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Mussolini Benito

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Benito Amilcare Andrea Mussolini dit Il Duce (le chef), (né le 29 juillet 1883 à Dovia di Predappio, mort le 28 avril 1945 à Giulino di Mezzegra), est un journaliste, homme politique et Président du Conseil italien. La politique fasciste qu'il initia fit de son pays une dictature totalitaire de 1922 à 1943. 

Benito Mussolini

Benito Mussolini

Benito Mussolini est issu d'une famille modeste : son père, Alessandro Mussolini est forgeron, militant socialiste et a ouvert un petit débit de boissons tandis que sa mère, Rosa Maltoni, est institutrice. Il baigne dans la double culture socialiste qui lui vient de son père (son prénom, Benito lui a été donné en hommage au révolutionnaire mexicain Benito Juarez) et catholique traditionnelle : il va à l'école chez les Salésiens de Faenza. C'est un élève turbulent, voire violent : il manque de peu le renvoi en 1893 lorsqu'il blesse un de ses camarades avec un couteau. En 1895, il entre à l'école normale de Forlimpopoli et devient instituteur. Ensuite il sera professeur de français dans un collège.

En 1900, il adhère au Parti socialiste italien et en préside la section locale. Fuyant le service militaire, il s'expatrie en Suisse en 1902 où il milite à la gauche du parti en partageant les vues du syndicalisme-révolutionnaire. En 1904, il est expulsé du canton de Genève où il réside et préfère retourner en Italie. De retour en Italie, il doit effectuer son service militaire parmi les bersagliers avant de se retrouver quasi vagabond, vivant de petits métiers (maçon, etc.), puis obtient un poste de professeur de français à Forlì. C'est alors que son audience grandit au sein du Parti socialiste, tendance révolutionnaire. Violemment opposé à la guerre de colonisation de la Libye (1911-1912), il mène la destruction des voies de la gare de Forli contre le départ des troupes pour l'Afrique. Cela lui vaut six mois d'emprisonnement. À sa sortie, il prend la tête du journal du Parti socialiste italien Avanti ! en 1913.

D'abord fermement pacifiste, il s'oppose à l'entrée en guerre de l'Italie avant de changer radicalement de position dans un article de l'Avanti ! : il préconise une politique militariste en 1914 et est favorable à l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente dans la Première Guerre mondiale. En aout 1915, il s'engage dans l'armée italienne en guerre contre l'Autriche-Hongrie et se bat dans les Alpes. La guerre forge ses convictions nationalistes, et il s'illustre au combat, étant promu caporal en février 1916. Blessé en février 1917 par l'explosion du mortier qu'il manipulait, il est réformé et ne prendra plus part aux combats. Il crée les Faisceaux de combat, futur noyau de son Parti national fasciste, le 23 mars 1919. À partir de cet instant sa vie est liée à l'évolution de son parti. Les faisceaux de combat sont un amalgame de syndicalisme révolutionnaire dont Benito Mussolini était lui-même proche et de nationalistes déçus par la non-satisfaction de certaines revendications territoriales à la fin de la guerre, notamment de Fiume où Gabriele D'Annunzio s'est illustré jusqu'à la chute de la régence du carnaro en janvier 1920.

De 1919 à 1922, l'Italie est secouée par une grave crise sociale, économique voire politique. Mussolini l'exploite en brisant les grèves et les syndicats par la violence : il se fait ainsi connaître et bien voir par les milieux d'affaires et le patronat (Confindustria et Confagricoltura). Il utilise pour cela des squadre (escouades), sortes de milices, issues en grande partie des rangs des arditi (venant des troupes d'élite démobilisées en 1918) nationalistes, dont l'uniforme est la chemise noire — qui deviendra un des symboles du fascisme. Le roi d'Italie Victor-Emmanuel III lui confie le gouvernement à la suite d'un ultimatum demandant le pouvoir, appuyé par la mobilisation des Fasci. La "Marche sur Rome" du 28 octobre 1922 n'aura donc pas été, formellement, un coup d'État mais bien un défilé de victoire pour Mussolini et le Parti national Fasciste. Mussolini prend donc le pouvoir le 29 octobre 1922.

Jouant habilement de mansuétude et de menaces, Mussolini installe progressivement l'appareil fasciste dans le pays et ce malgré l'assassinat du député socialiste Giacomo Matteotti, qui l'accusait, preuves à l'appui, de violences et de malversations, ce qui eut un profond retentissement. En effet, d'abord dictateur « légal », allié dans un premier temps aux forces politiques traditionnelles (des libéraux de Giolitti et de Nitti aux nationalistes en passant par les « populaires » catholiques de Don Sturzo), Mussolini élimine toute opposition en étant à l'origine et en laissant se développer une violence généralisée qu'il se fait fort ensuite de contenir : ses adversaires sont dûment battus à coups de gourdins (quand on ne les force pas à boire de l'huile de ricin). Par une loi électorale anti-démocratique, il obtient aux élections de 1924 la majorité absolue au Parlement. Il en profitera, une fois passés les remous de l'affaire Matteotti, pour faire voter les « lois fascistissimes » élaborées par son ministre de la Justice Rocco (1925-1926), fondant un régime totalitaire.

La politique de Mussolini dénote une « volonté de fascisation des esprits, de transformation globale de la société et de création d'un homme nouveau. » (P. Milza, S. Berstein). Il fonde tout d'abord les faisceaux de combat en 1919. Il s'agit donc d'une politique totalitaire. Dès 1920, les squadritis sont financés par les grands industriels italiens. De plus, le Vatican favorise le ralliement des chrétiens au mouvement fasciste Italien. Son instrument essentiel est le Parti National Fasciste (PNF) fondé en 1921, devenu parti unique. Son instance suprême, le Grand conseil du fascisme, s'est substitué à la direction de l'État, le Parlement devenant une simple chambre d'enregistrement et le gouvernement un exécutant des décisions prises par le Grand conseil et Mussolini. Cette prépondérance du parti fasciste se double du culte voué à la personnalité de Mussolini dont témoignent les slogans du régime (« Mussolini ha sempre ragione », « Mussolini a toujours raison »). Le Duce (chef) utilise les médias (radio, cinéma d'actualités, journaux...) pour se mettre en scène : discours spectaculaires, films le montrant en train de moissonner, etc.

Dans le même temps, la société toute entière est fascisée : les programmes scolaires sont révisés, les loisirs sont encadrés (les vacances et les voyages des ouvriers sont pris en charge par des organisations parallèles du parti fasciste), la jeunesse est enrégimentée dans l'ONB (Opera Nazionale Balilla) : fils de la louve dès 4 ans, Balilla à 8 ans, avanguardisti à 14 ans. On y apprend la vie en collectivité mais aussi le maniement des armes et la discipline militaire, à côté de cours théoriques sur le fascisme. Afin de pouvoir s'appuyer sur les masses catholiques et, surtout, la hiérarchie ecclésiastique du pays, Benito Mussolini signe les accords du Latran en 1929, mettant fin à la question romaine, accordant au pape un État, le Vatican, et un statut de chef d'État. Il rencontra Stuber un jour dans un congrès socialiste où il vit celui-ci haranguer la foule d'un ton plutôt communiste...il lui proposa 2 échéances : soit la mort par pendaison pour haut-communisme dirigé contre l'État fasciste d'Italie ou alors joindre le parti Fasciste de Mussolini. Stuber accepta en perdant tout honneur et en dénonçant tous ses anciens camarades : Driss alias "le Rouge berbere" ou Roux "le bourreau de Petrograd" Par la suite ces deux derniers engagèrent un tueur a gages afin de tuer Stuber... Celui ci décéda 4 jours plus tard empoisonné par un illustre inconnu. Stuber, qui avait des liens très étroit avec la mafia, vit ses fidèles le venger en effectuant un massacre dans le village de Traubach où un certain Ago l'avait trahi. Ce dernier se fit pendre la tête en bas.

Dans les années 1920, Mussolini joue un jeu d'alliances assez classiques avec le Royaume-Uni (Austen Chamberlain). il cherche à accroître l'influence de son pays dans les Balkans et en Europe danubienne : il revendique et finit par obtenir le rattachement de Fiume à l'Italie, au détriment de la jeune Yougoslavie (traité de Rome, 1924) ; il fait de l'Albanie un protectorat de fait (traité « d'amitié et de sécurité » signé à Tirana en 1926) ; il noue des liens avec l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie. Mais un autre de ses objectifs est de faire admettre l'Italie dans le cercle des grandes puissances coloniales. En 1934, un accord avec pierre laval rectifie à l'avantage de l'Italie les frontières sahariennes (bande d'Aouzou) mais le parlement français refuse de le ratifier. Il a plus de succès en Libye où il met fin à la résistance des Senoussis après une répression violente et des déplacements de population. En relation avec l'Éthiopie à partir des possessions de Somalie et d'Érythrée, il essaie d'en faire un protectorat. Devant les résistances du roi d'Éthiopie (le Négus, Haïlé Sélassié) et suite à un incident de frontière, il attaque l'Éthiopie en 1935 (voir Guerre d'Éthiopie). Mais la victoire est longue à se dessiner malgré l'écrasante supériorité militaire des Italiens. Le 3 mai 1936, les troupes italiennes entrent cependant à Addis-Abeba, effaçant ainsi la défaite d'Adoua.

C'est alors l'apogée du fascisme italien. Ailleurs en Europe, d'autres partis fascisants voient le jour, notamment le Parti populaire français de Jacques Doriot en 1936. L'Italie est condamnée par la Société des Nations pour l'invasion de l'Éthiopie et s'attire des sanctions économiques de la France et de la Grande-Bretagne, ce qui la conduit à se rapprocher de l'Allemagne nazie, malgré la méfiance personnelle de Mussolini vis à vis d'Hitler. Il change sa diplomatie européenne, abandonne ses vues sur l'Europe danubienne qui devient une « chasse gardée » d'Hitler, l'Italie se voulant héritière de l'Empire romain et donc orientant sa politique vers le bassin méditerranéen. La Guerre civile espagnole scelle l'« Axe Rome-Berlin » en 1936. Le Pacte anti-Komintern réunit l'Italie et l'Allemagne au Japon et à l'Espagne de Franco. Mussolini laisse Hitler annexer l'Autriche (Anschluss, mars 1938) qui fait pourtant de l'Allemagne un voisin inquiétant pour l'Italie. De même, il soutiendra Hitler lors de la conférence de Munich où il feint d'être neutre : Hitler peut ainsi s'emparer de la Tchécoslovaquie.

Mussolini étend son influence sur le royaume d'Albanie, au point que le trésor national albanais est conservé à Rome. Il l'envahit et l'annexe en avril 1939. Mais il hésite à s'engager plus avant aux côtés de l'État nazi : son pays n'est pas prêt à la guerre qu'Hitler a déjà programmée. Aussi n'entre-t-il dans le second conflit mondial que le 10 juin 1940, alors que la bataille contre la France est déjà gagnée par l'Allemagne. Son engagement dans la guerre est un fiasco : l'armée italienne envahit la Grèce en 1941 depuis l'Albanie mais elle est repoussée par les Grecs. Mussolini doit demander de l'aide à l'Allemagne. De même, en Libye, les forces italiennes sont défaites par les Britanniques, et sauvées de justesse par l'arrivée de l'Afrikakorps de Rommel. Peu à peu, l'Italie devient vassale de l'Allemagne nazie.

En 1943, les Alliés attaquent la Sicile puis le sud de l'Italie. Mussolini est renversé par le roi Victor-Emmanuel III et le maréchal Pietro Badoglio puis emprisonné, mais il est libéré par un commando SS. Il installe la République sociale italienne dite République de Salò dans le nord de l'Italie où il organise une sanglante répression. Alors qu'il tente de fuir en Suisse, déguisé en soldat allemand, il est reconnu et capturé le 26 avril 1945 par des partisans italiens dans le village de Dongo. Ceux-ci livrent Mussolini et sa maîtresse clara petacci à un officier communiste des Volontaires de la liberté, le Colonel Valerio (de son vrai nom Walter Audisio).

Celui-ci, après un simulacre de procès, exécute de sa main le Duce et sa compagne (selon ses propres aveux, thèse qui n'a jamais pu être confirmée) à Giulino di Mezzegra. Valerio retourne ensuite à Dongo où il fait fusiller 15 autres hiérarques du régime (dont 5 ministres), le 28 avril 1945. Par la suite, une foule déchaînée s'empare des cadavres, qui sont traînés jusqu'à la place Loreto à Milan et pendus par les pieds à la façade d'un garage automobile. Le corps du Duce connaîtra un sort des plus mouvementés. Dans un premier temps enterré à la sauvette, le cadavre fut volé par des nostalgiques du fascisme, puis restitué après d'obscures tractations. Rendu à sa famille, Mussolini fut enfin officiellement inhumé dans le caveau familial, à Predappio.


Priebke Erich

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Erich Priebke, né le 29 juillet 1913 à Hennigsdorf, Allemagne, décédé le 11 octobre 2013 (à 100 ans) à Rome.

Erich Priebke

Erich Priebke

A servi dans la SS pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il a été en poste à Rome, au grade de Hauptsturmführer (équivalent de capitaine). Il y était le second d'Herbert Kappler et, à ce titre, a participé au massacre des Fosses ardéatines au cours duquel 335 civils italiens furent exécutés par les troupes d'occupation allemandes le 24 mars 1944, en représailles d'un attentat survenu la veille au cours duquel 33 soldats allemands, notamment, avaient trouvé la mort.

Devenu un notable de la ville de Bariloche en Patagonie, il est rattrapé en 1995 par la justice italienne suite à la publication en 1991 du livre d'Esteban Buch, El pintor de la Suiza Argentina3, ce livre étant lui-même la source principale d'un reportage du chef d'antenne d'ABC, Sam Donaldson, diffusé en 1994 par cette même chaîne de télévision. Erich Priebke est alors extradé vers l'Italie et condamné à 15 ans de prison, ensuite réduits  à  5  ;  le verdict est contesté par l'opinion publique.

Priebke a d'abord été défendu par l'avocat argentin Jorge Oliveira, un ancien tortionnaire de la dictature argentine. Priebke est finalement condamné à la prison à vie en 19987, peine qui, en raison de son grand âge — 85 ans — est commuée en internement à domicile, avec possibilité de sorties sous escorte. Il purge alors sa peine dans un appartement propriété de son avocat italien, Paolo Giachini. En juin 2007, il bénéficie brièvement d'une mesure de semi-liberté pour lui permettre de travailler comme traducteur au cabinet de son avocat.

Mais les protestations de la communauté juive italienne incitent les autorités italiennes à annuler son permis de travail. Il meurt le 11 octobre 2013 à Rome. Priebke a toujours refusé d'exprimer de quelconques regrets pour ses actes, sous le prétexte qu'il avait obéi à des ordres ; néanmoins, son avocat italien évoque une déclaration écrite de son client datant de 1995 dans laquelle il dit éprouver une « profonde solidarité » avec la peine ressentie par les familles des victimes du massacre (romain). En outre, dans un long entretien réalisé par le journal britannique International Business Times deux mois avant sa mort9, même si certains points peuvent être exacts, Priebke défend encore des thèses nettement négationnistes. Cet entretien n'a pu être publié qu'après son décès, quelques jours après, en octobre 2013.

Klarsfeld Beate

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Beate Klarsfeld (née Beate Künzel, le 13 février 1939 à Berlin) qui fut d'abord une activiste anti-nazie, est une militante de la mémoire de la Shoah. Elle est mariée à Serge Klarsfeld, avec lequel elle a deux enfants : Arno (1965) et Lida (1973).

Beate Klarsfeld

Beate Klarsfeld

Elle se distingua par son activisme contre les anciens nazis qui voulaient rester au pouvoir en Allemagne. En particulier, au cours d'une réunion du parti CDU, elle gifla le chancelier d'Allemagne fédérale, Kurt Georg Kiesinger, en le traitant de nazi. Il fut éliminé de la vie politique allemande. Ensuite elle attaqua Ernst Achenbach, ancien adjoint d’Otto Abetz, qui avait transmis les ordres de Hitler directement au maréchal Pétain, et qui était candidat pour devenir commissaire européen : le gouvernement allemand dut renoncer à cette nomination.

Ces actions furent surtout dues à son initiative personnelle, et eurent une incidence très forte sur la vie politique allemande au tournant des années 1960 et 1970. Elle poursuivit son action, avec l'aide de Serge, en attaquant dans les médias et par des manifestations, des criminels nazis qui avaient été condamnés par contumace en France, notamment :

 

  • Kurt Lischka, SS antisémite virulent, qui dirigea la grande rafle des Juifs à Paris en Juillet 1942 (connue sous le nom de rafle du Vel' d'Hiv) ;
  • Herbert Hagen, SS théoricien de l'antisémitisme, qui avait eu sous ses ordres Adolf Eichmann avant la guerre dans un service de propagande antisémite au sein de la SS, et qui organisa les déportations des Juifs de Bordeaux dès janvier 1942. Ensuite, chef de l'état-major de Oberg, il eut en charge la politique d'exécution d'otages ;
  • Klaus Barbie, SS chef de la Gestapo à Lyon, connu pour avoir fait périr Jean Moulin sous la torture et pour avoir ordonné la déportation des enfants de la colonie d'Izieu.

 

Avec le soutien du Congrès juif mondial, elle créa la Beate Klarsfeld Foundation dont le siège était à New York et participa à de nombreuses actions, soutenues financièrement par les associations juives américaines, visant à entretenir la mémoire de l'Holocauste. Ensuite son action est plus liée à celle de Serge Klarsfeld, et parfois même inséparable. Faite chevalier de la Légion d'honneur en octobre 1984, elle a été promue officier de la Légion d'honneur en avril 2007 par Jacques Chirac, sur proposition de son Premier ministre Dominique de Villepin, et a ensuite reçu cette décoration des mains du président de la République récemment élu, Nicolas Sarkozy.

Née dans un milieu modeste comme fille d'un homme des SS, sans diplôme mais d'une détermination peu commune, elle décide de venir en France à l'âge de 21 ans pour échapper à ce qui lui paraît être son destin KKK (l'allitération allemande Kinder, Küche, Kirche, aussi appelée "les trois K", que l'on traduit en français par « Enfants, Cuisine et Eglise) si elle ne réagit pas.

À Paris, elle connaît d'abord la vie tristounette de jeune fille au pair mais elle étudie le français avec ardeur à l'Alliance française et lit pour se cultiver. Elle fait la connaissance de Serge Klarsfeld, qu'elle épouse en novembre 1963. Elle entre alors dans un milieu cultivé et y prend conscience de l'histoire récente de l'Allemagne et du sort des Juifs pendant la dernière guerre mondiale.

Devenue secrétaire bilingue dans l'Office franco-allemand pour la jeunesse, elle publie un petit guide pour les jeunes filles allemandes au pair à Paris, ce qui lui vaut une petite célébrité et la vindicte de certains cadres de l'Office. Elle est tentée par le journalisme et précise sa position politique : elle s'inscrit au SPD, car elle se sent plus proche de Willy Brandt, qui a combattu côté républicain en Espagne, que des hommes politiques du parti CDU.

Quand, suite à la démission du chancelier Ludwig Erhard fin 1966, Kurt Georg Kiesinger est candidat à la Chancellerie, elle apprend le passé nazi du candidat en lisant les journaux français qui s'émeuvent de cette candidature. Une fois Kiesinger promu chef d'une coalition avec Willy Brandt (SPD), ministre des affaires Etrangères, les journaux se taisent, mais Beate Klarsfeld reprend le flambeau de la protestation dans un article qui paraît le 14 janvier 1967 dans Combat : Les deux visages de L'Allemagne. Elle récidive en mars suivant et est licenciée de l'Office franco-allemand fin août. La justice française refuse de statuer sur ce licenciement car l'Office est de droit international et Beate Klarsfeld, sur des conseils d'hommes politiques allemands, décide de porter l'affaire sur le plan politique.

Beate Klarsfeld sollicite l'aide de personnalités politiques françaises et celle du milieu juif engagé dans les poursuites contre les criminels nazis. En particulier elle rencontre Simon Wiesenthal. Elle retrouve tous les documents qui prouvent l'implication au très haut niveau de Kiesinger dans la propagande radiophonique nazie. Son enquête lui permet de mettre en évidence l'existence d'une nébuleuse de réseaux d'entraide d'anciens nazis et même d'anciens SS. Elle découvre ainsi que l'Office franco-allemand pour la jeunesse en a abrité et que le chef de la commission de l'Office qui doit statuer sur son licenciement, Walter Hailer, est un ancien nazi.

