Maxime Weygand (21 janvier 1867 - 28 janvier 1965) est un officier général français, membre de l'Académie française. Il a joué un rôle majeur lors des deux guerres mondiales. Weygand est né le 21 janvier 1867 à Bruxelles, de parents inconnus (c'est l'accoucheur qui, deux jours plus tard, déclara à l'état civil la naissance de l'enfant, répondant au prénom de Maxime).
Selon certaines sources, il aurait été le fils illégitime de l'impératrice Charlotte du Mexique. Weygand a toujours refusé de confirmer ou d’infirmer cette rumeur. Selon Charles Fouvez qui a publié en 1967 Le Mystère Weygand aux éditions de La Table Ronde, Weygand serait le fils illégitime du roi Léopold II de Belgique. Bien que les preuves formelles ne soient pas apportées, il existerait selon lui un faisceau d'indices formant des quasi-preuves. Dans le périodique Histoire pour tous numéro 100 d'août 1968, l'auteur confirme sa conviction sur la base du courrier reçu par lui après la publication de son livre.
De plus, d'après lui, la mère de Weygand serait la comtesse Kosakowska, épouse d'un noble d'origine lituanienne, mais russe en 1867. Selon Bernard Destremau, auteur d'une biographie de Weygand dans les années 1980, quatre autres hypothèses seraient à retenir, la plus probante – quoique sujette à caution à ses yeux – lui ayant été confiée par l'ex-roi Léopold III de Belgique, et qui postule que Maxime Weygand serait en fait le fils du colonel Van der Smissen et de l'impératrice Charlotte du Mexique. Cette possibilité est rendue plausible par la très grande ressemblance entre Weygand et Van der Smissen, mais rien n'est certain. C'est pourtant la thèse de cette origine paternelle que semble démontrer d'une façon définitive Dominique Paoli, dans son livre Maxime ou le secret Weygand (Bruxelles, 2003).
Toutefois il montre que la mère serait Mélanie Zuchy-Metternich, fille de Klemens Wenzel von Metternich. Une autre piste impliquerait toujours l'impératrice Charlotte, mais cette fois-ci avec un Indien du Mexique, ce qui pourrait être illustré par un certain type physique amérindien qui s'accentua avec l'âge chez Weygand. Confié dès sa naissance à une nourrice, Mme Saget, qui l'élève jusqu'à l'âge de six ans, le jeune Maxime est ensuite conduit en France où, dans des circonstances mal déterminées, il devient le pupille de David Cohen de Léon, négociant juif résidant à Marseille. Curieusement, ses Mémoires restent totalement silencieux sur ses tuteurs, alors qu'il rend longuement hommage à sa gouvernante et à l’aumônier de son lycée qui lui ont insufflé sa foi catholique.
Une certaine Hortense Denimal, épouse de Félix Vandievoet, est citée à plusieurs reprise dans le livre de Dominique Paoli, Maxime ou le secret Weygand (Bruxelles, 2003), car à un certain moment celle-ci avait recueilli chez elle un enfant du nom de Maxime dit de Nimal, qui n'était autre que le futur général Weygand. Elle était en effet la sœur de Thérèse Denimal, compagne puis épouse de David de Léon Cohen, tuteur légal de Maxime de Nimal. Après des études effectuées aux lycées de Vanves, Louis-le-Grand et Henri-IV, c'est sous le pseudonyme de Maxime de Nimal qu'il est reçu en 1885 à l’École militaire de Saint-Cyr comme élève à titre étranger (belge). À sa sortie de l'École en 1887, classé vingtième de sa promotion, il choisit la cavalerie et intègre, toujours à titre étranger, l'École de cavalerie de Saumur.
Il la quitte le 31 août 1888, n° 9 sur 78 élèves, et se voit affecté au 4e Régiment de Dragons. Peu de temps après, le 18 octobre 1888, Maxime de Nimal est reconnu par un comptable, employé de David Cohen, un certain François-Joseph Weygand (1846-1915), issu d'une vieille famille alsacienne de Rhinau. Cet acte de reconnaissance dote le jeune homme sans nom d'une identité véritable et lui permet, selon son vœu, d'acquérir presque aussitôt la nationalité française (le décret de naturalisation intervient en effet le 3 décembre de la même année). Maxime n'aura cependant jamais, par la suite, de relations personnelles avec ce père purement apparent. Sa carrière militaire va se poursuivre dès lors à Chambéry, Saint-Étienne, Lunéville, Saumur, Niort et Nancy.
