La Houston Chronicle est un quotidien généraliste américain de langue anglaise, fondé en 1901 et publié à Houston (Texas). Le journal, fondé en 1901 par Marcellus E. Foster, a publié son premier numéro le 14 octobre 1901. En 1926, il est racheté par Jesse Holman Jones (1874-1956), qui sera plus tard, de 1940 à 1945, secrétaire au Commerce dans l'administration du président Franklin Delano Roosevelt. Le 1er mai 1987, la Houston Chronicle est rachetée par la Hearst Corporation, pour un montant de 415 millions de dollars.
Houston Chronicle
Ixuxú
Ixuxú fut le premier périodique hebdomadaire à être écrit en asturien. Créé en 1901 à Gijón par Francisco González Prieto sa ligne éditoriale était d'idéologie ultra conservatrice et catholique. Il a eu une durée de vie d'à peine un an.
Revue russe d'Entomologie
La Revue [russe] d'entomologie est une revue scientifique consacrée aux problèmes de l'entomologie fondée en Russie en 1901.
Elle est publiée par la Société entomologique de Russie et l'Académie des sciences de Russie. La revue est fondée en 1901 à Iaroslavl sous le titre de Revue russe d'entomologie sur les fonds
propres des entomologistes Nikita Kokouïev, Andreï Semionov-Tian-Chanski, Tikhon Tchitcherine et d'autres.
Elle passe rapidement à un rythme bimestriel. Par la suite la revue change plusieurs fois de titre et d'éditeur. Ainsi après le numéro 24, les numéros suivants sont publiés sous le titre de Revue
d'entomologie, à partir de 1933, titre qu'elle conserve aujourd'hui.
Elle est publiée par la Société entomologique de Russie à partir de 1906 et imprimée à Saint-Pétersbourg. En 1945, l'Académie des sciences en devient coéditrice. Elle perd son sous-titre en
français en 1964. La revue paraît en russe à un rythme trimestriel, chaque numéro contenant environ deux cents pages. Une traduction est également publiée en anglais sous le titre d'Entomological
Review.
Elle est éditée par la maison d'édition Naouka qui dépend de l'Académie des sciences. Le numéro 92 est paru en 2012. La rédaction siège à Saint-Pétersbourg, à l'Institut zoologique de l'Académie
des sciences, dans les locaux du Musée zoologique de Saint-Pétersbourg. Son rédacteur-en-chef depuis 2012 est le professeur Boris Korotaïev, spécialiste des Curculionidae.
Kokouïev Nikita
Nikita Rafaïlovitch Kokouïev, né le 28 octobre 1848 à Maloarkhangelsk et mort le 31 mars 1914, est un entomologiste russe qui fut l'un des fondateurs de la Revue russe d'entomologie et son premier rédacteur-en-chef. Il naît dans une famille de marchands fortunés à
Maloarkhangelsk. Il devient membre de la Société d'histoire naturelle de Iaroslavl en 1864 et en 1894 membre effectif de la Société entomologique de Russie. Il fonde avec Andreï
Semionov-Tian-Chanski, Tikhon Tchitcherine et d'autres la Revue russe d'entomologie à Iaroslavl. Elle déménage à Saint-Pétersbourg en 1906.
Il étudie dans ses premiers travaux les coléoptères du gouvernement de Iaroslavl et fait paraître quarante-trois articles à propos de la systématique des hyménoptères (Ichneumonidae, Braconidae)
dans les revues de la Société entomologique de Russie et des Annales du musée zoologique de l'Académie des sciences, y décrivant deux-cent-huit genres. Son ouvrage le plus important est un Précis
des abeilles de Russie centrale paru dans les Travaux de la Société d'histoire naturelle de Iaroslavl en 1909. La collection de Kokouïev se trouve aujourd'hui au musée zoologique de
Saint-Pétersbourg.
Ancre d'or Bazeilles
L'Ancre d'or Bazeilles est le magazine bimestriel en langue française des Troupes de marine, unité d'élite de l'armée
francaise. C'est un magazine de presse vendu exclusivement sur abonnement. Il est le vecteur de communication des Troupes de marine, arme de l'armée de terre française. Le tirage de la revue est,
en 2007, d'environ 7 000 exemplaires et il fait 64 pages. Il tire son nom de l'association de l'Ancre d'Or, symbole des troupes de marine et de Bazeilles, nom de l'un des hauts faits d'armes de
ces unités.
La rédaction est assurée par l'EMSOME (École militaire de spécialisation de l'outre-mer et de l'étranger), sise à Rueil-Malmaison. La revue, qui a fêté ses 100 ans en 2002, s’appelait à l'origine
La revue des troupes coloniales. Elle est alors rédigée par le bureau technique des troupes coloniales et imprimée par les éditions Lavauzelle.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la publication est suspendue pour reprendre à la fin de la
guerre. Mais elle disparaît totalement en 1946, au profit de la revue Tropiques. À la suite de la décolonisation, celle-ci cesse aussi d'être publiée, en 1962. Le 1er octobre 1962, est créée la
revue Bazeilles. Parallèlement, une revue des anciens des troupes coloniales avait été créée, le Bulletin de liaison de la fédération des troupes de marine, qui deviendra, en 1953, l'Ancre d'or.
Et c’est finalement en 1966 que ces deux revues fusionnent pour donner naissance à l’Ancre d’Or Bazeilles.
Arbetarbladet
Arbetarbladet est un quotidien suédois, fondé en 1902. Il est publié sept jours par semaine. Il est publié à Gävle et est distribué principalement dans les municipalités environnantes (en Gästrikland et Uppland). Sa ligne éditoriale est social-démocrate. Le quotidien fait partie du « Mittmedia »-konzern. Il partage la rédaction des sports avec Gefle Dagblad.
La Bastille
La Bastille, « journal antimaçonnique », est un périodique français (Paris, no 1, 26 novembre 1902 - no 550, 31 juillet 1915), dirigé par Paul Copin-Albancelli et Louis Dasté (pseudonyme d'André Baron). Il succède à À bas les tyrans, journal antimaçonnique. Il est également lié à France d'hier et France de demain.
¡Cu-Cut!
Le ¡Cu-Cut! était une revue satirique hebdomadaire du début du XXe siècle, d'idéologie catalaniste et éditée à Barcelone.
Publiée entre le 2 janvier 1902 et le 25 avril 1912, elle acquit une grande popularité, avec des tirages atteignant 60 000 exemplaires, et incluait une solide équipe de créateurs graphiques. Elle
est en particulier passée à la postérité en raison d'événements survenus fin 1905, au cours desquels la rédaction du périodique fut saccagée par un groupe de militaires, qui reçurent a posteriori
le soutien de leurs supérieurs3. Les incidents et la polémique qu'ils suscitèrent furent à l'origine d'une crise politique révélatrice de la fragilité du régime de la Restauration
bourbonienne.
La revue était politiquement liée à la Lliga Regionalista de Francesc Cambó et Enric Prat de la Riba, et du journal La Veu de Catalunya. Elle s'opposait en particulier au courant politique
représenté par Alejandro Lerroux et le Parti républicain radical. Dirigé par Manuel Folch i Torres, on peut citer parmi ses principaux collaborateurs Josep Morató i Grau, Eduard Coca i Vallmajor
ou Manuel Urgellès, avec les caricatures des illustrateurs Opisso, Junceda, Llaverías, Apa ou Ismael Smith. Sa mascotte était un paysan catalan portant la barretina, créé par Gaietà Cornet,
directeur artistique de la revue.
Les jeunes artistes de Cu-cut! ont reçu de fortes influences de la presse française4. Des publications comme L'Assiette au Beurre et Le Rire ont une forte influence sur la conception graphique et
la préparation de la revue. Mais la presse allemande, en particulier le Simplicissimus, laisse aussi leur empreinte sur les artistes de Cu-cut!, qui peuent développer lentement sa propre
personnalité, ce qui est appelé l'école catalane du dessin satirique, fortement diffèrent ce qui est fait a Barcelone que ce qui est fait à Madrid comme il écrit le critique d'art cubain Bernardo
G. Barros dans son ouvrage La caricatura contemporánea (Madrid: Ed. América, 1916. Vol. II). Le graphique Cu-cut! est révolutionnaire dans la presse catalane, et va bientôt avoir de nombreux
imitateurs et disciples.
L'influence de Cu-cut! le reste de la presse satirique catalan est très important. Leurs concepteurs seront le modèle de l'école catalane de dessin satirique. Le modèle du magazine sera suivi et
imité par de nombreuses publications ultérieures: Cu-cut! consolide aussi un modèle de publication satirique catalan moderne, irrévérencieux, avec un graphisme agréable et une maquette moderne et
un esprit combatif qui n'est pas usuel dans la presse espagnole à l'époque. Cu-cut! ouvre ainsi la voie à suivre publications telles que 'L'Hereu (1913-14), La Piula (1916), Cuca Fera (1917),
L'Estevet (1921-23), El Borinot (1923-1927) o Papitu (1908-1936). Le 25 novembre 1905, la rédaction du ¡Cu-Cut! ainsi que celle de La Veu de Catalunya furent prises d'assaut par un groupe de
militaires de la garnison de Barcelone, en réaction à une caricature antimilitariste de Junceda publiée deux jours auparavant, tournant en ridicule l'Armée et rappelant la débâcle de 1898, vécue
comme un traumatisme par d'importants secteurs de la société espagnole et toujours vive dans les esprits. Le saccage est connue dans l'historiographie comme les « incidents du ¡Cu-Cut! » («
hechos del ¡Cu-Cut! » en castillan ; « fets del ¡Cu-Cut! » en catalan).
La publication fut suspendue jusqu'au 28 avril 1906 en raison des dégâts matériels occasionnés. Les événements étaient une illustration de la faiblesse du système de la Restauration et de sa
dépendance persistante à l'égard des militaires8, qui avaient déjà exercé une influence considérable dans la politique du pays lors du siècle précédent. « La crise subjacente représenta le
premier choc entre pouvoir politique et pouvoir militaire du XXe siècle ainsi qu'une montée notable de la température du conflit nationaliste ». Face au refus du roi de punir les auteurs du
saccage, Eugenio Montero Ríos, alors chef du gouvernement, présenta sa démission. Il fut remplacé par Segismundo Moret, qui se montra favorable aux militaires et promulgua rapidement une nouvelle
loi, la Ley de Jurisdicciones, qui établissait que la réparation des atteintes « à la patrie ou à l'Armée » incomberaient aux tribunaux militaires, revers infligé à ceux qui réclamaient que
justice soit faite, les coupables n'étant pas tenu de répondre de leurs actes devant une juridiction civile.
