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Juan Carlos Ier d'Espagne

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Le roi Juan Carlos Ier (Juan Carlos Alfonso Víctor María de Borbón y Borbón-Dos Sicilias), né le 5 janvier 1938 à Rome (Italie), est l'actuel roi d'Espagne. Il est le fils de Juan de Borbón, comte de Barcelone, et de son épouse, María de las Mercedes de Borbón-Dos Sicilias. Descendant direct de Louis XIV de France, il a accédé au trône le 22 novembre 1975. 

Juan Carlos Ier d'Espagne

Juan Carlos naît à Rome en 1938, où sa famille vit en exil. Son grand-père n'est autre qu'Alphonse XIII, écarté du pouvoir par la deuxieme république puis par l'avènement au pouvoir de Francisco Franco. Celui-ci nommera Juan Carlos comme futur roi à condition qu'il soit envoyé dans des écoles militaires réputées. Le jour du Jeudi saint 1956, il tue accidentellement son frère cadet Alfonso d'un coup de pistolet, dans la résidence de ses parents à Estoril, au Portugal.

Le pistolet avait été offert quelques semaines auparavant par Franco. Pendant la dictature en 1961, Franco crée le titre de prince d'Espagne (plutôt que prince des Asturies) pour Juan Carlos. Il occupe le palais de la Zarzuela puis épouse la princesse Sofía de Grèce. Il est nommé capitaine des forces armées dès 1975 avant d'être couronné au lendemain de la mort de Franco (mais il ne prendra ses fonctions que le jour suivant). Il s'applique alors à démocratiser le système espagnol et apporte une certaine modernité à son pays. Il parvient également à unifier l'armée et les différentes régions d'Espagne, soutenant Felipe González. Durant les périodes de maladie de Franco en 1974 et 1975, Juan Carlos est nommé chef de l'État par intérim. Proche de la mort, Franco avoua le 30 octobre 1975 qu'il était trop malade pour gouverner, mais ce ne sera que deux jours après la mort du dictateur, survenue le 20 novembre 1975, que Juan Carlos sera proclamé roi d'Espagne.

Or, Juan Carlos promulgue rapidement des réformes démocratiques, au grand dam des éléments conservateurs, notamment les forces armées, qui s'attendaient à ce qu'il maintînt l'État franquiste (mais ce sur quoi Franco lui-même ne nourrissait aucune illusion, se considérant comme une sorte de régent à l'instar de l'amiral Horthy en Hongrie). Juan Carlos nomme Adolfo Suárez, ancien chef du Mouvement national, au poste du président du gouvernement. La pièce maîtresse des réformes démocratiques est la Loi pour la réforme politique (Ley para la Reforma Política) présentée par le gouvernement Suárez, adoptée par le Parlement le 18 novembre 1976 et par le peuple espagnol lors du référendum du 15 décembre 1976 (94,2 % de oui). Cette loi, de rang constitutionnel (« loi fondamentale », selon la terminologie franquiste), crée les bases juridiques nécessaires à la réforme des institutions franquistes depuis l'intérieur et permet que se déroulent le 15 juin 1977 les premières élections démocratiques depuis l'instauration de la dictature. Le Congrès des députés (Congreso de los Diputados) et le Sénat (Senado) issus de ces élections seront chargés d'élaborer, notamment, la nouvelle Constitution démocratique que le roi approuvera au cours d'une session conjointe des deux Chambres le 27 décembre 1978.

En 1977, le père du roi, Juan de Borbón, avait formellement renoncé à ses prétentions au trône ; Juan Carlos le remerciera en confirmant le titre de comte de Barcelone, titre suzerain appartenant à la couronne espagnole, que Juan de Borbón s'était donné pendant son exil. La nouvelle Constitution de 1978 stipulera que Juan Carlos est l'« héritier légitime de la dynastie historique ». Une tentative de coup d'État militaire surprend le Congrès des députés le 23 février 1981. Des officiers, avec à leur tête le lieutenant-colonel Tejero, tirent des coups de feu dans la Chambre parlementaire durant une session retransmise en direct à la télévision. On craint alors la déroute du processus démocratique, jusqu'à ce que le roi étonne la nation par une allocution télévisée exigeant que l'armée apporte son soutien inconditionnel au gouvernement démocratique légitime. Le roi avait auparavant appelé plusieurs chefs de l'armée pour leur ordonner en tant que commandant en chef de défendre la démocratie.

Lors de sa prestation de serment devant les Cortes Generales (le Parlement), un chef communiste, Santiago Carrillo, lui avait donné le sobriquet « Juan Carlos le Bref », prédisant qu'il se trouverait rapidement écarté avec les autres restes du fascisme. Après l'échec du coup d'État du 23 février 1981, ce même homme politique, ému, dira aux médias : Dieu protège le Roi ! Si les démocrates et les partis de gauche s'étaient jusque là montrés réservés, après l'échec du coup d'État leur soutien deviendra inconditionnel, un ancien chef de la IIe République déclarera : « Nous sommes tous des monarchistes maintenant ». Néanmoins, une expression courante dit que les Espagnols ne sont pas des monarchistes, mais des « juancarlistes ».

