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Schneider Romy

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Romy Schneider, à l'état-civil Rosemarie Magdalena Albach, née le 23 septembre 1938 à Vienne et morte le 29 mai 1982 à Paris, est une actrice allemande naturalisée française. Elle obtint deux fois le César de la meilleure actrice. Malgré les origines de son père et sa naissance à Vienne, elle n'eut jamais la nationalité autrichienne. 

Schneider Romy

Elle naît le 23 septembre 1938 à Vienne (devenue allemande le 23 mars précédent suite à l'Anschluss) dans une famille à la longue tradition artistique. Déjà, ses arrière-grands-parents sont des artistes : Rudolf Retty était acteur et metteur en scène et sa femme Kate Retty, chanteuse. Ils sont les parents de Rosa (Retty puis Albach-Retty), pensionnaire du Burgtheater. Rosa, qui mourut centenaire en 1980, épousa Karl Albach un officier de l'armée impériale austro-hongroise qui renonça à sa carrière par amour et devint avocat puis comédien. Rosa et Karl eurent un fils, l'acteur Wolf Albach-Retty époux de la comédienne allemande Magda Schneider. Cette dernière, née à Augsbourg en Souabe, est la fille de Xaverius (ou Franz Xavier) Schneider et de Maria, née Meier-Hörmann.

Magda et Wolf, qui se sont rencontrés lors d'un tournage en 1933, se marient à Berlin en 1937. Le prénom de baptême de Romy, Rosemarie, est la contraction des prénoms de ses grands-mères, Rosa et Maria. En 1941 naît son frère Wolf-Dieter Albach, qui exercera la profession de chirurgien. En octobre 1938, alors que Rosemarie n'est âgée que de quelques semaines, la famille Albach quitte l'ex-capitale autrichienne (Vienne devient une ville du Troisième Reich nazi par l'Anschluss) à l'arrivée des nazis et s'installe dans la propriété de Mariengrund à Schönau am Königsee dans les Alpes bavaroises, près de Berchtesgaden. Les époux Schneider-Albach, en raison de leurs engagements professionnels, ne sont que rarement présents. C'est la grand-mère, Maria Schneider, qui prend soin de Romy et de son frère lorsque leurs parents sont en tournage. Le nid d'aigle d'Adolf Hitler est situé à seulement vingt kilomètres de leur domicile. Elle fréquente avec sa mère le cercle d'Adolf Hitler, qu'elle rencontre. Magda Schneider, qui a été exemptée d'impôt par le Ministère de Propagande nazi, est une proche de Martin Bormann dont les enfants jouent avec la petite Romy. Elle déclarera en 1976 : « Je crois que ma mère avait une relation avec Hitler ». Plus tard, elle s'en dédouanera en donnant à ses enfants les prénoms d'origine hébraïque David et Sarah.

En 1943, Wolf rencontre une autre actrice, Trude Marlen, et quitte Magda Schneider. Romy, qui a quatre ans et demi, est bouleversée et s'attache davantage à sa mère qu'elle admire profondément, et à son frère. Elle idéalise son père absent et projettera dans la rencontre avec ses futurs réalisateurs l’image de son propre père . Elle entre à l'école primaire de Berchtesgaden en 1944, alors que son père s'installe avec l'actrice Trude Marlen. Le divorce de ses parents sera prononcé en 1945. L'Autriche est de nouveau indépendante, mais occupée par les armées alliées. La fin du régime nazi est un coup dur pour la carrière de Magda Schneider, aussi elle reporte tous ses espoirs sur sa fille. À partir de 1949, elle est placée en pensionnat à l'internat autrichien Goldenstein, près de Salzbourg, institution religieuse catholique, qu'elle fréquente jusqu'en 1953, année où elle obtient sa Mittlere Reife (équivalent du BEPC), avec mention, et elle est censée rejoindre Cologne. Sa mère s'y est en effet remariée en 1953 avec le restaurateur Hans-Herbert Blatzheim, déjà père de trois enfants, et avec lequel Romy, adolescente, ne s'entendra pas : elle ne le désignera plus tard que par « le deuxième mari de ma mère » et la rumeur prétend qu'il aurait porté atteinte à sa pudeur. Voulant devenir décoratrice ou illustratrice de livres pour enfants, elle doit effectuer sa rentrée scolaire à l'École de dessin de mode à Cologne mais elle rêve surtout d'une carrière d'actrice, comme le montre le journal intime qu'elle a reçu en cadeau à l'âge de treize ans et qu'elle baptise Peggy. Elle y racontera sa joie lorsqu'on lui confie un rôle dans la petite troupe de théâtre du pensionnat.

