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Veil Antoine

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Antoine Veil, né le 28 août 1926 à Blâmont (Meurthe-et-Moselle), et mort le 12 avril 2013 à Paris, est un homme politique et haut fonctionnaire de l’État français.

Veil Antoine

Antoine Veil est le mari de Simone Veil depuis 1946. Ils ont trois fils : Jean Veil, avocat d'affaires (né en 1947), Claude-Nicolas (1948-2002), Pierre-François, avocat (né en 1954) et plusieurs petits-enfants. Diplômé de sciences politiques, il entre en 1947 au cabinet de Pierre-Henri Teitgen et, en 1948, au cabinet d'Alain Poher. Après l'ENA, en 1955, il rejoint le corps des inspecteurs des Finances et poursuit sa carrière dans divers cabinets ministériels : il devient notamment directeur de cabinet de Joseph Fontanet, secrétaire d'État à l'Industrie et au Commerce, puis ministre de la Santé publique. De 1964 à 1968, il est Délégué général du Comité central des armateurs français, aujourd’hui Armateurs de France. En 1969, il est nommé directeur général adjoint de la compagnie des chargeurs réunis.

De 1971 à 1980, il occupe les fonctions d'administrateur, puis de directeur général de l'UTA (Union de transports aériens), de président-directeur général de la Compagnie aéromaritime d'affrètement et d'administrateur d'Air Inter. Il était membre du comité stratégique du Groupe Bolloré. Il est élu conseiller de Paris en 1971, réélu en 1983. Aux obsèques d'Antoine Veil au cimetière du Montparnasse, parmi la foule, on note la présence d'Édouard Balladur, Jacques et Bernadette Chirac, Bertrand Delanoë, François Fillon, Pierre Moscovici, Nicolas Sarkozy, Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn.

Bibliographie

  • Antoine Veil, La mémoire longue, Paris, Éditions Plon,‎ 1991, 221 p. (ISBN 978-2-259-02372-6)
  • Antoine Veil, Les années de sable, Paris, Éditions Flammarion,‎ 1994, 169 p. (ISBN 978-2-08-066754-0)
  • Antoine Veil, Comédie française, Paris, Éditions Plon,‎ 1997, 162 p. (ISBN 978-2-259-18746-6)
  • Antoine Veil et Emmanuel Galiero, Salut, Monaco, Alphée Éditions,‎ 2010, 140 p. (ISBN 978-2753806382)

Veil Jean

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Jean Veil, né le 26 novembre 1947 à Clichy, fils d’Antoine et de Simone Veil, est un avocat français.

Veil Jean

Jean Veil naît en 1947, enfant de Antoine Veil et Simone Veil et frère de Pierre-François. Passionné de droit et après avoir préparé l'ENA, il entre en tant que stagiaire au sein du cabinet Gide, Loyrette et Nouel en 1969 et devient avocat en 1972. En 1982, il s'expatrie à New York pour y travailler. En 1987, il fonde avec George Jourde et Dominique de la Garanderie le cabinet Veil Jourde (au sein duquel son frère Pierre-François est associé). Il a six enfants, nés entre 1972 et 1994.

En tant qu'avocat, il a notamment défendu :

  • Jacques Chirac, dans le dossier des emplois fictifs présumés de la Mairie de Paris
  • BNP, au moment de l'OPA sur la (Société générale)
  • Dominique Strauss-Kahn (affaire de la MNEF)
  • Total pour le rachat d'ELF
  • la Société générale, dans sa plainte contre Jérôme Kerviel (lors de la crise financière de janvier 2008)
  • André Levy-Lang
  • François Léotard
  • Dominique Strauss-Kahn, contre Marcela Iacub et son livre "Belle et Bête"
  • Jérôme Cahuzac

Aussaresses Paul

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Paul Aussaresses (né le 7 novembre 1918 à Saint-Paul-Cap-de-Joux, dans le Tarn) est un général de l'armée française à la retraite. 

Aussaresses Paul

Parachutiste, il est connu pour son utilisation de la torture durant la guerre d'Algérie, en particulier lors de la « Bataille d'Alger », dont il reconnut l'existence pour la première fois lors d'un entretien avec un journaliste du quotidien Le Monde en 2000. Durant la Seconde Guerre mondiale, il participe au Jedburgh en vue de coordonner les opérations de résistance dans les territoires occupés par l'armée allemande. Il participe à la création du 11e Choc, le bras armé du SDECE (l'ancêtre de la DGSE), avant de prendre part à la guerre d'Indochine puis à la guerre d'Algérie. Après la guerre, il enseigne les techniques de contre-insurrection à Fort Bragg, aux États-Unis, avant d'être promu colonel et d'être nommé à la section française de l'état-major international de l'OTAN. Il est ensuite nommé attaché militaire au Brésil en 1973 durant la Dictature militaire au Brésil, où il enseigne au CIGS de Manaus. Aussaresses a travaillé par la suite comme vendeur d'armes pour l'entreprise Thomson.

En 1941, Aussaresses est élève officier à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr alors transférée à Aix en Provence. L'année suivante, il se porte volontaire pour les services secrets en France et intègre les commandos Jedburgh : second de la mission Chrysler, il est parachuté dans l'Ariège dans la nuit du 16 au 17 août 1944. Alors qu'il est lieutenant, il participe à la fondation, sous la direction du Colonel Jacques Morlanne, du bras armé du Service Action du SDECE, le 11e bataillon parachutiste de choc (renommé 11e demi-brigade Parachutiste de Choc en octobre 1955), le 1er septembre 1946. Il y est affecté administrativement tout en restant en poste au 3e bureau de l'Etat-major. Il prend le commandement, officiel et effectif, du 11e Choc à partir du 1er mai 1947. Il sert ensuite en Indochine dans le 1er régiment de parachutistes coloniaux. En 1955, il est transféré à Philippeville en Algérie, dans la 41e demi-brigade comme officier de renseignement. Il remet en place son unité de renseignement qui avait été démantelée pendant la paix, mais se révélait à nouveau nécessaire à l'armée française pour réduire l'insurrection des rebelles algériens.

Le 20 août 1955, le Front de libération national (FLN), met en place une attaque contre Philippeville. Aussaresses a dit avoir eu cette information bien avant l'attaque et avoir ainsi été capable d'empêcher beaucoup de pertes potentielles. Les membres du FLN avait convaincu des hommes, femmes et enfants de la campagne de se joindre à leur marche, sans armes. Dans son livre, Aussaresses écrit que son bataillon a tué 134 personnes et en a blessé des centaines, contre 2 morts et une centaine de blessés parmi ses hommes. Au printemps 1956, il se rend dans un camp d'entraînement secret à Salisbury au Royaume-Uni, pendant un mois, pour préparer l'invasion du canal de Suez. En mai 1956, il retourne à Bône (aujourd'hui Annaba) en Algérie, pour continuer son entraînement avec les commandos de parachutistes partant pour le canal de Suez . Le 1er juin 1956, il est victime d'une fracture spinale durant un exercice, ce qui l'empêche de participer à l'opération du canal de Suez.

Le général Jacques Massu, qui avait remarqué le travail répressif d'Aussaresses contre les insurrections de Philippeville, a ordonné à Aussaresses de travailler sous ses ordres à Alger pour contrôler le FLN. Durant la bataille d'Alger, c'est un proche du général Massu. Il brise notamment la manifestation du 28 janvier 1957, organisée par le FLN. La même année, il fait pendre Larbi Ben M'hidi, un membre important du FLN, en déguisant ce crime en suicide. Il a également donné l'ordre de défenestrer Ali Boumendjel du 6e étage du bâtiment où il était détenu, prétendant également un suicide (version que le gouvernement français de l'époque a soutenue).

Il enseigne ensuite aux États-Unis, à Fort Bragg, QG des forces spéciales américaines (les Bérets verts) et centre d'entraînement à la guerre contre-insurrectionnelle et à la guerre psychologique, et à Fort Benning. Ainsi, le 25 novembre 1962, il rédige à Fort Benning un rapport intitulé « L'armée américaine face à la guérilla ». Aussaresses a ainsi raconté à la journaliste Marie-Monique Robin comment il avait enseigné à Fort Bragg « les techniques de la bataille d'Alger », c'est-à-dire « les arrestations massives, le renseignement, la torture ». Selon le général américain John Johns, qui a bénéficié des enseignements d'Aussaresses à Fort Bragg (et opposant à l'usage de la torture par l'administration Bush), celui-ci leur a expliqué que « dans la guerre révolutionnaire, l'ennemi c'est la population » ; « à quoi sert la torture », affirmant aussi qu'il fallait « exécuter » les victimes torturées. Johns peut ainsi affirmer : « Je dois reconnaître que les enseignements d'Aussaresses ont eu un impact considérable sur tous les bérets verts qui sont ensuite partis au Viêt-nam ».

A Fort Bragg, Aussaresses montre au colonel Carl Bernard, affecté dans cette base américaine en 1962, un brouillon du livre du colonel Trinquier, La guerre moderne, que ce dernier qualifie de « manuel de la guerre contre-insurrectionnelle ». Avec Bernard, ils font un résumé du livre, envoyé à Robert Komer, un agent de la CIA qui deviendra l'un des conseillers du président Lyndon Johnson pour la guerre du Viêt-nam. Selon C. Bernard, c'est « à partir de ce texte que Komer a conçu l'opération Phénix, qui est en fait une copie de la bataille d'Alger appliquée à tout le Viêt-nam du Sud. (...) Pour cela, on retournait des prisonniers, puis on les mettait dans des commandos, dirigés par des agents de la CIA ou par des bérets verts, qui agissaient exactement comme l'escadron de la mort de Paul Aussaresses ».

Après son séjour aux Etats-Unis, il est promu colonel, à la tête du 1er RCP, autre unité para, en 1966-1968, et nommé à la section française de l'état-major international de l'OTAN. On lui propose un poste d'attaché militaire, au choix, en Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Grèce ou Brésil, et Aussaresses choisit ce dernier pays « parce que c'était un pays immense ». En octobre 1973, il y est nommé attaché militaire et devient, selon ses propres mots, « grand ami » avec le général João Baptista Figueiredo, alors patron du Service national d'intelligence, qui « dirigeait, avec le commissaire Sergio Fleury, les escadrons de la mort brésiliens ».

Il fait « partie du club des parachutistes de la garde présidentielle ». Au Brésil, il donne des cours sur la bataille d'Alger, notamment « au centre d'entraînement des forces spéciales de Manaus, qui était une copie de Fort Bragg ». Selon ses informations, l'ambassadeur Michel Legendre, qui était son chef, était au courant de cette instruction. Le Centro de Instrução de Guerra Na Selva (Centre d'instruction de la guerre dans la jungle) a été créé en 1964 par un décret du maréchal Castelo Branco. Aussaresses y a formé, selon ses mots, « des officiers brésiliens, mais aussi chiliens, argentins, et vénézuéliens, car le centre était unique dans toute l'Amérique latine ». Il nie la « rumeur » selon laquelle on y enseignait la torture sur des prisonniers vivants.

Selon Aussaresses, qui affirme tenir cela de son ami Humberto Gordon, nommé attaché militaire au Brésil en 1964 (et qui deviendra chef de la DINA, la police politique chilienne, en 1980), la junte brésilienne « a aidé considérablement l'action du général Pinochet ». Il affirme avoir rencontré Gordon au Chili vers 1976, s'y rendant « deux ou trois fois » pour « régler un contentieux portant sur la construction d'une usine de nitroglycérine » alors qu'il travaillait comme « vendeur d'armes pour Thomson ». Le premier chef de la DINA, Manuel Contreras, affirmera à Marie-Monique Robin avoir envoyé « tous les deux mois (...) des contingents de la DINA », au centre de Manaus, « pour qu'il les entraîne » : « Il fut aussi l'instructeur d'officiers brésiliens. Il travaillait surtout à l'Ecole de renseignement de Brasilia, mais il allait régulièrement à Manaus ».

