la lutte contre le Japon. En octobre, pour dissiper la méfiance existant entre les Alliés et l'URSS, qui se soupçonnent mutuellement de prendre des contacts secrets avec Berlin, le secrétraire d'État américain Cordell Hull, le ministre des Affaires étrangères britannique Eden et le Soviétique Molotov préparent à Moscou une rencontre des « trois Grands », Roosevelt, Churchill et Staline.

Après que les deux premiers ont conféré avec Tchang Kaï-chek au Caire, la conférence a lieu le 28 novembre 1943 à Téhéran. Il y est confirmé que le second front serait réalisé, non comme le souhaitait Churchill dans les Balkans, mais en France. Les trois conviennent publiquement qu'ils garantiront l'intégrité de l'Iran et secrètement que l'Allemagne serait démembrée et que les frontières de la Pologne seraient reportées à l'Ouest jusqu'à l'Oder et à l'Est jusqu'à la ligne Curzon. Staline promet d'attaquer le Japon dès que cela lui sera possible. Les problèmes de l'après-guerre sont aussi évoqués, et les bases jetées d'une « Organisation des Nations unies » où le maintien de la paix relèvera essentiellement des trois Grands et de la Chine : leurs représentants se réuniront à Dumbarton Oaks d'août à octobre 1944 (→ plan de Dumbarton Oaks). Seul contre Roosevelt et Staline, qui, comme lui, ont reconnu le Comité français de libération nationale (CFLN) de de Gaulle le 26 août 1943, Churchill a affirmé sa volonté de voir la France se reconstituer après la guerre.

Le reflux japonais en Extrême-Orient (1943-1944)

Alors qu'en Afrique comme en URSS la retraite des forces de l'Axe revêt un caractère spectaculaire, le renversement de la situation en Extrême-Orient connaît un rythme plus lent. L'immensité des distances, le caractère spécial des forces aéronavales et amphibies qu'il leur faut constituer exigent des Américains près d'un an après leur attaque de Guadalcanal (août 1942) pour qu'ils puissent développer à fond le poids de leur puissance offensive. L'hiver de 1942 est dominé par la dure conquête de Guadalcanal, qui ne s'achève que le 8 février 1943, et par la défense victorieuse des Australiens en Nouvelle-Guinée, qui écarte de leur pays la menace d'une invasion nippone. Les îles Aléoutiennes sont reconquises dans l'été 1943, mais c'est des bases de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides que le commandement américain lance deux offensives décisives en direction des Philippines. L'une, essentiellement aéronavale, sera conduite par l'amiral Nimitz sur les îles Gilbert et Mariannes, l'autre, à dominante amphibie, sur la Nouvelle-Guinée et les Moluques, sera dirigée par le général MacArthur, commandant des forces alliées dans le sud-ouest du Pacifique.

La campagne s'ouvre par une série d'actions limitées sur les îles Salomon (Bougainville) et Gilbert, de juin à décembre 1943. En 1944, Nimitz lance ses forces à l'assaut des Marshall (janvier), des Carolines (8 février) et des Mariannes, où la conquête de Saipan et de Guam (juin-août), à 2 300 km de Tokyo, permet à l'US Air Force de prendre sous ses feux la capitale nippone ; l'événement, durement ressenti au Japon, provoque la démission du cabinet Tojo (18 juillet). En même temps, les divisions de MacArthur atteignent la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée et débarquent aux Moluques (septembre). Finalement, les deux grandes offensives américaines convergent sur l'île de Leyte (Philippines), où la flotte japonaise subit, du 24 au 26 octobre 1944, un véritable désastre dont elle ne se relèvera pas (→ bataille de Leyte).

Face à l'ampleur de l'offensive américaine, l'état-major japonais décide de consolider sa position en Chine. Depuis la conquête de la Birmanie en 1942, Tchang Kaï-chek, qui maintient 300 000 hommes dans le Shanxi pour y surveiller les forces communistes de Mao Zedong, n'a d'autre contact avec ses alliés occidentaux qu'une liaison aérienne par l'Inde. Si, en 1943, les Japonais ont échoué dans leur raid sur Chongqing, ils lancent en mai 1944 une offensive sur la Chine du Sud pour ravitailler leurs forces de Birmanie et de Malaisie, avec lesquelles la liaison par mer est devenue trop précaire. La prise de Changsha au Hunan le 18 juin 1944 leur permet de relier Hankou à Canton, d'éliminer les bases aériennes américaines installées dans cette région et d'établir ainsi une grande ligne de communication terrestre de la Mandchourie au Tonkin et pratiquement jusqu'à Singapour.

En Birmanie, toutefois, l'action qu'ils tentent au printemps 1944 contre la voie ferrée indienne de Calcutta à Ledo se heurte à l'offensive des forces de l'amiral Mountbatten, commandant suprême allié dans le Sud-Est asiatique. Parties de Ledo, les unités du général américain Stilwell font au cours de l'été 1944 près de Bhamo, en haute Birmanie, leur jonction avec les forces chinoises. La construction d'une route (dite « route Stilwell »), raccordée au secteur nord de la route de Birmanie, rétablit la liaison terrestre avec la Chine. Tandis que les Britanniques prennent Akyab (janvier 1945), Américains et Chinois, descendant l'Irrawaddy, chassent de Birmanie les Japonais ; ceux-ci, pour garantir leur retraite, s'assureront par leur coup de force du 9 mars 1945 le contrôle total de l'Indochine française. Le 3 mai, les Alliés entrent à Rangoon.

Prélude au second front

C'est en 1943, aux conférences de Washington (mai) et de Québec (août), que Roosevelt et Churchill décident que le débarquement en France serait réalisé en 1944 par deux opérations, l'une, principale (Overlord), prévue pour mai en Normandie, l'autre, secondaire (Anvil ou Dragoon), en Provence, 70 jours après. Ce programme, confirmé à Staline lors de la conférence de Téhéran, débute par l'installation à Londres, à Noël 1943, du général Eisenhower, nommé commandant suprême des forces d'invasion en Europe. Sa mission, précisée le 12 février 1944, est de « pénétrer sur le continent […], puis de viser le cœur de l'Allemagne […] et la destruction de ses forces armées ». Le 11 janvier a commencé la préparation aérienne d'Overlord, destinée à détruire en profondeur tout le système de défense allemand. La victoire alliée dans la guerre sous-marine de l'Atlantique permet de concentrer en Angleterre de 3,5 millions d'hommes (75 divisions) et de 20 millions de tonnes de matériel.

L'opération, qui mettra en jeu 4 500 navires et 13 000 avions, est d'une ampleur encore inconnue dans l'histoire. Elle s'appliquera à une Europe très éprouvée par l'occupation allemande, mais où les mouvements de Résistance ont acquis partout une force importante, notamment en Yougoslavie, où Tito commande une véritable armée, et en France, où les maquis passent à l'action militaire (→ plateau des Glières, février 1944). Sur le plan politique, la certitude de la défaite allemande rassemble les éléments les plus divers qui entendent participer à la libération de leur pays et à la construction d'une nouvelle Europe. Leur action est cependant limitée par la brutalité de la répression allemande. Cette répression, orchestrée par Himmler, vise la liquidation physique des Juifs et des résistants dans les sinistres camps de la mort. Elle s'exerce aussi par des actions « spéciales » de représailles destinées à répandre la terreur comme à Lidice (après l'assassinat de Heydrich à Prague en 1942), à Varsovie (où le ghetto est sauvagement détruit en avril 1943) ou à Oradour-sur-Glane (plus de 600 Français massacrés le 10 juin 1944).

Seul le besoin considérable de main-d'œuvre, exigé par l'immense effort de guerre soutenu jusqu'au bout par le Reich, freine cette entreprise de destruction humaine. En Allemagne même, la population est durement éprouvée par les pertes de la Wehrmacht en Russie (2 millions d'hommes en 1943) et par les bombardements quasi quotidiens de l'aviation alliée sur Berlin, la Ruhr et les grandes villes (Hambourg). Courageusement, certains hommes tentent autour de Carl-Friedrich Goerdeler de mettre fin au cauchemar en supprimant Hitler. Leur mouvement aboutira au putsch du 20 juillet 1944, dont l'échec déclenchera de cruelles représailles.

Libération de l'Europe occidentale (juin 1944-février 1945)

Le 6 juin 1944 à l'aube, les forces alliées débarquent en Normandie, où elles surprennent les défenses allemandes du mur de l'Atlantique, que commande Rommel. La bataille pour les plages est gagnée dès le 11. Du 14 au 30 juin, les Américains reconquièrent le Cotentin. Le 31 juillet, ils rompent le front allemand à Avranches et exploitent aussitôt leur succès en fonçant sur Rennes et surtout vers Argentan et la Seine, atteinte le 19 août à Mantes. Paris, qui s'est soulevé le 19 août, accueille les 24 et 25 la 2e DB du général Leclerc. Harcelée par l'action de la Résistance (notamment en Bretagne et dans le Vercors), la retraite de la Wehrmacht s'est partout précipitée. Les Britanniques de Montgomery, entrés à Amiens le 31 août, libèrent Bruxelles le 3 septembre et Anvers le 4. Le 15, les Américains de Bradley, qui ont dépassé Liège (le 8), Luxembourg (le 10) et franchi la Moselle au sud de Metz, libèrent Nancy. Le 12, ils ont pris liaison près de Châtillon-sur-Seine avec les forces franco-américaines (de Lattre de Tassigny et Patch) débarquées en Provence le 15 août. Celles-ci, après avoir pris Toulon le 27 et Marseille le 28, ont libéré Lyon dès le 3 septembre et Dijon le 11.

Prenant place à l'aile droite des forces d'Eisenhower venant de Normandie, elles s'engagent alors en direction de l'Alsace. À la fin de septembre, après l'échec de leur opération aéroportée d'Arnhem (→ bataille d'Arnhem), les Alliés tiennent le Rhin inférieur, bordent la frontière allemande de Belgique et du Luxembourg et parviennent le 21 octobre à s'emparer d'Aix-la-Chapelle. Mais ils sont arrêtés en Alsace et en Lorraine. À l'issue de violents combats, le général américain Patton récupère Metz et de Lattre Mulhouse le 20 novembre, la 2e DB du général Leclerc reprend Strasbourg le 23. L'automne 1944 est marqué par le raidissement de la défense allemande. Hitler met encore sa confiance dans les armes nouvelles « V1 » et « V2 » qui pilonnent l'Angleterre, tandis que la Luftwaffe engage les premiers avions à réaction. Le 16 décembre, Rundstedt lance dans les Ardennes une puissante offensive de blindés qui, accompagnée d'une attaque entre la Sarre et la Rhin, menace gravement la cohésion du front allié.

Celle-ci n'est rétablie que le 16 janvier 1945 par deux contre-attaques au nord et au sud de la poche des Ardennes après la liquidation par de Lattre de la poche de Colmar, le 9 février, l'Alsace est totalement libérée. À cette date, la Wehrmacht est partout refoulée sur la ligne Siegfried.

L'Armée rouge aux portes de l'Allemagne

En liaison avec le débarquement de Normandie, l'offensive soviétique d'été débouche le 23 juin 1944 en Russie blanche sur 300 km entre Vitebsk et Bobrouïsk. Après la bataille pour Minsk (3-11 juillet), les Russes pénètrent en Pologne, prennent Lublin le 24 juillet, Lwów (Lvov), Przemysl, Dvinsk (aujourd'hui Daougavpils) et Brest-Litovsk le 28. Le 30, ils atteignent à Mitau (aujourd'hui Lelgava) la frontière de Prusse-Orientale. Mais le front se stabilise en Pologne, et l'Armée rouge, qui borde la Vistule, assiste sans intervenir à l'insurrection déclenchée à Varsovie le 1er août par le général polonais Bór-Komorowski : elle se termine par les sanglantes représailles des Allemands après la capitulation de la ville (2 octobre). Au nord, les Russes reconquièrent les pays Baltes, et la Finlande demande et obtient le 19 septembre un armistice avec les Alliés.

Sur les fronts Sud, Malinovski et Tolboukhine conquièrent la Roumanie, où le roi Michel Ier demande l'armistice (23 août) et déclare la guerre à l'Allemagne ; après un conflit d'un jour avec l'URSS, la Bulgarie en fait autant le 7 septembre. Par la Transylvanie, Malinovski pénètre en Hongrie (octobre) et marche sur Budapest, où les Allemands, qui ont arrêté leur ex-allié Horthy, concentrent leur résistance (décembre). Tolboukhine a pris contact avec les forces yougoslaves de Tito et entre avec elles à Belgrade le 20 octobre, puis converge, lui aussi, sur la Hongrie, et atteint le 7 décembre 1944 les rives du lac Balaton. En janvier 1945, les Russes reportent leur effort sur la Pologne : les forces de Joukov entrent à Varsovie le 17 janvier ; celles de Koniev, qui sont à Cracovie le 18, atteignent à la fin du mois le bassin houiller allemand de haute Silésie et l'Odra, tandis qu'au Nord Tcherniakovski est entré en Prusse-Orientale et que Rokossovski a pris Tannenberg (Stębark) le 21 janvier. Ainsi, à partir du mois de février 1945, à l'Est comme à l'Ouest, c'est en Allemagne que va se livrer l'ultime bataille de cette guerre.

La Conférence de Yalta

La Conférence de Yalta

Problèmes politiques : la conférence de Yalta (février 1945)

En quelques mois, la Wehrmacht a donc dû évacuer presque toutes ses conquêtes à l'Est et à l'Ouest et se trouve enserrée entre les deux grands fronts. Au Sud, elle a dû aussi se replier en Italie sur la ligne gothique (août 1944), au nord de Florence, et abandonner la Grèce, où les Anglais, débarquant en octobre 1944, trouvent un pays affamé et déchiré entre les fractions rivales de la résistance.

Dans une situation économique souvent désastreuse pour l'ensemble des pays impliqués surgissent en Europe libérée d'épineux problèmes politiques. En Belgique, dès le retour de Londres à Bruxelles du gouvernement Pierlot (8 septembre 1944) se pose la « question royale ». L'attitude de Léopold III pendant la guerre étant très critiquée, son frère, le prince Charles, est proclamé régent par le Parlement. Par ailleurs, une union douanière est conclue entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (Benelux).

La tardive reconnaissance du GPRF

En France, le Comité français de libération nationale (CFLN) s'est proclamé le 3 juin Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). De Gaulle s'est installé à Paris dès le 31 août et a inclus dans son gouvernement des personnalités de la Résistance (Bidault aux Affaires étrangères). Mais la méfiance de Roosevelt fait retarder sa reconnaissance par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS jusqu'au 23 octobre 1944. Le 11 novembre, la France est admise à la Commission consultative européenne de Londres, et, le 10 décembre, Bidault et Molotov signent à Moscou un traité d'alliance franco-soviétique.

Le problème le plus grave qui divise les trois Grands est celui de la Pologne. Depuis la découverte par les Allemands, en avril 1943, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, des restes de 4 500 officiers polonais, exécutés en 1940 par les Soviétiques (→ massacre de Katyn), l'URSS, qui refuse d'endosser cette responsabilité, a rompu toute relation avec le gouvernement polonais de Londres (25 avril 1943). Or l'Angleterre et les États-Unis ne reconnaissent que ce dernier – dirigé alors par Mikołajczyk – de qui relèvent les troupes polonaises du général Anders, qui se battent aux côtés des Anglo-Américains. Mais un Comité de libération, soutenu par l'URSS, s'est installé à Lublin à la fin de juillet 1944. Le 5 janvier 1945, il est reconnu par Staline comme gouvernement de la Pologne et s'installe à Varsovie dès l'entrée de l'Armée rouge dans la capitale (18 janvier).

De Gaulle CharlesLe problème polonais est l'un des principaux abordés par la conférence qui réunit à Yalta (Crimée), du 4 au 11 février 1945, Staline, Churchill et Roosevelt. Churchill est très méfiant à l'égard de Staline, et Roosevelt (réélu pour la quatrième fois en novembre 1944 président des États-Unis) s'intéresse surtout à la victoire contre le Japon et à l'Organisation des Nations unies – de plus, il est très malade, comme l'est aussi son premier conseiller Harry Lloyd Hopkins (1890-1946). Et pourtant, c'est à Yalta que sont prises les décisions qui conditionneront pour de longues années l'avenir du monde. En Extrême-Orient, Roosevelt obtient par un accord secret l'engagement de Staline d'entrer en guerre contre le Japon, trois mois après la défaite allemande, moyennant la cession à l'URSS de la moitié de Sakhaline, des îles Kouriles, de Port-Arthur et du chemin de fer de Dairen.

En Europe, les trois Grands proclament leur volonté d'« aider les peuples libres à former des gouvernements provisoires largement représentatifs de tous les éléments démocratiques qui s'engageront à établir par des élections libres des gouvernements correspondant à la volonté des peuples ». Il est admis que les frontières de la Pologne incluront le sud de la Prusse-Orientale (moins Königsberg, annexé par l'URSS.[→ Kaliningrad]) et suivront à l'est la ligne Curzon et à l'ouest les cours de l'Oder et de la Neisse. Il est prévu que le gouvernement polonais de Lublin ne sera reconnu par Londres et Washington qu'après s'être élargi. En Allemagne, ce sont les trois Grands qui détiendront l'« autorité suprême » sous la forme d'un Conseil de contrôle, auquel la France sera invitée à participer. La répartition des zones d'occupation des armées (convenue à Québec en septembre 1944) est confirmée, mais une zone prise sur celle des Anglais et des Américains sera confiée à la France.

L'organisation de la paix sera le fait d'une conférence des Nations unies convoquée à San Francisco le 25 avril 1945 (→ conférences de San Francisco). Mais les décisions de son Conseil de sécurité exigeront un vote affirmatif de chacun de ses cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS). C'est l'origine du droit de veto, qui limitera beaucoup son efficacité.

La capitulation de l'Allemagne

Au lendemain des accords de Yalta (4-11 février 1945) commence la dernière bataille, qui, à l'est comme à l'ouest, se livre en territoire allemand.

 

  • À l'ouest, Eisenhower dispose de 93 divisions – 60 américaines, 14 britanniques, 5 canadiennes et 14 françaises (dont 4 bouclent les poches allemandes de Dunkerque, Lorient et Royan) – et de 4 brigades alliées (belge, hollandaise, polonaise et tchèque).
  • À l'est, l'Armée rouge est répartie en huit fronts : quatre d'entre eux joueront un rôle capital, celui de Malinovski, axé sur Vienne, celui de Rokossovski, sur la Poméranie, ceux de Joukov et de Koniev, sur Berlin. Ce dernier, qui a franchi l'Odra les 11 et 24 février, fait sa jonction avec Joukov en basse Silésie, tandis que Malinovski, entré à Budapest le 13 février, pénètre en mars en Autriche.
  • Au même moment, à l'ouest, les Alliés percent la ligne Siegfried et foncent sur le Rhin, qu'ils franchissent à Remagen (7 mars), à Oppenheim et près de Wesel (23-24 mars). Le 25 mars, la totalité de la rive gauche du Rhin est aux mains des forces d'Eisenhower.
  • La Hollande est isolée par les Britanniques, qui arrivent le 19 avril sur l'Elbe. Le 1er avril, les Américains ont encerclé la Ruhr (où 18 divisions capitulent) et marchent aussitôt sur l'Elbe en direction de Magdebourg et de Leipzig, tandis que Patton, entré à Francfort le 29 mars, pénètre en Thuringe et s'arrête sur ordre le 18 avril à Plzeň (90 km de Prague).
  • Au sud, du 19 au 29 avril, les Américains atteignent Nuremberg, Ratisbonne et Munich ; le Français de Lattre pénètre en Forêt-Noire et au Wurtemberg, atteint Ulm (24 avril) et s'engage en Autriche ; le 4 mai, la division Leclerc prend Berchtesgaden.


Le suicide de Hitler

Le 13 avril, les Russes sont entrés à Vienne et, remontant le Danube, prennent liaison avec les Américains en aval de Linz. Du 16 au 20 avril, Joukov et Koniev rompent le front allemand de l'Oder et atteignent Berlin, conquis le 2 mai par l'Armée rouge. Le 30 avril, Hitler s'est suicidé après avoir désigné l'amiral Dönitz pour lui succéder. Des contacts s'établissent entre l'Armée rouge et les forces anglo-américaines, notamment à Torgau (Hodges-Koniev, le 25 avril) et près de Wismar (Dempsey-Rokossovski, le 3 mai). Malinovski et Koniev font leur jonction à Prague du 6 au 9 mai.

L'élimination de Mussolini

En Italie, le groupe d'armées Alexander débouche le 9 avril de la ligne gothique en direction du Pô. Ses troupes prennent liaison le 29 près de Turin avec l'armée française des Alpes, le 1er mai près de Trieste avec les forces yougoslaves de Tito et le 4 mai avec celles d'Eisenhower qui ont franchi le Brenner. Le 29 avril, le commandement allemand a signé à Caserte la capitulation de ses armées en Italie, en Autriche, en Styrie et en Carinthie. La veille, Mussolini a été exécuté par des partisans près du lac de Côme.

La reddition de la Wehrmacht

Le 4 mai, les troupes allemandes des Pays-Bas et du nord de l'Allemagne ont capitulé à Lüneburg entre les mains de Montgomery ; le 7 mai, l'amiral Dönitz mandate le général Jodl pour signer à Reims la reddition inconditionnelle de l'ensemble de la Wehrmacht aux armées alliées et soviétiques. Elle est confirmée le lendemain à Berlin par le maréchal Keitel en présence des généraux Joukov, Tedder, Spaatz et de Lattre. Le 22 mai, les Alliés font prisonniers tous les membres du gouvernement fantôme de Dönitz à Flensburg : l'Allemagne vaincue a ainsi perdu toute existence politique.

La défaite et la capitulation du Japon

Après le désastre subi en octobre 1944 par la marine japonaise près de l'île de Leyte (Philippines), les Américains mettent deux mois à en chasser les troupes nippones. Ils doivent désormais faire face aux kamikazes, les avions-suicides. En janvier 1945, MacArthur attaque Luzon – la plus grande des Philippines – et entre à Manille après trois semaines de combats, le 25 février. Sans s'attarder à la conquête de Mindanao, il entame aussitôt la bataille pour les avancées du Japon. Le 19 février, l'amiral Nimitz débarque à Iwo Jima, et, le 1er avril, à Okinawa, où, à 600 km du Japon, une furieuse bataille s'engage pour la conquête de l'île, achevée le 21 juin.