À cette époque, le producteur Kurt Ulrich cherche une jeune fille pour tenir le rôle de la fille du personnage principal joué par Magda Schneider dans le film Lilas blancs. Magda propose sa propre fille, qui passe brillamment les essais en juillet 1953 et se révèle très photogénique. Romy quitte le cursus scolaire et à quinze ans apparaît pour la première fois à l'écran, sous le nom de « Romy Schneider ». Le film connaît le succès immédiat et sera suivi d'autres rôles, mais c'est avec la série des Sissi (1955 à 1957), où elle incarne l'impératrice Élisabeth d'Autriche, qu'elle connaîtra une percée fulgurante. Le réalisateur autrichien Ernst Marischka a le projet de monter à l'écran l'histoire romancée d’Élisabeth de Wittelsbach (née en 1837 et assassinée en 1898 à Genève), dite Sissi, épouse de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche. Il a toujours été sensible à l'immense pouvoir de séduction de cette impératrice, qui fut l'un des plus captivants personnages de la fin du XIXe siècle, mais également celui dont les Autrichiens se souviennent avec le plus de nostalgie. Ernst Marischka avait déjà essayé de populariser Sissi en 1932 dans une opérette dont Paula Wessely tenait le premier rôle.

D'une part, pour lui, l'existence réelle d'Élisabeth révèle trop de tourments pour ne pas être romancée, et il souhaite ne conserver dans sa fiction que le passé glorieux et heureux de l'impératrice. Effectivement, il ne gardera que les événements romantiques et les grands moments d'émotion en occultant tous les drames pénibles et les phobies présents dans sa biographie. D'autre part, l'Autriche cherche à faire oublier son annexion à l'Allemagne nazie et à redorer son blason au niveau international. Ernst Marischka ne va lésiner sur rien pour que le spectateur croie réellement côtoyer Sissi et son temps. Il vise très haut et sait que Romy, remarquablement secondée par sa mère qui interprète le rôle de la duchesse Ludovika, mère de l'impératrice, est prête à le suivre. Il choisit Karl-Heinz Böhm pour interpréter le rôle du jeune empereur François-Joseph. À sa sortie en 1955, le film déclenche un immense engouement populaire en Autriche et en Allemagne, et ses recettes dépassent celles d’Autant en emporte le vent. En Europe, le film obtient la mention d'« œuvre culturelle ». En Suisse et en France il bénéficiera d'un lancement remarquable. Le film sera même diffusé gratuitement dans des écoles. Des prospectus de Romy Schneider sont distribués et son visage se retrouve sur des boîtes d'allumettes, des briquets ou des cartes bancaires. À Nice, à Lille, à Amsterdam, à Anvers, à Gand, à Madrid et à Helsinki, les records de fréquentations des salles de cinéma sont largement battus.