Aussaresses affirme que le gouvernement (dirigé par Guy Mollet, sous la présidence de René Coty) a insisté pour que l'armée française en Algérie « liquide le FLN aussi vite que possible ». La question courait en France pour savoir si la torture était, ou non, utilisée en Algérie. Quelques années plus tard, des photos parurent dans la presse montrant que c'était le cas. Depuis ce jour, les historiens se posent la question de savoir si le gouvernement avait soutenu cette pratique. Aussaresses soutient que c’est le cas, y compris les exécutions sommaires de milliers de personnes, des heures de tortures de prisonniers, et des répressions violentes de manifestations.

Le 3 mai 2001 paraît, aux éditions Perrin, un ouvrage du général Aussaresses titré Services spéciaux : Algérie 1955-1957, dont le quotidien Le Monde publie, le même jour, des extraits. Suite à ces révélations, le 4 mai 2001, Jacques Chirac, président de la République, se déclare « horrifié par les déclarations du général Aussaresses » et demande que la Légion d'honneur de Paul Aussaresses lui soit retirée et que le ministère de la Défense prenne des sanctions disciplinaires à son égard. Le 13 juin 2001, le procureur de la République de Paris fait citer, devant le tribunal correctionnel de Paris, en raison de divers passages figurant dans l'ouvrage :

  • Olivier Orban, président-directeur général des éditions Plon (propriétaire des éditions Perrin), pour répondre du délit d'« apologie de crimes de guerre » (en vertu de l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse) ;
  • Xavier de Bartillat, directeur général des éditions Plon, pour répondre du délit de « complicité d'apologie de crimes de guerre » ;
  • le général Paul Aussaresses, auteur, pour répondre du délit de « complicité d'apologie de crimes de guerre ».

 

Le 25 janvier 2002, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris reconnaît les trois prévenus coupables des faits qui leur sont reprochés et prononce les condamnations suivantes :

 

  • Olivier Orban et Xavier de Bartillat sont condamnés à 15 000 euros d'amende chacun ;
  • le général Aussaresses est condamné à 7 500 euros d'amende ;
  • chacune des trois associations s'étant portées parties civiles – la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et l'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture – se voit allouer 1 euro de dommages-intérêts et, au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénale, une somme de 1 500 euros. Les trois condamnés ayant interjeté appel, la 11e chambre de la cour d'appel de Paris, dans un arrêt rendu le 25 avril 2003, confirme le jugement prononcé en première instance et alloue en outre à chacune des parties civiles 1 000 euros, en application de l'article 475-1 du code de procédure pénale, au titre des frais d'appel.

 

La cour de cassation, dans un arrêt rendu le 7 décembre 2004, rejette les pourvois en cassation introduits par les trois condamnés. Le 2 juin 2005, Olivier Orban, Xavier de Bartillat et la société des Éditions Plon saisissent la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), en vertu de l'article 34 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Le général Aussaresses, quant à lui, ne saisit pas la CEDH, et n'est pas concerné par les suites de l'affaire.

 

Le 15 janvier 2009, la Cour européenne des droits de l'homme, statuant à l'unanimité, déclare recevable la requête d'Olivier Orban, Xavier de Bartillat et de la société des Éditions Plon, estime qu'il y a eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme (article qui encadre le droit à la liberté d'expression) et condamne la France à verser conjointement aux requérants la somme de 33 041 euros pour dommage matériel, ainsi qu'une somme de 5 000 euros pour frais et dépens.

 

Le général Aussaresses a par ailleurs fait l'objet de plaintes séparées pour les crimes de tortures qu'il avait reconnus dans son livre. Une autre procédure avait été ouverte mais la Cour de Cassation l'a rejetée, les crimes de tortures commis lors de la guerre d'Algérie ayant été amnistiés. Dans Je n'ai pas tout dit. Ultimes révélations au service de la France (2008), il révèle que, dans les années 1970, le GIAT (donc nécessairement autorisé par le gouvernement français) versa une commission conséquente à Klaus Barbie dans le cadre d'une vente d'armes à la Bolivie. Il confirme également l'assassinat sur ordre de l'opposant camerounais Félix Moumié.

 

Massu Jacques

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Jacques Massu est né le 5 mai 1908 à Châlons-sur-Marne. Son père était officier d'artillerie.

Massu Jacques

Elève successivement à Saint-Louis de Gonzague à Paris, au collège libre de Gien de 1919 à 1925 et au Prytanée militaire de 1926 à 1928, il entre ensuite à Saint-Cyr et en sort sous-lieutenant en 1930 (promotion "Maréchal Foch") en choisissant l'Infanterie coloniale. D'octobre 1930 à août 1931, il sert au 16e Régiment de tirailleurs sénégalais (16e RTS) à Cahors dans le Lot avant de partir pour le Maroc au 5e RTS ; il prend part aux combats du Tafilalet où il gagne sa première citation. En octobre 1932, il est promu lieutenant et, l'année suivante, participe aux opérations du Haut-Atlas où il est de nouveau cité.

En 1934 le lieutenant Massu est muté au 12e RTS à Saintes (Charente-Maritime). De janvier 1935 à février 1937, il sert au Togo où il assume des fonctions civiles et militaires au pays Komkomba. Ensuite, jusqu'en juin 1938, il stationne en Lorraine, au 41e RMIC, à Sarreguemines-Puttelange. Il part ensuite pour le Tchad où, en qualité de chef de subdivision du Tibesti, sous les ordres du lieutenant-colonel d'Ornano, il assume de nouveau des fonctions civiles et militaires à Zouar. Promu capitaine en juin 1939, l'armistice le surprend au Tchad d'où, ayant entendu l'appel du 18 juin, il rallie aussitôt le général de Gaulle.

Servant sous les ordres du colonel Leclerc, il prend part, de décembre 1940 à janvier 1941, au raid franco-britannique sur Mourzouk au cours duquel il est blessé puis à la campagne du Fezzan (février-mars 1942). En septembre 1942 il est promu au grade de chef de bataillon et commande le Bataillon de marche n°1; début 1943 il participe à l'occupation du Fezzan et occupe les fonctions d'adjoint au gouverneur du Fezzan à Sebha. Il combat ensuite en Tunisie sous les ordres du général Leclerc dans le cadre de la "Force L" affectée à la 8e Armée britannique. Au moment de la constitution de la 2e Division blindée, Jacques Massu prend le commandement du 2e Bataillon du Régiment de marche du Tchad.

Après un séjour en Angleterre, d'avril à juillet 1944, avec l'ensemble de la 2e DB, il débarque en Normandie le 1er août, prenant une part active aux combats du bocage normand et à la libération de Paris, le 25 août. Le commandant Massu se distingue ensuite dans les Vosges à Contrexeville, Vittel et lors de la bataille de Dompaire où il met hors de combat 32 chars allemands avec l'aide de l'aviation US. Le 25 septembre 1944 il est promu lieutenant-colonel et participe à la marche sur Strasbourg, libère Saverne et entre dans Strasbourg le 23 novembre 1944. Il prend part ensuite à la réduction de la poche de Colmar et à l'occupation de l'Allemagne.

Après la capitulation allemande il prend le commandement du Groupement de marche de la 2e DB destiné à l'origine à continuer la guerre contre le Japon. Il embarque en septembre 1945 pour Saigon, libère la Cochinchine (Mytho, Taï-Ninh, Plaine des Joncs) et dirige les opérations de Ban Me Thuot à Nathrang. Il part pour le Tonkin avec Leclerc et entre à Hanoï en mars 1946. Promu colonel, il rentre en France en novembre 1946. Un mois plus tard, il retourne en Indochine après le coup de force Viêt-minh. Jacques Massu est ensuite affecté au 3e Bureau de l'Inspection de Forces d'Afrique du Nord toujours auprès de Leclerc. Breveté parachutiste en mars 1947, il met sur pied le centre de formation des Parachutistes coloniaux en Bretagne qui devient la 1ère Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes; en deux ans il forme ainsi six bataillons qui participent aux combats d'Indochine. De nouveau, il est envoyé en mission en Indochine en 1948.

De retour en France, il est, d'octobre 1949 à juillet 1950, auditeur à l'Institut des Hautes études de la Défense nationale (IHEDN) à Paris. En 1951 il prend le commandement de la 4e Brigade d'AOF à Niamey. En 1954, il est affecté en Tunisie comme adjoint au commandant de la 11e DI puis comme commandant de la zone opérationnelle nord, au Kef. En juin 1955 il est promu général de brigade et muté à Alger. Il est ensuite nommé au commandement des Parachutistes en Afrique du Nord et du Groupement parachutiste d'intervention. En août 1956 le général Massu prend le commandement de la 10e Division parachutiste et, à sa tête, participe à l'expédition d'Egypte. En janvier 1957 il est chargé - en plus du commandement de la 10e DP - du commandement militaire du territoire de la zone nord algéroise, y compris l'agglomération d'Alger. Il livre alors "la bataille d'Alger".

Chargé des fonctions de préfet d'Alger en juin 1958, nommé général de division le 1er juillet suivant, le général Massu reçoit le commandement du corps d'armée d'Alger en décembre 1958. Il quitte l'Algérie en janvier 1960. Gouverneur militaire de Metz, commandant la 6e Région militaire et inspecteur désigné de la zone de défense n°3 en septembre 1961. Il est nommé général de corps d'armée en juillet 1963. Le 1er mars 1966, il est promu commandant en chef des Forces françaises en Allemagne, le jour où il reçoit ses étoiles de général d'armée. Membre du Conseil supérieur de la Guerre (1966). Le général d'armée Jacques Massu quitte ses fonctions pour passer dans le corps de réserve (2e Section) en juillet 1969. Auteur de plusieurs ouvrages de souvenirs, il exerce ensuite les fonctions de chef du Bureau de préparation militaire et de promotion de la jeunesse. Jacques Massu est décédé le 26 octobre 2002 à son domicile de Conflans sur Loing dans le Loiret où il a été inhumé.

Louis Emile

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Émile Louis, né le 21 janvier 1934 à Pontigny et mort le 20 octobre 2013 à Nancy1, est un tueur en série français. En 2000, il avoue l'assassinat de sept jeunes filles handicapées disparues dans les années 1970 dans l'Yonne, mais se rétracte un mois plus tard.

Louis Emile

En mars 2004, il est condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour viol et torture sur son épouse et sa fille. Il est également condamné pour atteintes sexuelles sur mineures en 1983 (quatre ans de prison) et en 1989 (cinq ans de prison). En novembre 2004, Émile Louis est condamné par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Il décide de faire appel. En juin 2006, la cour d'appel de Paris confirme une peine identique à celle prononcée en première instance pour cette affaire : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La chambre criminelle de la cour de cassation rejette son pourvoi en novembre 2006.

Émile Louis est abandonné par sa mère dans les premiers jours de sa vie. Il est pris en charge par la DDASS puis adopté par une famille d'accueil. Dans la famille d'accueil son père adoptif est artisan maçon, fossoyeur, sa mère adoptive est autoritaire et froide. Mais ce n'est qu'à 14 ans qu'il apprend que ses parents nourriciers ne sont pas ses vrais parents. Adolescent, il séjourne dans un centre de délinquance en Saône-et-Loire où il est violé. Élève moyen, il obtient son certificat d'études. En 1952, âgé de 18 ans, il s'engage dans la Légion étrangère et participe à la guerre d'Indochine pendant deux ans où il est affecté dans la marine en tant que transport de soldats tués au front. Il revient d'Indochine française à la fin de la guerre en héros avec plusieurs décorations militaires.

En 1954, âgé de 20 ans, il épouse Chantal Delagneau avec qui il a deux filles, Marilyne et Manoèle, et deux fils, Fabien et Fabrice. Ils vivent à Villefargeau à 7 km à l'ouest d'Auxerre. Son épouse dit de lui qu'il était un homme à double personnalité parfois gentil et attentionné et d'autres fois méchant et cruel. Il trouve un emploi à la base militaire de Varennes dans l'Yonne. Il habite à Seignelay à 14 km au nord d'Auxerre, commune dont il se fait élire conseiller municipal. Il devient en outre chauffeur d'autobus de ramassage scolaire pour la société Les Rapides de Bourgogne où il rencontre ses sept jeunes futures victimes. Il se sépare de son épouse en 1978 après 24 ans d'union « car elle n'était pas portée sur le sexe » et vit avec Gilberte Binoche Lemérorel qui finit par être portée disparue.

