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Channel: Mémoires de Guerre
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Katanga Germain

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Germain Katanga (né le 28 avril 1978) connu aussi sous le surnom de Simba est le chef créateur de la Force de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI). Le 17 octobre 2007, les autorités congolaises le remettent à la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre de six chefs d'accusation de crimes de guerre et trois chefs d'accusation de crimes contre l'humanité. Les charges incluent le meurtre, l'esclavage sexuel et l'utilisation de mineurs de moins de 15 ans comme soldats.

Katanga Germain

Katanga est né le 28 avril 1978 à Mambasa, province de l'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Il est marié avec Denise Katanga et a deux enfants. Depuis début 2003, il serait le commandant en chef de la Force de résistance patriotique de l'Ituri, une milice armée impliquée dans le conflit d'Ituri. Le 24 février 2003, Katanga aurait planifié et dirigé une attaque aveugle contre le village de Bogoro. Ses miliciens auraient tué au moins 200 civils, emprisonnant les survivants dans une pièce remplie de cadavres. Par ailleurs, des femmes et des filles auraient été enlevées et réduites à la condition d’esclaves sexuelles. Katanga aurait aussi contribué à diriger le massacre de plus de 1 200 civils dans une attaque sur l'hôpital de Nyakunde en septembre 2002.

Le 11 décembre 2004, dans le cadre du processus de paix, il aurait été promu au rang de général de l’armée de la République démocratique du Congo avec cinq autres commandants de la FRPI. Au début du mois de mars 2005, Katanga est arrêté dans un hôtel de Kinshasa par les autorités congolaises. Cette arrestation fait suite à une attaque menée en Ituri contre les soldats de la MONUC le 25 février 2005, au cours de laquelle neuf Casques bleus ont été tués. Il a été détenu sans être inculpé jusqu'à son transfert à la CPI en octobre 2007. Le 1er novembre 2005, un comité du Conseil de sécurité des Nations unies promulgue une interdiction de voyager et un gel des avoirs de Katanga pour violation d'embargo sur les armes.

Le 2 juillet 2007, la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a jugé qu'il était raisonnable de supposer que Katanga portait une responsabilité pénale individuelle pour Crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour les actes commis pendant l'attaque de Bogoro. La chambre délivre un mandat sous scellés pour son arrestation. Il est inculpé de six chefs d'accusation de crimes de guerre (assassinat, traitements inhumains ou cruels, utilisation d'enfants de moins de quinze ans pour participer activement à des hostilités; esclavage sexuel; attaques intentionnelles de civils et pillage) et trois chefs d'accusation de crimes contre l'humanité (meurtre, actes inhumains et esclavage sexuel). Le 17 octobre 2007, les autorités congolaises le remettent à la CPI qui le font transférer au centre de détention de la CPI à La Haye. Katanga était la deuxième personne déférée devant la CPI depuis sa création en 2002.

En février 2008, un autre suspect, Mathieu Ngudjolo Chui, est déféré à son tour devant la CPI pour faire face à des accusations en relation avec l'attaque de Bogoro. Ngudjolo Chui et Katanga seront jugés conjointement. L'audience pour confirmer les charges contre les deux accusés commence le 27 Juin 2008 se termine le 11 juillet 2008. Le 26 septembre 2008, la Chambre préliminaire I confirme certains chefs d'accusation contre Katanga et Ngudjolo et les défère devant la Chambre de première instance II de la CPI.

Le procès débute le 24 novembre 2009. Le 18 décembre 2012, après que les affaires aient été disjointes, Mathieu Ngudjolo Chui a été acquitté de toutes les charges, il attend le jugement en appel de son procès. Le 7 mars 2014, la CPI juge Germain Katanga coupable de complicité de crimes contre l'humanité.


Nikolic Tomislav

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Tomislav Nikolić , né le 15 février 1952 à Kragujevac, est un homme politique serbe, président de la République de Serbie depuis le 31 mai 2012.

Nikolic Tomislav

Nikolić a été le président par intérim du Parti radical serbe en l'absence de Vojislav Šešelj et président de l'Assemblée nationale du 7 au 13 mai 2007. Candidat aux élections présidentielles de Serbie de 2004 et 2008, il est à chaque fois battu par Boris Tadić au second tour. Il est finalement élu président de la République en battant Tadić au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Nikolić suit une formation technique de génie en construction et travaille d'abord pour la société Žegrap. Il dirige la construction de la voie de chemin de fer entre Belgrade et Bar, ainsi que d'autres chantiers à Majdanpek, Priboj, Prijepolje, Trebinje, Belgrade. Pendant 12 ans, il dirige le service des investissements de la société 22. decembar, avant de devenir directeur technique des travaux communaux de Kragujevac.