Le Japon acculé

Le 5 avril, la dénonciation par Staline du traité de neutralité nippo-soviétique du 13 avril 1941 provoque à Tokyo la démission du cabinet du général Koiso. Son successeur, l'amiral Suzuki, tente vainement d'obtenir une médiation soviétique. Mais, le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine exigent, par un ultimatum, une capitulation sans condition qui est repoussée par Suzuki. Le Japon, dont les troupes sont chassées de Birmanie et se replient en Chine, est dans une situation désespérée : sa flotte n'existe plus, et le pays est soumis depuis juillet à une violente offensive aérienne alliée qui ne rencontre plus aucune opposition. C'est alors que, voulant précipiter la fin de la guerre, le président Harry S. Truman, qui a succédé à Roosevelt, décédé le 12 avril, décide d'employer contre le Japon la bombe atomique expérimentée en grand secret par les États-Unis le 16 juillet 1945. Le 6 août, une première bombe détruit Hiroshima, et une deuxième Nagasaki le 9.

La capitulation du Japon

Entre-temps, le 8 août, l'URSS a déclaré la guerre au Japon, et, le 14, signe à Moscou un traité d'alliance avec la Chine. Les troupes soviétiques aux ordres du maréchal Vassilevski entrent aussitôt en Corée (9 août) et en Mandchourie, où elles prennent Moukden (aujourd'hui Shenyang) le 15. Dès le 10, le gouvernement japonais fait savoir qu'il accepte les termes de l'ultimatum du 26 juillet, et, le 14, capitule sans condition. Le 16, l'empereur japonais donne à toutes ses forces l'ordre de cesser le combat. Dix jours plus tard, les Américains débarquent au Japon. Le 2 septembre, l'acte solennel de capitulation est signé en rade de Tokyo, devant le général MacArthur, sur le cuirassé américain Missouri (le général Leclerc y représente la France).

Dernière réunion des trois Grands : Potsdam, 17 juillet – 2 août 1945

Si la vigueur de la résistance allemande a maintenu jusqu'à la capitulation du IIIe Reich l'unité d'action de ses vainqueurs, leurs relations, depuis Yalta (février 1945), n'ont cessé de se détériorer. Sans se soucier des engagements qu'il avait signés, Staline entend profiter aussitôt de sa victoire en installant des gouvernements communistes dans tous les pays libérés par l'Armée rouge, qui doivent devenir des États vassaux de l'URSS. Ainsi que l'écrit Churchill en mai 1945, « un rideau de fer s'est abattu derrière le front soviétique ». Si les Américains, puis les Anglais parviennent à se faire admettre à Berlin le 3 juillet, leurs troupes se sont repliées dans les limites des zones d'occupation et, suivies d'une immense foule de réfugiés allemands, ont évacué à cette date la ligne de l'Elbe, la Saxe, le Mecklembourg et la Thuringe, tandis que les Soviétiques s'avancent jusqu'à Erfurt et Eisenach, à 150 km du Rhin.

Mais c'est encore le problème polonais qui cristallise la crise entre les vainqueurs. En juin 1945, Staline, qui a invité à Moscou seize représentants des tendances non communistes de la résistance polonaise, les fait arrêter et condamner par un tribunal militaire soviétique. Cette fois, la réaction américaine est d'autant plus vive que l'attitude du président Truman vis-à-vis de Staline est beaucoup plus réservée que celle de Roosevelt. Pour sortir de l'impasse, une ultime conférence des trois Grands est réunie le 17 juillet à Potsdam avec Staline, Truman et Churchill, qui, battu aux élections générales anglaises, cède la place le 26 juillet à Clement Attlee, nouveau chef travailliste du cabinet britannique. Un compromis est adopté pour la Pologne : les Anglais et les Américains reconnaissent le gouvernement provisoire (et prosoviétique) de Varsovie, et les trois fixent provisoirement la frontière ouest du pays à la ligne de l'Oder et de la Neisse occidentale.

La conférence statue ensuite sur des questions moins épineuses telles que la démilitarisation et la dénazification de l'Allemagne, le jugement des criminels de guerre, les réparations, la répartition des zones d'occupation en Autriche, l'évacuation de l'Iran, la révision de la convention de Montreux sur les Détroits, le maintien du statut international de Tanger et l'indépendance de la Corée. En prévision de la défaite du Japon, des lignes de démarcation militaires sont fixées entre ses vainqueurs : en Corée, le 38e parallèle entre Soviétiques et Américains ; en Indochine, le 16e entre Chinois et Britanniques. La préparation des traités de paix est confiée au Conseil des ministres des Affaires étrangères d'URSS, des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France et de Chine, qui siégeront à Londres et à Paris. Dès le lendemain (3 août) de la publication de ces accords, la France, qui n'a pas participé à la conférence, exprime ses réserves sur le fait de n'avoir pas été consultée sur le sort de l'Allemagne.

Une drôle de paix

Si l'été de 1945 marque la fin de la guerre, il est difficile de dire qu'il inaugure réellement la paix.  Dans le monde entier, les séquelles de cette immense conflagration engendrent en effet d'inextricables conflits entre le monde occidental et le monde soviétique : à Berlin, isolé en zone soviétique mais occupé par quatre puissances ; dans les Balkans, « satellisés » par l'URSS, sauf la Grèce, en proie à la guerre civile ; en Iran ; dans la Chine victorieuse, mais qui, dès octobre 1945, entre aussi dans une guerre civile ; dans la Corée et l'Indochine divisées…

En même temps, la ruine de l'Europe incite les peuples colonisés d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient, où la Ligue arabe s'est constituée le 22 mars 1945, à secouer au plus vite le joug des « métropoles » pour prendre en main leur destin ; conscients de l'affaiblissement des puissances coloniales et encouragés par l'hostilité au système colonial des deux nouvelles puissances dominantes (États-Unis et URSS), les leaders des mouvements de libération, issus des élites occidentalisées, réclament l'application du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, proclamé par l'article 1er de la Charte des Nations unies en 1945. Alors que la question de l'Allemagne n'est pas près de son règlement, plusieurs traités de paix seront néanmoins signés à Paris en 1947, avec la Finlande, l'Italie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

Quant au Japon, il est démilitarisé, doté d'une Constitution démocratique, occupé et contrôlé étroitement par les États-Unis ; il signera avec eux (mais pas avec l'URSS) le traité de San Francisco en 1951 (→ conférences de San Francisco). Si la Première Guerre mondiale a été qualifiée de guerre totale, notamment en raison de mobilisation sans précédent de tous les acteurs de la société, la Seconde Guerre mondiale a été une guerre d'anéantissement, dans laquelle les victimes civiles se comptent autant que les morts au combat.

Les « personnes déplacées »

La guerre a provoqué des déplacements de population très importants. Ils furent tantôt « spontanés », tel l'exode des personnes fuyant la Wehrmacht en 1940-1941 ou l'Armée rouge en 1944-1945 ; tantôt ils furent organisés, surtout par le Reich, tels le retour en Allemagne des ressortissants des colonies allemandes des pays Baltes ou d'Europe centrale, les implantations de colons allemands en Pologne et dans les Ardennes, de colons néerlandais en Ukraine – sans oublier les 7 millions de travailleurs étrangers transférés de force en Allemagne. Toutefois, le mouvement le plus important fut celui d'environ 12 millions d'Allemands qui, en 1945 – par peur de tomber sous l'autorité soviétique – gagnèrent les zones occupées par les Anglais, les Américains ou les Français. On estime à environ 30 millions le nombre de personnes ainsi « déplacées » du fait de la guerre.

Des coûts humains sans précédent

AuschwitzLes évaluations, toujours approximatives, du total des pertes de la Seconde Guerre mondiale varient entre 40 et 50 millions de morts (10 millions de morts et 20 millions de blessés lors de la Première). Mais, alors que ceux de 1914-1918 (où 68 millions d'hommes furent mobilisés) étaient en grande majorité des militaires, les morts de 1939-1945 comportent à peu près autant de civils que de soldats (92 millions d'hommes mobilisés). Cette proportion de victimes civiles est due aux caractères particuliers du conflit : généralisation des bombardements aériens bien sûr, mais surtout liquidation physique (chambre à gaz, massacres, etc.) par les Allemands de plusieurs millions de Juif

Moulin Jean

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Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers où son père était professeur d'histoire et conseiller général radical-socialiste de l'Hérault

Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers où son père était professeur d'histoire et conseiller général radical-socialiste de l'Hérault

Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers où son père était professeur d'histoire et conseiller général radical-socialiste de l'Hérault. Bachelier en 1917, il s'inscrit à la faculté de droit de Montpellier et entre parallèlement comme attaché au cabinet du préfet de l'Hérault. Jean Moulin est mobilisé en avril 1918 et envoyé dans les Vosges où le surprend l'armistice de novembre 1918. Licencié en droit, il entre très tôt dans la carrière préfectorale : d'abord secrétaire général de Préfecture à Montpellier, il est en 1925 le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville en Savoie.

Il est successivement sous-préfet de Châteaulin (1930-1933), de Thonon (1933) puis secrétaire général de la Somme (1934-1936). Il a également appartenu à plusieurs cabinets ministériels et notamment celui de Pierre Cot, Ministre de l'Air dans le gouvernement du Front populaire d'où il s'engage dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Nommé préfet en mars 1937, il est, là encore, le plus jeune préfet de France et est nommé à Rodez en 1938 puis à Chartres l'année suivante. Lorsque la guerre éclate, il veut rejoindre les troupes, mais il est maintenu en affectation spéciale à Chartres où il fait face à l'exode de la population.

 

Le 17 juin 1940, il reçoit alors les premières unités allemandes ; les autorités d’occupation veulent lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d'avoir commis des atrocités envers des civils à Saint-Georges-sur-Eure, en réalité victimes des bombardements allemands. Maltraité et enfermé parce qu'il refuse de signer, il se tranche la gorge. Soigné in extremis par les Allemands, il reste à son poste avant d'être, comme préfet de gauche, révoqué par Vichy début novembre ; il part pour la zone sud, s'installe dans la maison familiale de Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône) et prend contact avec les principaux mouvements de résistance de zone sud.

 

En septembre 1941, il quitte la France par ses propres moyens pour rejoindre l'Angleterre depuis le Portugal après avoir traversé l'Espagne. A Londres, il est reçu par le général de Gaulle auquel il fait le compte-rendu de l'état de la résistance en France et de ses besoins. Rapidement convaincu de l'intelligence et des capacités de son interlocuteur, le chef des Français libres renvoie Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d'unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique. Avec des moyens financiers et de transmission, Jean Moulin est parachuté sur les Alpilles le 2 janvier 1942 à 3h30 du matin. Il installe son Q.G. à Lyon.

 

Délégué général du général de Gaulle, "Rex", alias Moulin, commence à mener à bien sa tâche complexe et délicate en zone sud. Il rencontre Henri Frenay, Emmanuel d'Astier et Jean-Pierre Lévy, respectivement responsables des trois principaux mouvements de la zone sud Combat, Libération et Franc-Tireur, leur apporte une aide financière, parvient, non sans mal, à aplanir leurs différends. Son action aboutit, en octobre 1942 à la création de l'Armée secrète (AS), fusion des groupes paramilitaires de ces trois grands mouvements, dont le commandement est confié au général Delestraint puis, au début de l'année 1943, à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) rassemblant Combat, Libération et Franc-Tireur. Grand amateur d'art et dessinateur lui-même, l'ancien préfet Jean Moulin ouvre entretemps une galerie d'art à Nice, la galerie Romanin (son propre pseudonyme d'artiste), qui lui sert de couverture.

 

En février 1943, Jean Moulin se rend à nouveau à Londres où il rend compte de sa mission et est décoré par le général de Gaulle de la Croix de la Libération. De retour en France le 20 mars par une opération Lysander, "Rex" devenu "Max" est le seul représentant du général de Gaulle pour la Résistance. Ses efforts dans toutes les directions, malgré certaines réticences, aboutissent bientôt à la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient sous sa présidence au 48 de la rue du Four à Paris, le 27 mai 1943. Il s'agit d'un conseil réunissant les responsables de mouvements de résistance des deux zones mais aussi des responsables politiques et syndicaux. Important politiquement car il symbolise aux yeux du monde - et surtout des Alliés - l'unité française, le CNR adopte lors de sa première réunion une motion reconnaissant le général de Gaulle comme le seul chef politique de la France combattante.

 

Dans le but d'organiser rapidement la relève à la tête de l'Armée secrète qui vient d'être décapitée par l'arrestation à Paris du général Delestraint, Moulin en convoque les responsables pour le 21 juin 1943 à Caluire, dans la banlieue de Lyon, chez le Docteur Dugoujon. Mais à la suite de dénonciations, la police de sécurité allemande (SIPO-SD) menée par Klaus Barbie intervient : tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc. Sauvagement torturé par les hommes de Barbie qui l'identifie après deux ou trois jours, Jean Moulin est transféré début juillet avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume "d'interroger" des personnalités importantes ; tous ses tortionnaires s'acharnent sur lui mais en vain, il ne parlera jamais.

 

Devant cet échec, Berlin exige son transfert. C'est dans le train qui l'emmène en Allemagne, quelque part entre Metz et Francfort, alors qu'il n'a déjà plus figure humaine, qu'il meurt le 8 juillet 1943. Ses cendres, jusqu'alors déposées au Père Lachaise, ont été transférées au Panthéon le 19 décembre 1964. Juin 1940. Face à L'exode, Jean Moulin, préfet d'Eure-et-Loir, n 'abandonne pas son poste et reste à Chartres pour protéger les populations. Les nazis l'arrêtent et Le torturent pour qu'il signé une note accusant Les troupes sénégalaises de l'armée française de mas­sacres sur les civils, en fait mitraillés» sur Les routes par les avions italiens... Plutôt que de céder sous la torture, Jean Moulin tente de se suicider en se tranchant La gorge dans la nuit du 17 au 18 juin 1940. Les nazis Le sauvent de justesse. Jean Moulin est révoqué par Vichy le 2 novembre 1940.

 

Je ne peux pas signer. Je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination qui n'a pu être conçue que par des sadiques en délire. Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l'armée française et me déshonorer moi-même. Tout plutôt que cela, tout, même la mort. La mort ? Elle ne me fait pas peur [...]. Mon devoir est tout tracé. Les boches verront qu'un Français aussi est capable de se saborder. Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me deman­der des comptes, ma mère, qui m'a donné la vie, me pardon­nera lorsqu'elle saura que j'ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu'elle n'ait pas, elle, à rougir de son fils. - Journal de Jean MOULIN - Premier combat  - Éditions de Minuit, 1947/1983.

Paulus Friedrich

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Paulus lors de sa rédition aux troupes Russes

Paulus lors de sa rédition aux troupes Russes

Friedrich Wilhelm Ernst Paulus (23 septembre 1890 - 1er février 1957) est un maréchal allemand de la Seconde Guerre mondiale. Il fut le commandant de la 6ème armée allemande pendant la bataille de Stalingrad. On associe quelquefois à tort von à son nom car un grand nombre de généraux étaient issus des rangs des aristocrates prussiens, mais lui venait en fait d'un milieu relativement humble. Ce qui constitua sans doute une raison supplémentaire pour Hitler de lui faire gravir rapidement les échelons de la hiérarchie militaire.

Lors de la bataille de Stalingrad, il obéit, contre tout bon sens, aux ordres de Hitler de tenir à tout prix ses positions alors que l'Armée Rouge du maréchal Georgi Joukov avait enfoncé en novembre 1942 les faibles flancs de la défense allemande tenus par les alliés de l'Axe (des unités roumaines et italiennes) et que les troupes allemandes étaient encerclées dans la ville sans possibilité d'être secourues. L'effort de l'armée du groupe Don d'Erich von Manstein pour briser l'encerclement échoua en partie à cause de son manque de discernement et de son refus d'évacuer la ville. La 6e armée fut anéantie à Stalingrad sous la pression des troupes soviétiques au cours des mois de décembre 42 et janvier 43. Sous l'ordre de Paulus, les troupes allemandes résistèrent jusqu'au 2 février 1943.

Quelques jours auparavant, le 30 janvier, Hitler avait élevé Paulus à la dignité de Feld-maréchal, ce qui était une manière déguisée de lui confirmer son ordre de lutter jusqu'à la mort, car, dans toute l'histoire allemande, aucun Maréchal ne s'était jamais rendu à l'ennemi. Paulus s'y refusa cependant, et, prisonnier, il devint même un critique du régime nazi, servant la propagande de guerre soviétique. Il fut ensuite un témoin à charge lors des procès de Nuremberg. Paulus est né à Breitenau en Hesse-Nassau, fils d'un professeur d'école. Il essaya sans succès d'entrer comme cadet dans la marine impériale, puis étudia brièvement le droit à l'université de Marburg. Après avoir quitté l'université sans diplôme, il rejoignit le 111e régiment d'infanterie comme cadet en février 1910.

Il épousa Elena Rosetti-Solescu le 4 juillet 1912. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, son régiment fit partie de l'attaque en France. Il combattit dans les Vosges et autour d'Arras à l'automne 1914. Après une absence du front pour maladie, il rejoignit l'Alpenkorps comme officier d'état-major, servant en Macédoine, en France et en Serbie. Il termina la guerre comme capitaine. Après l'Armistice, Paulus combattit avec les Freikorps dans l'est comme adjoint de commandant de brigade. Il restera dans des grades subalternes de la nouvelle Reichswehr créé après la traité de Versailles et fut assigné au 13e régiment d'infanterie comme commandant d'une compagnie.

Il servit à différente fonctions d'état-major pendant plus d'une décennie (1921-1933) puis commanda brièvement un bataillon motorisé (1934-1935) avant d'être nommé responsable d'état-major aux quartier général des Panzer en octobre 1935, une nouvelle formation sous le commandement du général Oswald Lutz qui dirigeait l'entrainement et le développement des trois divisions panzer de l'armée. En février 1938, Paulus fut nommé Chef des Generalstabes du nouveau XVI corps d'armée (Motorisiert), qui succédait au commandement de Lutz. Guderian le décrivit comme « brillament intellogent, consciencieux, travailleur, original et talentueux  » mais avait déjà des doutes sur sa capacité de décision, sa dureté. Il resta dans cette fonction jusqu'en [mai 1939] quand il fut promu comme Generalmajor (général de division) et devint chef d'état-major pour la 10e armée allemande.

Avec cette unité, il servit lors de l'invasion de la Pologne en septembre 1939 puis sur le front de l'Ouest, lors de l'offensive sur les Pays-Bas et la Belgique (pour celle-ci son unité avait été renommée en 6e armée). Paulus fut promu Generalleutnant (général de brigade) en août 1940 et le mois suivant fut nommé adjoint au chef d'état-major général (OQu I). Dans ce rôle, il contribua à l'élaboration des plans pour l'invasion de l'Union soviétique. Paulus fut promu General der Panzertruppen (général des troupes blindées) et devint commandant de la 6e armée allemande en janvier 1942 et conduisit l'offensive jusqu'à Stalingrad. Paulus suivit les ordres d'Hitler de tenir la position allemand à Stalingrad dans tous les cas, malgré le fait que dès novembre il était complètement encerclé par de puissantes formations soviétiques.

Malgrè le significatif effort du groupe d'armée du Don sous les ordres du maréchal Erich von Manstein pour faire la jonction échoua. Les Allemands ne disposaient plus d'assez de forces pour briser l'encerclement soviétique de la 6e armée allemande et Hitler refusa de permettre à Paulus de tenter une percée pour s'échapper de Stalingrad bien que Mantstein lui ai dit que c'était la seule solution pour sauver la 6e armée. Pendant les deux mois suivants, les troupes de Paulus résistèrent. Cependant le manque de munitions, la détériration de l'équipement et de la condition physique des soldats allemands rendait cette résistance de moins en moins efficace. La bataille provoqua des pertes énormes des deux cotés et une souffrance difficilement imaginable.



8 janvier 1943, le général Konstantin Rokossovsky, commandant du front du Don de l'armée rouge offrit aux hommes de Paulus une rédition aux conditions honorables. Rokossovsky notifia également à Paulus qu'il était presqu'arrivé à une situation intenable. A ce moment, il n'y avait plus d'espoir pour Paulus d'être relevé ou ravitaillé par les airs et ses hommes n'avaient pas de tenu d'hiver. Cependant quand Paulus demanda à Hitler l'autorisation de se rendre, Hitler rejeta la demande et lui ordonna de tenir Stalingrad jusqu'au dernier homme. Après une importante attaque russe qui coupa la dernière piste d'évacuation aérienne, les Soviétiques refirent une proposition de reddition à Paulus. De nouveau Hitler ordonna à Paulus de tenir Stalingrad jusqu'à la mort. Le 30 janvier, Paulus informa Hitler que ses hommes n'étaient qu'à quelques heures de l'effondrement.

Hitler répondit en annonçant par radio une série de promotions et de décorations pour les officiers de Paulus pour maintenir leurs esprit de combat et renforcer leur volonté de tenir le terrain. Plus significativement, il promu Paulus comme Feld-maréchal. Par cette promotion, Hitler fit la remarque qu'aucun maréchal dans l'histoire allemande ne s'était rendu. Pour Hitler, cela signifiait qu'il attendait un suicide de Paulus car en se rendant, selon lui il déshonorerait l'histoire allemande. Malgré cela, et au grand dégoût d'Hitler, Paulus et son état-major se rendirent le lendemain, le 31 janvier 1943. Le 2 février le reste de la 6e armée allemande capitulèrent. Bien qu'ayant refusé de collaborer avec les Soviétiques dans un premier temps, après l'attentat du 20 juillet contre Hitler, Paulus devint une voie critique contre le régime nazi alors qu'il était en captivité, rejoignant le Comité national pour une Allemagne libre, parrainé par les Soviétiques et appelant les Allemands à se rendre. L'annonce des procès contre les principaux criminels de guerre allemands suscita en novembre 1945 une grande agitation parmi les officiers capturés qui avaient combattu à Stalingrad : un des chefs d'accusation concernait le meurtre de 40 000 civils.

Les subordonnés de Paulus rejetaient toute responsabilité là-dessus et se retranchaient derrière ses ordres. C'est ce qui le poussa sans doute à collaborer avec l'Union Soviétique : il fit savoir à l'officier de liaison du NKVD qu'il souhaitait témoigner au sujet de la préparation de la campagne de Russie et de ce qu'il savait sur le Gouvernement général. Sous le pseudonyme de Satrap et sous protection soviétique, il fut emmené discrètement en Allemagne au début de 1946 et fut le 11 février témoin de l'accusation devant le tribunal. Il expliqua son propre rôle lors de la préparation de l'opération Barbarossa et sur son caractère de guerre de conquête et de destruction que les accusés ne pouvaient pas ignorer. Interrogé sur les principaux coupables, il désigna Wilhelm Keitel, Alfred Jodl et Hermann Goering. La défense n'arriva pas à affaiblir ses affirmations en lui reprochant son propre rôle dans l'État-major général, dans la 6ème armée et dans le NKVD, car le juge ne considéra pas ces aspects comme importants.