Le succès de Sissi étant largement assuré, Ernst Marischka entreprend de tourner un deuxième épisode, Sissi Impératrice (Sissi, die junge Kaiserin) avec un budget et une vision similaires au premier volet. Romy comprend difficilement qu'on puisse en faire un deuxième film. Elle est également de plus en plus opposée à ses personnages idéalisés et subit tant bien que mal les désagréments qu'on lui impose (par exemple porter une perruque de six kilogrammes qui lui donne des maux de tête). Le réalisateur et les coordonnateurs de la série refusent cependant de prendre en compte ses remarques pour rendre le rôle plus réaliste. Le second Sissi recevra un accueil similaire à celui du premier. Des milliers de jeunes filles dans toute l'Europe vont adopter dès lors le style « princesse » : cheveux longs bouclés, taille de guêpe et jupons bouffants. Romy n'achève le tournage du troisième Sissi qu'avec réticence et a hâte de se détacher du personnage auquel on a trop tendance à l'assimiler. Au grand dam de son agent, de son beau-père (qui gère sa fortune et utilise ses cachets pour investir dans des hôtels et restaurants) et aussi de sa mère (qui a besoin de sa fille pour maintenir sa propre carrière alors déclinante depuis la fin du régime nazi), elle s'oppose au tournage d'un quatrième Sissi. Plus tard, elle dira : « Je hais cette image de Sissi » et avouera : « J’ai refusé les quatre-vingts millions qu’on m’offrait pour tourner une quatrième mouture de Sissi. »

Dès 1953 Magda avait décidé de prendre en charge la carrière naissante de sa fille, qui prend définitivement le pseudonyme « Romy Schneider ». Aussi, Magda impose souvent aux réalisateurs de jouer auprès de sa fille ; elle interdit à Romy de signer le contrat que Kirk Douglas lui propose en 1957, lors de leur rencontre au Festival de Cannes. La jeune fille se rebelle alors et décide de choisir dorénavant elle-même ses rôles. La décision de Romy ne sera pas sans conséquence sur la carrière professionnelle et la situation financière de sa mère. En 1956, elle fréquente brièvement Toni Sailer, le triple champion du monde de ski alpin, rencontré lors d'un bal de valse autrichienne. Leur flirt est médiatisé, en raison de leurs notoriétés respectives. Entre 1956 et 1957, elle entretient une amourette avec l'acteur Horst Buchholz qu'apprécie beaucoup Magda Schneider. En 1957, Romy (accompagnée de sa mère) et Horst débarquent à Paris pour tourner Monpti. Rentrés à Munich pour tourner les intérieurs du film, les deux jeunes acteurs mettent fin à leur relation.

1958 est une année charnière dans la vie professionnelle et privée de Romy Schneider : Pierre Gaspard-Huit lui propose le rôle principal de Christine, un remake de Liebelei de Max Ophüls dans lequel sa mère avait tenu le rôle principal en 1933. Après avoir eu le droit elle-même de choisir son partenaire, elle sélectionne sur photo le jeune premier Alain Delon et les producteurs arrangent une entrevue avec la presse dans les salons de l'aéroport : les deux jeunes acteurs se rencontrent pour la première fois au pied de l'escalator. Leurs premiers rapports sont houleux, Romy ne parlant pas français et considérant le jeune premier trop arrogant. Cependant durant le tournage, elle tombe amoureuse de son partenaire. Les « fiancés de l'Europe » célèbrent leurs fiançailles officielles, organisées par la mère et le beau-père de Romy, à Lugano le 22 mars 1959 devant la presse internationale, sans planifier de date pour un éventuel mariage. Échappant à sa mère qui la chaperonnait jusque dans ses films, elle part alors s'installer avec lui à Paris. Elle y abandonne son éducation bourgeoise pour découvrir les soirées de la capitale, l'anticonformisme et une jeunesse qui méprise l'argent. La presse allemande ne lui pardonne pas cette infidélité.

Alain Delon est en pleine gloire et tourne à une cadence folle tandis que Romy est ignorée par le cinéma français et reniée par le cinéma allemand et autrichien. Dans ses moments de déprime, elle rend visite à Marlène Dietrich qui devient son unique confidente. Delon lui fait apprendre l'italien et rencontrer Luchino Visconti qui fait monter sur scène le couple dans Dommage qu'elle soit une putain en 1961. Après ce triomphe, le réalisateur italien lui donne un rôle dans un sketch de Boccace 70 en 1962. À la fin du tournage, Visconti lui glisse au doigt un anneau en bois incrusté de deux diamants et d'un saphir qui ne la quittera plus jusqu'au jour de sa mort. Cette même année, elle monte pour la première fois sur les planches en Allemagne, au théâtre Baden-Baden, où elle joue en français, avec une troupe française, la pièce La Mouette d'Anton Tchekhov. Fin 1962, elle est hospitalisée pour surmenage ; Alain Delon est à son chevet.