En 1990, il adhère au Parti radical populaire qui s'unit ensuite avec le mouvement tchetnik serbe pour former le Parti radical serbe. Nikolić adhère au nouveau parti le 23 janvier 1991 dont il devient rapidement vice-président, réélu à trois reprises par le congrès. Tomislav Nikolić est député de l'Assemblée nationale serbe depuis 1991, le seul député à avoir siégé continûment depuis cette date. Sous la présidence de Slobodan Milošević et du parti socialiste de Serbie, Šešelj et Nikolić sont chacun condamnés à trois mois de prison dans la prison de Gnjilane. En mars 1998, le Parti radical forme une coalition avec le Parti socialiste et Nikolić devient vice-président du gouvernement de Serbie, puis, fin 1999, vice-président du gouvernement fédéral de la République fédérale de Yougoslavie jusqu'en 2000.

Nikolić est candidat à l'élection présidentielle serbe de 2000 et finit troisième derrière Vojislav Koštunica et Slobodan Milošević. Nikolić se représente en 2004 et obtient 30,1 % des voix au premier tour le 13 juin avant de perdre au second tour, le 27 juin, contre Boris Tadić avec 45,4 % des voix. En 2005, des propos de Nataša Kandić sont publiés dans les médias serbes accusant Nikolić de participation à un groupe paramilitaire serbe pendant les guerres de Yougoslavie. Ce groupe aurait tué plusieurs civils dans le village croate d'Antin au nord de Vinkovci. Nikolić a confirmé avoir séjourné à Antin à l'époque mais qu'auncun civil n'y est mort durant cette période. Le SRS a poursuivi Kandić pour diffamation.

Lors des élections législatives de 2007, le PRS obtient 28,59 % des voix et devient le premier parti à l'Assemblée nationale serbe. Le 7 mai, Nikolić est élu président de l'Assemblée nationale serbe avec 144 voix sur 2441. Nikolić est candidat à l'élection présidentielle au second tour le 3 février2. Nikolić est battu par Tadić avec 47,71 % des voix contre 50,57 %. Le 6 septembre 2008, il démissionne de la présidence du Parti radical serbe en raison de l'opposition du bureau politique à une ouverture vers l'Union européenne de la Serbie. Šešelj fait savoir qu'il désapprouve la décision de Nikolić de soutenir au Parlement la loi d'ouverture de la Serbie vers l'UE. Après réunion du bureau politique du SRS, la position de Nikolić se révèle minoritaire. Il décide alors de démissionner et fonde alors le SNS, parti de droite favorable à l'UE.

Tomislav Nikolić se présente de nouveau à l'élection présidentielle de 2012 et remporte celle-ci au second tour le 20 mai en obtenant 51,2 % face à Boris Tadić. Il prête serment et est investi président de la République de Serbie le 31 mai 2012. Le jour même de son investiture, il déclare à la télévision monténégrine qu'« il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica », ajoutant qu'« il est très difficile d'inculper et prouver devant un tribunal qu'un événement avait la forme d'un génocide ». Cependant, l'année suivante, lors d'un entretien à la télévision bosnienne BHT dont des extraits paraissent dès le 25 avril 2013, deux jours avant sa diffusion intégrale, il demande « que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica », sans toutefois aller jusqu'à reprendre le terme de « génocide ». Tomislav Nikolić est marié à Dragica, et le couple a deux fils : Radomir et Branislav.

Tadic Boris

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Boris Tadić (né le 15 janvier 1958 à Sarajevo), est un homme politique serbe. Il fut président de la République de Serbie du 11 juillet 2004 au 4 avril 2012.

Tadic Boris

Psychologue de profession, il est président du Parti démocratique. Élu une première fois président de la République de Serbie le 27 juin 2004 au sein de la Communauté d'États de Serbie-et-Monténégro, il prête serment le 11 juillet suivant. Candidat à sa propre succession à l'élection présidentielle serbe de 2008, il est réélu au terme d'un second tour le 3 février 2008. Le 5 avril 2012, il démissionne afin d'entraîner une élection anticipée concomitante avec les élections générales du 6 mai suivant ; il est battu par Tomislav Nikolić. Boris Tadić est né le 15 janvier 1958 à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, république alors intégrée à la République fédérale socialiste de Yougoslavie. Ses grands-parents ont été tués par les Oustachis lors de la Seconde Guerre mondiale. Son père, Ljubomir Tadić, né au Monténégro, est un philosophe qui devient, par la suite, membre de l'Académie serbe des sciences et des arts ; sa mère, Nevenka Tadić, exerce la profession de psychiatre. Peu avant la naissance de leur fils Boris, le couple Tadić s'installe à Paris, puis, trois ans plus tard, à Belgrade. Enfant, Boris Tadić est considéré comme un rebelle : on rapporte notamment qu'il fait une fugue pour devenir membre d'une troupe de forains.