Elle publie fin 1967 le résultat de ses recherches dans une brochure intitulée La vérité sur Kurt Georg Kiesinger. Pour augmenter la pression sur le gouvernement Kiesinger, elle cherche des alliés et prend contact avec le leader étudiant de gauche Rudi Dutschke qui sera victime d'un attentat, le 11 avril 1968, par un extrémiste de droite. Le décès de Dutschke amènera une scission du mouvement gauchiste allemand et, par la suite, le regroupement autour d'Andreas Baader des plus extrémistes (Horst Mahler, avocat de Beate Klarsfeld, fait partie de ces derniers et est condamné à 14 ans de prison).

Elle organise des réunions politiques soutenues par des intellectuels allemands, où elle distribue sa brochure. C'est le 9 mai 1968, au cours de l'une de ces réunions où Günter Grass attaque Kiesinger, qu'elle promet, prise par l'excitation générale, de gifler en public le chancelier Kiesinger. Elle consacre l'été 1968 à une campagne médiatique contre Kiesinger ; elle apostrophe Kiesinger au Bundestag ; le mercredi 7 novembre, jouant la journaliste, elle réussit à gifler Kiesinger en le traitant de nazi alors qu'il préside le Congrès du parti CDU.

Beate la gifleuse devient une personnalité sulfureuse sur l'échiquier politique allemand. Elle décide de se présenter aux élections de septembre 1969 contre Kiesinger, mais le SPD lui refuse l'investiture et elle s'inscrit au nom d'un parti d'extrême gauche sans grande audience, l'ADF. Elle mène une campagne très active et violente contre Kiesinger, avec l'aide de partisans de l'extrême gauche et, si elle est largement battue, Kiesinger, qui était donné gagnant dans cette circonscription acquise au CDU, l'est aussi. Sur le plan national, le parti néo-nazi NPD n'obtient pas de siège au Bundestag. Une coalition SPD FDP nomme Willy Brandt chancelier.

In fine, elle obtient de Willy Brandt la signature d'une nouvelle convention franco-allemande, le 2 février 1971, qui permet à la justice allemande de juger les anciens nazis qui ont été condamnés par contumace en France après la guerre. Cette convention en remplace une autre du 29 octobre 1954 par laquelle la France se réservait le droit exclusif de les juger, alors que la France avait contresigné, en tant que nation occupante, la nouvelle constitution de la République Fédérale qui interdisait à l'Allemagne d'extrader des criminels pour qu'ils soient jugés à l'étranger. Cette convention de 1954, en liaison avec la constitution allemande, garantissait l'impunité des criminels nazis en Allemagne.

Le 30 mars 1970, on apprend que Ernst Achenbach, du parti FDP, sera proposé, conformément aux accords SPD-FDP, comme délégué allemand à la Commission de la C.E.E. Or, nazi depuis 1933, il était premier délégué d'Abetz en 1940, et, après l'entrevue de Laval et Hitler, il a accompagné Laval à Vichy pour convaincre le Maréchal Pétain d'accepter une entrevue avec Hitler. Il a fait partie de l'escorte dans le long voyage de Vichy à Montoire où eut lieu cette entrevue le 24 octobre 1940. Achenbach fut également en charge de la propagande radio en France. À ce titre, il avait des contacts avec Kiesinger. Mais l'accusation la plus grave porte sur la conduite des opérations de représailles suite aux attentats contre des officiers allemands à Paris.

Beate Klarsfeld démontre que, dans le but de préserver l'esprit de la collaboration d'Etat, Abetz et son adjoint Achenbach ont fait porter sur les Juifs la responsabilité des attentats, et a ainsi justifié les opérations de déportation vers Auschwitz, en particulier la déportation de 2 000 Juifs, du 26 février au 3 mars 1943. Il fut ensuite muté à Berlin où il travailla proche de Kiesinger, avec qui il conserva toujours des contacts après la guerre.

Beate Klarsfeld fait publier dans la presse française et la presse allemande un dossier qui présente la carrière nazie d'Achenbach, et elle intervient auprès des hautes instances politiques françaises, allemandes et communautaires. Fin mai, le gouvernement allemand renonce à cette nomination.

Ses recherches au Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) lui permettent d'étudier les documents concernant deux SS qui furent des plus impliqués dans l'extermination des Juifs vivant en France : Kurt Lischka et Herbert Hagen. Ils avaient bénéficié, après la guerre, de l'indulgence de la IVe République due aux changements incessants de gouvernements et de la convention franco-allemande de 1954. Avec l'appui de Serge Klarsfeld et de militants de la L.I.C.R.A., elle entreprend des actions de harcèlement, dont des tentatives rocambolesques d'enlèvement, qui ont pour objectif d'attirer l'attention des médias sur le sujet de l'impunité des criminels SS. In fine, ils furent jugés et condamnés à Cologne en 1980.

Klaus Barbie avait été condamné en France par contumace après la guerre. Beate et Serge Klarsfeld connaissent bien son passé par l'étude des dossiers présents au CDJC, et ils savent pertinemment que Altmann, qui vit en Bolivie, n'est autre que Barbie. Les dates de naissance des enfants Altmann sont celles des enfants Barbie. Elle apprend au CDJC en juillet 1971 que le procureur de Munich a classé une instruction ouverte contre Barbie sur la demande d'une association allemande de victimes du nazisme, alors que la justice allemande sait qui est Altmann. Beate et Serge Klarsfeld entreprennent une série d'actions auprès des autorités françaises, allemandes et européennes, actions soutenues par le milieu juif, pour obtenir l'extradition en France de Klaus Barbie. Mais cela sera un long et très dur combat.

Ils finirent par obtenir satisfaction, et Klaus Barbie fut finalement jugé à Lyon en 1987. Mais tous ces combats contre les anciens SS attirèrent des haines, et la famille Klarsfeld eut à subir de nombreuses menaces et échappa de peu à un attentat par colis piégé en mai 1972.

L'action de Beate Klarsfeld était très suivie dans les milieux juifs américains, et elle y acquit la réputation de chasseur de nazis. Ces milieux lui proposèrent de faire des conférences sur la chasse aux nazis et sur le génocide. Elle créa en 1979 une fondation qui porte son nom, qui, à ses débuts, était domiciliée 315 Madison Avenue - N.Y.- Room 3303. Cela lui permettait de récolter des fonds aux Etats-Unis, en particulier de l'Anti-Defamation League (A.D.L.) et du B'nai B'rith Office de New York.

Il est certain qu'au début de leur combat contre les anciens nazis, c'est Beate qui eut le premier rôle du simple fait que Serge ne parlait pas l'allemand et ne pouvait pas faire certaines recherches. C'est Beate qui au début des années 1970 entreprit aussi des actions dans les pays de l'Est où l'antisémitisme reprenait, et qui connut les arrivées en pays inhospitaliers, et les prisons est-allemandes, polonaises et tchèques.

Par la suite, quand leur action se porta sur la France, c'est Serge qui occupa le devant de la scène. Ainsi, pendant les procès de Paul Touvier et Maurice Papon, Beate se tint en retrait. La ligne de partage fut celle de la nationalité : ce fut Beate qui avait les contacts en Allemagne, en particulier avec Willy Brandt, et Serge qui avait les contacts avec les ministres de la Justice français et les présidents François Mitterrand et Jacques Chirac. Passé le tournant du siècle, ils présentent leurs actions sur le site de la "Beate Klarsfeld Foundation" comme étant totalement communes.

Klarsfeld Serge

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Serge Klarsfeld (né le 17 septembre 1935 à Bucarest en Roumanie) est un écrivain, historien et avocat de la cause des déportés en France. Son épouse Beate (née Beate Auguste Künzel, le 13 février, 1939 à Berlin – mariés en 1963) et lui sont connus sous le nom de « chasseurs de nazis », pour avoir emmené devant les tribunaux Klaus Barbie et avoir joué un rôle fondamental dans le procès Papon. L'avocat Arno Klarsfeld est leur fils.

Serge Klarsfeld

Serge Klarsfeld

Serge Klarsfeld échappa à la Gestapo à Nice en 1943 mais son père, Arno, fut déporté (convoi 61 du 28 octobre 1943) à Auschwitz. Serge Klarsfeld est diplômé d'études supérieures en Histoire à la Sorbonne. Il est aussi diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il est docteur ès Lettres et avocat au barreau de Paris.

Sa femme Beate s'est fait connaître du public en 1968, en giflant le chancelier ouest-allemand Kurt Georg Kiesinger, qui était un membre du parti nazi pendant la Seconde Guerre mondiale et qui avait travaillé pour la propagande du ministère des Affaires étrangères de l'époque. Elle se confia à une journaliste sur cet acte symbolique :

« Je suis allée à Berlin et j'ai giflé le chancelier au congrès de son parti. J'ai crié “Kiesinger, nazi, démissionne”. Les médias étaient présents. Symboliquement, je représentais la jeune génération qui gifla le “père” nazi. C'était une action spectaculaire. Une gifle, ce n'est pas une violence, mais ça a marqué le peuple allemand et montré que la jeunesse allemande refusait que d'anciens nazis occupent des postes importants dans leur gouvernement. »

Serge Klarsfeld a été arrêté en Allemagne et en Syrie quand il essayait d'obtenir l'extradition d'Alois Brunner. Son épouse et lui sont également à l'initiative des procès contre Klaus Barbie, René Bousquet, Jean Leguay, Maurice Papon et Paul Touvier. Ils ont été victimes le 9 juillet 1979 d'une tentative d'assassinat par le réseau nazi ODESSA qui demandait l'arrêt de leur travail pour retrouver les criminels nazis. Cette même année, Serge s'est rendu à Téhéran pour protester contre l'exécution de Juifs libanais. Les Klarsfeld ont mené campagne en 1986 contre Kurt Waldheim, officier dans la Wehrmacht durant la seconde guerre mondiale, élu président de l'Autriche. En 1996 il protesta également contre Radovan Karadžić et Ratko Mladić.

En France ils créèrent en 1979 l'Association des fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), qui est chargé de défendre la cause des descendants de déportés. En 1981, l'association a inauguré en Israël le Mémorial de la déportation des Juifs de France, un vaste monument qui porte le nom, la date et le lieu de naissance des 80 000 victimes françaises de l’extermination. Autour, 80 000 arbres forment une Forêt du souvenir. Ils ont œuvré pour la reconnaissance des fils et filles de déportés en obtenant notamment :

  • la reconnaissance par Jacques Chirac dans un discours du 16 juillet 1995, de la responsabilité de la France dans le sort des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ;
  • un décret (2000-657 du 13 juillet 2000) instituant une mesure de réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de persécutions antisémites.

 

Serge Klarsfeld est également vice-président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Heim Aribert

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Aribert Heim (né le 28 juin 1914 à Bad Radkersburg, Autriche - présumé mort au Caire, Égypte, le 10 août 1992) était un médecin autrichien SS ayant exercé dans les camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen où il est soupçonné d'avoir pratiqué la vivisection sur des prisonniers.

Arribert Heim

Arribert Heim

 

Criminel de guerre nazi en fuite, il a été recherché comme tel par les polices allemande, autrichienne et espagnole, ainsi que par le Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem. Né à Bad Radkersburg en Autriche d'un père policier et d'une mère femme au foyer, il fait des études de médecine à l'Université de Vienne. À l'âge de 21 ans, il entre au Parti National Socialiste Autrichien (alors illégal) avant de rejoindre en 1938 les SS de Heinrich Himmler (numéro de membre 367 744).

Après avoir servi dans le camp de concentration de Buchenwald sous les ordres d'un autre médecin nazi, Hannes Eisel, il est nommé le 8 octobre 1941 médecin-chef à Mauthausen, camp de concentration où l'on estime que 118 000 prisonniers tchèques, néerlandais, russes, juifs, mais aussi résistants et républicains espagnols sont morts. À Mauthausen, où il reste sept semaines, Heim se livre à des interventions sans anesthésie et à des expériences médicales pour lesquelles il utilise les détenus comme cobayes. Il réalise notamment des études comparatives sur des mélanges de poisons, mesurant chronomètre en main la rapidité d'injections létales qu'il effectue directement dans le cœur des prisonniers.

C'est cette pratique qui lui vaut de la part des déportés espagnols de Mauthausen le surnom d'El banderillero. Dans le camp, Heim était également connu sous le nom de Dr. Tod (« Docteur La Mort »). Il est soupçonné d'avoir provoqué durant son séjour la mort de plusieurs centaines de prisonniers, assassinés ou décédés des suites de ses recherches. La police judiciaire de Stuttgart avance le chiffre de quelques 300 morts. Heim quitte Mauthausen pour intégrer la Waffen-SS le 29 novembre 1941.

Le 15 mars 1945, Heim est arrêté par les Alliés mais n'est jugé que sur son appartenance à la Waffen-SS. Un relevé d'empreintes digitales est effectué en 1945, document qui figure encore dans le dossier d'accusation de Heim. Il est envoyé cette même année dans un camp de travaux forcés. Relâché en 1947, il retrouve un poste de médecin à Baden-Baden dans le sud de l'Allemagne, où il épouse sa femme Frieda et ouvre un cabinet de gynécologue en 1954. Son nom refait surface en 1961, au cours du procès d'un ex-nazi à Wiesbaden, lorsqu'un témoin évoque Heim sous le nom de « boucher de Mauthausen ».

Heim disparaît en 1962, alors que la police allemande s'apprête à l'arrêter. En 1967, des membres de sa famille font état de sa mort d'un cancer en Amérique Latine. Mais des virements d'argent répétés et la découverte par des enquêteurs allemands et israéliens d'un compte bancaire berlinois à son nom contenant près d'un million d'euros, au début des années 2000, tendraient à prouver qu'il est toujours vivant ; d'autant plus que ses enfants ne se sont pas partagé cet argent. Le périodique espagnol El Mundo estime que la fortune considérable de Heim lui aurait permis de bénéficier de l'assistance de réseaux d'anciens nazis fugitifs comme ODESSA (Organisation Der Ehemaligen SS-Angehörigen = Organisation des anciens membres de la SS).

Vers la fin des années 1970, le « chasseur de nazis » Simon Wiesenthal, lui-même survivant de Mauthausen, demande au ministre de la Justice allemande la comparution de Heim devant les tribunaux. La police allemande a diffusé depuis un avis de recherche et promis une récompense de 130.000 euros pour toute information susceptible de mener à sa capture. Le Centre Simon Wiesenthal, spécialisé dans la recherche des anciens responsables et tortionnaires nazis, s'est attaché à retrouver les traces de l'ancien médecin. En 2002, à l'initiative notamment d'Efraim Zuroff (le successeur de Simon Wiesenthal au Centre) est lancée l'Opération Dernière Chance en Allemagne et dans huit pays d'Europe : Heim figure en seconde position sur la liste des criminels nazis les plus recherchés par le Centre, juste après Alois Brunner.

Fin 2005 Heim était supposé avoir trouvé refuge sur le territoire espagnol, à Palafrugell selon la police. Les recherches, qui n'ont pas abouti, se sont concentrées début 2006 sur le sud du Chili et de l'Argentine où la fille de Heim, Waltraud, vivrait depuis les années 1970 (selon Der Spiegel). En juillet 2007, le ministère de la Justice autrichien annonce sur son site qu'une récompense de 50 000 euros est promise à toute personne qui fournirait des informations pouvant conduire à localiser ou capturer Aribert Heim et Alois Brunner. En 2007, l'ancien militaire Danny Baz publie un livre dans lequel il affirme que Heim a été capturé, jugé puis exécuté sur l'Île de Catalina en 1982 par un groupe nommé La Chouette, constitué pour suppléer aux services secrets israéliens dans la traque des criminels nazis, abandonnés par l'État hébreu après l'enlèvement d'Adolf Eichmann.

Dans un communiqué, le Centre Simon Wiesenthal affirme quant à lui que cette information est inexacte. Début février 2009, la télévision publique allemande ZDF ainsi que le New York Times révèlent que Heim se serait installé au Caire dans les années 1970, se serait converti à l'islam, aurait pris le nom de Tarek Farid Hussein et y serait mort d'un cancer de l'intestin en 1992 à l'age de 78 ans. Ces informations ont été divulgées par son fils, Rüdiger Heim, qui a remis un attaché-case de l'ancien nazi contenant des documents établissant la véritable identité du fugitif. Aribert Heim était devenu au fil du temps le criminel nazi le plus recherché au monde, sa tête étant mise à prix pour 350 000 euros.

Mémoires de Guerre - Introduction

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L'ancienne confrontation entre "histoire" et "mémoire", naguère dominée par l'opposition entre Lavisse et Péguy, a resurgi dans le débat historiographique et civique depuis vingt ans. La mémoire est devenue un objet d'histoire ; il n'appartient donc pas à l'Assemblée nationale de décider si le massacre des Arméniens est un génocide. Cette tâche incombe aux historiens. Il existe donc un devoir d'histoire qui respecte les règles du métier d'historien et qui se distingue du devoir de mémoire. La présence de cette mémoire à des effets induits en classe, elle fait partie de nos sociétés, c'est un fait d'histoire, un fait réel mais elle soulève aussi la question des commémorations. N'y a t-il pas danger à multiplier les commémorations ?

Mémoires de Guerre - Introduction

Histoire et mémoire

Comme le précise Krzysztof Pomian , "le droit à l'histoire est en train de devenir dans nos sociétés démocratiques l'un des droits du citoyen. Cela se voit surtout, pour des raisons évidentes, dans l'histoire du temps présent ".

En effet, on constate un temps de remémorations massives, largement médiatisées, issues de pressions diverses, qui ne favorisent pas le travail de deuil, dévalorisent l'oubli et le pardon, contribuent à l'inverse à la promotion de communautarismes "identitaires", sociaux ou géographiques, dont l'affirmation et la promotion mémorielles peuvent contribuer à distendre le lien social. Ces commémorations à répétition, ce "devoir de mémoire" vont donc à l'encontre du but recherché, que nous croyions si utile naguère d'exposer en classe. Sur ce sujet, Paul Ricoeur écrit : "Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire et d'oubli. "

Krzysztof Pomian écrit que "rien n'interdit, en effet, d'admettre que la mémoire est devenue l'une des provinces de l'histoire, tout en reconnaissant qu'elle ne saurait aucunement être enfermée dans ces limites". En effet, l'histoire "n'a pas pour but de célébrer telle ou telle mémoire particulière ni de ressusciter ce qui s'est passé, mais de faire comprendre, dans toute leur complexité, les rapports qui unissent ou divisent…"

Ces commémorations obligatoires représentent un vrai danger car "elles ont envahi le travail de l'historien jusqu'à l'asservir tout entier" et par ricochet le travail du professeur d'histoire et géographie. Le danger est celui d'une histoire à pilotage mémoriel, la pression de la mémoire pouvant contribuer à rompre la chaîne argumentative et paradoxalement à disloquer un peu plus la temporalité.

Il faudra donc faire demain une histoire de la mémoire, en suivant les règles élémentaires du métier d'historien et proposer en classe une historisation pas à pas de la mémoire. D'où la difficulté de fond qui nous assaille aujourd'hui : comment intégrer mémoire et commémorations au corpus historique à transmettre aux élèves ? En attendant, il importe de mieux maîtriser le rapport entre "un devoir de mémoire" socialement et culturellement acquis en ce début du XXIème siècle et un "devoir d'intelligence" qui est au cœur de nos enseignements et de toute éducation.

Deux pistes de réflexion s'ouvrent à nous. D'une part, réfléchir à la notion d'événement, qui devient beaucoup trop aujourd'hui une sorte de valeur-refuge outrageusement médiatisée et sur laquelle l'analyse des suites inlassablement réactualisées (voir le premier anniversaire du 11 septembre 2001) l'emporte sur celles des causes et des effets historiques ; d'autre part, mener une réflexion sur l'usage pédagogique plein du document patrimonial : quelle doit être sa place dans l'argumentaire ? Comment rendre disciplinaire, donner une dimension historique nouvelle à ce qui n'est encore le plus souvent, en classe, qu'un apport pédagogique ?


Auschwitz

Les commémorations : devoir civique ou devoir de mémoire ?

