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Paul Aussaresses, le bourreau, est mort

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Le Soir d'Algériepublié le 05/12/2013 à 14h20 par Sofiane Aït Iflis


Le général Aussaresses est décédé, le 3 décembre, sans avoir jamais exprimé aucun regret quant à son passé de tortionnaire durant la guerre d'Algérie, déplore le quotidien.



Le général Paul Aussaresses

Le général Paul Aussaresses, le 06 juillet 2001 au palais de justice de Paris, poursuivi à l'époque pour "apologie de crimes de guerre"

 

Ce n'est pas une âme apaisée ni une conscience soulagée qui s'en sont allées rejoindre Dieu. Paul Aussaresses, général aux galons tachés de sang de ses victimes algériennes torturées, exécutées sans procès, est décédé mardi 3 décembre dans un village reculé de la France à l'âge de 95 ans. "Il aurait dû exprimer ses regrets", a regretté Louisette Ighil Ahriz [militante de la première heure engagée dans le combat nationaliste] à l'annonce de la mort du général tortionnaire.

Jusqu'à son ultime souffle, Paul Aussaresses s'est refusé à exprimer le moindre repentir par rapport à la torture qu'il a systématisée et pratiquée avec ses zombis lors de la bataille d'Alger. Dans son livre Services Spéciaux, Algérie 1955-1957, paru en 2001, il avouait et assumait la pratique de la torture. Une torture qu'il avait dit "tolérée, sinon recommandée par les politiques".

Ce livre-aveu, qui souleva une tempête politique et des réactions en chaîne, était suivi d'interviews dans les médias dans lesquelles Aussaresses assumait avec tranquillité sa barbarie. "Est-ce que la torture m'a posé des problèmes ? Je dois dire non. Je m'étais habitué à tout cela", répondait-il alors sans éprouver le moindre haut-le-cœur. Il ne se masquait pas face à ses crimes. Il en assumait avec un brin de fierté son entière responsabilité, bourreau dépouillé de tout sentiment humain.

Des confessions macabres

Chef des services de renseignement à Alger, au milieu des années 1950, Paul Aussaresses a torturé sans états d'âme. "La torture devient légitime quand l'urgence s'impose (...) il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se retrouvent encore vivants au petit matin. Qu'ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés", confessait-il sans trembler.

Après s'être initié à la torture à Skikda (ex-Philippeville), où il tua sans discernement, Aussaresses est appelé en 1957 à Alger pour épauler le général Massu. Il exécuta tour à tour deux figures emblématiques du FLN, l'avocat Ali Boumendjel et le chef du FLN dans la capitale, Larbi Ben M'hidi. Froid, il raconta l'exécution de ce dernier : "Nous l'avons empoigné et pendu, d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide."

Dans son aveu, il éclabousse en même temps le ministre de l'Intérieur français de l'époque, François Mitterrand, qui aurait, selon lui, encouragé l'exécution. Aussaresses était le premier officier à reconnaître la pratique de la torture en Algérie pendant la guerre de Libération [1954-1962]. Son livre, au-delà des confessions macabres, imposa au débat public, en France même, la question de la torture coloniale pendant la guerre d'Algérie. La France est mise à mal par cette image de son passé colonial que lui renvoie le livre d'Aussaresses.

Le tortionnaire est sevré de sa légion d'honneur. Ses galons retirés. Mais il ne se repent point. Jusqu'à sa mort. Louisette Ighil Ahriz, qui avait relancé en 2000, dans une tribune du journal Le Monde, le débat sur la torture française en Algérie, a estimé que Paul Aussaresses aurait dû exprimer ses regrets pour son comportement de tortionnaire. "Il a été honnête. Il a reconnu avoir torturé des Algériens (...) mais il n'est pas allé jusqu'au bout. Il aurait dû exprimer ses regrets."


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