La déclaration de Paulus satisfaisait parfaitement les attentes des responsables soviétiques, mais Paulus n'obtint à vrai dire rien en échange : il lui fut interdit de dire au revoir à sa femme gravement malade : on n'en voyait pas l'utilité ! Elle mourut en 1949 sans avoir revu son mari. L'attitude du feld-maréchal ne convainquit pas les soldats et les officiers prisonniers des Russes : la plupart le tenaient pour quelqu'un de méprisable et estimaient qu'il n'était pas moins coupable que Keitel, Jodl et Göring. Pour cette raison, plusieurs pensaient qu'il passerait lui-même ensuite en jugement.

Après son retour, Paulus ne fut pas ramené au camp, mais fut installé dans une datcha à Tomilino. Il y retrouva les généraux Vincenz Müller et Arno von Lenski ainsi que son officier d'ordonnance, le colonel Adam. En convalescence après une tuberculose pulmonaire, ils passèrent deux mois en Crimée pendant l'été 1947. Le régime changea en 1948, quand - contrairement à Paulus lui-même – ses compagnons furent relâchés et qu'on ne laissa avec lui que deux prisonniers de guerre allemands comme cuisinier et comme ordonnance. Cette situation et les mauvaises nouvelles sur la santé de sa femme, aristocrate roumaine, (de plus en plus malade) provoquèrent chez lui une dépression.

Aussi, en juin 1948, demanda-t-il à être rapatrié en zone orientale de l'Allemagne, car il voulait aider à la construction d'une Allemagne démocratique étroitement liée à l'Union Soviétique. Apparemment il escomptait avoir ainsi des chances plus grandes d'être libéré, mais cette demande resta sans réponse. Paulus avait le sentiment que l'on avait commencé à instruire contre lui. Les sorties au théâtre de Moscou ne lui étaient plus permises, il ne recevait plus la visite de fonctionnaires et on lui avait enlevé sa radio sous un prétexte quelconque. Cependant en 1949, bien qu'il existât contre lui des charges assez lourdes, il n'était toujours pas accusé.

La mort de sa femme en novembre 1949 lui fut cachée pendant quatre semaines : on voulait éviter que Paulus refusât désormais d'aller vivre en RDA, puisque le fils et la fille qui lui restaient habitaient tous deux en RFA. Pour cette raison, si on donna un accord de principe à une nouvelle demande en mai 1950, la permission définitive n'arrivait toujours pas. Dans un rapport de 1953, on disait bien : « Le rapatriement de Paulus est repoussé jusqu'à un ordre exprès, on n'a plus à en parler. » Il ne pouvait être question pour lui de s'installer qu'en Allemagne de l'Est, puisqu'à l'ouest son image était très mauvaise à la suite d'un roman de Theodor Plivier, dont le thème était les évènements de Stalingrad ; au reste il aurait pu être accusé devant un tribunal d'Allemagne de l'Ouest. En septembre 1953, il eut encore une entrevue avec Walter Ulbricht au cours de laquelle on parla de son retour.

Avant que Paulus montât dans le train pour Francfort-sur-l'Oder avec ses deux domestiques le 24 octobre 1953, il écrivit une nouvelle fois pour parler de son dévouement envers l'Union Soviétique ce qui, aux yeux du public allemand, fit définitivement de lui un traître qui avait tourné casaque. Le 26 octobre 1953 Paulus foula pour la première fois depuis 1946 le sol allemand : sur le quai l'attendaient Arno von Lenski et Wilhelm Adam. Ils se rendirent ensuite à Berlin-Est à une réception officielle donnée par la direction d'État et du parti de RDA. Son nom avait gagné en importance depuis qu'Adenauer, le chancelier fédéral, avait ancré à l'Ouest la RFA.

Apparemment on voulait lui opposer des figures connues qui soutenaient la RDA. On le logea donc dans une villa de Dresde, dans le quartier de Weisser Hirsch, et il reçut le privilège de porter une arme et de disposer d'une voiture d'Allemagne de l'Ouest, une Opel Kapitän. Il n'en fut pas moins soumis après son arrivée à la surveillance de la Stasi: tous ses employés appartenaient aux services secrets, son courrier était espionné, son téléphone et son logement surveillés. On ne lui donna aucun poste où il aurait pu avoir de l'influence en RDA, sa fonction officielle était de diriger le bureau de recherche d'histoire de la guerre à la Haute École de la Police populaire en caserne. (Il fut entre autres l'un des principaux auteurs des Instructions de service de l'armée populaire nationale de la RDA). Paulus s'occupait dans ses écrits, et à l'occasion de conférences, de la bataille de Stalingrad, pour le reste il menait la vie des notables locaux et passait volontiers des soirées entre vieux soldats.


Friedrich von Paulus

De fait, il avait alors des difficultés à établir le contact avec ses compatriotes et s'entendait mieux avec les généraux soviétiques. En 1955 il fut associé à l'initiative « Rencontres panallemandes entre officiers » qui visait à empêcher le réarmement des deux Allemagne. Cette initiative le vit s'efforcer d'obtenir la libération des derniers prisonniers de guerre. Pour cela, il s'adressa à la direction de la RDA qui n'y avait, à vrai dire, aucun intérêt. La deuxième rencontre appela à la résistance nationale contre la politique menant à une séparation durable de l'Allemagne. Cet appel, et aussi la participation d'officiers de la Waffen-SS, amenèrent la RDA à faire cesser ces rencontres.

Par la suite Paulus se retira de la vie publique, avant tout pour des raisons de santé (depuis 1955/56 il souffrait de paralysie bulbaire avec sclérose latérale amyotrophique, une affection du système nerveux central qui conduit à la paralysie des muscles en toute lucidité intellectuelle). L'aggravation rapide de son état de santé l'empêcha de terminer une étude sur la bataille de Stalingrad. Il mourut vers la fin de l'après-midi le 1er février 1957 dans sa villa de Dresde et fut inhumé avec les honneurs militaires au cimetière de Dresde-Tolkewitz.

Oberg Karl Albrecht

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Karl Oberg, ou Carl-Albrecht Oberg, né le 27 janvier 1897 à Hambourg (Allemagne) et décédé le 3 juin 1965 à Flensburg (Allemagne), est un général SS de la Polizeiführer (HSSPF) à Paris avec le titre de Obergruppenführer. Karl Oberg fait ses études dans la ville de Hambourg où il obtient son bac à l'âge de 17 ans. Dès le mois d'août 1914, il s'engage dans l'armée pour se retrouver en septembre sur le front français au grade de lieutenant. Il sera décoré de la Croix de Fer de 2e puis de 1ère classe. Il participe activement à la tentative de putsch de Kapp menée par l’extrême-droite allemande, en mars 1920, pour renverser le gouvernement de la République de Weimar.

Pierre Laval et Carl Oberg

Pierre Laval et Carl Oberg

Au retour de la guerre, il travaille chez un marchand de biens jusqu'en 1921. Il changera de métier plusieurs fois avant de se marier en 1923.En 1926, il s'installe de nouveau à Hambourg où il travaille à un poste de direction dans une société de fruits tropicaux. Durant la dépression de l'année 1930 où sévit le chômage, il s'installe à son compte près de l'hôtel de ville de Hambourg. En juin 1931, il adhère au NSDAP et, dix mois plus tard, il s'enrôle dans les SS. Toujours fidèle adepte du national-socialisme allemand, il devient responsable du NSDAP en 1933 à Munich, où il collabore avec Reinhard Heydrich et devient son bras droit dans les affaires de sécurité intérieure. Karl Oberg participe en tant que coordinateur au Putsch de Röhm au côté des SS. Il devient chef du SD-Hauptamt à Munich en 1938, et reçoit le commandement des unités SS du Mecklembourg en 1939, pour finalement devenir chef de la police (Polizeipräsident) de la ville de Zwickau (Allemagne).  En septembre 1941, Karl Oberg est nommé chef de la police et des SS dans le disctrict de Radom, dans le Gouvernement général de Pologne, où il participera à l'extermination des Juifs et à la chasse aux travailleurs Polonais .

Le 9 mars 1942, Hitler signe le décret dotant la France d'un "Chef suprême des SS et chef de la police" chargé d'organiser les rapports avec la police française. Le 5 mai 1942, voici donc Oberg nommé HSS-PF qui arrive à Paris avec le grade de SS-Brigadeführer, et prendra ses fonctions le 1er juin pour s'occuper de la lutte contre les réseaux de la résistance française et responsable de la question juive. Il aura les mêmes fonctions que Himmler en Allemagne. Lui et ses collaborateurs rendent le port de l'étoile jaune obligatoire, règlent et ordonnent la déportation d’environ 100 000 personnes dans les camps de la mort. A partir de cette époque, Oberg devenu SS-Obergruppenführer et général de la police parisienne, sera surnommé par les Français « Le boucher de Paris » .

Voilà ce qu'il écrira par une ordonnance le 10 juillet 1942

« J'ai constaté que ce sont souvent les proches parents d'auteurs d'attentats, des saboteurs et des fauteurs de troubles, qui les ont aidés avant ou après leur forfait. Je me suis donc décidé à frapper des peines les plus sévères non seulement les auteurs... mais aussi, au cas où ils seraient en fuite, les familles des criminels s'ils ne se présentaient pas dans les dix jours à un service de police allemande ou française. En conséquence, j'annonce les peines suivantes : 

1. Tous les proches parents masculins, les beaux frères et cousins des fauteurs de troubles au-dessus de l'âge de dix-huit ans seront fusillés.
2. Toutes les femmes parentes au même degré, seront condamnées aux travaux forcés.
3. Les enfants de toutes les personnes ci-dessus âgés de moins de dix-huit ans seront confiés à une maison de redressement.
»

Vers la fin de la guerre, les Allemands fuient vers l'Est, où Oberg se réfugie dans la ville de Plainfaing dans les Vosges pour y administrer un petit territoire. Le 20 juillet 1944 vers 20h, après l'attentat contre Hitler, Oberg fut arrêté par le général Walter Brehmer à la tête de la 325e Sicherungs-Division. A 22h30, après l’annonce de l’attentat manqué il fut libéré. A la Libération, Karl Oberg est fait prisonnier par les troupes américaines, jugé et condamné à mort en 1946 par les tribunaux alliés. De nouveau condamné à mort par les tribunaux français, le 9 octobre 1954 à Paris pour crimes de guerre, il fera appel de sa peine qui sera commuée en prison à perpétuité. Le Président de la République Vincent Auriol octroie une grâce individuelle à Karl Oberg. À nouveau, le Président de la République René Coty le grâcie en 1958. Condamné à la prison à vie, il sera libéré avec Helmut Knochen, en toute discrétion, de la prison de Mulhouse le 28 novembre 1962 par De Gaulle avant le traité de coopération franco-allemand signé le 22 janvier 1963. Oberg finira ses jours en liberté et s’éteindra le 3 juin 1965 à Flensburg (Allemagne).

Dannecker Theodor

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Abtransport jüdischer Männer ins Internierungslager der französischen Üplizei, Gare d'Austeritz, Paris, 15. Mai 1941, li. Theodor Dannecker, "Judenreferent" des Reichssischerungshauptamtes

Abtransport jüdischer Männer ins Internierungslager der französischen Üplizei, Gare d'Austeritz, Paris, 15. Mai 1941, li. Theodor Dannecker, "Judenreferent" des Reichssischerungshauptamtes

Theodor Dannecker (né le 27 mars 1913 à Tübingen, mort le 10 décembre 1945 à Bad Tölz) était un Hauptsturmführer (capitaine) SS, représentant d'Adolf Eichmann à Paris. Après avoir fréquenté une école de commerce, Dannecker a travaillé dans le secteur du textile puis est devenu en 1932 membre du Parti nazi et de la SS. En 1934 il appartenait à la SS-Verfügungstruppe (une unité spéciale paramilitaire de la SS), et un an plus tard en 1935, était membre du Sicherheitsdienst (SD), le service d'espionnage et de contre-espionnage des nazis. En mars 1937 Dannecker a obtenu une promotion au Service en charge des Juifs au quartier général du SD.

D'août 1940 à juillet 1942 Dannecker dirige le service de contre-espionnage nazi à l'antenne de la SD à Paris. En tant que chef, à Paris, de la section IV J de la Gestapo, en charge de la « question juive », il représente Eichmann, lui même dépendant de Reinhard Heydrich qui dirige l'Office central de sécurité du Reich, la RSHA. Il y a écrit un rapport sur « Le traitement de la question juive en France », en date du 1er juillet 1941, dit « rapport Dannecker », dans lequel on peut lire :

« En novembre 1940, un collaborateur de notre section aux questions juives a été délégué à la préfecture de police de Paris en qualité de représentant permanent de la section. À la suite de notre pression, un fichier juif complet et constamment tenu à jour a été constitué dans les plus brefs délais [il s'agit du fichier Tulard]. Ce fichier se subdivise en fichier simplement alphabétique, les Juifs de nationalités française et é trangère ayant respectivement des fiches de couleur différentes, et des fichiers professionnels par nationalité et par rue. Cette section préfectorale a développé au cours des trois derniers mois l'activité suivante :

 

  • 61 rapports sur des citoyens français
  • 45 rapports sur des Juifs
  • 28 enquêtes sur des Juifs français
  • 10 enquêtes sur des Juifs étrangers
  • 42 interrogatoires
  • 46 arrestations et internements
  • 102 enquêtes au sujet de participations juives dans des entreprises commerciales
  • 68 enquêtes sur des déclarati ons de Juifs. ».


Ce rapport Dannecker fournit ainsi une preuve supplémentaire de l'empressement des forces de l'ordre françaises à obéir aux ordres de l'occupant nazi, allant bien au-delà de l'article 3 de la Convention d'armistice du 22 juin 1940. En raison d'un usage abusif de son poste il a été rappelé en août 1942 à Berlin. À partir de janvier 1943 Dannecker a joué un rôle prépondérant dans la mise en œuvre de la « Solution finale de la question juive ».

 

Ainsi de janvier à septembre 1943 il a été responsable de la déportation des Juifs bulgares, entre septembre 1943 et janvier 1944 de celle des Juifs italiens et au premier semestre 1944 de celle des Juifs hongrois. Theodor Dannecker est devenu avec Adolf Eichmann un « expert de la question juive » et le principal responsable, après son affectation en France, de l'extermination des Juifs européens. En décembre 1945 Dannecker a éte interné par l'Armée américaine dans la prison de Bad Tölz. Il s'y est suicidé le 10 décembre 1945. Il a été condamné à mort par contumace en France en 1950.

Kaltenbrunner Ernst

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Ernst Kaltenbrunner (4 octobre 1903 à Braunau en Autriche - 16 octobre 1946 à Nuremberg) fut l’un des principaux responsables du système policier nazi. Originaire de la même région d'Autriche (Linz) qu'Adolf Hitler, il suivit les traces de son père en faisant des études de droit à l'université de Graz. Après avoir travaillé de nuit pendant 2 ans pour payer ses cours à l'université, il s'incrivit au barreau de Linz en 1928.

Kaltenbrunner (front row, second from left) as spectator at a People's Court show trial following the failed 20 July plot.

Kaltenbrunner (front row, second from left) as spectator at a People's Court show trial following the failed 20 July plot.

Pendant ses études, Kaltenbrunner ne cessa pas d’avoir une activité politique et milita dans le Mouvement indépendant de la Libre Autriche, qui le conduisit au nazisme. En 1932, il adhéra au parti national-socialiste autrichien, dont il fut le 300 179e membre et, au début de 1933, aux formations SS plus ou moins camouflées qui commençaient l’infiltration des organismes de combat nazis en Autriche. Il y reçut le n° 13 039.

A la SS, il joua aussitôt un rôle de meneur et devint l’un des orateurs du parti en Haute-Autriche. En même temps, il organisa et donna des consultations juridiques gratuites aux membres et aux sympathisants du parti. Dans le courant de 1933, il fut nommé chef de la 37e brigade SS. Son activité attira l’attention de la police autrichienne. Arrête en janvier 1934, il fut envoyé au camp de concentration de Kaisersteinbruch avec quelques autres nazis autrichiens. Au camp, Kaltenbrunner réussit très rapidement à prendre un grand ascendant sur ses compagnons de captivité. Sa grande taille et sa force physique y contribuèrent plus que ses connaissances juridiques.

A Pâques, il organisa une grève de la faim qui fut d’abord générale puis, le secrétaire d’état Karwinsky étant venu lui-même inspecter le camp et ayant promis quelques améliorations matérielles, la grève cessa dans toutes les baraques à l’exception d’une seule, celle de Kaltenbrunner. Dans le courant de 1934, il fut nommé chef de la 8ème division SS, mais il ne participa pas à la tentative de putsch de juillet 1934, où Dollfuss fut assassiné.

Cette abstention le fit choisir par le gouvernement Schuschnigg comme l’un des nazis capables de faire aboutir la tentative de pacification politique entreprise en septembre 1934. Cette tentative échoua et, en mai 1935, Kaltenbrunner fut à nouveau arrêté et inculpé de haute trahison pour ses relations avec l’organisation SS allemande. Après un séjour de 6 mois en prison, il comparut devant un tribunal qui, faute de preuves, le condamna pour conspiration à une peine de 6 mois de prison, couverte par la prévention.

Il fut entre-temps radié du barreau pour son activité politique et fut nommé chef des SS autrichiens peu avant son arrestation. Libéré, Kaltenbrunner consacra son activité à l’Anschluss. Ce fut au cours de cette action, menée sur les directives venues d’Allemagne, que Kaltenbrunner fit la connaissance de Seyss-Inquart. En sa compagnie, il travailla à la préparation de l'Anschluss et fut nommé secrétaire d'état à la sécurité le 11 mars 1938, dans le cabinet de Seyss-Inquart. Après l'Anschluss auquel les nazis autrichiens contribuent activement, Hitler le nomma général de brigade SS, et Himmler lui confia la direction de la SS dans la partie autrichienne du Reich. Six mois plus tard, le 11 septembre 1938, il fut promu au grade de général de division SS, et devint à la même époque membre du Reichstag. L'aventure autrichienne terminée par l'Anschluss, Kaltenbrunner mena l'existence d'un parfait fonctionnaire SS.

Nommé successivement commandant en chef des SS et de la police pour les régions de Vienne et du Haut et Bas-Danube, puis, en avril 1941, général de la police: il devient un peu le Himmler autrichien mais sans pouvoir personnel, simple agent de transmission des ordres venus de Berlin. Le 30 janvier 1943, il est nommé chef du SD (service de sécurité) et de la RSHA (Reichssicherheitshauptamt - police de sécurité), succédant à Heinrich Himmler qui assurait ces fonctions depuis la mort de Reinhard Heydrich.

Les Einsatzgruppen, responsables de 600 000 exécutions à l'arrière du front Est, étaient donc directement sous les ordres de Kaltenbrunner à partir de cette date, ainsi que la Gestapo. Lors de l'insurrection de Vienne à la fin du conflit, Hitler l'envoie en personne se charger de mater la rébellion. Or la ville tombe avant que Kaltenbrunner s'y soit rendu. Ce dernier préfère alors se réfugier dans le "réduit Alpin" que de retourner à Berlin qui est menacé d'encerclement. Barricadé à la fin de la guerre dans la « forteresse alpine » près de Alt-Aussee, Kaltenbrunner y fut capturé par les Britanniques, transféré au Royaume-Uni pour y être interrogé, puis accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Procès de Nuremberg. Après s'être d'abord effondré, il nia toute responsabilité, refusant même de reconnaître sa propre signature sur des documents accablants. Condamné à mort, il est pendu le 16 octobre 1946 et aura pour derniers mots « Allemagne, bonne chance ».

Mussert Anton

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Anton Adriaan Mussert (1894-1946) était un homme politique néerlandais. Originaire du Brabant-Septentrional, il fait carrière dans le génie civil. Dans les années 1920, il milite dans plusieurs organisations d'extrême-droite, qui réclament le rattachement des Flandres aux Pays-Bas.

Rotterdam, 18 dec. NSB-leider Anton Mussert  comparait en justice

Rotterdam, 18 dec. NSB-leider Anton Mussert comparait en justice

 

Il est un des fondateurs, en 1931, du NSB (Nationaal-Socialistische Beweging in Nederland, Mouvement national-socialiste des Pays-Bas), mouvement d'inspiration fasciste puis nazie. En novembre 1936, il rencontre Adolf Hitler. Il devient le leader du mouvement en 1937.

Après l'invasion des Pays-Bas en mai 1940, il prône l'alliance avec les Allemands et l'abolition de la monarchie. Mussert espère être placé à la tête d'un État néerlandais indépendant, mais l'administration du pays est assumée par le dirigeant nazi autrichien Arthur Seyss-Inquart.

En 1941, le NSB est le seul parti néerlandais autorisé par l'occupant, et collabore ouvertement, dans les administrations civiles et locales. Ses effectifs atteignent alors 100000 membres. En septembre 1940, Mussert donne pour mission à un membre du NSB, Henk Feldmeijer, la formation d'une unité de SS néerlandais, (Nederlandsche SS). En mai 1945, il est arrêté pour collaboration avec l'occupant nazi. Il est fusillé le 7 mai 1946, à La Haye.


Degrelle Léon

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Léon Degrelle (15 juin 1906 à Bouillon, Belgique - 31 mars 1994 à Málaga, Espagne) Homme politique, écrivain, directeur de presse et journaliste belge, ancien combattant du front de l'est, Brigadeführer des Waffen S.S., Volksführer de Wallonie. Il est le fondateur du rexisme, une idéologie au départ nationaliste belge, proche du fascisme et anti-national-socialiste qui, durant la guerre, se rapprocha du national-socialisme, pour finir dans la collaboration la plus extrême. Léon Degrelle fut fortement influencé par l'œuvre et la pensée de Charles Maurras.

Léon Degrelle 31/03/1994 – 31/03/2014

Léon Degrelle 31/03/1994 – 31/03/2014

 

Il étudia le droit à l'Université Catholique de Louvain, mais ne termina pas ses études. Il fut durant l'année scolaire 1927-1928 le secrétaire de rédaction d'une revue d'action wallonne appellée L'Avant-Garde. Il est à noter que cette revue ne fit plus partie du mouvement wallon lorsqu'elle fit retour à l'unitarisme belge, ce qui provoqua la création du journal L'Ergot, organe de la Fédération wallonne des étudiants de Louvain, qui lui resta ouvert à la discussion sur le fédéralisme. On ne peut donc affirmer que Degrelle fut un militant wallon de par sa collaboration à l'Avant-Garde.