Il y a toujours eu des commémorations, mais les choses ont changé de nature avec la Seconde Guerre mondiale, car elle a d'emblée été tenue pour porteuse de leçons de morale et de civisme. Un appareil de commémorations a été mis en place dès la fin de la guerre : loi instituant la journée de la Déportation, organisation du concours national de la Résistance devenu concours national de la Résistance et de la Déportation, création et diffusion du film Nuit et Brouillard. En France, il y a donc aujourd'hui quatre journées nationales commémoratives pour la seule Seconde Guerre mondiale : la journée de la Déportation ; le 8 mai ; le 16 juillet ; le 27 janvier (ouverture du camp d'Auschwitz), journée européenne créée récemment par le Conseil de l'Europe pour commémorer la Shoah.

Il convient également de réfléchir au rôle joué par les centres de la mémoire, Caen, Oradour-sur-Glane, Péronne, Saint-Omer, demain le Mémorial d'outre-mer à Marseille. Ce sont des lieux financés par les collectivités locales qui ont aussi une fonction touristique. Aussi la mémoire envahit-elle l'histoire puisque, sous l'influence de groupes de pression divers, l'appareil commémoratif a été mis en place avant l'écriture de l'histoire de la guerre.

Celle-ci se heurte par ailleurs à de nombreuses difficultés : premièrement, le poids des "témoins" qui pèse sur l'écriture, d'abord les résistants, puis les déportés, avec le danger de la fascination pour ce que racontent les témoins, en sachant bien aussi que tous les témoins ne sont pas interchangeables. En classe, les témoins peuvent créer de magnifiques moments d'émotion, mais cela nécessite un important travail de préparation non seulement en amont mais aussi en aval. Deuxièmement, l'impératif de comprendre, comme nous l'enseigne Marc Bloch, doit suivre les règles de notre métier consignées dans son Apologie pour l'Histoire ou le métier d'historien et dans L'Étrange défaite : "L'Histoire doit nous permettre de penser le neuf et le surprenant." Troisièmement, la difficulté à gérer le conflit entre l'impératif du travail de compréhension et le discours sur l'interdit de la compréhension, imposé notamment par Claude Lanzmann dans son film Shoah selon lequel Auschwitz serait hors de l'histoire, hors du temps, hors de la pensée. Enfin, quatrièmement, le surgissement de la mémoire régionale, dans les DOM-TOM par exemple à propos de la question de l'esclavage, mais aussi en métropole (par exemple en Ardèche). C'est un enjeu à moyen terme pour les collectivités territoriales et la question va rebondir avec la montée de l'enseignement du fait religieux et des langues régionales.

Jean-Pierre Rioux, inspecteur général de l'Éducation nationale - Annette Wievorka, directrice de recherche au CNRS

 

Allez plus loin :

 

Goering Hermann

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Hermann Wilhelm Göring (ou Goering) (né le 12 janvier 1893 à Rosenheim ; se suicide le 15 octobre 1946 à Nuremberg) est un aviateur et un homme politique allemand de premier plan du parti nazi et du gouvernement du Troisième Reich. Commandant en chef de la Luftwaffe, il fut condamné à mort à l'issue du procès de Nuremberg en raison de son implication dans les crimes du régime nazi. 

Hermann Goering

Hermann Goering

Hermann Göring, fils d'Heinrich Ernst Göring et de Franziska Tiefenbrunn est né à Rosenheim en Bavière le 12 janvier 1893. Après avoir participé en tant qu'officier de l'armée prussienne aux campagnes de 1866 contre l'Autriche et de 1870 contre la France, son père exerce des fonctions de juge dans différentes petites villes de province.

Finalement remarqué par Otto von Bismarck il est nommé premier commissaire du Reich en Afrique du Sud-Ouest, charge qu'il exerce à dater de 1888. Avant de partir pour le continent africain, le père de Göring épouse en secondes noces Fransziska Tiefenbrunn, une fille de paysans, de vingt ans sa cadette. En Afrique, elle donne naissance à deux filles, Olga Thérèse Sophie et Paula Elisabeth Rosa et à un fils, Karl Ernst. Göring père ayant ensuite été muté à Haïti, son épouse revient en Allemagne pour y donner naissance à Hermann. Elle retourne ensuite rejoindre son époux et laisse son fils durant trois ans à la garde d'une amie.

Hermann Göring aura encore un autre frère, Albert (celui-ci aidera des personnes persécutées par le régime nazi). Vers 1899, le père de Göring qui a été mis à la retraite, accepte la proposition du parrain d'Hermann, Hermann von Epenstein, un médecin anobli d'origine juive, de s'installer dans un des deux châteaux qu'il vient d'acquérir. C'est chez Epenstein, dans le (de)château Veldenstein, à 30 km au nord-est de Nuremberg, que Göring passe la plus grande partie de son enfance. Il s'y initie à l'escalade et devient un excellent alpiniste. Les biographes nazis de Göring passeront sous silence le fait que son parrain, qui exerça apparemment une grande influence sur le jeune Hermann, était d'origine juive. Tout comme ils n'évoqueront jamais le fait que sa mère a entretenu une liaison avec von Epenstein, au point que son frère cadet ressemble étrangement à ce dernier.

La scolarité de Hermann se déroule mal. Il ne supporte pas la discipline et se montre paresseux. Un changement d'école, de Fürth à Ansbach ne résout pas le problème. Sur la suggestion de son parrain, il est envoyé en 1908 à l'École des Cadets de Karlsruhe. Ceci génère une transformation radicale du jeune Göring qui se plie à la discipline militaire et sort de l'école avec d'excellentes notes qui lui permettent d'accéder sans difficulté à l'académie militaire de Gross-Lichterfelde, près de Berlin, où sont formés les futurs officiers de l'armée impériale. Il en sort en mars 1911 avec le grade de sous-lieutenant. Le chevalier von Epstein ayant contracté mariage avec une femme de quarante ans sa cadette, il se sépare de sa maîtresse et invite la famille de Göring à quitter le château de Burg Veldstein. Le père de Göring, gravement malade et devenu alcoolique décèdera peu après.

C'est sur ces entrefaites que Hermann Göring est affecté au 12e régiment d'infanterie de Bade "Prinz Wilhelm" à Mulhouse qu'il rejoint en janvier 1914. Entre son affectation et le début de la Première Guerre mondiale Göring mène la vie normale d'un jeune officier d'infanterie en garnison. Au déclenchement de la guerre, conformément aux plans établis par l'état-major de von Moltke, son unité fait retraite à l'est du Rhin. Göring est toutefois chargé de plusieurs missions de reconnaissance au-delà du Rhin qu'il met à profit pour en découdre avec des unités françaises, ce qui lui vaut la Croix de Fer de 2e classe.

A l'automne 1914, l'unité de Göring est envoyée dans les Vosges. Lorsque le front se fige, elle prend position dans le secteur de Baccarat. L'humidité et le froid qui règnent dans les tranchées ont un effet désastreux sur Göring: il est terrassé par une crise de rhumatisme qui affecte les articulations des jambes et évacué vers l'hôpital de Metz. C'est là que son ami Bruno Loerzer, qu'il avait connu au 112e régiment d'infanterie et qui a passé son école de pilote, lui suggère de rejoindre l'arme aérienne, en lui expliquant que cela lui permettra de s'extraire de la boue des tranchées. Il introduit une demande de transfert pour l'aviation et suit une formation d'observateur aérien. Fin 1914, il est affecté en cette qualité à la base aérienne de Stenay près de Verdun. À l'époque, l'armée allemande a beaucoup de mal à obtenir des photographies exploitables de la zone d'opération. Au prix de manœuvres audacieuses, le tandem Göring-Loetzer va ramener d'excellentes prises de vue de la zone de Verdun. Les deux hommes sont régulièrement appelés à l'état-major pour commenter les clichés qu'ils ramènent.

Le 25 mars 1915, suite à une mission particulièrement réussie, le Kronprinz en personne leur décerne la Croix de fer de première classe (Eiserne Kreuz Erster Klasse). Mais ceci ne suffit plus au belliqueux Göring (qui allait jusqu'à emporter un fusil et des grenades lors de ses missions de reconnaissance) et il demande à se faire affecter à la chasse. Le 30 juin 1915, il est affecté à l'école d'aviation de Fribourg. En octobre 1915, il rejoint la 5e Jagstaffel (escadrille de chasse) et y remporte sa première victoire le 16 novembre 1915 en abattant un Farman au-dessus de Tahure. Il va poursuivre la guerre dans différentes unités. Revenu au 5e Jagdstaffel, il sera contraint, après un engagement contre six avions anglais au cours duquel il est blessé, à un atterrissage forcé. Il passera les quatre mois qui suivent dans différents hôpitaux militaires et en convalescence. Il rejoint au printemps 1917 le front et la Jadgstaffel 26 commandée par son ami Loetzer. Lorsque l'escadrille est transférée sur le front des Flandres, Göring se voit confier le commandement de la 27e Jagdstaffel qui opère dans le même secteur.

Au cours de ces années d'opérations, Göring fait preuve d'un comportement chevaleresque, s'abstenant notamment d'achever ses adversaires lorsqu'ils sont à court de munitions. Il accumule aussi les victoires en combat aérien et le 2 juin 1918 le Kaiser lui décerne à Berlin la médaille Pour le mérite. Le 8 juillet 1918, alors qu'on attendait à ce poste Ernst Udet ou Carl Loewenhardt, il succède au capitaine Reinhard - qui vient de se tuer au cours de l'essai d'un nouveau modèle d'avion - au commandement de l'escadron de chasse de Richthofen (Jagdgeschwader 1), dont il devient le dernier chef. Sur la durée la guerre, Göring enregistrera 22 victoires confirmées. Mais le sort de la guerre est en train de tourner en défaveur de l'Allemagne. Dans les airs, Göring et ses camarades de combat sont confrontés à de nouveaux modèles d'avions alliés plus efficaces et plus solides et sur terre la situation se dégrade inexorablement forçant les escadrilles allemandes à trouver des aérodromes de repli.

Fin octobre, l'Allemagne s'effondre et ouvre des négociations avec les alliés au début de novembre. Le jour de l'armistice, Göring reçoit l'ordre d'acheminer les avions de l'escadrille à Strasbourg pour les livrer aux forces françaises. Avec l'assentiment de ses principaux pilotes, il désobéit et ramène les avions à Darmstadt. Le jour de la démobilisation officielle de l'escadrille à Aschaffenburg, près de Francfort, il se livre à une violente diatribe contre les soviets qui tentent de prendre le contrôle de l'Allemagne. En décembre 1918, de passage à Berlin, il assiste au Philharmonique de Berlin à une grande réunion d'officiers où le ministre de la défense du nouveau gouvernement socialiste les incite à soutenir les autorités et à renoncer aux décorations, insignes de grades et épaulettes. C'en est trop pour Göring, qui monte sur scène et se lance dans un violent discours où il déclare notamment

«  Ceux qui sont à blâmer, ce sont ceux qui ont excité le peuple, qui ont poignardé notre glorieuse armée dans le dos, sans autre but que de parvenir au pouvoir et de s'engraisser aux dépens du peuple. Je demande à tous de nourrir une haine, une haine profonde et durable, pour ces porcs qui ont outragé le peuple allemand et nos traditions. Un jour viendra où nous les chasserons d'Allemagne. Préparez-vous pour ce jour; travaillez pour ce jour!. »

Outre qu'il accrédite la légende du "coup de poignard dans le dos", ce discours coupe définitivement à Göring toute possibilité d'être admis dans les cadres de la future Reichswehr. De retour chez sa mère à Munich, il devra se cacher pour échapper aux soviets de soldats et d'ouvriers qui recherchent les anciens officiers de l'armée impériale. Il y arrivera en se réfugiant chez le capitaine anglais Beaumont, avec qui il a sympathisé après avoir abattu son avion et l'avoir fait prisonnier au cours de la guerre, et qui est désormais chargé de superviser le démantèlement de l'aviation allemande pour le compte des alliés.

En 1919, il décide donc de se rendre au Danemark, puis en Suède pour pouvoir continuer à piloter. C'est là qu'il rencontre sa première femme, Carin, baronne von Kantzow, née Fock, liée aux milieux de l'aristocratie et de la finance, et qu'il épousera en février 1923 à Munich. Hermann Göring milita dans plusieurs organisations de droite, ainsi que dans des associations philosophiques et politiques comme l'Ordre de Thulé. En automne 1921, Göring retourne en Allemagne et fréquente des cours d'histoire et de sciences politiques à l’université de Munich ; pendant ces cours qu'il n'a pas terminé, il fut attiré vers le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) par Alfred Rosenberg qui l'emmena assister à un discours d'Adolf Hitler au café Neumann. Il rencontrera personnellement Hitler en tête à tête avant d'adhérer au parti. Göring refusa d'avoir un poste de direction ou de commandement à ses débuts au sein du parti puisque l'on pourrait penser qu'il était venu rencontrer Hitler à cette intention, c'est pourquoi, pendant un ou deux mois, il demeura dans l'ombre. Hitler lui confie en décembre 1922 le commandement des sections d'assaut ou SA (Sturmabteilung), les « chemises brunes », dont le chef d'état-major était le capitaine Ernst Röhm.

Sa rencontre avec le Führer va complètement transformer Göring. Le 9 novembre 1923, lors du putsch de la Brasserie manqué de Munich, il est atteint à l'aine par deux balles lors de la fusillade entre nazis et forces de l'ordre. Il est emmené dans la cour du numéro 25 de la Residenzstrasse où il est recueilli par Robert Ballin, propriétaire juif (Göring l'épargnera par la suite lors des déportations). Il a alors recours à la morphine et devient dépendant de cette substance. Un mandat d’arrestation est lancé contre lui et il se réfugie en Autriche. Il demeure plusieurs semaines dans une clinique d’Innsbruck, gagne ensuite l'Italie où il rencontre Mussolini, puis la Suède où il restera quatre ans. L'ancien as se laisse aller - il devient obèse et aigri, les douleurs de sa blessure ne lui laissaient aucun répit, sauf quand la morphine la lui faisait oublier.

Le besoin insatiable de drogue prend fermement racine en lui; la folie le guette et il sera même interné en septembre 1925. En automne 1927, l'amnistie prononcée par Hindenburg lui permet de retourner en Allemagne où il fut accueilli par Adolf Hitler avec peu d'enthousiasme puisque ce dernier avait été mis au fait de son état de santé mentale. En effet, la direction des SA demeura à la charge de Franz Pfeffer von Salomon et Göring dut se rendre à Berlin afin de trouver du travail. Néanmoins, par son contact personnel avec l’industrie, il collecte des fonds pour subventionner le Parti nazi. Il devînt représentant pour trois firmes allemandes : BMW, Heinkel et Tornblad. Lors des élections législatives de mai 1928, il fut élu en tant que député en Bavière et devînt ainsi l'un des douze premiers députés nazis au Reichstag.

Il est réélu en septembre 1930 alors que le parti nazi obtenait 107 sièges au Reichstag. Göring espèrait alors reprendre le commandement des SA, mais Hitler confie ce poste à Ernst Röhm qu'il vient tout juste de rappeler à cet effet. Le 17 octobre 1931, son épouse, Karin, décède. En 1934, il épouse en secondes noces Emmy Sonnemann, une actrice allemande. Hitler est le témoin officiel du marié. Lors des élections législatives du 31 juillet 1932, le parti nazi obtient une victoire parlementaire en gagnant 230 sièges sur les 608 du Reichstag. Néanmoins, Hindenburg refuse de nommer Hitler en tant chancelier maintenant son ami Franz von Papen à cette position. Le 30 août 1932, Göring devient président du Reichstag après une coalition entre le centre, le parti nazi et le parti du peuple bavarois. La nuit du 27 au 28 février 1933, le Reichstag est incendié par un militant communiste hollandais, Marinus Van der Lubbe ; selon certaines sources, les pistes remonteraient à Göring comme organisateur du complot, bien qu'aucune preuve formelle ne puisse être avancée, suite à la vague d'assassinats qui suivit cet événement.

Si Göring, à en croire Hermann Rauschning (auteur tenu en suspicion par plusieurs historiens), s'est parfois vanté en privé d'être le responsable de l'incendie, des historiens comme Ian Kershaw pensent qu'il s'agit là de ses fanfaronnades habituelles, et que les nazis ont exploité l'incendie du Reichstag par un déséquilibré communiste sans l'avoir organisé eux-mêmes. Ministre de l'Intérieur pour la Prusse dans le premier gouvernement Hitler le 30 janvier 1933 (l'un des deux seuls ministres nazis alors avec Wilhelm Frick), Göring ouvre les vannes de la violence en déchaînant les SA contre les opposants, avant comme après l'énigmatique incendie du Reichstag. Il aide à l'ouverture des premiers camps de concentration et crée la Gestapo, police politique en Prusse, ancêtre de la Gestapo dont il cède la responsabilité à Himmler en 1934. En 1933, Göring devient aussi ministre de l'Air (Reichsluftfahrtminister).

En juin 1934, il dirige avec les SS la rafle et le massacre des SA lors de la nuit des Longs Couteaux. Il est nommé en 1935 commandant en chef de la Luftwaffe au sein du ministère de l'air (Reichsluftfahrtministerium). Il soutient en Espagne le général Franco par l’envoi de la Légion Condor célèbre de par le bombardement sur Guernica (1937), le premier de l'Histoire. Dès 1936, il prépare économiquement l'Allemagne à la guerre en qualité de responsable du Plan de Quatre Ans (Vierjahresplan) et devient le responsable de l'autarcie et du dirigisme économique. En 1937, il fonde les Reichswerke Hermann-Göring ; ce cartel comprendra par exemple 228 sites sidérurgiques et sera en 1944 la plus grande firme sidérurgique en Europe, et la plus vaste entreprise publique du monde. Dès 1938-1939,

Göring organise pour ce faire la mainmise sur les industries stratégiques des pays annexés (Autriche, Tchécoslovaquie), prélude à la mise en coupe réglée des pays conquis. Actif dans les « questions juives », Göring joue un rôle très important dans les persécutions antisémites et en particulier dans l'aryanisation (spoliation) des biens juifs, accélérée en 1938-1939. Après la nuit de Cristal organisée par Goebbels (9 novembre 1938), il s'efforce de ne pas être en reste et inflige cyniquement une amende exorbitante de un milliard de marks aux Juifs pour les « désordres » et les dégâts matériels du pogrom. Il encourage leur émigration forcée. C'est sur son initiative que sont créés les premiers camps de concentration. Il missionne Heydrich par un ordre du 31 juillet 1941 de prendre toutes les mesures nécessaires à la mise en place de la Solution Finale et de travailler à un projet. Il est nommé au grade de Feldmarschall suite à l'affaire Blomberg-Fritsch.

En 1938, il négocie ensemble avec l’Angleterre, la France, la Hongrie, l’Italie et la Pologne l’Anschluss avec l’Autriche. Malgré ses fanfaronnades, Göring redoutait une guerre et était conscient que le Reich ne pouvait pas gagner contre une coalition européenne. Ainsi, au moment de la crise de Munich, il transporta le colonel Stehlin dans son avion personnel pour lui montrer la concentration de la Wehrmacht vers la Bohème, ce qui permettait à l'armée française de dissuader l'Allemagne ; en août 1939, il utilisa l'industriel suédois Dahlerus pour tenter une ultime négociation. En 1940, Göring devient Reichsmarschall des Grossdeutschen Reiches, titre qu'il est le seul à posséder. Il est le seul durant la Seconde Guerre mondiale à recevoir la Grand Croix de l'ordre de la croix de fer (Grosskreuz), l'une des plus hautes distinctions allemandes, que ne s'étaient vu décerner que des chefs du prestige de Blücher ou d'Hindenburg. Il est toujours chef suprême de l'aviation et de l'économie de guerre.

À l'entrée en guerre, il est le successeur désigné d’Hitler. On le surnomme « l'Homme de fer » et il jouit d'une très grande popularité dans la population allemande. Paradoxalement, Hermann Göring était opposé à la guerre, qu'il jugeait trop risquée tant que l'Angleterre restait en lice. Or, lorsque Hitler commet la folie de sacrifier les chasseurs aux bombardiers, l'ancien pilote de chasse ne fait aucune objection : en fait, il n'osait s'opposer de front à son chef. Il multiplie les vantardises et les échecs. Fin mai 1940, il obtient qu'Hitler stoppe ses blindés aux portes de la poche de Dunkerque, promettant que son aviation suffira à liquider les forces franco-britanniques massivement encerclées : en réalité, la RAF britannique perd deux fois moins d'appareils que la Luftwaffe, qui se montre impuissante à empêcher le rembarquement spectaculaire de 400 000 soldats britanniques et français.