En 1984, il s'installe à Draguignan dans le Var après avoir purgé une peine de quatre ans d'emprisonnement pour attouchements sur mineur. Il y trouve un emploi dans une entreprise de pompes funèbres. En avril 1992, il épouse en secondes noces Chantal Paradis à Draguignan, après une nouvelle condamnation à cinq ans de détention. Incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim, il est transféré suite à des troubles neurologiques, dans une unité sécurisée de l'hôpital de Nancy, le 14 octobre 2013. Il y meurt quelques jours plus tard, le 20 octobre 2013, à l'âge de 79 ans. En 1981, alors qu'il vit à Seignelay où il est conseiller municipal, il est arrêté et condamné pour attentats à la pudeur sur des mineures de la DDASS confiées à sa compagne. La même année en décembre, Émile Louis est inculpé et mis en examen pour le meurtre de Sylvianne Lesage, 23 ans, élevée par la concubine d'Émile Louis, dont le corps est retrouvé à Rouvray (à 10 km au nord est d'Auxerre), là où Émile Louis a l'habitude d'aller à la pêche. Il est condamné à 4 ans de prison puis bénéficie d'un non-lieu et est libéré de prison en février 1984.

Le 17 mars 1983, il est condamné par le tribunal correctionnel d'Auxerre pour attentat à la pudeur sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité. Il est condamné à 4 ans de prison. En 1983, les époux Claude Dunand et Monique Dunand sont inculpés et condamnés pour commerce proxénète sadomasochiste barbare avec de nombreuses jeunes filles et femmes issues de la DDASS, à Appoigny à 10 km au nord-ouest d'Auxerre. Leur réseau de clientèle se serait étendu jusque dans les milieux importants d'Auxerre. En 1984, le gendarme Christian Jambert (enfant de la DDASS) est chargé de l'enquête de « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Sept viols et assassinats ont été commis à Auxerre et aux environs entre 1975 et 1979 sur des jeunes femmes de la DDASS déficientes mentales légères âgées de 16 à 22 ans. Christian Jambert adresse au parquet d'Auxerre un rapport qui met en cause Émile Louis et des réseaux proxénètes sado-masochistes de l'Yonne qui exploitent les filles de la DDASS.

Le procureur de la République René Meyer n'ouvre pas d'information pour manque de preuves mais demande informellement au gendarme de poursuivre l'enquête. Le rapport est égaré. Le gendarme est retrouvé mort. Il se serait suicidé de deux balles dans la tête des suites d'une longue dépression, excédé de ne pas être pris au sérieux dans l'affaire Émile Louis en août 1997. En avril 2004, le parquet ouvre une information judiciaire contre X pour assassinat sur la base d’un premier rapport d’autopsie jugeant les deux impacts de balles peu compatibles avec un suicide. En février 2011, un non-lieu est rendu sur la mort du gendarme Jambert. « Contrairement à ce qu’avait affirmé l’expert balistique d’un premier collège d’experts, la carabine retrouvée à proximité du corps, et dont le fonctionnement avait été modifié par Christian Jambert pour que l’arme puisse tirer en rafale, était bien celle qui avait tiré deux balles dont les fragments avaient été retrouvés dans le crâne de l’ancien gendarme », explique le procureur d’Auxerre. La famille du gendarme fait appel de cette décision qui est confirmée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris en février 2012.

En 1989, Pierre Charrier, ex-directeur et fondateur de l'APAJH de l'Yonne à Auxerre est pris en flagrant délit à l'arrière d'une voiture en compagnie d'une handicapée de 22 ans dont il abuse sexuellement. Il explique qu'il aurait ainsi permis à la jeune femme de « s'épanouir affectivement ». Charrier est un proche d'Emile Louis. Il est condamné à six ans de prison ferme. De manière générale toute la vie d'Emile Louis est liée à la DDASS, devenue ASE : enfant de la DDASS, famille d'accueil de la DDASS, employé par des établissements sous tutelle de la DDASS, il aura fait de la protection de l'enfance son terrain de chasse. Le 23 novembre 1989, Émile Louis, qui est parti vivre à Draguignan dans le sud de la France, est condamné par le tribunal correctionnel de Draguignan à 5 ans de prison dont 1 an de sursis et 3 ans de mises à l'épreuve, pour attentat à la pudeur commis avec violence. Il est libéré le 18 avril 1992.

Le 3 juillet 1996, l'association de défense des handicapés de l'Yonne, par l'intermédiaire de son avocat Me Pierre Gonzalez de Gaspard, dépose une plainte auprès du juge d'instruction Benoït Lewandowski pour enlèvement et séquestration dans « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Les juges d'instruction et procureurs de la République refusent la réouverture du dossier en février 1997 pour prescription, l'affaire étant ancienne de plus de 15 ans (en droit français, un crime est prescrit au bout de dix ans). Les familles de victimes décident d'ultra médiatiser l'affaire en écrivant à l'émission Perdu de vue de TF1 animé par Jacques Pradel. Ce dernier prend à cœur cette affaire et saisit l'occasion de faire monter son audimat en utilisant son émission pour recueillir des témoignages et jouer les journalistes d'investigation et faire bouger la Justice. Il publie un livre Disparues de l'Yonne - la 8e victime aux éditions Michel Lafon en 2005.

Le 12 décembre 2000, Émile Louis est placé en garde à vue après avoir avoué le meurtre des sept disparues de l'Yonne à des enquêteurs. Deux corps de victimes identifiées sont retrouvés aux endroits qu'il a indiqués, dont celui de Jacqueline Weis, une jeune fille de la DDASS qui avait vécu chez lui à titre de famille d'accueil, et celui de Madeleine Dejust, une de ses maîtresses. Puis il se rétracte, nie et clame son innocence. Il explique avoir raconté n'importe quoi en pensant que les faits étaient prescrits. L'affaire est alors particulièrement complexe car les jeunes femmes sont portées disparues depuis 20 ans. Le 13 décembre, Chantal Paradis, la seconde épouse d'Émile Louis, porte plainte contre lui à Draguignan pour viol et tortures horribles commis sur elle après qu'il l'a droguée aux médicaments entre 1992 et 1995, ainsi que sur sa fille Karine issue de son premier mariage, alors âgée de 14 ans. Karine a d'ailleurs déposé plainte en janvier 2000 contre son beau-père pour agressions sexuelles. Émile Louis reconnaît les faits devant les enquêteurs puis nie tout en bloc et clame son innocence. Il est écroué le 14 décembre.

Le 26 mars 2004, il est condamné en première instance par la cour d'assises du Var siégeant à Draguignan à 20 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990. Le 17 novembre 2004, la meilleure amie de Jacqueline Weis, une des disparues de l'Yonne, affirme que Jacqueline Weis enfant de la DDASS subissait des sévices par Émile Louis, dont le foyer la recevait à titre de famille d'accueil à Villefargeau. Son corps est retrouvé le 4 janvier 2001 à Rouvray à l'endroit avoué par l'accusé. Il se rétracte immédiatement après ses aveux. Le 23 novembre 2004, Émile Louis reconnaît le viol et la séquestration d'Anne-Marie Ziegler rencontrée au milieu des années 1980. Ils étaient voisins de mobile-home dans un camping du Var. Elle n'a pas porté plainte de peur qu'il ne s'en prenne à ses trois enfants.

Le 25 novembre 2004, à l'âge de 70 ans, il est condamné en première instance par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans, après onze ans de procédures judiciaires pour meurtre des sept viols et assassinats de l'affaire des disparues de l'Yonne. Il est également condamné à verser 60 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral aux enfants de Bernadette Lemoine et Françoise Lemoine, 30 000 euros à la mère de Chantal Gras, 15 000 euros aux sœurs et frères des sept victimes, 5 000 euros à chacune des quinze parties civiles au titre des frais de procédure. Comme il ne peut pas verser de tels montants, c'est l'État, via la commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI), qui dédommage les parties civiles. Les familles des victimes réclament de poursuivre le procès pour savoir ce qui est arrivé aux cinq des sept disparues dont les corps ne furent pas retrouvés. Émile Louis fait appel.

Le 12 octobre 2005, la fille aînée d'Émile Louis, Marilyne Vinet, entendue comme témoin au procès de Draguignan, déclare avoir été violée par son père alors qu'elle avait 5 ans puis 19 ans. Elle affirme également avoir assisté à l'âge de 10 ans environ au meurtre d'une jeune fille éventrée par son père dans un bois à Saint-Florentin (à 30 km au nord-est d'Auxerre). Elle publie un livre Être la fille d'Émile Louis qu'elle qualifie de prédateur. Le 14 octobre 2005, il est condamné par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône à une peine de 30 ans de réclusion, soit 10 ans de plus qu'en première instance, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et de viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990. Cette condamnation vient en plus de sa peine de réclusion à perpétuité pour l'affaire des disparues de l'Yonne.

En juin 2006, les douze jurés de la cour d'appel de Paris confirment une peine identique à la première instance pour l'affaire des disparues de l'Yonne : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La Cour de cassation confirme cette condamnation le 13 septembre 2007. Il purge sa peine à la maison centrale d'Ensisheim.

Liste des victimes connues

  • Madeleine Dejust
  • Chantal Gras
  • Bernadette Lemoine
  • Christine Marlot
  • Martine Renault
  • Jacqueline Weiss
  • Françoise Lemoine

Émile Louis est marqué par des troubles affectifs profonds et par sa non relation à sa mère et à son père qu'il n'a jamais connus. Il est réputé menteur. Sa mère adoptive est autoritaire et froide, trait de personnalité dont il s'imprègne entièrement. Il se réfugie dans un moi grandiose et omnipotent. Il est en même temps décrit comme un homme gentil, serviable, à l'écoute et affectueux, un confident, un père, qui apportait beaucoup à des jeunes en manque d'affection et de reconnaissance. Il est aussi en proie à des pulsions sexuelles violentes et il est diagnostiqué comme une forteresse qui entoure un vide affectif sidéral.

Émile Louis porte en lui-même les caractéristiques de ses victimes. Elles incarnent ce qu'il hait à l'intérieur de lui-même, d'où sa violence sexuelle et prédatrice avec « ses sœurs de misères » selon ses mots. Il a « confessé » qu'il croyait en Dieu « qui pardonne à ceux qui l'ont offensé… » Il exprime le désir de se retirer du monde entier et de finir ses jours dans un monastère dans un isolement total et dans la prière. Sur le plan physique, Émile Louis souffrait en outre d'une cardiopathie coronarienne et d'un diabète qui l'obligeait à recevoir des injections d'insuline quotidiennes.

Teitgen Pierre-Henri

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Pierre-Henri Teitgen est né à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 29 mai 1908 et est décédé le 6 avril 1997 à Paris. Juriste, professeur et homme politique français.

French Delegate Pierre Henri Teitgen Signing Economic Conference Report

French Delegate Pierre Henri Teitgen Signing Economic Conference Report

Fait prisonnier de guerre en 1940, il joue un rôle important dans la Résistance ; il fait ensuite partie des organisateurs de l'épuration. Député MRP d'Ille-et-Vilaine de 1945 à 1958. Il a présidé le Mouvement républicain populaire (parti de tendance démocrate-chrétienne) de 1952 à 1956. Il est de nombreuses fois ministre dans les gouvernements de la IVe République. Bien que membre du Comité consultatif constitutionnel en 1958, il devient critique à l'endroit de la politique de Charles de Gaulle. Il soutient la tentative de candidature de Gaston Defferre en 1964-1965. En septembre 1976, il est nommé juge à la Cour européenne des droits de l'homme.

Il est le père de Francis Teitgen, le fils d'Henri Teitgen, ancien rédacteur en chef du quotidien régional L'Ouest-Éclair , il est aussi le père de Pierre Yves qui fut directeur juridique du Figaro et le frère de Paul Teitgen, résistant et secrétaire général de la police française à Alger pendant la guerre d'Algérie. Son épouse née Jeanne Fonlupt le 14 octobre 1915 est décédée à Saint Palais (Pyrénées Atlantiques) le 14 juin 2006 à 90 ans.

