Boris Vildé, né le 25 juin (8 juillet) 1908 à Saint-Pétersbourg de parents russes, fusillé le 23 février 1942 au fort du Mont-Valérien, a été linguiste et ethnologue au Musée de
l'Homme, à Paris (France), spécialiste des civilisations arctiques. Dès le mois d'août 1940 à Paris, il fonde et dirige avec Paul Hauet l'un des premiers mouvements de Résistance, qui se désigne comme « Comité National de Salut public » et sera
ensuite connu sous le nom de Réseau du Musée de l'Homme. Il est arrêté peu après, en mars 1941, avec
son adjoint Anatole Lewitsky et plusieurs membres du réseau. Ils seront emprisonnés puis fusillés en février 1942.
Né le 25 juin (8 juillet) à Saint-Pétersbourg, de mère et de père russes et de religion orthodoxe. Après la mort prématurée de son père en 1913, Boris a passé son enfance, jusqu'en 1919, dans la
maison de ses grands-parents maternels, dans le village de Yastrebino (situé près de Bécéda, à 120 km de Saint-Pétersbourg, district de Volossovo).
En 1919, la famille s'est réfugiée à Tartu en Estonie (Maria Vassilievna Vildé-Goloubeva mère de Boris et de Raïssa sa sœur, ainsi que Michel Goloubev, frère de Maria Vassilievna) . Né en Russie
de parents russes, ayant des grands-parents maternels russes, il n’existe aucune preuve d’une éventuelle naturalisation estonienne de Boris Vildé, même si sa présence pendant plus de dix ans en
Estonie pouvait le laisser penser. Une supposée parenté a parfois été évoquée avec l'écrivain estonien Eduard Vilde (né en 1865, mort en 1933 à Tallinn). Cette supposition s’est fondée, outre
l’homonymie, sur le fait que Boris Vildé a traduit en français une nouvelle de cet écrivain : « Casanova fait ses adieux »
Au printemps 1926, il termine ses études secondaires au lycée russe de Tartu. Il étudie ensuite à l'université de cette ville. Il fréquente la bohème littéraire locale et écrit des poèmes en
russe. Il tente de passer en Union soviétique en traversant le lac Peipous, mais sans succès. Très pauvre, il vit de travaux de fortune. Il travaille l'été dans une scierie6. En 1929, il est
compositeur typographe dans une imprimerie de Tartu. Selon plusieurs auteurs, il aurait participé à un mouvement séparatiste en Livonie et, pour cette raison, aurait été emprisonné durant une
courte période puis exclu de l'Université. De 1930 à 1932, il passe en Lettonie puis rejoint l'Allemagne. Il y apprend la langue allemande, vit pauvrement à Berlin en faisant des traductions et
occupe divers emplois. Il trouve temporairement un emploi de lecteur à l'université de Iéna et participe à la lutte contre la montée du fascisme, ce qui lui vaut un court emprisonnement. À
Berlin, rencontre André Gide venu donner une conférence. Celui-ci lui conseille de quitter l’Allemagne et se
propose de l'accueillir en France à Paris.
Boris Vildé arrive à Paris au milieu de l'été 1932. Par l'intermédiaire d'André Gide, il rencontre Paul Rivet, directeur du Musée de l’Homme et poursuit des études de langues allemande et japonaise. Il épouse Irène Lot,
fille aînée de l'historien Ferdinand Lot, en juillet 1934 et est naturalisé Français le 5 septembre 1936. Il obtient un diplôme de langue allemande à la Sorbonne en 1937 et est chargé du
département des civilisations arctiques au Musée de l’Homme. En 1937 et 1938 il effectue, des missions en Estonie dans la région du Setumaa, ainsi qu'en Finlande. D'octobre 1937 à juin 1938, il
accomplit son service militaire dans un régiment d'artillerie à Châlons-sur-Marne (avec le grade de brigadier) et effectue une période d'entraînement en septembre 1939, à Chartres, avant d'être
intégré dans un détachement de défense aérienne..