En 1941, après son échec dans la bataille d'Angleterre qui oppose frontalement la Luftwaffe à la chasse anglaise, le Maréchal du Grand Reich reste quelque temps dans l'ombre. Un jour, il déclare dans une interview qu'aucun bombardier ennemi ne peut même espérer franchir la frontière du Reich : « Si une seule bombe ennemie tombe sur le sol allemand, je veux bien m'appeler Meier » (équivalent allemand de manger son chapeau). Quelques mois plus tard, des bombes américaines et britanniques vont pleuvoir sur le Grand Reich. Même les Berlinois, qui ne l'appelleront plus que « Hermann Meier » par ironie, n'ont cependant pas retiré leur sympathie à ce personnage haut en couleurs et fanfaron dont ils ignorent ou négligent les actes criminels, au point que Hitler, conscient de la popularité de Göring au sein de la population allemande, se gardera de jamais le disgracier publiquement malgré son irritation croissante envers ses échecs répétés. Le 31 juillet 1941, Göring charge Reinhard Heydrich, chef de la sécurité du Reich, de prendre toutes les mesures nécessaires à une « solution globale de la question juive », c'est le passage à la déportation et à l'élimination massive des Juifs dans les pays européens occupés : étoile jaune, camps d'extermination.

En janvier 1943, il se vante encore en assurant à Hitler que sa Luftwaffe peut continuer à approvisionner par la voie des airs l'armée assiégée dans Stalingrad ; son erreur de jugement aura des conséquences désastreuses pour l'Allemagne. Göring traite de lâcheté et d'incapacité les généraux et « les héros de la bataille d'Angleterre » ; plusieurs officiers vont alors se révolter contre celui qu'ils surnomment le « bouffi » et demander sa disgrâce. Cependant, même à ce moment où tout ce qui l'entourait commence à craquer, le Reichsjägermeister (grand "veneur" de l'Empire) continue à vivre dans son univers personnel, se consacrant à la chasse ; comme « grand amateur de l’art de la Renaissance », spécialement fasciné des peintures de Lucas Cranach. Avec l'aide d'intermédiaires comme Bruno Lohse, il pille les trésors artistiques des territoires occupés de l'Europe occidentale. Il est aussi, au moins jusqu'en 1942-1943, un des organisateurs essentiels du pillage économique des pays occupés, et du transfert forcé de travailleurs civils dans le Reich ; le gauleiter Fritz Sauckel, « négrier de l'Europe », lui est nommément subordonné à partir de 1942. Dans les derniers jours de la guerre, le 25 avril 1945, Göring sera définitivement désavoué, et même condamné à mort (ainsi que sa femme et sa fille dont Hitler était le parrain) par son Führer après avoir tenté de prendre le pouvoir alors que celui-ci s'était enfermé dans le Führerbunker dans Berlin assiégé. Hitler lui fait néanmoins grâce au vu de ses services passés, et se contente de le faire assigner à résidence par les SS.

Dans son testament, le 30 avril, le Führer exclut Göring du Parti nazi, ainsi que Himmler, avant de se suicider. Quelques jours plus tard, en Bavière, Göring se rend aux Américains. Le 21 mai 1945, il est interné dans le camp américain à Mondorf-les-Bains : cet homme lourd de 140 kilos est alors presque impotent et a perdu une partie de ses facultés intellectuelles d'après les témoignages du médecin de la prison. En effet, lorsqu'il fut blessé lors du putsch manqué, il absorba des doses massives de morphine, puissant opiacé, bien connu pour ses vertus antalgiques et anesthésiantes. Cependant, il s'avéra qu'il devint dépendant à cette substance, dépendance qu'il gardera jusqu'à son arrivée à la prison où il sera sevré. Par ce sevrage, il perdit une grande partie de sa surcharge pondérale et retrouva toutes ses facultés. Il affirma son ascendant sur ses codétenus et se présenta à la barre comme le plus haut responsable nazi après Hitler, assumant les actes du IIIe Reich. Pendant le procès de Nuremberg, comme Göring maîtrise la langue anglaise, il fait rectifier les mauvaises traductions pendant l'interrogatoire et déstabilise le procureur américain Jackson, notamment en se lançant dans des discours fleuves en réponse aux questions posées par ce dernier. Plus patient et plus concret, le procureur britannique, Sir David Maxwell Fyfe, a plus de succès dans son contre-interrogatoire (21 mars) : ce dernier fit allusion à l'exécution sommaire de 50 prisonniers de la Royal Air Force, attaquant directement son honneur de soldat qui lui tenait très à cœur. Göring est condamné à mort pour plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerres et crimes contre l'humanité.

Le 15 octobre 1946, pour échapper à l'humiliation de la pendaison (après avoir demandé à être fusillé, ce qui lui fut refusé), Hermann Göring s'empoisonne dans sa cellule à l’aide d’une capsule de cyanure, probablement fournie par un jeune garde américain, abusé par des individus. En effet, en février 2005, un des gardes de Göring âgé de 19 ans à l'époque, Herbert Lee Stivers, a avoué lui avoir transmis un stylo contenant un prétendu médicament. Celui-ci lui aurait été remis par deux Allemands qui prétendaient que le condamné était malade. Jeune, crédule et amouraché d'une Allemande qu'il voulait impressionner, Stivers accepta de transmettre le stylo et ne révéla ce geste que 58 années plus tard. Le corps d'Hermann Göring fut incinéré et ses cendres dispersées dans l'Isar, un affluent du Danube.

Kennedy John Fitzgerald

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John Fitzgerald Kennedy est né le 29 mai 1917 à Brookline, dans l'état du Massachusetts. Il est le descendant d'une famille catholique irlandaise qui a immigré aux Etats-Unis au XIXème siècle. C'est le deuxième des neuf enfants du couple.

Kennedy John Fitzgerald

Kennedy John Fitzgerald

La richesse de John Kennedy et son désir de devenir président proviennent de son père, Joseph Kennedy. C'était un homme d'affaire ambitieux, qui est devenu millionnaire assez rapidement mais de façon plus ou moins honnête. Après être devenu ambassadeur des Etats-Unis à Londres, son rêve est de devenir le premier président catholique des Etats-Unis. Mais suite à une certaine entente avec Hitler, il ne pourra jamais atteindre son but. La mort de Joe Jr (son frère ainé) va faire de John le porteur des ambitions politiques de l'ambassadeur. Il entre à l'université de Harvard en 1936 dans les relations internationales jusqu'en 1940. Durant cette période, il fera de nombreux voyage à Londres où son père est ambassadeur pour les USA.

En 1941, quelques mois avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, Kennedy s'engage dans la marine. En août 1943, le lieutenant John Kennedy commande le PT 109, un lance torpille qui doit intercepter et détruire un convoi japonais de matériel militaire. La mission sera un désastre, le navire sera coulé et John Kennedy avec une dizaine de survivants devra nager durant plusieurs heures pendant la nuit afin de pouvoir se réfugier sur un îlot désert. Trois jours plus tard, le lieutenant et les marins les plus valides repartir à la nage afin de trouver une île habitée. Une fois trouvée, les indigènes sont chargés d'aller prévenir la base américaine la plus proche. Cette aventure fait du jeune lieutenant Kennedy un héros aux yeux de l'amérique. Le récit fait la une du New York Times et des journaux de Boston, Joseph Kennedy s'étant activé pour donner le plus de retentissement possible à l'affaire.

En 1946, Kennedy brigue le siège de Boston à la Chambre des représentants. C'est un Kennedy mal assuré et timide qui sera pourtant élu sans problème et même réélu en 1948 et 1950. Il critiquera la politique étrangère en mettant en avant la faiblesse de l'administration fédérale face à la menace communiste. En 1952, il ambitionne de se faire élire au poste de sénateur. Et c'est un Kennedy sans grand rapport avec celui de 1946 qui défait sur son propre terrain Cabot Lodge. Un an plus tard, le 12 septembre 1953, John Kennedy épouse Jacqueline Lee Bouvier, une journaliste au New York Times, le couple aura trois enfants : Caroline (né le 27 novembre 1957), John John (né le 25 novembre 1960) et Patrick (mort né en août 1963). En 1956, Kennedy décide de se présenter à la vice-présidence démocrate pour les élections présidentielles de 1956. Kennedy sera battu de six voix seulement. Finalement, Stevenson sera battu par Eisenhower. De cette défaite, la seule de John Kennedy, va naître une ambition : la présidentielle de 1960. Au printemps de cette même année, c'est un Kennedy très affûté qui se présente devant la nation. La convention républicaine investit sans surprise Richard Nixon, alors vice-président des Etats-Unis.

C'est avec la marge la plus courte du siècle que John F. Kennedy est élu 35ème président des Etats-Unis, en effet, à peine 100 000 voix séparent les deux candidats, mais le système électoral américain est telle qu'en terme d'état, Kennedy est largement majoritaire. Après 4 ans d'effort, Kennedy accède enfin au pouvoir et devient l'un des plus jeune président des Etats-Unis (il a 43 ans, seul Théodore Roosvelt a été élu plus jeune à 42 ans). C'est le premier président catholique des USA. Il est intronisé président des Etats-Unis par Earl Warren (président de la court suprême) en Janvier 1961.

La politique de Kennedy, qui était de regrouper les forces occidentales face aux blocs de l'Est, mais en s'efforçant de parvenir à un équilibre pacifique, avait commencé à porter ses fruits. Malheureusement, du fait d'une faible majorité parlementaire, John Kennedy ne put mettre en oeuvre toutes les réformes souhaitées en matière de politique intérieure américaine. Malgré son jeune âge, John Fitzgerald Kennedy a du faire face à l'une des plus délicates crise de la guerre froide : La crise des missiles de Cuba. Celle-ci fut a deux doigts de déclencher une nouvelle guerre mondiale (et certainement atomique) : La crise de Cuba, La guerre du Vietnam.

C'est le vendredi 22 Novembre 1963 à 11h40, sous un éclatant soleil que le président et la première dame des Etats-Unis descendent d'Air Force One (avion présidentiel) à l'aéroport de Dallas (Love Field). Le couple présidentiel salue rapidement la foule avant de monter, en compagnie du Gouverneur du Texas John Connally et de sa femme, dans la Lincoln noire. Le cortège présidentiel quitte l'aéroport et traverse la ville de Dallas pour aller déjeuner au Trade Mart, escorté de 12 motards de la police de Dallas. Tout le monde salue le président. Il ne semblait y avoir aucun doute sur la popularité de Kennedy. Même si le jour précédent, des tracts anti-Kennedy ont été distribués dans Dallas. Arrivé au Dealy Plaza, le chauffeur ralentit étrangement son allure jusqu'à pratiquement s'arrêter tandis que des coups de fusils retentissent. Le président est touché à la tête et le gouverneur semble blessé, la voiture accélère de nouveau et disparaît sous le pont et prend la direction du Parkland Memorial Hospital. On venait de tirer sur le président, juste là, sous les yeux de centaines de personnes venues l'acclamer et des caméras de télévision.

Le journal télévisé dépêche une nouvelle à 13 h : le président des Etats Unis d'Amérique vient d'être abattu par une balle. Le père Oscar Huber lui a administré les derniers sacrements. De nombreux témoins (80%) affirment avoir entendu plusieurs coups de feux provenant d'endroit différents, ces témoignages seront appuyés par le film d'Abraham Zapruder. Immédiatement après que Kennedy fût touché à la tête, de nombreux témoins se précipitèrent vers une petite palissade. Parmi eux, un policier qui affirmera plus tard avoir été certain que le coup de feu fatal fut tiré depuis cet endroit (derrière la palissade). Mais tous sont arrêtés par un homme affirmant appartenir aux services secrets et n'auront jamais l'occasion de pousser plus en avant leurs investigations. 80% des témoins (+ de 100 personnes) affirment que le coup de feu fatal a été tiré de la palissade.


La Russie nie avoir violé l'espace aérien ukrainien

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Après quelques jours d'un apaisement précaire à la suite de la signature d'un accord censé mettre en place une « désescalade », la crise en Ukraine est redevenue une confrontation verbale entre Moscou et les Occidentaux, qui vont prendre de nouvelles sanctions, et quasi militaire entre l'armée ukrainienne et les milices prorusses.

 

La Russie nie avoir violé l'espace aérien ukrainien

La Russie nie avoir violé l'espace aérien ukrainien

La Russie a violé l'espace aérien ukrainien « à plusieurs reprises »

Des avions russes sont entrés dans l'espace aérien de l'Ukraine « à plusieurs reprises » au cours des dernières vingt-quatre heures, a affirmé le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone, vendredi 25 avril, ce que nient les autorités russes. « Les allégations de représentants officiels du Pentagone sur une prétendue violation de l'espace aérien de l'Ukraine par des chasseurs russes sont apparemment fondées sur des rumeurs et des suppositions », a déclaré un représentant du ministère de la défense russe.

« Des avions militaires russes ont traversé et violé l'espace aérien ukrainien à sept reprises la nuit dernière », a pour sa part assuré Arseni Iatseniouk, le premier ministre ukrainien, samedi. Des manœuvres opérées, selon lui, « dans le seul but de pousser l'Ukraine à déclencher une guerre ».

Moscou, qui a brandi cette semaine la menace d'une intervention militaire en Ukraine pour défendre ses intérêts et ceux de la population d'origine russe, a lancé des manœuvres impliquant notamment son aviation le long de la frontière ukrainienne. Pour le moment, la Russie nie cependant avoir des militaires ou des agents en territoire ukrainien. Washington a de son côté déployé 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.

La Russie nie avoir violé l'espace aérien ukrainien

Le G7 et l'UE vont prendre de nouvelles sanctions contre la Russie

Le G7, qui regroupe les pays les plus industrialisés, s'est engagé à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie dans la crise ukrainienne, a annoncé un communiqué conjoint samedi 26 avril. « Nous avons maintenant convenu d'imposer rapidement des sanctions supplémentaires contre la Russie », affirme ce communiqué publié à Séoul.

Un haut responsable américain a précisé que les sanctions devraient intervenir lundi et qu'elles viseraient « des personnes influentes dans [des secteurs de] l'économie russe, tels que l'énergie et la banque ».

Par ailleurs, des diplomates des vingt-huit pays européens se rencontreront, lundi, à Bruxelles, pour évoquer la situation en Ukraine et « adopter une liste supplémentaire de sanctions de “phase 2” », comme le gel d'actifs et des interdictions de voyage, a indiqué un responsable de l'Union européenne.

L'armée ukrainienne encercle Sloviansk

Les autorités de Kiev ont déclaré, vendredi, que l'armée allait tenter de bloquer les militants prorusses à l'intérieur de Sloviansk, ville de 100 000 habitants sous contrôle des insurgés, pour « ne pas laisser les renforts [prorusses] arriver » afin d'« éviter les victimes parmi les civils ». Des blindés et des hélicoptères ukrainiens stationnent autour de la ville depuis jeudi. L'éventualité d'un assaut a encore fait monter la tension.

Jeudi, le « maire populaire » de la ville, Viatcheslav Ponomarev, dont les conférences de presse débridées évoquent les sorties pleines de fougue du président tchétchène Ramzan Kadyrov, a annoncé être prêt à transformer la ville en un « nouveau Stalingrad ».

Des observateurs européens détenus par les prorusses

La place forte des prorusses est quadrillée par des hommes armés se revendiquant de toutes sortes d'organisations et qui peuvent arbitrairement faire descendre un automobiliste de son véhicule et l'obliger à se tenir à genoux sur la chaussée le temps d'une vérification.

Des séparatistes prorusses ont revendiqué, samedi, l'arrestation d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Keitel Wilhelm

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Wilhelm Keitel (22 septembre 1882 à Helmscherode près de Hanovre, Allemagne - 16 octobre 1946 à Nuremberg, Allemagne) fut maréchal, commandant suprême des forces armées allemandes, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Wilhelm KeitelWilhelm Keitel

Wilhelm Keitel

Né d'une grande famille propriétaire de biens fonciers. Adolescent, il aimait parcourir la campagne et, en particulier, les exploitations de ses parents, pour rêver et jouer avec d'autres enfants à la guerre, jeu déjà préféré de Wilhelm. Après une éducation à Göttingen, il s'enrôla dans l'armée comme Fahnenjunker (officier cadet) en 1901 et rejoignit le 6e régiment d'artillerie de campagne de Basse-Saxe. Il épousa Lisa Fontaine en 1909. Pendant la Première Guerre mondiale, il servit sur le front de l'Ouest avec le 46ème régiment d'artillerie, en qualité de commandant de batterie. En septembre 1914, pendant les combats en Flandres, il fut gravement blessé au bras droit par un éclat d'obus. Il se rétablit et devint membre de l'état-major au début de 1915.

Après la guerre, il resta dans la nouvelle Reichswehr et aida à organiser les Freikorps, garde-frontières avec la Pologne, puis il fut instructeur pendant deux ans à l'école de cavalerie de Hanovre. A la fin de 1924, il fut transféré au Ministère de la Défense de la République de Weimar qui était alors déguisé en office des troupes (Truppenamt). Il garda son poste après l'arrivée des Nazis au pouvoir et même en fut promu comme le chef avec la recommandation de Werner von Fritsch. Le 30 janvier 1933, Hitler prit le pouvoir et, durant la période suivante, Keitel, en convalescence à la clinique de Tatra-Westerheim en Tchécoslovaquie pour une thrombose à une jambe, apprit la nouvelle. À son retour à Berlin, Keitel devint chef de service du ministre de la défense, le général von Blomberg.

Le 1er décembre 1933, Keitel prit le commandement d'une division d'infanterie à Potsdam et, malgré le traité de Versailles et avec la complicité de la Reichswehr, il prépara, dans les écuries de l'ancien régiment de la garde, une manufacture d'armes. Ce dépôt d’armes, utilisé par les SS pour préparer le putsch (Nuit des Longs Couteaux), fut déplacé, tenu secret et gardé par le major du contre-espionnage Anton Rintelen. En 1937, il est général et, en 1938, après l'affaire Blomberg-Fritsch suivie du remplacement du Reichswehrministerium par le Oberkommando der Wehrmacht (OKW, haut commandement des forces armées), il devient le chef suprême des troupes. Il est nommé maréchal en 1940. Il est vraisemblable qu'Hitler choisit ce personnage falot, qualifié par Blomberg de simple "chef de bureau", pour mieux contrôler la Wehrmacht lui-même. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se montra un commandant faible et précautionneux, voire pusillanime.

Il s'opposa à l'invasion de la Pologne puis de la France (en 1944, il comptait s'installer en Alsace à Ingersheim dans le département du Haut-Rhin). À chaque fois, il donna sa démission, mais elle ne fut pas acceptée. Sa dernière tentative de défiance concerna la liste Siegmund, ensuite il accomplit passivement tout ce qu'on lui ordonnait et reçut le surnom par ses collègues de Lakaitel (laquais). Il signait tous les ordres, y compris les plus critiquables éthiquement, permettant à Himmler d'exercer sa terreur notamment en Russie. Il présida le tribunal qui remit les officiers qui avaient tenté de tuer Hitler le 20 juillet 1944 à Roland Freisler pour être éliminés. Le 8 mai 1945 à Berlin, il présenta à l'Union soviétique la capitulation de l'Allemagne, après avoir fait remarquer, à haute voix : « Ah! Les Français sont là aussi ! Il ne manquait plus que ça ! ».

Au cours du procès de Nuremberg, il est condamné à mort pour plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour son rôle prépondérant dans la guerre d'extermination à l'Est et pendu. Il demande vainement à être fusillé plutôt que pendu. Avant d'être exécuté, il s'exclame "Deutschland über alles !" ("L'Allemagne avant toute chose").

Frick Wilhelm

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Wilhelm Frick, né le 12 mars 1877 et décédé le 16 octobre 1946, fut un haut dignitaire (Reichsleiter) du parti nazi, « protecteur » de Bohême-Moravie. 

Wilhelm Frick

Wilhelm Frick

D'une famille paysanne du Palatinat, il devint fonctionnaire de police en 1917 et se rallia très tôt au parti nazi. Il participa au putsch de Munich en 1923 et fut élu député au Reichstag en 1924. Comme ministre de l'Intérieur du Land de Thuringe (1930-1931), il fut le premier Nazi à accéder à un poste ministériel.

Le 30 janvier 1933, il devint ministre de l'Intérieur du Reich dans le premier gouvernement de Hitler. En 1943, il dut s'effacer devant Heinrich Himmler et devint « protecteur » de Bohême-Moravie. Il fut pendu après le procès de Nuremberg, lors duquel il est condamné pour crimes contre l'humanité, crimes contre la paix et crimes de guerre.