L'opposition à cette loi entraina l'union des partis politiques catalans dans la coalition Solidaritat Catalana. Dès lors le panorama politique catalan évolua radicalement, les partis dynastiques
de la Restauration disparaissant de la scène pour être remplacé par des partis opposés au régime, essentiellement la Lliga Regionalista et les partis républicains. En 1912, les dirigeants de la
Lliga décidèrent de mettre un terme à la publication de la revue, dont le radicalisme ne servait plus les intérêts. Le dessinateur de presse Kap a été chargé de diriger une exposition qui
commémore le centenaire de la disparition du magazine. Il a eté inauguré dans l'Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona le mai de 2012, et c'est une expo qui a visité autres localités catalanes
10. Kap (sous son vrai nom, Jaume Capdevila) a également écrit un livre qui rappelle et revendique cette publication: Cu-cut! (1902-1912) Sàtira política en temps trasbalsats.
Galicia
Galicia est un hebdomadaire illustré publié à La Havane (Cuba) entre 1902 et 1930, son premier sous-titre était Revista semanal ilustrada (Revue hebdomadaire illustrée). C'est une revue phare de la diaspora galicienne fondée par Vicente López Vega originaire de Moeche en Galice. L'intérêt historique de cette publication tient non seulement au contenu lié à la culture galicienne, mais aussi au rôle qu'elle a joué dans l'histoire de la Galice, et à la qualité de certains de ses journalistes, tels Manuel Curros Enríquez. Le Centro Ramón Piñeiro, institut de recherches galicien, en édite des fac-similés grâce à la collaboration avec des organismes cubains (Instituto de Literatura e Lingüística da Habana et Biblioteca Nacional José Martí).
Millet Yves
Yves Millet (7 mars 1920 - 22 décembre 2000) est un universitaire français spécialiste d'études slaves, agrégé d'allemand, nommé en 1965 professeur de tchèque à l'École nationale des langues orientales vivantes devenue Institut national des langues et civilisations orientales. Il a assuré la présidence de la Société de Linguistique de Paris et de l'Institut d'Études slaves.
Pallis Marco
Marco Pallis (1895-1989) était un alpiniste, mystique, et auteur britannique ayant des affinités proches avec l'école traditionaliste, et un traducteur de textes grecs anciens.
Il a écrit des ouvrages importants au sujet de la religion et la culture du Tibet. Il est né à Liverpool le 19 juin 1895, plus jeune fils de parents grecs aisés et cosmopolites. Encore jeune
pendant la Première Guerre mondiale, Pallis, après avoir aidé brièvement l'Armée du salut en Serbie, s'enrôla dans l'armée britannique. Sa première tâche débuta en 1916 comme interprète de
l'armée en Macédoine.
Le paludisme et une inflammation sévère de son œil droit coupèrent court à son service macédonien. Après une convalescence forcée et interminable à Malte, il entra chez les Gardes Grenadiers, où
il commença en recevant une formation d'artilleur. En 1918, en tant que sous-lieutenant, il fut envoyé dans les tranchées du front de l'Ouest. Pendant le combat de Cambrai, lors d'une attaque
pendant laquelle son capitaine et son premier lieutenant furent tués, Pallis fut touché au genou ; pour lui la guerre était finie.
Après la guerre, outre ses devoirs de famille, Pallis s'est occupé avec ses deux passions : l'alpinisme et la musique. Dès qu'il le pouvait, il a escaladé, bien que les médecins lui eussent dit
qu'il ne lui serait peut-être plus possible de marcher à cause de sa blessure au genou. Ainsi, il est allé en expédition en Arctique, en Suisse, et dans les Dolomites ; Snowdonia, le Peak
District, et les montagnes écossaises lui ont fourni des occasions plus proches de chez lui. À la même période, Pallis a étudié la musique avec Arnold Dolmetsch, un spécialiste distingué de la
musique anglaise ancienne, compositeur, et interprète. Sous l'influence de Dolmetsch, Pallis n'a pas tardé à découvrir un amour de la musique ancienne, en particulier de la musique de chambre des
XVIe et XVIIe siècles, et de la viole de gambe. Même quand il partit escalader dans la région s'étendant entre le Sutlej et le Gange, lui et ses amis mélomanes n'oublièrent pas d'apporter leurs
instruments.
Son amour de la montagne était destiné à guider Pallis à son troisième amour, ultimement incluant tout : le Tibet et sa civilisation. En 1923, Pallis visita le Tibet pour la première fois, pour y
escalader. Il retourna en Himalaya pour des expéditions plus prolongées en montagne, en 1933 et puis en 1936. Son livre très connu Cimes et Lamas décrit ces derniers voyages et la transformation
qu'il a vécue. De la situation d'étranger, compatissant mais simple observateur, il a pénétré au plus profond du cœur de la vie tibétaine. Il a remplacé ses vêtements occidentaux par la robe
tibétaine, et a approfondi son étude de la langue, de la culture, et du bouddhisme tibétain. Séjournant souvent dans les monastères, il a reçu son éducation religieuse directement des lamas dans
la tradition vivante. La Deuxième Guerre mondiale a empêché ses voyages jusqu'en 1947, quand lui et son ami Richard Nicholson ont pu aller au Tibet une dernière fois avant l'invasion chinoise.
Déjà bouddhiste pratiquant depuis 1936, alors qu'il se trouvait à Shigatse, au Tibet, Pallis a été initié dans un des ordres ; il était âgé de 52 ans. Quand il est parti du Tibet, on peut dire
que Marco Pallis, maintenant nommé Thubden Tendzin, avait complété son voyage intérieur en sa maison spirituelle. Il a continué à être un pratiquant fidèle du bouddhisme tibétain, et un défenseur
infatigable du Tibet, jusqu'à sa mort quelque 43 ans plus tard.
Le renversement du Tibet indépendant par les communistes chinois a marqué un des événements les plus tristes de la vie de Pallis. En réponse, Pallis fit ce qu'il put, surtout par ses écrits, qui
ont aidé à élever la conscience publique du prodige qu'était le Tibet. Cela a dû aussi procurer beaucoup de plaisir à Pallis de pouvoir aider des membres de la diaspora tibétaine en Angleterre.
En de multiples occasions, Pallis a ouvert son appartement à Londres pour accueillir des Tibétains en visite. Il a offert son aide d'autres façons, comme au jeune Chögyam Trungpa : Pallis a
voyagé avec Trungpa et l'a encouragé, alors qu'il venait d'arriver en Angleterre et n'avait pas encore la renommée mondiale qu'il allait bientôt atteindre. Quelques années plus tard, il fut
demandé à Pallis d'écrire la préface du premier et déterminant livre de Trungpa, Né au Tibet. Dans ses remerciements, Trungpa loue Pallis de ses « remerciements reconnaissants » pour « la grande
aide » que Pallis a apportée à la mise au point du livre. Il continue en ajoutant « M. Pallis, en consentant à écrire la préface, consacra de nombreuses semaines à la mise en ordre définitive de
l'ouvrage. »
Pallis a décrit la « tradition » comme étant le leitmotiv de son écriture. Il a écrit dans la perspective de ce qui est devenu l'École Traditionaliste ou pérennialiste de la religion comparative
fondée par René Guénon, Ananda K. Coomaraswamy, et Frithjof Schuon, qu'il a connu personnellement. En tant que Traditionaliste, Pallis a envisagé « l'unité transcendante des religions » (titre
d'un livre de Schuon de 1948) et ce fut en partie cette compréhension qui a donné la perspicacité à Pallis pour explorer la nature intérieure de la tradition spirituelle du Tibet, son amour
choisi. Il était un collaborateur fréquent du journal Studies in Comparative Religion (avec Schuon, Guénon, et Coomaraswamy), écrivant à la fois sur la culture tibétaine et la pratique
religieuse, ainsi que sur la philosophie perennialiste.
Pallis a publié trois livres consacrés principalement à la tradition, au bouddhisme, et au Tibet : Cimes et Lamas (Peaks and Lamas, 1939) ; The Way and the Mountain (1960) ; et A Buddhist
Spectrum (1980). Plusieurs articles de Pallis sont présentés dans L'épée de gnose de Jacob Needleman ; il était aussi collaborateur régulier au journal anglais Studies in Comparative Religion.
Après son dernier voyage au Tibet — alors qu'il habitait à Kalimpong, en Inde—Pallis a écrit un livre court en langue tibétaine au sujet des dangers pour le Tibet du fait de l'empiètement de la
culture moderne. En plus de ses propres écrits, Pallis a traduit des textes bouddhistes en grec, et les travaux de ses collègue écrivains traditionalistes René Guénon et Frithjof Schuon du
français en anglais. Certains travaux de Pallis ont été traduits en français et en espagnol. Depuis la publication de ses premiers livres, des générations de lettrés et d'étudiants se sont
tournées vers Pallis pour ses visions perspicaces du bouddhisme et du Tibet. Son travail est cité par d'autres écrivains tels que Heinrich Harrer, Heinrich Zimmer, Joseph Campbell, Thomas Merton,
Robert Baker Aitken, et Huston Smith. Dans le jugement de Huston Smith : « Pour la perspicacité, et la perspicacité de beauté exige si c'est pour être efficace, je ne trouve pas d'écrivain le
surpassant sur le bouddhisme ».