Lieutenant en 1891, il est nommé capitaine en septembre 1896. Il choisit à cette époque de ne pas préparer l’École de Guerre, en invoquant sa volonté de rester au contact de ses hommes. Au moment de l’affaire Dreyfus, il se signale comme antidreyfusard en souscrivant en 1898 en faveur de la veuve du colonel Henry qui s'était suicidé lorsque fut révélée sa falsification du bordereau accusant Dreyfus. Cette entreprise vaut d'ailleurs à Weygand l'unique sanction qu'il ait jamais subie : quatre jours d'arrêt simple, infligés sur l'ordre du ministre de la Guerre, Charles de Freycinet, « pour avoir pris part à une souscription pouvant prendre un caractère politique ».
Deux années plus tard, le 12 novembre 1900, alors qu'il est capitaine au 9e Régiment de Dragons à Vitry-le-François, il épouse à Noyon, dans l'Oise, Marie-Renée-Joséphine de Forsanz, âgée de vingt-quatre ans, qui n'est autre que la fille du colonel commandant ce régiment. Le couple aura deux fils : Édouard, né en 1901, qui deviendra plus tard industriel, et Jacques, né en 1905, qui suivant l'exemple de son père se destinera tout d'abord à la carrière des armes. De 1902 à 1907, et de 1910 à 1912, périodes pendant lesquelles il est promu chef d'escadrons (mai 1907) puis lieutenant-colonel (mai 1912), Maxime Weygand est instructeur à l'École de cavalerie de Saumur. En 1913, il est fait chevalier de la Légion d'honneur et entre au Centre des hautes études militaires, où le général Joffre le remarque. Au début de la Première Guerre mondiale, Weygand est lieutenant-colonel et commandant en second du 5e régiment de hussards, à Nancy, avec lequel il participe à la bataille de Morhange.
Cependant, suite à la rapide réorganisation du commandement français voulue par le général Joffre pour éviter une probable débâcle, il est promu colonel et affecté dès le 28 août 1914 auprès du général Foch. Celui-ci en fait officiellement son chef d'état-major à la IXe Armée le 21 septembre 1914 et un peu plus tard au groupe des armées du Nord. Promu général de brigade en 1916, Weygand doit malgré tout se résoudre à suivre Foch dans sa disgrâce provisoire pendant les premiers mois de 1917 : il l'accompagne notamment lors d'une mission confidentielle à Berne traitant de l'éventualité d'une violation du territoire helvétique par l'armée allemande. En mai 1917, après l'échec du général Nivelle, Pétain, nouveau commandant en chef, rappelle Foch en tant que chef d'État-Major général. Weygand devient l'un des sous-chefs d'État-Major et est promu général de division à titre temporaire.
Avec Foch, il prend part à la Conférence de Rapallo, le 6 et 7 novembre 1917, tenue pour soutenir le front italien après la défaite de Caporetto, au cours de laquelle les Alliés décident de créer un Conseil supérieur de guerre interallié. À la suite de la réunion tenue à Doullens le 26 mars 1918, lorsque le commandement en chef des armées alliées, avec le titre de généralissime, est confié à Foch, son collaborateur direct est nommé au poste essentiel de major général des armées alliées.
Les 8, 9 et 10 novembre 1918, Weygand seconde Foch aux négociations d'armistice et donne lecture aux Allemands des conditions d’armistice, dans la forêt de Compiègne, dans le wagon de Rethondes. Weygand est ainsi un rare exemple dans l'histoire de l'Armée française de l'ascension aux plus hauts degrés de la hiérarchie d'un officier n'ayant pas commandé en chef au front, ce qui sera ironiquement souligné par le général de Gaulle dans ses Mémoires. En 1920, le général Weygand est nommé en Pologne conseiller de Józef Pi?sudski. Il y commande un groupe d'officiers français, sous l'appellation de « Mission militaire française », pour venir en aide aux Polonais en déroute face aux forces russes. En effet, les Polonais, après s'être engagés en 1918 dans la guerre contre la Russie bolchevique, étaient sur le point d’être battus par les forces soviétiques de Toukhatchevski.