Ley Robert

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Robert Ley (né le 15 février 1890 à Niederbreidenbach, mort le 25 octobre 1945 à Nuremberg) était un homme politique allemand, Directeur du Front allemand du travail et Organisateur du NSDAP (Reichsorganisationsleiter). Issu d'une famille d'agriculteurs, de Friedrich Ley et de sa femme Emilie (née Wald), Robert Ley est le septième d'une famille de onze enfants. Élève brillant, il parvient, malgré ses origines modestes, à étudier la chimie aux universités de Jena et Bonn.

Robert Ley

Robert Ley

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Robert Ley se porte volontaire et s'engage dans l'armée allemande. Il passe deux ans dans un régiment d'artillerie, avant de suivre une formation pour devenir aviateur. En juillet 1917, son avion est abattu au dessus de la France. Lors du crash, Ley subit un traumatisme crânien et gardera à vie un léger bégayement et une certaine propension à la nervosité. Fait prisonnier par les français, ce dernier passe deux ans dans un camp de prisonniers. Ce n'est qu'en 1920 qu'il retrouve la liberté. De retour en Allemagne, Ley retourne à l'université et obtient son doctorat de chimie. Son diplôme en poche, il se fait embaucher par une filiale alimentaire du géant industriel IG Farben, à Leverkusen dans la Ruhr.

En 1924, opposé à l'occupation française de la Ruhr, Ley dont les positions ultra-nationalistes se sont affirmées rejoint le NSDAP, peu de temps après qu'Adolf Hitler ait prononcé son célèbre discours à Munich. En 1925, Robert Ley devient Gauleiter et l'éditeur d'un journal antisémite, le Westdeutsche Beobachter. En 1931, Robert Ley est nommé à l'état major du NSDAP afin de prendre en charge l'organisation du NSDAP (Reichsorganisationsleiter) en remplacement de Gregor Strasser, limogé par Hitler à la suite d'un différent. L'expérience de Ley acquise alors qu'il était à la tête de la région ouvrière de la Ruhr (Gauleiter) le rend populaire dans l'aile socialiste du parti nazi. Quand Hitler devient Chancelier en janvier 1933, Ley le suit à Berlin. Le 1er mai, lorsque les syndicats sont dissous pour être remplacés par le Front allemand du travail (Deutsche ArbeitsfrontDAF), Robert Ley est nommé par Hitler directeur de la nouvelle organisation.

Martin Bormann, Robert Ley, Wilhelm Frick, Hans Frank, Franz von Epp, Joseph Goebbels, and Walter Buch at a Nazi rally, Nürnberg, Germany, 12 Sep 1938

Martin Bormann, Robert Ley, Wilhelm Frick, Hans Frank, Franz von Epp, Joseph Goebbels, and Walter Buch at a Nazi rally, Nürnberg, Germany, 12 Sep 1938

A la fin de la guerre, Robert Ley changea d'identité et prit le pseudonyme de Ernst Dostelmaier. Arrêté et confronté à des témoins qui le reconnurent, il fut incarcéré à la prison de Nüremberg. Le 25 octobre 1945, il fut retrouvé pendu à une poignée de porte par des lambeaux de son drap qu'il avait déchirés et assemblés de manière à en faire une corde. Ce suicide incita les autorités alliées à augmenter la surveillance des cellules des accusés, sans pourtant éviter cependant le suicide de Hermann Göring le 15 octobre 1946 par ingestion d'une capsule d'acide cyanhydrique.

Globke Hans

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Hans Josef Maria Globke (né le 10 septembre 1898 à Düsseldorf; décédé le 13 février 1973 à Bonn) était un juriste au service de l'État. En tant que Secrétaire d'État de Konrad Adenauer, il a occupé des fonctions importantes aux premiers temps de la République fédérale d'Allemagne, mais son rôle pendant la période du national-socialisme a fait de lui un personnage controversé.
Konrad Adenauer et Hans Globke

Konrad Adenauer et Hans Globke

Anticommuniste et homme de réseau, il était juriste au Ministère de l'intérieur dès 1929. Complice de l'idéologie nazie, il avait supervisé les ordonnances en 1936 sur les critères de "souillure raciale" du Troisième Reich. Globke était le fils d'un grossiste en drap à Düsseldorf. Peu de temps après sa naissance sa famille s'installa à Aix-la-Chapelle. Après son Abitur au Kaiser-Karl-Gymnasium, il commença à servir dans l'armée en 1916 et appartint jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale à une unité d'artillerie sur le front occidental.

Immédiatement après la fin de la guerre Globke commença à étudier le droit et les sciences politiques aux universités de Bonn et Cologne. Il était membre de l'association des étudiants catholiques Bavaria Bonn. Après son doctorat sur L'immunité des parlementaires au Reichstag et dans les Landtags passé à Giessen en 1922, il commença à faire carrière dans la fonction publique. La même année, il entra au Zentrum auquel il appartint jusqu'à sa dissolution au cours de l'année 1933. En 1925, il devint sous-préfet de police à Aix-la-Chapelle. L'année suivante sa nomination comme Regierungsassessor assura son entrée définitive au service de l'État prussien. En 1929 une promotion le fit entrer au ministère de l'Intérieur de Prusse, où il devait s'occuper, entre autres, des questions d'état-civil et de changements de noms, des problèmes relatifs à la Sarre, de la démilitarisation de la Rhénanie et des conséquences du Traité de Versailles.

Après que les nationaux-socialistes eurent pris le pouvoir au début de 1933, Hans Globke participa à l'élaboration d'une série de lois qui visaient à uniformiser le système judiciaire de la Prusse avec celui du Reich. En décembre 1933 eut lieu sa nomination comme Oberregierungsrat, nomination qui (c'est au moins ce que Globke a assuré plus tard) avait d'abord été différée temporairement parce qu'on savait au ministère qu'il avait eu des doutes sur la légalité du Preussenschlag de 1932. À la suite de la fusion du ministère de l'intérieur prussien avec celui du Reich, Globke entra le 1er novembre 1934 comme conseiller au nouveau ministère de l'intérieur du Reich et de la Prusse dirigé par le ministre Wilhelm Frick ; il y travailla jusqu'en 1945. 1938 vit la dernière promotion de Globke à l'époque du nazisme comme haut-fonctionnaire.

À partir de 1934 Globke consacra surtout son activité aux changements de nom et aux questions relatives à l'état des personnes ; à partir de 1937 il s'y joignit le domaine des « questions internationales concernant la nationalité et les contrats d'option ». Comme co-référent il s'occupait aussi des questions générales sur la race, de l'émigration et de l'immigration, ainsi que de ce qui se rapportait à la loi antisémite sur la « protection du sang ». L'activité de Globke comprenait aussi la présentation et les projets pour les lois et règlements. C'est dans ce contexte qu'il participa à la préparation des premiers décrets d'exécution des lois de Nuremberg (15 septembre 1935), de la loi sur la protection de la santé du peuple allemand du 18 octobre 1935 et de la loi sur l'état des personnes (3 novembre 1937). La loi sur la modification des noms de famille et des prénoms (5 janvier 1938) et les décrets d'exécution, qui constituent les fondements du droit actuel sur les changements de nom dans l'Allemagne fédérale d'aujourd'hui, est l'œuvre de Globke.

Il y était stipulé que les Juifs qui ne portaient aucun des prénoms mentionnés sur une liste en annexe devaient ajouter le prénom de « Sara » (pour les femmes) ou d'« Israël » (pour les hommes). La « liste » pour les hommes commençait avec Abel, Abieser, Abimelech, Abner, Absalom, Ahab, Ahasja et ainsi de suite. Certains des noms sur la liste de Globke étaient une pure invention, d'autres n'avaient rien de juif, par exemple, « Isidore ». Globke était également responsable de la préparation des commentaires des lois et de leur explication. Sous ce rapport il fut en 1936, conjointement avec le Secrétaire d'État Wilhelm Stuckart, son supérieur hiérarchique, co-rédacteur et co-auteur du premier commentaire officiel sur les lois de Nuremberg et leurs décrets d'application. Toutefois, alors que Stuckart n'avait rédigé que la préface, le véritable commentaire de cette loi était l'œuvre de Globke.

Après 1935 Globke travailla activement avec Stuckart à renforcer les lois raciales de Nuremberg : non seulement étaient punis les rapports sexuels stricto sensu, mais aussi « les actions semblables au coït comme la masturbation mutuelle ». Au total, au nom de tels arrêts officiels 1.911 personnes avaient été condamnées jusqu'à 1940 pour « honte faite à la race ». Par ailleurs en 1939 Globke était associé à l'élaboration en Slovaquie du « Code juridique à appliquer aux juifs » (Kodex des jüdischen Rechts), par lequel était entamée la privation des droits pour les juifs et leur expropriation. En raison de son appartenance au Zentrum Globke, il n'était jamais devenu membre du parti nazi , il maintint des contacts avec les cercles militaires et civils qui résistaient au nazisme : c'est ainsi qu'il était l'informateur de l'évêque de Berlin, le comte Konrad von Preysing, et il recevait les confidences des opposants à HitlerCarl Friedrich Goerdeler et Ludwig Beck qui préparaient un coup d'État. Les nazis avaient envisagé son arrestation mais ne purent y procéder du fait de l'avance des Alliés.

Entretien Poutine-Merkel : le transit de gaz russe au menu

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Le président russe a eu vendredi un entretien par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel sur le transit de gaz russe, a annoncé le service de presse du Kremlin

 

 

Angela Merkel et Vladimir Poutine

Angela Merkel et Vladimir Poutine

« Les deux dirigeants ont souligné l'importance d'entamer au plus vite des discussions tripartites sur le gaz russe avec la participation de la Russie, de l'Union européenne et de l'Ukraine », est-il dit dans le communiqué.

Ukraine : Poutine fustige le recours à l'armée contre les civils

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Lors d'un entretien téléphonique tenu vendredi avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président russe Vladimir Poutine a vivement condamné les tentatives de Kiev d'utiliser l'armée contre les civils, a annoncé le Kremlin dans un communiqué.

Ukraine : Poutine fustige le recours à l'armée contre les civils

Ukraine : Poutine fustige le recours à l'armée contre les civils

« M. Poutine et Mme Merkel ont procédé à un échange de vues sur la situation critique qui prévaut en Ukraine, y compris suite au refus des autorités de Kiev d'appliquer les ententes intervenues le 17 avril à Genève. M. Poutine a vivement condamné les tentatives du régime de Kiev d'utiliser les forces armées contre les civils dans le Sud-Est du pays », lit-on dans le communiqué.

Les deux dirigeants ont en outre évoqué les activités de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine.

Les grandes villes de l'Est et du Sud de l'Ukraine, dont Donetsk, Kharkov et Lougansk, connaissent depuis mars une mobilisation sans précédent des partisans de la fédéralisation du pays qui réclament des référendums sur le statut politique de leurs régions. Le mouvement de protestation contre la politique des nouvelles autorités de Kiev s'est étendu à différentes villes de la région de Donetsk, dont Slaviansk. Les autorités ukrainiennes ont lancé une opération militaire contre les manifestants.

La confrontation a pris des formes particulièrement violentes à Slaviansk, actuellement contrôlée par les partisans de la fédéralisation.

Moscou a qualifié de « très dangereuse » la décision d'utiliser la force armée contre les protestataires. Le président Poutine a déclaré jeudi que la décision du régime actuel à Kiev d'utiliser réellement l'armée à Slaviansk, était un crime très grave contre le peuple ukrainien.


Vladimir Poutine : le développement de l’Arctique est une priorité nationale

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Le président Vladimir Poutine a assigné dans le courant de la semaine à une nouvelle réunion du Conseil de Sécurité, la tâche de développer, préserver et protéger l’Arctique.

 

Vladimir Poutine : le développement de l’Arctique est une priorité nationale

Selon le chef de l’État, le développement des régions arctiques de la Russie fait partie des priorités nationales pour les années à venir.

La mise en valeur du secteur russe de l’Arctique est une tâche multiple qui inclut les recherches scientifiques, la mise en place du système de navigation dans les mers arctiques et la réhabilitation des installations militaires. Le président russe avait particulièrement insisté sur le renforcement de la capacité russe de défense dans la région arctique :

« Il faut renforcer les infrastructures militaires et mettre surtout en place un système unique de bases navales pour nos bâtiments de surface et sous-marins de nouvelle génération. Nous allons continuer à investir massivement dans l’Arctique, développer ces régions sur le plan social et économique et renforcer leur sécurité. C’est dicté par nos intérêts nationaux. »

Parallèlement à la mise en place des infrastructures de la Marine, on procédera au rétablissement des bases militaires et de la DCA, estime Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef de la revue Arsenal de la Patrie :

« L’objectif consiste à créer le système de surveillance de la région arctique en utilisant notamment des avions et des radars au sol et embarqués. Les militaires auront leurs bases dans les îles des mers arctiques, sur la côte et même sur la banquise, ce que nos troupes aéroportées ont récemment démontré. »

Un autre objectif majeur est selon Vladimir Poutine le développement de la Voie maritime du Nord. Le trafic de cette voie maritime doit se situer au niveau de 4 millions de tonnes vers l’année prochaine. Selon le docteur en politologie Vladimir Stol, cet objectif peut être atteint grâce aux transports transcontinentaux :

« Les experts savent bien que le coût du transport par la Voie maritime du Nord est beaucoup moins cher et beaucoup plus rapide qu’en utilisant la voie actuelle par le canal de Suez. C’est intéressant du point de vie économique et, par conséquent, nos différents partenaires participeront à ces opérations indépendamment des sanctions dont on essaie de nous frapper aujourd’hui. »

Pour s’acquitter avec succès des tâches assignées, Vladimir Poutine a proposé de créer un centre unique chargé d’appliquer la politique dans l’Arctique. Le président russe estime « qu’au lieu d’être un organe bureaucratique redondant, cela doit être une structure souple et efficace », capable de bien coordonner les activités des ministères et des institutions, des régions et des entreprises.

Ukraine : le ton monte entre Poutine et les Etats-Unis

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TROP C'EST TROP - Le G7 s'est engagé à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie, Les 28 de l'UE se réuniront lundi.

Ukraine : le ton monte entre Poutine et les Etats-Unis

Ukraine : le ton monte entre Poutine et les Etats-Unis

Des sanctions en vue contre la Russie. Le G7, qui regroupe les pays les plus industrialisés, s'est engagé dans la nuit de vendredi à samedi à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie dans la crise ukrainienne, a indiqué samedi un communiqué. Un haut responsable américain a précisé que ces sanctions devraient intervenir dès lundi. Samedi après-midi, c'est l'Union européenne qui a indiqué que les diplomates des 28 se rencontreraient lundi sur des sanctions contre Moscou.

Ces annonces interviennent alors que, selon le Pentagone, des avions russes sont entrés dans l'espace aérien de l'Ukraine "à plusieurs reprises" au cours des dernières 24 heures.

Le Premier ministre ukrainien rentre à Kiev. Arseni Iatseniouk, en visite à Rome pour assister dimanche à la canonisation de Jean XXIII et Jean Paul II, a décidé d'écourter son voyage. "Il ne peut pas rester, en raison de la situation", a déclaré son porte-parole Olga Lappo, au moment où le Premier ministre était reçu en audience par le pape François.

Des sanctions économiques ? Les Occidentaux pressent depuis un certain temps Vladimir Poutine de faire un choix : l'escalade ou l'apaisement. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a, lui, déjà prévenu : "la Russie va le payer cher". La menace ? Des représailles économiques. Car à Paris, on assure que la grande crainte de Moscou est d'être dévalué sur les marchés.

Une troisième guerre mondiale ? La plupart des capitales européennes pensent que l'accord passé la semaine dernière à Genève pour une "désescalade" ne sera pas appliqué, et que les milices pro-russes dans l'est ne rendront jamais les armes. Une peur relayée par le Premier ministre ukrainien, qui a accusé Moscou de vouloir "lancer une troisième guerre mondiale".

Empêcher une invasion. La priorité reste d'empêcher une invasion. Quarante-mille soldats sont actuellement massés le long de la frontière ukrainienne, et n'attendent que l'ordre ultime du Kremlin. Face au risque d'invasion, certains diplomates estiment que plusieurs chefs d’États européens pourraient demander non plus un entretien téléphonique, mais un face à face avec Vladimir Poutine. Le but : lui signifier, droit dans les yeux, tout ce qu'il aurait à perdre à envahir l'Ukraine.

Des observateurs de l'OSCE détenus par des pro-Russes. Par ailleurs, treize observateurs de l'Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été capturés et sont retenus par des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, a annoncé vendredi le gouvernement allemand. Des négociateurs étaient en route samedi pour tenter d'obtenir leur libération.

La survie de l'Ukraine est une nouvelle fois entre les mains de Poutine

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Le président russe peut laisser le pays se décomposer en Etat failli, imposer la fédéralisation, se tailler des couloirs vers la Crimée et la Transnistrie à travers le territoire ukrainien, ou annexer «la République de Donetsk».

Militant pro-russe devant la mairie de la ville de Mariupol, dans l'est de l'Ukraine, le 24 avril 2014

Militant pro-russe devant la mairie de la ville de Mariupol, dans l'est de l'Ukraine, le 24 avril 2014

Ce qui est en train de se jouer dans l’est de l’Ukraine où l’armée régulière tente de reprendre des villes plus ou moins contrôlées par des milices prorusses, n’est ni plus ni moins que la tenue de l’élection présidentielle du 25 mai et la survie du pays.

Pour le comprendre, il n’est pas inutile de revenir aux origines de cette situation. L’élément déclencheur de la crise a été le soudain revirement de l’ancien président Viktor Ianoukovitch qui, à la fin du mois de novembre, a refusé de signer l’accord d’association avec l’Union européenne, en négociation depuis des mois.

Ianoukovitch cédait ainsi à la pression de Vladimir Poutine qui craignait de voir l’Ukraine, le deuxième grand Etat slave après la Russie, dériver vers l’Europe et vers l’Otan. Le président russe était décidé à employer tous les moyens pour ramener l’Ukraine dans le giron de la Russie.

Il est peu probable qu’à la fin de l’année dernière il ait déjà envisagé l’emploi de moyens militaires pour parvenir à ses fins, mais il est clair qu’il ne répugnera pas à y recourir si ses objectifs géopolitiques sont en danger. «J’espère que nous n’aurons pas à intervenir en Ukraine», a-t-il récemment déclaré, laissant entendre qu’il le ferait s’il le jugeait nécessaire.

Ni Poutine, ni les dirigeants de l’Union européenne n’avaient prévu la réaction populaire au revirement de Viktor Ianouklovitch. Pour Bruxelles, l’accord d’association et le «partenariat oriental» proposés à plusieurs ex-républiques soviétiques était une manière douce de rapprocher ces Etats de l’UE sans ouvrir la perspective d’une adhésion.

Les dirigeants russes ont reçu cette démarche comme une «provocation» visant à détacher ces Etats de Moscou. On entend dire aujourd’hui, y compris dans certaines chancelleries occidentales, qu’il aurait fallu mieux présenter l’accord d’association et y associer la Russie. C’est oublier que la Russie n’était pas a priori exclue du «partenariat oriental», quand celui-ci a été conçu. Mais elle a refusé d’y participer parce qu’elle ne voulait pas être traitée sur le même pied que d’anciens Etats vassaux et qu’elle espérait négocier alors un «partenariat stratégique» spécifique avec l’UE.

C’est déjà l’intervention militaire russe dans un pays souverain –la Géorgie– et le détachement par la force de deux régions de ce pays –l’Ossétie du sud et l’Abkhazie– qui ont contribué à faire dérailler ces projets. A la veille de la crise ukrainienne, les négociations UE-Russie étaient déjà au point mort. Elles n’avaient progressé sur aucun des quatre espaces communs prévus par le «nouveau partenariat stratégique»: Commerce; Liberté, sécurité, justice; Sécurité extérieure et Recherche, éducation, culture. Les demandes européennes en matière de transparence et la mauvaise volonté russe expliquent cette impasse.

En réalité, Vladimir Poutine avait d’autres intentions. Notamment la création d’une Union douanière, effective en 2010, qui devait déboucher sur une Union eurasienne en 2015. A l’origine, outre la Russie, seules deux républiques ex-soviétiques participaient à cette Union douanière, la Biélorussie dirigée par le satrape Alexandre Loukachenko, et le Kazakhstan depuis plus de vingt ans sous la coupe de Nursultan Nazarbaiev et de sa famille. Une liste pas très glorieuse que Poutine voulait absolument redorer par la présence de l’Ukraine, pour des raisons historiques, culturelles, économiques et géopolitiques. Et pour Moscou, il était évident que la participation à l’Union douanière excluait l’accord d’association avec Bruxelles.

