publié le 17/03/2014 à 14h18
«Ça fait 37 ans que je dis que je suis innocent», a déclaré Maurice Agnelet, quelques minutes avant l'ouverture de son troisième procès, ce lundi à Rennes, pour le meurtre d'Agnès Le Roux, mystérieusement disparue en 1977. «Je suis très fatigué, mais déterminé», a ajouté l'ex-avocat, âgé de 76
ans, qui a toujours clamé son innocence pour le meurtre de son ancienne maîtresse, héritière du casino niçois Le Palais de la Méditerranée et qui n'a jamais été revue depuis sa disparition, la
veille de la Toussaint 1977.
Le nouveau procès est prévu pour durer quatre semaines devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, statuant en appel. Plus d'une quarantaine de témoins ont été convoqués. Maurice Agnelet encourt
la perpétuité.
«La citation à comparaître» maintenue
Dès l'ouverture, son avocat a demandé à la cour d'annuler «la citation à comparaître» de son client, le procès dans son principe étant selon lui «impossible». Me François Saint-Pierre a justifié
sa «demande exceptionnelle» par «un problème de principe, un problème de fond, un problème de justice», a-t-il dit, expliquant que Maurice Agnelet a reçu une convocation devant la cour d'appel
pour assassinat, mais sans précision. «De qui? De quoi? Quand ceci a eu lieu? Où? Comment?», a questionné Me Saint-Pierre qui a rappelé que selon la loi, «il faut que l'on sache exactement ce qui
nous est reproché». La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine a finalement rejeté la demande d'annulation de la «citation à comparaître».
Acquitté, condamné puis rejugé
«Je ne comprends pas ce qu'il demande», avait rétorqué l'avocat de la famille d'Agnès Le Roux, Me Hervé Temine.
«Cette situation est exceptionnelle pour tous», a ajouté l'avocat. «Cette famille que je défends, elle veut la vérité, elle veut la justice, c'est tout», a-t-il poursuivi;
Maurice Agnelet a tout d'abord été acquitté pour meurtre, puis condamné en appel à 20 ans de réclusion criminelle, en 2007. Mais la Cour européenne des droits de l'Homme a estimé qu'il n'avait
pas bénéficié d'un procès équitable, ouvrant la voie à une troisième procès.
«Ça fait 37 ans que Maurice Agnelet fait tout son possible pour échapper à la justice», a déclaré de son côté le frère d'Agnès Le Roux, Jean-Charles, en arrivant à la cour d'assises. «Nous avons quatre semaines pour étudier le dossier et
toutes les charges, qui sont accablantes pour Maurice Agnelet», a ajouté M. Le Roux, persuadé avec ses sœurs, présentes à Rennes, de sa culpabilité.
Les casinos au cœur de l'affaire
Les faits remontent au 30 octobre 1977. Agnès Le Roux, 29 ans, était partie dans l'arrière-pays niçois au volant
de son 4X4. Personne ne l'a revue et son véhicule n'a jamais été retrouvé. La disparition d'Agnès Le Roux intervenait en pleine «guerre des tapis verts».
Quatre mois plus tôt, en conflit avec sa mère, qui gérait le casino familial, elle avait vendu subitement ses parts à Jean-Dominique Fratoni, patron du Ruhl, établissement concurrent également
situé sur la promenade des Anglais. Le contact avait été établi par Maurice Agnelet. Agnès Le Roux avait touché
pour ses parts 3 millions de francs (457.347 euros), une somme versée sur un compte joint au nom des deux amants à Genève. Après la disparition d'Agnès, l'argent avait été retrouvé sur un compte
au seul nom de Maurice Agnelet, détournement pour lequel il a été condamné.