Fonctions gouvernementales

  • Ministre de l'Information du gouvernement Charles de Gaulle (1) (du 10 septembre 1944 au 30 mai 1945)
  • Ministre de la Justice du gouvernement Charles de Gaulle (1) (du 30 juin au 2 novembre 1945)
  • Ministre de la Justice du gouvernement Charles de Gaulle (2) (du 2 novembre 1945 au 20 janvier 1946)
  • Ministre de la Justice du gouvernement Félix Gouin (du 26 janvier au 24 juin 1946)
  • Ministre de la Justice du gouvernement Georges Bidault (1) (du 24 juin au 16 décembre 1946), il a pour mission l’organisation des procès des partisans de Vichy et des collaborateurs avec l'occupant allemand.
  • Ministre d'État, Vice-président du conseil du gouvernement Paul Ramadier (1) (du 4 mai au 22 octobre 1947)
  • Ministre des Forces armées du gouvernement Paul Ramadier (2) (du 22 octobre au 24 novembre 1947)
  • Ministre des Forces armées du gouvernement Robert Schuman (1) (du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948)
  • Vice-président du conseil du gouvernement André Marie (du 26 juillet au 5 septembre 1948)
  • Ministre d'État chargé de l'Information du gouvernement Georges Bidault (2) (du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950)
  • Vice-président du conseil du gouvernement Joseph Laniel (1) du 28 juin 1953 au 12 juin 1954
  • Ministre de la France d'Outre-mer gouvernement Edgar Faure (2) (du 23 février 1955 au 1er février 1956)

Duras Marguerite

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Marguerite Donnadieu, dite Marguerite Duras femme de lettres et cinéaste française (Gia Dinh, Viêt Nam, 1914-Paris 1996). Figure majeure de la littérature du xxe siècle, Marguerite Duras cultiva dans son œuvre romanesque et théâtrale une esthétique du mystère. Elle s'illustra également dans le cinéma, qu'elle considérait comme le « lieu idéal de la parole ».

Duras Marguerite

Née en Cochinchine française, Marguerite Donnadieu a pour père un professeur de mathématiques, qui meurt très jeune, et pour mère une institutrice. En 1928, cette dernière achète une petite concession en Indochine, mais elle est trompée par l'administration coloniale : la terre se révèle incultivable, ce qui cause la ruine de la famille. Cette expérience, ainsi que les rapports passionnés que la jeune fille entretient avec sa mère (l'essentiel de l'affection maternelle allant aux deux frères plus âgés), seront déterminants dans son œuvre à venir.

À 18 ans, Marguerite Donnadieu quitte l'Indochine et s'installe à Paris pour y finir ses études de droit et de sciences politiques. Elle rencontre l'écrivain Robert Antelme avec qui elle se marie en 1939. C'est pendant la Seconde Guerre mondiale que, sous le pseudonyme de Duras (du nom du village où se trouve la maison paternelle dans le Lot-et-Garonne), elle publie ses premiers romans (les Impudents, 1943 ; la Vie tranquille, 1944). Durant ces années, son activité clandestine de résistante l'amène à se rapprocher du Parti communiste français. Parallèlement, elle noue des relations avec plusieurs intellectuels, parmi lesquels Bataille, Blanchot et Dionys Mascolo (1916-1997), qui devient son compagnon après son divorce en 1947. Son appartement de la rue Saint-Benoît devient le lieu privilégié de ces rencontres.

En 1950, Duras publie Un barrage contre le Pacifique (films de René Clément en 1958 et de Rithy Panh en 2009) et, en 1952, le Marin de Gibraltar (les Cahiers de la guerre et autres textes publiés en 2006 témoignent de cette période d'écriture). Un an plus tard, Duras s'oriente vers une esthétique plus novatrice avec les Petits Chevaux de Tarquinia, roman dans lequel une syntaxe disloquée et une ponctuation inhabituelle privilégient un récit discontinu, au détriment de la progression de l'intrigue et du recours à la psychologie.

Dès 1955, avec le Square, Duras se lance également dans le théâtre. Les Viaducs de la Seine-et-Oise (1959), Des journées entières dans les arbres (1965), l'Amante anglaise (1968) et Savannah Bay (1982), plus particulièrement, confirmeront son attrait pour le genre. Toutefois, c'est le récit Moderato cantabile en 1958 (film de Peter Brook en 1960) qui marque le tournant de l'œuvre de Duras. La narration se renouvelle : les événements se raréfient et les dialogues, inspirés par le plus banal des quotidiens, accèdent au premier plan. L'écriture s'oriente vers une prose elliptique, épurée, entrecoupée de gestes ébauchés et d'échanges muets. Avec ce « roman de l'échec du roman », Duras connaît la notoriété. C'est l'époque où Robbe-Grillet la convie à se joindre au mouvement du nouveau roman.

Au cours des années suivantes, Duras fait paraître plusieurs livres majeurs, dont le Ravissement de Lol V. Stein (1964) et le Vice-consul (1965), où perce sa fascination pour les milieux diplomatiques. Focalisée sur l'absence et la vacuité, son œuvre fait alors émerger des êtres fantomatiques hantés par l'abandon et la folie.

En 1959, Alain Resnais lui ayant commandé un scénario, Duras avait écrit les dialogues d'Hiroshima mon amour. Le film avait été la révélation du Festival de Cannes en 1960. Après l'expérience réussie avec Resnais, parallèlement à son œuvre romanesque et théâtrale, Duras se tournera également vers le cinéma. Scénariste d'Une aussi longue absence (Henri Colpi [1921-2006], 1961), elle réalise notamment la Musica (1966), Détruire, dit-elle (1969), Nathalie Granger (1972), la Femme du Gange (1973), India Song (1975), Son nom de Venise dans Calcutta désert (1976) et le Camion (1977). Duras cinéaste s'efforce aussi de faire disparaître la frontière entre les genres : Jaune le soleil (1971) est la version filmée du roman Abahn, Sabana, David (1970) ; avant d'être porté à l'écran, le Navire Night (1978) avait existé à l'état de nouvelle ; Agatha est d'abord un roman, qui devient un film (Agatha et les lectures illimitées, 1981). Dans toutes ces œuvres, la force incantatoire des voix se mêle à la lenteur ritualisée des images, aboutissant à un style fascinant qui entretient une atmosphère de mort et de beauté.

Au début des années 1980, dépendante de l'alcool, Duras alterne cures de désintoxication, périodes d'abstinence et rechutes. Elle prend pour compagnon Yann Lemée (né en 1952) – à qui elle donne le nom de Yann Andréa, confirmant ainsi son goût pour les patronymes à consonance évocatrice. Faute de maîtriser sa main tremblante, elle lui dicte la Maladie de la mort (1982).

L'océan destructeur, le cataclysme atomique, auxquels s'ajoutent les ruines des souvenirs autobiographiques – l'Amant (1984 ; adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1991 [voir l'Amant]) qui connaît un succès mondial ; l'Amant de la Chine du Nord (1991) –, finissent de faire de l'œuvre de Duras le miroir d'un chaos fondamental. Cette dernière s'éteint dans son appartement de la rue Saint-Benoît, à près de 82 ans.

En 1943, Marguerite Duras – en compagnie de son mari Robert Antelme et de Dionys Mascolo – rejoignit le réseau de la Résistance dirigé par François Mitterrand (connu sous le nom de guerre de Jacques Morland). Le 1er juin 1944, son groupe tomba dans une embuscade. Secourue par Mitterrand, Duras parvint à s'échapper. Mais son mari, arrêté par la Gestapo, fut déporté au camp de concentration de Buchenwald, puis à celui de Dachau.

Marguerite Duras dut attendre la Libération avant de revoir Robert Antelme. Mascolo et Mitterrand, partis chercher leur compagnon en Allemagne, organisèrent son retour en France. C'est un homme moribond, amaigri par des mois de détention et malade du typhus que son épouse accueillit à la gare d'Orsay à Paris. Duras fit de ces heures sombres un récit poignant dans la Douleur (1985).

Strauss-Kahn Dominique

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Économiste et homme politique français (Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, 1949).

 

Strauss-Kahn Dominique

Licencié en droit public et docteur en sciences économiques, il enseigne l'économie dans les universités de Nancy (1977-1980) et de Nanterre (1981-1982) ainsi qu'à l'École nationale d'administration (ENA), avant d'entrer en 1982 au Commissariat général au plan, dont il est commissaire adjoint de 1984 à 1986.

Élu pour la première fois député socialiste de Haute-Savoie (1986), il est réélu, dans le Val-d'Oise, en 1988, année au cours de laquelle il devient président de la Commission des finances. En 1991, François Mitterrand le nomme ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur dans le gouvernement d'Édith Cresson, portefeuille qu'il conserve dans le cabinet Bérégovoy (1992-1993). Il est maire de Sarcelles de 1995 à 1997. Après la victoire de la gauche aux élections législatives de 1997, Lionel Jospin, nouveau Premier ministre, le nomme ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Dans un contexte d'embellie économique, il obtient d'excellents résultats (baisse de la TVA, ramenée à 5,5 % sur les travaux de rénovation, redressement partiel des comptes budgétaires, baisse du chômage, entrée de la France dans la zone euro), mais choisit de démissionner, en novembre 1999, après avoir été mis en cause dans des affaires judiciaires pour lesquelles il sera blanchi en 2001.

Réélu député du Val-d'Oise en avril 2001 puis en juin 2002, il est secrétaire national du parti socialiste (PS) [2002-2003], membre du bureau national (2003-2005), secrétaire national, chargé des élus (juin 2005-novembre 2007). En 2006, il espère relancer sa carrière en participant aux primaires du parti pour l'élection présidentielle de 2007 : représentant la sensibilité social-démocrate, il arrive second avec 20,8 % des voix derrière Ségolène Royal (60,6 %) et devant Laurent Fabius (18,6 %).

Dès l'été 2007, il brigue la direction générale du Fonds monétaire international (FMI) à laquelle il est élu grâce au soutien de la France et de l'Union européenne (septembre) et prend ses fonctions le 1er novembre. À la tête de l'institution de Washington, il parvient à en redresser les comptes déficitaires, à en restaurer l'image discréditée – notamment auprès de l'Asie et des pays émergents – et réussit en prônant le pragmatisme à amoindrir les pires méfaits des crises financières et monétaires de 2007-2008 et de 2009-2011.

Auréolé de son bilan à la tête du FMI, de ses compétences manifestes et reconnues par temps de crises, de la stature acquise auprès des grands leaders du monde, et d’une popularité sans cesse croissante dans l’Hexagone, il envisage, sans jamais faire ouvertement part de ses intentions, de revenir en France et de concourir à la présidentielle de 2012.

Mais ses chances s’effondrent à la mi-mai 2011, quand il est inculpé à New York dans le cadre d’une affaire de mœurs, contraint à démissionner du FMI, et placé sous contrôle judiciaire.

Bien que blanchi par la justice américaine au cours de l’été, il est rattrapé par d’autres révélations sur sa vie privée qui ternissent un peu plus son image et le forcent à rester à l’écart, durablement sans doute, de la scène politique nationale comme de la sphère économique internationale.


Cresson Édith

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Femme politique française (Boulogne-Billancourt 1934). Membre du parti socialiste depuis 1975, mitterrandiste convaincue, élue député au Parlement européen (1979-1981), elle effectue sa véritable « percée » politique après l'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981. 

 

Cresson Édith

Élue député de la Vienne (1981), elle est ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Mauroy (1981-1983) ; puis, devenue maire de Châtellerault (1983), elle est nommée ministre du Commerce extérieur et du Tourisme (1983-1984), ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur (1984-1986), puis, après le retour de la gauche au pouvoir, ministre des Affaires européennes (1988-1990) avant de succéder à Michel Rocard comme Premier ministre de mai 1991 à mars 1992, la première femme à occuper cette fonction en France. Elle a été Commissaire européen, chargée de la science, de la recherche et du développement, de l'éducation et de la formation, ainsi que de la compétitivité (1994-1999).

Mauroy Pierre

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Pierre Mauroy, né le 5 juillet 1928 à Cartignies (Nord) et mort le 7 juin 2013 à Clamart (Hauts-de-Seine) est un homme politique français. 