C’était compter sans l’opinion ukrainienne. Pendant plus de trois mois, à partir de la fin novembre 2013, des milliers de manifestants ont occupé la place Maïdan à Kiev, d’abord pour réclamer le rapprochement de leur pays avec l’UE et dans un deuxième temps pour dénoncer la corruption du régime. Les commentateurs russes proches du Kremlin ont déploré la «faiblesse» de Ianoukovitch vis-à-vis des manifestants. Poutine ne tenait pas en grande estime son collègue ukrainien mais au moins avait-il l’avantage d’être sensible aux pressions venues de Moscou. Il avait accepté par exemple le prolongement du bail de la base navale russe à Sébastopol jusqu’en 2042 et élargi les possibilités d’action de la flotte russe de la Mer noire, après avoir tourné le dos à l’UE.

La fuite de Ianoukovitch et la formation d’un gouvernement intérimaire pro-occidental à Kiev risquaient de porter un coup aux ambitions de Vladimir Poutine: reconstituer, non pas l’URSS –«celui qui la regrette n’a pas de cervelle [mais] celui qui ne la regrette pas n’a pas de cœur», a-t-il dit un jour– mais une organisation satellite de Moscou, qui prendrait la suite de la Communauté des Etats indépendants (CEI), en léthargie depuis sa création en 1991.

La création de cette organisation correspond à un vieux principe de la diplomatie tsariste et soviétique, la création d’une zone-tampon autour de la Russie pour tenir à distance l’ennemi potentiel. A cela s’ajoute la volonté de présenter la Russie comme une puissance entourée d’alliés dans un monde multipolaire, et porteuse d’un projet de civilisation différent des « valeurs dégénérées» occidentales.

Dans ce projet, l’Ukraine est une pièce maîtresse que Poutine ne veut pas laisser échapper. Faute de pouvoir maintenir à Kiev un régime de type post-soviétique qui respecte les postulats autoritaires et claniques, il lui faut affaiblir le gouvernement central, lui dénier toute crédibilité en l’empêchant d’établir son autorité sur l’ensemble du territoire national.

Le détachement de la Crimée et son annexion ont constitué un premier pas. Les troubles dans l’est et le sud de l’Ukraine sont une deuxième étape qui vise a minima à empêcher la tenue dans des conditions correctes de l’élection présidentielle du 25 mai. Le scrutin pourra difficilement avoir lieu si se poursuivent les accrochages entre l’armée et les milices prorusses et l’occupation des bâtiments publics. Or l’élection d’un président légitime est, pour l’instant, le seul moyen de consolider le pouvoir né de la révolution de Maïdan.

Le gouvernement intérimaire d’Arseni Iatseniouk a commis des erreurs, comme préparer une loi dégradant le statut de la langue russe ou ne pas intégrer un représentant des régions russophones, mais il ne pouvait pas rester sans réagir aux interventions des milices prorusses sous peine d’être totalement déconsidéré.

En même temps, il court le risque de fournir un prétexte à la Russie pour lancer ses troupes massées à la frontière. Mais en réalité, Poutine ne s’embarrassera pas de prétexte s’il juge le moment venu de passer à l’action ouverte. Il a accepté le communiqué de Genève pour gagner du temps et rejeter la responsabilité des incidents sur les autorités de Kiev qui n’auraient pas désarmé les groupes de Maïdan.

Le président russe a encore plusieurs options dans son jeu: laisser l’Ukraine se décomposer en Etat failli, imposer la fédéralisation, se tailler des couloirs vers la Crimée et la Transnistrie à travers le territoire ukrainien, ou annexer à la Russie «la République de Donetsk».

Pour arriver à ses fins, il peut agir, selon les circonstances, par l’intermédiaire des milices locales et des «petits hommes verts» (les forces spéciales russes et leurs avatars), accentuer la pression militaire sur la frontière ou franchir le pas pour «venir en aide aux patriotes prorusses».

Pendant ce temps, les diplomaties occidentales agitent le sabre de bois des sanctions. Les ministres français et allemand des Affaires étrangères se perdent en circonlocutions pour rassurer les Géorgiens et les Moldaves qui veulent signer l’accord d’association avec l’UE, tout en soulignant l’importance d’un dialogue –inexistant– avec Moscou. En attendant que Poutine ait avancé son prochain pion, une fois la Crimée avalée. Qui s’en soucie encore, six semaines après?

Daniel Vernet, journaliste, ancien directeur de la rédaction du Monde et spécialiste des relations internationales. Il a écrit de nombreux livres dont récemment «La Chine contre l'Amérique, Le duel du siècle», Grasset, avec Alain Frachon.

Slate

IIIème Reich

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Le Troisième Reich est un terme désignant l'État allemand nazi dirigé par Adolf Hitler de 1933 à 1945. La République n'étant pas abrogée en droit durant l'année 1933, le terme Deutsches Reich continue d'être le nom officiel donné à l’État allemand, dans l'ensemble des documents administratifs et politiques produits par cet État jusqu'en 1945. Toutefois, à partir de l'automne 1943, le terme « Grossdeutsches Reich » lui est préféré par un certain nombre de représentants de ce même État. Hitler était chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei en allemand, aussi appelée NSDAP). Le mot nazisme est un acronyme représentant la doctrine définie par Hitler et le régime politique qu'il dirigea ; il est tiré de lettres du nom de cette doctrine, devenu nom du parti : national-sozialismus, national étant prononcé nazional en allemand.

Adolf Hitler

Adolf Hitler

Ce régime dura douze ans, de la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933 à la capitulation sans condition du Reich vaincu le 8 mai 1945, suivie de l'arrestation le 23 mai du dernier gouvernement nazi de Karl Dönitz. La propagande nazie destinait le Troisième Reich à durer « mille ans ». Il en dura douze, la République de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis. État policier et de type totalitaire, reposant avant tout sur le « pouvoir charismatique » absolu exercé par son Führer Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe, pendant laquelle il perpétra, entre autres crimes de masse, le génocide des Juifs (Shoah) et des Tsiganes (Porajmos) d'Europe, la mise à mort systématique des handicapés, poursuivit tous les opposants potentiels et laissa l'Allemagne en ruines.

Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux élections libres de novembre 1932, et bien qu'Hitler ait été battu à la présidentielle par Paul von Hindenburg, le NSDAP arrive au pouvoir quand son Führer est appelé à la Chancellerie le 30 janvier 1933. Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, réunis autour de Franz von Papen et d'Alfred Hugenberg, pensaient ainsi « lever l'hypothèque » nazie et se servir de Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en séparer dès qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Hitler ne comporte que trois nazis : Adolf Hitler chancelier du Reich, Hermann Göring, chargé en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick à l'Intérieur. Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Hitler parvient en quelques mois à mettre l'Allemagne au pas (Gleichschaltung). Le démantèlement de la République de Weimar au profit de la dictature nazie permet l'avènement et la proclamation du Troisième Reich dès le 15 mars 1933, lors d'une grandiose cérémonie de propagande tenue à Potsdam, sur le tombeau de Frédéric II de Prusse.

Adolf HitlerDès le 1er février, Hitler fait dissoudre le Reichstag par Hindenburg. Pendant la campagne électorale, la SA et les SS, milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les réunions du Parti communiste (KPD), du Parti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquées par de nombreux décès. Des opposants sont déjà brutalisés ou torturés. Dans la nuit du 27 au 28 février survient l'énigmatique incendie du Reichstag. D'après les historiens actuels, tels Ian Kershaw, les nazis s'en sont servi, mais ne l'ont pas provoqué eux-mêmes comme il était traditionnellement supposé. Saisissant l'occasion, Hitler fait adopter par Hindenburg un « décret pour la protection du peuple allemand » qui suspend toutes les libertés garanties par la Constitution de Weimar. Un autre décret institue la Schutzhaft ou « détention de protection » préventive, qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps. La terreur s'accélère. En deux semaines, Göring fait ainsi arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD, Ernst Thälmann, le 3 mars. En avril, près de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. À l'été, la Bavière compte 4 000 internés, la Saxe 4 500. Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d'autres devront fuir l'Allemagne.

De nombreuses figures de la gauche littéraire et scientifiques s'exilent, comme Thomas Mann, Bertolt Brecht et Albert Einstein dès le 28 février 1933. D'autres sont jetées en prison comme le pacifiste Carl von Ossietzky. Les nazis condamnent l'« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques. Les premiers camps de concentration provisoires apparaissent, où sont emprisonnés militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates. Dès le 20 mars 1933, Heinrich Himmler ouvre le premier camp permanent à Dachau, près de Munich. Il sera suivi en 1937 de Buchenwald et en 1939 de Ravensbrück pour les femmes. Le 5 mars 1933, les nazis obtiennent 43,9 % des voix aux élections législatives. Dans tous les Länder d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 23 mars 1933, Hitler obtient des deux tiers des députés le vote des pleins pouvoirs pour quatre ans. Le 2 mai, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enrôlés dans l'organisation corporatiste du Deutsche Arbeitsfront (DAF). Le 10 mai, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Berlin à une nuit d'autodafé pendant laquelle des milliers de « mauvais livres » d'auteurs juifs, marxistes, démocrates ou psychanalystes sont brûlés pêle-mêle en public par des étudiants nazis ; la même scène se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin5. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le 14 juillet, la loi contre la formation de nouveaux partis fait du NSDAP le parti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend), seul mouvement de jeunesse autorisé à partir du 1er décembre 1936.

Les SA de Ernst Röhm exigent que la « révolution nationale-socialiste » prenne un tour plus anticapitaliste et rêvent de prendre le contrôle de l'armée. Hitler fait massacrer une centaine de leurs chefs le 30 juin 1934 au cours de la nuit des Longs Couteaux. Le IIIe Reich s'oriente dès lors vers un « État SS » (Eugen Kogon). Les nazis liquident aussi à cette occasion plusieurs dizaines de personnalités diverses, ainsi le docteur Klausener, dirigeant de l'Action catholique. Après la mort de Paul von Hindenburg le 3 août 1934, Hitler est à la fois chancelier et chef de l'État. Il est entouré d'un culte de la personnalité intense qui le célèbre comme le sauveur messianique de l'Allemagne, et fait prêter un serment de fidélité à sa propre personne, notamment par les militaires. Le Führerprinzip devient le fondement de toute autorité. Mouvement antichrétien, le nazisme tente de soumettre les Églises, et certains de ses dirigeants tels Martin Bormann rêvent même d'éradiquer le christianisme à long terme. Le pouvoir provoque ainsi une scission au sein des protestants allemands, par la mise sur pied de l'Église dite des « chrétiens allemands », qui professe sans réserves le racisme et le culte du Führer. Il combat aussi l'Église confessante des pasteurs résistants Martin Niemöller et Dietrich Bonhoeffer, déportés.

En 1933, le puissant parti catholique, le Zentrum, s'était sabordé en échange de la signature d'un concordat entre l'ADO (en allemand, Ausland Deutsches Organisation) et le Vatican. Mais en 1937, le pape Pie XI dénonce dans l'encyclique Mit brennender Sorge les violations répétées du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Églises, le racisme d'État et l'idolâtrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation détruits par la Gestapo. Cependant, dans l'ensemble, « les Églises allemandes n'ont pas activé tout leur potentiel de résistance » (Jacques Sémelin), et le successeur de Pie XI, Pie XII, ancien nonce en Allemagne, évitera pendant la guerre de dénoncer les atrocités nazies, notamment par peur d'attirer des représailles sur l'Église allemande qu'il connaît bien. Au printemps 1938, Hitler accentue la prédominance nazie dans le régime. Il évince les chefs d'état-major Werner von Fritsch et Werner von Blomberg et soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Le conservateur Konstantin von Neurath est remplacé par le nazi Joachim von Ribbentrop aux Affaires étrangères, et Göring prend en main l'économie autarcique aux dépens du Dr Hjalmar Schacht. La franc-maçonnerie est mise hors la loi et ses membres pourchassés par une section spéciale de l'appareil policier. Les Témoins de Jéhovah, objecteurs de conscience, refusent par principe le service militaire et le travail dans l'industrie de guerre, tout comme le salut nazi et tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entourant le Führer. Près de 6 000 d'entre eux sont enfermés en camp de concentration.


Dès février 1933, la persécution contre les juifs se déchaîne. Une loi permet à Hitler de faire révoquer 2 000 hauts fonctionnaires et 700 universitaires juifs. Le boycott des magasins juifs est lancé le 1er avril par les SA. Des Juifs sont humiliés en public, des couples mixtes promenés dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive à la culture allemande est niée : la musique de Mendelssohn ou de Meyerbeer est interdite, et le célèbre poème de Heinrich Heine, la Lorelei, n'a officiellement plus d'auteur. Les lois de Nuremberg, en 1935, retirent la citoyenneté allemande aux Juifs et interdisent tout mariage mixte. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent à rester malgré les brimades, pensant qu'Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner toutes leurs richesses pour quitter le pays. Le pogrom de la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, annonce leur élimination physique ainsi que leur spoliation systématique (aryanisation). À partir de 1941, ils doivent porter une étoile jaune, puis sont déportés dans les ghettos de Pologne et les camps de la mort.

Seuls sont provisoirement épargnés les Mischlinge, ou les Juifs mariés à des Allemandes « aryennes », tels Victor Klemperer. Les Mischling sont des personnes dont un des parents n'est pas de religion juive. Cette qualification était codifiée par les lois de Nuremberg. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifesteront dans la Rosenstrasse pour empêcher la déportation de leurs époux. En juillet 1933, le régime adopte une loi sur la stérilisation forcée, conforme à son objectif de « purifier la race aryenne ». Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout les malades mentaux, mais aussi des Tziganes, ou encore des Noirs[réf. nécessaire] : en 1937, Hitler ordonne de stériliser les 400 enfants nés dans les années 1920 de soldats noirs français et de femmes allemandes. Des milliers de femmes tsiganes ne survivent pas à la stérilisation. Les homosexuels sont condamnés à la stérilisation ou à la déportation en camp en vertu du paragraphe 175 du code pénal : 25 000 condamnés sont dénombrés en deux ans (J.M. Argelès).

Alors que la Gestapo n’a que seulement 6 000 hommes en 1938, et 32 000 en 1944, toute opposition organisée au nazisme a pratiquement disparu après 1934. La police politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacité sans l'aide de nombreux délateurs, mouchardant pour régler des comptes personnels, par peur ou par adhésion idéologique. Il n'est pas rare non plus que des enfants, soumis à l'embrigadement intense des Jeunesses hitlériennes, finissent par dénoncer leurs parents. Les rares groupes constitués de la résistance allemande au nazisme émergent à nouveau à partir de 1938. Ils sont très isolés, surtout lorsqu'après l'entrée en guerre, les résistants à Hitler sont assimilés par l'opinion à des traîtres à leur pays. Ce qui amène les historiens allemands au concept d'une « résistance sans le peuple ». Dans l'ensemble, la société allemande s'est vite accommodée du régime national-socialiste du moment qu'il mettait fin à l'instabilité politique et économique, et entreprenait de déchirer le Diktat du traité de Versailles. Les réalisations sociales du régime, les cérémonies grandioses de propagande comme lors des Congrès du NSDAP à Nuremberg, la peur, l'indifférence ou le conformisme ont entraîné de nombreux Allemands à céder à la « fascination du nazisme » (Peter Reichel).

Environ 11 millions de citoyens allemands ont adhéré au NSDAP, dont beaucoup de carriéristes et d'opportunistes, soit une part considérable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selon Annette Wieviorka, ont pris part activement au génocide des Juifs. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov (L'Armée de Hitler, 1999) a montré qu'une bonne part des combattants allemands avaient intégré le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs généraux, à peine moins compromis que les SS dans les tueries à l'Est. L'historien britannique Paul Johnson (Une Histoire des Juifs, 1986) souligne que les Autrichiens, intégrés au Grand Reich en 1938, sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outre Hitler lui-même, il peut être cité Adolf EichmannErnst KaltenbrunnerArthur Seyss-Inquart ou Hans Rauter) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, 2 499 Autrichiens sont dénombrés.

L'historiographie allemande distingue depuis Martin Broszat la résistance organisée au nazisme (Widerstand) et des formes de dissidence civiles (Resistenz), sans ambition de contestation politique, mais démontrant une certaine réticence envers l'embrigadement et l'idéologie officiels. Par exemple, des groupes de jeunes gens (les Edelweiss) se réunissaient en pleine guerre pour écouter la musique swing proscrite par le régime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui défiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes bravèrent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs étrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent exécutés pour avoir écouté la BBC, ou proféré des paroles méprisantes ou sceptiques contre le régime et sur l'issue de la guerre. Certains tentèrent discrètement de venir en aide à des Juifs, ou eurent du moins le courage de gestes et de paroles de sympathie. D'autres se débrouillèrent pour ne jamais faire le salut nazi. En Bavière catholique, un mouvement d'opinion empêcha le régime néo-païen de retirer les crucifix des classes.

Clemens August von Galen, évêque de Münster, relaya une vague d'indignation contre l'euthanasie des handicapés mentaux, protesta en chaire contre celle-ci, et obtint ainsi l'arrêt officiel théorique de l'aktion T4 (août 1941). Dans les années 1930, les Églises ont également souvent résisté aux ingérences du régime et aux tracasseries de ses agents mais leurs hiérarchies n'ont fait porter leurs refus que sur des points matériels et confessionnels, et, comme au temps de l'empire wilhelminien, se défendaient toujours de « faire de la politique ». Excepté Konrad von Preysing, évêque catholique d'Eichstätt, les Églises, en tant que telles, n'ont condamné ni les guerres d'agression, ni la politique raciale, ni les crimes contre l'humanité dans les pays occupés, dont des échos parvenaient pourtant en Allemagne.

La loi sur les pleins pouvoirs, votés à la suite de l'incendie du Reichstag, suspend la constitution, mais ne l'abroge pas, donc "le Reich allemand est une république", selon l'article 1er de la constitution de 1919, mais le gouvernement dispose des pleins pouvoirs en matière de police et de justice. À partir de 1933, tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non-nazis ont été dissous ou absorbés, les opposants exilés ou envoyés dans des camps de concentration, les Églises exposées à des tracasseries, les autonomies régionales supprimées au profit du premier État centralisé qu'ait connu l'Allemagne, la population soumise à la surveillance étroite de la Gestapo, certes relayée par une multitude de délateurs. La justice a pareillement été soumise au régime, le sinistrement célèbre Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) présidé notamment par Roland Freisler ayant prononcé des milliers de condamnations à mort au cours de parodies de justice n'essayant même pas de respecter les apparences élémentaires. Plus de 30 000 condamnés à mort furent guillotinés, pendus, voire décapités à la hache sous le IIIe Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilité ou de mécontentement. Il n'était pas rare que la Gestapo arrête des gens acquittés ou ayant fini leur peine, et les déporte à sa guise.

À la différence de l'Italie fasciste, les rôles ne sont pas aussi répartis entre le parti et les institutions traditionnelles. En effet, les institutions héritées des périodes précédentes continuent d'exister, mais certaines sont progressivement noyautées par des structures du parti, ou plus simplement, elles ne sont plus opérantes, à l'image des Länder, par exemple, redécoupés en Gaue, circonscription territoriale du NSDAP. Ce maintien des classes dirigeantes traditionnelles, donc la mise en place d'un condominium sur le pays, géré par le NSDAP et les anciennes classes dirigeantes amende nettement la vision totalitaire. [réf. nécessaire]Cette alliance est appelée à se fissurer à la période des échecs militaires (il suffit de faire une biographie des principaux conjurés du complot du 20 juillet 1944, pour s'en convaincre: des militaires, décorés et honorés par le régime (Rommel), un chef de corps d'armée durant la campagne de France, fait maréchal par Hitler (Witzleben), des généraux anciennement proches de Hitler (Hoeppner), un homme qui a voté les pleins pouvoirs en 1933 (Goerdeler)...).