Les producteurs américains sont séduits, surnomment l'actrice « la petite fiancée du monde » et lui font de nombreuses propositions. La Columbia lui offre alors un contrat de sept ans (pour sept films et un cachet d'un million de francs pour chacun de ses rôles), et Romy s'installe aux États-Unis, à Hollywood, de 1962 à 1965. Elle tourne un premier film avec Otto Preminger, Le Cardinal qui est un succès. En 1963, elle reçoit la première récompense française de sa carrière, l'Étoile de Cristal de l'Académie du cinéma pour sa prestation dans Le Procès. Néanmoins, sur son deuxième film pour la Colombia, Prête-moi ton mari, elle découvre que les techniques de l'Actors Studio sont bien différentes des siennes. Maladroite dans cette comédie, envahie par le stress, le trac et les doutes (circulent dans la presse des photos montrant Delon avec une jeune femme), la presse américaine la surnomme Miss Worry (« Mademoiselle inquiète »), ce qui la condamne aux seconds rôles. Elle rompt donc son contrat avec la Columbia et rentre à Paris après avoir reçu des mains de son agent George Baum une lettre de rupture de quinze pages d'Alain Delon. Le 18 décembre 1963, elle trouve dans leur appartement parisien quelques roses laissées sur la table du salon et un mot d'Alain Delon : « Je suis à Mexico avec Nathalie. Mille choses. Alain », scène de rupture que dément Alain Delon. Après cinq ans de passion orageuse, Alain Delon l'a quittée pour Nathalie, enceinte de leur fils Anthony. Romy est très affectée par cette rupture.

En juin 1964, Romy obtient la « Victoire du Cinéma français », récompensant la « meilleure actrice étrangère de l'année ». La même année, elle tourne L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, film pour lequel elle change radicalement d'image et révèle son potentiel érotique. Le 1er avril 1965, à l'occasion de l'inauguration du restaurant Blatzheim à l'Europa-Center de Berlin-Ouest, elle rencontre l'acteur et metteur en scène de théâtre de boulevard berlinois Harry Meyen, d'origine juive. Ils se marient le 15 juillet 1966 à Saint-Jean-Cap-Ferrat — Romy est déjà enceinte de cinq mois — et s'installent à Berlin-Grünewald. Le 3 décembre, elle donne naissance à son premier enfant, David Christopher Meyen (Meyen étant le pseudonyme de son père ; David s'appelle en réalité Haubenstock, comme le mentionne son état civil). L’actrice se retire alors de la vie publique pendant une année et demie pour s'occuper essentiellement de son fils à Berlin. Le 21 février 1967, son père meurt à Vienne d'un infarctus, à la suite d'un excès de trac, appréhension qui la fera souffrir pendant toute sa carrière.

Vivant alors comme une épouse et une mère anonyme dans son appartement de Grünewald, sa carrière redémarre le jour où Jacques Deray lui offre, sur la suggestion d'Alain Delon, le rôle de Marianne dans La Piscine au cours duquel le couple Delon-Schneider se reforme professionnellement mais pas dans la vie privée comme la presse aime le croire. Femme engagée, elle se prononce pour un avortement libre et gratuit en signant le fameux Manifeste des 343, publié en France dans Le Nouvel Observateur et en Allemagne dans le magazine Stern, ce qui lui vaut d'être inquiétée par le Tribunal de Hambourg. Elle sort à cette époque avec le producteur américain Robert Evans. En 1972, elle se sépare de son époux Harry Meyen. En 1974, elle tombe dans une grave dépression après le tournage éprouvant de L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski. Ressurgissent alors les vieux démons de l'alcool et des médicaments que le milieu artistique d'Harry Meyen lui a fait découvrir. Malgré la surveillance de son secrétaire Daniel Biasini, elle parvient à obtenir ses médicaments par l'intermédiaire de Marlene Dietrich, qui les lui fait passer en cachette entre les pages de quelques livres. De plus, elle fume jusqu'à trois paquets de Marlboro par jour, dégradant rapidement sa santé.