Après ses études, il devint directeur en 1930 de la maison d'édition Christus-Rex, maison dépendant de l'Action catholique. Issu d'un milieu conservateur, il se radicalisa assez rapidement et évolua vers des positions proches du fascisme. Degrelle fonde, en 1932, la revue nationaliste Rex, qui se transforme progressivement en instrument de propagande destiné à la diffusion de son idéologie: le rexisme. Le parti politique Rex, très influencé par le fascisme (Degrelle aurait rencontré plusieurs fois Mussolini), est par contre opposé à l'Hitlérisme. À la tête du quotidien Le Pays Réel, il réussit à faire élire 21 députés Rexistes lors des élections législatives du 24 mai 1936.

Parmi les élus de Rex on relève deux militants wallons notoires : Paul Collet, membre de l'Assemblée wallonne qui rompit avec Rex dès 1939, et Joseph Mignolet, écrivain d'expression wallonne, qui resta chef de Rex-Liège jusqu'en 1943 et dès ce moment participa activement à la collaboration intellectuelle au sein de la Propaganda Abteilung. Degrelle subit cependant un revers face à Paul Van Zeeland lors d'une élection partielle le 11 avril 1937, la veille le Pays Réel publiait un accord entre Degrelle et Staf De Clercq, président du Vlaamsch Nationaal Verbond qui était titré «Rex défend le programme suivant: la transformation du régime unitaire belge en un Etat fédéral». Lors des élections législatives de 1939, Degrelle ne retrouve que 4 de ses 21 députés élus trois ans plus tôt, et est lui-même élu député de Bruxelles (il n'avait pas été candidat en 1936).

Dans Politieke Geschiedenis van België sinds 1830, Standaard Uitgeverij, Anvers, 1985, (Tr.fr. La Belgique politique de 1830 à nos jours), Els Witte et Jan Craeybeckx insistent sur le fait que cet accord était un accord purement tactique entre un nationaliste flamand et un nationaliste belge (obligé cependant de composer avec la dualité foncière du pays). Ils ajoutent: l'accord ne fut pas du goût des patriotes belges (...) parmi lesquelles Rex comptait de nombreux sympathisants.... Pour les deux historiens, le succès de Rex reposait pour une grande part sur un malentendu. Somme toute, le nombre de fascistes convaincus n'était pas avant 1940, dans notre pays, aussi important que ne pouvait le laisser supposer le nombre de sièges obtenus par Rex en 1936. De nombreux votes rexistes provenaient de membres patriotes et anti-allemands de la classe moyenne, victimes de la dépression, qui s'estimaient également victimes des politiciens. En fait ces électeurs étaient plus soucieux de stabilité que d'agitation. Il n'y avait pas de place aux côtés du Roi, incarnation de la patrie, pour un dictateur.

Telles étaient les limites du fascisme, du moins du fascisme bruxellois et wallon. Quant aux véritables sentiments de Degrelle, ils ne furent jamais ceux d'un militant wallon. Dans l'espoir de convaincre Hitler de lui confier la direction de la Belgique, Degrelle, qui n'était pas un fédéraliste, se rangea pendant la Deuxième Guerre mondiale aux côtés des nazis. Il réussit, non sans mal, à se faire accepter. Il créa la Légion Wallonne et se rendit lui-même au front de l'Est. Degrelle, jadis admirateur du fascisme latin, se mit à proclamer que les Wallons et les Français du Nord, bien que romanisés, étaient en fait, eux aussi, des Germains (...) La collaboration belgiciste et wallonne avait un caractère très explicitement fasciste. Il ne pouvait évidemment y être question de ressentiment contre la Belgique. Le mouvement wallon avait plutôt cherché son inspiration à gauche. Aussi les collaborateurs wallons ne peuvent-ils pratiquement pas compter, à ce jour sur la compréhension de leur communauté...

Ce calcul politique de la part de Léon Degrelle en faveur d'une fédéralisation de la Belgique semble s'inscrire dans la tradition du Mouvement wallon ou, plus largement, dans la manière dont les Wallons réagirent au Mouvement flamand. Bien que depuis le 18 avril 1898, la loi Coremans-De Vriendt dite «Loi d'égalité» n'ait pas réellement donné un statut de langue officielle au néerlandais jusqu'alors réservé à la langue française, égal au statut de celle-ci, la menace est perçue. Pour une certaine petite bourgeoisie wallonne, il devient impossible de faire carrière en Flandre sans être bilingue. Plus fondamentalement, pour le monde politique wallon, il s'agit d'échapper à une minorisation tant politique que linguistique (les Flamands sont plus nombreux), en revendiquant l'autonomie de la Wallonie au sein de la Belgique: c'était la Flandre catholique qui maintenait en selle le gouvernement catholique, alors que le verdict des urnes était tout différent dans la Wallonie de gauche écrivent deux historiens flamands Ceci pour la période qui va de 1884 à 1914. Mais comme le font remarquer Els Witte et Jan Craeybeckx, Léon Degrelle n'était pas fédéraliste, et la signature de 1936 est avant tout un calcul politique.

Elle intervient d'ailleurs à une époque où les Flamands ont obtenu, par les lois de 1921, et par un vote du Parlement belge Flamands contre Wallons (le seul poids numérique des Flamands pouvait être majoritaire au Parlement belge, et les wallons unanimes, comme en 1921, étaient impuissants). Au contraire, plus tard, d'autres personnalités wallonnes, mais, elles-mêmes démocrates, comme André Renard voulurent le fédéralisme dans un autre esprit. André Renard par exemple considérait les thèses wallonnes comme une étape de la réalisation du socialisme. Lorsque la guerre commence, Degrelle approuve la politique de neutralité de Léopold III. Après l'occupation de la Belgique, le parti rexiste se déchire sur la forme de résistance à tenir, une partie du mouvement s'étant toujours voulu neutre voire réticente quant à une collaboration avec l'Allemagne nationale-socialiste (voir à ce sujet la Cohue de 40 de Léon Degrelle).

Arrêté le 10 mai 1940 comme suspect, il est emmené en France, et échappe de peu au massacre d'Abbeville (cf. le Dossier Abbeville, éd. Davidsfonds Leuven). Il est libéré au début de l'Occupation. Il retourne alors en Belgique et tente alors d'engager le rexisme dans une collaboration plus étroite avec le nazisme. Les autorités allemandes ne lui accordent que peu d'attention jusqu'au 21 juin 1941, lorsque commence l'invasion de l'URSS. Pariant sur une victoire finale de l'Allemagne, Degrelle décide de s'engager dans la guerre contre l’URSS en espérant qu'un Hitler victorieux saura récompenser la Belgique la guerre terminée. Degrelle combat avec l'Allemagne nationale-socialiste engagée en URSS. Il rejoint à cet effet en 1941 la Légion Wallonie (mise sur pied par Fernand Rouleau), qui combat au sein de la Heer (armée de terre - août 1941 - juin 1943), puis des Waffen-SS (juin 1943-mai 1945) sur le front russe. Parti comme simple soldat, il gagne ses galons, jusqu'à ceux de SS-Brigadeführer (général de brigade) le 2 mai 1945.

Auparavant, Hitler l'avait également nommé Volksführer der Wallonen (chef du peuple wallon) en novembre 1944, alors que la Belgique était déjà libérée par les Alliés. Le 20 février 1944, Adolf Hitler le décore de la Ritterkreuz (croix de chevalier de la Croix de Fer), une des plus hautes distinctions allemandes, à laquelle vient s'ajouter les feuilles de chêne (août 1944). Plus tard, Degrelle prétendra que Hitler lui aurait dit : « Si j'avais eu un fils, j'aurais aimé qu'il fût comme vous ». Le comté de Bourgogne (en Franche-Comté), détaché de la France, devait servir à la création d'un futur État SS modèle. Le régent devait en être Heinrich Himmler (Reichsführer-SS), le chancelier Léon Degrelle, chef de la SS Belge. À la fin du mois d'avril 1945, Léon Degrelle gagne, avec son chauffeur et deux officiers de son État-major (le Cpt Robert du Welz et le Lt Charles Generet) le Danemark puis la Norvège, deux pays toujours sous contrôle allemand. Il atteint Oslo, où le Gouverneur allemand Joseph Terboven leur propose un Heinkel He 111 (celui du ministre allemand Speer). Accompagné du capitaine du Welz (les deux autres ayant disparu à Oslo) et de quatre membres d'équipage, Degrelle survole la Hollande, la Belgique et la France, sans être le moins du monde inquiété par la chasse de nuit alliée. Le TQ+MU (immatriculation du Heinkel) finit par atterrir en catastrophe, en panne d'essence, sur une plage de Saint-Sébastien dans le nord de l'Espagne. Seul Degrelle est blessé dans le crash (5 fractures).

Il y trouve refuge ; les demandes d'extraditions n'aboutiront jamais, d'autant plus que Degrelle va abandonner sa nationalité belge au profit de la nationalité espagnole. À la libération, il est jugé pour trahison et condamné à mort par contumace. Comme tout Belge inculpé pour faits de collaboration (art. 113, 114, 115, 116, 118bis, 119sq, 121bis du Code Pénal), les membres de la famille Degrelle convaincus des mêmes préventions ont été arrêtés, jugés et incarcérés. Jusqu'à son dernier souffle, Léon Degrelle exaltera les réalisations d'Hitler et du régime national-socialiste. Il s'inscrira en outre dans la mouvance négationniste, niant en particulier l'existence et la matérialité de l'holocauste et, plus généralement la réalité des crimes contre l'humanité imputé au régime hitlérien dont il fut un des plus fervents soutiens et admirateurs. Léon Degrelle s'éteint à l'âge de 87 ans dans la soirée du jeudi 31 mars 1994 à la clinique de Parque de San Antonio où il avait été admis le 10 mars en raison d'insuffisance cardiaque. Il est incinéré le lendemain et ses cendres sont dispersées au-dessus de la Belgique par un ancien capitaine de la SS Wallonie.

Degrelle a affirmé, dans une interview en 1981, puis dans son ouvrage Tintin mon copain, paru après son décès, avoir inspiré le personnage de Tintin à Hergé. Lorsque Degrelle publie Jeunes plumes et vieilles barbes, il attire l'attention de Monseigneur Schyrgens, dont l’article élogieux incite l’abbé Wallez, pour son journal, à l'embaucher. Il y rencontre Georges Rémi, qui n'est pas encore Hergé. Selon plusieurs historiens de la bande dessinée, la contribution de Degrelle à l'œuvre de Hergé se serait limitée à envoyer des États-Unis divers illustrés américains qui influencèrent quand même le style du dessinateur. La première version du personnage de Tintin aurait été inspirée par le frère cadet de Hergé, Paul Rémi. Des photos de Degrelle en 1929 montrent une certaine similitude de traits avec le petit reporter, mais c'était également le cas pour Paul Rémi adolescent. On pense surtout que Tintin a été inspiré par Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan et joseph pinchon. En 1931, Degrelle publie la brochure Histoire de la guerre scolaire illustrée par Hergé en personne. Ce livre est un triomphe : 100 000 exemplaires sont vendus en quelques mois. Hergé avait illustré également Les grandes farces de Louvain l'année précédente. En 1936, c'est Hergé qui compose le logo du journal rexiste Le pays réel.

Le 2 avril 1936, la bande dessinée de Quick et Flupke évoque la campagne électorale avec une foule immense entrant dans une salle de cinéma au-dessus de laquelle une grande banderole proclame REX VAINCRA (le slogan de Rex). En 1937, Hergé dessine le logo de l'hedomadaire rexiste L'Oasis dirigé par le fameux Jam (Paul Jamin, dessinateur du Petit Vingtième qui donna ensuite dans la propagande antisémite). La parenté idéologique entre Hergé et Degrelle est évidente même si elle n'implique évidemment pas les mêmes responsabilités morales ou politiques. Hergé s'éloigna de Degrelle au fur et à mesure que ce dernier s'éloignait de son milieu catholique d'origine pour s'assimiler de plus en plus au fascisme. L'hebomadaire Livres Hebdo a révélé que Degrelle avait inspiré Jonathan Littell pour le personnage de Maximilien Aue dans le roman "Les Bienveillantes" (Prix Goncourt 2006). Il devrait publier en 2008 une biographie de Léon Degrelle sous le titre "Le sec et l'humide".

Ebert Friedrich

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Ebert Friedrich

Friedrich Ebert, né à Heidelberg le 4 février 1871 et mort à Berlin le 28 février 1925, est un homme politique social-démocrate allemand. Il est le premier président du Reich sous la République de Weimar après l'abdication de l'empereur Guillaume II, en 1918. Friedrich Ebert est le fils d'un père couturier. Apprenti-bourrelier à Wesel, puis employé d'un haras à Mannheim, il découvre la difficulté du travail. Il s'engage alors syndicalement et devient membre du SPD en 1889. Friedrich Ebert est rédacteur à Brême en 1893 et député au Reichstag, en 1912. Successeur d'August Bebel à la tête du SPD en 1913 (avec Hugo Haase), il oriente le parti – jusque là marxiste – vers le centre.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, il fait partie de la majorité du SPD favorable au vote des crédits de guerre. Il s'oppose cependant à la politique d'annexion. Il dirige l’exclusion des militants du SPD opposés à la guerre, dont Hugo Haase et Rosa Luxemburg, qui créent l’USPD en 1917. En janvier 1918, il essaie de servir de médiateur dans la grève des ouvriers de Berlin et d'éviter les débordements. Le 9 novembre 1918, au début de la révolution de Novembre, le prince Maximilien de Bade, cousin (libéral) du kaiser et dernier chancelier impérial lui laisse le gouvernement. Au Conseil des commissaires du peuple, qu’il dirige, il fait en sorte d'arrêter la révolution et d'instaurer des élections pour une Assemblée nationale, dans le but d'ériger une démocratie représentative. Le lendemain 10 novembre 1918, il signe un pacte avec les hauts dirigeants de l'armée pour réinstaller l'ordre dans les campagnes.

Ce pacte est considéré comme une trahison par les ouvriers et les révolutionnaires car il a eu pour conséquence de retourner des milices et les "Freikorps" contre les soulèvements. Sa politique de répression, qui fait de nombreux morts, entraîne la rupture avec les commissaires du peuple de l’USPD, qui démissionnent en décembre 1918. En janvier 1919, son gouvernement réprime la révolte spartakiste et ordonne l’assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.

L'assemblée nationale de Weimar l'élit président du Reich le 11 février 1919. Il se veut président pour toutes les couches de la population. Le 24 octobre 1922, il est réélu à une large majorité par le Reichstag, les députés ayant renoncé à organiser des élections au suffrage universel à cause de la situation politique peu sûre. L'opposition de droite de plus en plus forte le calomnie et propage sans cesse des rumeurs à son sujet. Il doit finalement se défendre face à la plainte de haute trahison due à sa participation à la grève des ouvriers de Berlin. Lors du procès, en décembre 1924, le rédacteur a certes été jugé pour diffamation, mais le reproche de haute trahison n'a pas été effacé. Il meurt le 28 février 1925 des suites d'une appendicite non prise en considération dans la hâte du procès.

Horthy de Nagybanya Miklos

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Horthy de Nagybanya Miklos

 

L'amiral Miklós Horthy de Nagybánya, né le 18 juin 1868 à Kenderes, décédé le 9 février 1957 à Estoril était un militaire et homme politique hongrois. Il est l'un des chefs des forces armées de l'Autriche-Hongrie, puis le régent du Royaume de Hongrie de 1920 à 1944. Amiral de la flotte austro-hongroise dont il est nommé commandant en chef en 1918, gravement blessé durant la Première Guerre mondiale, Miklós (Nicolas) Horthy de Nagybánya, issu d'une famille aristocratique calviniste, est l'un des déçus du partage de l'Autriche-Hongrie. Nationaliste, il est ministre et devient chef des forces armées dans le gouvernement contre-révolutionnaire de Szeged qui fait face à la République des Conseils du communiste Béla Kun.

Chef des forces armées contre-révolutionnaires, Horthy décide de préserver ses troupes alors que ses alliés des forces armées roumaines et françaises commandées par Henri Berthelot, entrent le 6 août 1919 dans un Budapest déserté par le gouvernement de Kun. Au régime communiste et à sa terreur rouge succède la terreur blanche, organisée par l'armée d'occupation (pas toujours unanime) et par les forces contre-révolutionnaires dirigées par l'aristocratie hongroise contre les communistes en déroute, puis contre leurs partisans réels ou supposés, et enfin contre les juifs, assimilés aux communistes. Miklós Horthy ferme initialement les yeux sur les exactions commises.

L'archiduc Joseph-Auguste de Habsbourg-Lorraine, représentant en Hongrie de l'ancien empereur Charles Ier d'Autriche (Charles IV de Hongrie) se proclame à nouveau régent mais, devant l'hostilité de l'Entente, renonce à son poste. L'amiral, profitant du retrait roumain le 14 novembre 1919, pénètre dans la capitale et s'affirme comme l'homme fort du régime. Les troupes françaises de l'armée Berthelot évacuent à leur tour le pays le 25 février 1920. En mars 1920, l'assemblée nationale de Hongrie confirme le rétablissement de la monarchie mais choisit de rejeter les prétentions au trône de Charles IV de Habsbourg, dernier empereur d'Autriche-Hongrie. Elle proclame Horthy, amiral sans flotte, régent d'un royaume sans roi pour une période indéfinie (dans le Royaume de Hongrie médiéval, la monarchie était élective).

La Hongrie n'adhère pas pour autant à la démocratie parlementaire, mais subit l'oligarchie de la régence, où le pouvoir appartient à l'aristocratie conservatrice. Son représentant, Horthy, installe un régime autoritaire qui sympathise avec le régime fasciste italien. Sans être totalement dictatorial, et parfois qualifié de « semi-dictature », le régime de la régence Horthy empêche par son système électoral toute réelle alternance politique. Le multipartisme et la liberté de parole sont autorisés, mais Horthy, en tant que régent, demeure immuablement à la tête de l'État et dispose de toute latitude pour dissoudre l'assemblée et nommer ou révoquer le chef du gouvernement. Des mesures antisémites sont prises, limitant le nombre de Juifs pouvant entrer à l'université et leur interdisant certaines fonctions. La politique d'István Bethlen, premier ministre de 1921 à 1931, contribue à garantir la stabilité du régime.

Soutenue par ses puissants alliés italien (depuis 1922) et allemand (depuis 1933), la Hongrie en profite pour s'attaquer diplomatiquement et politiquement aux démocraties parlementaires voisines : la Tchécoslovaquie (jusqu'en 1940) et la Roumanie (jusqu'en 1938), qui font partie de la Petite Entente soutenue par le Royaume-Uni et la France. Sans tirer un seul coup de feu, la Hongrie de Horthy va bénéficier de l'arbitrage de Vienne en 1938 pour récupérer une partie des territoires perdus en 1918, comme la partie à majorité magyarophone de Tchécoslovaquie (le long du Danube), puis la Ruthénie subcarpatique lors du dépeçage de la Tchécoslovaquie en mars 1939, et la Transylvanie du Nord lors du dépeçage de la Roumanie l'été 1940.

En 1938, sous l'influence de l'Allemagne nazie, de nouvelles lois antisémites sont promulguées, restreignant d'abord à 20% du total le nombre de Juifs dans certaines professions, dans l'administration et le commerce. Par la suite, le pourcentage est réduit à 5% (8 % des habitants étaient juifs). D'autres lois interdisent les mariages inter-raciaux ou retirent leur nationalité hongroise à 250 000 juifs. Par ailleurs, il fera interdire la franc-maçonnerie.

Durant la guerre, la Hongrie reste relativement éloignée de la sphère d'influence de l'Allemagne (contrairement à la Slovaquie par exemple, satellisée à l'extrême). En avril 1941, la Hongrie intègre l'Axe et participe au côté de l'Allemagne et de la Bulgarie à l'invasion de la Yougoslavie: la Hongrie s'agrandit cette fois au détriment de la Yougoslavie, en annexant les régions de Baranja et de Bačka (en Vojvodine). Le premier massacre de 20 000 juifs en Hongrie par des troupes SS intervient à l'automne 1941. En 1942, Horthy entame des négociations secrètes avec les alliés anglo-américains : la délégation hongroise conduite par Albert Szent-Györgyi rencontre en secret les Britanniques à Istambul. Ces négociations sont ébruitées et les nazis commencent à se méfier de Horthy.

En janvier 1942, sur ordre des officiers Ferenc Feketehalmy-Czeidner, József Grassy, László Deák et Márton Zöldy, des civils serbes, roumains, roms et juifs sont massacrés en Vojvodine dans la région de Bačka et leurs corps jetés dans le Danube et la Tisza. Après l'enquête diligentée par Horthy en personne sur ce massacre, les officiers responsables hongrois se réfugient en Allemagne, protégés par le régime nazi. En février 1942, le fils de l'amiral Horthy, István Horthy, est élu vice-régent (sans droit de succession à son père) pour seconder son père dans sa fonction. Les nazis voient cette élection d'un mauvais œil et Joseph Goebbels note dans son journal que cette élection était « un grand malheur » car « le fils est encore plus philosémite que le père ». Le 20 août 1942, l'avion de István Horthy s'écrasa peu après son envol, probablement saboté par les nazis.

Le 19 mars 1944, alors que l'Armée rouge avance en Ukraine, la Wehrmacht occupe la Hongrie et nomme un gouvernement hongrois à sa solde. Les officiers hongrois responsables des massacres de la Bačka rentrent alors au pays, et le pouvoir réel passe aux mains des Allemands, représentés par Edmund Veesenmayer. A ce moment, les juifs, jusque là partiellement épargnés par le régime de Horthy, sont déportés en masse sur ordre du gouvernement de Budapest dirigé par Döme Sztójay. Horthy, encore régent, suspend la déportation des juifs de Budapest au mois de juin 1944.

En août 1944, la Roumanie déclare la guerre à la Hongrie et à l'Allemagne, et ouvre ses frontières à l'Armée rouge qui parvient aux frontières de la Hongrie. Horthy dissout le gouvernement, déclare la fin des hostilités et entame des négociations avec les Soviétiques. Les nazis réagissent: ils l'enlèvent et le séquestrent à Klessheim, tandis que le commando d'Otto Skorzeny kidnappe un autre de ses fils : Miklós Horthy junior. Le régent est alors obligé de revenir sur ses déclarations et d'abdiquer, abandonnant le pouvoir aux Croix fléchées, soutenues par Hitler le 15 octobre 1944.