L’intervention française aida les Polonais à gagner la bataille de Varsovie, après laquelle ils annexèrent des territoires ukrainiens et biélorusses. L'importance exacte de la Mission militaire française est discutée. Certains officiers polonais affirmèrent que la bataille de Varsovie avait été remportée par eux seuls, avant que la mission française n'ait pu rédiger et envoyer son rapport, point de vue partagé par exemple par l'historien Norman Davies. Néanmoins, les historiens français soulignent que les nombreux officiers français de sa « mission », rompus au combat, encadrèrent et instruisirent une grande part de l'Armée polonaise et contribuèrent à sa réorganisation, sans parler de l’aviation polonaise, dont nombre de pilotes étaient français ou américains. Weygand est fait général de corps d'armée en 1920 et général d'armée en 1923.
Il succède en Syrie au général Gouraud, au titre de haut-commissaire de France. En 1924, il entre au Conseil supérieur de la Guerre. En 1925, il dirige le Centre des hautes études militaires. Il est promu chef d'État-Major général de l'Armée en 1930. Le 11 juin 1931, en même temps que le romancier Pierre Benoit, il est élu à l’Académie française à l'unanimité des votants pour succéder au maréchal Joffre au 35e fauteuil. Jusqu'en 1935, il est vice-président du Conseil supérieur de la guerre, et à ce titre, dénonce le danger hitlérien et condamne le désarmement.
Il se retire le 21 janvier 1935, laissant place au général Gamelin, mais est maintenu en activité sans limite d'âge. En 1938, il exprime son optimisme sur la capacité de l'Armée française à vaincre en cas de conflit. Sur sa demande, Weygand est rappelé au service actif par le président Édouard Daladier en août 1939 pour diriger les forces françaises au Moyen-Orient. Il est nommé chef du Théâtre d'opérations de la Méditerranée orientale et doit, depuis son Quartier Général situé à Beyrouth, coordonner la présence militaire française au Levant et dans les Balkans.
En octobre 1939, il se rend en Turquie afin de signer le traité d'assistance mutuelle liant ce pays à la France et la Grande-Bretagne. Dans les mois qui suivent, il tente de mettre en place plusieurs plans d'action militaire visant à la constitution d'un front d'Orient qui pourrait prendre à revers l'Allemagne et ses alliés. Il prépare notamment des projets de débarquement français à Salonique et en Roumanie, ainsi qu'une offensive contre les champs de pétrole soviétiques du Caucase, l'URSS étant alors liée à l'Allemagne par le Pacte germano-soviétique.
Les effectifs limités dont il disposait (trois divisions à peine) ont fait que ces plans ambitieux sont restés à l'état de projet. En mai 1940, la situation militaire en France est si compromise que le commandant suprême, le général Maurice Gamelin, jugé trop passif, est écarté. Weygand, alors en Syrie, est alors appelé le 17 mai par Paul Reynaud pour le remplacer. À la même date, le maréchal Pétain entre au gouvernement. Les divisions blindées allemandes, ayant percé depuis le 13 mai le front à Sedan, poursuivent leur course à l'ouest et ont coupé l'Armée française en deux, enfermant une partie de celle-ci ainsi que les troupes britanniques en Belgique. Weygand arrive en France le 19 mai. La passation de commandement avec le général Gamelin dure quelques heures, au cours desquelles celui-ci lui rend compte de l'ampleur de la défaite et lui fait part de l'absence de réserves. Ignorant la situation exacte des armées du Nord, Weygand annule les derniers ordres de Gamelin prévoyant une contre-offensive. Les communications avec les armées du Nord étant très difficiles, il décide de se rendre lui-même sur place.
Le 21 mai, il arrive par avion à Ypres, où il rencontre le roi des Belges Léopold III et le chef des armées françaises en Belgique, le général Billotte. Weygand se décide alors à reprendre l'idée d'une contre-offensive pour couper les colonnes blindées allemandes avancées. Mais il est trop tard : les chars ennemis infiltrés ont été suivis du gros des forces allemandes. De plus, le général Billotte, chargé de la mise en œuvre de cette contre-offensive meurt accidentellement le lendemain. Le général Blanchard qui lui succède n'a pas assisté à la conférence d'Ypres, pas plus que le chef du corps expéditionnaire britannique Lord Gort, qui était arrivé trop tard à la réunion. Par ailleurs, ce dernier refuse d'engager deux divisions et amorce un mouvement de retraite des forces britanniques vers Arras, puis Dunkerque. Le 24 mai, Weygand doit renoncer à toute offensive.
