Theda Bara, de son vrai nom Theodosia Burr Goodman, est une actrice américaine du cinéma muet, née le 29 juillet 1885 à Cincinnati, Ohio et décédée le 7 avril 1955 d'un cancer abdominal à Los Angeles, Californie (États-Unis).
Elle fut l'une des actrices les plus populaires de son temps et l'un des premiers sex-symbol de l'écran. Son répertoire de femme fatale lui valut le surnom de Vamp (mot provenant de vampire), qui deviendra bientôt un terme populaire pour désigner une femme prédatrice sexuelle. Son nom de scène fut rapidement connu comme étant l'anagramme d'Arab Death, bien que ce pseudonyme soit en réalité inspiré du nom patronymique de sa mère, Barranger. Theda Bara est également considérée comme le premier archétype gothique, bien avant Vampira.
Fille d'un tailleur d'origine juive né en Pologne, Bernard Goodman (1853-1936) et de sa femme Pauline Louise de Copett (1861-1957), née en Suisse et d'origine juive également. Le couple aura deux autres enfants, Marque (1888–1954) et Lori Bara (née Esther : 1897–1965) qui deviendra à son tour actrice. Elle s'intéresse très jeune au théâtre, et dès que ses études à la Walnut Hills High School (1903) sont achevées, elle teint ses cheveux blonds en noir, et se lance à la poursuite de son rêve. Elle arrive à New York en 1908. Elle décrochera cette même année un rôle à Broadway dans The Devil. Elle décroche son premier rôle au cinéma en 1914 dans le film The Stain, sous le nom de Theodosia Goodman. Ce rôle, bien que très mineur, lui ouvre les portes de l'empire cinématographique naissant, et lui permet d'obtenir l'année suivante le rôle principal du « vampire » dans A fool there was. Les profits de ce film furent si importants qu'ils permirent à William Fox, le réalisateur du film, de fonder la Fox Film Corporation, alors que les succès suivant aidèrent à assoir la renommée du studio. Ce jour naquirent la vamp, et le personnage de Theda Bara.
Son studio mit en œuvre une importante campagne autour de son image. Elle était réputée posséder des pouvoirs surnaturels, était toujours parée de voiles et de nombreux bijoux et se faisait volontiers photographier avec des crânes et des serpents. La Fox lui louera même une suite dans un hôtel particulier dont l'intérieur, créé pour recevoir la presse, ressemblait à une chambre de sultane. Le public est fasciné et à chacun de ses films le succès est au rendez-vous. Elle tourne par la suite d'autres films pour les studios Fox Film Corporation, six films pour l'année 1915 dont The Kreutzer Sonata et Carmen, huit films l'année suivante, tous très rentables. L'année 1917 est celle de son plus grand succès, Cléopâtre, rapidement suivi par The Rose of Blood. En 1918 elle écrit le script et se réserve le rôle de la prêtresse de The soul of Buddha. Alors au sommet de sa gloire, Theda recevait 4 000 $ par semaine de tournage, et n'était dépassée en popularité que par des acteurs tels Charlie Chaplin ou Mary Pickford.
En 1919 après sept films dont le dernier est The Lure of Ambition, elle ne renouvelle pas son contrat avec la Fox, son rôle de Vamp devenant pesant, mais elle ne retrouve jamais le succès malgré quelques tentatives dont la dernière est Madame Mystery en 1926, qui est une parodie de son personnage. Un film biographique est envisagé dans les années cinquante, mais rien de concret n'est produit. Lors de l'incendie de son studio, une grande partie de ses films sont détruits. Il n'en reste aujourd'hui que six copies complètes, sur plus d'une quarantaine.
Theda Bara est souvent citée comme le premier sex-symbol de l'époque, apparaissant dans de nombreux films avec des costumes transparents qui laissent peu de place à l'imagination. Ce genre de costumes sera banni des films hollywoodiens après l'arrivée du Code Hays en 1930 qui sera renforcé en 1934. Personnage entièrement créé par son studio, Theda Bara étant présentée comme étant née au Sahara d'une actrice française, Theda de Lyse, et d'un sculpteur italien, Guiseppe Bara. Elle était encouragée à parler d'occultisme et de mysticisme, et fut surnommée Le Serpent du Nil. Indépendamment de cette image de femme fatale, Bara était décrite par ses proches comme douce et vertueuse. À son grand désarroi elle ne réussit jamais à se détacher de cette image de Vamp et toutes les tentatvives pour élargir ses rôles se soldèrent par des échecs.
Elle se maria en 1921 au réalisateur Charles Brabin, et resta avec lui jusqu'à son décès. Elle voulut par la suite retourner sur scène, mais son époux s'opposa à une nouvelle carrière. Elle passa le reste de sa vie entre New York et Hollywood, avant de décéder d'un cancer de l'estomac, en 1955.
Filmographie
- 1914 : The Stain, de Frank Powell
- 1915 : Siren of Hell, de Raoul Walsh
- 1915 : Embrasse-moi, idiot (A Fool There Was), de Frank Powell
- 1915 : The Kreutzer Sonata, de Herbert Brenon
- 1915 : The Clemenceau Case, de Herbert Brenon
- 1915 : The Devil's Daughter, de Frank Powell
- 1915 : The Two Orphans, de Herbert Brenon
- 1915 : Lady Audley's Secret, de Marshall Farnum
- 1915 : Sin, de Herbert Brenon
- 1915 : Carmen, de Raoul Walsh
- 1915 : The Galley Slave, de J. Gordon Edwards
- 1915 : Destruction, de Will S. Davis
- 1916 : The Serpent, de Raoul Walsh
- 1916 : Gold and the Woman, de James Vincent
- 1916 : The Eternal Sappho, de Bertram Bracken
- 1916 : East Lynne, de Bertram Bracken
- 1916 : Under Two Flags, de J. Gordon Edwards
- 1916 : Her Double Life, de J. Gordon Edwards
- 1916 : Roméo & Juliette (Romeo and Juliet), de J. Gordon Edwards
- 1916 : The Vixen, de J. Gordon Edwards
- 1917 : The Rose of Blood, de J. Gordon Edwards
- 1917 : The Darling of Paris, de J. Gordon Edwards
- 1917 : The Tiger Woman, de George Bellamy et J. Gordon Edwards
- 1917 : Her Greatest Love, de J. Gordon Edwards
- 1917 : Heart and Soul, de J. Gordon Edwards
- 1917 : Camille, de J. Gordon Edwards
- 1917 : Cléopâtre (Cleopatra), de J. Gordon Edwards
- 1917 : Madame du Barry, de J. Gordon Edwards
- 1918 : When a Woman Sins, de J. Gordon Edwards
- 1918 : Under the Yoke, de J. Gordon Edwards
- 1918 : The She Devil, de J. Gordon Edwards
- 1918 : The Forbidden Path, de J. Gordon Edwards
- 1918 : The Soul of Buddha, de J. Gordon Edwards
- 1918 : Salomé (Salome), de J. Gordon Edwards
- 1919 : The Siren's Song, de J. Gordon Edwards
- 1919 : The Lure of Ambition, d'Edmund Lawrence
- 1919 : The Light, de J. Gordon Edwards
- 1919 : When Men Desire, de J. Gordon Edwards
- 1919 : A Woman There Was, de J. Gordon Edwards
- 1919 : Kathleen Mavourneen, de Charles Brabin
- 1919 : La Belle Russe, de Charles Brabin
- 1921 : The Prince of Silence
- 1925 : The Unchastened Woman, de James Young
- 1926 : Madame Mystery, de Richard Wallace et Stan Laurel