Horthy passe la fin de la guerre en état d'arrestation en Bavière. Il y est arrêté par les Américains en mai 1945. Sur les 825 000 juifs hongrois d'avant guerre, 565 000 périrent (69%) et 260 000 survécurent (31%). Horthy n'a jamais participé directement à la Shoah (il a même parfois tenté d'arrêter les déportations, dans la mesure où cela ne compromettait pas trop ses relations avec l'Allemagne) : la majeure partie des déportations et des massacres eurent lieu durant le gouvernement collaborationniste de Döme Sztójay.

Après la guerre, la République fédérale populaire de Yougoslavie demande qu'Horthy soit jugé comme criminel de guerre. Les Alliés refusent et il est au contraire relâché. Il s'exile au Portugal à Estoril, où il meurt à 89 ans en 1957. Il écrit ses mémoires Ein Leben für Ungarn (Une vie pour la Hongrie) durant son exil. Il y explique n'avoir jamais fait confiance à Hitler et justifie sa démarche d'alliance par les amputations décidées par le traité de Trianon, qui avait entraîné la perte de plus de 70% du territoire hongrois de 1918, attribués à l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie. Horthy a quatre enfants (Miklós junior, István, Magda et Paula). Seul Miklós lui survit. En 1993, les restes d'Horthy sont rapatriés à Kenderes en Hongrie, conformément à ses dernières volontés.

Stresemann Gustav

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Stresemann Gustav

 

Gustav Stresemann (né le 10 mai 1878 à Berlin et mort le 3 octobre 1929 à Berlin) est un homme politique allemand, fondateur et dirigeant du Deutsche Volkspartei, chancelier en 1923 et ministre des Affaires étrangères de 1923 à sa mort. Figure incontournable de la République de Weimar, Gustav Stresemann a permis à l'Allemagne de retrouver un poids diplomatique et économique perdu après la Première Guerre mondiale en mettant en œuvre une politique pragmatique.

Cette politique où les compromis ont eu une large part n'a pas été menée aux dépens de l'Allemagne. À chaque concession allemande a correspondu une avancée soit diplomatique soit économique. Après avoir jugulé l'hyperinflation qui menaçait l'existence même de l'Allemagne, Stresemann s'est attaqué à d'autres problèmes comme l'occupation de la Ruhr, les réparations de guerre ou encore les frontières définies par le traité de Versailles.

Le caractère pragmatique de sa politique lui a attiré beaucoup d'ennemis et c'est abandonné par une grande partie de la classe politique que Stresemann a dû mener ses combats. Avec Aristide Briand, il a été l'artisan d'un rapprochement franco-allemand et de changements diplomatiques sur le plan européen, ce qui leur a valu à tous les deux le Prix Nobel de la paix. Ce rapprochement a toutefois été arrêté net dans sa lancée à la mort du ministre allemand à l'âge de cinquante et un ans. Avec sa mort, la République de Weimar perd l'un de ses derniers défenseurs.

Gustav Stresemann naît le 10 mai 1878 à Berlin au 66 de la Köpenicker Straße. Son père, Ernst August Stresemann, est cafetier et possède un commerce de bière, ce qui permet à la famille de vivre de manière relativement aisée. Il est toutefois le seul des cinq enfants (trois autres enfants sont morts en bas âge) du couple à faire des études. À seize ans, Gustav Stresemann entre au Andreas Gymnasium. Le peu de temps que lui consacrent ses parents le mène à se plonger dans les livres. Il est passionné d'histoire et son professeur, M. Wolff, parle « d'un goût presque maladif pour l'histoire ». Napoléon compte avec Goethe parmi ses personnages historiques préférés. Il publiera d'ailleurs un essai sur ce thème en 1924 : Goethe und Napoleon : ein Vortrag. La mort de sa mère Mathilde en 1895 affecte beaucoup Stresemann.

En 1897, il passe le bac et entre l'année suivante à l'université de Leipzig où il étudie l'histoire, le droit public, le droit international et où il suit des cours de littérature. Influencé par le Dr. Martin Kriele, il suit également des cours de sciences économiques. Jusqu'en mars 1899, il est le rédacteur en chef du journal de l'université : le Allgemeine Deutsche Universitätszeitung. Deux ans plus tard, il est nommé professeur à Leipzig après avoir fait sa thèse sur le développement du commerce de la bière en bouteille à Berlin et analysé le problème des grands magasins, ce qui lui attire les moqueries de ses confrères. Ce choix montre toutefois le pragmatisme dont Stresemann fera preuve dans le futur. C'est probablement dans le quartier où son père travaillait que Gustav Stresemann a commencé à s'intéresser à l'économie. Ernst Stresemann meurt en 1905, son fils Richard reprend une partie de l'affaire familiale.

De par ses origines, Stresemann a fortement été influencé par la politique. Son père, fervent admirateur d'Eugen Richter, était libéral. Stresemann rejoint le groupe protestant des libéraux. Friedrich Naumann exerce alors sur lui une grande influence. Pasteur protestant, Naumann prône la réconciliation entre les classes ouvrières et les classes supérieures. Il refuse le nationalisme exacerbé et fonde en 1896 l'Association nationale et sociale. Stresemann écrira à ce sujet :

    « Nous ne pouvions aller à la social-démocratie. Tout en nous se hérissait face à son rejet du national et face à la coloration marxiste de son socialisme. Le libéralisme avait perdu toute force d'attraction, il était devenu un libéralisme manchestérien pétrifié chez Eugen Richter et lutte de fractions chez les nationaux-libéraux. [...] Friedrich Naumann vint alors et jeta dans cette époque en gestation, en quête de nouvelles idées, la grande idée de l'union de la monarchie et de la classe ouvrière allemandes. Il donna à ses propositions le contenu social qui manquait alors au libéralisme. »

Gustav Stresemann fait partie de plusieurs corporations étudiantes dont Neo Germania à Berlin, Suevia à Leipzig, Normannia à Heidelberg et Palatia à Tübingen. L'aspect social de son engagement politique est très fort. En 1901, il est assistant de direction dans la fédération des chocolatiers allemands. Il y fait ses premières armes et fonde une usine de sucre libre de tout cartel. Il faut préciser qu'à l'époque, l'économie allemande est sous l'emprise des cartels (BASF, Krupp ou Thyssen par exemple). En 1905, il y a 385 cartels en Allemagne. Stresemann réussit donc un tour de force. Il écrit à ce propos : « Puisse le gouvernement se garder d'étendre le concept de concentration des entreprises ». En 1902, Stresemann devient président-directeur général de l'Union des Industriels (Bund der Industriellen) pour la région de Dresde-Bautzen. Le 21 février de la même année, il en devient le syndic. Peu à peu, Stresemann s'assure une position sociale au sein de l'industrie vers laquelle il se tournera de nouveau en 1912 lorsqu'il perdra son mandat de député. Il lie des contacts avec des personnes très influentes comme Albert Ballin, directeur de la compagnie maritime Hamburg-Amerikanische Packetfahrt-Actien-Gesellschaft (HAPAG), et Jacob Riesser, vice-président de la Chambre de commerce de Berlin.

En 1903 il entre au Parti Libéral National (Nationalliberale Partei), un parti défendant principalement les intérêts des dirigeants d'industrie. Le 20 octobre 1903 à Berlin, il épouse Käte Kleefeld avec qui il aura deux enfants : Wolfgang né en 1904 et Joachim en 1908. Käte Kleefeld est la fille de l'industriel Adolf Kleefeld, elle jouera dans les années 1920 un grand rôle dans la société berlinoise. Le couple s'installe dès 1910 au 12A de la Tauentzienstraße. Ils y resteront jusqu'en 1923. En octobre 1906, Stresemann participe au congrès du parti à Goslar : « Nous vaincrons le pessimisme de la meilleure manière si nous nous raccrochons à nos principes nationaux et libéraux ». Son intervention est remarquée par Ernst Bassermann, le chef du Parti National Libéral depuis 1904.

Conseiller municipal de Dresde, Stresemann est élu au second tour député de la circonscription Annaberg-Schwazenberg en 1907. Bassermann ayant des ennuis de santé, Stresemann reprend la direction du parti, on l'appelle alors le « dauphin ». Il s'attire les foudres de l'aile droite de son parti en soutenant les mesures sociales. Cette dernière s'opposera à sa réélection à la tête du parti en 1912. Après avoir perdu son siège au Reichstag, Stresemann entreprend plusieurs voyages aux États-Unis et au Canada. En 1912, il participe à un congrès des chambres de commerce organisé à Boston. Les voyages qu'il entreprend avec ses collègues lui permettent de comprendre les mécanismes de production qu'il mettra en œuvre par la suite en Allemagne. L'économie sera l'un des moteurs de sa pensée. Pour lui, les problèmes politiques découlent de problèmes économiques.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Stresemann n'est pas enrôlé en raison de son mauvais état de santé. Il a été écarté du service en 1901 à cause de sa maladie de Basedow. Il en profite pour assurer sa position politique. En 1914, il est élu député pour la circonscription Wittmund/Aurich après que Bassermann eut exhorté les membres de son parti à voter pour lui. Stresemann conservera son mandat jusqu'à sa mort. Stresemann est certain que l'Allemagne va sortir vainqueur du conflit. Il soutient les annexionnistes et fait preuve d'un nationalisme sans retenue. Dans un discours du 4 décembre 1914, il déclare « La victoire de l'Allemagne amènera la paix dans le monde ». La perspective économique prime encore. Pour lui, l'origine de la guerre est avant tout économique. Membre de la Fédération coloniale allemande (Deutscher Kolonialverein) et de l'Association économique germano-américaine (Deutsch-Amerikanischee-Handelsgesellschaft), Stresemann soutient la politique navale allemande et notamment la guerre sous-marine à outrance qui a marqué l'entrée en guerre des États-Unis.

En 1917, il est élu représentant et vice président des libéraux nationaux au Reichstag, sa position s'affirme, d'autant plus que Bassermann s'est éloigné de la vie politique pour raisons de santé. C'est là que Stresemann essaie d'obtenir une fusion entre les libéraux nationaux et le Parti progressiste allemand. Il tente de se faire enrôler dans l'armée mais sans succès. Il va surtout essayer d'accélérer la chute du chancelier Bethmann Hollweg, trop faible à ses yeux, en se ralliant à Matthias Erzberger. Bethmann Hollweg est renvoyé le 14 juillet 1917. Pour Stresemann, « Il n'y a pas de chancelier violé. Un chancelier doit pouvoir s'imposer, s'il ne le peut pas, il doit en tirer les conséquences ». C'est aussi en 1917 que Stresemann achète le journal Deutsche Stimmen dans lequel il publie ses articles. Il le dirige jusqu'en 1923.

En juin 1918, Stresemann croit encore à la victoire : « Jamais nous n'avons eu moins d'occasion de douter de la victoire allemande que maintenant. Si la victoire est remportée, nous devons l'utiliser pour obtenir les garanties réelles nécessaires ». L'armée de Ludendorff venait de lancer une offensive victorieuse sur le Chemin des Dames, ouvrant ainsi la route vers Paris pour la seconde fois. Si la victoire des Alliés et l'armistice du 11 novembre 1918 assomment Stresemann, l'abdication de l'empereur est pour lui un plus grand choc encore. Stresemann est monarchiste dans l'âme. Il avait envoyé un télégramme à l'empereur Guillaume II pour ses soixante ans. On peut également évoquer le fait qu'il s'investira en 1923 pour que le Kronprinz puisse revenir en Allemagne, ce dont ce dernier lui sera très reconnaissant. Lorsque la République de Weimar est proclamée, le mouvement libéral en Allemagne est profondément divisé.

La République proclamée le 9 novembre 1918 naît par la révolution qui se déroule dans les rues de Berlin et de nombreuses autres villes. La jeune république doit aussitôt affronter ce qui lui vaudra la haine de beaucoup : la défaite et la signature de l'armistice du 11 novembre. Accusée de trahir l'armée, la République et ceux qui la défendent sont calomniés, en particulier par les extrémistes de droite. (La thématique du « Coup de poignard dans le dos » sera reprise à l'envi par la propagande nazie , par exemple). La République doit également résoudre la révolte spartakiste de Berlin, qu'elle écrase en envoyant l'armée, se mettant à dos les communistes. Le nouveau régime a peu de soutiens dans la classe politique.

C'est dans ce contexte que Stresemann fait ses débuts en tant que dirigeant de parti. Après avoir échoué dans sa tentative de fusion des libéraux à cause de leur division, rejeté lui-même par eux, Stresemann fonde le Deutsche Volkspartei (DVP) le 15 décembre 1918, un parti qui représente les industriels et dont il devient le dirigeant. Le parti ne s'appuie pas exclusivement sur les industriels mais compte également dans ses rangs des professeurs, des avocats ou encore des hauts fonctionnaires. Lors des élections au Reichstag de 1919, le DVP obtient 4,4%. Comme la plupart des Allemands de l'époque, Stresemann conteste vivement le traité de Versailles. Pour lui, les Allemands sont « traités comme des chiens exclus des peuples de la terre ». Pour lui, les clauses morales du traité de Versailles sont bien plus dures à supporter que les clauses économiques et territoriales. Bien que Stresemann refuse le traité, il n'est pas prêt à endosser la responsabilité de son rejet car cela aurait conduit inévitablement à la reprise des hostilités.

Le 31 mars 1919, il est contraint de quitter la direction de la fédération des industriels de Saxe. La même année, ses ennuis de santé commencent, il est atteint aux reins et fait une première attaque cardiaque. La sauvegarde et la garantie des intérêts allemands ne peuvent être obtenues qu'en s'appuyant sur la situation du moment. Dès lors, Stresemann se rallie par raison à la république vers le mois de juin 1920 et s'engage dans la Realpolitik, ce que de nombreuses personnes lui reprocheront par la suite. Sa position changeante lors du putsch de Kapp du 13 mars 1920 lui a nuit politiquement, une leçon qu'il retiendra et qui lui sera utile par la suite lors du séparatisme rhénan. Son futur ministre de la justice Gustav Radbruch dira de lui : « C'était son grand art politique de faire le bien toujours au bon moment, de se laisser instruire par la situation en ne prenant pas en compte ses positions antérieures [...] ». Aux élections législatives du 6 juin 1920, le parti de Stresemann obtient 13,9 %. Le DVP entre dans le cabinet Fehrenbach qui se forme le 25 juin.

Felix Hirsch évoque les deux difficultés majeures que Stresemann a dû affronter en ce qui concerne son parti. La première concerne les journaux. Le parti n'est pas soutenu par les grands journaux qui se trouvent « dans le camp démocrate ou national-allemand ». La médiatisation s'en trouve donc affaiblie. Le second problème concerne les finances du parti. Stresemann, qui est responsable du budget du parti, est un très mauvais homme d'affaires, contractant de nombreuses dettes personnelles pour le parti. À sa mort, le total de ses dettes personnelles s'élève à 625 000 marks. Si Stresemann doit affronter ces difficultés, il s'ancre toutefois dans la vie politique. Il noue des contacts avec le corps diplomatique comme avec l'ambassadeur du Royaume-Uni en Allemagne Lord D'Abernon avec qui il se lie amitié.

L'année 1922 est une année difficile pour l'Allemagne même si le traité de Rapallo brise l'isolement du pays. D'une part, Walther Rathenau, ministre des Affaires étrangères, est assassiné. Le cabinet Wirth est ébranlé et ne parvient pas à surmonter la crise. D'autre part, Raymond Poincaré arrive au pouvoir en France et son attitude anti-allemande détériore la situation. La République de Weimar est assaillie de toutes parts. La situation dans la Sarre est critique. Clemenceau avait obtenu lors de la signature du traité de Versailles qu'un Saargebiet soit créé. Ce territoire passe sous administration de la Société des Nations pour quinze ans. La France obtient la propriété des mines de charbon.

Cette même année de 1922, l'Allemagne doit payer 2 170 milliards de marks dont 720 millions à payer en espèces. L'Allemagne ne peut pas payer ce que l'on exige d'elle, l'inflation est criante. Poincaré décide alors d'aller se payer lui-même. Le 9 janvier 1923, les troupes françaises et belges occupent la Ruhr. Le chancelier Wilhelm Cuno décrète la résistance passive, le sentiment national s'accroît. Dans le même temps, Gustav Stresemann est président de la commission aux Affaires étrangères du Reichstag. Les événements de la Ruhr vont lui ouvrir les voies de la chancellerie. La résistance passive coûte énormément (les salaires, les assurances sociales par exemple sont pris en charge par les finances publiques) et fait chuter la valeur du mark. Le 12 août 1923, Cuno démissionne. Le lendemain, le nouveau président Friedrich Ebert nomme Stresemann au poste de chancelier. Dans les cent trois jours qui suivront, Stresemann va résoudre la plupart des problèmes du moment.

Stresemann forme un gouvernement de « Grande Coalition » où le SPD est présent. L'occupation étrangère laisse éclater les séparatismes qui menacent l'unité du pays. Stresemann doit les combattre, il capitule le 23 septembre en ordonnant la fin de la résistance passive bien qu'il l'ait soutenue auparavant. Il avait essayé avec l'aide de Lord D'Abernon et de l'ambassadeur français Pierre de Margerie de trouver une entente avec Poincaré au sujet de l'occupation de la Ruhr et des réparations mais rien n'y a fait. Cet acte lui attirera la haine de la droite nationaliste et en particulier des nationaux-socialistes qui mèneront des campagnes de diffamation contre lui. En Rhénanie plusieurs républiques sont fondées comme la République du Haut-Nassau, la République palatine, ou la République rhénane. Poincaré attise le séparatisme. Stresemann a des difficultés à préserver l'unité du pays. En Bavière, les extrémistes de droite mené par Eugen von Knilling décrètent l'état d'urgence. Gustav von Kahr prend alors les pleins pouvoirs. Stresemann demande au président Ebert de proclamer l'état d'urgence mais l'armée en poste en Bavière sous le commandement du général Von Lossow refuse d'obéir aux ordres et soutient Von Kahr. La Thuringe et la Saxe sont quant à elles aux mains des socialistes et des communistes. Stresemann envoie l'armée en Saxe pour rétablir la situation.


Une autre question de politique intérieure va donner le coup de grâce au premier gouvernement Stresemann : l'impossibilité de traiter la question du temps de travail. Il s'agit de mettre en place une nouvelle réglementation pour faire face aux enjeux économiques posés entre autres par les réparations que l'Allemagne doit payer. Stresemann et son gouvernement demandent les pleins pouvoirs pour pouvoir mener leur politique sans le parlement : « Le gouvernement du Reich a besoin d'une loi de pleins pouvoirs pour prendre dans le domaine financier, social et économique les mesures nécessaires à la sauvegarde de l'économie ». Le SPD refuse que la question de la durée du temps de travail soit rattachée à la loi des pleins pouvoirs. Le gouvernement démissionne le 3 octobre 1923.

Le 5 octobre, les partis arrivent à une entente en ce qui concerne la durée du travail qui est maintenue à huit heures en acceptant toutefois des dérogations pour pouvoir faire face aux nouveaux besoins économiques. Le 6 octobre, Stresemann forme son second gouvernement et remet en marche son projet de loi de pleins pouvoirs qui est adopté le 13 octobre. La Ruhr est toujours occupée. Stresemann ne parvient pas à obtenir de concessions de la part de Raymond Poincaré qui reste intraitable sur le paiement des réparations. Stresemann, pour relancer le travail dans la Ruhr où le chômage augmente, laisse la Mission Interalliée de Contrôle des Usines et des Mines (MICUM) négocier avec l'industrie.

La situation ne s'améliore ni en Bavière ni en Saxe. Le 29 octobre 1923, Stresemann décide de destituer les membres du gouvernement de Saxe dont le Ministre-Président Erich Zeigner. Pour la Bavière, il préfère ouvrir des négociations. Stresemann va se trouver dans une situation très inconfortable car les ministres SPD quittent son gouvernement, provoquant la rupture de la coalition. Von Seeckt projette de mettre sur pieds une « dictature légale » pour pallier la crise, ce que Stresemann refuse. Il est alors attaqué de toutes parts. Le Putsch de la Brasserie du 8 novembre 1923 à Munich est le point culminant du conflit. Lorsque Stresemann apprend la nouvelle, il se serait exclamé « Finis Germaniae ». Le putsch vise à renverser le gouvernement, l'affrontement avec la police fait vingt morts dont seize putschistes. Les responsables sont arrêtés, Adolf Hitler est condamné à une peine de prison, Ludendorff est jugé mais non condamné tout comme Von Lossow. Stresemann ressort épuisé de ces événements qu'il a dû affronter abandonné par une partie de ses amis politiques.

En novembre 1923, l'inflation atteint des records. En 1918, un œuf coûtait 0,25 mark. En novembre 1923, il coûte 80 milliards de marks. Une livre de beurre coûte 210 milliards de marks. Les salaires chutent de 30 à 75%. La misère s'installe. Même si Stresemann doit lever la résistance passive et donc céder aux Français à contrecœur, il ne perd pas pour autant les intérêts allemands de vue. La situation exige de lui qu'il règle la situation économique du pays avant la situation politique. Stresemann n'aura de cesse de livrer alors contre son parti, qui voit sa politique extérieure comme trop modérée et qui remet en cause la politique d'entente avec la France, un « incessant combat finalement mortel ».

Avec la collaboration du Commissaire du Reich aux questions monétaires Hjalmar Schacht, le ministre des Finances Hans Luther crée la Rentenbank le 15 octobre 1923. Le Rentenmark est mis en circulation le 16 novembre. 4,2 billions de marks-papier sont l'équivalent de 4,2 marks-or, soit l'équivalent de 4,2 Rentenmark. Cette nouvelle monnaie n'est plus gagée sur l'or comme l'était le Reichsmark mais sur la production agricole et industrielle. La réforme monétaire engagée permet à Stresemann de stabiliser l'économie. Le Rentenmark sera remplacé par le Reichsmark le 30 août 1924. Cela a permis l'investissement des pays étrangers en Allemagne. Cependant, le séparatisme constitue le problème récurrent que Stresemann doit pallier. Entre temps, le chancelier fait passer quelques mesures comme le contrôle des licenciements arbitraires, la réglementation des contrats de travail ou l'indemnité chômage. La Rhénanie est également au centre des préoccupations de Stresemann.

