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70 ans de la Libération de Paris: "C'était une explosion de joie!"

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Le 25 août 1944, ils ont vécu la libération de Paris. Soixante-dix ans après, ils se souviennent de la liesse, mais aussi des règlements de comptes.

70 ans de la Libération de Paris: "C'était une explosion de joie!"

Samedi 19 août 1944, au petit matin, Paris se réveille dans une atmosphère électrique. Cela fait quatre jours que les policiers de la Préfecture de police de Paris sont en grève. Soudain, l'étincelle prend. L'insurrection contre les occupants allemands commence. C'est le début d'une folle et tragique semaine, qui va prendre fin par la libération de la capitale, le 25 août 1944.

Paris entame donc ce mardi une semaine de festivités pour commémorer ce 70e anniversaire, marqué par la présence du Premier ministre Manuel Valls pour présider la cérémonie du jour. Annie, Eliane, Monique, Jean et Henriette étaient enfants à cette époque. Ils se souviennent de ce jour.

Annie, 17 ans à l'époque, Paris

"Le jour de la libération, les cloches ont sonné. On s'est dit "Enfin, on est libres!" C'était l'explosion de joie, le soulagement. On a beaucoup souffert pendant la guerre, on a eu faim, on a eu froid. Les jours d'avant, on était un peu terrorisés, on se demandait ce qui allait arriver. Ensuite, c'était l'euphorie, tout le monde se téléphonait, les amis, la famille."

"Avec mes parents et ma soeur Claude, nous avons remonté l'avenue Hoche jusqu'à l'Arc de Triomphe. Ça tirait des toits entre la rue de Tilsit et l'Etoile, on s'est tous allongés par terre pour éviter les balles qui volaient de partout. On a eu peur".

Eliane, 7 ans à l'époque, Paris

"Je ne me souviens pas de la Libération mais du lendemain. Paris était en liesse mais les Allemands ont lâché des bombes incendiaires au phosphore. Le 26, entre 23h00 et 23h30, j'étais au lit, couchée, on a été réveillés de suite. Mon père a attrapé mon petit frère et on est tous descendus. Je tenais de la main droite ma maman, et de la main gauche une amie de ma mère.  Soudain, il y a eu une déflagration, les bombes ont détruit l'escalier. Mon père a dû lâcher mon petit frère qu'il a retrouvé sous un fatras. L'amie de ma mère est tombée dans le vide de l'escalier, elle est morte sur le coup. Je me souviens très bien m'être retrouvée son sac à main sur mon bras et plus personne à côté. J'ai été blessée à la jambe. Ensuite on est descendus en glissant par le tube des monte-charges. On était 60 locataires, on est sortis à 19 de l'immeuble. Quand on est descendus, et bien...on n'avait plus rien".

Jean, 6 ans à l'époque, La Courneuve

"On habitait près de la route. Il y avait un défilé permanent de troupes, de camions, avec des Allemands qui fuyaient. Ils passaient sous notre fenêtre. On a vu cette débâcle mais on n'a rien vu de l'arrivée des troupes de Leclerc à Paris, jusqu'au moment où on nous a dit: "Les Français sont là!". Ça s'est répandu comme une traînée de poudre."

"Un souvenir atroce, c'est d'avoir vu des femmes tondues, avec des croix gammées peintes sur le crâne, qu'on promenait sur des chevaux de trait, parce qu'elles avaient couché vraisemblablement avec des Allemands. Ça m'avait beaucoup choqué. Ces femmes avaient l'âge de ma mère."

Monique, 5 ans à l'époque, Paris

"Mon père faisait de la résistance. Je ne sais pas exactement ce qu'il faisait mais il disparaissait souvent. On était trois enfants, livrés à nous-mêmes. Le 24, on a appris la mort de notre père. Il avait 33 ans. Je me souviens que son corps avait été placé dans une baignoire, recouverte d'une planche en bois. A côté, il y en avait d'autres. On m'a mise à l'orphelinat avec un de mes frères, à la Villette-aux-Aulnes, en Seine-et-Marne. On était tous des enfants de gens morts pour la France. Aujourd'hui, le drapeau bleu-blanc-rouge est à ma fenêtre. Je pense à tous ces hommes qui sont morts et tous les enfants qui sont restés après. Parce que ça a été difficile après".

Henriette, 23 ans à l'époque, Conflans-Sainte-Honorine

"On a vu les Allemands partir avec leurs camions. On ne s'approchait pas trop, ils étaient hargneux. Nous avions le sourire mais il ne fallait pas leur faire voir. Le lendemain, nous avons pris le train pour Paris. Tout le monde y allait, surtout les jeunes pour voir arriver les Américains et les Français, l'armée qui arrivait de Normandie. J'avais un chemisier blanc avec des petites fleurs bleu-blanc-rouge brodées sur l'encolure. Beaucoup de gens avaient des cocardes.

"La Gare Saint-Lazare était noire de monde, une foule de tous les âges qui dansait. Il y avait des orchestres improvisés un peu partout. Je n'ai jamais revu une foule pareille. Les gens s'embrassaient. Nous étions heureux, libres de marcher sur les trottoirs. Pendant l'Occupation, il fallait descendre et laisser le passage aux Allemands. Mais après l'euphorie, les règlements de comptes ont commencé, on tondait les filles en pleine rue. L'épuration c'était atroce. Il y avait des haines terribles".


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