Après des études primaires et élémentaires effectuées à Belgrade, Boris Tadić suit les cours de l'université de Belgrade, dont il sort avec un diplôme en psychologie sociale. Sa période universitaire est également marquée par son engagement en faveur de la démocratie et de la défense des droits de l'homme, ce qui lui vaut, à l'époque, d'être placé en état d'arrestation. Après ses études, Tadić exerce divers métiers, journaliste, psychologue militaire ainsi que professeur de psychologie au Premier lycée de Belgrade. Jusqu'en 2003, il enseigne également la communication politique à la faculté d'art dramatique de l'université de Belgrade. L'engagement politique de Tadić lui fait rejoindre le Parti démocratique. Fondé en 1919, ce parti, dissous par le régime communiste de la République fédérale socialiste de Yougoslavie, est refondé en 1990 et, la même année, obtient sept sièges à l'Assemblée nationale de Serbie. En 1998, Boris Tadić crée le Centre pour les compétences modernes (Centar modernih veština, CMV), une organisation non-gouvernementale qui se donne comme but de favoriser l'éducation politique et civique du pays, ainsi que de développer la culture et le dialogue politiques.

En 2000, le Parti démocratique de Tadić participe à l'opposition démocratique de Serbie et, dans ce cadre, joue un rôle de premier plan dans la Révolution des bulldozers qui force Slobodan Milošević à quitter le pouvoir. La même année, Tadić devient ministre des Télécommunications dans le gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie puis le 17 mars 2003, ministre de la Défense de Serbie-et-Monténégro. Député du Parti démocratique au Sénat fédéral, il est également vice-présicent du Parlement de Yougoslavie. En 2004, après l'assassinat de Zoran Đinđić, il prend la tête du Parti démocratique. En 2011, il est lauréat du prix Nord-Sud attribué par le Conseil de l'Europe qui distingue son profond engagement et ses actions pour la promotion et la protection des droits de l’homme, pour la défense de la démocratie pluraliste et pour le renforcement du partenariat et de la solidarité Nord-Sud. À l'élection présidentielle serbe de 2004, Boris Tadić remporta le second tour du scrutin face à Tomislav Nikolić, le candidat du Parti radical serbe, un parti nationaliste, avec 53,24 % des suffrages. Il entra officiellement en fonction le 11 juillet 2004.

Le 1er décembre 2004, le cortège officiel du président Tadić fut impliqué dans un accident de la circulation. Miroslav Cimpl, un employé serbe de l'ambassade des États-Unis, heurta à plusieurs reprises le cortège. Le véhicule qui transportait le Président ne fut pas touché ; en revanche, le chauffard prit la fuite et le Gouvernement Koštunica protesta auprès de l'ambassade américaine. Cimpl fut finalement arrêté ; l'enquête montra qu'il n'y avait eu aucune intention de viser le président. En revanche, on avait gardé le souvenir d'un incident similaire qui avait eu lieu en 2003 : un certain Dejan Milenković avait tenté de tuer le Premier ministre de l'époque, Zoran Đinđić, en lançant un camion contre son véhicule automobile. Boris Tadić conduisit une politique pro-occidentale. Le 28 septembre 2005, il rencontra le pape Benoît XVI au Vatican ; c'était la première fois qu'un chef d'État serbe était admis en audience auprès du souverain pontife. Cet entretien permit d'améliorer les relations, traditionnellement tendues, entre l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe serbe.

Le premier mandat présidentiel de Boris Tadić fut aussi marqué par le référendum de 2006 sur l'indépendance du Monténégro. Le 8 juin, Tadić fut le premier chef d'État à effectuer une visite officielle au Monténégro. Il déclara alors l'intention de la Serbie d'entretenir des relations amicales avec ce nouveau pays. La Serbie déclara également son indépendance et le président assista au premier lever du drapeau de la Serbie au siège des Nations unies à New York. Tadić participa aux manifestations officielles célébrant le 50e anniversaire de la Révolution hongroise ; à cette occasion, en compagnie du Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsány, il inaugura une plaque commémorative à l'Ambassade de Serbie à Budapest. Le 22 juin 2006, Boris Tadić présida à Belgrade la 1 000e réunion du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. La même année, au nom de la Serbie, Tadić présenta des excuses officielles à la Croatie pour les crimes commis par son pays au cours de la guerre de Croatie.

Le 4 août 2007, Tadić reçut le Prix européen de la culture politique, attribué par la Fondation suisse Hans Ringier et par le groupe de presse Ringier, établi à Locarno. Il a également reçu une récompense de Jean-Claude Juncker. Tadić fit don de l'argent reçu à une maternité située près du monastère de Gračanica. Le 6 septembre 2007, avec Milorad Dodik et Vojislav Koštunica, il signa un accord entre la Serbie et la République serbe de Bosnie, instituant un Conseil de coopération entre les deux pays. En septembre 2007, il a rencontré Sumitaka Fujita, du groupe japonais Itochu pour négocier avec lui une aide publique au développement pour la construction d'un nouveau pont sur le Danube à Belgrade. Le 11 janvier 2008, Tadić a annoncé un plan de modernisation de l'Armée de Serbie, avec un déblocage de crédits à hauteur de 7,5 milliards de RSD. Le 13 décembre 2007, le président du Parlement de Serbie, Oliver Dulić, a fixé la date de l'élection présidentielle serbe de 2008 au 20 janvier 2008. Le Parti démocratique a officiellement désigné Boris Tadić comme son candidat le 21 décembre 2007.

