International – Les forces armées ukrainiennes sont en "état d'alerte total" pour le combat face à la menace d'une intervention russe, a déclaré mercredi 30 avril le président ukrainien par intérim. "Notre objectif numéro un est d'empêcher le terrorisme de s'étendre des régions de Donetsk et de Lougansk à d'autres régions", a déclaré Olexandre Tourtchinov lors d'une rencontre avec les gouverneurs des régions. Il a dit craindre des "actes de sabotages" de la part de la Russie.
"Il y a des tentatives de déstabiliser la situation à Kharkiv (est), Odessa (sud), Dnipropetrovsk (est), Zaporijjia (sud-est), Kherson et Mykolaïev (sud)", a-t-il souligné. Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont de leur côté affirmé mercredi avoir "découvert" un groupe de saboteurs qui préparaient un attentat pour la fête de la victoire le 9 mai. "Les criminels se préparaient à commettre un attentat à l'explosif au moment où les anciens combattants déposeront des fleurs au monument de la Deuxième guerre mondiale" à Mykolaïev, a indiqué le SBU dans un communiqué.
Le président ukrainien par intérim a par ailleurs indiqué que des "milices territoriales composées de volontaires" seraient créées "dans chaque région" ukrainienne. La veille, il avait dénoncé "l'inaction" voire "la trahison" des policiers dans les régions de l'Est où des insurgés ont pris d'assaut des administrations publiques dans une douzaine de ville pratiquement sans rencontrer de résistance de la part des forces de l'ordre.
La rébellion séparatiste pro-russe conforte ses positions dans l'Est de l'Ukraine mercredi, sur fond d'espoir de proche libération des observateurs de l'OSCE détenus par les rebelles et de nouvelles salves d'accusations entre Russie et États-Unis.
Une douzaine de villes sous contrôle
Les séparatistes contrôlent actuellement des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes et ont réalisé un coup d'éclat mardi en s'emparant de la plupart des bâtiments officiels de Lougansk, chef-lieu régional d'environ un demi-million d'habitants. Appuyés par une trentaine d'hommes armés de kalachnikovs et de lance-roquettes, les militants pro-russes ont notamment saisi le siège régional de la police. Assiégés pendant plusieurs heures, les policiers ukrainiens leur ont finalement abandonné en soirée leur QG et leurs armes. La mairie de la ville de Gorlivka a également été occupée mercredi matin par des militants pro-russes.
La capitale reste dans l'ensemble calme, mais une bagarre a opposé tard mardi deux groupes d'activistes sur le Maïdan, toujours hérissé de barricades suite au mouvement pro-européen qui a provoqué la chute du régime de Viktor Ianoukovitch en février.
Négociations pour les observateurs de l'OSCE
Vladimir Poutine a déclaré mardi soir espérer la libération prochaine des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), retenus depuis vendredi par des rebelles pro-russes à Slaviansk, bastion rebelle de l'Est ukrainien. "J'espère que ce conflit sera résolu et qu'ils seront capables de quitter librement le territoire", a déclaré Vladimir Poutine, alors que le leader séparatiste local qui les retient, Viatcheslav Ponomarev, avait fait état mardi de "progrès significatifs" dans les négociations en cours avec l'OSCE.
Les rebelles avaient fait remettre ces derniers jours à Kiev une liste de 5 ou 6 personnes détenues par les autorités ukrainiennes qu'ils souhaitent échanger contre les observateurs OSCE - sept étrangers et quatre Ukrainiens. De son côté, le secrétaire général de l'Organisation, Lamberto Zannier, a rencontré mardi à Kiev les autorités ukrainiennes.
Rejet des sanctions
Le président russe Vladimir Poutine est sorti de son silence mardi soir pour avertir que les nouvelles sanctions infligées à son pays par l'Amérique et l'Europe pourraient affecter les entreprises énergétiques occidentales. "Si cela continue, nous allons bien entendu devoir repenser la manière de travailler (des sociétés étrangères) dans la Fédération russe, notamment dans des secteurs clefs de l'économie russe comme l'énergie", a-t-il déclaré, démentant une nouvelle fois toute implication de militaires russes dans les troubles en Ukraine.
Il a évoqué mardi le retour au "Rideau de Fer" et de possibles conséquences pour les cosmonautes américains embarqués à bord de la Station spatiale internationale (ISS).
Les pays de l'Union européenne envisagent de durcir de nouveau les sanctions contre la Russie en rapport avec la crise en Ukraine, mais divergent sur le bien-fondé de viser l'entourage du président Poutine. Les discussions se déroulent notamment au niveau des ambassadeurs des 28 à Bruxelles, qui devaient se réunir mercredi après-midi sur le sujet. L'UE a déjà ajouté lundi quinze noms de responsables russes et ukrainiens pro-russes sur la liste des personnes sanctionnées.