Les armées franco-britanniques, enfermées en Belgique, doivent chercher le salut par Dunkerque. Le 25 mai, un conseil de guerre se déroule à l’Élysée, réunissant le président de la République Albert Lebrun, le président du conseil Paul Reynaud, Philippe Pétain, César Campinchi, ministre de la marine, et Weygand. C'est à cette réunion que l'hypothèse d'un armistice est posée pour la première fois. Dans les jours qui suivent, Paul Reynaud envisage la création d'un réduit breton, option jugée irréaliste par Weygand. Après l’évacuation de 340 000 franco-britanniques à Dunkerque (31 mai–3 juin 1940), la Wehrmacht lance une offensive le 5 juin contre une armée française très affaiblie, car beaucoup de matériel a été perdu en Belgique et dans les Flandres. Le colonel de Gaulle, promu général de brigade, entre au gouvernement comme sous-secrétaire d'État à la guerre. Le 10 juin, le gouvernement français quitte la capitale déclarée ville ouverte.
À cette même date, l'Italie entre en guerre contre la France. Le 11 juin, se déroule à Briare un conseil suprême franco-allié auquel participe Churchill et Eden. Au cours de ce conseil, il apparaît des tensions entre Français et Anglais, mais également des fractures entre les militaires et les dirigeants politiques français. Les Français demandent l’intervention massive de la RAF seule susceptible de changer le cours de la bataille. Devant le refus de Churchill, qui a un besoin de ses 25 escadrilles de chasse pour la défense ultérieure du Royaume-Uni, l’alliance franco-anglaise se brise, Churchill obtenant néanmoins de Paul Reynaud l'assurance qu'aucune décision définitive du Gouvernement français ne serait prise sans en référer aux Britanniques, et lui promettant que le Royaume-Uni vainqueur restaurera la France « in her dignity and greatness ». Paul Reynaud est partisan de la poursuite de la guerre.
L'idée du réduit breton étant abandonnée, il envisage la poursuite du combat dans l'Empire, alors que le maréchal Pétain et le général Weygand sont partisans d’un armistice rapide pour éviter l’anéantissement et l'occupation totale du pays. Paul Reynaud rappelle à Weygand que la décision d'un armistice est d'ordre politique et ne relève pas du généralissime. Churchill remarque que le seul membre du Gouvernement français à ne pas sombrer dans le pessimisme total est le tout récent général de Gaulle. Comme Churchill, celui-ci raisonne en terme planétaire et ne limite pas ce conflit, qu'il conçoit mondial, à un simple enjeu franco-allemand. Weygand croit, au contraire, n'assister qu'à un nouvel épisode du cycle commencé en 1870, et, comme le maréchal Pétain, il ne comprend pas[réf. nécessaire] que l'enjeu de 1940 (la servitude nationale à perpétuité dans une Europe nazifiée) n'a rien à voir avec celui de 1870 (perte de trois départements) ou de 1914.
Aussi bien Winston Churchill que le général de Gaulle décriront dans leurs mémoires un Weygand défaitiste, anglophobe et antirépublicain. Lors des Conseils des ministres qui se déroulent dans les jours qui suivent, Weygand réitère officiellement la nécessité d'un armistice, aussi bien pour des raisons militaires que civiles. Avec la déroute des armées françaises, accompagnée de l'exode des populations belges et françaises, Weygand craint que le désordre ne se répande dans la totalité du pays.
L'armistice lui paraît la condition indispensable pour maintenir l'ordre. S'appuyant sur une fausse information qu'il n'a pas vérifiée, il invoque l'installation à l'Élysée du chef communiste Maurice Thorez, qui serait revenu d'URSS dans les fourgons de la Wehrmacht. Le président du conseil Paul Reynaud lui oppose des arguments politiques, le danger du nazisme, les accords avec l'Angleterre. Philippe Pétain soutient Weygand, invoquant l'ignorance des civils quant aux questions d'ordre militaire. Le gouvernement se divise. Le 15 juin, à Bordeaux, Paul Reynaud, appuyé par Georges Mandel évoque une possibilité de poursuivre la lutte aux côtés de la Grande-Bretagne : l'armée capitulerait en métropole pendant que Gouvernement et parlement gagneraient l'Afrique du Nord. Weygand refuse violemment cette solution qu'il juge déshonorante pour l'Armée car elle aurait impliqué les seules autorités militaires. Seul l'armistice lui paraît honorable.