Le slogan de la campagne de Tadić pour le premier tour était : « Pour une Serbie forte et stable » (За Јаку и Стабилну Србију) ; celui du second tour était : « Conquérons l'Europe ensemble ! » (Да освојимо Европу заједно!). Boris Tadić s'est fait l'avocat d'une intégration de la Serbie dans l'Union européenne, avec le maintien de l'intégrité territoriale du pays, qui devait selon lui conserver sa souveraineté sur le Kosovo et la Métochie. Boris Tadić a reçu le soutien de nombreux partis, dont ceux du G17 Plus et du Parti démocratique du Sandžak, qui participent actuellement au gouvernement. Il a également reçu l'appui de diverses minorités nationales, notamment hongroises et roms. Tadić a été soutenu par Milorad Dodik, le Premier ministre de la République serbe de Bosnie. Le Président russe Vladimir Poutine a adressé à Tadić une lettre une semaine avant l'élection; il joignait à ses vœux d'anniversaire des vœux plus généraux « pour la prospérité de [ses] amis serbes ». À l'issue du premier tour de scrutin, Boris Tadić a obtenu 1 457 030 voix, soit 35,39 % des suffrages. Au second tour, qui a eu lieu le 3 février 2008, il a affronté Tomislav Nikolić. Il a finalement été réélu avec 2 257 105 voix, soit 50,57 % des suffrages.

Serment présidentiel de Boris Tadić : Je jure de faire tous mes efforts pour préserver la souveraineté et l'intégrité du territoire de la République de Serbie, y compris le Kosovo et la Métochie qui en font intégralement partie, de faire respecter les droits de l'homme et ceux des minorités ainsi que leurs libertés, de respecter et de défendre la Constitution et les lois, de préserver la paix et la prospérité de tous les citoyens serbes et d'accomplir tous mes devoirs en homme consciencieux et responsable. Le 4 avril 2012, il présente sa démission neuf mois avant la fin de son mandat, une décision qui permet la tenue du scrutin présidentiel en même temps que les élections générales convoquées pour le 6 mai 2012. Il annonce aussitôt qu'il est candidat à sa propre succession. C'est la présidente de l'Assemblée nationale, Slavica Đukić Dejanović, qui lui succède par intérim. Les résultats du second tour de l'élection présidentielle donnent Boris Tadić perdant face à son concurrent, Tomislav Nikolić, président du Parti progressiste serbe.

Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2004, Boris Tadić avait promis de mettre en place une nouvelle institution spéciale, appelée Chancellerie nationale. Cette chancellerie du président de la République de Serbie a été installée le 1er octobre 2004. Sa fonction était de faciliter la communication entre les citoyens et le Président et de favoriser la coopération avec les autres corps constitués de l'État afin de permettre aux citoyens d'exercer leurs droits. La chancellerie nationale est composée de quatre divisions : la division des affaires légales, la division des affaires sociales, la division des projets et celle des affaires générales. Le premier directeur de la Chancellerie fut Dragan Đilas, qui eut comme successeur Tatjana Pašić, lorsqu'il devint ministre du plan d'investissement national en 2007.

Boris Tadić a désigné une équipe spéciale de conseillers présidentiels. Trivo Inđić est le conseiller du président de la République pour les questions politiques ; il fut membre d'un groupe dissident du Groupe Praxis, en même temps que Ljubomir Tadić, le père de l'actuel Président Tadić ; il fut, pour cela, chassé de la Faculté de philosophie de l'Université de Belgrade en 1975. Chercheur en sociologie à l'Institut d'études du développement culturel, il travaille aussi à l'Institut international de politique et d'économie et à l'Institut d'études européennes de Belgrade. Entre 1992 et 1994, il a été le bras droit du ministre de l'éducation et de la culture de la République fédérale de Yougoslavie. Il a été ambassadeur de Yougoslavie en Espagne de 2001 à 2004.

Gordana Matković est la conseillère générale du président de la République. En tant que consultante, elle collabore avec la Banque mondiale, avec le Programme des Nations unies pour le développement et avec l'Unicef. Elle est professeur invité à l'École d'économie de l'université de Belgrade. De 2000 à 2004, elle a été ministre des Affaires sociales dans le gouvernement présidé par Zoran Đinđić. Nebojša Krstić est le conseiller du président de la République pour les relations publiques. Il a fait partie du groupe pop VIS Idoli. Biserka Jevtimijević Drinjaković conseille le président pour les affaires économiques ; elle a été récompensée plusieurs fois par la Société financière internationale. Jovan Ratković est le conseiller pour les relations avec l'Union européenne et l'OTAN ; il est diplômé de l'Université d'East Anglia en sciences politiques et en économie de l'environnement ; il est l'un des fondateurs du mouvement Otpor. Vladimir Cvijan est le conseiller du président de la République pour les affaires juridiques. Dušan T. Bataković, qui a conseillé Tadić sur les questions politiques, a été nommé Ambassadeur de Serbie au Canada en juillet 2007. Boris Tadić est marié à Tatjana Rodić, dont il a eu deux enfants. Il a été une première fois marié à Veselinka Zastavniković. Il parle couramment français et anglais.