Mauroy Pierre

Premier ministre de 1981 à 1984, maire de Lille de 1973 à 2001, il est également sénateur du Nord de 1992 à 2011. Né en 1928 d'un père instituteur et d'une mère catholique pratiquante, Pierre Mauroy est l'ainé d'une famille de sept enfants. Son père installé à Haussy, il devient élève des lycées de Cambrai et du Cateau-Cambrésis, puis élève-professeur-stagiaire de l'École normale nationale d'apprentissage (ENNA) de Cachan. Il s'engage dès l'âge de 18 ans à la SFIO dans les Jeunesses socialistes et en devient, en 1950, le secrétaire national. En 1951, il fonde la fédération nationale Léo-Lagrange, l'un des plus importants mouvements français d'éducation populaire. Il devient professeur d'enseignement technique à Colombes en 1952 et obtient en 1955 le poste de secrétaire général du syndicat des collèges d'enseignement technique de la fédération de l'éducation nationale (FEN).

En 1966, il devient secrétaire général de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Suite à la création du Parti socialiste, qui remplace la SFIO en 1969, Guy Mollet lui promet son soutien pour prendre la tête du nouveau parti en échange de la nomination d'un de ses proches au poste de numéro 2, mais Pierre Mauroy refuse et est battu d'une voix par Alain Savary lors du vote du comité directeur. Au congrès d'Épinay deux ans plus tard, il est pressenti pour affronter le premier secrétaire sortant, mais n'arrivant pas à recueillir un nombre suffisant de soutiens de responsables socialistes, il renonce, François Mitterrand l'emportant. À l'appel d'Augustin Laurent, il entre en seconde position sur la liste électorale du Parti socialiste pour l'élection municipale de 1971 à Lille. Augustin Laurent, réélu, confie deux ans plus tard à son premier adjoint les clefs du beffroi par sa démission le 8 janvier 1973 : Pierre Mauroy devient maire de Lille, après les législatives.

Puis le 11 mars 1973, il est élu député du département du Nord. Un an plus tard, il est élu président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. En tant que responsable de la puissante fédération socialiste du Nord, il apparaît au côté de François Mitterrand, comme étant le numéro 2 du PS. Après la défaite de la gauche aux élections législatives de 1978, il œuvre avec François Mitterrand à réformer le parti et à rassembler les socialistes. À partir du congrès de Metz en 1979, il anime l'un des courants minoritaires du parti socialiste et s'allie avec Michel Rocard contre François Mitterrand. Mais il change de camp après l'officialisation par Michel Rocard de sa candidature à l'élection présidentielle de 1981. Il est nommé porte-parole de François Mitterrand pour la campagne présidentielle, en octobre 1980. Soutien important de François Mitterrand dans le travail d'union de la gauche en 1981, ce dernier, une fois élu président de la République, nomme Pierre Mauroy Premier ministre.

Le deuxième gouvernement Mauroy, formé après les élections législatives de juin 1981, comprend quatre ministres communistes. Il entame une politique marquée à gauche, pour appliquer les promesses de campagne : 39 heures, cinquième semaine de congés payés, augmentation du nombre de fonctionnaires, décentralisation, nationalisations (loi du 13 février 1982), impôt sur les grandes fortunes, retraite à 60 ans, abolition de la peine de mort, remboursement de l'IVG, réforme des médias. Après les élections municipales de 1983, perdues par la majorité, et alors que les partenaires européens réclament un redressement de la situation économique de la France, François Mitterrand souhaite faire sortir le franc du Système monétaire européen. Pierre Mauroy s'y oppose et obtient gain de cause, formant un troisième gouvernement, le 23 mars 1983. Mais l'incapacité du Premier ministre à résoudre les problèmes de l'inflation et du chômage (+ 1,5 million de chômeurs), ainsi que la crise monétaire, le poussent à abandonner le Programme commun pour mettre en œuvre le « tournant de la rigueur », incarné par le ministre des Finances Jacques Delors, afin de maîtriser les finances de l'État et les problèmes économiques. L'indexation des salaires sur les prix est abandonnée, la réforme de l'enseignement privé est repoussée. Le 17 juillet 1984, François Mitterrand décide de remplacer Pierre Mauroy par Laurent Fabius.

Pierre Mauroy retourne alors dans le Nord où il possède un poids politique important. Au Conseil municipal de Lille, le 17 février 1984, il avait fait voter la construction d'une statue pour le Cardinal Liénart, ce qui entraîne un procès médiatique devant le Tribunal administratif de Lille. En mai 1988, il devient premier secrétaire du Parti socialiste contre l'avis de François Mitterrand qui soutenait la candidature de Laurent Fabius. Reconduit après l'agité congrès de Rennes de 1990, il quitte ses fonctions le 9 janvier 1992, après quoi il est élu président de l'Internationale socialiste et sénateur. Pierre Mauroy dirige l'Internationale socialiste à partir de 1992. Durant sa présidence, l'organisation passe de 101 à 170 membres après l'effondrement du bloc de l'Est et le ralliement de partis d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique. Le portugais António Guterres lui succède en 1999. En 2001, il passe le flambeau de la mairie de Lille à Martine Aubry qui était précédemment son premier adjoint, et succède à Roland Ries à la présidence de la Mission opérationnelle transfrontalière.

Le 20 juin 2008, il est mis en examen pour détournement de fonds publics à propos d'un emploi présumé fictif attribué à Lyne Cohen-Solal au sein de la communauté urbaine de Lille (CUDL) en 1999. Pierre Mauroy, son ancien directeur de cabinet Bernard Masset et Lyne Cohen-Solal sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Lille le 3 mai 2010 et leur procès s'ouvre le 3 décembre suivant. Le parquet requiert une relaxe générale mais le 4 février 2011 Pierre Mauroy est condamné à 20 000 euros d’amende avec sursis pour abus de confiance et devra, avec Lyne Cohen-Solal et Bernard Masset, rembourser 19 654 euros à la CUDL. Sénateur du Nord depuis 1992, Pierre Mauroy ne se représente pas lors des élections sénatoriales de 2011, mais demeure toujours président de la Fondation Jean-Jaurès, qu'il a fondée en 1992. Après avoir soutenu Ségolène Royal en vue de l'élection présidentielle de 2007, il soutient Martine Aubry dans le cadre de la primaire socialiste de 2011. Il soutient par la suite le candidat vainqueur de cette primaire, François Hollande, dont il regrette de ne pas pouvoir participer à la campagne, notamment suite à son hospitalisation pour une tumeur cancéreuse au poumon. Il est hospitalisé en juin 2013 suite à un malaise découlant d'une précédente hospitalisation due au traitement d'un cancer développé en 2012. Il meurt le 7 juin 2013 à l'Hôpital d'instruction des armées Percy à Clamart (Hauts-de-Seine).

Delors Jacques

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Homme politique français (Paris 1925). Militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), il fait carrière à la Banque de France (1945-1962) avant de devenir chef du service des affaires sociales du commissariat général du Plan à partir de 1962. 

Delors Jacques

Conseiller pour les affaires sociales et culturelles du cabinet Chaban-Delmas (1969), il entre au conseil général de la Banque de la France (1973-1979). Délégué national du parti socialiste pour les relations économiques internationales (1976-1981), il est élu en juin 1979 député au Parlement européen et nommé président de la commission économique et monétaire de cette assemblée (1979-1981). Ministre de l'Économie et des Finances dans les gouvernements Mauroy (1981-1984), il est également chargé du Budget (à partir de 1983).

Nommé à la tête de la Commission européenne en 1985, il confère à cette fonction une importance particulière, tenant dans les faits le rang d'un véritable « président de l'Europe » dont l'Union ne s'est pas encore dotée juridiquement. Au cours de ses trois mandats, il est le principal artisan d'une profonde relance de la construction européenne.

En effet, tout juste en poste, il présente son Livre blanc, un ensemble de 310 mesures et un calendrier établissant un marché unique considéré comme la voie privilégiée vers une croissance européenne ; ce projet d'accord sur l'achèvement du marché intérieur aboutit à la signature de l'Acte unique européen en février 1986. À la tête du comité qui porte son nom, J. Delors dirige les travaux qui inspireront le volet économique et monétaire du traité de Maastricht (1992) et la naissance de la monnaie unique (→ euro).

En France, J. Delors a fondé en 1992 le club Témoin, mouvement de réflexion et d'action destiné à promouvoir la renaissance d'une pensée sociale-démocrate dans le pays. Pressenti pour être le candidat du parti socialiste à l'élection présidentielle de 1995, il renonce à se présenter (décembre 1994).

Par ailleurs père de Martine Aubry, il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Les Indicateurs sociaux (1971), Changer (1975), En sortir ou pas (1985), L’Unité d’un homme (1994), livre d'entretiens avec Dominique Wolton, Combats pour l’Europe (1996), Mémoires (2004) en collaboration avec Jean-Louis Arnaud.

Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC)

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Organisation syndicale française créée le 2 novembre 1919 et regroupant les syndicats catholiques (dont les premiers sont apparus à la fin des années 1880).

 

Eugène Descamps

Eugène Descamps

S'inspirant explicitement de l'encyclique Rerum Novarum, la CFTC a pour objectif de réaliser des transformations sociales « non par la lutte des classes mais par l'éducation et la collaboration des éléments producteurs ». Forte de 150 000 membres, elle rassemble essentiellement des employés et une part non négligeable de femmes dans les régions où le catholicisme est influent (l'Est, le Nord, l'Ouest, Paris…). Même si depuis 1920, elle accepte également des protestants, elle demeure essentiellement catholique. Hostile au syndicalisme révolutionnaire et au communisme, la CFTC se situe politiquement à droite. Certains de ses syndicats commencent à participer à des grèves au début des années 1920. Toutefois c'est la modération qui domine à la CFTC durant les années 1930, ce qui en fait une confédération plus appréciée des chefs d'entreprise que ses rivales CGT et CGTU.

En 1936, elle ne prend qu'une part modeste aux grèves mais augmente ses effectifs et fait siennes les avancées sociales du Front populaire. En novembre 1937, la création en son sein du Syndicat général de l'Éducation nationale (SGEN) par Paul Vignaux, proche des catholiques espagnols antifranquistes, contribue également à l'évolution de la confédération.

Dissoute en 1940, à l'instar de toutes les organisations syndicales, la CFTC devient une organisation clandestine hostile au corporatisme officiel du gouvernement de Vichy et participe à la Résistance. Elle se trouve ainsi partie prenante dans le programme qu'élabore le CNR et qui sert de base aux grandes mesures adoptées à la Libération (nationalisations, sécurité sociale, etc.).

En 1947, la CFTC abandonne dans ses statuts toute référence à l'encyclique Rerum Novarum, mais elle entretient des rapports étroits avec le Mouvement républicain populaire. Sous l'influence d'une minorité de plus en plus active, la CFTC cesse de réprouver l'idée du socialisme, prône à partir de 1960 une solution négociée en Algérie et mène des actions communes avec la CGT. En 1961, la minorité devient majorité et fait élire l'un des siens, Eugène Descamps, secrétaire général. Lors du congrès extraordinaire de novembre 1964, la CFTC abandonne toute référence religieuse et change son nom en celui de CFDT Toutefois, une partie des syndiqués, essentiellement des mineurs et des employés de banque, décident de maintenir la CFTC.

Cette « CFTC maintenue » réaffirme son attachement à la doctrine sociale de l'Église, marque sa différence avec les autres centrales syndicales qu'elle estime politisées en s'engageant peu dans les grèves et en préférant la politique contractuelle, ce qui la fait souvent apprécier par les partis de droite et le patronat. Très favorable à l'enseignement privé confessionnel, elle réprouve les nationalisations du début des années 1980. Elle représente 7,52 % des voix aux élections prud'homales de 1997.

Descamps Eugène

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Eugène Descamps, né le 17 mars 1922 à Lomme (Nord) et mort le 9 octobre 1990 à Buis-les-Baronnies (Drôme), est un syndicaliste français. Il fut le secrétaire général de la CFTC puis de la CFDT.

Descamps Eugène

Issu d’une famille ouvrière, Eugène Descamps est né dans la banlieue de Lille. A treize ans, il commence à travailler comme laveur de bouteilles, apprenti boulanger, ouvrier, tisserand, électricien, ouvrier de brasserie et métallurgiste. Il milite à partir de 1936 à la Jeunesse ouvrière chrétienne dont il deviendra plus tard le secrétaire général. Pendant l'occupation il refuse le Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. Passé dans la clandestinité, il devient résistant sous le pseudonyme de « Desmoulins » et participe aux Forces unies de la jeunesse patriotique.

