publié le 20/01/2014 à 10h35
Témoignage - La semaine dernière, la justice allemande a inculpé un homme de 88 ans pour sa participation présumée au massacre du 10 juin 1944. Dans un entretien diffusé par BFM-TV lundi, ce
dernier réfute avoir directement participé à la tuerie.
"De toute ma vie, je n'ai jamais cessé d'y penser. Cet Oradour...". L'homme est en pleurs. Werner C., 88 ans, a été inculpé par la justice allemande, début janvier, soixante dix ans après le
terrible massacre d'Oradour-sur-Glane. Ce 10 juin 1944, 642 hommes femmes et enfants ont été tués par la deuxième division SS Das Reich. Werner C. faisait partie de ces quelques 200 hommes
impliqués dans le massacre. Mais nie avoir tiré. C'est en tout cas ce qu'il affirme ce lundi, dans une interview accordée à la chaîne d'information BFM-TV.
"Quand on a entendu ces cris… je m’y revois encore… C’est tellement effroyable, vous ne pouvez pas imaginer. Nos supérieurs étaient tellement stupides… Et on ne pouvait rien faire contre",
raconte le vieil homme. "Pour certains, nous n’avions que 17 ou 18 ans. Ce n’étaient que des gamins, ils les ont mis là, et leur ont demandé de tirer sur les gens. C’était terrible, à un point
que vous ne pouvez même pas imaginer".
Une division SS réputée pour sa brutalité
Inculpé début janvier pour meurtre et complicité de meurtre, l'Allemand se défend d'avoir tiré. Et explique même avoir risqué sa vie pour en sauver une : "les soldats étaient tous obligés de
tirer… Moi, Dieu merci, je n’ai pas eu à tirer une seule fois, parce que j’étais à distance, juste avant j’avais empêché un jeune garçon, d’entrer dans le village. Mes supérieurs voulaient me
punir pour ça", raconte-t-il. "J’étais tout simplement saisi d’effroi. Je leur ai dit : mais laissez donc seulement la vie sauve à ces femmes et à ces enfants. Mais il n’y avait plus rien à
faire".
Difficile de prouver, aujourd'hui, quel rôle a tenu à l'époque ce jeune soldat allemand. La division SS à laquelle il appartenait était composée de volontaires réputés pour être imprégnés par
l'idéologie nationale-socialiste. Considérée comme une unité militaire d'élite, elle s'est notamment fait un nom autour de sa brutalité et ses nombreuses exactions : hormis le terrible massacre
d'Oradour-sur-Glane, son nom reste associé au massacre de Tulle (Corrèze) et de Combeauvert (Creuze), durant la même période.
Aujourd'hui, Werner C. nie avoir tué à Oradour et assure n'avoir été "qu'un gamin" "qui n'aurait concrètement, que pu exécuter des ordres". Interrogé sur une éventuelle condamnation, l'homme
semble toutefois résigné : "j'accepterais, je ne ferais pas appel, ou quoi que ce soit d’autre. Je suis à la disposition de la justice. Et si je suis innocenté, je considérerais que cela blanchit
aussi mes camarades entraînés là-dedans. J’accepterai tout, j’en ai assez". Il se dit même "heureux qu’on en arrive aux faits" : " comme ça je pourrais enfin tirer un trait sur Oradour. De toute
façon les cris, je les entendrai toujours en me réveillant la nuit".