En 1928, il poursuivit son rêve de paix par la sécurité collective (dont l'axe serait la Société des Nations) en signant avec l'Américain Kellogg un pacte qui voulait mettre la guerre hors-la-loi. Finalement, sa construction diplomatique fut un château de sable qui s'écroula sous les coups de butoir de la crise économique de 1929, de la montée du nazisme et du communisme. Né à Nantes, le 28 mars 1862, au domicile de ses parents 12 rue du Marchix, Aristide Briand est originaire d'une famille modeste de Nantes. Ses parents, Pierre-Guillaume Briand et Madeleine Bouchaud, exerçant la profession d'aubergistes, s'installèrent quelques années après la naissance de leur fils à Saint-Nazaire où ils tinrent plusieurs établissements réputés (dont "Le Grand Café"). Pensionnaire au collège nantais qui portera son nom, il nommera chevalier de la Légion d'Honneur, lorsqu'il sera ministre de l'Instruction Publique, le directeur de son ancien établissement. Il se dirige vers des études de droit au lycée de Nantes et devient clerc en revenant à Saint-Nazaire.
C'est alors qu'il se lie d'amitié avec Eugène Courroné, directeur de la Démocratie de l'Ouest, et qu'il y écrit. Lui-même directeur politique de l'Ouest Républicain, il s'engage en politique du côté des radicaux-socialistes. Il est élu conseiller municipal de Saint-Nazaire le 6 mai 1888 et démissionne le 22 février 1889. Il fait ensuite élire des "candidats-ouvriers" au sein du premier municipe socialiste de la ville. Il est inscrit au Barreau de Pontoise d'août 1900 à novembre 1909. Son cabinet est alors installé près du lac d'Enghien, où il aime pêcher à la ligne avec ses amis, le dimanche. Célibataire, il multiplie les conquêtes et eut un temps pour compagne la psychanalyste Marie Bonaparte, disciple de Freud. Ses cendres reposent, depuis le 3 juillet 1932, dans le petit cimetière de Cocherel, commune d'Houlbec-Cocherel (Eure), devant un paysage qu'il aimait tout particulièrement. Édouard Herriot, Président du Conseil, prononça l'oraison funèbre.
D’abord proche du syndicalisme révolutionnaire et grand défenseur de l'idée de la grève générale, il devient député socialiste de Saint-Étienne en 1902. En 1904, il quitte son poste de secrétaire général du Parti socialiste français. Il joue un rôle important dans le processus de laïcisation de l'État français en tant que rapporteur de loi de séparation des Églises et de l'État. Ses talents d'homme pragmatique et de négociateur ont finalement permis une application mesurée et un accord de fait entre la République laïque et l'Église catholique. Aristide Briand le 9 décembre 1905 sut avant tout parvenir à l'achèvement d'un affrontement violent qui avait duré presque vingt-cinq ans et qui avait opposé deux visions de la France : la France catholique royaliste et la France républicaine et laïque (conflit des "deux Frances").
En mars 1906, il se voit confier le ministère de l'Instruction publique dans le gouvernement du radical Sarrien. Plus encore que celle de Millerand en 1899, cette initiative fut très mal perçue dans les rangs socialistes qui crièrent à la trahison. Quand Briand, devenu ministre, brisa des grèves, H.-P. Gassier signa une affiche désignée par le titre « Le Jaune ». Bien que socialiste, il s'était montré hostile sur la question du droit de grève aux fonctionnaires et a brisé une importante grève des chemins de fer de l'Ouest, « entreprise criminelle de violence, de désordre et de sabotage », débutée le 11 octobre 1910 : il mobilise les agents de la compagnie qui continuent quelques jours la grève, portant un brassard indiquant qu'ils sont mobilisés. Cette mobilisation des cheminots souleva des critiques, dont celle de Jean Jaurès qui l'apostropha : « Pas ça ou pas vous » ajoutant que Briand, par son « jeu de duplicité, souille et décompose successivement tous les partis », alors que Maurice Barrès le qualifie de « monstre de souplesse ». Cette militarisation et l'impopularité croissante d'un mouvement qui apportait une gêne si considérable à la masse du public, arrêtèrent la grève au bout d'une semaine ("Histoire de la locomotion terrestre", t. I, "Les chemins de fer", L'Illustration, Paris, 1935, p. 174).