Il fait ses premières armes à la CFTC métallurgie comme permanent et il en prend la direction en 1954. En 1961, il accède au poste de secrétaire général de la CFTC. Militant de Reconstruction, la minorité de gauche qui prône une laïcisation de la CFTC, il entreprend de « déconfessionnaliser » la CFTC. Cette politique conduira, trois ans plus tard, en novembre 1964, à la transformation de la CFTC en CFDT. Cette laïcisation ne se passera pas sans heurts : à cette occasion, 10 % des adhérents choisissent de quitter le nouveau syndicat et de recréer la CFTC

En effet la CFDT déclare désormais placer son action dans le cadre de la lutte des classes. Eugène Descamps avait d'excellents rapports avec le secrétaire général de la CGT, Georges Séguy, et ils signeront en 1966 le premier accord d’unité d’action. Partisan du « socialisme démocratique », Eugène Descamps a recherché le rapprochement entre les centrales syndicales ouvrières tout au long de son activité syndicale.

Gouvernement de Vichy

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Gouvernement de l'État français, installé à Vichy (10 juillet 1940-20 août 1944) et qui, sous l'autorité du maréchal Pétain, dirigea la France pendant l'occupation allemande.

Gouvernement de Vichy

La France, quelques heures après la Grande-Bretagne, se déclare en guerre avec l'Allemagne, le 3 septembre 1939, à la suite de l'invasion de la Pologne par l'armée allemande, le 1er septembre. La « drôle de guerre » se termine par le désastre de mai-juin 1940 et l'occupation allemande. Face à la gravité de la situation, les dissensions au sein du gouvernement français replié à Bordeaux s'accentuent entre partisans et adversaires de l'armistice. Le président du Conseil, Paul Reynaud, au nombre de ces derniers, démissionne le 16 juin : le maréchal Pétain, qui le remplace aussitôt, quitte Bordeaux après l'armistice et se rend à Vichy (en zone libre) avec son gouvernement. Appuyé par Pierre Laval, il obtient de l'Assemblée nationale (à l'exception de 80 députés) les pleins pouvoirs « à l'effet de promulguer une nouvelle Constitution de l'État français », mettant ainsi fin à la IIIe République (10 juillet).

Le maréchal, qui devient chef de l'État français et s'attribue la totalité du pouvoir exécutif et législatif, ajourne les assemblées parlementaires et confie à Laval la vice-présidence du Conseil. Pétain – le « héros de Verdun » – bénéficie alors d'une grande popularité (qui se traduit par un véritable culte autour de sa personne), proclame l'instauration d'un « ordre nouveau » et la mise en œuvre de la « Révolution nationale », transformation radicale des institutions et des mœurs, fondée sur les notions de « travail, famille, patrie ».

Le 13 août 1940, les « sociétés secrètes » (et notamment la franc-maçonnerie) sont dissoutes, cette mesure visant les francs-maçons, très présents parmi la haute administration et le personnel politique de la IIIe république ; les centrales patronales et syndicales supprimées (novembre). Promulgué le 3 octobre, un statut discriminatoire des Juifs de nationalité française, imitant les lois raciales allemandes de 1935 (dites lois de Nuremberg), marque le début d'une persécution qui prendra une dimension tragique à partir de 1942, avec les rafles et les déportations massives.

Réactionnaire plutôt que révolutionnaire, cette doctrine de la « Révolution nationale », fortement influencée par l'idéologie de Maurras et de l'Action française, prône un retour aux valeurs traditionnelles et nationales, que le régime précédent est accusé d'avoir perdues. Ce nationalisme, cette profonde hostilité envers la République, la démocratie et le parlementarisme, ainsi qu'une conception autoritaire de l'État apparentent le régime de Vichy au fascisme.

De fait, le gouvernement s'engage aussitôt dans une politique répressive et prend des mesures d'exception qui restreignent les libertés publiques. Le rétablissement des « délits d'opinions et d'appartenance » dans la législation et l'institution de juridictions exceptionnelles lui permettent d'éliminer les opposants : communistes, socialistes, gaullistes, francs-maçons.

La Cour suprême de justice (30 juilllet 1940) juge un certain nombre de ministres de la IIIe République (→ Daladier, Blum) et le général Gamelin jugés responsables de la défaite (→ procès de Riom, avril 1942). La cour martiale, siégeant à Gannat (septembre 1940), condamne à mort par contumace un certain nombre d'officiers et de soldats de la France libre, dont le général de Gaulle. Surtout, la loi du 23 août 1941 crée, auprès des tribunaux militaires et des cours d'appel, des sections spéciales, « chargées de réprimer l'activité communiste ou anarchiste ». Elles prononceront, jusqu'à la Libération, de nombreuses condamnations, exécutoires immédiatement, sans pourvoi ni appel, de résistants, pour la plupart communistes. Certaines condamnations sont prononcées sur ordre des autorités occupantes ; la loi ayant effet rétroactif, sont punis de mort des accusés qui n'encouraient au jour de leur arrestation qu'une peine légère.

À partir de 1944, à la suite d'un décret chargeant Joseph Darnand d'« assurer la sécurité publique », sont institués des « cours martiales », puis des « cours criminelles extraordinaires », enfin des « tribunaux du maintien de l'ordre », organismes de répression échappant à toutes les règles de la procédure judiciaire habituelle.

Pour mener la répression, le régime s'appuie sur la police, la Légion française des combattants (août 1940), le Service d'ordre légionnaire (1942) et, plus tard, sur la Milice (janvier 1943). À partir de 1941, les fonctionnaires, l'armée et la magistrature doivent prêter serment au maréchal.  La propagande vichyste privilégie les thèmes de la famille et de la jeunesse. L'État favorise l'école libre, supprime les écoles normales d'instituteurs, développe les mouvements de jeunes (création des Chantiers de la Jeunesse, juillet 1940), met en place un système corporatif contrôlé par l'État (Charte du travail, 1941) et encourage le retour à la terre.

L'action du régime, en principe souverain, est conditionnée par la présence des Allemands qui occupent les deux tiers de la France, ont annexé l'Alsace-Lorraine et contrôlent l'essentiel de l'économie. Leur ingérence dans la vie politique française ira croissant. À partir d'octobre 1940, la collaboration avec l'Allemagne, dont Laval est le principal artisan, est officialisée lors de l'entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler. Mal acceptée par l'entourage du maréchal, dont les ministres obtiennent le renvoi de Laval en décembre, cette politique ne cessera cependant de se développer sous le ministère de Darlan, vice-président du Conseil de février 1941 à avril 1942, puis à nouveau sous celui de Laval, dont les Allemands imposent le retour comme président du Conseil (avril 1942-août 1944).

Après l'invasion de la zone libre (novembre 1942), les Allemands contrôlent totalement le régime, qui s'aligne désormais sur l'Allemagne. Les collaborateurs ultra (→ Joseph Darnand, Marcel Déat) accèdent au gouvernement. Les prélèvements de main-d'œuvre s'accentuent (relève des prisonniers, Service du travail obligatoire [février 1943]) ; les effectifs policiers sont renforcés (création en janvier 1943, par Darnand, de la Milice française, police supplétive de la Gestapo). Les excès de la collaboration (renforcement de la répression, pillage de l'économie française par l'Allemagne) vont discréditer définitivement le régime de Vichy.

Le régime de Vichy s'effondre avec la défaite allemande de l'été 1944. En août, les Allemands contraignent Laval et Pétain à gagner Belfort, puis Sigmaringen. Rejoints par Déat, Doriot et Darnand, ils cessent désormais toute activité gouvernementale, tandis qu'une Commission gouvernementale française, organisée par Fernand de Brinon, tente en vain de se substituer au gouvernement de Vichy. L'arrivée des troupes alliées (avril-mai 1945) met fin à cette tentative. Dès août 1944, le Gouvernement provisoire de la République française, présidé par le général de Gaulle, a succédé à Paris au gouvernement de Vichy, dont la législation est supprimée en septembre.

Banque de France

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Organisme bancaire français créé en 1800 et nationalisé en 1945, qui effectue, en sus des opérations de banque ordinaires, des opérations de banque à caractère public, notamment l'émission des billets de banque.

Banque de France

« Il n'y a pas en ce moment de banque en France », disait Napoléon devant le Conseil d'État, à l'une des séances consacrées, en avril 1806, à la rédaction des statuts de la Banque de France. « Il n'y en aura pas de quelques années, parce que la France manque d'hommes qui sachent ce que c'est qu'une banque. C'est une race d'hommes à créer. » Cette véritable carence dont s'étonnait l'Empereur s'explique par l'insuccès de la tentative de Law : la banque d'émission créée en 1716 sous le nom de « Banque générale » prit d'excessives participations dans les autres affaires du financier écossais et fut entraînée dans la retentissante faillite de la Compagnie des Indes. Le billet de banque s'en trouva discrédité pour longtemps, et l'expérience fâcheuse des assignats ne fit, plus tard, que confirmer le public dans son sentiment de défiance.

Vers la fin du xviiie siècle, toutefois, des essais furent tentés pour implanter en France l'usage des billets au porteur remboursables à vue en espèces métalliques : la Caisse d'escompte en 1776, la Caisse des comptes courants en 1796, la Caisse d'escompte du commerce en 1797 se proposèrent ce but, mais ces établissements ne connurent qu'une activité limitée. En janvier 1800, avec le puissant appui du Premier consul, un groupe de négociants et de banquiers, parmi lesquels Perrégaux et Lecouteulx de Canteleu, fonda la Banque de France, société par actions, de caractère privé, qui absorba presque aussitôt la Caisse des comptes courants. Il s'agissait de favoriser la reprise de l'activité économique au sortir de la période révolutionnaire et de créer un embryon d'institut d'émission comme il en existait en Suède ou en Angleterre.

À l'origine, elle partageait le droit d'émettre des billets avec 5 autres établissements (Caisse d'escompte du commerce, Comptoir commercial, Caisse territoriale, Factorerie du commerce, Caisse d'échange des monnaies). Le privilège exclusif qui lui fut conféré en 1803 ne valait que pour Paris (il sera étendu au territoire métropolitain en 1848). La Banque de France est alors organisée sous la forme d'une société par actions. Les 200 plus gros actionnaires – d'où l'expression « les 200 familles qui gouvernent la France » – constituent l'Assemblée générale, qui désigne les 15 régents composant le Conseil de régence. Celui-ci élit le Comité central, de 3 membres.

Des difficultés de fonctionnement conduisirent Napoléon à provoquer une réforme destinée à attribuer au gouvernement une certaine autorité sur la direction : « La banque n'appartient pas seulement aux actionnaires; elle appartient aussi à l'État puisqu'il lui donne le privilège de battre monnaie... Je veux que la banque soit assez dans la main du gouvernement et n'y soit pas trop... » La loi du 22 avril 1806 remplaça le Comité central par un gouverneur assisté de deux sous-gouverneurs, nommés par décret. Ainsi s'établit entre le gouvernement de la Banque et les régents élus un équilibre de pouvoirs qui se maintint pendant 130 ans. Les « Statuts fondamentaux » demeurèrent presque inchangés jusqu'en 1936.

La Banque achetait l'hôtel de Toulouse, rue de La Vrillière, pour y installer ses services. De 1808 à 1936, la Banque développa son réseau de comptoirs (15 en 1848, 160 en 1900, 260 en 1928) et diversifia ses opérations. À la suite de la victoire électorale du Front populaire, la loi du 24 juillet 1936 substitue au Conseil de régence un Conseil général de 20 membres, dont 2 sont élus par l'Assemblée générale. Les autres, presque tous désignés par l'État, représentent « les intérêts économiques et sociaux et les intérêts collectifs de la nation ». Ce renforcement de l'autorité des pouvoirs publics n'est que le prélude à la nationalisation, qui intervient avec la loi du 2 décembre 1945. La propriété des actions est transférée à l'État.