La carrière musicale de Pallis fut non moins accomplie. Il a enseigné la viole à l'Académie Royale de Musique, et a reconstitué le Consort anglais de violes, un ensemble qu'il avait d'abord formé
dans les années 1930. C'était un des premiers groupes professionnels dévoués à la préservation de la musique anglaise ancienne, qui a fait trois enregistrements et joué dans plusieurs tournées de
concert en Angleterre et à l'étranger. Lors d'une tournée aux États-Unis en 1964, Pallis a eu l'occasion de rencontrer Thomas Merton à l'Abbaye de Gethsemane dans le Kentucky : « Hier Marco
Pallis était ici (...) J'étais content de le rencontrer. » Ils ont parlé de Zen, de Shiva, et des difficultés au Tibet. Ce fut leur première rencontre face à face, bien qu'ils se connaissaient
par correspondance préalable et par leurs écrits publiés respectifs. On lit dans le journal de Merton, avant qu'ils se sont rencontrés : « Hier, calme jour ensoleillé, a dépensé tout temps
possible dans les bois lisant et méditant. Le merveilleux livre de Marco Pallis Cimes et Lamas. »
L'Académie Royale de Musique, dans la reconnaissance de la contribution de sa vie au champ de la musique ancienne, a attribué à Pallis une Camaraderie Honoraire. Il a continué à composer et
jouer, ajoutant une touche musicale à certains de ses articles érudits. Son article L'Instrumentation du Consort de violes anglais a été publié alors qu'il avait 75 ans. À 89 ans, son Quatuor à
cordes en fa dièse a été publié, et son Nocturne de l’Éphémère a été exécuté au Queen Elizabeth Hall à Londres ; sa nièce écrit qu'« il put aller sur la scène pour recevoir les applaudissements
avec sa modestie coutumière. » Quand il est mort, deux semaines avant son 95e anniversaire, il travaillait à un projet réunissant ses deux amours de la musique et du Tibet : un opéra fondé sur la
vie de Milarépa. Marco Pallis « s'est retiré dans les Champs Célestes » le 5 juin 1989.
Ouvrages
- La Vie Active. Ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas, Éditeur : Paul Derain
- Cimes et Lamas, Éditions Albin Michel, 1955, Éditeur Kailash, 1997
- Lumières bouddhiques, Éditeur : Fayard
- Caravane tibétaine, avec Abdul Wahid Radhu, Peuples du Monde, 1991, (ISBN 2907629107 et 9782907629102)
- La Voie et la Montagne. Quête spirituelle et bouddhisme tibétain, Éditions l'Harmattan, 2010 (ISBN 978-2-2962-11570-5)
Reyor Jean
Jean Reyor (pseudonyme de Marcel Clavel ou Clavelle ; autre pseudonyme : Marc Leprévôt) (1905-1988) était un auteur français, spécialiste de la franc-maçonnerie. Secrétaire de la revue Études Traditionnelles (1932-1960), il collaborait également à la revue Le Symbolisme (1950 à 1969). Il a
préfacé la plupart des rééditions d'ouvrages de René Guénon dont il fut l'un des continuateurs jusqu'à sa
mort.
Publications
- « Avant-propos », René Guénon, Initiation et réalisation spirituelle, Paris, Éditions traditionnelles, 1952.
- Pour une maçonnerie traditionnelle, Paris, Éditions Chacornac, 1955.
- « Avant-propos », René Guénon, Aperçus sur l'ésotérisme chrétien, Paris, Éditions traditionnelles, 1952 ; rééd. 1973.
- Pour un aboutissement de l'oeuvre de René Guénon. Les Aperçus sur l'initiation, Milan, Archè, 1988.
- « Avant-propos », René Guénon, Initiation et réalisation spirituelle, 2e édition, Paris, Éditions traditionnelles, 1964 ; rééd. 1990.
- Sur la route des maîtres maçons à la suite de René Guénon, Paris, Éditions traditionnelles, 1989.
- Études et recherches traditionnelles à la suite de René Guénon, Paris, Éditions traditionnelles, 1991.
Schuon Frithjof
Frithjof Schuon est né à Bâle (Suisse) le 18 juin 1907 de parents d'origine allemande et alsacienne et décédé le 5 mai 1998. Philosophe et métaphysicien traditionaliste,
il est l'auteur de nombreux essais sur la religion et la spiritualité. « Je désirais vivre en Dieu, je ne voulais pas seulement aimer Dieu, je voulais aussi Le connaître, et le christianisme de
notre époque n’enseigne que l’amour de Dieu, et en aucune manière la connaissance. J’appris bien vite que Dieu allait me charger d’une mission. Et je trouvais cette connaissance sacrée, cette
connaissance de Dieu que je cherchais – parce que c’est un besoin de ma nature, et que Dieu veut être adoré par chaque homme selon la nature qu’Il lui a donnée – grâce à un saint homme du peuple
arabe, dont le nom était Ahmed al-Alawî. C’était un Maître spirituel et il avait de nombreux disciples. Je trouvai là ce que je cherchais : la connaissance de Dieu, et les moyens de réaliser Dieu
»
Frithjof Schuon naît à Bâle le 18 juin 1907. Violoniste et professeur au Conservatoire, son père est d’origine germanique alors que sa mère est alsacienne. Son frère aîné, Erich, est venu au
monde une année auparavant. Foncièrement germanique, et ne parlant qu’allemand à cette époque, Schuon s’imprègne très jeune d’un certain romantisme poétique et mystique dont il trouve un écho
particulier dans les contes et mélodies traditionnelles. Musicien doué et poète à ses heures, Paul Schuon donne à ses enfants une culture ouverte sur les mondes anciens de tous horizons et très
tôt le jeune Frithjof découvre la Bhagavad-Gitâ, le Coran, les Védas ou… les Contes des Mille et Une Nuits qui enchantent son enfance. Né sous le signe des Gémeaux, signe alliant intelligence et
sensibilité artistique, intuition et force réalisatrice, Schuon aspire dès son plus jeune âge à trouver dans l’art sacré et la prière un réconfort. Profondément mystique – au sens noble du terme
– il se sent comme étranger au monde et incompris des siens. Il s’absorbe dans le rêve, la poésie et le dessin.
C’est ainsi qu’à treize ans on le voit affirmer gravement à l’un de ses jeunes correspondants qu’il s’apprête à écrire un poème épique hindou…Au décès de son père, en 1921, Schuon quitte la
Suisse et part avec sa mère pour Mulhouse. Loin de Bâle dont il aimait l’ambiance romantique et loin de ses amis il se voit contraint d’apprendre le français. Meurtri et mélancolique, il
multiplie les poésies qui laissent entrevoir une inaltérable soif d’Absolu et rédige un journal intime d’une étonnante densité.
A seize ans, alors que son frère entre au Séminaire – il deviendra moine trappiste sous le nom de Père Gall – Schuon doit renoncer à poursuivre ses études pour subvenir aux besoins de sa famille
et devient dessinateur sur textile. Il se plonge alors dans la lecture de Platon et des philosophes mais il lit et médite surtout la Bhagavad-Gitâ et s’intéresse à tout ce qui a trait à l’Orient
indien. C’est l’époque où il découvre l’œuvre de René Guénon dont le livre Orient et Occident vient de paraître. Schuon trouve là tout ce qu’il pressent. Il lit avec enthousiasme : 1- L’Homme et
son devenir selon le Védânta puis l’Introduction générale à l’étude des doctrines . Ce texte est une version très condensée de l’article paru sous le titre Frithjof Schuon (1907-1998)
Connaissance et Voie d’Intériorité. Approche biographique, 79 pages, in Connaissance des Religions, Numéro Hors Série Frithjof Schuon, 1999, Coédition Connaissance des Religions/ Le Courrier du
Livre. 2- Hindoues et, dès sa parution, en 1927, La Crise du monde moderne. Guénon lui apparaît alors comme « le théoricien profond et puissant de tout ce qu’il aime ».
Mais Schuon ne peut se contenter de théorie, il aspire à une véritable « renaissance intérieure » et s’engage dans une quête spirituelle de tous les instants. En 1928, il part accomplir son
service militaire à Besançon. Ordonnance d’officier, il y séjourne dix-huit mois. Durant toute cette période il esquisse à grand traits ce qui sera son premier livre en allemand, Leitgedanken zur
Urbesinnung (Pensées directrices pour la méditation du primordial), qui paraîtra quelques années plus tard en 1935.
Au lendemain de la crise économique de 1929, Schuon retourne à Paris. Il y retrouve un emploi de dessinateur sur tissus mais sa situation reste plus que précaire. Mais s’il demeure profondément
védantin son intérêt pour l’Islam est cependant grandissant. Il apprend l’arabe et s’exerce à le calligraphier alors que s’il maîtrise encore mal la langue française il l’écrit cependant de mieux
en mieux. L’une de ses premières lettres en français est d’ailleurs pour Guénon qui vient de quitter la France pour le Caire. Le 5 Juin 1931, celui-ci lui répond : « Pour ce qui est de l’adhésion
à une tradition orientale, il est certain que non seulement l’Islam est la forme la moins éloignée de l’Occident mais c’est aussi la seule pour laquelle la question d’origine n’a à se poser en
aucune façon et ne peut jamais constituer un obstacle ».
Ce sera le début d’une correspondance régulière jusqu’à la mort de ce dernier quelques vingt ans plus tard. Mais, en Février 1932, Schuon perd son emploi et il n’envisage plus que de partir pour
l’Orient : « Tout est fini. J’ai suffisamment joui de l’Europe. Elle m’a repoussé comme de la poussière. La semaine prochaine je serai déjà en Algérie, sans le moindre espoir terrestre, même sans
argent. Qu’importe ? ». A l’instar de Plotin qui souhaitait « fuir seul vers le Seul » il ne songe plus qu’à fuir le monde moderne : « Je n’ai plus besoin de rien. Peut-être vais-je m’évaporer,
comme un chant jamais entendu. L’Occident a roulé sur moi comme une roue et m’a brisé les côtes. Il n’y a maintenant plus de concessions, il n’y a plus que le Suprême Solitaire, le Seigneur des
vivants et des morts. » (Lettre du 21 Février 1932, traduite de l’allemand).