Gbagbo Laurent

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Laurent Gbagbo, né le 31 mai 1945 à Mama, près de Gagnoa (Côte d'Ivoire), est un homme d'État, historien et écrivain ivoirien. Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu pour un mandat de cinq ans en 2000, face à Robert Guéï, à la présidence de la République de Côte d'Ivoire, fonction qu'il occupe du 26 octobre 2000 au 4 décembre 2010 (jusqu'au 11 avril 2011 selon ses partisans). Son mandat est notamment marqué pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui coupe le pays en deux.

Gbagbo Laurent

Opposant historique au régime du président Houphouët-Boigny, emprisonné en 1971-1973, il crée dans la clandestinité l'embryon de ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI), et prend une part active au « complot des enseignants » de février 1982 avant de s'exiler en France. De retour en Côte d'Ivoire en 1988, il est secrétaire général du FPI, avant d'en devenir président en 1996. Candidat malheureux à la première élection pluraliste de 1990 face au chef de l'État, il affronte le général Robert Gueï au scrutin de 2000. À l'issue du premier tour, les deux candidats revendiquent chacun la victoire, mais Laurent Gbagbo est porté au pouvoir à la faveur d'un soulèvement populaire. Il est finalement proclamé président le 26 décembre 2000.

Alors que les oppositions politiques s’avèrent irréconciliables, menaçant de se transformer en guerre civile ouverte entre le nord à majorité musulmane et le sud chrétien et que l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) est déployée dans le pays depuis 2004, le mandat de Laurent Gbagbo est prorogé pour un an à deux reprises (en 2005 et 2006), dans l'attente de l’organisation d’une élection présidentielle. Surnommé le « boulanger » par ses adversaires pour sa capacité à « rouler dans la farine » ses interlocuteurs, Laurent Gbagbo favorise le report incessant du scrutin, dû aux lenteurs et aux irrégularités dans le recensement des électeurs. Convaincu d’être reconduit sans peine, il accepte enfin d'affronter l’opposition « houphouëtiste » en octobre et novembre 2010.

Parvenu en tête du premier tour, il est cependant battu au second tour de scrutin par Alassane Ouattara, une victoire officialisée par la Commission électorale et reconnue par la communauté internationale. Mais après avoir annulé plusieurs résultats dans le Nord du pays pour fraude, le Conseil constitutionnel, suspecté de lui être acquis, le déclare vainqueur. Tandis qu’un virulent débat s’engage sur la légitimité des deux prétendants et que la Côte d’Ivoire menace de nouveau de sombrer dans la guerre civile, Laurent Gbagbo refuse de céder sa place malgré les pressions économiques, politiques et finalement militaires. Au terme d’une offensive victorieuse des troupes fidèles à Alassane Ouattara – et grâce à l’appui de la force française Licorne - L. Gbagbo est finalement arrêté le 11 avril 2011 avant d’être livré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Soupçonné, « en tant que coauteur indirect », de crimes contre l’humanité dans le cadre des violences post-électorales, il comparaît devant la Chambre préliminaire de la CPI le 5 décembre.

Kenyatta Uhuru

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Uhuru Kenyatta, né le 26 octobre 1961 à Nairobi (Kenya), est un homme d'État kényan, président de la République depuis le 9 avril 2013.

Kenyatta Uhuru

Appartenant à l'ethnie kikuyu, il est le fils de Jomo Kenyatta, premier président de la République entre 1964 et 1978. Il suit des études en sciences politiques. Élu membre du Parlement en 2001, il est nommé peu après ministre des collectivités locales. En décembre 2002, candidat de la KANU à l'élection présidentielle, il est battu par Mwai Kibaki et devient alors le chef de l'opposition. En décembre 2007, il soutient cependant la réélection du président Kibaki et retrouve alors son poste au gouvernement. 

En avril 2008, il devient vice-Premier ministre dans le gouvernement de coalition dirigé par Raila Odinga, chargé du Commerce puis, en 2009, des Finances.  En 2012, la Cour pénale internationale le met en examen pour crimes contre l'humanité, commis lors des violences postélectorales ayant suivi la présidentielle de 2007. Il démissionne alors de ses fonctions ministérielles tout en demeurant vice-Premier ministre. Opposé à Raila Odinga au premier tour de l'élection présidentielle le 4 mars 2013, il est déclaré vainqueur avec 50,07 % des voix. Il prête serment et entre en fonction le 9 avril suivant.

Ruto William

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William Ruto (né le 21 décembre 1966) est un homme politique kényan.

Ruto William

Il est mis en examen pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale, commis lors des violences postélectorales au Kenya en 2007-2008. Il est élu vice-président comme colistier de Uhuru Kenyatta, à l'occasion de l'élection présidentielle de 2013.

