publié le 20/01/2014 à 08h22
L'ancien nazi âgé de 88 ans, a été inculpé la semaine dernière par la justice allemande. Il est accusé d'avoir participé au massacre d'Oradour-sur-Glane, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il livre à BFMTV sa version des faits.
Le 10 juin 1944, Oradour-sur-Glane vivait un massacre: 642 personnes, dont plus de 450 femmes et enfants, ont été tuées. Werner C., SS à cette époque, vient d'être inculpé par la justice allemande
Werner C., l'Allemand de 88 ans, inculpé mercredi 15 janvier par le parquet de Dortmund pour sa participation présumée au massacre d'Oradour-sur-Glane (France), pendant la Deuxième Guerre mondiale, a une nouvelle fois fait part de sa version de l'histoire, sur BFMTV.
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"Il y a eu une détonation dans l'église. Je l'ai entendue, de là où j'étais, derrière les camions. On pouvait voir un peu de l'église, les tours et un peu des fenêtres. Ça a explosé et c'est
alors qu'on a entendu les cris des femmes et des enfants. J'étais effondré, je n'avais jamais assisté à une chose pareille. C'était tellement effroyable, vous ne pouvez pas vous imaginer. Nos
supérieurs étaient tellement stupides, et on ne pouvait rien faire contre. Les soldats étaient tous obligés de tirer. Je leur ai dit: 'mais laissez la vie sauve à ces femmes et à ces enfants'.
Mais il n'y avait plus rien à faire'. Moi, Dieu merci, je n'ai pas eu à tirer une seule fois, parce que j'étais à distance. Juste avant j'avais empêché un jeune garçon d'entrer dans le village.
Mes supérieurs voulaient me punir pour ça."
"Ce n'était que des gamins"
L'homme a été inculpé pour meurtre collectif sur 25 personnes et complicité de meurtre pour des centaines d'autres, lors du massacre d'Oradour-sur-Glane, la pire exaction commise en France par l'armée allemande pendant la
Deuxième Guerre mondiale, au cours de laquelle 642 personnes, dont plus de 450 femmes et enfants, ont
été tuées.
Werner C. est notamment accusé d'avoir abattu à la mitrailleuse avec un autre membre de l'unité SS à laquelle il
appartenait, 25 hommes rassemblés dans une grange. Les survivants avaient été achevés d'une balle de pistolet ou étaient morts dans l'incendie de la grange à laquelle des soldats avaient mis le
feu.
"Pour certains, nous n'avions que 17 ou 18 ans. Ce n'était que des gamins, ils les ont mis là et on leur a demandé de tirer sur des gens. C'était terrible, à un point que vous ne pouvez même pas
imaginer. Nous, dans le camion quand on est repartis, on n'osait pas se regarder, personne n'a dit le moindre mot."
Werner C. a toujours reconnu devant les enquêteurs avoir été membre des SS qui ont commis ces atrocités et avoir
été ce jour-là sur place, mais il a aussi toujours assuré ne pas y avoir pris part.
"Je suis à la disposition de la justice"
Il était à l'époque âgé de 19 ans. Ce massacre d'Oradour-sur-Glane reste ancré dans sa mémoire:
"Ça m'a torturé pendant 70 ans et je ne vais jamais oublier. Les cris des femmes qui sortaient, ça n'a pas cessé de me transpercer. Presque chaque soir, je me suis endormi en pensant à Oradour.
Je n'ai jamais oublié que les Allemands ont pu faire une telle chose, j'ai eu honte pour l'Allemagne."
En cas de condamnation, il affirme au micro de BFMTV: "J'accepterai, je ne ferais pas appel ou quoi que ce soit d'autre. Je suis à la disposition de la justice. Et si je suis innocenté, je
considérerai que ça blanchit aussi mes camarades entraînés là-dedans. En réalité, je suis maintenant heureux qu'on en arrive aux faits, comme ça je pourrai enfin tirer un trait sur Oradour. De
toute façon, les cris je les entendrai toujours en me réveillant la nuit".