Plus tard, une tentative d'assassinat par des membres du groupe terroriste basque ETA avortera à Majorque, lieu de villégiature de la famille royale. Aujourd'hui, le roi règne en tant que monarque constitutionnel, sans exercer de réel pouvoir sur la politique du pays. Il est considéré comme un symbole essentiel de l'unité du pays, et ses interventions et points de vue sont écoutés respectueusement par des politiciens de tous les côtés. Son discours annuel la veille de Noël est diffusé par la plupart des chaînes de télévision espagnoles. Étant le chef suprême des forces armées espagnoles, son anniversaire est une fête militaire. D'après la Constitution, il est également commandant en chef des forces armées.

Anciens titres portés par les Rois d'Espagne : roi d'Espagne, de Castille, de Léon, d'Aragon, des Deux-Siciles, de Jérusalem, de Navarre, de Grenade, de Tolède, de Valence, de Galice, de Sardaigne, de Cordoue, de Corse, de Murcie, de Jaen, d'Algésiras, des îles Canaries, des Indes orientales et occidentales espagnoles, des Îles et de la Terre Ferme de la Mer Océane, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Milan, d'Athènes, de Neopatras, comte de Habsbourg, de Flandres, de Strasbourg, de Tyrol, de Roussillon, de Barcelone, seigneur de Biscaye et de Molina. Ordres dynastiques : grand maître de l’ordre de la Toison d'or, de l’ordre de Charles III, de l’ordre d’Isabelle la Catholique, de l’ordre de Saint-Hermenégilde, de l’ordre de Saint-Ferdinand, de l’ordre de Montesa, de l’ordre d’Alcantara, de l’ordre de Calatrava, de l’ordre de Saint-Jacques et de l’ordre de Marie-Louise.

Pour les légitimismes français, il est « petit-fils de France » en tant que fils de Jean de Bourbon, comte de Barcelone, fils cadet d'« Alphonse Ier » et frère d'« Henri VI ». Selon cette théorie, il occupe la 3e place dans l'ordre de succession derrière le « duc de Berry », Alphonse de Bourbon, et devant son fils, Felipe de Borbón, considéré comme premier prince du sang. Le roi n'est pas couronné mais prête serment devant les Cortes Generales (le Parlement). « Arbitre et modérateur du bon fonctionnement des institutions », le roi ne nomme le président du gouvernement qu’après avoir consulté le président du Congrès des députés et les chefs des différents partis, il ne préside plus le conseil des ministres mais doit être tenu au courant des affaires de l'État. Il est aussi le chef suprême des armées.

Le roi est le chef de l'État et le président du gouvernement est le chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement tandis que le pouvoir législatif est dévolu au parlement. Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux premiers. Le roi ouvre également les nouvelles législatures des Cortes Generales et des parlements autonomes, il est le plus haut représentant du pays dans les relations internationales. Le roi est le chef de l'État, symbole de son unité et de sa pérennité ; il est l'arbitre et le modérateur du fonctionnement régulier des institutions. L'Espagne a été un pays sans Constitution de 1936 à 1978. Après la prise du pouvoir, le général Franco légiférait à coups de Fuero de los españoles, de lois organiques et de lois de succession. Point d'orgue de l'idéal consensuel de la transition, l'élaboration du texte constitutionnel repose sur un esprit de tolérance prôné conjointement par le parti au pouvoir et les formations de l'opposition. Celles-ci — PSOE et PCE notamment — acceptent la voie ouverte par la « loi de réforme politique » et finissent par conserver le seul héritage qui leur paraît acceptable : le système monarchique, signe que le seul dilemme d'actualité se réduit désormais à l'alternative entre monarchie parlementaire et monarchie absolue, et non plus, comme en 1931, à l'alternative république-monarchie.

Le 25 juillet 1977, la nomination de la Commission des affaires constitutionnelles et les libertés publiques, présidée par le centriste Emilio Atard ouvre la période constituante. De cette première émane un groupe de sept personnalités qui constituent la Ponencia Constitucional : Manuel Fraga Iribarne, Gabriel Cisneros Laborda, Miguel Herrero, Gregorio Peces Barba, José Pedro Pérez Llorca, Miquel Roca et Jordi Solé Tura. Après quatre mois de travail, les « Pères de la Constitution » achèvent la rédaction de l'avant-projet qui sera modifié par près de 2000 amendements présentés par les députés et les sénateurs. Enfin, le 31 juillet 1978, le texte est adopté par les parlementaires. Au Congrès des Députés, l'approbation est écrasante : 94,2 % sont favorables au « oui » (UCD, PSOE, PCE et la plupart des députés d' Alliance populaire — dont Manuel Fraga Iribarne et une partie du groupe mixte). Au Sénat, les résultats sont identiques : 94,5 % de « oui ». Le corps électoral apparaît cependant un peu moins motivé que ne l'est la classe politique, un tiers des électeurs ne prenant pas part au référendum du 6 décembre. Près de 88 % se prononcent en faveur du texte. Finalement le 27 décembre 1978, le roi d'Espagne se présente devant le Parlement — députés et sénateurs réunis — pour ratifier la Constitution.


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