Il comparait le 10 septembre 2013 devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, accusé, comme le président Uhuru Kenyatta (son procès se tiendra en novembre de la même année) d'être responsable de violences post-électorales commises lors du scrutin de 2007. Il clame son innocence.

Lubanga Thomas

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Thomas Lubanga Dyilo, né le 29 décembre 1960, est le président national de l’Union des patriotes congolais (UPC) qu’il a créée en 2001, et qui a été soutenue par l’Ouganda puis le Rwanda. En septembre 2002 il change le nom de l'UPC et le rebaptise en UPC/RP pour Union des patriotes congolais/réconciliation et paix. Recherché pour crimes de guerre, il est le premier individu condamné dans l'histoire de la Cour pénale internationale (CPI).

Lubanga Thomas

Il débute sa carrière politique à l'Université de Kisangani dans l'ancien parti d’État, le M.P.R, comme plusieurs jeunes de son époque. Lorsque le multipartisme est instauré, il choisit l'U.D.P.S du docteur Étienne Tshisekedi, où il sera élu président des jeunes du parti pour la contrée de l'Ituri durant plusieurs années. Les vicissitudes de la vie et le chômage qui frappe de plein fouet les jeunes Congolais vont le conduire à devenir colporteur dans différentes mines d'or de la province orientale, avant de tenir un stand de vente de haricots au marché central de Bunia. En 2000, ayant la trame de son parti en tête, il rejoint le RCD/KML (réclamant une dette impayée de ses haricots fournis au centre de formation militaire de Rwampara à 15 km du centre ville de Bunia). Puis il apparaît pour la première fois comme sous-secrétaire chargé de la jeunesse au sein de l'union entre le RCD/KML et le MLC de Jean-Pierre Bemba baptisé FPLC (Forces patriotiques pour la libération du Congo).

Puis vient la dissidence et il choisit le camp du RCD/KML où il est récompensé par sa nomination comme ministre de la Défense au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie - Mouvement de libération (RCD-ML). Ce mariage ne durera pas du fait qu'il tentera directement d'obtenir son rêve de ration de son parti basé dans son Ituri natal déjà miné par la guerre fratricide opposant son ethnie et l'ethnie guerrière Lendu. Faute d'un appui sérieux de l'Ouganda accusé d'alimenter les conflits en Ituri le RCD/KML se tournera vers le Lendu pour déstabiliser son adversaire, l'UPC quant à lui cherchant aussi un allié crédible et surtout fiable se ralliera au Rwanda. Thomas Lubanga, arrêté les 16 et 17 mars 2006 en République démocratique du Congo, remis à la Cour et transféré au quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale à La Haye.

Il est le premier individu à être mis en accusation par la CPI, dont les juges confirment les charges le 29 janvier 2007. Il est inculpé de crimes de guerre, soit de deux chefs d'accusation pour enrôlement et conscription d’enfants de moins de 15 ans. Son procès a eu lieu du 26 janvier 2009 au 26 août 2011 à La Haye. Le 14 mars 2012, la Cour pénale internationale prononce son premier verdict en le déclarant coupable de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans, et du fait de les avoir fait participer à des hostilités. Le 10 juillet 2012 la CPI le condamne à 14 ans de prison pour le recrurecrutement d'enfants soldats lors du conflit en République démocratique du Congo. Il lui reste donc huit ans à purger, le temps passé dans le centre de détention de la CPI étant pris en compte dans la sentence.

El-Béchir Omar Hassan

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Omar Hassan Ahmed el-Bechir né le 1er janvier 1944 à Hosh Bonnaga, est un chef militaire et politicien soudanais, chef de l'État de 1989 à 1993 et président de la République depuis 1993. 

El-Béchir Omar Hassan

Bechir a étudié dans une académie militaire du Caire et a servi dans l'armée égyptienne pendant la guerre du Kippour contre Israël en 1973. Lorsqu'il retourne au Soudan, il est chargé de conduire des opérations militaires contre l'Armée de libération du Soudan au Sud du pays. Il accède au grade de général dans les années 1980 et mène le coup d'État militaire de 1989 qui renverse le Premier ministre élu Sadeq al-Mahdi. Tous les partis politiques ainsi que le Parlement sont dissous. El-Béchir prend la tête du Conseil du commandement révolutionnaire pour le salut national nouvellement établi ainsi que les fonctions de chef de l'État, Premier ministre, chef des forces armées et ministre de la Défense avant de devenir officiellement président de la République le 16 octobre 1993. D'abord allié à l'islamiste Hassan al-Tourabi, el-Bechir le met à l'écart avant de l'incarcérer lorsque Tourabi veut assumer seul le pouvoir en 1999.

Dans les années 2000, sa présidence est marquée par des négociations avec les sécessionnistes du Sud du pays, un rapprochement avec la République populaire de Chine et la guerre civile au Darfour. Le 4 mars 2009 puis le 12 juillet 2010, la Cour pénale internationale émet des mandats d'arrêt internationaux contre el-Bechir. Ce dernier est accusé de crime de guerre, crime contre l'humanité et génocide dans le cadre de la guerre civile au Darfour. El-Béchir devient le premier chef d'État en exercice à faire face à un mandat d'arrêt international.

