publié le 18/03/2013 à 12h22
Aurélie Filippetti veut mettre en place une "démarche proactive" visant à retrouver les propriétaires d'objets d'arts spoliés pendant la Seconde guerre mondiale, explique lundi la ministre de la Culture dans un entretien au Figaro.
Selon la ministre, il faut "changer de logique" alors que les musées de France détiennent toujours 2.000 oeuvres orphelines.
"Jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherche", explique-t-elle. "Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la
France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu'il y ait ou non une demande formelle".
"Pour la France", relève Mme Filippetti, c'est une question morale autant que scientifique".
Mardi, la ministre doit remettre aux descendants du grand collectionneur juif autrichien Richard Neumann, amateur de peinture italienne du 18ème siècle et du collectionneur juif pragois Josef
Wiener sept tableaux de maître.
La ministre annonce la mise en place d'un groupe de travail afin d'accélérer les restitutions. Ce dernier devra faire un premier point d'étape fin 2013 et rendre un rapport définitif en 2014.
Aurélie Filippetti espère ainsi trouver une solution au moins pour 163 tableaux "clairement identifiés dans des bases de données et entreposées dans des musées."
"En attendant, tous les MNR (Musées Nationaux Récupération, oeuvres d'art issues de la spoliation ou de la vente forcée de biens, appartenant souvent à des juifs, ndlr) exposés dans les musées
devront comporter un cartel d'explication", assure la ministre de la Culture.
Quant aux maisons de vente, elles devront respecter le processus de restitution. "S'il y avait un cas litigieux, je m'engagerais à tout faire pour qu'il soit réglé", avertit Mme Filippetti.
Quelque 100.000 oeuvres de toutes catégories - tableaux, objets d'arts, meubles, tapisseries, etc - ont été spoliées en France pendant la Seconde guerre mondiale, soit par pillage, soit par vente forcée, souvent à leurs propriétaires juifs.
60.000 ont été rapatriées à l'issue du conflit et 45.000 restituées entre 1945 et la fin des années 1950. Quelque 13.000 de moindre valeur ont été vendues, les fonds étant reversés à la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah.
L'Etat français est le gardien, et non le propriétaire, des 2.000 oeuvres restantes dont la liste peut être consultée sur le site internet du ministère de la Culture.