"Dans le Christianisme, l'âme est "morte de froid" dans son égoïsme congénitale, et le Christ est le Feu central qui le réchauffe et le ramène à la vie, dans l'Islam, par contre, l'âme "suffoque"
dans l'étroitesse du même égoïsme, et l'Islam apparaît comme l'immensité fraîche de l'espace qui lui permet de "respirer" et de "s'épanouir" dans l'illimité." Il devra néanmoins patienter jusqu’à
l’automne. En Novembre, après un bref séjour à Marseille où il fait la connaissance de plusieurs membres de la puissante confrérie allaouite, Schuon embarque pour Oran puis se rend à Mostaghanem
où réside le vieux et vénéré Sheikh El-Alawî. En dépit de l’état de santé précaire du Maître, qui revient du Pèlerinage, le jeune européen est reçu dès le lendemain de son arrivée. « Vêtu d’une
djellaba brune et coiffé d’un turban blanc – avec sa barbe argentée, ses yeux de visionnaire et ses longues mains dont les gestes semblaient alourdis par le flux de sa barakah, il exhalait
quelque chose de l’ambiance archaïque et pure des temps de Sidna Ibrahim el Khalil (Abraham). Il parlait d’une voie affaiblie, douce, une voix de cristal fêlé, laissant tomber ses paroles goutte
à goutte. Ses yeux, deux lampes sépulcrales, ne paraissaient voir, sans s’arrêter à rien, qu’une seule et même réalité, celle de l’infini à travers les objets – ou peut-être un seul et même néant
dans l’écorce des choses : regard très droit, presque dur par son énigmatique immobilité, et pourtant plein de bonté. »
Peu après, Schuon reçoit une lettre de Guénon qu’on lui a fait suivre : « Je me demande si vous avez déjà réalisé votre projet de partir pour l’Algérie ou si vous allez le réaliser(…) Je vous
engagerais plutôt à aller à Mostaghanem et à voir le Cheikh Ahmed ben Alioua, à qui vous pourrez vous présenter de ma part »… Schuon lui ayant répondu, Guénon lui adresse un nouveau courrier
directement à Mostaghanem où il précise : « En tout cas la première chose essentielle c’est le rattachement à l’Ordre ; le reste peut venir ensuite, et souvent de façon imprévue ». Schuon, qui a
reçu le nom traditionnel d’Aïssâ Nur ed-Din (« Jésus, Lumière de la Tradition »), séjournera pratiquement quatre mois dans la zaouia et sera « rattaché » à la confrérie en fin Janvier 1933 de la
main même du Sheikh en présence d’Adda Bentounes qui sera appelé à lui succéder à Mostaghanem.
Les autorités françaises d’Algérie ne virent cependant pas d’un bon œil la présence d’un européen parmi les arabes. Craignant qu’il ne s’agisse d’un agitateur communiste elles convoquèrent Schuon
et ses hôtes et se montrèrent suffisamment vindicatives pour que Schuon renonce à rester ou à poursuivre son périple vers le Maroc et décide de retourner en France. De Mostaghanem, il avait
adressé au Voile d’Isis, la revue dans laquelle Guénon écrivait déjà régulièrement et qui deviendra vite les Études traditionnelles, un article intitulé « L’aspect ternaire de la Tradition
monothéiste » qui sera sa première contribution et l’amorce d’une collaboration de près de cinquante trois ans. Il y évoque pour la première fois la notion d’« Unité essentielle et transcendante
» des trois religions monothéistes.
Peu après son retour, Schuon renoue avec l’un de ses amis d’enfance, Titus Burckhardt, qui partira bientôt pour Fès et sera, à son tour rattaché à la Tarîqah Darqâwiyya. Apprenant méthodiquement
l’arabe et vivant en étroit contact avec la population il se pénétrera de la sagesse soufie, de la science et de l’art traditionnels dont il deviendra un expert renommé. À Paris, Schuon rencontre
Louis Massignon et Emile Dermenghem, tous deux orientalistes, et parfait sa connaissance de l’Islam. Le 11 juillet 1934, à Paris, un an après son initiation auprès du sheikh Ahmad al-Alawi, à
Mostaganem, Frithjof Schuon connaîtra sa « Visitation de l’Etranger ». Ce jour-là, en effet, « il a le sentiment que le Nom divin s’actualise en lui avec une résonance et une intensité
bouleversante. Il dira plus tard que le Nom « avait fondu sur lui comme l’aigle sur sa proie». Cette Présence lui reste sensible durant trois jours. Lors d’une promenade sur les quais de la
Seine, il a le sentiment que tout est « transparent, diaphane, infini ». Or, il apprendra bientôt que le sheikh al-Alawi est mort le 11 juillet 1934.
En mars 1935, Schuon retourne à Mostaghanem où le khalifah Adda Bentounes a succédé au Sheikh défunt. Pour répondre aux vœux du Sheikh El-Alawî, celui-ci nomme Schuon moqaddem (« représentant »)
à l’issue d’une longue et édifiante khalwah (retraite). Cette fonction lui confère la possibilité de transmettre l’initiation et le « rattachement » à l’Ordre. Guénon, qui avait maintes fois
souligné dans ses écrits l’importance qu’il accordait à l’initiation, voit dans cette nomination une ouverture en Occident pour tous ceux en quête de vie spirituelle et de gnose. Très vite, trois
groupes se constituent autour du nouveau moqaddem : un à Bâle, un autre à Lausanne puis un troisième à Amiens. Plusieurs amis d’enfance de Schuon le suivent. Celui-ci, qui a trouvé un travail de
dessinateur en Alsace, voyage d’une ville à l’autre. Titus Burckhardt, revenu du Maroc, lui apporte son aide. De nouveaux venus, souvent très jeunes, comme Léo Schaya ou Michel Vâlsan, un roumain
travaillant à l’ambassade de Roumanie à Paris, se manifestent et montrent l’intérêt qu’ils portent à la voie traditionnelle d’inspiration guénonienne.
Les conditions d’existence de la jeune communauté restent précaires. Le moqaddem est quasiment sans ressource. Un nouvel emploi, mieux rémunéré, vient cependant à point nommé. La constitution
d’un groupe homogène ne se fait pas aisément. Les lecteurs guénoniens, souvent plus âgés que Schuon lui-même, ont chacun leur idée sur la constitution de ce que Guénon appelle « l’élite
intellectuelle » et ils oublient parfois la soumission qu’implique l’adhésion à une voie et le rattachement à un Maître. Dans le même temps, de 1933 à 1942, Schuon va faire l’expérience de
l’amour humain et divin. Cette expérience qui est connue des fidèles d’amour et que l’on retrouve chez un Dante, un Novalis ou encore chez Ibn ‘Arabî. C’est ainsi que le 27 décembre 1942, il
connaîtra une nouvelle expérience spirituelle, une nouvelle motion de l’Esprit, à propos de l’invocation du Nom de Dieu – « La rencontre entre le Nom et le cœur est tout ; le Nom dans le cœur, le
cœur dans le Nom » (cité par Jean-Baptiste Aymard). Il est très évident que cette « illumination » s’inscrit dans l’ordre de la fidélité d’amour, comme une étape de l’expérience commune à tous
les fedeli d’amore. C’est même à ce moment précis que Schuon est devenu un fidèle d’amour :
« Les mêmes symboles ne s’appliquent-ils pas à des niveaux différents ? Si j’ai prié pour obtenir la bien-aimée, n’ai-je pas prié sans le savoir, pour obtenir cette grande illumination dont mon
amie n’est qu’une image terrestre ? Et si j’ai tant aimé mon amie, n’est-ce pas inconsciemment pour cette dernière raison ? ». « Au lieu de « Cœur », nous pourrions dire aussi « Amour » ; (…) et
c’est d’ailleurs dans cet Amour que la spiritualité du Christianisme et celle de l’Islam se rencontrent : car dès que les effluves de l’Essence entrent dans le cœur, celui-ci se situe au-delà de
l’ordre formel et est devenu capable de deviner les intentions divines de toutes les formes, et par conséquent de percevoir l’Unité dans la diversité" Mais, naturellement, il s’agit moins ici
d’une appartenance à l’ordre ancien et désormais « occulté » des fedeli d’amore que d’une expérience spirituelle qui s’y rapporte et lui confère la dignité de fidèle d’amour.
Schuon songe à tout abandonner. Il n’est guère heureux non plus dans sa vie sentimentale. Amoureux d’une « noble et belle » jeune femme qui s’approche et se dérobe sans jamais se donner, il
trouve le réconfort dans la prière. À la fin de l’année 1936, un nouvel événement d’ordre spirituel va tout changer : Schuon acquiert soudainement la certitude fulgurante et intrinsèque qu’il est
investi « par en haut » de la fonction de Sheikh, de la maîtrise spirituelle, comme « reçue en héritage spirituel » du défunt Sheikh El Alawî. Simultanément plusieurs de ses amis ont, séparément,
de semblables expériences le concernant. Les conditions de transmission de la barakah sont celles que lui avait méticuleusement énuméré le Sheikh Adda lors de sa nomination à la fonction de
moqaddem… Schuon reçoit cette grâce inattendue plus comme une charge que comme une consécration. "Parmi ses adhérents, il y avait quelques intellectuels francophones dont l'importance a été
grande pour la traduction et la diffusion des livres et des idées des grands maîtres du soufisme classique, surtout d'Ibn Arabi. Après la mort de Vâlsan en 1974, de petits groupes de ses anciens
adhérents se sont rattachés à des maîtres soufis en terre d'Islam. Les soufis guénoniens les plus orthodoxes ont ainsi fini par devenir des soufis tout court. (Mark Sedgwick )"
Par la suite, il connaîtra une expérience spirituelle très particulière directement associée à la Vierge qu’il décrira plus tard dans quelques poèmes. « Sainte présence, souvenir lumineux./ Une
image venue du Ciel ; j’aime l’appeler/ Stella Maris - mon étoile du matin ». À compter de ce jour Schuon qui voit dans Sayydatnâ Maryam le symbole matriciel de la Sagesse, unissant en elle
Pureté réceptive et Grâce salvatrice, fera souvent référence à la sagesse mariale dans ses écrits et dans son enseignement spirituel mais aussi dans sa peinture où ses représentations mariales
sont, de fait, plus hindoues et shaktiques qu’occidentales.
Du Caire, Guénon confirme la « régularité » traditionnelle de la transmission et se réjouit de la naissance d’une Tarîqah occidentale indépendante. En 1938, Schuon rencontre Guénon au Caire pour
la première fois. Guénon, vêtu à l’égyptienne, le reçoit chez lui, presque tous les jours durant une semaine. Il se dira très heureux de ses entretiens. Schuon, quant à lui juge l’homme « fin et
mystérieux » mais s’avoue un peu désappointé par la banalité des sujets de conversation mais aussi par ce qu’il appellera une sorte « d’épuisement mental » et par la lancinante inquiétude du
vieux maître. C’est sans doute cette impression contrastée qui lui fera écrire, dans son hommage posthume, que « l’homme semblait ignorer son génie comme celui-ci inversement semblait ignorer
l’homme ». L’année suivante, alors que la guerre gronde, Schuon et deux disciples anglais embarquent pour l’Inde. Sur le chemin, ils font escale au Caire. Guénon, alors malade, les reçoit couché.
