Michel Rocard est un homme politique français. Il est né le 23 août 1930 à Courbevoie. Militant socialiste depuis 1949, il est le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) à l'élection présidentielle de 1969, après quoi il rejoint le Parti socialiste (PS) en 1974. Premier ministre de 1988 à 1991 sous la présidence de François Mitterrand, il est député (PSE) au Parlement européen de 1994 à 2009.
Entré en 1947 à l'Institut d'études politiques de Paris, Michel Rocard adhère en 1949 aux Jeunesses socialistes. Entre 1953 et 1955, il est responsable des étudiants socialistes. Il entre à l’ENA en 1955. Alors que se déclare la guerre d'Algérie, il rejoint les socialistes en rupture avec Guy Mollet à propos de la politique algérienne. Il adhère au Parti socialiste autonome (PSA) dès sa création par Édouard Depreux et Alain Savary. En 1960, il participe à la fondation du Parti socialiste unifié, fusion du PSA et de l’UGS (Chrétiens de gauche) et qui rassemble aussi d’anciens communistes. (Pierre Mendès France y adhère en 1961).
Michel Rocard est nommé Inspecteur des Finances en 1958 puis secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation en 1965. Remarqué lors du congrès de Grenoble en 1966, il devient secrétaire général du PSU en 1967. Depuis 1953, Michel Rocard avait pris le pseudonyme de Georges Servet et c’est sous ce nom qu’il était connu au PSU avant 1967. En Mai 68, il joue un certain rôle car l’UNEF, le principal syndicat étudiant de l’époque, était contrôlé par les étudiants du PSU dont faisait notamment partie Jacques Sauvageot, dirigeant de l’UNEF.
Il se présente à l’élection présidentielle de 1969, où il recueille un score de 3,61 % des suffrages exprimés, - le meilleur score obtenu par le PSU depuis sa création -, le candidat socialiste Gaston Deferre, allié à Pierre Mendès France, n’obtenant que 5%. Il se présente aux législatives dans la quatrième circonscription des Yvelines en 1969 et bat le premier ministre sortant Maurice Couve de Murville. Il perdra ce siège en 1973. Il soutient la campagne présidentielle de François Mitterrand en avril-mai 1974, mais en octobre, lorsqu’il propose au PSU de rejoindre le PS, il est mis en minorité (40 %), quitte le PSU et participe aux Assises pour le Socialisme (12-13 octobre 1974) qui préparent l’entrée au PS des minoritaires du PSU et de certains militants proches de la CFDT comme Jacques Chérèque. Son entrée au Parti socialiste date de décembre 1974. Il devient membre du bureau exécutif en février 1975 et secrétaire national chargé du secteur public. Il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977, à la tête d’une liste d’union de la Gauche. Il deviendra député de la circonscription de Conflans aux législatives de 1978. Le 19 octobre 1980, il annonce sa candidature à la candidature pour les présidentielles de 1981, mais retire sa candidature le 8 novembre lorsque François Mitterrand annonce la sienne. L’antagonisme qui couvait entre les deux hommes depuis au moins 1977 perdurera jusqu'à la mort de Mitterrand en 1996.
En 1997, à l’occasion de la victoire de la gauche, Michel Rocard avait été pressenti par le président Chirac pour être nommé au Quai d’Orsay, du fait de sa bonne connaissance des chefs d’Etat d’Afrique francophone, notamment le président Omar Bongo. La fin des années 1970 marque l’avènement du rocardisme, un courant au sein du Parti socialiste qui affiche une tendance décentralisatrice (congrès de Nantes, 77), puis ouvertement hostile aux nationalisations intégrales (à 100%) préparées par les mitterrandistes (Congrès de Metz, 1979). Michel Rocard, dont la cote a toujours été élevée dans les sondages, devient ainsi une figure incontournable du paysage politique français. En s’opposant aux « nationalisations à outrance » et en acceptant l’économie de marché, le rocardisme se retrouve à l’opposé des positions défendues par le parti communiste dans les négociations du Programme commun. Les rocardiens se réclament souvent de la pensée de Pierre Mendès France lorsqu’ils prônent une politique économique « réaliste ».
Maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1977 à 1993, il devient ministre d'État, chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire, dans le gouvernement Mauroy du 25 mai 1981, puis ministre de l’Agriculture le 22 mars 1983. Il conserve cette fonction dans le gouvernement de Laurent Fabius. Opposé à l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, il démissionne de son poste le 4 avril 1985. - Il est nommé Premier ministre, le 12 mai 1988, au début du second septennat de François Mitterrand. Les résultats des élections législatives entraînent la formation d’un second gouvernement Rocard le 26 juin 1988. Ce même jour, Michel Rocard fait signer les Accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et mettant fin aux violences sur l’île. Cette action, souvent qualifiée de miraculeuse, pour la pacification de la Nouvelle-Calédonie est, selon lui, ce qu’il a fait de mieux en matière de gouvernement mais c’est aussi l’action pour laquelle il dit avoir subi les pires attaques (« haute trahison de la République », « digne de la cour martiale »).
Il instaure également le Revenu minimum d’insertion le 12 octobre 1988, qui constitue l’un des rares projets de loi votés à l'Assemblée sans une seule voix d’opposition. Il fait également adopter par l’assemblée (19 novembre 1990) la loi sur la CSG, nouveau prélèvement sur tous les revenus pour faire baisser le déficit de la sécurité sociale. François Mitterrand avec qui sa mésentente est alors de notoriété publique (on a même parlé d’une cohabitation) lui demande de démissionner de sa fonction de Premier ministre le 15 mai 1991. En mars 1993, il est battu dans sa circonscription des Yvelines par Pierre Cardo (UDF), maire de Chanteloup-les-Vignes. Il devient Premier secrétaire du Parti socialiste en 1993 après la déroute socialiste aux élections législatives. Il remanie profondément les institutions dirigeantes du Parti et devient le premier Premier Secrétaire du PS élu par les délégués au congrès national. Il choisit d’être tête de liste aux élections européennes de juin 1994. Il doit subir la concurrence la liste radicale de Bernard Tapie, dont on a pu dire qu’elle était téléguidée par François Mitterrand. A la suite du mauvais score de sa liste (14%), une coalition Emmanuelli-Fabius le met en minorité au Conseil National et il doit démissionner de son poste de Premier Secrétaire, remplacé par Henri Emmanuelli qui convoque un congrès dans l’urgence à Liévin. Michel Rocard est élu sénateur en 1995.
Il démissionne de ce mandat en 1997, car Lionel Jospin lui a demandé de choisir entre le sénat et le parlement européen, où il siège depuis 1994, et où il s’illustre par son opposition aux brevets logiciels dans l’Union européenne de 2003 à 2005. Il occupa plusieurs fonctions au parlement européen en présidant les commissions de la coopération et du développement (1997-1999), puis des affaires sociales et de l'emploi (1999-2002) et enfin de la culture (2002-2004) (discours). En 2005, il conduit la délégation d’observateurs européens pour assurer le bon déroulement de l’élection présidentielle en Palestine. Au lendemain de la victoire du non au référendum européen du 29 mai 2005, alors que le parti socialiste est en crise, M. Rocard marque, à travers plusieurs entretiens, son opposition à Laurent Fabius et aux courants «extrême-gauchisants » du PS et de l’extrême-gauche en général, en fustigeant notamment le « Nouveau Parti Socialiste » d’Arnaud Montebourg et le courant altermondialiste ATTAC (sanctuaire de la « bêtise » selon l’ancien premier-ministre). Il marque pourtant sa curiosité pour le courant « Utopia » qui n’obtiendra pas 4% des voix au congrès du Mans (novembre 2005). Michel Rocard fut membre de l'International Advisory Board du Council on Foreign Relations de 1999 à 2004. Il est, avec Dominique Strauss-Kahn, co-fondateur de l'association À gauche en Europe