Bien qu'il ait combattu l'inflation et préservé l'unité du pays, Stresemann est sommé de quitter le pouvoir le 23 novembre 1923. Le SPD dépose une motion de défiance la veille. Stresemann dépose une motion de confiance qui lui est refusée par 231 voix contre 156. On lui reproche ne n'avoir pas traité la Thuringe, la Saxe et la Bavière de la même manière, en n'envoyant pas par exemple l'armée en Bavière. Le président Ebert déclare alors : « Ce qui vous pousse à renverser le chancelier sera oublié dans six semaines, mais vous sentirez les conséquences de votre bêtise dix ans encore ».

La Kriegsschuldfrage est aussi l'un des thèmes auxquels Stresemann s'est confronté. Au sortir de la guerre, il refuse d'admettre une quelconque responsabilité allemande. Il propage la Dolchstoßlegende selon laquelle l'armée allemande pouvait encore se battre. S'il accepte par la suite de travailler avec les Alliés, il n'oublie pas les intérêts allemands, matériels et moraux. Le 2 septembre 1923, il prononce un discours à Stuttgart dans lequel il affirme : « Nous pouvons nous soumettre à un jugement impartial en ce qui concerne la responsabilité dans la guerre, mais nous devons refuser toute sentence rendue sans écouter l'accusé et pour laquelle les parties sont juges ». Le 25 octobre suivant, il aborde de nouveau le sujet à La Haye où il souligne la bonne volonté de l'Allemagne qui a ouvert ses archives et qui réclame l'intervention d'une cour de justice internationale.

Lorsqu'il quittera ses fonctions de chancelier pour endosser celles de ministre des Affaires étrangères, Stresemann continuera à aborder ce thème dans les différents discours qu'il tiendra. Dans le discours appelé Gambrinusrede qu'il tient le 21 septembre 1926 à Genève, il affirme que l'Allemagne n'est pas le responsable moral de la Première Guerre mondiale : « Quand on nous reproche d'être les responsables moraux de la guerre mondiale, nous disons : nous ne le sommes pas ». Les mêmes arguments reviennent comme un leitmotiv le 2 octobre 1926 au congrès du DVP à Cologne, le 26 mai 1927 à Stuttgart. Même lorsque les relations internationales sont détendues, Stresemann n'hésite pas à aborder le sujet de la responsabilité dans la guerre. Il est interviewé par le journal Le Matin le 23 septembre 1927 et revient encore sur l'accusation morale faite à l'Allemagne en soulignant que le peuple souffre beaucoup de cette accusation et en mettant l'accent sur la politique de paix mise en place.

Stresemann avait déjà été ministre des Affaires étrangères alors qu'il était chancelier. Lorsqu'il est nommé à ce même poste le 30 novembre 1923, Stresemann refuse dans un premier temps, son mandat de chancelier l'ayant épuisé. Il revient sur sa décision peu de temps après. Il entre alors dans le gouvernement de Wilhelm Marx et commence par réformer le ministère en appuyant la réforme d'Edmund Schüler. La relation entre Marx et Stresemann est qualifiée d'« harmonieuse » et Stresemann dispose de l'entière confiance de son chancelier. Ses talents sont très vite reconnus par ses collaborateurs tel Carl von Schubert qui sera son secrétaire jusqu'en 1929. Un autre de ses collaborateurs Herbert von Dirksen dira de lui : « La chaleur humaine de sa personnalité se mélangeait de la manière la plus heureuse avec son intelligence impulsive et son talent à parler... Sous sa main formatrice la matière sèche se transformait en une image totalement différente et peut-être beaucoup plus vivante ». Après avoir jugulé l'inflation en tant que chancelier, Stresemann va devoir s'attaquer à plusieurs autres grands chantiers : le problème des réparations, le problème de l'isolement diplomatique de l'Allemagne ou encore celui des frontières définies par le traité de Versailles. Les contacts qu'il avait entretenus avec le monde diplomatique vont lui être très précieux. Il compte au rang de ses amis l'ambassadeur britannique Lord D'Abernon, l'ambassadeur français Pierre de Margerie et l'ambassadeur américain Jacob Gould Schurman.

Les réparations que l'Allemagne doit payer à la France pèsent encore énormément sur le pays, tout comme l'occupation de la Ruhr qui y est liée. Le 30 novembre 1923, la commission chargée des réparations décide de créer une commission d'experts sous la conduite de Charles Dawes. Stresemann doit alors convaincre que sa politique est la bonne. Ses négociations avec la France sont très rapidement pointées du doigt par ses adversaires. Ce à quoi il répond « Nous ne pouvons faire que la politique d'un peuple désarmé. Celui qui critique la politique de négociation et de conciliation doit dire quelle politique il compte faire à sa place ». Les élections parlementaires de 1924 vont donner l'occasion aux partis extrêmes et à la DNVP de mener une campagne contre le plan Dawes, ce que Stresemann, de plus en plus malade, va combattre.

La France accepte le plan. Une conférence se tient à Londres de juillet à août 1924 au terme de laquelle un traité est signé. La conférence prévoit le recouvrement de la souveraineté allemande sur des territoires comme la Ruhr en en prévoyant l'évacuation en 1925. Le plan accepté, il ne reste plus qu'à Stresemann à le faire adopter par le Reichstag. Les communistes et les nationaux allemands le refusent mais il est entériné le 30 août. Le Plan Dawes entre en vigueur le 1er septembre, il permet de rééchelonner les paiements des réparations et donc de laisser une marge de manœuvre plus importante à la République de Weimar. La signature de ce traité a été rendue possible par la pression exercée par les États-Unis et le travail de Stresemann qui était parvenu à assainir la situation économique allemande avec l'introduction du Rentenmark. Le plan Dawes est l'un des premiers succès allemands en politique extérieure. Pour la première fois après la Première Guerre mondiale, l'Allemagne fait partie d'une négociation internationale. Désormais, l'Allemagne doit payer 1 milliard de marks-or pour l'année 1924 puis le montant doit augmenter jusqu'en 1928 jusqu'à atteindre 2,5 milliards. 55% des réparations sont à payer en argent, le reste en nature.

Le succès diplomatique du Plan Dawes se poursuit par un autre succès de Stresemann et pas l'un des moindres : la signature des accords de Locarno. Stresemann dira lors des actes de conclusion : « Locarno ne sera pas la fin mais le début d'une période de cohabitation plein de confiance entre les nations ». La situation politique en Europe s'était apaisée. En France, Poincaré a été remplacé en 1924 par Édouard Herriot qui était assez germanophile. Les accords de Locarno mettent en place le rapprochement de l'Allemagne avec les autres pays européens. Ils trouvent leur origine dans une conversation que Stresemann avait eue avec Lord D'Abernon et Von Schubert à la fin du mois de décembre 1924. Il faut s'imaginer ce que ces accords représentent seulement six ans après une guerre qui a fait des millions de morts. Herriot exprime lui-même ses inquiétudes face à une possible attaque future de l'Allemagne et s'interdit de donner suite au projet. C'est Aristide Briand qui reprend le dossier en lui réservant un bon accueil. Les négociations juridiques peuvent débuter. En Allemagne, la nouvelle est considerée comme un scandale dans les milieux nationalistes. La DNVP se déchaîne contre Stresemann qui passe pour un traître.

Du 5 au 16 octobre 1925, Chamberlain, Briand, Stresemann et Luther ainsi que d'autres représentants européens se réunissent à Locarno. L'ambiance est détendue et très amicale. Les accords sont signés le 16, ils garantissent les frontières occidentales de l'Allemagne, c'est le pacte rhénan. La Ruhr est désormais protégée de toute occupation. L'entrée de l'Allemagne à la Société des Nations est évoquée. Stresemann renonce à l'Alsace-Lorraine, à Eupen et Malmedy. Il aurait aimé pouvoir recouvrer les territoires de l'est. La frontière orientale est en effet au centre de ses préoccupations. Les accords signés par Stresemann assurent l'invulnérabilité des frontières et non leur intangibilité, ce qui laisse possible une révision des frontières au profit de l'Allemagne, notamment en ce qui concerne le « couloir polonais ». Pour Stresemann, « le traité doit lancer une nouvelle ère de coopération entre les nations... Puissent les générations suivantes avoir toutes les raisons de commémorer de manière reconnaissante ce jour comme le début d'une nouvelle évolution ».

Le retour à Berlin est tumultueux. Le chef de la DNVP, Kuno von Westarp, ne valide pas les accords de Locarno qui ne vont pas assez loin selon lui. Une crise gouvernementale se produit, les ministres nationaux-allemands quittent le gouvernement. Hans Luther parvient à éviter le pire en maintenant son gouvernement en place. Stresemann doit affronter de vives critiques, la presse d'extrême-droite va même jusqu'à lancer des appels au meurtre contre lui. Un attentat est déjoué en décembre 1925. Les accords sont finalement signés le 1er décembre 1925 à Londres par Luther et son ministre des Affaires Étrangères.

Le patriotisme de Stresemann aurait pu compromettre le bon déroulement de la signature des traités. Le 7 septembre 1925, il parle en effet dans une lettre adressée au Kronprinz de « finasser ». Ce mot lui sera souvent reproché et il sera accusé de double langage. Aristide Briand, le ministre des Affaires étrangères français, se lie d'amitié avec Stresemann avec qui il fera progresser le rapprochement franco-allemand. Malgré leurs origines sociales différentes, Briand fait partie de la bourgeoisie, les deux hommes constatent que la paix en Europe dépend des relations entre leurs deux pays. Le 19 août 1929, Stresemann envoie une lettre à Briand dans laquelle il lui écrit : « En prônant l'idée de prestige, beaucoup de malheur est tombé sur le monde ».

Les deux hommes sont des hommes de compromis, même si Stresemann souligne bien que « chacun d'entre nous appartient tout d'abord à sa patrie, un bon Français, un bon Anglais, un bon Allemand doit être une partie de son peuple, mais chacun doit être également un membre de la famille européenne [...] Nous avons le droit de parler d'une idée européenne... Une communauté de destins nous lie les uns aux autres. Si nous voulons atteindre les sommets nous ne pouvons pas y arriver en nous combattant mais en collaborant ». Stresemann et Briand sont désormais les « apôtres de la paix ». Le 10 décembre 1926, les deux hommes reçoivent le prix Nobel de la paix pour les accords de Locarno. Stresemann dit à la tribune : « Nous sommes de la race qui aspire à la lumière dans l'obscurité ».

Quelques mois auparavant, le 17 septembre 1926, une rencontre secrète entre Stresemann et Briand avait eu lieu dans le village de Thoiry dans l'Ain près de Genève. Stresemann veut régler l'occupation de la Rhénanie, la suppression du service militaire et la restitution de la Sarre. Briand veut de l'argent en contre-partie, 1 milliard de mark-or. Stresemann aborde également la question d'Eupen et Malmédy, Briand ne s'y oppose pas. À l'issue de cette rencontre, connue sous le nom d'accords de Thoiry, Stresemann aurait déclaré « Tout le contentieux France-Allemagne tiendrait dans un verre à liqueur ». Toutefois, aucune suite n'est donnée au projet. Le gouvernement français estime que Briand a fait de trop grandes concessions et Stresemann n'est pas soutenu par Hans Luther. Briand rejette même l'initiative de Thoiry sur Stresemann pour garder la face devant Poincaré que le chancelier allemand voit comme le principal obstacle à sa politique. Stresemann continuera sa politique à la tribune de la Société des Nations en ayant pour objectif l'évacuation de la Rhénanie. Les deux hommes resteront amis malgré l'échec de Thoiry.

Stresemann se bat pour que l'Allemagne soit intégrée dans la Société des Nations. Cette intégration constituerait un dernier pas vers l'égalité des droits pour l'Allemagne. « C'est précisément l'article 19 du traité de la Société des Nations qui nous permet de réviser les traités devenus inapplicables. Nous pourrions nous en servir en tant que membre de la Société des Nations ». Stresemann a un double projet. Il veut non seulement rétablir l'Allemagne dans le prestige dont elle disposait auparavant, mais il veut aussi et surtout réviser le traité de Versailles. Le 8 septembre 1926, l'Allemagne obtient un siège permanent à la SDN et Stresemann y prononce un discours deux jours plus tard. Briand y saluera son ami en criant par trois fois dans la salle « La guerre est finie ! ». L'entrée à la SDN est très importante pour l'ancien chancelier car elle donne un poids à l'Allemagne pour réviser le traité de Versailles comme il l'a toujours souhaité. Cette entrée avait échoué en mars 1926 après que l'Allemagne avait posé sa candidature le 8 février 1926.

Gustav Stresemann signe le 24 avril 1926 le traité de Berlin entre l’Allemagne et l’URSS. En décembre un protocole avait été signé, il mettait fin au contrôle militaire allié. Le 27 août 1928, le pacte Briand-Kellogg est signé. Il affirme le règlement pacifique des conflits entre les États. La délégation voyage à Paris et Stresemann est même reçu par Poincaré, ce qui aurait été impensable quelques années auparavant. Malade, Stresemann passe les derniers instants de sa vie à régler des problèmes de politique intérieure et à la mise en place du plan Young. Le plan Dawes n'avait rien défini en ce qui concerne le montant définitif des réparations de guerre, un deuxième plan était nécessaire. Grâce au Plan Young la durée des réparations est fixée à 59 années. Stresemann obtient dans le même temps que les troupes françaises évacuent la Rhénanie au 30 juin 1930. Jusqu'à la fin, Stresemann essaie de mener sa politique et continue à exhorter Briand à faire des concessions : « Si Briand ne fait pas de concessions maintenant, je suis fait. Il en viendra un autre. Allez à Nuremberg et voyez Hitler ! ».

Stresemann ne pourra pas voir les conséquences de ses efforts. Malade depuis avant 1914, hyperactif, il a mené tout au long de sa carrière politique et industrielle une vie très éprouvante physiquement. À partir de 1927, sa santé n'avait fait que se détériorer. C'est à cette époque qu'il fait part de ses dernières volontés à son secrétaire Henry Bernhard. Stresemann avait eu une légère attaque cérébrale le 6 août 1928. On diagnostique une artériosclérose. Les maladies s'enchaînent les unes après les autres.

Il meurt d'une autre attaque cérébrale le 3 octobre 1929 à l'âge de cinquante et un ans. De nombreuses personnalités comme le président Paul von Hindenburg prennent part au cortège funèbre qui défile devant le Reichstag avant de faire un arrêt dans le ministère des Affaires étrangères. Stresemann est enterré aux côtés de ses parents au cimetière de Luisenstadt, un quartier de Berlin. Avec sa disparition, la République de Weimar perd l'un de ses hommes politiques les plus doués. Elle perd non seulement un homme politique mais elle perd également l'une des seules personnes qui l'a soutenue. La mort de Stresemann et la crise mondiale marquent la fin de la république et de l'idée européenne. Son secrétaire Carl von Schubert dit au lendemain de sa mort : « L'Auswärtiges Amt perd avec le défunt un chef d'une énergie infatigable et d'une remarquable clarté de vue dans les questions décisives. [...] ». Six mois plus tard, la grande coalition formée par le SPD, le DDP, le DVP et le Zentrum met en place les cabinets présidentiels qui déboucheront quelques années plus tard sur le mandat de chancelier d'Adolf Hitler.

Peu avant sa mort, Stresemann avait dit au diplomate Albert Bruce Lockhart : « Si les Alliés étaient venus me voir une seule fois, j'aurais eu le peuple derrière moi, oui, encore aujourd'hui je pourrais le faire. Mais ils ne m'ont rien donné et les plus petites concessions qu'ils ont faites sont toujours venues trop tard. Ainsi, il ne nous reste rien d'autre que la violence brute. L'avenir est entre les mains de la nouvelle génération et celle-ci, la jeunesse allemande, que nous aurions pu rallier à nous pour la paix et la reconstruction, nous l'avons perdue. C'est cela ma tragédie et votre crime, à vous les Alliés ».

Le choix fait par Stresemann d'arriver à la révision du traité de Versailles par le biais d'une politique de rapprochement avec la France a de tout temps fait débat dans le domaine politique comme dans celui de la recherche historique. On peut le qualifier d'Européen de la première heure mais également de nationaliste radical. Ses adversaires conservateurs et nationalistes ont qualifié sa politique de non-allemande et de souple. De plus, la lettre que Stresemann a envoyée à son ami le Kronprinz Guillaume de Prusse dans laquelle il a esquissé son désir d'exercer une politique de puissance a mené certains historiens des années 1980 comme le Français Raymond Poidevin à dire de Stresemann qu'il était un remarquable opportuniste déployant les armes diplomatiques pour tromper les puissances occidentales, éveiller le sentiment de sécurité pour arriver à faire réviser le traité de Versailles.

On a donc fait à Stresemann le reproche de mener une politique secrète. Mais Stresemann n'a jamais caché le fait que la révision du traité de Versailles était l'un de ses buts et cela depuis longtemps. Les hommes politiques des autres pays étaient au courant de ses projets. La politique de Stresemann devait déboucher sur des négociations internationales. Basée sur l'économie, cette politique se démarque de celle menée jusqu'alors par l'Empire mais également de celle qu'a menée par la suite Hitler. Elle a en cela un statut autonome et particulier dans l'histoire allemande. Les jugements extrêmes portés à l'encontre de l'ancien chancelier ne tiennent pas compte du fait qu'il s'est toujours tenu à l'écart des extrémismes contre lesquels il a souvent mis en garde. Les recherches actuelles relativisent l'importance de la lettre au Kronprinz et livrent de Stresemann une image beaucoup plus nuancée. Joseph Rovan dit de lui : « Ses successeurs n'avaient ni son talent, ni son prestige, et ne suscitèrent pas la même confiance chez leurs interlocuteurs ».

Knochen Helmut

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Knochen Helmut

 

Helmut Knochen (1910 - 2003) fut pendant la Seconde Guerre mondiale Chef de la police de sûreté (SIPO) et du service de sécurité (SD) pour la France, avec rang de SS Standartenführer dans la hiérarchie SS (soit colonel). Il est impliqué dans la politique antisémite de l'occupant, notamment dans les déportations massives de Français juifs vers les camps de concentration, et s'est rendu responsable de l'exécution de plusieurs milliers de résistants français. 1910.

Le 14 mars, naissance d’Helmut Knochen à Magdeburg. 1926. Son père, Karl Knochen, instituteur, capitaine d'artillerie et ancien combattant de Verdun, le fait inscrire à la section des « jeunes du Stahlhelm » (Heaume d'acier), organisation nationaliste. 1932. Il adhère au parti nazi, le NSDAP. 1933. Helmut Knochen adhère à la SA. 1935. Il est étudiant en Histoire et en anglais aux Universités de Leipzig et de Göttingen (où il se lie d'amitié avec Jean Philippe Larrose, un français qui sera l'un des acteurs de la collaboration à Bordeaux). Il obtient un doctorat en philosophie, avec une thèse sur le dramaturge anglais George Coleman. Il occupe les fonctions de professeur et de journaliste. il entre comme rédacteur dans un journal local. Il adhère au parti nazi. 1936. Il rejoint les SS. Il suit les Jeux olympiques de 1936 et fait connaissance du docteur Six qui dirige le service de presse de Reinhard Heydrich. 1937. Il devient officier SS.

Il est envoyé à Paris pour effectuer un reportage sur l’Exposition Universelle ; à son retour à Berlin, il débute dans le Renseignement. 1938. Il a le grade de lieutenant SS au service central de sécurité (SD) de Berlin. Il y dépouille les journaux, notamment les articles rédigés par les émigrés allemands en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Il élabore des synthèses, très remarquées. 1939. Incident de Venlo : dans la nuit du 8 au 9 novembre, à la frontière germano-néerlandaise, il capture deux agents britanniques du MI6 et les ramène en Allemagne. Pour cet exploit, Hitler lui remet personnellement la croix de guerre de 1ère et 2ème classe. 1940. Le 14 juin, il dirige un commando spécial d'une vingtaine d'hommes choisis par Heydrich (dont Karl Boemelburg, de la Gestapo), camouflés en militaires de la GFP, qui s'introduit en France et forme l'amorce de ce qui deviendra le puissant SIPO-SD en France. Ceux-ci installent leurs bureaux avenue Foch, et s'occupent de la collecte d'information sur les Français et du traitement des archives tombées entre les mains du SD lors de l'invasion.

Rapidement la Wehrmacht remarque ce groupe non-répertorié par ses services. Knochen est alors convoqué par la GFP pour s'expliquer. À la suite de cet entretien, un accord est passé entre les SS et les membres de la GFP. Knochen est nommé commandant en chef de la sécurité interne de Paris, et s'occupe de traquer les ennemis du nazisme (juifs, communistes, franc-maçons, anti-fascistes, réfugiés allemands). 1941. Il organise des attentats contre plusieurs synagogues à Paris, avec l'aide. de membres de la Cagoule L'armée d'occupation, débordée, laisse la Gestapo procéder aux perquisitions et aux arrestations. Knochen est promu au grade d’Obersturmbannführer à l’âge de trente ans. 1942. Les pouvoirs de Knochen s'étendent à l'ensemble de la France occupée et à la Belgique, il est promu Standartenführer et devient le Befehlshaber der Sicherheitspolizei (commandant de la police de sécurité) de cette zone.

Il est alors sous les ordres directs du Brigadeführer Karl Oberg qui ne répond de ces actes que devant Heinrich Himmler et qui dirige l'ensemble de la SS et des polices de la zone occupée, cela depuis que les fonctions de police, sur demande d'Himmler et par ordre d'Hitler, ont été retirées à l'armée d'occupation. 1944. 20 juillet 1944, suite à l'attentat contre Adolf Hitler,  Helmut Knochen et le Général Karl Oberg sont arrêtés, ainsi que le contingent SS de Paris par l'armée, dirigée par les conspirateurs, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel et le General von Boineberg-Lengsfeld, qui croient à la réussite de l'attentat contre Adolf Hitler. Après l'échec du coup d'état, ils sont relâchés . Fin juillet. Les Alliés sont au Mans, ce qui donne le signal du déménagement. Oberg décide de vider toutes les prisons et les camps pour envoyer les prisonniers vers l'Allemagne. 15 août. Un convoi de 2500 déportés part de France. 17 août. Début du déménagement des services vers l'Est. 18 août. 1600 détenus sont envoyés en Allemagne. Le SD quitte Paris pour Vittel . 20 août. Oberg et Knochen sont à Vittel, mais n'ont pas grand chose à faire. Pour eux, la campagne est terminée. Heinrich Himmler n'est pas satisfait de leurs services ; il estime, comme beaucoup de SS, que Paris pourrit tout et qu'ils étaient plus fins diplomates que bons policiers.