Il met sa démission en balance. Comme Pétain, il juge également inconcevable que le Gouvernement quitte le territoire de la métropole. Une partie du Gouvernement se rallie à la proposition de Camille Chautemps consistant à s'enquérir des conditions d'un éventuel armistice. De plus en plus isolé, Paul Reynaud démissionne le 16 juin, laissant la place à Philippe Pétain. Celui-ci annonce le 17 juin qu'une demande d'armistice est déposée. Le même jour, Weygand est nommé ministre de la Défense nationale.
Bien que Weygand ne croie pas en une victoire du Royaume-Uni, désormais isolé dans sa lutte contre l'Allemagne, il ordonne cependant le transfert au profit de la Grande-Bretagne de tous les contrats d'armement passés par la France auprès des industries d'armement américaines, ainsi que la livraison dans les ports britanniques de tous les armements en cours d'acheminement, alors que les ports français étaient sous contrôle allemand. En tant que nouveau ministre de la Défense, Weygand donne l'ordre à la délégation française dirigée par le général Huntziger, avant son départ pour Rethondes, des instructions concernant la Flotte et son maintien sous contrôle français.
Ayant pris connaissance des conditions d'armistice édictées par les Allemands, Huntziger en rend compte à Weygand, le 21 juin 1940 à 20 heures, au cours d'un long entretien téléphonique où il dicte le texte intégral de la convention, aussitôt transmise au Conseil de ministres réuni à Bordeaux. Lors des pourparlers qui se déroulent toute la journée du 22, entrecoupés de nouvelles communications téléphoniques entre Huntziger et Weygand, la délégation française ne peut obtenir que deux modifications : l'article 5 sur la livraison des avions militaires et l'article 17 sur les transferts de valeurs et de stocks, sont amendés.
Les Allemands refusent toute autre concession, en dépit des protestations françaises, en particulier sur l'article 19 concernant le droit d'asile et sur l'Italie (la France n'ayant pas été vaincue dans les Alpes). Suite à l'ultimatum du chef de la délégation allemande, le maréchal Keitel, Huntziger reçoit l'ordre depuis Bordeaux de signer l'armistice. Weygand refuse également la dissidence du général de Gaulle qu'il juge prématurée et anarchique. Il n'admet pas que de Gaulle prétende s'exprimer au nom de la France.
Le 19 juin, il lui ordonne de revenir de Londres, ignorant l'invitation à poursuivre le combat que ce dernier lui adresse. Peu après, il rétrograde de Gaulle au rang de colonel, puis convoque successivement deux tribunaux militaires, le premier n'ayant prononcé qu'une peine symbolique. Le second condamnera à mort le chef de la France Libre le 2 août 1940. Weygand occupe le poste de ministre de la Défense nationale dans le Gouvernement de Vichy, pendant trois mois (juin 1940 à septembre 1940).
À la suite de la Bataille de Mers el-Kébir où une partie de la flotte française est détruite par les Anglais, il s'oppose à ceux qui souhaitent un renversement d'alliance. Le 16 juillet, il s'oppose également aux Allemands exigeant des bases aériennes au Maroc, l'utilisation des ports d'Afrique du Nord, ainsi que l'usage de la voie ferrée de Rabat à Tunis ou l'emploi de navires de commerces français. Le 5 septembre, il est nommé Délégué général en Afrique française. Dans le strict respect des conventions de l'armistice, il est décidé à s'opposer à toute intrusion qu'elle vienne des Anglais ou des Allemands, qu'ils soient amis ou ennemis.
Il s'emploie également à éviter l'extension de la dissidence de de Gaulle, auquel se sont déjà ralliés le Cameroun, le Tchad, le Congo ou l'Oubangui Chari. Hostile au gouvernement républicain, il partage le projet de Révolution nationale de Pétain et son projet social, et applique la politique de Vichy dans toute sa rigueur en Afrique du Nord. En particulier, il fait appliquer les lois raciales décidées par le Gouvernement de Vichy, notamment celles qui excluent les Juifs de la fonction publique, de presque toutes les activités privées et de l'université, et qui placent leurs biens sous séquestre.
Mais il va plus loin que Vichy, en excluant, sans aucune loi, les enfants juifs des écoles et lycées, avec l'appui du recteur Georges Hardy. Il instaure en effet, par une simple note de service no 343QJ du 30 septembre 1941, un « numerus clausus » scolaire excluant la quasi-totalité des enfants juifs des établissements publics d'enseignement, y compris des écoles primaires, « par analogie avec la législation de l’Enseignement supérieur », ce qui n'arriva pas en métropole. Il interdit la franc-maçonnerie, et enferme, avec l'appui de l’amiral Abrial, dans des camps de prisonniers du sud de l'Algérie et du Maroc, les volontaires étrangers de la Légion étrangère, les opposants au régime, réels ou présumés, et des réfugiés étrangers sans contrat de travail (bien que régulièrement entrés en France).