L'évolution intervenue depuis 1945 dans le rôle de la Banque de France rendait nécessaire une mise à jour des statuts. Celle-ci a fait l'objet de la loi du 3 janvier 1973 et du décret du 30 janvier. Les conseillers ne sont plus nommés en tant que représentants de secteurs économiques ou financiers mais en fonction de leur compétence propre. Les pouvoirs du Conseil ont été accrus; les statuts actuels permettent à la Banque de France, dans le cadre de la politique économique et financière du gouvernement, d'adapter son action aux circonstances.

Dans l'esprit de l'Union économique et monétaire (UEM) contenue dans le traité de Maastricht sur l'Union européenne (UE), le statut de la Banque de France a été modifié par la loi du 4 août 1993. Cette réforme vise notamment à assurer l'autonomie de l'établissement (désormais affranchi des directives du gouvernement et à rapprocher sa mission (définir et mettre en œuvre la politique monétaire dans le but d'assurer la stabilité des prix) et des modes de fonctionnement de ceux des autres banques européennes. Instrument essentiel de cette nouvelle indépendance en matière de conduite de la politique monétaire, un Conseil de la politique monétaire a été mis en place en 1994.

À la veille de l'instauration de l'euro, la Banque de France voir une large part de ses pouvoirs transférée à la Banque centrale européenne (BCE). Elle est membre du Système européen de banques centrales (SEBC) et son gouverneur siège au conseil des gouverneurs de la BCE.

Indépendamment de son rôle de donneur d'avis (dont la portée s'apparente à celle de mesures réglementaires) concernant la profession bancaire, la Banque de France est la seule banque d'émission habilitée à émettre des billets, qu'elle fabrique dans ses usines de Chamalières et de Vic-le-Comte. Elle doit vérifier leur bon état et leur authenticité. Toutefois, l'utilisation de billets de banque diminue au profit de celle d'autres moyens de paiement; ainsi le volume de la monnaie fiduciaire décroît au profit de la monnaie dite scripturale émise par les établissements de crédit.

« Banquier de l'État », la Banque de France assure le service de caisse des comptables publics. Elle tient le compte courant du Trésor. La Banque peut accorder à l'État des crédits à condition d'y être autorisée par une loi votée par le Parlement. La Banque de France joue à l'égard des banques un rôle privilégié. Elle les approvisionne en numéraire, assure le refinancement du système bancaire et agit sur la liquidité bancaire.

« Banque des banques », la Banque de France gère, à son siège central et dans ses comptoirs, un compte au nom de chacun des établissements bancaires représentés sur la place. Ce compte enregistre les opérations de numéraire, les écritures correspondant à la remise aux banques des virements qu'elle a reçus du Trésor et destinés à leur clientèle, les mouvements liés à des transferts de fonds des centres de chèques postaux, le solde des opérations quotidiennes de compensation entre les banques d'une même place. Dans la mesure où leur politique commerciale les conduit à consentir plusde crédits qu'elles n'ont de ressources, les banques ont recours à l'institut d'émission pour se refinancer, c'est-à-dire pour trouver les compléments de ressources nécessaires. Dans cette politique de refinancement, la Banque de France exerce son autorité en contrôlant les liquidités des établissements bancaires.


Union Economique et Monétaire (UEM)

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Processus d'unification en trois étapes des politiques monétaires et économiques des pays membres de la Communauté européenne, puis de l'Union européenne.

 

Jacques Delors

Jacques Delors

La première étape, déclarée engagée avec la libération complète des mouvements de capitaux, le 1er juillet 1990, a été marquée par l'achèvement du marché intérieur. La deuxième étape, abordée en janvier 1994, avec la première réunion de l'Institut monétaire européen (IME), a eu pour objectif la poursuite de l'effort de convergence des politiques économiques. La mise en place de l'euro comme monnaie unique, le 1er janvier 1999, dans les pays déclarés aptes à l'adopter par le sommet des chefs d'État et de gouvernement de mai 1998, a marqué l'ouverture de la troisième étape. La politique monétaire unique des pays de la zone euro est désormais définie par la Banque centrale européenne (BCE), qui a succédé en juillet 1998 à l'IME et qui est indépendante des gouvernements nationaux et des institutions communautaires.

Institut Monétaire Européen (IME)

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Institution européenne créée par le traité de Maastricht.

 

Leo Tindemans, ministre des affaires étrangères belge, s’apprête à signer l'Acte unique, à Luxembourg, le 17 février 1986

Leo Tindemans, ministre des affaires étrangères belge, s’apprête à signer l'Acte unique, à Luxembourg, le 17 février 1986

Mis en place le 1er janvier 1994, à Francfort, l'I.M.E. avait notamment pour missions de renforcer la coopération entre les banques centrales nationales et de coordonner les politiques monétaires en vue de l'établissement d'une monnaie unique (euro), ultime étape de l'Union économique et monétaire (U.E.M.). Il disparaît dans le courant de 1998, relayé par la Banque centrale européenne.

Front populaire

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Rassemblement des forces de gauche qui permit en France l'accès au pouvoir, en 1936, d'une coalition regroupant les socialistes, les communistes et les radicaux.

Front populaire

Fin 1933, l'affaire Stavisky, scandale financier auquel sont mêlés plusieurs hommes politiques, contribue à alimenter les campagnes de l'extrême droite contre le régime parlementaire. Des ligues fascisantes (Action française) et des organisations d'anciens combattants (Croix-de-Feu) organisent le 6 février 1934 une manifestation à Paris contre la corruption, et les ligueurs tentent l'assaut du Palais-Bourbon. Débordées, les forces de l'ordre ouvrent le feu, faisant une quinzaine de morts et plusieurs centaines de blessés.

La prise de conscience d'un danger fasciste en France, après ces événements, et la crainte suscitée par les exemples italien et allemand favorisent le regroupement des partis et des associations de gauche dont l'union paraissait jusque-là irréalisable. En effet, le parti communiste (PCF), fidèle aux directives de l'Internationale communiste, considère alors les socialistes de la (Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) comme des « ennemis », selon les mots de Thorez en janvier 1934. À cet égard, une première tentative de regroupement, celle du « Front commun contre le fascisme », créé en 1933 par Gaston Bergery avec l'appui de Georges Monnet et de Jacques Doriot, a été désavouée par les principaux dirigeants de la gauche. C'est la réaction spontanée des masses, réunie les 9 et 12 février 1934 dans une même protestation contre les émeutiers du 6 février, qui conduit finalement les responsables de la SFIO et du PCF à signer en juillet 1934 un pacte d'unité d'action contre le fascisme. Cette union à la base n’est pas la seule raison de l’accord de juillet : depuis juin, devant la menace que constitue l'Allemagne nazie, l'URSS recherche des alliances auprès des démocraties occidentales. Moscou demande alors aux partis communistes de faire alliance avec les bourgeoisies nationales contre le fascisme.

En France, cette nouvelle ligne se traduit par le revirement du PCF qui se rapproche des socialistes et des radicaux. Le 23 juin 1934, il propose à la SFIO, d'abord réticente, un pacte d'unité d'action. Un meeting commun, organisé à Paris le 2 juillet, rassemble un public considérable, ce qui témoigne de la volonté unitaire des militants de gauche. Le 27 juillet, le pacte d’unité d’action est donc conclu entre les deux partis. Il met l'accent sur la lutte contre le fascisme et prévoit l'organisation de campagnes et de réunions communes. Après le choc du 6 février 1934, l'ethnologue Paul Rivet, membre de la SFIO, le physicien Paul Langevin, sympathisant communiste, et le philosophe Alain, proche des radicaux, avaient fondé le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Celui-ci remporte un succès retentissant aux élections municipales de mai 1935 : Paul Rivet, candidat unique de la gauche, est élu à Paris contre un candidat d'extrême droite, grâce au report de toutes les voix de gauche au second tour.

Le Comité Amsterdam-Pleyel (réunissant des intellectuels proches du PCF) lance alors l'idée d'une grande manifestation commune à Paris le 14 juillet 1935. La proposition est acceptée par une cinquantaine d'organisations, dont le parti communiste, la SFIO), le parti radical, la CGT (socialiste) et la CGTU (communiste), le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, la Ligue des Droits de l'Homme, ainsi que des associations de jeunesse, de paysans, d'anciens combattants. Le 14 juillet, 500 000 manifestants enthousiastes défilent de la Bastille à la Nation, tandis que les délégués des organisations présentes prêtent le serment du Rassemblement populaire.

Fort de son succès, le comité organisateur des manifestations du 14 juillet devient permanent et se transforme en Comité national du Rassemblement populaire. Son objectif est de chasser la droite au pouvoir en remportant les élections de mai 1936. À cette fin, il obtient un accord de désistement mutuel au second tour entre les candidats de gauche, et s'attache à élaborer un programme commun de gouvernement.

À la demande des radicaux, et avec le soutien des communistes, qui ne veulent pas compromettre l'union avec les classes moyennes, le programme électoral du Rassemblement populaire, publié le 12 janvier 1936, avance des revendications modérées. Au chapitre politique, il prévoit notamment la dissolution des ligues, le respect du droit syndical, la prolongation de la scolarité obligatoire, l'établissement de la sécurité collective dans le cadre de la Société des Nations. Au chapitre économique sont prévues des mesures en faveur des chômeurs, des agriculteurs, des petits commerçants, des retraités, ainsi que la réduction de la semaine de travail sans réduction de salaire. S'y ajoutent diverses réformes, dont celle de la Banque de France.

Le Front populaire s'affirme d’autre part avec la réalisation, en mars 1936, de l'unité syndicale avec la réunification de la CGT et de la CGTU.

À la suite d’une campagne électorale inspirée par le slogan « le pain, la paix, la liberté », socialistes, radicaux et communistes remportent un succès important aux élections de mai 1936 (386 sièges, contre 222 à la droite). Pour la première fois dans son histoire, la France a un gouvernement socialiste. Le mécontentement social croissant, lié au développement de la crise économique mondiale et à l'échec de la politique déflationniste de Pierre Laval, a contribué à cette victoire, aussitôt suivie, dans un climat d'allégresse et de fête populaire, d'un vaste mouvement de grèves spontanées avec occupations d'usines. On compte rapidement près de 3 millions de grévistes, tous les secteurs d'activité étant touchés, à l'exception des services publics. Léon Blum constitue le 4 juin avec des ministres socialistes et radicaux un cabinet auquel les communistes apportent leur soutien sans y participer. Trois femmes participent au ministère, alors que les femmes ne sont ni éligibles ni même électrices. Dès le 7 juin, Léon Blum organise une rencontre entre les représentants du patronat (CGPF) et de la CGT qui aboutit, sous l'arbitrage du gouvernement, à la signature des accords Matignon, préconisant la conclusion de conventions collectives du travail, le relèvement des salaires, la reconnaissance de la liberté syndicale, la mise en place de délégués ouvriers. Les communistes, toujours soucieux de leur alliance avec la bourgeoisie, appellent dès le 11 juin à reprendre le travail. Les accords sont complétés par des lois instituant les congés payés et la semaine de quarante heures (au lieu de 48), le prolongement de la scolarité jusqu'à l'âge de 14 ans, la prise de contrôle par l'État de la Banque de France, des industries de guerre, puis des chemins de fer (création de la SNCF, en 1937), et par l'instauration de l'Office national du blé.

Mais le cabinet Blum se heurte à de graves difficultés économiques et financières (fuite des capitaux, dévaluation du franc, chômage), et à l'opposition croissante du patronat, inquiet de la persistance des troubles sociaux. Malgré la dissolution des ligues (depuis janvier 1936), l'agitation de l'extrême droite demeure très active (« complot » de la Cagoule, violente campagne de presse contre le ministre de l'Intérieur, Roger Salengro [accusé de désertion pendant la Première Guerre mondiale], qui se suicide, provocation des membres du parti social français [qui a succédé aux Croix-de-Feu] contre les militants de gauche). Les mouvements fascistes et l'antisémitisme prennent une grande extension. Pour les adversaires du gouvernement est venu le « temps de la haine ».

La cohésion du Front populaire est également menacée par les problèmes extérieurs, les communistes reprochant au gouvernement de ne pas intervenir contre Franco dans la guerre civile espagnole. De fait, sous la pression des radicaux français et des conservateurs britanniques, Léon Blum préconise la « non-intervention » et négocie dans ce sens, en août 1936, un pacte avec les principales puissances européennes alliées des deux camps. Dès février 1937, la nécessité d'une « pause » dans la réalisation des réformes paraît nécessaire à Blum, qui doit démissionner en juin, devant le refus du Sénat, et des radicaux, de lui accorder les pleins pouvoirs financiers.