Il est titularisé 1er janvier 1939 au Musée de l'Homme et y dirige la section des peuples polaires. Obtient le diplôme de langue japonaise de l'École des langues orientales. Au moment de la
déclaration de guerre, il est sur le point d'entreprendre un troisième voyage d'étude en Suède et en Finlande, mais il est mobilisé dans l'armée française. Après la défaite, fait prisonnier par
les Allemands dans les Ardennes en juin 1940, il s’évade et regagne Paris début juillet. En juillet 1940 Boris Vildé commence ses activités anti-allemandes en compagnie d’intellectuels parisiens
et de collègues du Musée de l’Homme. Ce groupe de Résistants se dénomme « Comité National de Salut Public ». Au tout début, il est composé de Boris Vildé, Anatole Lewitsky, Yvonne Oddon, et
s’élargit rapidement à Jean Cassou, Pierre Walter, Léon-Maurice Nordmann, Claude
Aveline, Emilie Tillion, Germaine Tillion, Pierre Brossolette, Simone Martin-Chauffier, Jacqueline Bordelet, René Sénéchal, Marcel Abraham, Agnès Humbert, et
d'autres. Ce groupe de Résistants est aujourd'hui cité par les historiens sous le nom de Réseau du Musée
de l'Homme.
Les premiers tracts sont édités en août 1940 par le groupe de Résistants du Musée de l’Homme. En
septembre 1940, le premier tract : « Vichy fait la guerre » est édité à plusieurs centaines d'exemplaires. Le premier numéro du journal Résistance, dont la première page a été rédigée par Boris
Vildé, est publié sous la direction de Jean Cassou le 15 décembre 1940. Le deuxième numéro sort le 30 décembre
1940. Deux ou trois autres numéros seront encore publiés après l'arrestation de Boris Vildé. Boris Vildé rencontre un certain Ameline (Albert Gaveau, agent du capitaine SS Doering) dont il fait son homme de confiance. Début 1941, Boris Vildé se rend en Zone sud pour « recruter » et prend
des contacts à Toulouse, Marseille, Lyon, sur la Côte d'Azur. Il y rencontre diverses personnalités, dont André Malraux qu'il tente vainement de convaincre de s’engager dans la Résistance.
Le 26 mars 1941 à 15 heures, place Pigalle, peu de temps après son retour à Paris, Boris Vildé est arrêté par le capitaine SS Doehring et ses hommes de la Gestapo.
Cependant, les premières arrestations de membres du réseau ont été effectuées par la police française après dénonciation par deux employés du Musée de l'Homme. Devant le juge d'instruction près
la cour de justice du département de la Seine, Germaine Tillion déposait :
« D'autre part, deux employés du Musée de l'Homme, tous deux d'origine russe, nommés Fedorovsky et sa maîtresse la femme Erouchkovsky, connaissant d'une manière très vague
l'activité de résistance de Vildé et de Léwitsky et d'Yvonne Oddon, avaient spontanément été les dénoncer à la police. C'est à la suite de la dénonciation [...] que fut faite la première série
d'arrestations du Musée de l'Homme en février 1941. J'ai dit « arrestations » et non inculpations
car la plupart des gens arrêtés ce jour-là furent relâchés et ceux qui furent maintenus en état d'arrestation, Lewitsky et Yvonne Oddon, le furent grâce à la suite de l'enquête dont tous les
éléments étaient fournis par Albert Gaveau. »
Emprisonné durant 11 mois, d’abord à la Santé puis à Fresnes à partir du 16 juin 1941, Boris Vildé y écrit son Journal et ses Lettres de prison. Le procès Boris Vildé et des membres du Réseau du Musée de l’Homme débute en janvier 1942 devant un Tribunal allemand présidé par le capitaine Ernst
Roskothen. Le procureur Gottlob qui réclame la peine de mort est un Alsacien français. Boris Vildé est fusillé au fort du Mont-Valérien, à côté de Paris, ainsi que six autres de ses compagnons
Résistants compris dans le même procès le 23 février 1942. Boris Vildé repose au cimetière d’Ivry (Val-de-Marne) à côté de ses compagnons, dont Anatole Lewitsky. À proximité, les tombes des
fusillés du Groupe Manouchian.
La première commémoration officielle de l'assassinat de Boris Vildé et d'Anatole Lewitsky a lieu à Ivry-sur-Seine, en février 1945. Le général de Gaulle s'y est fait représenter. Le 8 juillet 2008, à l'occasion du centenaire de sa naissance, une cérémonie
commémorative, à l'initiative du Musée de l'Homme, s'est tenue sur la tombe de Boris Vildé. Dans la commune de Fontenay-aux-Roses, une grande artère porte le nom de Boris Vildé. Le 25 août 2010,
la ville d'Aubervilliers rendait hommage à Boris Vildé en dédiant un mail à son nom.
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Vildé Boris
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