Schuon écrira « qu’il irradiait de lui une sorte de bienveillance » et que l’on ressentait en sa présence de la « grandeur spirituelle ».
Lorsque les trois voyageurs parviennent à Bombay, le 2 septembre, ils apprennent que la guerre vient d’éclater. Citoyen français, Schuon doit rejoindre son régiment sans délai et trois jours à
peine après son arrivée il s’en retourne vers l’Europe. Mobilisé, Schuon rejoint la 1 ère Compagnie de Mitrailleuses sur la ligne Maginot non loin de la frontière suisse. Mais, en juin 1940,
l’avance foudroyante des troupes allemandes met en déroute les régiments français pris à revers. Encerclés les soldats se rendent. Schuon passe un mois dans un camp de prisonniers à Besançon. Les
Alsaciens, dont il fait partie, sont mis à l’écart et libérés. Ayant le pressentiment d’une prochaine incorporation forcée dans l’armée allemande Schuon décide de passer clandestinement en
Suisse. Parti de nuit, il parcourt forêts et ravins des montagnes du Jura. Il est arrêté par des soldats suisses après avoir traversé des barbelés, évité une clairière gardée et
providentiellement trouvé un passage sans surveillance. Après des mois de tergiversations administratives il recevra durant l’été 1941 un permis d’établissement qui lui permet de résider
dorénavant en Suisse. Il y vivra dès lors près de quarante ans. Du fait de la guerre, les relations avec Guénon sont plus épisodiques. Par le biais de la valise diplomatique roumaine, Michel
Vâlsan, que Schuon a nommé moqaddem pour la France, peut néanmoins communiquer avec le Caire.
Le 27 Décembre 1942, Schuon connaît une expérience spirituelle qu’il reçoit comme un « don », une « inspiration de l’Esprit » qui se manifeste par l’actualisation, par une sorte d’ouverture
intellective, de ce qui va devenir la trame thématique et méthodique de son enseignement spirituel. Il présentera et résumera celle-ci très schématiquement dans Les Stations de la Sagesse (1958).
L’importance accrue que Schuon accorde désormais à l’invocation et à la pratique des vertus se conjugue chez lui avec un renouveau de sa sensibilité à l’Hindouisme et partant par une accentuation
de son approche ésotérique. À cette influence va bientôt s’ajouter celle du monde primordial des Indiens des Plaines. À la demande de Schuon un jeune ethnologue américain, Joseph Epes Brown,
entreprend de retrouver un vieux chamane sioux, Black Elk, dont Schuon avait lu les mémoires collectées par John Neihardt bien des années auparavant. Cette rencontre donnera naissance au fameux
livre Les rites secrets des Indiens sioux qui contribuera très largement à prévenir la disparition de rites alors en voie d’oubli. Schuon qui participe étroitement à la mise en forme puis à la
traduction de la version américaine, correspond avec Black Elk par l’entremise de son disciple.
En 1947, la maison d’édition dirigée par Titus Burckhardt publie les deux premiers recueils de poésies en langue allemande, Sulamith et Tage- und Nächtebuch ( Le livre des jours et des nuits).
Les relations avec Guénon vont singulièrement se compliquer lors de la parution, en 1948, d’un article de Schuon consacré aux Mystères christiques. Il y expose, pour la première fois, pourquoi la
religion chrétienne est de nature intrinsèquement ésotérique et pourquoi les sacrements, comme le baptême et la confirmation, sont de facto d’ordre « initiatique ». Cette interprétation n’est pas
celle de Guénon qui, bien qu’il n’ait guère jusqu’à lors développé cette question - ne s’y « sentant aucune inclination » - préfère défendre l’idée que le christianisme est de nature
exo-ésotérique comme l’Islam et qu’il a perdu quelques siècles après sa naissance, au IIIème et IVème siècle, son caractère ésotérique. Ce différend, tout autant que leur approches différentes de
la vie spirituelle, va insidieusement miner leurs relations d’autant que certains s’emploient activement à alimenter la polémique.
Les relations resteront néanmoins courtoises et lors du mariage de Schuon avec Catherine Feer en 1949, par exemple, Guénon ne manque pas de mentionner : « Nous espérons bien que, par la suite,
nous pourrons la voir elle-même ici avec vous ». Dans sa dernière lettre (5 Octobre 1950), quelques trois mois avant sa mort, Guénon le salue encore, en arabe, d’un « Très excellent Sheikh et
frère bien-aîmé » et conclue par « Meilleurs saluts et amitiés ». Le premier livre en langue française de Schuon paraît chez Gallimard en Janvier 1948. Son titre et sa thématique, De l’Unité
transcendante des Religions, feront date. « Si nous parlons d’« unité transcendante », nous voulons dire par là que l’unité des formes traditionnelles, qu’elles soient de nature religieuse ou
supra-religieuse, doit être réalisée d’une façon purement intérieure et spirituelle et, sans trahison d’aucune forme particulière. Les antagonismes de ces formes ne portent pas plus atteinte à la
Vérité une et universelle que les antagonismes entre les couleurs opposées ne portent atteinte à la transmission de la lumière une et incolore. » Lorsque le livre paraîtra en langue anglaise en
1953, le prix Nobel de Littérature T.S.Eliot dira : « Je n’ai jamais rencontré d’ouvrage aussi impressionnant dans l’étude comparative des religions d’Orient et d’Occident ».
À la fin du mois de Novembre 1950 l’état de santé de René Guénon s’altère considérablement. Epuisé, il s’éteint le 7 Janvier 1951. "La rencontre entre le Nom et le cœur est tout ; le Nom dans le
cœur, le cœur dans le Nom ", " La vertu, c’est laisser libre passage, dans l’âme, à la Beauté de Dieu ". "La beauté, quand elle s'associe à une attitude contemplative, est agréable à Dieu au même
titre que le sacrifice" La publication en 1953 de Perspectives spirituelles et faits humains qui fait suite à L’Oeil du Cœur, paru en 1950 chez Gallimard, marque un tournant dans l’œuvre de
Schuon. Ce livre d’une grande densité est le fruit de sa maturité spirituelle et le couronnement des dix années passées. Sa stylistique s’épure et se personnalise. Sous forme d’aphorismes issus
de lettres, de notes de lecture ou de réflexions notées au jour le jour, cet ouvrage foisonnant, ponctué de fulgurances imagées et poétiques, traite avec une étonnante profondeur des vertus, de
la connaissance, de l’esthétique et du Védantâ. L’écrivain thomiste anglais Bernard Kelly notera : « Dans Perspectives spirituelles (Schuon) parle de la grâce comme quelqu’un en qui cette grâce
est opérante et, pour ainsi dire, en vertu de cette opération ». C’est aussi à cette même époque que Schuon commence à rédiger à l’intention de ses disciples, dispersés dans le monde, de très
pénétrants textes méthodiques d’une à trois pages. Il en écrira, jusqu’à la veille de sa mort, plus de mille, restés pour la plupart inédits, qu’il regroupera sous le titre de Livre des
Clefs.
A peu près au même moment, Schuon se met à peindre régulièrement. Il le fera jusqu’en 1985 environ. Au fil des ans l’évolution thématique de sa peinture sera le reflet de son inspiration
spirituelle. Très influencées par le monde peau-rouge pendant les quinze premières années, ces toiles seront ensuite, à partir de 1965, sous le signe d’une thématique à dominante mariale. « Ce
que je cherche à exprimer dans mes peintures – et je ne puis vraiment exprimer autre chose – c’est le sacré associé à la beauté, donc les attitudes spirituelles et les vertus de l’âme » écrit-il
dans une lettre. L’année 1954 marque le début d’une longue série de voyages qui conduiront Schuon et son épouse dans plusieurs pays d’Europe occidentale, en Grèce et en Turquie puis à plusieurs
reprises au Maroc et enfin en Amérique. Tout comme il affectionne les lieux chargés de sagesse ancienne, Schuon aime à rencontrer les représentants d’authentiques traditions ou les sincères
chercheurs de vérité.
L’une des rencontres les plus marquantes sera celle qu’il aura à Londres, en 1954, avec le Swamî Ramdas. Rapportant cette entrevue dans son livre World is God, le célèbre swamî dira qu’il avait
eu le sentiment de rencontrer « un prince parmi les saints ». Deux nouveaux livres paraissent en 1957 : Sentiers de Gnose puis, peu après, Castes et Races. Schuon y réaffirme son approche
universaliste et souligne l’importance de la voie de connaissance. « Seule la perspective sapientielle est un ésotérisme au sens absolu, ou autrement dit, elle seule est nécessairement et
intégralement ésotérique, parce qu’elle seule dépasse les relativités ». Dans un appendice au second titre, il développe une réflexion sur les Principes et critères de l’Art Universel où se
trouvent exposés ce qu’il appellera plus tard les « fondements d’une esthétique intégrale ».
L’année suivante paraissent Les Stations de la Sagesse. Schuon y souligne que la « conscience de l’Absolu est la prérogative de l’intelligence humaine », précise qu’il entend « situer dans un
climat sapientiel les vérités dont l’homme a toujours vécu et dont il devrait continuer à vivre » et réaffirme l’importance de l’oraison et du « souvenir de Dieu ». En 1959, Schuon et son épouse
entreprennent leur premier voyage aux Etats-Unis. Ils se rendent à Pine Ridge, la fameuse réserve sioux, où Schuon sera adopté et recevra le nom de Wambali Ohitika (Aigle courageux). Ils se
lieront aussi d’amitié avec Benjamin Black Elk, fils du désormais légendaire Black Elk, puis retrouveront leur ami ThomasYellowtail futur leader de la Danse du Soleil chez les Crows. Au terme de
leur séjour ils auront le privilège d’assister à une première Danse du Soleil.
En 1961, l’un des livres les plus connus de Schuon, Comprendre l’Islam, paraît dans la collection Tradition de Gallimard. En s’appuyant sur la Sophia perennis et avec un indéniable sens
didactique et une grande limpidité d’expression Schuon y aborde les grandes lignes de la tradition islamique avant d’en éclairer la dialectique métaphysique et l’approche soufique. Ce livre, qui
connaîtra de nombreuses rééditions et traductions, avait été précédé quelques mois plus tôt, d’un ouvrage essentiellement consacré au Bouddhisme, au Yoga et au Shintoïsme, Images de l’Esprit. À
partir de 1965 et pendant une décennie Schuon retournera presque chaque année au Maroc dont l’ambiance encore traditionnelle lui plait et où il aime rencontrer de vieux foqarâ.