En 1914, il confirme son rapprochement avec la droite en créant, aux côtés de plusieurs leaders du Parti républicain démocratique, une éphémère Fédération des gauches, dont il prend la présidence. Il ne rejoint pourtant pas son groupe parlementaire après les élections législatives de 1914. Lors de la bataille de Verdun, il fut un efficace Président du Conseil, montrant ses capacités à faire face dans les moments les plus difficiles. Figure de la IIIe République, Briand a en effet été tour à tour ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Intérieur. Plus de vingt fois ministre, cet avocat était réputé pour son éloquence et sa capacité de persuasion. Il va même tenter d'obtenir, comme ministre de la justice, l'abolition de la peine de mort. Personnage phare pendant l'entre-deux guerres, avec son rival Raymond Poincaré, il a également été président du Conseil — chef du gouvernement — à onze reprises. C'est surtout à son action de ministre des Affaires étrangères qu'Aristide Briand doit sa renommée. Partisan de la politique de paix et de collaboration internationale (accords de Locarno), coauteur du pacte Briand-Kellogg qui mettait « la guerre hors-la-loi (…) arrière les fusils, arrière les mitrailleuses et les canons ».
Le Prix Nobel de la paix lui fut décerné en 1926, ainsi qu'à son homologue allemand Gustav Stresemann, en reconnaissance de ses efforts pour l'établissement d'une paix durable résultant de négociations librement consenties. Président du Conseil, il prononce au nom du gouvernement français et en accord avec son homologue allemand Stresemann, un projet d'union européenne lors d'un discours à l'Assemblée générale de la Société des Nations le 5 septembre 1929. L'Assemblée lui donne mandat pour présenter un Mémorandum sur l'organisation d'un régime d'union fédérale européenne (rédigé par Alexis Léger) qui ne fut pas retenu. Quittant le socialisme, il est pour les socialistes un « renégat », un « traître ». Pour les monarchistes de l'Action française, il est l'incarnation de la « démocrasouille » républicaine ; pour Léon Daudet, il est un « voyou de passage », une « fille publique, avec ses ruses, sa veulerie, son ignorance, sa sentimentalité banale et son souple avachissement ». Sa politique de rapprochement et de réconciliation avec l'Allemagne lui est reprochée.
Par rapport à la politique de rapprochement qu'il désire avec l'Allemagne, Jacques Bainville l'accuse d'oublier le « péril germanique » qu'il dénonce. Mais l'opinion française, majoritairement pacifique, l'approuve et l'acclame comme « pèlerin et apôtre de la paix », pensant que cette politique de paix a des chances de réussir. Mais il semble que Briand ait lui-même des doutes quant à la paix : « La paix, j'y travaille, mais je n'en suis pas le maître. S'il y a la guerre, il faut être prêt. » Son successeur trouva un irréel petit magot de 23 millions de francs-or, « mois par mois, économisé sur les fonds spéciaux. » Le grand reproche qui a été fait à Briand, particulièrement par l'extrême-droite, serait d’avoir défendu inlassablement une paix "impossible" à construire durablement à son époque, d'avoir tenté de « rendre la guerre hors-la-loi », d'avoir défendu le pacifisme. D'autres personnalités ont partagé les positions pacifistes de Briand, même après l'arrivée au pouvoir d'Hitler (Briand est mort avant), et le réarmement de l'Allemagne : Léon Blum au moment de Munich exprime son « lâche soulagement », Marcel Déat clame qu'il ne veut pas « mourir pour Dantzig ». L'opinion publique française les suit : Edouard Daladier, signataire des accords de Munich, reçoit un triomphe à sa descente d'avion, alors qu'il pensait que la foule était là pour le lyncher.
Les diplomates français, notamment Alexis Léger (nom de plume: Saint-John Perse), secrétaire général du ministère des affaires étrangères jusqu'en 1940 et ancien collaborateur de Briand, ont jusqu'au bout voulu croire possible une politique d'arbitrage et de désarmement menant à une réconciliation, voire à la naissance d'une fédération européenne. Max Gallo le qualifie de « modèle le plus achevé de parlementaire français de la IIIe République », illustrant « l'incapacité de toute une classe politique à saisir la nouvelle donne qui change le jeu du monde ». Il pense que Briand (né en 1862), comme Pétain (né en 1856), étaient des hommes, nés sous le Second Empire, qui n'ont pas eu à « passer le témoin à des hommes » plus jeunes — morts dans les tranchées de 14-18 — et ils « tenaient encore la barre » dans les années 1930 et 1940. Finalement de « trop vieux capitaines pour une mer déchaînée. Elle les a engloutis.». Le nom d'Aristide Briand a été choisi comme nom de baptême par la promotion 2006-2008 de l'École nationale d'administration.