Helmut Knochen est convoqué à Berlin au siège du RSHA dirigé par Kaltenbrunner :  « La guerre dans les bureaux et les salons est terminée pour vous, vous allez d'ailleurs me rendre ce grade qui n'avait de valeur qu'à Paris. Vous êtes désormais SS-Schütze (2eclasse) et vous partez pour le front ! » Knochen devient simple soldat, un Waffen-SS de la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler où il essaye de devenir un bon Panzergrenadier sur le terrain militaire de Berreckan, près de Prague. Kaltenbrunner le rappelle dans ses services qui sont débordés de travail, mais Knochen ne sera pas de grande utilité car au même moment les troupes nazies se replient de l'autre coté du Rhin. Helmut Knochen est fait prisonnier par les troupes américaines. 1946. À Wuppertal (zone britannique de l'Allemagne occupée), il est jugé et condamné à mort par un tribunal militaire britannique pour le meurtre de pilotes britanniques.

1947. Le 1er juillet, il est extradé en France. 1954. Le 9 octobre, il est de nouveau condamné à mort, par les tribunaux français à Paris, pour crimes de guerre. Il fait appel de sa peine. Le président Vincent Auriol le gracie. 1958. Le 10 avril, le président René Coty commue sa peine en vingt ans de réclusion criminelle. 1962. Le 20 novembre, le président de Gaulle le libère, peu de temps avant de signer le traité de coopération franco-allemand le 22 janvier 1963. 1963. De retour en Allemagne, il habite Baden-Baden. Plus tard, il habitera Hahnenklee, puis Offenbach am Main. (date ?). Il se marie et a un fils. 1972. Lucien Steinberg réalise une interview pour la revue Historia. À ce moment-là, Knochen exerce le métier de courtier en assurances-retraite à Francfort. 1982. Il se remarie. 2000. En juin-juillet, il accorde une interview à Hubert de Beaufort et J. Ph Larrose. 2003. Le 4 avril, il meurt à Offenbach am Main (Allemagne).

Darquier de Pellepoix Louis

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Darquier de Pellepoix Louis

 

Louis Darquier, plus connu sous son nom d'emprunt Louis Darquier de Pellepoix, dit "baron", (Cahors, 19 décembre 1897 - 29 août 1980, près de Malaga, Espagne), journaliste, militant antisémite et politicien français d'extrême droite. En mai 1942, sous l'instigation de Theodor Dannecker, il est nommé par Pierre Laval à la direction du Commissariat général aux questions juives en remplacement de Xavier Vallat. Louis Darquier est né dans une famille de notables de Cahors. Son père, le Docteur Pierre Darquier, médecin, s'engagea en politique au sein du Parti radical fut maire de la ville de Cahors de 1907 à 1919, avant d'être conseiller général. Louis a deux frère : Jean, né en 1896 et René en 1901.

À la fin de 1918, les Darquier s'installent définitivement à Neuilly-sur-Seine. Les relations du père avec son fils Louis, un "bon à rien" qui n'a fait aucune étude supérieure, qu'il a aidé (via Anatole de Monzie) à obtenir des postes dans le commerce des grains ( dans les affaires des Vilgrain, ou de Louis Louis-Dreyfus ) qui a multiplié les prévarications avant de se retrouver sans emploi, et qui ne cesse de réclamer de l'argent, sont devenues extrêmement tendues. Pierre Darquier n'apprécie pas du tout non plus les positions antisémites de ce fils pour lequel sa mère est plus indulgente, voire complaisante. Pierre Darquier refuse ainsi d'aller voir Louis Darquier sur son lit d'hôpital alors que ce dernier a été grièvement blessé par balle à la cuisse lors des événements sanglants du 6 février 1934 devant la Chambre des députés.

Engagé volontaire à 17 ans dans les troupes françaises durant la Première Guerre mondiale, Louis Darquier échoue à devenir militaire de carrière et est démobilisé en 1919. Il travaille plusieurs années dans une société de négoce de grains, mais est licencié pour avoir spéculé avec les fonds de l'entreprise. Commence alors une période de plusieurs années de vie de bohème. Prétendant posséder une ascendance aristocratique, il affirme être descendant de l'astronome du XVIIIe siècle Antoine Darquier de Pellepoix, dont il s'attribue indûment la particule et d'un autre homonyme, le noble d'Empire François-Isidore Darquier, dont il s'attribue le titre de baron. Il s'expatrie en Grande-Bretagne, où il épouse l'actrice australienne Myrtle Jones, dite Sandra Lindsay.

Il vit essentiellement de l'argent que lui envoie sa famille et tente sans succès une carrière littéraire. L'un de ces deux frères, René, qui travaille dans le négoce des grains et a aidé son frère Louis a subsister pendant ses années de disette lui coupe les vivres dès 1936, lorsque Louis s'enfonce dans un antisémitisme de plus en plus furieux, et cède les reconnaissances de dettes accumulées - 170 000 francs de l'époque - à une société chargée de récupérer les créances sans ménagement. L'affaire passant au stade de la justice et des huissiers, leur frère aîné, Jean, proche des idées de Louis, supplie René de mettre fin aux poursuites. Ce que René accepte finalement. Il ne sera jamais remboursé. Et même, pour se venger de lui, Louis Darquier assure publiquement en 1942 que ce frère René qui avait travaillé, pour son plus grand profit, dans l'entreprise Louis Dreyfus, était - contrairement à la vérité - aussi " antijuif " que lui même et son autre frère Jean. Il finit par quitter Londres - où il abandonne sa fille en bas âge - et revient en France.

Après son retour en France, il dit à sa famille désirer renoncer à la vie de bohème et se rapproche du catholicisme. Son frère aîné, sympathisant de l'Action française, lui fait découvrir les milieux du nationalisme. Les événements du 6 février 1934, au cours desquels il est sérieusement blessé à la jambe, lui donnent l'occasion d'accéder à la notoriété en fondant L'Association des Blessés et Victimes du 6 février. Il devient peu après secrétaire général du quotidien nationaliste Le Jour. Il est élu en 1935 conseiller municipal de Paris et est alors toujours proche de l'Action française. Après la victoire du Front populaire aux élections de 1936, il crée son propre parti, le Rassemblement anti-juif de France, et s'éloigne du nationalisme français germanophobe pour se rapprocher des thèses de l'Allemagne nazie. Il fonde le journal La France enchaînée, organe officiel de son parti. Dès 1936, Darquier de Pellepoix réclamait la dénaturalisation des juifs devenus citoyens français après le 11 novembre 1918. Entré en relation avec des organismes nazis de propagande, il utilise l'expression "Bravo Fritz !" pour féliciter Adolf Hitler de l'exécution de la nuit de cristal. En 1940, il s'engage dans les troupes françaises et est fait prisonnier. Il est libéré par les Allemands deux mois plus tard.

Il est commissaire général aux questions juives dans le gouvernement de Vichy à partir de mai 1942, imposé par les autorités allemandes qui jugeaient son prédécesseur Xavier Vallat trop modéré. Il a notamment été considéré comme l'un des responsables de la rafle du Vel d'hiv du 16-17 juillet 1942, bien que son rôle dans l'affaire semble avoir été plutôt passif.

Le 1er février 1943, un article signé par Darquier paraît dans Le Petit Parisien :

    « Je propose au gouvernement :

 

  • d'instituer le port de l'étoile jaune en zone non occupée ;
  • d'interdire aux juifs, sans aucune dérogation, l'accès et l'exercice des fonctions publiques (...) ;
  • le retrait de la nationalité française à tous les juifs qui l'ont acquise depuis 1927. »


Ayant échoué à faire adopter ses propositions par Pierre Laval, faisant preuve dans ses fonctions d'une assiduité contestée, peu apprécié par le Maréchal Pétain qui le qualifiait de "tortionnaire", accusé de malversations dans la gestion des biens juifs, Darquier est remplacé par Charles du Paty de Clam en février 1944. Après la Libération, il fuit en Espagne où il est professeur de français, puis employé comme traducteur dans une administration. Le 10 décembre 1947, il est condamné à mort par contumace, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation des biens. En 1978, il accorde une interview à L'Express, qui la publie le 28 octobre 1978. Il y déclare notamment « Je vais vous dire, moi, ce qui s'est exactement passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c'est vrai. Mais on a gazé les poux. », contestant la réalité de la Shoah.

Il se dédouane également de toute responsabilité dans la rafle du Vél d'Hiv', dont il attribue la responsabilité à René Bousquet, secrétaire général de la police nationale. Son extradition, demandée par la France en 1978 seulement suite à la publication de son interview dans L'Express, avait été refusée par l'Espagne, Darquier n'ayant pas été condamné pour crimes de guerre et son état de santé étant jugé trop précaire. Il meurt paisiblement en Espagne le 29 août 1980. Son décès ne sera annoncé au public que trois ans plus tard.

Petacci Clara

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Petacci Clara

Clara Petacci née le 28 février 1912 à Rome et fusillée le 28 avril 1945 à Giulino di Mezzegra (Province de Côme) en Italie , fut la maîtresse de Benito Mussolini. Issue d'une famille de la haute bourgeoisie de Rome, elle rencontra le Duce en 1929 et devint sa maîtresse en 1932. Clara Petacci accompagna Mussolini dans ses bons et ses mauvais moments. Bien qu'elle eût obtenu le divorce en Hongrie de son mari, le lieutenant de l'aéronautique Riccardo Federici, elle ne demanda jamais à Mussolini de lui rendre la pareille (il resta donc l'époux de Rachele Guidi).

Interceptés tous les deux à Dongo lors de leur tentative de fuite vers la Suisse pour se soustraire au désir de vengeance des « Partigiani » (les résistants italiens), ces derniers les livrèrent à un officier communiste des Volontaires de la liberté, le Colonel Valerio (de son vrai nom Walther Audisio, futur député du Parti communiste italien) qui, après un simulacre de procès, les exécuta de sa main, à Giulino di Mezzegra, à proximité du lac de Côme. Leurs dépouilles furent exposées pendues par les pieds Piazza Loreto à Milan. Son frère Marcello Petacci fut également exécuté par les résistants communistes. Clara Petacci était la sœur de l'actrice Miriam di San Servolo (1923-1991), également connue sous le nom de Miriam Day.


Hess Rudolf

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Hess Rudolf

Rudolf Walter Richard Hess, (26 avril 1894 à Alexandrie, Égypte - 17  août 1987 à la prison de Spandau, Berlin-Ouest, République fédérale allemande) est une personnalité majeure du Troisième Reich. Après avoir gravité dans l'ombre d'Adolf Hitler dès ses débuts politiques, il en devient le représentant officiel auprès du parti nazi et participe activement en 1935 à la rédaction des lois de Nuremberg. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il prend l'initiative, à la veille de l'invasion de l'URSS, de s'envoler pour l'Écosse afin de négocier un accord de paix avec la Grande-Bretagne.

À son arrivée il est aussitôt arrêté par les autorités britanniques. Après la capitulation allemande il est condamné à l'emprisonnement à perpétuité lors du procès de Nuremberg. En 1987, après 46 ans de captivité, il est retrouvé mort pendu dans la prison de Spandau. Né le 26 avril 1894 à Alexandrie en Égypte dans une famille de commerçants européens (mère britannique d'origine grecque et père allemand autoritaire, politiquement ultra-nationaliste), il sert dans l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale. Il est blessé à plusieurs reprises et tente d'entrer dans l'armée de l'air, mais la guerre s'achève avant qu'il ne puisse piloter. Il adhère au NSDAP dès sa création en 1919 en prenant la 16e carte du parti .

Il rencontre Adolf Hitler en 1921 et tombe rapidement sous son influence. Lorsque Adolf Hitler prend la direction du NSDAP, il devient alors son secrétaire particulier. Contrairement à une idée répandue, ce n'est pas lui mais Karl Haushofer qui est l'inventeur du concept de Lebensraum (espace vital). Il est cependant possible que ce soit Hess qui ait introduit l'idée auprès d'Hitler comme l'un des éléments majeurs de la politique nazie. Cette idée sera développée ultérieurement par d'autres personnes dans la revue qu'il dirige, Zeitschrift für Geopolitik (Cahiers pour la géopolitique). Rudolf Hess participe en 1923 au putsch de la brasserie à Munich.

Après l'échec de la tentative de coup d'État, il est emprisonné avec Hitler à Landsberg am Lech et l'aide à la rédaction de Mein Kampf. À sa sortie de prison, Rudolf Hess occupe une position privilégiée en tant qu'adjoint d'Hitler lors des premières années du mouvement nazi, mais son influence se réduit petit à petit dans les années 1930 lors de l'arrivée au pouvoir du parti nazi. En 1933, Hitler le considère publiquement comme son dauphin, puis comme le 3e homme du régime après Göring.

Rudolf Hess engage comme secrétaire personnel Martin Bormann et représente le Führer dans des manifestations mineures. En 1935, il participe activement à la rédaction des lois de Nuremberg.Il se passionne pour l'astrologie et les horoscopes et se nourrit de plantes médicinales. Certains y voient plutôt un esprit romantique cherchant à obtenir une paix séparée avec les Britanniques.

Il a un fils, prénommé Wolf Rudiger Hess (Rudiger vient de la légende des Niebelungen, le conte préféré de son père) ayant Hitler pour parrain. La marginalisation de son rôle politique s'accroît lors des premières années de la Seconde Guerre mondiale, qui focalise toute la gloire populaire sur les lieutenants d'Hitler : Hermann Göring, Joseph Goebbels et Heinrich Himmler. Il est cependant nommé membre du Conseil de la défense du Reich dès 1939 et assiste Hitler lors de la signature de l'armistice français de 1940 à Rethondes. Le 10 mai 1941, Rudolf Hess prétend vouloir essayer un Messerschmitt Bf 110 et détourne l'avion jusqu'au nord du Royaume-Uni.

Il saute en parachute à Ayrshire lorsqu'il essuie des tirs de DCA. Il se casse la cheville à son atterrissage et est immédiatement arrêté par les autorités britanniques. Il demande alors à rencontrer le Duc d'Hamilton qu'il dit connaître depuis une visite officielle du Prince de Galles en Allemagne avant la guerre. Il pense que le Duc serait un bon médiateur, au service de lord Halifax, opposant et successeur potentiel de Winston Churchill. Les services secrets avaient encouragé le premier ministre britannique à accepter d'ouvrir des discussions avec des représentants de l'Allemagne nazie pour laisser penser qu'une paix était envisageable. Pour rendre crédible cette opération, la stratégie consistait à laisser croire qu'une fois que Winston Churchill serait mis en opposition à la Chambre des Lords, Lord Halifax - son successeur le plus crédible - accepterait de négocier un arrêt des hostilités.

À cette époque, l'Empire britannique supportait seul l'effort de guerre et la politique de Churchill était très critiquée. Une partie de la classe politique, menée par Lloyd George, souhaitait l'arrêt des hostilités afin de préserver l'Empire. Rudolf Hess est emprisonné quelque temps à la Tour de Londres. Hitler prétend alors que Hess est devenu fou, et qu'il a agi de sa seule initiative. Toutefois, le colonel SS Otto Skorzeny affirme dans son livre La guerre inconnue que Hitler était parfaitement au courant du projet de Rudolf Hess de partir négocier en Grande-Bretagne. Martin Bormann lui succède au poste d'adjoint et Hess passe le reste de la guerre au Royaume-Uni. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale,

Rudolf Hess est jugé au cours du procès de Nuremberg pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Au cours du procès, il ne se reconnaît coupable d'aucun de ces crimes et se dit même fier d'avoir servi son maître, Adolf Hitler, et le peuple allemand. Il va jusqu'à invoquer son action en Écosse où il avait tenté, selon lui, de mettre fin à la guerre entre l'Allemagne et le Royaume-Uni, au péril de sa vie, et avait été emprisonné pour cela. Des quatre chefs d'accusation, seuls sont finalement retenus le complot et les crimes contre la paix. Il écope de la prison à perpétuité, sanction qui sera appliquée sans remise de peine. Pendant les années qui suivent, il est le prisonnier « numéro 7 ».

Après les libérations de Baldur von Schirach et d'Albert Speer en 1966, il reste le dernier prisonnier de la prison de Spandau (Berlin-Ouest). Ses aumôniers (Charles Gabel 1977-1986 et Michel Roehrig 1986-1987) affirment que contrairement aux idées reçues, Hess n'avait rien d'un fou, ou d'une personne psychologiquement fragile. Seuls les Soviétiques se seraient opposés à une libération. Spandau étant à Berlin-Ouest, le détachement soviétique chargé de prendre la relève traversait en armes une partie de l'espace contrôlé par les Occidentaux ; cette particularité a pris fin avec le décès de Hess en 1987.

Il meurt à Spandau en 1987 à 93 ans, pendu à un fil électrique. Sa mort est classée comme un suicide, bien que son fils Wolf Rüdiger Hess ait toujours défendu la thèse d'un assassinat perpétré par les SAS ou la CIA. La thèse de l'assassinat est défendue par la famille de la victime, ainsi que par les néonazis qui voient à travers cette mort un martyr nazi. Les médecins légistes anglais confirment néanmoins la thèse du suicide. On peut lire sur la tombe de Rudolf Hess l'épitaphe suivante : « Ich habe gewagt » (« J'ai osé »). Cette phrase énigmatique alimente une controverse.

Les hypothèses sur ce qu'il aurait osé sont diverses : de se supprimer, d'avoir agi comme il le fit au cours de la Seconde Guerre mondiale, d'avoir essayé de faire la paix avec l'Angleterre, etc. Après la mort de Hess, la prison de Spandau fut détruite afin d'éviter qu'elle ne devienne un lieu de rassemblement de néonazis.

Cependant, des Allemands et d'autres personnes européennes se retrouvèrent à Wunsiedel, où il est enterré (c'est aussi la ville d'origine de sa famille paternelle), pour une « marche de la mémoire ». Ces manifestations se renouvellent chaque année, le jour anniversaire de la mort de Hess, bien qu'interdites de 1991 à 2000 (années durant lesquelles les marches eurent lieu dans diverses villes des alentours). Les marches de 2002 et 2003 (à nouveau autorisées) rassemblèrent plus de 500 personnes.

 

 

Maurras Charles

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Maurras Charles

  

Charles-Marie-Photius Maurras, né le 20 avril 1868 à Martigues (Bouches-du-Rhône) et mort le 16 novembre 1952 à Saint-Symphorien-lès-Tours (Indre-et-Loire), est un journaliste, essayiste, homme politique et poète français, théoricien du nationalisme intégral, antisémite déclaré et soutien du régime de Vichy. Après un premier échec contre Jonnart (1924), il est été élu à l’Académie française le 9 juin 1938 au fauteuil d’Henri-Robert, par 20 voix contre 12 à Fernand Gregh ; il fut reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux. Maurras naît dans une famille de la bourgeoisie provençale. Il fait ses études au collège catholique, à Aix-en-Provence, rue Lacépède, mais perd la foi rapidement. Après avoir passé son baccalauréat en 1885, il part pour Paris et devient journaliste littéraire.

Il se lie d'amitié avec Anatole France, qui renforce son agnosticisme et subit l'influence du positivisme d'Auguste Comte. Maurras évolue à partir de 1895-1896. Il rencontre le nationaliste Maurice Barrès, collabore à La Cocarde, et rentre changé de son voyage en Grèce, où il couvre les premiers Jeux olympiques modernes pour La Gazette de France. Il se range dans le camp des antidreyfusards, déclarant que devant le dilemme d'innocence ou de culpabilité, il fallait mettre en avant l'intérêt supérieur de l'Etat. Il lance alors l'idée d'élever Dreyfus au maréchalat tandis que l'on passerait par les armes les agitateurs de tout genre se réclamant de lui. Il se convertit à l'idée monarchique. Joseph de Maistre et Louis de Bonald inspirent ses idées politiques (voir l'ouvrage de Tony Kunter, Charles Maurras, la Contre-Révolution pour héritage), Le Play et La Tour du Pin, ses idées économiques et sociales. À la mort de son frère, il adopte son neveu et ses nièces. Il sera aussi le parrain de François Daudet, un des fils de Léon Daudet.

Il est le dirigeant et le principal fondateur du quotidien royaliste l’Action française (d'abord intitulé Revue d'Action française, fondée par Maurice Pujo et Henri Vaugeois en 1899). Il déploya, avec ses principaux collaborateurs, une grande virulence, allant – durant les années 1920 – jusqu'à la menace de mort, notamment contre Abraham Schrameck, ministre de l'Intérieur, en 1925 (« Ce serait sans haine et sans crainte que je donnerais l'ordre de répandre votre sang de chien si vous abusiez du pouvoir public pour répandre du sang français répandu sous les balles et les couteaux des bandits de Moscou que vous aimez »), ou contre Léon Blum, président du Conseil (« C'est en tant que Juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d'ajouter qu'il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer. »).

Comme dirigeant du quotidien L'Action française, en publiant, le 14 juillet 1936, un article accusant Roger Salengro d'avoir déserté pendant la Première Guerre mondiale, il joua un rôle majeur dans la campagne de presse violente et mensongère menée, avec le quotidien d'extrême droite Gringoire, contre le ministre de l'Intérieur du Front populaire, qui aboutit à son suicide le 18 novembre 1936. L'antisémitisme de Maurras, occupe cependant une place modeste dans son œuvre ; Léon Poliakov évoque d'ailleurs les « bons Juifs » qu'avait distingués Maurras par leur engagement dans la Grande Guerre, comme Pierre David (1886-1918). Son talent littéraire donnait à ses ouvrages théoriques une grande influence dans les milieux cultivés et conservateurs de France, et ses qualités de polémiste lui assuraient une réelle audience dans d'autres, comme l'Académie française. En 1905 il fonde la Ligue d'Action française pour lever des fonds en faveur de L'Action française, devenue l'organe de presse du mouvement.



Charles Maurras devant la cour

Charles Maurras (3e en partant de la gauche), en 1923

 

Le marquis de Montealegre de Aulestia, grand penseur réactionnaire péruvien, le rencontra en 1913, admiratif de sa doctrine monarchique. Maurras également eut un important ascendant idéologique sur Salazar et les intellectuels du régime salazariste. Il soutint le général Franco et, jusqu'au printemps 1939, Mussolini, soulignant la parenté entre bon nombre de ses idées et celles du fascisme. Il appréciait la symbiose entre ses épigones italiens et le Parti national fasciste. En mars 1936, il écrira dans l’Action française à propos du nazisme : « l’entreprise raciste est certainement une folie pure et sans issue ». Maurras demandera une traduction non expurgée de Mein Kampf, dont certains passages laissant prévoir les ambitions hitlériennes avaient été censurés dans la version française. Il fut élu à l'Académie française le 9 juin 1938, au fauteuil 16, succédant à Henri-Robert. Sa réception officielle eut lieu le 8 juin 1939. À l'été 1940, malgré les conseils de Pierre Gaxotte, Maurras fit reparaître L'Action française à Lyon, avec en tête le slogan « La France seule », voulant signifier son rejet de la collaboration et de la dissidence. Il soutient le régime de Vichy.