C’est l’époque où Schuon expose dans un article, que l’on retrouvera dans Regards sur les mondes anciens (1968), la nature de ce qu’il appelle désormais la Religio perennis, « religion invisible
» ou « sous-jacente », noyau quintessentiel de toutes les religions au-delà des voiles exotériques et ethniques. Avec Logique et Transcendance qui paraît en 1970, aux Editions Traditionnelles,
l’œuvre métaphysique de Schuon prend incontestablement une nouvelle dimension. Pour la première fois peut-être il déploie toute l’étendue de sa dialectique et engage une critique méthodique des
fondements de la philosophie classique et moderne tout en élaborant les prémices d’une remarquable épistémologie traditionnelle. Forme et Substance dans les Religions et L’Esotérisme comme
principe et comme voie, chez Dervy, ne feront que confirmer le sentiment de maturité et d’épanouissement qui ressort alors de l’œuvre, toute faite d’équilibre et de nuances. Ce dernier ouvrage
lui permet de préciser ce qu’il entend par ésotérisme véritable, à mille lieues des fantaisies occultistes et de montrer que la gnose, l’« ésotérisme en soi », transparaît sous les voiles des
formulations religieuses comme un « message indirect parce qu’universel et par conséquent supra-formel ». « Notre point de départ, dira-t-il plus tard, est l’Advaita Védânta et non une
anthropologie volontariste, individualiste et moraliste à laquelle s’identifie indubitablement le soufisme ordinaire – n’en déplaise à ceux qui veulent que notre orthodoxie consiste à feindre une
mentalité arabo-sémitique ou à en devenir amoureux » (lettre du 29 Avril 1989).
C’est également de ce point de vue que participe Le Soufisme, voile et quintessence qui paraît en 1980, chez Dervy, et Christianisme/Islam, Visions d'œcuménisme ésotérique, en 1981, chez Arché.
C’est en 1959, à l’âge de 52 ans, que Frithjof Schuon se rendra pour la première fois en Amérique, auprès de ces Peaux-rouges avec qui il entretiendra des rapports privilégiés (en fait, dès 1953,
il avait fait la connaissance, à Paris, de Thomas Yellowtail). Frithjof Schuon ainsi que sa femme Catherine seront d’ailleurs adoptés à deux reprises par des tribus sioux, à Pine Ridge et chez
les sioux Lakota. Ces derniers les feront participer, en 1959, à une Danse du Soleil, et leur donneront des noms : Wicahpi Wiyakpa (Etoile brillante), Wambli Ohitika (Aigle courageux), et Wowan
Winyan (Femme artiste). L’Amérique est alors devenue sa patrie d’adoption et c’est sans doute ce qui explique qu’en septembre 1980, Schuon quittera l’Europe – comme Guénon l’avait fait pour
l’Égypte – et s’installera définitivement dans l’Indiana, précisément à Bloomington. De son expérience indienne, Schuon retient que « la culture peau-rouge est fondée sur le non-écrit, la sagesse
de la libre nature sortie des mains de Dieu, entièrement non-théologique » : « Le monde indien, dira-t-il, signifie d’abord et avant tout la lecture de la doctrine primordiale dans les phénomènes
de la nature – chaque homme lit ce qu’il peut comprendre – puis la perception de la nature comme demeure primordiale et sacrée manifestant partout le Grand Esprit et partout emplie de lui ; cette
conscience confère à l’homme rouge sa dignité, constituée de respect pour la nature et de domination de soi » (1997).
En septembre 1980, Schuon et son épouse émigrent en Indiana. Dans sa nouvelle demeure de bois, à l’orée d’une forêt paisible et silencieuse où cohabitent l’aigle et le cerf il se découvre un goût
plus prononcé encore pour la nature que par le passé. « L’âme indienne se trouve ici d’une certaine manière dans l’air » note-t-il dans une lettre de 1983. Et il en viendra même à préciser : «
Étant donné que notre perspective est essentialiste, donc universaliste et primordialiste, il est plausible que nous puissions avoir des rapports de fraternité avec le monde des Peaux-Rouges,
lequel intègre la Nature vierge dans la religion » avant d’ajouter que celui- ci peut offrir « dans un univers malsain fait d’artificialité, de laideur et de petitesse une brise rafraîchissante
de primordialité et de grandeur ».
Durant ces premières années américaines toute une série de livres vient enrichir le corpus métaphysique, fondement de l’œuvre schuonienne. Du Divin à l’humain se présente comme un « tour
d’horizon de métaphysique et d’épistémologie ». Commentant ce livre le Pr.Jean Borella aura cette heureuse formule en parlant du style intellectuel de Schuon : « Nous Témoignage repris dans
Jean Biès, Voies de Sages (Philippe Lebaud, 1996) le qualifierions volontiers de « sphérique » parce qu’il enferme le maximum de signification sous le minimum d’expressions ». Plus concis, Sur
les traces de la Religion pérenne et Résumé de Métaphysique intégrale, aux Editions du Courrier du Livre, tendent à circonscrire une nouvelle fois, au delà des controverses religieuses, les
contours de la métaphysique vraie, de l’ésotérisme et de la religion sous-jacente et universelle tandis qu’Approches du phénomène religieux, après avoir précisé des points essentiels de doctrine,
approfondit une nouvelle fois la question du Christianisme et celle de l’Islam.
Aux Etats-Unis, où le message de Schuon rencontre un écho grandissant, le Pr. Seyyed Hossein Nasr publie une précieuse somme thématique de textes choisis, The Essential Writings of Frithjof
Schuon, qu’il fait précéder d’une longue introduction : « Essentialité, universalité et ampleur caractérisent les écrits de Frithjof Schuon (…) Schuon possède le don d’atteindre le cœur même du
sujet traité, d’aller, au-delà des formes, au Centre informel de celles-ci, qu’elles soient religieuses, artistiques ou liées à certains aspects ou traits des ordres humains ou cosmiques ». Peu
après son quatre-vingtième anniversaire les Editions Maisonneuve et Larose publie Avoir un Centre où Schuon dévoile notamment pour la première fois une culture classique inattendue tant sur le
plan pictural que poétique et littéraire. Parlant des livres de Schuon, Jean Hani note à cette occasion : « Par la puissance et la limpidité de la pensée, écho fidèle d’un enseignement
suprahumain, ils sont vraiment pour le lecteur attentif, une « lumière sur le chemin ».
Quelques deux ans après, Les Perles du Pèlerin, au Seuil, puis Racines de la condition humaine, aux Editions de la Table ronde, viennent corroborer ce constat. Le premier, édité à l’initiative
d’un ami, est un recueil d’extraits de lettres ou de textes souvent inédits se rapportant aux vertus, à la beauté, au sacré et à la vie spirituelle. Dans la présentation qu’il fait du second,
Pierre-Marie Sigaud souligne que dans ces pages « d’une limpidité et d’une rigueur admirables, Schuon restitue aux phénomènes(…) leur transparence métaphysique et leur intelligibilité, nous
conduisant à percevoir la Réalité divine à travers les « signes » et les « traces » qui la manifestent ».
Dans le même temps, aux États-Unis, un ouvrage rassemblant les articles concernant l’art et la philosophie des Indiens des Plaines intitulé The Feathered Sun (Le Soleil de plumes), illustré de
peintures de Schuon à thème indien et introduit par une préface de Thomas Yellowtail, est aussi publié aux éditions World Wisdom Books. Cependant, tant il est vrai, comme disait Schiller, que «
le monde aime noircir ce qui rayonne et traîner dans la poussière le sublime », Schuon, comme Ramana Maharshi ou le Padre Pio en leurs temps, aura à souffrir d’une accusation calomnieuse de la
part d’un personnage pervers et malveillant. Un procès sera même engagé mais la Justice, en l’« absence de la moindre preuve », prononcera un non-lieu.
En 1992, puis en 1995, paraîtront encore aux Editions de l’Age d’Homme, Le Jeu des Masques et La Transfiguration de l’homme. Schuon y revient sur l’importance du Beau. « La Beauté actualisée par
la perception visuelle équivaut à un « souvenir de Dieu » s’il se trouve en équilibre avec le « souvenir de Dieu » proprement dit, lequel au contraire exige l’extinction du perceptible ». Enfin,
en 1997, une compilation de ses écrits consacrés à la voie du Bouddha paraît sous le titre de Trésors du Bouddhisme aux Editions Nataraj. Durant les trois dernières années de sa vie, dans un flux
quasi ininterrompu et presque malgré lui, serait-on tenté de dire, Schuon – retrouvant le mode d’expression privilégié de sa jeunesse – se met à produire, principalement en langue allemande, une
œuvre inattendue de plus de trois mille poésies, véritable « chant du cygne » d’un métaphysicien d’exception et d’un maître spirituel hors normes et hors du temps. Derniers vers écrits le 12 mars
1998, un peu moins de deux mois avant sa mort.
Il s’éteindra paisiblement le 5 mai 1998 en invoquant le Nom divin et il repose aujourd’hui au cœur de cette forêt qu’il a tant aimée. « Depuis longtemps, j’ai voulu clore ce livre, Je ne le
pouvais ; je devais continuer à composer. Mais cette fois-ci, ma plume se pose, Car il y a d’autres préoccupations, d’autres devoirs ; Quoi qu’il en soit, quoi que nous puissions faire ;
Conformons-nous à l’appel du Très-Haut. Reposons-nous dans la profonde Paix de Dieu ».
