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Succession de Juan Carlos : « Les monarchies n'ont plus aucun sens en Europe »

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Surpris, certes, par l'annonce de l'abdication du roi ce matin, les Madrilènes semblent cependant s'être rapidement faits à l'idée. Trafic dense, rues pleines de badauds, la capitale vit une journée comme une autre. Et dans les bars autour de la Puerta del Sol, le mot qui revient le plus souvent est « normal ». « Il a un certain âge. C'était à prévoir, affirme Bernardo Vazquez, ancien militaire dans la marine de 60 ans, devant un verre de vermouth. Cela me fait de la peine, car il a été un grand ambassadeur de l'Espagne, un grand patriote qui a fait beaucoup pour le pays, mais le prince est bien préparé pour assurer la relève. »

 

Le roi Juan Carlos et son fils, Felipe, le 22 mai 2004

Le roi Juan Carlos et son fils, Felipe, le 22 mai 2004

La grande télévision accrochée au mur de cette marisquería (restaurant de fruits de mer) de la place Celenque est éteinte, et les clients ne sont pas franchement emballés à l'idée de voir l'intervention de Juan Carlos, dans quelques minutes. « La vie continue. Rien ne va se passer de spécial ici. Même si personnellement, je voudrais que son fils abdique aussi, affirme Pilar, 56 ans, employée du Corté Ingles, qui a appris la nouvelle à la radio. Les monarchies n'ont plus aucun sens en Europe. »

A ses côtés, Manuela, 63 ans, retraitée, est plus modérée. « Le rôle du roi a été fondamental dans la transiton démocratique. Il a été un médiateur indispensable lors de la tentative de coup d'Etat du 23-F (23 février 1981), et je lui en sais gré. Mais aujourd'hui c'est bien qu'il s'en aille. Il a vieilli... Ensuite, je me moque bien que l'Espagne soit une monarchie ou une République. » Bernardo Vazquez n'est pas de cet avis : « Le pays sait ce qui est le mieux pour lui. Toutes les Républiques ont mal fini en Espagne... »

LE ROI « N'A PAS FAIT GRAND CHOSE DEPUIS LE 23-F »

Dans le bar adjacent, de la chaîne Cañas y tapas, la télévision émet des vidéos musicales. Le sujet n'accapare pas non plus les conversations. Julio Perez, ancien employé de banque de 69 ans à la retraite, « n'a pas encore digéré la nouvelle », mais il considère que le roi « n'a pas fait grand chose depuis le 23-F » et souhaite lui aussi une République, même s'il ne descendra pas dans la rue pour l'exiger.
Au contraire, Almudena, 51 ans et sa mère, Concha, 77 ans, considèrent l'abdication du roi comme quelque chose de « naturel, normal » qui ne remet pas en cause l'institution. « Il a beaucoup travaillé pour l'Espagne », ajoute Concha. Il est 13 heures. La télévision retransmet le discours télévisé du roi dans l'indifférence. Mais quand l'hymne national retentit dans le bar, tous les visages se tournent vers l'écran.

Le roi commence à expliquer les raisons de sa décision. « Aujourd'hui, une génération plus jeune, avec de nouvelles énergies, décidée à entreprendre avec détermination les transformations et les réformes que la conjoncture actuelle demande et à affronter les défis de demain, mérite de passer au premier plan, explique le Monarque, tandis que déjà, les discussions reprennent. Mon fils Felipe, héritier de la couronne, incarne la stabilité. (…) Le prince des Asturies a la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires pour assumer avec toutes les garanties la fonction de chef de l'Etat. » Le son n'était pas bon. On regardera sur Internet, explique Jonathan Gomez, 29 ans, étudiant en doctorat de philologie espagnole à la Complutense.

« LA MONARCHIE EST ANACHRONIQUE »

« Je n'ai rien contre le roi, mais je ne vois pas pourquoi son fils, qui n'a rien fait pour le pays, qui n'a pas été élu, devrait lui succéder, réagit, plus virulent, Alberto, 42 ans et au chômage. Cette abdication doit servir pour provoquer un débat. Ce n'est pas possible que le sujet de la République reste tabou. Et j'espère que cela va être débattu, avec les nouveaux partis qui ont surgi, comme Podemos ou Equo. Mais le roi a bien choisi son moment : il sait qu'au Parlement, il a encore une majorité à sa faveur... »

« Le prince n'a qu'à se présenter à des élections pour être président de la République, renchérit Jonathan. La monarchie est anachronique et ne sert qu'à maintenir une famille qui en plus nous vole », ajoute-t-il, rappelant le scandale de corruption qui frappe le genre du roi, Iñaki Urdangarin.
Sur Internet, un appel à manifester en faveur d'un référendum pour la République, à 20 heures, dans toutes les principales places des villes d'Espagne, a été lancé.


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