Le Point.fr est allé voir "La Bête immonde", son nouveau spectacle. Devant un public conquis, le comédien a déversé sa haine sur les Juifs. Affligeant.
Les fans de Dieudonné se pressent en nombre au théâtre de la Main d'or, le fief parisien du comédien. La Bête immonde, son nouveau spectacle, affiche complet. Les vigiles peinent à refouler les malheureux venus sans réservation. Avant de pénétrer dans la salle, le spectateur est invité à se délecter d'un cocktail Chaud Ananas, la spécialité de la maison. Un hommage à Shoahnanas, une chanson que Dieudonné avait pour habitude d'entonner à la fin de son dernier one-man-show. "Valls va encore tout essayer pour le faire interdire", s'inquiète une jolie brune aux cheveux bouclés. D'autres enragent à l'idée que leur idole puisse être expulsée du théâtre qu'il occupe depuis quinze ans.
Assis sur une même rangée, un petit groupe s'amuse à débusquer les "Juifs venus en espions". Les journalistes sont eux aussi au centre de toutes les attentions. "Une table de massage" leur a été spécialement réservée par les cerbères du comédien. "Pour leur casser la gueule", renchérissent les plus excités. Dieudonné a un talent. Celui de réunir toutes les couches de la population. Des jeunes de banlieue se mêlent à des jeunes des beaux quartiers. Des femmes voilées se mélangent à des femmes plus légèrement vêtues. Tous sont venus pour la même chose : rire de tout, mais surtout des Juifs.
"On va même déterrer Ilan Halimi"
Sous un tonnerre d'applaudissements, Dieudonné apparaît sur scène. Il n'a pas encore ouvert la bouche que des rires gras résonnent déjà dans la salle. Des fers aux pieds, il est vêtu de la tenue des prisonniers de Guantánamo. Sauf que sur la sienne le mot "quenelle" remplace le matricule. La bête immonde, c'est lui. Et il ne s'en cache pas. Le comédien renoue immédiatement avec son fonds de commerce : la haine des Juifs. Dès les premières secondes, Dieudonné évoque Hitler et les chambres à gaz. De quoi régaler ses fans qui se gondolent avant même qu'il ne finisse ses phrases.
Le défilé de propos haineux ne fait que commencer. Saisissant la réplique d'un fusil d'assaut, "le parfait instrument de la haine", il fait mine de tirer dans le public. Et de se prendre à imaginer : "Si par malheur, je dégomme un journaliste, de surcroît juif, ça serait grave. Là, on ré-ouvre le procès de Nuremberg. On va même déterrer Ilan Halimi. Et ils vont retrouver mon ADN dans son trou du cul." Les quelques cris de dégoût ne parviennent pas à masquer l'hilarité générale. S'ensuivent des piques adressées à François Hollande et à sa politique progressiste... Porté par son public, Dieudonné ne peut pas s'empêcher d'en revenir aux Juifs. Patrick Cohen, le journaliste de France Inter, est une nouvelle fois la cible de ses railleries. Mais Dieudonné ne regrette plus la disparition des chambres à gaz. Le Conseil d'État étant passé par là.