Omar el-Bechir est né dans le village de Hoshe Bannaga, au Soudan, où il a reçu son enseignement primaire et plus tard sa famille déménagea pour Khartoum, où il continua son enseignement secondaire. Omar el-Béchir rejoignit l'armée soudanaise durant son adolescence et étudia à l'académie militaire égyptienne au Caire. Rapidement il gravit les échelons et devint parachutiste. Plus tard, el-Béchir servit dans l'armée égyptienne pendant la guerre du Kippour de 1973 Il parle couramment l'arabe. Il est marié à sa cousine Fatma Khaldid. Il a aussi une seconde épouse prénommée Widad Babiker Omer, qui a déjà des enfants de son premier mari Ibrahim Shamsaddin, membre du Conseil du commandement révolutionnaire pour le salut national, décédé lors d'un accident d'hélicoptère. Béchir, quant à lui, n'a pas d'enfant.

Revenu au Soudan, el-Béchir fut chargé des opérations militaires contre l'Armée populaire de libération du Soudan, dans la moitié sud du pays. Le 30 juin 1989, el-Béchir, devenu colonel, renverse avec l'aide d'un groupe d'officiers militaires l'instable coalition gouvernementale du Premier ministre Sadeq al-Mahdi. Sous le commandement d'el-Béchir, le nouveau gouvernement militaire suspendit les partis politiques et introduisit au niveau national un code légal islamique. Ainsi, il devint le président du Conseil du commandement révolutionnaire pour le salut national et assuma les postes de chef de l'État, Premier ministre, chef des forces armées et ministre de la Défense. Le 26 avril 2010, el-Béchir est réélu à la tête du Soudan avec 68,24% des voix.

Le 14 juillet 2008, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, demande aux juges de la CPI d'émettre un mandat d'arrêt à charge contre Omar el-Bechir parce qu'il aurait commis des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre au Darfour. Le procureur accuse el-Bachir d'être à l'origine d'une campagne systématique d'intimidation, de meurtres, de viols contre trois groupes ethniques du Darfour : les Fours, les Masalit et les Zaghawa. Les campagne orchestrées par le gouvernement soudanais ont de plus forcé le déplacement de plus de 1,5 million de personnes. Cette accusation est pour certain le fruit d'un consensus international trouvé au conseil de sécurité qui démontre que même les chefs d'État ne sont plus à l'abri de poursuites pénales, alors que d'autres font valoir que la CPI ne prend pas en compte la situation politique locale.

La Chambre préliminaire, composée des juges Akua Kuenyehia du Ghana, Anita Ušacka de la Lettonie et Sylvia Steiner du Brésil décide le 4 mars 2009 que la preuve est suffisante pour émettre un mandat d'arrêt international à l'encontre d'Omar el-Béchir, accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Les juges de la CPI refusent cependant la preuve soumise par le bureau du procureur au sujet de l'accusation de génocide, malgré l'opinion dissidente du juge Ušacka qui conclut que la preuve est suffisante à ce stade des procédures.

Après la présentation de nouvelles preuves par la procureur, la juge Sylvia Steiner, la juge Sanji Mmasenono Monageng et le juge Cuno Tarfusser émettent le 12 juillet 2010 un nouveau mandat à l'encontre d'el-Béchir. Ce mandat inclut, en plus des accusations pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, des accusations pour génocide contre les Fours, les Masalit et les Zaghawa. El-Béchir, en plus d'être le premier chef d'État en exercice recherché par la CPI, devient alors le premier accusé du crime de génocide devant la CPI.

Même si l'OTAN et Amnistie Internationale sont favorables à son arrestation, la Ligue arabe et l'Union africaine ont indiqué qu'ils ne donneront pas suite au mandat. Depuis que la CPI a émis le mandat, El-Béchir a visité le Qatar, l'Égypte, le Tchad, Djibouti et le Kenya sans être arrêté. La visite qui a cependant été la plus critiquée a été celle effectué en Chine en juin 2011. La Chine est l'un des principaux partenaires du Soudan et Pékin n'a pas donné suite au mandat d'arrêt international. El-Béchir est également accusé par Luis Moreno Ocampo d'avoir détourné neuf milliards de dollars, qui seraient en partie chez Lloyds Banking Group.


Ocampo Luis Moreno

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Luis Moreno-Ocampo, né le 4 juin 1952, est un juriste argentin, procureur de la Cour pénale internationale entre le 16 juin 2003 et le 16 juin 2012, date à laquelle Fatou Bensouda lui succède. Précédemment, il a été procureur en Argentine, où il s'est fait connaitre en enquêtant sur des affaires de corruption et de non-respect des droits de l'homme par des militaires. Il a également enseigné le droit pénal et été avocat privé.