Le Front populaire se disloque alors progressivement sous les deux ministères du radical Chautemps (juin 1937-mars 1938) qui marquent un retour vers le centre, les radicaux retrouvant le contrôle du pouvoir. Après un second ministère Blum à nouveau renversé par le Sénat (mars-avril 1938), Édouard Daladier forme un cabinet radical, auquel les socialistes ont refusé cette fois-ci de participer, et qui, face aux menaces extérieures, réprime l'agitation sociale et les grèves. La CGT riposte en lançant un appel à la grève générale pour le 30 novembre. Son échec, dû au désarroi des travailleurs et à la répression gouvernementale, marque la fin du Front populaire.

Celui-ci disparaît donc sans avoir réalisé les objectifs qui avaient présidé à sa formation : la fin du fascisme intérieur et extérieur et la transformation des structures économiques et sociales du pays. La composition hétérogène du gouvernement et les orientations contradictoires de ses représentants ont, dès le départ, compromis son action, notamment dans le domaine économique. Cependant, l'amélioration, réelle, de la condition sociale s'est accompagnée d'un souci nouveau de « l'organisation du travail et du loisir » (Blum) et de la culture ouvrière, considérée comme une source d'émancipation, souci qui s'est concrétisé par la création d'un sous-secrétariat aux Sports et aux Loisirs, confié à Léo Lagrange (qui institua le billet de congé populaire), par la mise en place d'un organisme de tourisme populaire et le développement d'expériences éducatives et culturelles.

Dormoy Marx

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Marx Dormoy est un homme politique français, né le 1er août 1888 à Montluçon (Allier) et mort à Montélimar (Drôme) le 26 juillet 1941 (à 52 ans). 

Dormoy Marx

René Marx Dormois (son nom sur son acte de naissance à l'état civil) est né rue de la Paix à Montluçon le 1er août 1888. Il est le fils de Jean Dormoy, cordonnier, militant socialiste, et de Marie Joséphine Gavignon. Pendant son service militaire, il est affecté en Algérie, où il fonde un groupe de Jeunesses socialistes. Il est ensuite employé à la mairie de Montluçon, puis, après la Première Guerre mondiale, où il combat, devient représentant de commerce.

En novembre 1919, il mène la liste SFIO aux élections législatives, qui n’obtient aucun élu malgré un nombre élevé de voix (37 443 sur 88 972 suffrages exprimés). Un mois plus tard, il devient conseiller d’arrondissement. En 1920, il choisit le camp de Léon Blum, contre l’adhésion à la IIIe Internationale. Quatre ans plus tard, il devient secrétaire général de la fédération de l’Allier, et parvient à maintenir une bonne implantation de celle-ci chez les ouvriers, malgré la concurrence du Parti communiste et la tentation de se tourner vers les ruraux, très majoritaires dans le département. Il entre ensuite à la Commission administrative permanente.

En 1925, il est élu conseiller municipal et conseiller général de Montluçon, puis maire de cette commune l’année suivante. En octobre 1931, il est élu président du Conseil général de l'Allier, suite au décès de Paul Constans, dont il « récupère » aussi le siège de député un mois plus tard. Favorable à une participation de la SFIO dans un gouvernement à direction radicale, il refuse de suivre Marcel Déat, dont il juge les idées « aberrantes » et mène la manifestation du 12 février 1934 dans sa commune, où les communistes sont présents. Il est dès lors partisan d’une solution de Front populaire, et d’une unité de candidature avec le PC dès le premier tour, sans oublier pour autant les critiques qu’il formulait contre ce mouvement avant 1934.

Réélu député en 1936, il est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil et participe à la négociation des Accords de Matignon. Après le suicide de Roger Salengro, il devient ministre de l’Intérieur, poste qu’il conserve dans les cabinet Chautemps III (juin 1937-mars 1938) et Blum II (mars-avril 1938). Il mène une politique vigoureuse de refoulement des réfugiés politiques clandestins : Il ordonne notamment aux préfets de « refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s'introduire sans passeport ou titre de voyage valable ou qui n'aura pas obtenu de visa consulaire s'il est soumis à cette formalité » (14 avril 1937). Il renouvelle cet ordre par une directive similaire le 2 juillet 1937 : « Je suis informé de divers côtés que les mouvements d'immigration clandestine se poursuivent et que de nombreux Polonais, surtout, parviennent à pénétrer en France sans visa, sans passeport, ou même sans pièces d'identité d'aucune sorte. »

Lors de la fusillade de Clichy le 16 mars 1937 (manifestation des Croix-de-feu et contre manifestation de socialistes et communistes locaux avec intervention des forces de l'ordre), il est personnellement mis en cause par les communistes qui mettent en cause la réaction des forces de l'ordre. Il consacre principalement ses activités à la lutte contre la Cagoule, laquelle est démantelée à la fin de novembre 1937. Il n’a pas de le temps de détruire complètement ses ramifications dans les milieux économiques, en particulier dans les grandes entreprises qui, selon les Renseignements généraux et la police judiciaire, ont financé le mouvement terroriste.

Il démet Jacques Doriot de ses fonctions de maire suite à des irrégularités dans la gestion municipale (la ville de Saint-Denis était devenue un foyer d'agitation anti-républicaine). Il défend une ligne d'opposition intransigeante face aux régimes fascistes et se prononce contre les accords de Munich. Le 5 avril 1938, lors d'une séance particulièrement houleuse qui se finit en bagarre, et alors que les cris « A bas les Juifs ! » se font entendre à l'Assemblée nationale, il rétorque à un député breton antisémite : « Bande de salauds. Et d’abord un Juif vaut bien un Breton !» Après ses passages au gouvernement, il est élu sénateur en 1938.

En juillet 1940, il fait partie des 80 parlementaires refusant de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le 20 septembre 1940, il est suspendu de ses fonctions de maire de Montluçon, puis emprisonné cinq jours plus tard. Il est incarcéré à Pellevoisin, puis à Vals-les-Bains avant d'être mis en résidence surveillée à Montélimar. Il est assassiné dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941 par une bombe à retardement placée sous son lit par d'anciens cagoulards. Inhumé discrètement, il aura le droit à des funérailles solennelles à Montluçon le 9 décembre 1945. Il est cité à l'ordre de la Nation en 1946 et médaillé de la Résistance française avec rosette en 1947. Marx Dormoy est inhumé au cimetière de l'Ouest à Montluçon. C'était un ami intime du peintre Lucien Pénat (1873-1955) qui fit de lui plusieurs portraits.

Salengro Roger

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Roger Henri Charles Salengro, né le 30 mai 1890 à Lille et mort le 18 novembre 1936, est un homme politique socialiste français.

Salengro Roger

Il passe son enfance à Dunkerque de 1891 à 1904. Étudiant à la faculté des Lettres de Lille, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) et fonde un groupe d'étudiants collectivistes. Militant fougueux, il n'hésite pas à porter la contradiction dans les réunions de droite. En 1912, il effectue son service militaire au sein du 33e RI et est inscrit au Carnet B pour avoir, pendant l'une de ses permissions, manifesté contre la loi des Trois Ans. Le 2 août 1914, il est arrêté sur ordre du préfet du Nord, de même que tous les inscrits du département, contrairement aux instructions données par le ministre de l'Intérieur, Louis Malvy, de ne pas inquiéter les syndicalistes portés sur le carnet. Libéré sur l'intervention de Gustave Delory, il rejoint son unité et participe aux combats d'Artois et de Champagne. Il est fait prisonnier le 7 octobre 1915.

Revenu de la guerre affaibli par trois années de captivité, il se lance dans le journalisme et le militantisme. Il est alors l'un des principaux animateurs de la SFIO dans le Nord. Il est élu conseiller municipal de Lille sur la liste Gustave Delory et conseiller général du canton de Lille-Sud-Ouest. Il devient secrétaire administratif de la Fédération. Il succède à Gustave Delory comme maire en 1925 et est réélu en 1929 et 1935. Député socialiste de 1928 à 1936, il devient en 1936 ministre de l'Intérieur du Front populaire de Léon Blum. C'est lui qui annonce la signature des accords de Matignon en juin 1936. On lui doit aussi la loi sur la dissolution des ligues, le 18 juin 1936.

Roger Salengro est, à l'été 1936, l'objet d'une campagne de presse infamante de la part de la presse d'extrême-droite, en raison de son action contre les ligues (loi sur la dissolution des ligues, projet de nationalisation des gazettes d'extrême-droite). Tout commence le 14 juillet 1936 lorsque le quotidien de Charles Maurras, L'Action française, publie un article non signé s'indignant que Roger Salengro puisse s'incliner devant la tombe du soldat inconnu, puis se poursuit le 21 août 1936, avec la publication par le journal d'extrême-droite Gringoire d'un article qui pose la question « Roger Salengro, ministre de l'Intérieur, a-t-il déserté le 7 octobre 1915 ? » Cette accusation avait déjà été formulée auparavant, en 1923, par le Parti communiste.

L'Action française reprend et renforce les attaques les jours suivants et ses articles sont repris par d'autres journaux. Roger Salengro oppose démenti sur démenti aux accusations, mais se voit chaque fois l'objet d'une nouvelle attaque. La campagne de presse est relayée à la Chambre des députés par le chef de file de son opposition municipale à Lille, Henri Becquart, à partir du 14 juillet 1936. Salengro ayant été coursier à vélo pendant la guerre, ses adversaires le caricaturent à l'envi sous l'aspect d'un cycliste. Il est surnommé « le rétro-pédaleur », et les « accusations » implicites d'homosexualité se veulent blessantes. On dépose même sur la tombe de sa défunte femme Léonie (morte en 1935), en guise de couronne mortuaire, un vieux pneu usagé de vélo qu'il jette à terre de rage lors d'une visite à sa mère.

Bien que l'accusation de désertion ait été reconnue comme infondée des années auparavant, le soldat Salengro ayant en fait été capturé par l'ennemi, la polémique enfle durant l'été dans un pays encore marqué par la guerre contre l'Allemagne. Après un discours de Léon Blum et de lui même au perchoir de l'Assemblée nationale, où il se défend tant bien que mal contre la calomnie et le mensonge, la Chambre des députés, par un vote du 13 novembre 1936, par 427 voix sur 530, soutient Roger Salengro contre les accusations de l'extrême-droite. Mais Gringoire, par la plume d'Henri Béraud, ridiculise aussitôt le ministre en le surnommant du sobriquet de « Proprengros ». L'opinion publique, influencée par ces attaques à répétitions, ne retient que le soupçon.

Ne supportant plus les calomnies, le ministre de l'Intérieur, fragilisé et déprimé, décide de mettre fin à ses jours. En pleine inspection à Lille, sa ville natale, le 17 novembre 1936, Salengro rentre chez lui dans la soirée et croise dans la rue un homme qui le reconnait, l'insulte et lui crache au visage. Arrivé et seul dans son appartement, il entre dans la petite cuisine, met son chat dans le cellier, ferme la porte en posant au bas une serpillière mouillée, ouvre le robinet de la gazinière, étale sur la table deux exemplaires du journal Gringoire, et rédige deux lettres : l'une adressée à Léon Blum et l'autre à son frère. Salengro meurt asphyxié dans les minutes qui suivent. Il écrit : « S’ils n’ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort. »

Le 22 novembre 1936, à Lille, Léon Blum rend hommage dans une oraison funèbre à son défunt ministre dans « un de ses plus beaux discours [...] », en accusant les journaux d'opposition de sa mort, «  [...] et la France célèbre un socialiste populaire, modeste et têtu, à l'image des héros de cet âge d'or de la gauche ». Des extraits de sa prise de parole se retrouvent dans le quotidien L'Humanité daté du 23 novembre 1936. Plus d'un million deux cent mille personnes assistent aux obsèques du ministre, ce qui en fait les plus grandes funérailles nationales depuis celles de Victor Hugo. Roger Salengro est enterré au cimetière de l'Est à Lille. Après l'émotion suscitée par sa mort, une loi est promulguée le 18 décembre, visant à aggraver les peines frappant la diffamation par voie de presse.

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