Le divorce houleux — Harry Meyen lui réclame la moitié de sa fortune pour qu'elle puisse conserver la garde de David — sera prononcé le 5 juillet 1975 à Berlin-Ouest en l'absence des deux intéressés. Le 18 décembre 1975, elle épouse Daniel Biasini. À la suite d'un accident de voiture au cours du passage du Nouvel An de 1976, elle perd un premier enfant né de cette union tandis que son mari est gravement blessé. Le 21 juillet 1977, elle accouche prématurément d'une fille, la future actrice Sarah Biasini, à Gassin, dans le Var. La césarienne l'a épuisée et elle reste une année entière auprès de son foyer puis reprend à nouveau le chemin des tournages. Ses rapports avec son mari se dégradent dès 1979 : Romy est souvent absente à cause de son métier et Daniel Biasini sort beaucoup la nuit. Elle part alors en vacances au Mexique, seule avec Sarah mais pendant son séjour, elle reçoit un télégramme le 15 avril 1979 lui annonçant que son ex-mari Harry Meyen a mis fin à ses jours à Hambourg ; très affectée, elle rentre d'Acapulco pour assister aux obsèques.

Après avoir demandé le divorce avec Daniel Biasini en février 1981, elle entame cette même année le tournage de La Passante du Sans-Souci qui doit être interrompu à plusieurs reprises : en avril, sous l'emprise de l'alcool et des calmants, elle part en cure à Quiberon. Sous l'objectif du photographe Robert Lebeck, elle se brise le pied gauche en sautant d'un rocher sur une plage. Le 23 mai, elle entre à l'hôpital de Neuilly où elle subit l'ablation de son rein droit pour une tumeur. Mais elle rencontre, par l'intermédiaire de Claude Berri, le producteur Laurent Pétin, célibataire, plus jeune qu'elle, avec lequel elle passera les derniers mois de sa vie. Laurent Pétin lui redonne confiance et la force d'achever le tournage de son dernier film.

Le 5 juillet 1981, David, son fils né en 1966 de son mariage avec Harry Meyen, passe le dimanche chez les parents de son ex-beau-père Daniel Biasini, à Saint-Germain-en-Laye. L'après-midi, vers 16h30, il rentre à la maison mais le portail, haut de deux mètres, est clos. Pour ne pas déranger ses grand-parents, il grimpe donc sur le mur pour l'escalader, comme il en avait l'habitude mais perd l'équilibre, tombe et s'empale sur les pointes de métal qui lui perforent les intestins. Il meurt le soir même à l'hôpital, à l'âge de quatorze ans. Des paparazzi, déguisés en infirmiers, pénètrent dans le service funéraire pour photographier David sur son lit de mort. Romy Schneider, anéantie, exprimera sa colère contre eux dans une interview à Michel Drucker, diffusée dans l'émission Champs Elysées en avril 1982 : « Que des journalistes se déguisent en infirmiers pour photographier un enfant mort… Où est la morale ? Où est le tact ? ».

Au matin du 29 mai 1982, Romy Schneider est retrouvée morte par son compagnon Laurent Pétin dans son appartement parisien situé 11, rue Barbet de Jouy dans le 7e arrondissement. La police retrouve sur son bureau une lettre inachevée, un mot d'excuse pour décommander une séance de photographie et d'interview, sa fille ayant la rougeole, avec une longue rature montrant qu'elle a dû s'effondrer soudainement en écrivant. Sur le bureau se trouvaient de l'alcool et des médicaments. Le magistrat Laurent Davenas préfère classer l'affaire sans autopsie pour, dit-il, « qu'elle garde son secret avec elle ». Quant à savoir si elle s'est réellement suicidée par barbituriques, s'il s'agit d'un abus accidentel de ces produits ou d'une mort naturelle, le journaliste Guillaume Évin affirmera qu'« elle ne s'est pas suicidée… mais est morte de ses excès ». Elle est mise en terre symboliquement avec une étoile de David autour du cou. Elle est inhumée le 2 juin 1982 au cimetière de Boissy-sans-Avoir, lieu de sa maison de campagne achetée depuis un mois, après le décès de David. Enterré le 7 juillet 1981 au cimetière de Saint-Germain-en-Laye, le corps de David est transféré dans le caveau de sa mère.

