publié le 04/09/2013 à 10h46
Repères 10 juin 1944. Le village de Haute-Vienne se trouve encerclé par une unité SS, qui massacre 642
personnes avant d'incendier le bourg, devenu lieu de mémoire.
Vue prise le 30 mars 2007 de l'église dévastée du village martyr d'Oradour-sur-Glane, village où 642 habitants ont été assassinés par des soldats SS en 1944. (Photo Pierre Andrieu. AFP)
Théâtre d’un massacre de civils, en juin 1944, le village d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où
se rendent mercredi les présidents français et allemand François Hollande et Joachim Gauck, est devenu l’un des symboles de la barbarie nazie.
Le 10 juin 1944, 642 personnes, -dont, selon les chiffres de l’association nationale des familles de martyrs d’Oradour-sur-Glane, 247 femmes et 205 enfants de moins de 15 ans-, y ont été fusillées ou brûlées par une
unité SS.
En début d’après-midi, 150 soldats de la division SS «Das Reich» qui remontaient de Toulouse vers le
front de Normandie, encerclent Oradour. Prétextant un contrôle d’identité, ils rassemblent la
population sur le champ de foire. Le village, qui abrite provisoirement des réfugiés, parmi lesquels une soixantaine d’Alsaciens et de Lorrains, est particulièrement animé en ce samedi. Les
SS réclament une liste d’otages, que le maire refuse de désigner, consentant seulement à se sacrifier lui-même
et, au besoin, sa famille.
Les hommes sont alors emmenés dans des granges, forges et garages, abattus à la mitrailleuse puis brûlés. Cinq parviendront à s’échapper. Parallèlement, débute le massacre des femmes et des
enfants, enfermés dans l’église. Les Allemands y répandent un gaz suffocant, puis mettent le feu. Une femme survivra. Puis le village est incendié. 10% seulement des victimes pourront être
identifiées.
Ralentie dans sa progression vers le nord par les sabotages de la Résistance, la division Das Reich,
commandée par le général Heinz Lammerding, s’était déjà livrée à des représailles, destinées à priver les
maquisards du soutien de la population. La veille, à Tulle (Corrèze), 99 civils avaient été pendus aux balcons et aux lampadaires.
Lieu de mémoire
Mais la gratuité du massacre d’Oradour, qui n’avait jamais résisté à l’occupant, en fait
rapidement un symbole de la barbarie nazie. Les ruines d’Oradour sont classées monument
historique en 1945. Un Centre de la mémoire a été inauguré en juillet 1999 par le président Jacques Chirac.
Le 12 janvier 1953, sept Allemands et 14 Alsaciens (dont treize enrôlés de force dans la Wehrmacht) sont jugés par le
tribunal militaire de Bordeaux, qui prononcera deux condamnations à mort, commuées par la suite, et des peines de travaux forcés.
Le 20 février de la même année, une loi votée sous la pression des élus alsaciens hostiles à l’idée que «Malgré-nous» et soldats allemands puissent être mis sur le même plan, amnistie les 13
«Malgré-nous». En signe de protestation, les représentants de l’Etat ne seront pas invités par Oradour aux commémorations du massacre pendant plus de vingt ans.
Seul un responsable allemand de la «Das Reich» a été jugé, et condamné à la réclusion criminelle à
perpétuité en juin 1983 par le tribunal de Berlin-Est : libéré en juillet 1997 en raison de son âge, et «des regrets» exprimés pour ses actes, Heinz Barth est mort en août 2007. La justice allemande a aussi ouvert une enquête en décembre 2011, toujours en cours.
L’Untersturmführer (sous-lieutenant dans la Waffen SS) Barth, 23 ans en juin 1944, commandait la 1ère section de la 3e compagnie du 1er bataillon du régiment «Der Führer» de la
division à l’origine du massacre. Sa section était chargée d’encercler Oradour. Il avait reconnu
avoir lui même «tué 12 à 15» villageois.