Jean Biès qui le rencontre alors, et qui parlera, dans la revue Epignosis, d’un « être quasiment inaccessible » esquisse de Schuon un portrait d’une grande justesse : « Schuon avait le visage des
spirituels ; ce visage qu’on n’a jamais encore vu auparavant, et qu’on reconnaît pourtant aussitôt. Mais peut-on suggérer plus que des caractères physiques, quand l’essence même qui se dégage
d’un être ne peut se trouver cernée par aucune clause de style ? Un vaste front, une courte barbe grise, d’abondants cheveux blancs tirés en arrière ; le nez fortement busqué, les doigts effilés
d’un pianiste. On remarque moins en lui ses yeux que son regard. Ses gestes ont de la vivacité ; ils sont ritualisés jusque dans leurs détails : inviter à s’asseoir, saisir un porte-plume ne se
font pas n’importe comment… Il est vêtu d’une djellaba brune, porte une écharpe de soie qui tombe sur ses bras et ses épaules. Au long des entretiens, il fera glisser de l’une à l’autre main un
petit chapelet aux grains d’ivoire. Sa faculté d’accueil et d’attention à l’autre est totale ; il semble toujours profondément intéressé par ce qui lui est demandé, cela fût-il de la dernière
banalité. Il s’exprime avec un léger accent germanique – qu’il doit à son origine bâloise – articule les phrases avec netteté, laissant transparaître une ardente conviction, une autorité
péremptoire, une emphase de majesté. »
Livres
- Leitgedanken zur Urbesinnung, Zürich, Orell Füssli Verlag, 1935, deuxième édition Urbesinnung - Das Denken des Eigentlichen (édition revue et corrigée), Aurum Verlag, 1989
- De quelques aspects de l'Islam, Paris, Chacornac, 1935.
- Sulamith (poésies), Urs Graf Verlag, 1947.
- Tage- und Nächtebuch (poésies), Urs Graf Verlag, 1947.
- De l'unité transcendante des religions, Gallimard, 1948 ; deuxième édition, Gallimard, 1958 ; troisième édition (revue et corrigée comportant un nouveau chapitre), Le Seuil, 1979 ; quatrième édition, Sulliver, 2000.
- L'œil du cœur, Gallimard, 1950 ; seconde édition (revue et corrigée), Dervy-Livres, 1974 ; troisième édition, L'Âge d'Homme, 1995.
- Perspectives spirituelles et faits humains, Cahiers du Sud, 1953 ; deuxième édition Maisonneuve & Larose, 1989.
- Sentiers de gnose, La Colombe, 1957 ; seconde édition, La Place Royale, 1987 ; troisième édition revue et corrigée, La Place Royale, 1996.
- Castes et races, Derain, 1957 ; seconde édition (revue et corrigé), Archè, 1979.
- Les Stations de la sagesse, Buchet/Chastel-Corréa, 1958 ; deuxième édition Maisonneuve & Larose, 1992.
- Images de l'Esprit, Flammarion, 1961 ; deuxième édition Le Courrier du Livre, 1982.
- Comprendre l'Islam, Gallimard, 1961; seconde édition, Le Seuil, 1976, et rééditions ultérieures, Collection Point Sagesses.
- Regards sur les mondes anciens, Éditions Traditionnelles, 1968 ; deuxième édition, Nataraj, 1997
- Logique et transcendance, Éditions Traditionnelles, 1970.
- Forme et substance dans les religions, Dervy-Livres, 1975.
- L'Ésotérisme comme principe et comme voie, Dervy-Livres, 1978.
- Von der inneren Einheit der Religionen (traduction par l'auteur de De l'Unité transcendante des Religions), Ansala- Verlag, 1979.
- Le Soufisme, voile et quintessence, Dervy-Livres, 1980.
- Christianisme/Islam : visions d'œcuménisme ésotérique, Arché, 1981.
- Du Divin à l'humain, Le Courrier du Livre, 1981.
- Sur les traces de la religion pérenne, Le Courrier du Livre, 1982.
- Approches du phénomène religieux, Le Courrier du Livre, 1984.
- Résumé de métaphysique intégrale, Le Courrier du Livre, 1985.
- Avoir un centre, Maisonneuve & Larose, 1988.
- Racines de la condition humaine, La Table Ronde, 1990.
- Les Perles du pèlerin, Le Seuil, 1991.
- Images of Primordial and Mystic Beauty, Paintings by Frithjof Schuon, Abodes, 1992.
- Le Jeu des Masques, L'Âge d'Homme, 1992.
- La Transfiguration de l'Homme, Paris, L'Âge d'Homme, 1995.
- Road to the Heart (poésies en anglais), World Wisdom Books, 1995. [La traduction des poèmes en français par Ghislain Chetan est à paraître prochainement].
- Trésors du Bouddhisme, Nataraj, 1997.
- Liebe, Verlag Herder, 1997.
- Leben, Verlag Herder, 1997.
- Glück, Verlag Herder, 1997.
- Sinn, Verlag Herder, 1997.
- Le Soleil de Plumes, Art et Philosophie des Indiens des plaines (à paraître chez Sulliver).
- Adastra & Stella Maris, Les Sept Flèches, 2001.
- Feuilles d'automne & L'anneau, Les Sept Flèches, 2002.
- Chants sans noms I-XII, Les Sept Flèches, 2002-2004.
- La roue cosmique I-VII, Les Sept Flèches, 2004-2005.
- Méditation primordiale, Les Sept Flèches, 2008.
Truc Gonzague
Gonzague Truc, né à Flayosc le 15 novembre 1877 et mort le 1er juin 1972, est un critique littéraire, essayiste et biographe français. Extrêmement prolifique, l'œuvre de Truc touche à différents
courants littéraires, mais elle s'intéresse en particulier au classicisme français. Il a laissé plusieurs essais historiques et des correspondances avec quelques-uns de ses contemporains dont
René Groos.
Truc était également un proche de l'Action française, à laquelle il consacra un livre très favorable. Ses
publications restent fortement marquées par l'influence de Charles Maurras et du néo-classicisme dont ce dernier s'était fait l'un des promoteurs avec Pierre Lasserre et Henri Clouard.
Collaborateur de René Binet, lorsque ce dernier fit paraître, de juillet 1950 à septembre 1951, la revue Nouveau
Prométhée, où était développée une théorie du racisme biologique. Cette publication cessa d'être éditée au bout de 10 numéros, faute de lecteurs. Il est le père de Louis Truc.
Œuvres
- Le quartier St-Victor et le jardin des plantes, 1930, Éditions Firmin-Didot
- Le Roman de la violette de Gerbert de Montreuil, renouvelé par Gonzague Truc, 1931, éd. d'art H. Piazza
- Madame Colette, 1941, Éditions Corrêa
- Histoire de la Philosophie, 1950, Éditions Fischbacher
- Histoire de la Littérature Catholique Contemporaine, Casterman, 1961, Prix Broquette-Gonin (littérature)
Vâlsan Michel
Michel Vâlsan ou Cheikh Mustafâ 'Abd al-Azîz, (Roumanie 1907, Paris 1974) est un métaphysicien musulman et auteur d'ouvrages et
d'articles sur l'ésotérisme islamique. Diplomate roumain, il s'établit à Paris à la fin des années 30. Sa relation suivie avec René Guénon le conduit à Frithjof
Schuon (Cheikh 'Isâ Nûr ad-Dîn) auprès duquel il entre en islâm et se fait rattacher au taçawwuf (sous le
nom de Mustafâ 'Abd al-'Azîz). En 1950, il se sépare de Schuon suite aux graves déviations qui s'étaient
produites dans la tarîqa dont il était devenu muqaddam.
En sa qualité de traducteur des écrits d'Ibn Arabi, il devient un contributeur éminent des Études
traditionnelles, revue fondée sur l'œuvre de René Guénon (Cheikh 'Abd al-Wâhid Yahyâ), dont il fut, selon Najm
ad-Dîn Bammate, "le représentant le plus direct". A partir de 1961 jusqu'à son décès en 1974, il assure la direction de la revue. Un recueil de ses principaux articles a été publié sous
l'intitulé L'Islam et la fonction de René Guénon (Éditions de l'Œuvre, Paris, 1984).
Piobetta Stéphane
Compagnon de la Libération, Stéphane Piobetta fut un philosophe français, professeur agrégé de philosophie, militant politique
SFIO et résistant, né le 22 juillet 1913 à La Roche-sur-Yon (Vendée), mort en mai 1944 à San Appolinare (Italie). Né à La Roche-sur-Yon, où son père était inspecteur d'Académie, Stéphane Piobetta
fait ses études secondaires dans cette ville, puis au lycée Clemenceau de Nantes et au lycée Henri-IV. Il est reçu à l'École normale supérieure en 1934, et passe l'agrégation de philosophie en
1938. Son service militaire le conduit comme sous-lieutenant au 51e régiment d'infanterie de Beauvais.
En juin 1940, il participe aux combats au sein de la 29e Division d'infanterie. Démobilisé le 1er août 1940, il est nommé professeur au lycée Voltaire à Paris. Il s'engage très vite dans la
Résistance. En juillet 1943, il quitte la France pour aller rejoindre les Forces françaises libres en Afrique du Nord. Rencontrant le général de Gaulle, celui-ci le sollicite pour entrer au
Comité français de la Libération nationale. Stéphane Piobetta préfère le combat : promu lieutenant, il prend le commandement de la 3e compagnie du 22e Bataillon de marche nord-africain (22e
BMNA). Il prend part à la campagne d'Italie au sein de la 1re Division française libre. Il est tué dans les combats du Garigliano en mai 1944. Ses restes reposent dans la crypte de la Sorbonne à
Paris. Il a été fait Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 20 novembre 1944.
Montfort Henri de
Henri de Montfort (1889-1965) est un journaliste, historien, écrivain, résistant et patron de presse français. Henri Marie
Archambault de Montfort est né le 19 janvier 1889 à La Flèche (Sarthe). Il soutient à l’université de Poitiers en 1915 une thèse de science politique sur Condorcet et ses idées sur le suffrage
puis devient secrétaire de rédaction des comptes rendus de l'Académie des sciences morales et politiques. Il est directeur du secrétariat particulier d'Alexandre Ribot (1842-1923), président du
conseil et ministre des affaires étrangères (mars-septembre 1917).
Il épouse en 1919 Annie Deguirmendjian-Shah-Vekil avec laquelle il publiera plusieurs livres. Ils auront quatre enfants : Claude, Marc, Anne-Marie et François. Spécialiste des questions de l'Est
européen, Henri de Montfort est professeur à l'Institut des hautes études internationales et au Centre d'études polonaises de Paris. De 1923 à 1932, Henri de Montfort, est envoyé spécial du
quotidien Le Temps en Pologne et dans les pays baltes. Il publie de nombreux ouvrages sur la situation politique et l’histoire des pays baltes, de la Pologne ou de la Finlande.
