1947, camp d'Auschwitz II-Birkenau. Un carnet de 22 dessins, signés M. M., est retrouvé non loin des fours crématoires. Un témoignage détaillé de l'horreur qui s'y déroulait, que son auteur savait assez précieux pour le cacher dans une bouteille, avant d'être très certainement victime de l'extermination nazie.
Le Mémorial de la Shoah, à Paris
A l'occasion des commémorations de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, France Info raconte l'histoire de témoins particuliers de la Shoah : les dessinateurs. Car au mépris du danger, certains prisonniers ont tenté de remonter le moral des autres en quelques coups de crayon, d'autres s'en sont servi pour raconter l'indicible.
« JE DESSINAIS. TOUT SIMPLEMENT »
Dans les camps de la mort, un morceau de charbon de bois avait autant de valeur qu'un appareil photo. Et c'est ce qui a sauvé Walter Spitzer, rescapé de la Shoah dont France Info a recueilli le témoignage. Un nuit de 1945, le jeune Polonais est caché par les résistants de Buchenwald, sauvé du « transport » vers un autre camp où l'espérance de vie est d'à peine huit jours. En échange, il doit leur promettre de continuer à dessiner pour raconter, « avec tes crayons, tout ce que tu as vu ici ». Grâce à une paire de bottes de l'armée anglaise obtenues contre un dessin, il survit ensuite à la marche de la mort. Walter Spizer a alors 16 ans.
A 87 ans, il se souvient encore de sa promesse. Il l'a tenue après la guerre, en reproduisant de mémoire des dessins qu'il avait réalisés dans les deux camps par lesquels il est passé. Mais la mort, jamais. « C'est trop dur. »
Des dessins qui ont acquis une importance historique dont l'homme n'avait pas conscience alors. Le dessin était pour lui une évidence, pas même « un acte de résistance ». « Je dessinais. Tout simplement. » Un témoignage qui fait écho à l'actualité.