Le Royaume-Uni ayant résisté victorieusement, contrairement à ses prévisions initiales, il persistait à penser, avec le maréchal Pétain, que, même si le Royaume-Uni n'allait pas être battu, il était incapable de gagner la guerre. Weygand partage le point de vue de Pétain qui avait prédit au diplomate américain Robert Murphy qu'il n'y avait « pas d'autre issue possible » au conflit qu'une paix « sans vainqueur ni vaincu ». Au cours de l'été 1941, Weygand s'adresse au même diplomate américain pour presser les États-Unis d'user de leur influence au plan mondial pour permettre une sortie pacifique de cette impasse. Weygand fait dissimuler certains effectifs et armements aux Commissions d'armistice italienne et allemande.
Il s'efforce aussi, après les attaques de Mers-El-Kébir et Dakar, de renforcer l'Armée française d'armistice en Afrique, et donne son accord à René Carmille pour l'équipement mécanographique des bureaux de recrutement. Il fait aussi passer certaines unités coloniales pour de simples forces de police, et tente de remobiliser les esprits, avec notamment la création des « Chantiers de la jeunesse française » (créées par le général de La Porte du Theil), qui, dans un strict maréchalisme, tentent d'habituer la jeunesse à un nouvel ordre moral.
Mais lorsqu'il apprit, à la suite d'une délation, que quelques officiers de son entourage (le commandant Faye, le commandant Dartois, et le capitaine Beauffre) préparaient à son intention un plan de rentrée en guerre avec une aide militaire américaine, il les fit arrêter et livrer aux tribunaux, en disant : « Ce n'est pas à mon âge qu'on devient un rebelle. » Il négocie cependant avec les Américains des conditions de ravitaillement, conduisant à un accord signé avec Robert Murphy le 26 février 1941.
Par ses protestations auprès du Gouvernement de Vichy, il fait échouer les protocoles de Paris du 28 mai 1941 signés par Darlan, et notamment l'attribution à l'ennemi de bases à Bizerte et Dakar, ainsi qu'une collaboration militaire avec l’Axe, en cas de riposte alliée. Dès lors, les Allemands n'auront de cesse de demander son limogeage, bien que le 4ème Bureau de sa Délégation générale ait livré à l’Afrika Korps de Rommel 1 200 camions français et autres véhicules des stocks de l’Armée française (contrat Dankworth en 1941), ainsi qu’un certain nombre de pièces d’artillerie lourde, accompagnées de 1 000 obus par pièce.
En octobre 1941, peu après la campagne de Syrie à la suite de laquelle un cinquième des effectifs a rallié la France Libre, il exige des soldats de l'Armée d'Afrique de prêter serment au maréchal Pétain. Les pressions de Hitler sur le Gouvernement de Vichy afin d'obtenir le renvoi de Weygand aboutissent finalement à son rappel en métropole en novembre 1941. En novembre 1942, après l’invasion alliée de l'Afrique du Nord et l'occupation totale de la métropole, Weygand est fait prisonnier par les Allemands et placé en résidence surveillée en Allemagne, au château d'Itter, dépendant administrativement de Dachau. Il y retrouve Paul Reynaud, Édouard Daladier et Maurice Gamelin, avec qui les rapports seront tendus.
En mai 1945, les prisonniers sont libérés par les Américains et conduits au quartier général de la Ire armée française. Au moment où le général de Lattre les accueille, ce dernier reçoit l'ordre d'arrêter les personnalités ayant eu des fonctions auprès du Gouvernement de Vichy, ordre qui concerne Weygand et Jean Borotra. Renvoyé en France, Weygand est d’abord interné comme prévenu de collaboration au Val-de-Grâce, puis finalement libéré en mai 1946 et dégagé de toute responsabilité en 1948, en bénéficiant d'un non-lieu sur tous les chefs d'accusation par la Haute Cour de Justice. Jusqu'à son décès, il militera pour la réhabilitation du maréchal Pétain et de sa mémoire. Quand il meurt en 1965, il est le doyen d'élection de l'Académie française. Le général de Gaulle refusera qu'une cérémonie solennelle se tienne aux Invalides. Maxime Weygand est enterré au cimetière St-Charles de Morlaix, où il possédait un manoir.