Dans ses ouvrages et dans les conférences qu’il réalise, Henri de Montfort s’attache à présenter l’apport des peuples baltes, souligne l’influence française dans ces pays et met en garde contre
la menace allemande. En conclusion d’un de ses livres, l’avocat Charles Dupuis, vice-directeur de l’École libre des sciences politiques, résume sa pensée de la façon suivante : « Il est évident
que réduire les armements des Puissances pacifiques alors qu’une Puissance belliqueuse ne masque pas ses projets et réclame l’égalité des armements qui aboutirait à la suprématie de la force
militaire de l’Allemagne, ce n’est pas le moyen d’assurer la paix, c’est le moyen de la compromettre. Il ne faut pas laisser, à Genève, les disciples de Machiavel exploiter les illusions de
Wilson ».
Outre les publications liées à son travail scientifique ou ses articles, Henri de Montfort signe plusieurs ouvrages avec le romancier Paul de Garros (1867-1923), qui sont pour la plupart publiés
après la disparition de Paul de Garros. Il s’agit de littérature, cultivant un genre sentimental8 publiée dans des collections populaires à petit prix comme Le Livre de Poche des éditions Jules
Tallandier. Quatre livres portent cette double signature : L’Inexplicable Crime, 1921 ; Le Fils de Don Quichotte, 1924 ; Douloureuses fiançailles, 1925 ; Reine des errants, 1933. Devenu directeur
des services de l’Institut de France, Henri de Montfort crée sous l’Occupation, La France continue un
journal clandestin de la Résistance. Le journal s’organise autour d’Henri et Annie de Montfort.
Treize numéros de La France continue paraissent entre le 10 juin 1941 et février 1942. Il accueille notamment des contributions de Raymond Burgard, Émile Coornaert, Suzanne Feingold, Marietta
Martin et Paul Petit qui en a été l’inspirateur. Le ton de ce journal est très littéraire et parfois rude. Il porte alors sans ménagement des coups virulents à Pétain. Le réseau est démantelé en février 1942, avec l’arrestation de plusieurs de ses membres comme Raymond Burgard,
Marietta Martin et Paul Petit. Henri de Montfort continue à agir dans la clandestinité. Annie de Montfort est arrêtée pour faits de Résistance en 1943 et meurt en camp de concentration. Henri de
Montfort et Suzanne Feingold font paraître Ici Paris, dans la continuité de La France continue le 13 juin 1945. Le nom de la nouvelle publication a été choisi en référence au message d’ouverture
de Radio Londres, station de la France libre basée en Angleterre : « Ici Londres, les Français parlent aux Français ».
Le professeur René Cassin est associé à la fondation de la nouvelle revue dont il est président. En guise de
maxime, Henri de Montfort choisit une phrase de Georges Clemenceau : « Dans la paix comme dans la guerre, le dernier mot appartient à ceux qui ne se rendent jamais... ». Dès 1946, Ici Paris
devient un journal populaire, sans contenu politique. Henri de Montfort épouse Suzanne Feingold, ancienne secrétaire de l'Alliance israélite universelle. Il est secrétaire général de l’Académie
internationale de science politique et d’histoire constitutionnelle, dont le siège est à l’université de la Sorbonne à Paris dans les années 1950. Il poursuit ses travaux d’historien, travaillant
notamment sur la Pologne. Son dernier livre, paru en 1966, est consacré au Massacre de Katyń, perpétré contre les officiers polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Henri de Montfort meurt le
30 décembre 1965. Il est Officier de la Légion d’honneur et Officier de la Polonia Restituta.
The Daily Mirror
Le Daily Mirror australien était un journal du soir créé par Ezra Norton à Sydney en 1941, après avoir obtenu une autorisation du Ministre du Commerce, Eric Harrison, malgré le rationnement du papier en cette période de guerre. En octobre 1958, Norton et ses associés vendirent le journal au groupe Fairfax qui le revendit immédiatement à la News Corporation de Rupert Murdoch. Il fut fusionné avec le journal The Daily Telegraph le 8 octobre 1990 pour donner The Daily Telegraph-Mirror qui en 1996 reprit le nom de The Daily Telegraph, faisant disparaitre ainsi toute référence au Daily Mirror.
'You're trying to justify the crimes of the Nazis'
published 01/03/2012 at 18:42 GMT by Will Stewart In Moscow
Russia's fury after neighbour Latvia plans to hold rally to commemorate SS
Russia today accused its tiny neighbour Latvia of making 'attempts to whitewash Hitler’s flunkeys' by allowing a parade which honours the role of the Baltic state’s veterans who fought for the Nazis in
the Second World War.
In a furious outburst, Moscow accused the country’s president of seeking to 'justify the crimes' committed by 'collaborators' in the Latvian legion of the Waffen SS, and warned of the risk of 'glorification of the Nazi movement'.
The blast from the Russian foreign ministry against the EU and NATO state came after the go-ahead for an annual rally on March 16 to commemorate the 140,000-strong Latvian unit of Germany’s
Waffen SS.
Latvian President Andris Berzins claimed the veterans deserved respect not condemnation, arguing that the Second World War recruits fought on the Nazi side in a bid to regain independence for their own country, which
had been overrun by Stalin’s USSR.
'They were conscripted into the fascist German Legion. They went with the ideal of defending Latvia. Latvians in the Legion were not war criminals,' he said.
'Remarks by Latvian President Andris Berzins expressing sympathy for Latvian Waffen-SS veterans are inconsistent with
the status of the country as a democratic state,' said Russian foreign ministry spokesman Alexander Lukashevich.
He alleged the Latvian SS forces had committed atrocities on civilians in the ex-USSR while under Hitler’s command.
'Attempts to justify the crimes of the Latvian volunteer SS legion against the peaceful population of the
Novgorod and Pskov regions and Belarus - and in the Riga ghetto - are sacrilegious and amoral and naturally cause profound indignation in Latvia and abroad,' he said.
He accused Latvia of flouting a UN resolution, and a European Commission demand 'which express serious concern over glorification of the Nazi movement, of former Waffen-SS members and local collaborationists'.
A Nazi rally: This historic shot shows Hitler's troops carrying Swastika banners on a march in Nuremberg. Moscow says the rally proposed by Latvia for March 16 would commemorate a unit which committed atrocities in the former USSR
The Soviets seized Latvia in summer 1940 under a secret pact with Hitler. The deal broke down the following year
when Germany invaded Soviet territory, with some Latvians hailing the Nazis as liberators.
Just a week earlier, Stalin had deported 15,000 Latvians to Siberia.
But the invading Nazis brought in their own reign of terror, killing 70,000 Jews, helped by local collaborators.
SS veterans insist they were not Nazis and that their legion was founded in 1943, after most of Latvia’s Jews
were slaughtered.
As the Nazis were crushed, Stalin re-invaded Latvia, which remained in the Soviet Union until declaring
independence in 1990.
Proof That Hitler Had An Illegitimate Son?
published 18/02/2012 at 09:52 PM ET by Rossella Lorenzi
New evidence has emerged to support the controversial claim that Hitler had a son with a French teenager, the
French magazine LePoint reported on Friday.
The man, Jean-Marie Loret, claimed to be the Fuhrer's son in 1981, when he published an autobiography called "Your Father's Name Was Hitler." He died four years later aged 67, not being able to prove his family line.
But Loret's Paris lawyer, François Gibault, told the French magazine that a number of photographs and documents can now support the claim.
He also revealed how Loret got to know about his parentage.
Born in March, 1918, Loret grew up knowing nothing about his father. His mother, Charlotte Lobjoie, had given him away for adoption to a family called Loret.
Then, in the early 1950s, just before her death, Miss Lobjoie told her son that at 16 she had a brief affair with Hitler. He was conceived after a "tipsy" evening in June 1917.
ANALYSIS: Hitler Ate Marmalade at Breakfast
She told him that during the First World War, Hitler was a young soldier fighting the French near Seboncourt, in
the Picardy region. He made his way to Fournes-in-Weppe, a town west of Lille, for regular leave.
"I was cutting hay with other women, when we saw a German soldier on the other side of the street," Miss Lobjoie told her son.
"He had a sketch pad and seemed to be drawing. All the women found this soldier interesting, and wanted to know what he was drawing. They picked me to try to approach him," she said.
The pair started a brief relationship, and the following year Jean-Marie was born.
"On the rare occasions your father was around, he liked to take me for walks in the countryside. But these walks usually ended badly. Your father, inspired by nature, launched into speeches I did
not really understand," Miss Lobjoie said.
She recalled that Loret's father did not speak French "but solely ranted in German, talking to an imaginary audience."
"Even if I spoke German I would not be able to follow him, as the histories of Prussia, Austria and Bavaria where not familiar to me at all," Miss Lobjoie said.
The revelation haunted Loret for the rest of his life. Amazingly, in 1939 he went on to fight the Germans, defending the Maginot Line. Later, during the Nazi occupation, Loret even joined the
French Resistance, and was given the codename "Clement".
He could not possibly believe to be the son of one the most notorious men ever to have lived.
"In order not to get depressed, I worked tirelessly, never taking a vacation. For twenty years I didn't even go to a movie," Loret wrote in his book.
According to Gibault, during the 1970s Loret began seeking evidence of about his father. In 1979, he met the lawyer and introduced himself by saying: "I am the son of Hitler. Tell me what I should do."
"He was a bit lost and did not know whether he wanted to be recognized as the son of Adolf Hitler or to erase all
that completely … I talked with him a lot, playing the role of psychologist rather than lawyer," LePoint quoted Guibalt as saying.
The magazine reported that Loret began investigating his past in full force, employing a team of scientists such as an historian, a geneticist from the University of Heidelberg, and a handwriting
analyst.
"All reached the same conclusion. Jean-Marie Loret was probably the son of Adolf Hitler," Le Point wrote.
According to the magazine, Hitler refused to acknowledge his son, but sent Miss Lobjoie money.
ANALYSIS: Did the Nazis Have a Space Program?
The new evidence included official Wehrmacht, or German Army, documents which show that officers brought envelopes of cash to Lobjoie during the German occupation of France.
Moreover, paintings signed "Adolf Hitler" were discovered in Miss Lobjoie's attic. In addition, a picture of a
woman painted by Hitler "looked exactly like Loret's mother," wrote Le Point.
In view of the new findings, a revised version of Loret's book will be published, and the new evidence detailed.
According to Gibault, Loret's children could claim royalties from Hitler's Mein Kampf.
Image :
Hitler with a daughter of Reich Minister of Propaganda Joseph Goebbels, 1933 (killed by her parents the day
they both committed suicide). Credit: Deutsches Bundesarchiv (German Federal Archive)/Wikimedia Commons.