À celle dont il dit qu'elle est le plus grand amour de sa vie, Alain Delon écrit sur un bout de papier : « Tu n'as jamais été aussi belle. Tu vois, j'ai appris quelques mots d'allemand pour toi : Ich liebe dich, meine Liebe. » (« Je t'aime, mon amour »). Alain Delon n'est pas présent le jour de l'inhumation ayant préféré se recueillir quelques jours après dans une plus grande discrétion. La mère de Romy Schneider sera elle aussi absente ; elle mourra quatorze ans après sa fille. Le 22 février 2008, l'Académie des Césars lui décerne à titre posthume un prix du souvenir à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de sa naissance. Alain Delon monte sur scène pour le recevoir et demande une ovation en l'honneur de Romy. La carrière de Romy Schneider traduit deux orientations divergentes : la première est celle des années de jeunesse marquée par l'influence de sa mère Magda qui l'imposa comme la jeune héroïne allemande typique, fraîche et tumultueuse, dans des films pastoraux et romantiques (l'ère des Sissi). La seconde, plus sombre et complexe, prend un véritable tournant grâce à ses interprétations dans Le Procès d'Orson Welles et La Piscine de Jacques Deray. Cette période plus tardive est le fruit d'une collaboration, parfois compliquée, avec bon nombre de cinéastes exigeants tels qu'Alain Cavalier, Joseph Losey, Claude Sautet, Luchino Visconti, Andrzej Żuławski, Bertrand Tavernier ou encore Costa-Gavras. Elle remportera le tout premier César de la meilleure actrice en 1976 pour L'important c'est d'aimer d'Andrzej Żuławski et en obtint un autre en 1979 pour Une histoire simple de Claude Sautet.

