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La libération de Paris, une semaine d’insurrection conclue en quelques heures

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Evénement secondaire de la Seconde Guerre mondiale du point de vue militaire, mais hautement symbolique sur le plan politique, la libération de Paris le 25 août 1944 s’est jouée en quelques heures avec l’arrivée de la 2e DB après une semaine de soulèvement.

Un soldat français avec des jeunes Parisiens le 25 août 1944 à Paris

Un soldat français avec des jeunes Parisiens le 25 août 1944 à Paris

Combats de rues de FFI mal armés et dépenaillés; chars de la division Leclerc pris d’assaut par des Parisiens ivres de joie; de Gaulle descendant les Champs-Elysées porté par une foule en liesse: ces images sont «gravées dans la mémoire collective», écrit Jean-François Muracciole dans «La libération de Paris, 19-26 août 1944» (Tallandier, 2013).

Les combats du 25 août opposèrent deux divisions alliées (30.000 hommes) - la 2e division blindée et la 4e division d’infanterie américaine - à une division allemande (20.000 hommes) faite de bric et de broc.

Dwight Eisenhower avait donné son accord fin 1943 à la prise de la capitale mais les durs combats de Normandie et les difficultés logistiques font hésiter le commandant des forces alliées en Europe. Pour Charles de Gaulle, la prise de Paris par une unité française conforterait son poids face aux alliés et son autorité politique en France, notamment sur le puissant parti communiste.

«La priorité d’Eisenhower, c’est d’aller au plus vite vers les ports du nord de l’Europe en contournant Paris car à la mi-août les Alliés ne disposent que de deux ports opérationnels (Arromanches et Cherbourg), qui peinent à alimenter les 36 divisions alliés engagées», explique à l’AFP l’historienne Christine Levisse-Touzé.

Dans ses mémoires, le général américain Omar Bradley, commandant du Ier groupe d’armées en Normandie, écrira: «Tactiquement Paris n’avait pas de signification, c’était une tache d’encre sur la carte qu’il fallait éviter».

- Grève générale -

Les Alliés ne veulent pas non plus s’engager dans une bataille de rues coûteuse en vies humaines et en destructions. Au même moment, l’insurrection de Varsovie fera plus de 200.000 morts, en majorité des civils.

Les réticences des Alliés vont tomber avec le soulèvement de la capitale. Dès le 10 août, des grèves se déclenchent à l’initiative de la CGT et du PCF. Le 13, la police parisienne, qui participait aux rafles de Juifs il y a encore quelques semaines, rejoint le mouvement.

Le 18 août, la grève générale est déclenchée. Le lendemain à l’aube, plusieurs milliers de policiers occupent la préfecture de police. La seule force organisée bascule dans la résistance qui appelle à l’insurrection.

Les premières barricades sont dressées, des embuscades montées contre les rares soldats allemands qui se risquent dans les rues. Peu à peu les bâtiments officiels tombent entre les mains de la résistance parisienne commandée par le communiste Henri Rol-Tanguy.

Dans la soirée du 19, une trêve est organisée entre le général Dietrich von Choltitz et la résistance, sous les auspices du consul de Suède Raoul Nordling. Vivement contestée par les communistes, elle est très mal respectée. Les combats reprennent le 21. Les résistants mal équipés ne peuvent prendre le dessus sur la Wehrmacht, retranchée dans ses points d’appui.

- Colonne Dronne -

Le 22 août, Leclerc, qui se trouve à 250 km à l’ouest, reçoit de Bradley le feu vert tant attendu. Il lance les 15.000 hommes et 400 chars et blindés de sa 2e DB vers Paris. La division progresse rapidement avant de rencontrer, le 24, une forte opposition allemande au sud et à l’ouest de la capitale.

Le soir, Leclerc lance la colonne du capitaine Raymond Dronne qui pénètre par la porte d’Italie et arrive vers 21h00 à l’Hôtel de Ville occupé par les FFI.

Le lendemain à l’aube, la 2e DB se rue dans la capitale par les portes d’Orléans et de Gentilly, les troupes américaines s’infiltrant par la porte d’Italie. Peu avant 15H00, Von Choltitz est fait prisonnier à l’hôtel Meurice, siège du commandement du Gross Paris. Conduit à la préfecture de police, il signe devant Leclerc et Rol-Tanguy une «convention de reddition» avant de parapher, à la gare Montparnasse, l’acte de capitulation.

Après avoir vu Leclerc, le général de Gaulle s’installe au ministère de la Guerre. Vers 19h15, au milieu d’une foule exubérante, il se rend à l’Hôtel de Ville pour saluer «Paris!, Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré».

Les pertes des divisions sont modérées: la 2e DB a perdu 156 hommes, la 4e division américaine aucun. Mais 1.000 FFI, dont 175 policiers, et 582 civils ont été tués. Coté allemand, le bilan s’élève à 3.200 morts, selon l’historienne Christine Levisse-Touzé.

Le 26, le chef de la France Libre descend les Champs-Elysées acclamé par un million de personnes. Dans ces Mémoires de guerre, il écrira : «C’est la mer! Une foule immense où je vais ému et tranquille».


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