publié le 12/07/2013 à 15h31 par Cathy Ceïbe
La justice espagnole veut détruire un monument érigé à la mémoire des Brigades internationales.
La justice espagnole est injuste. Ce n’est pas une redondance, c’est un fait. Francisco Franco de Bahamonde, le dictateur, adepte du garrot et chantre de l’assassinat de la République, est mort
depuis 1975. Mais il est toujours là. Dans chacune des institutions chargées de régir la péninsule, il veille au grain. Et les oripeaux s’y attachent. Le sort du juge Baltasar Garzon, démis de ses fonctions pour avoir justement voulu juger les crimes franquistes et déterrer les 100 000
cadavres qui peuplent encore les paysages de ce pays frère, en est la flagrante démonstration. Mais voyons de plus près.
Depuis 2011, les robes noires du Tribunal suprême de justice de Madrid s’agitent. Non pas contre un système bancaire véreux, ni une spéculation immobilière pourrie qui jette à la rue des
centaines de milliers de familles. Pas de sanctions ni de guerre contre les noms de rues et autres places à la gloire des bourreaux tortionnaires à la solde du tyran. Non, ces hommes de loi
s’acharnent sur un monument en hommage aux Brigades internationales. Ces 30 000 femmes et hommes, internationalistes jusque dans leurs entrailles, dont près de 10 000 Français, qui, en 1936, ont
écrit l’une des plus belles pages de la solidarité internationale. Un précédent fait d’abnégation, eux, ces volontaires de la paix et de la justice, qui ont renoncé aux leurs pour défendre la
jeune République et le Front populaire ibère, conscients que le fascisme se déroutait aux portes des oliviers.
Qu’importe le mépris, il faut détruire le symbole. Sur le campus de l’université Complutense de Madrid, on peut encore voir les stigmates de la guerre, les impacts de balles, la violence de
l’affrontement qui se jouait dans la capitale espagnole. C’est là que son recteur, José Carrillo, a inauguré, il y a deux ans, un monument à leur mémoire, à l’actualité de leur combat.
« Contraire au droit », dit la prétendue justice. Le monument a été vandalisé. Et ils pourront même le détruire. Mais la censure ne taira rien. « Nous voulons que l’héritage des Brigades
internationales soit transmis aux nouvelles générations », insistait, en 2011 José Carrillo, fils du dirigeant historique du Parti communiste. « Les idéaux des Brigades internationales ne seront
jamais oubliés, comme les souffrances du peuple espagnol, même s’il a perdu ladite guerre civile. Le monde démocratique sait que la Seconde Guerre mondiale en était la continuation. » Sur la
stèle du monument, le message est fécond : « Vous êtes l’exemple héroïque de la solidarité et de l’universalité de la démocratie. » Dans une adresse au ministre français des Affaires étrangères,
la sénatrice communiste du Nord Michelle Demessine demande à la République française « d’intercéder auprès du gouvernement espagnol pour que ce monument ne soit pas détruit ». Il ne s’agit pas
d’histoire, ni de mémoire, mais de démocratie. Universelle.
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Les oripeaux du franquisme font honte à l’Espagne
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