Filmographie
 

  • 1953 : Lilas blancs (Wenn der weiße Flieder wieder blüht) de Hans Deppe : Evchen Forster
  • 1954 : Feu d'artifice (Feuerwerk) de Kurt Hoffmann : Anna Oberholzer
  • 1954 : Les Jeunes Années d'une reine (Mädchenjahre einer Königin) d'Ernst Marischka : Victoria
  • 1955 : Mon premier amour (Der letzte Mann) de Harald Braun : Niddy
  • 1955 : Mam'zelle Cri-Cri (Die Deutschmeister) d'Ernst Marischka : Stanzi Huebner
  • 1955 : Sissi (Sissi) d'Ernst Marischka : Elisabeth de Bavière, dite Sissi
  • 1956 : Kitty à la conquête du monde (Kitty und die große Welt) d'Alfred Weidenmann : Kitty Dupont
  • 1956 : Sissi impératrice (Sissi, die junge Kaiserin) d'Ernst Marischka : Sissi
  • 1957 : Monpti (Monpti) de Helmut Käutner : Anne-Claire
  • 1957 : Un petit coin de paradis (Robinson soll nicht sterben) de Josef von Báky : Maud Cantley
  • 1957 : Sissi face à son destin (Sissi, Schicksalsjahre einer Kaiserin) d'Ernst Marischka : Sissi
  • 1958 : Mademoiselle Scampolo (Scampolo) d'Alfred Weidenmann : Mademoiselle Scampolo
  • 1958 : Christine de Pierre Gaspard-Huit : Christine Weiring
  • 1958 : Jeunes filles en uniforme (Mädchen in Uniform) de Géza von Radványi (remake)
  • 1959 : Carnets intimes de jeune fille (Die Halbzarte) de Rolf Thiele : Nicole Dassau/Eva
  • 1959 : Katia de Robert Siodmak : Katia
  • 1959 : La Belle et l'empereur (Die schöne Lügnerin) d'Axel von Ambesser : Fanny Emmetsrieder
  • 1960 : Plein soleil de René Clément : l'amie de Freddy
  • 1960 : Mademoiselle Ange (Ein Engel auf Erden) de Géza von Radványi : Line/L'ange
  • 1961 : Lysistrata - (Die Sendung der Lysistrata) (TV) de Fritz Kortner
  • 1962 : Le Combat dans l'île d'Alain Cavalier : Anne
  • 1962 : Le Procès d'Orson Welles : Leni
  • 1962 : Boccace 70 (Boccaccio '70) de Luchino Visconti : Pupé (Il Lavoro)
  • 1963 : Les Vainqueurs (The Victors) de Carl Foreman
  • 1963 : Le Cardinal (The Cardinal) d'Otto Preminger : Annemarie von Hartman
  • 1964 : Prête-moi ton mari (Good Neighbor Sam) de David Swift : Janet Lagerlof
  • 1964 : L'Enfer de Henri-Georges Clouzot (inachevé)
  • 1964 : Romy, anatomie eines gesichts de Hans-Jürgen Syberberg - documentaire
  • 1965 : L'Amour à la mer de Guy Gilles : la vedette
  • 1965 : Paris brûle-t-il ? de René Clément - scènes coupées au montage -
  • 1965 : Quoi de neuf, Pussycat ? (What's New Pussycat?) de Clive Donner : Carole Werner
  • 1966 : Dix heures et demie du soir en été (10:30 P.M. Summer) de Jules Dassin : Claire
  • 1966 : La Voleuse de Jean Chapot : Julia Kreuz
  • 1966 : La Fantastique histoire vraie d'Eddie Chapman (Triple cross) de Terence Young : Comtesse
  • 1968 : Otley de Dick Clement : Imogen
  • 1968 : La Piscine de Jacques Deray : Marianne
  • 1970 : La Califfa d'Alberto Bevilacqua : La Califfa
  • 1970 : L'Inceste (My lover, my son) de John Newland : Francesca Anderson
  • 1970 : Les Choses de la vie de Claude Sautet : Hélène
  • 1970 : Qui ? de Léonard Keigel : Marina
  • 1971 : L'Assassinat de Trotsky (The Assassination of Trotsky) de Joseph Losey : Gita Samuels
  • 1971 : Max et les ferrailleurs de Claude Sautet : Lily
  • 1971 : Bloomfield (Bloomfield) de Richard Harris
  • 1972 : César et Rosalie de Claude Sautet : Rosalie
  • 1973 : Un amour de pluie de Jean-Claude Brialy : Elizabeth
  • 1973 : Le Train de Pierre Granier-Deferre : Anna
  • 1973 : Ludwig, le crépuscule des dieux (Ludwig) de Luchino Visconti : Elisabeth d'Autriche
  • 1974 : Le Trio infernal de Francis Girod : Philomena Schmidt
  • 1974 : L'important c'est d'aimer d'Andrzej Żuławski : Nadine Chevalier
  • 1974 : Le Mouton enragé de Michel Deville : Roberte Groult
  • 1975 : Le Vieux Fusil de Robert Enrico : Clara Dandieu
  • 1975 : Les Innocents aux mains sales de Claude Chabrol : Julie Wormser
  • 1976 : Mado de Claude Sautet : Hélène
  • 1976 : Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre : Margot Santorini
  • 1977 : Portrait de groupe avec dame (Gruppenbild mit Dame) d'Aleksandar Petrovic : Leni Gruyten
  • 1978 : Une histoire simple de Claude Sautet : Marie
  • 1979 : Liés par le sang (Bloodline) de Terence Young : Hélène Martin
  • 1979 : Clair de femme de Costa-Gavras : Lydia
  • 1979 : La Mort en direct de Bertrand Tavernier : Katherine Mortenhoe
  • 1980 : La Banquière de Francis Girod : Emma Eckhert
  • 1981 : Fantôme d'amour (Fantasma d'amore) de Dino Risi : Anna Brigatti
  • 1981 : Garde à vue de Claude Miller : Chantal Martinaud
  • 1982 : La Passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio : Elsa Wiener/Lina Baumstein
  • 2009 : L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea : documentaire sur le film L'Enfer, inachevé en 1964

 


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