En outre, à côté de cette alliance entre les conservateurs et les nazis, se met en place ce que Broszat appelle "anarchie totalitaire", se mettent en place des structures ayant les mêmes compétences dans un domaine donné, qui finissent par jouer les unes contre les autres: Warlimont, dans ses mémoires, évoque une anecdote au sujet de camions de la marine, mais dont l'armée a un besoin vital: le représentant de la marine refuse de les mettre à disposition de l'armée de terre, sous prétexte que beaucoup de camions ont déjà été donnés à l'armée de terre; à l'issue de plusieurs heures de débat, Hitler ne tranche pas, renvoyant le problème à plus tard, trop tard. Au vu de ces considérations, l'historiographie allemande caractérise donc traditionnellement le IIIe Reich comme un « État de non-droit » (Unrechtsstaat). En juin 1934, le célèbre juriste Carl Schmitt, penseur de « l'état d'exception », approuve le massacre des SA lors de la nuit des Longs Couteaux et théorise publiquement que la simple parole du Führer a force de loi, et qu'elle prime sur le droit.

L'école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté de Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Hitler se considère et est considéré sincèrement comme investi d'une mission providentielle. Sans l'idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) redoutablement cohérente qui animait Hitler et ses fidèles, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des règles juridiques et administratives élémentaires régissant les États modernes. Par exemple, sans son pouvoir charismatique d'un genre inédit, Hitler n'aurait pas pu autoriser l'euthanasie massive des handicapés par quelques simples mots sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939), et encore moins déclencher la Shoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot de Führerbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question.

Comme l'a démontré l'école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat), le IIIe Reich n'a jamais tranché entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'État, d'où des rivalités de compétence incessantes entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C'est le principe de la « polycratie ». Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement et décide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de façon irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Führer, « dictateur faible » ou « paresseux » selon M. Broszat, laisse chacun libre de se réclamer de lui, et attend seulement que les individus marchent dans le sens de sa volonté. Dès lors, a démontré son biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère et essaye d'être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de la persécution antisémite, qui s'emballe et passe ainsi graduellement de la simple persécution au massacre, puis au génocide industriel. Ce qui explique que le IIIe Reich obéisse structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système ne puisse en aucun cas se stabiliser.

Ce « pouvoir charismatique » explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d'étudiants organisent d'elles-mêmes les autodafés de livres honnis par le régime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Führer est l'homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d'Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou les médecins d'extrême-droite à pratiquer les expériences pseudo-médicales et les opérations d'euthanasie dont l'idée préexistait à 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime à l'« autodestruction » (Selbstzerstörung). Le IIIe Reich, retour à l'« anarchie féodale » (Kershaw) se décompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux. C'est ainsi qu'en 1943, alors que l'existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants du IIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire les courses de chevaux, sans trancher.[réf. nécessaire] Le régime substitue aux institutions rationnelles modernes le lien d'allégeance personnelle, d'homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement, puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable »), la dictature de Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre. La mort du IIIe Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.

L'arrivée d'Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de la diversité culturelle qu'avait apportée la République de Weimar pour l'Allemagne. De nombreux autodafés ont même lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Tous les livres de Marx, de Sigmund Freud, d'Einstein et d'auteurs célèbres à cette époque finissent brûlés en place publique. La culture est prise en main : Hitler met en place un contrôle total de la presse écrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinéma… La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation des jeux olympiques d'été de 1936 sera instrumentalisée pour consolider l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale. Les ouvrages scolaires sont également expurgés. Pour ne pas renoncer aux poèmes d'Heinrich Heine, quelques-uns les attribuent à un auteur inconnu de langue allemande.

De nombreux artistes, écrivains et savants doivent fuir d'emblée l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art. Parmi eux les écrivains Erich Maria Remarque, Adrienne Thomas, Thomas Mann et son frère Heinrich Mann, ainsi que Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Kurt Tucholsky, ou encore Lion Feuchtwanger, Walter Benjamin, Arthur Koestler. Il en va de même pour les metteurs en scène berlinois Max Reinhardt et Erwin Piscator. Sont aussi notamment proscrits les philosophes Husserl, Hannah Arendt ou Wilhelm Reich, la théologienne Edith Stein (juive convertie et religieuse carmélite, gazée en 1942 à Auschwitz), les peintres d'avant-garde Paul Klee, l'architecte Walter Gropius, le physicien Albert Einstein. En 1938, l'annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, à partir pour Londres - sa famille entière sera exterminée. L'écrivain viennois Felix Salten rejoint la Suisse et s'installe à Zurich. Stefan Zweig, qui a dû fuir les nazis autrichiens dès 1934, se suicide en 1942.

Quelques artistes pourtant sondés par Goebbels font choix de partir par acte de résistance au régime, ainsi le cinéaste Fritz Lang ou l'actrice Marlene Dietrich. Un certain nombre d'artistes et d'écrivains restés en Allemagne, comme Emil Nolde (qui adhère au parti nazi en 1935), se voient interdire de peindre ou d'écrire, et sont placés sous surveillance policière. Les Juifs sont exclus de la presse, du cinéma, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs (comme celles de Heine ou Mendelssohn) ne peuvent plus être jouées ou interprétées, et Goebbels devra intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdire Mozart parce que franc-maçon. L'autodafé spectaculaire des livres interdits, le 10 mai 1933, permit à beaucoup de commentateurs de rappeler la célèbre phrase de Heinrich Heine : « là où on brûlera des livres, on brûlera des hommes ». En 1937, une « exposition d'art dégénéré » très visitée sillonne l'Allemagne pour tourner en dérision les œuvres de plusieurs artistes d'avant-garde (parmi lesquels Emil Nolde), taxées de « bolchevisme culturel » ou de « gribouillages juifs et cosmopolites » par Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersées ou détruites par les nazis.

Un nombre non négligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au régime hitlérien. Le philosophe Martin Heidegger prend sa carte au NSDAP et d'après Victor Farias (Heidegger et le nazisme) il paiera ses cotisations jusqu'en 1945. Il accepte quelques mois les fonctions de recteur à Fribourg; avant de s'opposer fondamentalement au national socialisme en déclarant : " le national socialisme est un principe barbare". Le théoricien du droit Carl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interprètes entretiennent des relations très cordiales avec le régime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles : ainsi les compositeurs Carl Orff et Richard Strauss, la cantatrice Elisabeth Schwarzkopf, ou les chefs d'orchestre Wilhelm Furtwängler et Herbert von Karajan. Dans le domaine de l'art populaire, les internationalement réputés Comedian Harmonists sont obligés de se dissoudre.

Joseph GoebbelsDès 1933, Goebbels impose la création des Reichskulturkammer, organisation corporatiste des métiers de la culture. Nul ne peut publier ou composer s'il n'en est membre. Les cérémonies nazies récupèrent particulièrement la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner, favorites du Führer. Un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir se manifeste au travers des œuvres de Arno Breker en sculpture, de Leni Riefenstahl au cinéma ou de Albert Speer, confident de Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade olympique de Berlin destiné aux Jeux de 1936, ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l'exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».

Le Führer confia à Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitale Berlin. Celle-ci aurait dû prendre le nom de Germania et se couvrir de monuments néoclassiques au gigantisme démesuré : la coupole du nouveau Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de St-Pierre de Rome, l'avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Élysées et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l'Arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, décèle à travers ces projets mégalomanes une « architecture de mort ». En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent pour l'après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg ou Linz.

Les jeux olympiques d'été de 1936 furent un jalon non négligeable dans la consolidation de l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale, cela en dépit de son caractère notoirement raciste et ouvertement belliqueux. Les attitudes des gouvernements occidentaux qui, en faisant confiance à Hitler et à ses promesses en faveur des Juifs et de la non-discrimination raciale en général, entamaient une série de capitulations dont les Accords de Munich seront l’apothéose. Le Comité international olympique lui-même a été accusé d'avoir une part de responsabilité dans l’édification de l'image positive de l’hitlérisme.

La Grande dépression de 1929 s'était traduite par une montée importante du chômage dans les pays développés. En Allemagne, il y avait environ 3 500 000 chômeurs en 1930. Les historiens et économistes (Maury Klein, Daniel Cohen, Joseph Stiglitz entre autres) reconnaissent que la crise de 1929 a eu un impact majeur sur la montée du nazisme conséquence directe du retrait des capitaux américains d’Allemagne. Robert Ley, adhérant du parti nazi dès 1923, et élu député au Reichstag en 1932, fut chargé de l'élimination des syndicats, qui furent remplacés par le Deutsche Arbeitsfront en 1933, organisation de type corporatiste. Liée au DAF, la Kraft durch Freude (Force par la Joie) fut chargée d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse étroitement encadrés. Elle offrit par exemple à des milliers d'ouvriers des croisières en mer Baltique sur ses deux paquebots.

À la fois anticapitaliste et antimarxiste, et soucieux de se rallier la classe ouvrière, le régime nazi voulut comme tout fascisme expérimenter une troisième voie entre libéralisme et collectivisme. L'État nazi intervint ainsi largement dans l'économie. Il mena une politique de grands travaux (essor du réseau autoroutier), lança un programme ambitieux de logements sociaux, de réfection des cantines ouvrières, ou de loisirs de masse. En 1936, Hitler fit concevoir par Ferdinand Porsche les premières Volkswagen ou « voiture du peuple », censées être accessibles aux Allemands les plus modestes – en réalité, peu seront construites sous le IIIe Reich, leurs usines de montage étant vite affectées à la construction de chars. Mais aussi, le régime imposa la planification et une stricte autarcie, obligeant les industriels et les particuliers à remplacer par des ersatz de moindre qualité les produits interdits d'importation.

Dès l'origine, l'économie du Troisième Reich s'est orientée vers la remilitarisation de l'Allemagne, puis la préparation de la guerre. Cette politique s'est appuyée dès 1933-1934 sur une série de lois économiques qui favorisèrent la réorganisation complète de l'industrie, puis fut accentuée à partir de 1936 avec le lancement du plan de Quatre Ans confié à Hermann Göring. Celui-ci constitua le tout-puissant cartel des Hermann-Göring Reichswerke, devenu très vite l'une des plus grosses entreprises d'Allemagne puis, après la mise sous tutelle des industries des pays conquises, une des plus grosses du monde. Le développement de l'industrie de l'armement fut grandement facilité par la technologie de la mécanographie et de la carte perforée Hollerith, fournie par la Dehomag. Les méthodes de comptabilisation, qui permettaient de connaître avec précision la nature du travail effectué par les ouvriers, orientèrent l'industrialisation dans ce sens. À partir de 1941, l'état-major SS a entériné le programme d'exploitation de travailleurs forcés et de prisonniers de guerre, dans des conditions extrêmes pour les dits « travailleurs ». Très fréquemment, ces travaux étaient d'ailleurs simplement une manière « économiquement efficace » de liquider les ennemis du régime en maximisant leur utilité économique. Littéralement, on les tuait à la tâche. Le camp Auschwitz-Birkenau n'est qu'un exemple parmi d'autres.

Les entreprises IG Farben, Krupp Ag, BMW, Mercedes-Benz, Volkswagen ont toutes participé à ce système, mais également des entreprises étrangères, telles Fordwerke, filiale allemande du groupe Ford, et Opel, filiale du groupe General Motors. Henry Ford notamment participa activement à la constitution de l'arsenal de la Wehrmacht avant l'entrée en guerre de l'Allemagne, et accepta en 1939, la même année que Mussolini, la plus grande décoration que Hitler pouvait décerner à un étranger, la grand-croix de l’Ordre de l'Aigle allemand. Adolf Hitler avait résolu le problème du chômage par une économie de plein emploi mais pour une proportion importante dans l'industrie de l'armement et par la xénophobie. Il y avait 3 500 000 chômeurs en 1930, alors qu'il n'y en avait plus que 200 000 en 1938. En comparaison avec les États-Unis ou l'Angleterre, ces chiffres sont très flatteurs, sur le papier. Mais, outre le surendettement de l'État qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que : « Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Ainsi, le 22 juin 1938, une ordonnance ouvrit le droit pour les autorités de réquisitionner la main-d'œuvre pour une tâche précise. Le 1er septembre 1939, c'est la fin de toute liberté en matière de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvrière s'était esquissée dès avant la guerre. La ligne Siegfried (Westwall ou « mur de l'Ouest ») fut construite au moyen de la réquisition de 400 000 ouvriers (22 juin 1938). » - (Source : Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Paris, Armand Colin, 1993, - page 136)

À partir de 1933, la société allemande est profondément remodelée sous l'action d'une vision totalitaire. Brisant un certain nombre de cadres hérités de la période précédente, le nouveau pouvoir rebat les cartes des rapports sociaux, définissant, au sein de la société allemande, des groupes sociaux qui subissent le régime et des catégories sociales qui bénéficient du régime. Cependant, malgré l'emploi d'une rhétorique misant sur l'harmonie des rapports sociaux redéfinis dans la communauté du peuple, les conflits inhérents à une société industrielle n'ont pas disparu, et à partir de 1936, des revendications salariales, conséquence du plein-emploi, réapparaissent. En effet, dès les premiers mois d'installation du gouvernement de coalition entre les nazis et les conservateurs, se dessinent les contours des groupes qui perdent, par rapport à la période précédente, ce qui avait été conquis ou octroyé : les salariés, en dépit de nombreuses proclamations, les femmes et les Juifs, bien entendu.

Dans un contexte de chômage de masse, la destruction des syndicats entraîne le durcissement des conditions de vie des salariés, touchant aussi bien les rémunérations que les conditions de travail : la loi du 4 avril 1933 autorise le licenciement de tout employé communiste, de représentant social-démocrate ou de tout militant syndical sans préavis : tout salarié mal vu peut à partir de la mise en application de cette loi être licencié de façon arbitraire sans aucun moyen de défense. Par delà la rhétorique mise en avant (chaque entreprise serait une communauté au sein de laquelle chacun aurait des droits et des devoirs), les dirigeants d'entreprise voient leurs pouvoirs renforcés. Les salariés, après la dissolution des syndicats, doivent être inscrits au Front du Travail. Cette institution regroupe à la fois les salariés et leurs employeurs, régit les relations au travail, et se trouve placée sous la tutelle du ministère du travail du Reich. Confiées à des commissaires aux compétences territoriales élargies, les relations sociales sont dorénavant régies par le Führerprinzip, dans une rhétorique néoféodale, insistant sur la relation de dépendance du salarié envers son employeur.

À cela, s'ajoute le fait que l'indice des salaires (100 en 1932) était retombé à 97 en 1938. En 1937, le niveau des salaires était à peu près celui de 1929. Le pouvoir d'achat de la classe ouvrière est inférieur en 1939 à celui de 1933. À partir de juin 1938, les salaires sont fixés d'autorité. Les paysans, nombreux à avoir voté pour les nazis, ne voient pas l'exode rural s'arrêter (il a même tendance à s'accélérer) ni leur situation s'améliorer réellement. Les petits commerçants et artisans menacés par la modernisation économique, et qui avaient fourni de gros bataillons aux SA, sont aussi pareillement floués : au nom de l'efficacité économique et par souci de préparer la guerre, le gouvernement encourage légalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparaissent entre 1933 et 1939. Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme, celles-ci furent peu à peu cantonnées à leur rôle traditionnel. Dès 1933, les femmes sont poussées hors de la fonction publique, ne peuvent plus être directrices dans l'enseignement, n'ont plus le droit d'être avocates, ni juges. Les ouvrières sont poussées vers l'agriculture. Les ouvrières célibataires de moins de 25 ans furent ainsi contraintes à faire une année dans les champs. 1,3 million de femmes supplémentaires furent employées dans l'agriculture entre 1933 et 1939. La politique vis-à-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie à l'approche de la guerre.

Si des groupes sociaux ont été floués ou matés en 1933-1934, d'autres, part contre, ont su tirer parti du nouveau cadre politique et institutionnel. En effet, après quelques incertitudes, notamment en raison d'actions violentes de la SA, le décret du 31 mai 1933, préparé lors d'une rencontre entre Hitler et des représentants des industriels allemands, lève toute ambiguïté sur la place dévolue au représentants de l'industrie et des services dans la réorganisation nationale-socialiste. De plus, dès le 30 janvier, les intérêts privés, représentés par Hugenberg sont fortement présents dans le gouvernement du Reich; ils se voient renforcés par la nomination du Dr Schmitt, directeur général des assurances Allianz, et non d'un cadre du parti, au gouvernement. Dans le même temps, les représentants de l'industrie lourde jouent un rôle accru au sein du NSDAP et de l’État, à l'image de Fritz Thyssen, nommé par Goering conseiller d'État à vie en Prusse, jouant de ce fait un rôle important de conseiller économique dans les Gaue de Rhénanie. Ainsi, la loi sur les cartels du 15 juillet 1933, qui donne aux ministères de l'économie et de l'agriculture un pouvoir sur la constitution de cartels et de contrôle de ces derniers, renforce les intérêts des cartels déjà existants, en rendant théorique le contrôle étatique sur ces institutions. De plus, la lutte contre la corruption est considérablement allégée à partir de mai 1933.

Dans le même temps, la direction du NSDAP, Hitler en tête, écarte tous les militants susceptibles de remettre en cause ces nouveaux choix économiques, illustrés par la nomination de membres éminents du patronat allemand à des postes clés de la direction de l'économie: ainsi, les décrets du printemps 1933 annulent les plaintes déposées par le parti à l'encontre des industriels pour corruption. Carte des agressions nazies avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : l'Allemagne procède à des annexions de terres où vivent des germanophones, au mépris de la SDN; le régime confortant ainsi sa popularité auprès de l'opinion publique allemande (l'utopie nationaliste de la Grande Allemagne remonte au XIXe). La justification de l’expansionnisme nazi se trouve déjà dans Mein Kampf (1926). Le régime nazi se réclame du fascisme, défini par Mussolini comme un régime militariste et anti-pacifiste. Il nourrit le culte de la virilité et de la violence guerrière, et vit dans le souvenir permanent de l'expérience de la Grande Guerre. Enfin, Hitler viole constamment le traité de Versailles, imposé à l’Allemagne en 1919. Méprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite les traités internationaux conclus en "chiffons de papier". D'emblée Hitler se met à bafouer ouvertement le traité de Versailles, dont il ne reste plus grand chose dès 1938-1939. Le 14 octobre 1934, l'Allemagne quitte la Société des Nations tout en proposant des discussions bilatérales sur la sécurité.

En janvier 1935, les Sarrois votent massivement leur rattachement à l'Allemagne. Cette victoire améliore l'image des nazis à l'étranger. La conscription est réintroduite le 16 mars 1935, en violation ouverte du traité de Versailles. Les effectifs de la Wehrmacht sont portés à 550 000 hommes. En même temps, Hitler négocie avec les Britanniques. Le 18 juin 1935, un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne à se doter d'une flotte équivalente à 35 % de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent à dessiner un nouveau partage du monde qui leur réserverait l'Est de l'Europe. Le projet nazi reprend en partie les vieux thèmes du pangermanisme. Selon Hitler, la réunification du « sang allemand » est un impératif moral, même si cette communauté se révélait nuisible sur le plan économique. Il revendique donc des territoires qui étaient allemands avant la Première Guerre mondiale, et invoque la communauté de sang et de culture pour annexer d'abord l’Autriche, puis la Région des Sudètes en 1938. À partir de 1939, Adolf Eichmann est aussi chargé de « rapatrier » les minorités allemandes dispersées depuis des siècles à travers toute l'Europe centrale et orientale.

Mais au désir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idée que les Aryens, "Race des Seigneurs" (Herrenvolk) auraient besoin d’un espace vital (Lebensraum) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimité, doit être conquis par la force à l’Est (Drang nach Osten). Considérant les Slaves comme une race inférieure (des « sous-hommes », Untermenschen), le projet nazi ambitionne donc de conquérir l’Europe orientale et de réduire ses populations en esclavage, voire de les éliminer. La Tchécoslovaquie, jeune démocratie abritant une population allemande, est le premier pays démantelé par les Allemands. La Pologne, qui abrite une large population juive, est particulièrement visée par le Troisième Reich.

Le Führer prépare la société allemande à la guerre. Dans les Jeunesses hitlériennes, organisations obligatoires (à partir de 1936) pour les adolescents, l’entraînement physique et moral doit former des hommes nouveaux, courageux jusqu’à l’extrême et capables de tuer sans éprouver la moindre pitié. Habillés en uniformes, les jeunes allemands apprennent à être fidèles à Hitler. L’économie est militarisée et tournée vers la production d’armes. Hitler prend lui-même le commandement de l’armée en 1938. Le 7 mars 1936, la Wehrmacht entre en Rhénanie, démilitarisée depuis le traité de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas37 alors qu'Hitler avait prévu de reculer s'il rencontrait une résistance. L'inaction des démocraties conforte la volonté d'Hitler de réaliser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichien Schuschnigg pour qu'il cède le pouvoir au nazi Arthur Seyss-Inquart. Sans soutien extérieur, le chancelier cède et le 12 mars 1938, Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens au plébiscite d'avril. L’Anschluss ne rencontre aucune opposition internationale. Après les accords de Munich, le Royaume-Uni et la France laissent Hitler s’emparer des Sudètes.

Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque la Bohême-Moravie, Memel et Dantzig sont annexés en 1939. À la fin des années 1930, les démocraties européennes sont dans une situation difficile. La Grande Crise de 1929 n'est pas entièrement résolue. Le pacifisme est extrêmement puissant dans les opinions publiques. La spécificité du nazisme est rarement perçue, et beaucoup persistent longtemps à voir en Hitler un nationaliste allemand comme les autres. La SDN n’a pas de réel pouvoir et les États-Unis sont isolationnistes. Une grande partie de l’Europe est aux mains de dictatures autoritaires (Espagne, Portugal, Autriche…) fascistes (Italie) ou communistes (URSS). L’Allemagne a conclu une série d’alliances qui la renforce : Axe Rome-Berlin puis pacte d'Acier avec l’Italie, enfin, en août 1939, pacte germano-soviétique avec l’URSS de Staline. Franco, que Hitler a aidé activement à arriver au pouvoir pendant la guerre civile espagnole par l'envoi de la Legion Condor, est l'allié moral du Reich. Les États des Balkans, qui ont conclu des accords commerciaux de clearing avec le Reich, sont sous l'influence économique voire diplomatiques de Berlin. La Belgique et les Pays-Bas se replient dans des neutralités frileuses. La France et le Royaume-Uni sont isolées et vivent dans le spectre de la Grande Guerre.

Malgré l’alliance qui les unit à la Tchécoslovaquie, la France et le Royaume-Uni se gardent bien d’intervenir lorsque Hitler déclare son intention de rattacher les Sudètes. Les accords de Munich de 1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des démocraties devant les prétentions territoriales nazies : elles laissent Hitler s’emparer des Sudètes en octobre 1938. À cette époque, beaucoup de partisans de l’« apaisement » avec l'Allemagne nazie croient qu'Hitler s'en tiendra à démolir les dispositions les plus humiliantes du traité de Versailles et aux traditionnels projets pangermanistes. Pour le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu’« une affaire entre Allemands », et la Tchécoslovaquie "un petit pays dont nous ne savons presque rien". Mais le 15 mars 1939, Le Reich s'empare de Prague et détruit l'État tchécoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que le IIIe Reich nourrit des ambitions hégémoniques illimitées.

Lorsque les armées allemandes pénètrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent déclarer la guerre. Toutefois, les démocraties n'entreront pas en Allemagne, alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armée allemande pendant la campagne de Pologne. Le 1er septembre 1939 à 04:45 du matin, le Reich envahit la Pologne sans déclaration de guerre, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent européen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire contrôlé par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'à l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, le IIIe Reich trouve des forces de collaboration pour l'assister, mais sa domination est combattue par les mouvements de résistance. La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre même après la défaite de la France et l'armistice du 22 juin 1940. Elle est le seul adversaire du Reich entre juin 1940 et juin 1941, quand Hitler envahit brusquement l'Union soviétique, violant le pacte de non-agression et s'ouvrant un autre front de bataille. Celui-ci signe par ailleurs un pacte d'amitié avec la Turquie le 18 juin 1941.

Or, à partir de la défaite devant Moscou (6 décembre 1941), Hitler perd l'espoir d'une guerre courte. Trois gigantesques potentiels humains et industriels sont désormais alliés contre lui : l'URSS, l'empire britannique et les États-Unis, auxquels, après l'agression japonaise sur Pearl Harbor, il a déclaré la guerre le 11 décembre 1941, sans bénéfice aucun pour l'Allemagne. Se résignant à proclamer la mobilisation totale voulue par Goebbels et SpeerHitler accentue le pillage des pays occupés et met en œuvre la guerre totale. À partir de début 1942, la production d'armements s'accroît, et elle est encore supérieure en février 1945 à ce qu'elle était en 1942, malgré des attaques aériennes massives des Alliés contre les cibles civiles et industrielles.

Le totalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction de Himmler (1900-1945), l'appareil policier développe des pouvoirs illimités. Se radicalisant sans fin, le IIIe Reich perpètre sur son territoire et à travers les pays occupés, surtout à l'Est, des crimes contre l'humanité : le lancement du génocide industriel des Juifs est entériné par la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapés mentaux allemands, les Tziganes, les Polonais et les Slaves, sujets au Generalplan Ost ; d'innombrables résistants de toute l'Europe affluent dans les camps de concentration en territoire allemand, tandis que la Wehrmacht et les SS perpètrent à l'extérieur massacres et tortures. En juillet 1942, au cours d'une cérémonie au Reichstag, Hitler se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur tout citoyen allemand. Le putsh du 20 juillet 1944, mené par des résistants allemands, est réprimé dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciées après des procès aux verdicts connus d'avance, leurs familles déportées en vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective (Sippenhaft).

À partir de novembre 1944, tous les Allemands sont appelés à servir dans la Volkssturm, une milice sous-équipée : les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des vieillards et des pré-adolescents armés de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l'Armée rouge, les SS pendront encore en public tous ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir. Au printemps 1945, le Troisième Reich, bombardé quotidiennement, sillonné de millions de réfugiés fuyant l'avancée soviétique, et assailli de toutes parts se trouve en ruines. Déclarant que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu'il ne s'est pas montré le plus fort, Hitler donne l'ordre en mars 1945 d'une politique de terre brûlée d'une radicalité jamais égalée : il s'agit de détruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et électriques, les stations d'épuration, et tout ce qui est indispensable à la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliqués sur le terrain.

Au cours du mois d'avril 1945, le Reich se désintègre et le pouvoir se fragmente : le pouvoir central se trouve d'avantage chaque jour en incapacité de transmettre ses ordres à ses représentants locaux ou régionaux, selon le constat de Goebbels au début du mois, tandis qu'une répression féroce, menée par les Gauleiter, la SS et la police, s'abat sur la population. Au mois d'avril, les autorités centrales de Berlin ne peuvent plus communiquer de façon efficace avec le Sud du Reich, un service de courriers à moto est alors mis en place, et transmet le flot des directives de Bormann, une « paperasse inutile » que plus personne ne prend alors le temps de lire. Hitler se suicide le 30 avril 1945 quand l'Armée rouge arrive à quelques centaines de mètres du bunker berlinois du dictateur. Son successeur, l'amiral Karl Dönitz ne peut que capituler sans conditions le 8 mai 1945. Il est arrêté avec le dernier vestige de gouvernement allemand, le 23 mai 1945, à Flensburg. Le 20 septembre, plusieurs mois après la défaite militaire totale de l'Allemagne nazie, la loi no 1 du Conseil de contrôle allié, issue d'un accord entre les gouvernements des Alliés, abroge l'ensemble des lois d'exceptions constituant la base législative du régime hitlérien. L'Allemagne est ensuite soumise au processus dit de dénazification, destiné à effacer toute trace du régime hitlérien et à garantir le rétablissement de la démocratie.

Mise au pillage des pays conquis: en 1942, 40 % de la Trésorerie du Reich est faite de tributs financiers prélevés sur les vaincus. La France du maréchal Pétain dut ainsi payer 400 millions de Francs par jour de « frais d'occupation », de quoi en réalité entretenir une armée de plus de 10 millions d'hommes. Les Allemands ne furent pas soumis au rationnement avant fin 1944 grâce aux prélèvements agricoles massifs dans les pays occupés, condamnés aux privations, à la disette voire à la famine (Grèce, URSS). Bien des Allemands reçurent aussi des dépouilles de l'aryanisation (spoliation des biens juifs) effectuée sur le territoire du Reich ou à l'étranger. Hermann Göring et Alfred Rosenberg dérobèrent à grande échelle les trésors artistiques de l'Europe occupée, collections juives en tête, remplissant pour des centaines de trains de chefs-d’œuvre et d'objets d'art.

De même, pour compenser la mobilisation de millions d'ouvriers sur le front de l'Est, le gauleiter Fritz Sauckel transféra de force 8 millions de travailleurs civils en Allemagne, sans compter les millions de prisonniers de guerre mis au travail: la moitié de l'emploi agricole et le tiers de l'emploi industriel du IIIe Reich était assumé par des travailleurs étrangers en 1944 . La Gestapo surveillait étroitement ces derniers, soumis à de multiples discriminations. Ainsi les ouvriers polonais et soviétiques devaient porter l'insigne P ou Ost bien visible sur la poitrine; ils touchaient généralement un salaire misérable correspondant à peine au minimum physiologique indispensable ; ils n'avaient pas le droit de prendre le tram ou de monter à bicyclette, ni d'entrer dans une église allemande ; les relations sexuelles avec une Allemande étaient punies de mort pour l'homme, et la femme humiliée en public puis déportée en camp. La police pratiquait régulièrement des rafles qui emmenèrent des dizaines de milliers en camp de concentration au moindre geste déviant.

Germanisation forcée de territoires annexés au IIIe Reich pendant la guerre, ainsi l'Alsace-Lorraine, le Luxembourg, une partie de la Pologne. Des dizaines de milliers de "Malgré-Nous", enrôlés par la contrainte dans la Wehrmacht et la Waffen-SS, périrent sur le front de l'Est. Des centaines de milliers d'enfants européens « germanisables » furent arrachés à leurs familles et transférés dans les Lebensborn ouverts par Martin Bormann. Dans ces foyers, véritables « haras pour SS », il s'agissait aussi d'étudier l'amélioration de la « race aryenne ». Euthanasie de 150 000 handicapés allemands, surtout entre 1939 et 1941. Les techniciens nazis de "l'aktion T4" furent ensuite affectés au gazage massif des Juifs dans les camps d'extermination. Extermination de 50 000 membres des élites polonaises par les SS à partir de 1939 - aristocrates, militaires, prêtres. Les lycées, les universités, les séminaires furent fermés, ainsi que les théâtres. Le but avoué était de transformer les Polonais en peuple de "sous-hommes". Trois millions de Polonais catholiques, autant de Polonais juifs furent exterminés par les nazis (20 % de la population totale).

Extermination de plus de 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques dans des camps en Allemagne. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov estime qu'en URSS même, 600 000 autres prisonniers furent assassinés par les troupes allemandes, et 1 400 000 autres laissés délibérément mourir de faim. Le « décret des commissaires » (mai 1941), préparé dès avant l'agression de l'URSS, ordonnait de fusiller tous les commissaires politiques communistes capturés. Affamement délibéré de la ville de Leningrad assiégée, qui fit 700 000 morts (1941-1944). Hitler avait interdit qu'on enlève d'assaut la ville qui avait vu naître le bolchevisme haï. Une commission d'experts mise en place par Göring pour planifier la future exploitation méthodique de l'URSS avait conclu dès mai 1941 que « nos projets devraient entraîner la mort d'environ 10 millions de personnes » ; cette planification porta le nom de Generalplan Ost par la suite.

Massacre de nombreux otages à travers l'Europe occupée (Châteaubriant, Mont-Valérien, Fosses Ardéatines) ; destruction et massacre de villages entiers (Oradour, Lidice, Marzabotto); emploi systématique de la torture et des fusillades de masse contre les résistants, les suspects et les civils ; inauguration des bombardements terroristes sur les populations civiles (Guernica, Rotterdam, Coventry). L'insurrection de Varsovie, écrasée par Himmler, fut châtiée par la destruction de la ville à 90 % et fit 200 000 morts. 1 500 000 résistants, persécutés, droits communs, Témoins de Jéhovah, homosexuels, ou Juifs de toute l'Europe ont été soumis à l'extermination par le travail forcé dans les camps de concentration de Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Dora, Sachsenhausen, Ravensbrück, etc. et leurs centaines de kommandos dispersés à travers tout le territoire du Reich. Les mauvais traitements des kapo, les exécutions sommaires, la sous-alimentation, la volonté des SS de déshumaniser complètement leurs victimes avant de les réduire en cendres ont fait de ces camps un enfer d'une barbarie rarement égalée. 40 % des déportés français ne survécurent pas à leur séjour en camp.

Expériences pseudo-médicales perpétrées sur des détenus des camps de concentration par les médecins nazis tels Carl Clauberg ou Josef Mengele. À Auschwitz et Ravensbrück, le Reich fit étudier sur des cobayes humains un programme de stérilisation massive des femmes slaves. Génocide de 5,5 millions de Juifs (Shoah). Entre 1941 et 1945 les nazis firent périr les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée. Le génocide fut pratiqué selon des méthodes industrielles et bureaucratiques sans précédent dans l'histoire humaine ; ce fut aussi la première fois qu'un génocide visa à éliminer jusqu'au dernier enfant ou vieillard un peuple désarmé, lié à aucun État, dispersé sur tout un continent, n'occupant aucun territoire disputé, et ne représentant aucune menace militaire ou politique sinon dans l'imagination des bourreaux. Ce génocide fut opéré par la faim dans les ghettos de Pologne (où furent déportés aussi de nombreux Juifs allemands et autrichiens, prélude à leur extermination), par balles sur le front de l'Est par les unités mobiles de tuerie des Einsatzgruppen, par le travail forcé dans les camps de concentration, ou dans les chambres à gaz des camps d'extermination.

Le seul camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau vit périr un million de Juifs entre 1942 et fin 1944. Les autres centres de mise à mort furent Chelmno, Sobibor, Treblinka, Belzec, Maïdanek, où des centaines de milliers de Juifs étaient gazés dès leur arrivée. Des fours crématoires faisaient ensuite disparaître toute trace des victimes. Les nazis récupéraient leurs bagages et leurs vêtements, mais aussi les chevelures et les dents en or des cadavres, et faisaient du savon à partir des cendres. Conséquences de la guerre voulue par le IIIe Reich, les bombardements et les batailles de rue dans les villes du IIIe Reich amenèrent la destruction de nombreuses villes allemandes à plus de 50, 75 ou 90 %. Ainsi Berlin, Dresde, Hambourg, Cologne ou Breslau. Une part considérable du patrimoine artistique fut perdue.

La défaite finale du IIIe Reich laisse l'Allemagne en ruines et soumise à un régime d'administration militaire par les Alliés. Elle disparaît tant qu'État indépendant jusqu'en 1949, date à laquelle sont proclamées, à quelques mois d'intervalle et dans le cadre de la Guerre froide, la RFA à l'ouest sur les zones d'occupation américaine, britannique et française et la RDA à l'est sur la zone d'occupation soviétique. L'Allemagne, divisée en deux États politiquement rivaux, cesse d'exister en tant que pays unifié jusqu'à sa réunification en 1990. 5 millions de soldats allemands sont morts au front et 3 millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands présents depuis des siècles sont chassés des pays d'Europe centrale et orientale en représailles aux exactions du IIIe Reich. L'actuel territoire de la République fédérale d'Allemagne est inférieur d'un tiers à celui du Reich de 1914.

Eichmann AdolfAprès leur capture, les 16 plus hauts dirigeants du IIIe Reich encore vivants sont jugés au procès de Nuremberg en 1946, lequel déclare également organisation criminelle plusieurs piliers du régime : le NSDAP, la SS, la Gestapo et le cabinet du Reich. Plusieurs chefs nazis se sont suicidés, tels Adolf Hitler, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels. D'autres, en fuite, seront traqués et retrouvés, tels Adolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem en 1962. D'autres sont morts libres après s'être réfugiés en Amérique du Sud (Josef Mengele) ou dans le monde arabe. La dénazification imposée à l'Allemagne après 1945, ainsi qu'une série de procès et de révocations, n'a pas empêché de très nombreux serviteurs du IIIe Reich de faire de bonnes carrières administratives, économiques ou politiques après la guerre, sans être jamais inquiétés, même lorsque très compromis. Tout comme les Russes, les Américains recyclèrent des agents gestapistes, tels Klaus Barbie, entré au service de la CIA, ou des scientifiques compromis tels Wernher von Braun.

Adolf Hitler et Staline ont brisé la continuité historique de leur pays ; de surcroît, la "catastrophe allemande" ne s'est pas produite dans un pays arriéré aux mœurs traditionnellement brutales. Les Nazis accèdent au pouvoir légalement, dans l'un des pays les plus développés et les plus cultivés du monde, célèbre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Dès lors la question de la "culpabilité" du peuple allemand dans l'avènement du IIIe Reich et de son degré d'adhésion à ses actes (Schuldfrage) n'a cessé de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pesé lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands à l'étranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant la guerre froide, RFA et RDA se renvoyèrent l'accusation d'être les continuateurs du IIIe Reich. Des personnalités comme le philosophe Martin Heidegger ou le chef d'orchestre Herbert von Karajan ont traîné toute leur vie comme un boulet le fait d'avoir adhéré au parti nazi et de s'être montrés incapables de s'expliquer clairement sur cette adhésion.

En dépit de ce passé, quelques nostalgiques, ainsi que les néo-nazis ou les négationnistes, vantent encore aujourd'hui la grandeur du IIIe Reich, prétendant par exemple que « le procès de Nuremberg [c'] est celui de l'homme blanc, que les chambres à gaz n'ont jamais existé, elles sont tout droit sorties du néant ». Ces individus, parfois apparentés au mouvement skinhead nazi, sont ultra-minoritaires et guère médiatisés, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumière, comme en Angleterre avec le paki bashing, ou encore dans certaines tribunes de supporters de football dites ultras.

Du fait de l'ampleur inédite de ses crimes, le IIIe Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des épisodes les plus noirs et les plus traumatisants de l'histoire de l'Allemagne et de celle de l'humanité. Ses emblèmes et son apologie sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Certains ont aussi adopté des lois contre les négateurs de ses crimes contre l'humanité, comme en France, en Autriche ou en Allemagne même. Sans équivalents même dans l'URSS stalinienne, sa « violence congénitale », son idéologie raciste et ses volontés expansionnistes et génocidaires, et surtout la spécificité radicale amplement établie de la Shoah, singularisent communément le IIIe Reich comme un régime intrinsèquement criminel. Il pose de ce fait à l'historiographie mais aussi à la conscience universelle des angoisses et des interrogations jamais totalement résolues.

Poutine-Obama : le Kremlin dément la rupture du dialogue

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Moscou, 26 avril - RIA Novosti/La Voix de la Russie L'information, selon laquelle le dialogue entre les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Barack Obama, serait rompu à cause de l'Ukraine, est fausse, a déclaré samedi sur les ondes de la radio Echo de Moscou Dmitri Peskov, porte-parole du chef de l'Etat russe.

 

Barack Obama et Vladimir Poutine

Barack Obama et Vladimir Poutine

« Le dialogue se poursuit plutôt régulièrement, le dernier entretien datant de la semaine passée. Il y a à l'heure actuelle beaucoup de divergences, ce qui rend souvent dures les conversations. Quoi qu'il en soit, le dialogue se poursuit toujours », a indiqué le représentant du Kremlin.

Lors d'une conversation téléphonique du 14 avril dernier, le président Poutine a appelé son homologue américain à utiliser au maximum les possibilités dont les Etats-Unis disposaient pour prévenir l'effusion de sang en Ukraine. Selon certains médias, après cette conversation, ni Moscou ni Washington n'ont cherché de contact direct.

Un changement de pouvoir ayant des caractéristiques d'un coup d'Etat s'est produit à Kiev le 22 février 2014. La Rada suprême (parlement) a destitué le président Viktor Ianoukovitch, réformé la Constitution et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. Moscou a contesté la légitimité des décisions de la Rada, alors que l'Occident a soutenu les nouveaux dirigeants ukrainiens.

Les grandes villes de l'Est et du Sud de l'Ukraine, dont Donetsk, Kharkov et Lougansk, connaissent depuis mars une mobilisation sans précédent des partisans de la fédéralisation du pays qui réclament des référendums sur le statut politique de leurs régions. Le mouvement de protestation contre la politique des nouvelles autorités de Kiev s'est étendu à différentes villes de la région de Donetsk, dont Slaviansk. Les autorités ukrainiennes ont lancé une opération militaire contre les manifestants.

La confrontation a pris des formes particulièrement violentes à Slaviansk, actuellement contrôlée par les partisans de la fédéralisation.

Moscou a qualifié de « très dangereuse » la décision d'utiliser la force armée contre les protestataires. Le président Poutine a déclaré jeudi que la décision du régime actuel à Kiev d'utiliser réellement l'armée à Slaviansk, était un crime très grave contre le peuple ukrainien.

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