En septembre 1940, lorsque le maréchal Pétain lui demande sa conception de la Révolution nationale, il répond « un bon corps d'officiers et un bon clergé », une position qu'il appelait : « défendre l'héritage en l'absence d'héritier ». On lui reprocha sa formule ambiguë sur une « divine surprise » pour parler des événements de 1940, mais il semble qu'il parlait alors non de l'accession au pouvoir du Maréchal Pétain mais du fait que malgré la défaite l'État ne se soit pas complètement effondré. Inspirateur de la politique du régime de Vichy, il se fit l’apologiste du gouvernement du maréchal Pétain. Il continua à « dénoncer les Juifs » en se félicitant par exemple de l'abolition du décret Crémieux.

Pendant l'occupation, les membres et les proches de l'Action française se divisèrent en trois groupes opposés : celui des maurrassiens orthodoxes soutenant le gouvernement de Vichy conduit par le maréchal Pétain, celui des collaborationnistes germanophiles tels Robert Brasillach ou Joseph Darnand et celui de ceux qui entrèrent en résistance contre les nazis tels Honoré d'Estienne d'OrvesGilbert RenaultPierre BénouvilleDaniel Cordier ou Jacques Renouvin. Le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Charles Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale. De cette dernière condamnation (article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944), découle son exclusion automatique de l'Académie française (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Conformément à la loi l'Académie déclare vacant le siège de Maurras lors de la séance du 1er février 1945 mais, selon la décision du secrétaire perpétuel Georges Duhamel, ne procède pas au vote de radiation.

L'Académie décide de ne procéder à l'élection du remplaçant qu'après le décès du titulaire. Ce remplacement eut lieu le 29 janvier 1953, avec l'élection d'Antoine de Lévis-Mirepoix au fauteuil 16. Maurras commenta sa condamnation par une exclamation célèbre : « C'est la revanche de Dreyfus ! ». Le 21 mars 1952, bénéficiant d'une grâce médicale accordée par le président de la République Vincent Auriol, grâce réclamée maintes fois par l'écrivain Henry Bordeaux, auprès du président, par divers courriers, Charles Maurras est transféré à la clinique Saint-Grégoire de Saint-Symphorien-lès-Tours où il meurt. Bien qu'affaibli, il collabora sous pseudonyme à Aspects de la France, journal fondé par des maurrassiens en 1947, suite à l'interdiction de l'Action française.

Ses dernières années, à la prison de Clairvaux, furent l'occasion d'une introspection et d'un retour au catholicisme. Un intense nationalisme était central dans les idées politiques de Maurras (il fonde sa propre doctrine qu'il nomme nationalisme intégral), tout comme la foi porté à une société d'ordre basée sur un chef d'État autoritaire. Ces idées sont les bases de son soutien tant au monarchisme français qu'à l'Église catholique et au Vatican. Cependant, il n'avait aucune loyauté personnelle envers la maison de Bourbon-Orléans, et était un agnostique convaincu, jusqu'à une reconversion au catholicisme à la fin de sa vie.

Ses travaux ont particulièrement marqué la droite française, incluant l'extrême droite, succès dû au fait qu'il parvînt à théoriser l'ensemble des idées politiques défendues par les familles politiques de droite en une seule et unique doctrine offensive et virulente, qui contrastait nettement avec les légitimistes, pourtant en théorie plus à droite que Maurras, et fut probablement une des causes de leur écroulement pendant les années Maurras. Il parvint à rassembler le paradoxe d'une pensée réactionnaire qui changerait activement l'Histoire, une forme de contre-révolution opposée (car plus radicale) au simple conservatisme.

D'après l'historien Alain-Gérard Slama, l'efficacité de Maurras tient justement dans ce rassemblement des divers courants de droite de la France de cette époque (légitimistes, orléanistes, bonapartistes) et dans le fait de leur donner une théorie de l'action politique autant qu'une idéologie positive, l'intégralisme, alors que les familles de droite étaient jusqu'alors caractérisées par leur unique opposition à la gauche. Son « nationalisme intégral » rejetait tout principe démocratique qu'il jugeait contraire à l’« inégalité naturelle », et critiquait toute évolution depuis la Révolution française de 1789, et prônait le retour à une monarchie héréditaire.

Comme beaucoup de gens en Europe à cette époque, il était hanté par l'idée de « décadence », partiellement inspirée par ses lectures de Taine et Renan, et admirait le classicisme (ce qui d'ailleurs se ressent nettement dans ses recueils de poèmes, notamment La Musique intérieure et La Balance intérieure). Il sentait que la France avait perdu sa grandeur pendant la Révolution de 1789, une grandeur héritée de ses origines de province de l'Empire Romain et forgée par, selon son expression, « quarante rois qui, en mille ans, firent la France ».

La Révolution française, écrivait-il dans L’Observateur, était négative et destructive. Il remonta plus loin pour expliquer ce déclin, jusqu'aux Lumières et à la Réformation; il décrivait la source du mal comme étant "des idées suisses", une référence à la nation adoptive de Calvin et la patrie de Jean-Jacques Rousseau. Maurras attribuait également le déclin de la France à l'« Anti-France », qu'il définissait comme « les quatre États confédérés des Protestants, Juifs, Franc-maçons, et métèques ». En effet, pour lui ces trois premiers, Protestants, Juifs et Franc-maçons étaient tous des "étrangers internes". L'antisémitisme et l'anti-protestantisme sont deux thèmes communs de ses écrits.

Il croyait que la Réformation, les Lumières, et l'éventuel résultat de la Révolution française avaient tous contribué à une somme d'individualismes se préoccupant avant tout de leur sort personnel avant de se préoccuper de celui de la nation, avec comme conséquence des effets négatifs sur cette dernière, et que la démocratie et le libéralisme ne faisaient qu'empirer les choses. Même si Maurras prônait un retour à la monarchie, par bien des aspects Maurras ne correspondait pas du tout à la tradition monarchiste française. Son soutien à la monarchie et au catholicisme étaient explicitement pragmatiques, car il considérait qu'une religion d'État était la seule façon de maintenir l'ordre public. En contraste avec Maurice Barrès, théoricien d'une sorte de nationalisme-romantique basé sur l'Ego, Maurras prétendait baser ses vues sur la Raison plus que sur les sentiments, sur la loyauté et sur la foi.

Paradoxalement, il admirait le philosophe positiviste Auguste Comte, quand bien des leaders de la Troisième République le détestaient, dans laquelle il trouvait une contre-balance à l'idéalisme allemand. Alors que les Légitimistes rechignaient à s'engager vraiment dans l'action politique, se retranchant dans un conservatisme catholiciste intransigeant et une indifférence à l'égard du monde moderne considéré comme mauvais, Maurras était préparé à s'engager entièrement dans l'action politique, par des manières autant orthodoxes que non orthodoxes (les Camelots du Roi de l'Action française étaient fréquemment impliqués dans des bagarres de rue contre des opposants de gauche, tout comme les membres du Sillon de Marc Sangnier). Sa devise était « politique d'abord ».

D'autres influences incluant Frédéric Le Play lui permirent de réconcilier rationalisme cartésien et empirisme. Les positions religieuses de Maurras étaient en fait peu catholiques… Il soutenait l'Église catholique comme composante politique car celle-ci était intimement liée à l'Histoire de France, et parce que sa structure hiérarchique et son élite cléricale reflétaient son image de société idéale. Il considérait que l'Église se devait d'être le mortier chargé d'unir la France, et la chaîne chargée de lier tous les Français. Cependant, il ne croyait pas vraiment, jusqu'à sa conversion, au dogme religieux, écrit, selon son expression, « par quatre obscurs juifs », mais admirait l'Église catholique pour être parvenue à concilier bien des « dangereux apprentissages » de la Bible. L'interprétation de Maurras à propos du dogme, tout comme ses enseignements intégralistes personnels, étaient critiqués fermement par bien des membres du Clergé.

Mis à part ce point, Maurras fut suivi par bien des monarchistes et par énormément de catholiques, incluant les Assomptionnistes et le prétendant orléaniste au trône de France, le comte de Paris. Cependant son agnosticisme suscitait l'inquiétude de la part de la hiérarchie catholique et en 1926, le pape Pie XI classa certains écrits de Maurras dans la catégorie des "Livres Interdits" et condamna l'Action française dans son ensemble. Cette condamnation du pape fut un grand choc pour bon nombre de ses partisans, qui comprenaient un nombre considérable de membres du clergé français, et causa un grand préjudice à l'Action française.

Elle fut levée cependant en 1939, un an après que Maurras fut élu à l'Académie française. Maurras était évidemment un opposant majeur de ce qu'Allan Bloom appelait le « conservatisme du Trône et de l'Autel », et un descendant intellectuel de Joseph de Maistre, un des premiers penseurs de la contre-révolution. Il était également un militant antimaçonnique, considérant que si la franc-maçonnerie était jadis un esprit, d’ailleurs absurde, une pensée, d’ailleurs erronée, une propagande, d’ailleurs funeste, pour un corps d’idées désintéressées ; n’est aujourd'hui plus animé ni soutenu que par la communauté des ambitions grégaires et des appétits individuels.

Maurras est la principale influence intellectuelle du national-catholicisme et du nationalisme intégral. Lui et l'Action française ont influencé, au Mexique, Jesús Guiza y Acevedo, surnommé « le petit Maurras », tout comme l'historien Carlos Pereyra (es), ou l'écrivain vénézuélien Laureano Vallenilla Lanz (es), qui écrivit intitulé 'Cesarismo democratico' (Césarisme démocratique). Parmi les autres personnes célèbres influencées par Charles Maurras, on peut aussi citer le brésilien Plinio Corrêa de Oliveira et le Marquis de Montealegre de Aulestia pour le Pérou. La pensée de Maurras a aussi influencé le catholicisme fondamentaliste de la dictature brésilienne des années 1964 à 1985, tout comme le mouvement Cursillos de la Cristiandad, similaire au groupe Cité catholique, fondé en 1950 par l'évêque de Ciudad Real, Mgr Hervé. Le militaire argentin Juan Carlos Ongania, tout comme Alejandro Agustín Lanusse, avaient participé aux Cursillos de la Cristiandad, ainsi que les Dominicains Antonio Imbert Barrera (es) et Elias Wessin y Wessin (es), opposants militaires à la restauration de la Constitution de 1963.

De plus, le maurrassisme influença bien des écrits de l'OAS, qui théorisa « la guerre contre-révolutionnaire ». On peut aussi clairement citer l'exemple le plus connu : le Portugal gouverné par António de Oliveira Salazar de 1932 à 1968 (puis prolongée par Marcelo Caetano qui lui succéda jusqu'à la Révolution des Œillets en 1974) et dont la doctrine idéologique et politique d'Estado Novo fut conçue puis appliquée directement à partir des idées maurassiennes en tenant compte qu'elles furent dans ce cas adaptées à la réalité portugaise de l'époque.

Le démocrate chrétien Jacques Maritain était aussi proche de Maurras avant la condamnation du pape, et critiqua la démocratie dans l'un de ses premiers écrits, Une opinion sur Charles Maurras ou Le Devoir des Catholiques. Maurras fut à l'origine de nombreuses aventures intellectuelles et littéraires. En 1908, année de la fondation du quotidien L'Action française, les jeunes intellectuels maurrassiens se regroupaient autour de la Revue critique des idées et des livres, qui fut jusqu'en 1914 la grande rivale de la NRF d'André Gide. La revue défendait l'idée d'un « classicisme moderne », s'ouvrait aux théories nouvelles (Henri Bergson, Georges Sorel...) et formait une nouvelle génération de critiques et d'historiens. Pendant l'entre deux guerres, l'expérience de la Revue Critique se poursuivit dans un grand nombre de revues : Revue universelle, Latinité, Réaction pour l'ordre, La Revue du siècle...

Hindenburg Gertrud von

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Hindenburg Gertrud von

Gertrud von Hindenburg, née Gertrud Wilhelmine von Sperling le 4 décembre 1860 à Magdeburg et décédée le 3 mai 1921 à Hanovre est une personnalité féminine allemande, épouse du maréchal Paul von Hindenburg, entre 1879 et 1921. Gertrud von Sperling est la fille du chef de l'État major prussien Oskar von Sperling. Elle a un frère, Kurt von Sperling, général d'infanterie. Gertrud épousa Paul von Hindenburg le 24 septembre 1879. Elle était décrite par son époux comme une « femme aimante, sincère, douce, qui partageait tout dans la joie et la tristesse ».

Hindenburg von Beneckendorff Paul von

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Hindenburg von Beneckendorff Paul von

 

Maréchal et homme d'État (Posen - Pologne, 2 octobre 1847 - Neudeck - Allemagne, 2 août 1934). Commandant en chef de l'armée allemande. Militaire de tradition, von Hindenburg accomplit une carrière classique jusqu'à la Première Guerre mondiale, sans laquelle il n'aurait pas connu de destin historique: il n'était, en effet, qu'un général en retraite lorsqu'il fut rappelé au service en 1914.

Responsable du front de Prusse‑Orientale et assisté dans son commandement par le général Ludendorff, il réussit à briser l'offensive russe à Tannenberg (août 1914 en Pologne) et aux lacs de Mazurie (automne 1914 en Pologne), remportant ainsi des victoires qui, pour n'être pas totalement décisives — car l'armée russe était loin d'être anéantie — étaient toutefois assez brillantes pour servir de support à un mythe d'Hindenburg sauveur de la patrie.

Promu feld‑maréchal, Hindenburg fut nommé commandant en chef de l'armée allemande en août 1916, à la place de Falkenhayn, condamné par l'échec subi devant Verdun (France) au début de l'année. Toujours secondé — ou inspiré — par Ludendorff, et tirant parti des succès remportés à l'est par les Allemands à la faveur de la révolution russe de 1917, il tenta, au début de 1918, d'emporter la décision à l'ouest avant que l'équilibre des forces, modifié par l'entrée en guerre des États‑Unis, ne fût défavorable à l'Allemagne. Mais, faute de réserves pour exploiter les succès initiaux, les quatre violentes offensives qu'il lança de mars à juillet 1918 échouèrent les unes après les autres, et, au mois d'août, la retraite allemande commença.

Conscient de la gravité de la situation, Hindenburg pressa le gouvernement de demander l'armistice: il dégageait ainsi sa propre responsabilité dans le désastre final et parvenait à accréditer la thèse selon laquelle l'armée allemande n'avait pas été vaincue sur le terrain mais trahie par les responsables civils qui, après avoir renversé le gouvernement impérial, avaient été signataires de l'armistice, puis de la paix. Lorsqu'il quitta l'armée en 1919, son prestige était au zénith.

Sortant de cette nouvelle retraite en 1925, il fut élu — quoique monarchiste — président de la République. Présentée au deuxième tour, sa candidature, théoriquement apolitique mais soutenue par les partis nationaux, avait recueilli, en fait, les voix de la droite, hostile à la République, tandis que son principal adversaire, le catholique Marx, avait réuni sur son nom les suffrages des partisans du régime de Weimar.

En 1930, il contraignit le chancelier social‑démocrate Müller à démissionner, et fit appel pour le remplacer au catholique conservateur H. Brüning. Laissant ainsi paraître ses sentiments conservateurs, voire réactionnaires, Hindenburg amorçait le passage du régime parlementaire au régime présidentiel. Mais il encourageait aussi les pires adversaires de la République, au premier rang desquels les nationaux‑socialistes d'Adolf Hitler, dont les slogans frappaient d'autant plus l'opinion publique que l'Allemagne était, au même moment, très durement touchée par la crise économique.

La poussée des nazis était si forte qu'Hindenburg ne l'emporta sur Hitler qu'au second tour de l'élection présidentielle de 1932. Mais, vieilli, entouré d'une camarilla réactionnaire, Hindenburg, après deux tentatives infructueuses de gouvernement par chancelier interposé — expériences von Papen et von Schleicher —, devait se résigner, le 30 janvier 1933, à confier la chancellerie à Hitler, qu'il méprisait. La gravité de la situation était telle — et le chef nazi s'était acquis de tels concours dans l'armée et dans les milieux capitalistes — qu'aucune autre solution ne paraissait possible. Il ne s'imposera pas contre les dispositions prises par les nazis qui interdiront les syndicats et les partis politiques. À la mort d'Hindenburg, en août 1934, Hitler, dont il avait, en véritable apprenti sorcier, si bien favorisé l'accession au pouvoir, lui succédait comme président du Reich.

Churchill Winston

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Churchill Winston

 

Sir Winston Churchill, le "vieux lion" conservateur, premier ministre anglais, s'est battu contre l'invasion hitlérienne et a marqué le monde politique et la communauté internationale de l'après-guerre avec ses discours visionnaires sur l'Europe. Né le 30 novembre 1874 à Blenheim palace (Oxfordshire), fils aîné de l'aristocrate Lord Randolph Churchill, il est à la fois homme politique, soldat et écrivain. Il est nommé officier du "Fourth Hussards" en février 1895. Il combat au Soudan, en Inde où il est par ailleurs journaliste. Il devient héros national après sa fuite d'Afrique du Sud où il avait été capturé alors qu'il était correspondant de guerre pendant la guerre des Boers. Elu du parti conservateur au Parlement en 1900, il adhère au parti libéral en 1904. Il commence alors une carrière politique au niveau national : en 1905, il est nommé sous-secrétaire d'Etat aux colonies. De 1908 à 1910, il occupe le poste de Président du Ministère du commerce.

En 1910, il devient Ministre de l'Intérieur, poste qu'il quitte en 1911 pour devenir Lord de l'Amirauté. Discrédité par l'échec de la campagne des Dardanelles contre les Turcs pendant la Première guerre mondiale, il doit céder sa place. En 1917, il réintègre le Gouvernement en tant que Ministre des munitions, puis Secrétaire d'Etat pour la guerre et les affaires aériennes de1918 à 1921 et enfin, Secrétaire aux Colonies de 1921 à 1922. Pendant les dix ans qui suivent, Churchill est absent du gouvernement. Il est toutefois élu au parlement où il est nommé Chancelier de l'Echiquier. Il se montre alors réservé vis à vis du projet européen d'Aristide Briand. Quant à ses avertissements face à l'avancée nazie et les dangers de la politique d'apaisement, ils sont ignorés. En 1939, l'Allemagne déclare la guerre à la France et à la Grande-Bretagne, Chamberlain nomme Winston Churchill de nouveau First Lord de l'Amirauté le 3 septembre. En mai 1940, il accède au poste de Premier Ministre.

La même année, Churchill approuve la Déclaration d'union franco-britannique qui prévoit qu'"[on] instituera des organismes communs pour la défense, pour la politique étrangère, pour les finances et l'économie". Mais cette proposition britannique ne semble être motivée que par la conjoncture difficile et la volonté de garder la France du côté des Alliés. En effet, ce projet est abandonné dès la Libération française et à la fin de la guerre, Churchill suggère même une citoyenneté commune anglo-américaine. En août 1941, Churchill signe avec Roosevelt la Charte de l'Atlantique, déclaration des principes communs des démocraties. Le parti travailliste ayant remporté les élections de 1945, Churchill ne participe pas directement aux règlements de l'après-guerre, mais il est cependant considéré comme un héros national.

Leader de l'opposition depuis 1945, Churchill mène une politique favorable à l'Union européenne qui reste cependant ambiguë. Dans le discours qu'il prononce à Zurich, le 19 septembre 1946, il n'hésite pas à parler de futurs "Etats-Unis d'Europe", avec l'ambition de "reconstituer la famille européenne et de lui fournir une structure qui lui permette de vivre et de croître en paix, en sécurité et en liberté". Toutefois, Churchill s'oppose d'ors et déjà à toute notion de supranationalité. Par ailleurs, Churchill crée le Mouvement pour l'Europe unie en 1947. En mai 1948, à la Haye, 800 délégués issus de tous les Etats européens se réunissent sous la présidence de Churchill en un Grand congrès de l'Europe. Ce congrès aboutit à l'adoption du projet du "Conseil de l'Europe" qui devient réalité le 5 mai 1949. Churchill fait parti des membres de la première assemblée. Le 16 mai 1950, il évoque dans un discours la possibilité de créer une armée européenne qui incorpore un contingent allemand. Cette proposition connaît un renouveau avec l'éclatement de la guerre de Corée le 25 juin 1950. Dans un discours le 11 août, Churchill exige à l'Assemblée consultative la création d'une force européenne puissante qui aura a sa tête un ministre européen de la Défense.

De nouveau Premier Ministre en 1951, Churchill s'éloigne de ses propos européens pour poursuivre une politique conservatrice qui cause la démission de Paul-Henri Spaak qui préfère poursuivre la création de l'Europe sans les Anglais. L'aboutissement vient en 1953 quand Churchill rappelle à l'Europe que le Royaume-Uni est aux côtés de la CED (communauté européenne de défense) mais qu'il n'en fait pas parti. Churchill démissionne en 1955 mais reste membre du Parlement jusqu'à 1964. Il reçoit le prix Nobel de la littérature pour ses écrits en 1953. Il refuse la pairie qui sera accepté par sa femme après sa mort. En 1963, le Congrès américain lui confère la citoyenneté américaine. Il meurt à l'âge de 90 ans en 1965.

"Si les pays européens parvenaient à s'unir, leurs 300 à 400 millions d'habitants connaîtraient, par le fruit d'un commun héritage, une prospérité, une gloire, un bonheur qu'aucune borne, qu'aucune frontière ne limiterait. Il faut que la famille européenne, ou tout au moins la plus grande partie possible de la famille européenne, se reforme et renoue ses liens, de telle manière qu'elle puisse se développer dans la paix, dans la sécurité et dans la liberté. Il nous faut ériger quelque chose comme les Etats-Unis d'Europe. Le premier pas à accomplir est la constitution d'un Conseil européen. Pour mener à bien cette tâche urgente, la France et l'Allemagne devront se réconcilier ; la Grande Bretagne, la famille des peuples britanniques, la puissante Amérique et, je l'espère sincèrement, l'Union Soviétique - car, alors, tout serait résolu - devront se poser en amis et protecteurs de la nouvelle Europe, devront défendre son droit à la vie et à la prospérité". (Extrait du discours prononcé par Winston Churchill, le 19 septembre 1946 à Zurich).

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