Ocampo Luis Moreno

Moreno-Ocampo a été diplômé de la faculté de droit de l'Université de Buenos Aires en 1978. Entre 1980 et 1984, il travaille au bureau du Procureur-général. Par la suite, il obtient un poste de procureur. Il fait ses premières apparitions publiques en 1985 lors du « Juicio a las Juntas », premier procès d'une justice civile d'officiers généraux pour crimes en masse depuis le procès de Nuremberg. Neuf officiers de haut rang dont trois anciens chefs d'État ont comparu, cinq ont été jugés coupables. Moreno Ocampo a ensuite occupé le poste d'avocat général à Buenos Aires de 1987 à 1992, temps pendant lequel il poursuit les responsables de la guerre des Malouines, les chefs de deux rébellions militaires et des douzaines de cas de corruption au plus haut niveau. En 1987, il obtient l'extradition du général Guillermo Suárez Mason depuis les États-Unis.

Il renonce à son poste en 1992 et ouvre une étude privée, Moreno-Ocampo & Wortman Jofre. Il défend plusieurs personnages controversés, dont Diego Maradona, l'ancien ministre de l'économie Domingo Cavallo et un prêtre accusé d'abus sexuels sur mineurs. Il représente les victimes lors de la procédure d'extradition de l'ancien criminel de guerre nazi Erich Priebke, ainsi que dans le procès du meurtrier du général chilien Carlos Prats. Pendant cette période, il travaille également comme professeur de droit pénal à l'université de Buenos Aires ; il est professeur invité à l'université Stanford et à Harvard. Il exerce comme consultant auprès de la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et les Nations unies. Il est membre du comité consultatif de Transparency International et a officié comme président de sa délégation en Amérique latine et aux Caraïbes.

Vers la fin des années 1990, il participe à l'émission de télé réalité Fórum, la corte del pueblo, dans laquelle il arbitre des disputes privées. Le 21 avril 2003, Moreno Ocampo a été élu comme premier procureur de la Cour pénale internationale alors de création récente. Il prête serment pour un mandat de 9 ans le 16 juin 2003. En février 2009, il ouvre une enquête dans quatre affaires : dans le nord de l'Ouganda, en république démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Darfour. La Cour a émis douze mandats d'arrêt. Parmi ces douze personnes, quatre personnes ont été arrêtées et deux sont décédées. Moreno Ocampo a ouvert une enquête contre les chefs de Lord’s Resistance Army, qui sont sous le coup de mandats d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité depuis 2005.

En octobre 2006, un porte parole du bureau du procureur a déposé une plainte contre Moreno Ocampo pour une affaire de mœurs. Un panel de trois juges de la CPI ont enquêté et ont décidé que la plainte était « manifestement infondée » 8, mais Moreno-Ocampo a suscité une polémique en renvoyant le collaborateur qui avait déposé la plainte. Le tribunal administratif de l'Organisation internationale du travail a alors accordé à cet employé environ 120 000 livres sterling à titre de dommages8, en statuant que Moreno-Ocampo n'avait pas suivi la procédure et enfreint les droits de l'employé. L'OIT indique que la plainte conte Moreno Ocampo avait été déposée de bonne foi et que Moreno Ocampo n'aurait pas dû prendre part au processus de décision ayant conduit au licenciement de l'employé, étant donné qu'il était partie prenante à l'affaire.

Moreno Ocampo a dirigé l'enquête contre Germain Katanga et Matthieu Ngudjolo Chui, pour lesquels ont été émis des mandats d'arrêt respectivement en 2007 et 2008 pour crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo. En mars 2008, selon un rapport argentin publié sur internet, Moreno Ocampo a expliqué que les FARC pouvaient être poursuivies par la CPI. Moreno Ocampo a commencé à mener des tests préliminaires en Colombie, visant à évaluer l'opportunité de poursuites de dirigeant paramilitaires, ainsi que des entrevues avec des victimes. Il entreprit une visite en Colombie en aout, après que la CPI eut commencé une enquête sur les « soutiens des FARC en dehors de la Colombie ».

Le premier procès de la CPI, celui du chef militaire congolais Thomas Lubanga a été suspendu le 13 juin 2008, la Cour ayant décidé que le refus du procureur de rendre public des documents à décharge avait enfreint le droit à un procès équitable. Le procureur avait obtenu des preuves des Nations Unies et d'autres sources sous condition de confidentailité, mais les juges ont décidé que le procureur n'avait pas appliqué correctement le Traité de Rome (17 juillet 1998) et qu'en conséquence, « the trial process has been ruptured to such a degree that it is now impossible to piece together the constituent elements of a fair trial ». Le 2 juillet 2008, la Cour ordonne la libération de Lubanga, statuant qu'« un juste procès équitable de l'accusé est impossible, il n'y a plus de justification de sa détention ». La chambre d'appel a accepté de maintenir l'accusé en détention le temps de l'examen de l'appel mené par le procureur. Le 18 novembre 2008, Moreno Ocampo accepte de rendre publique les informations demandées par les juges, en conséquence de quoi la décision de libération de l'accusé a été annulée et le procès a pu continuer. Moreno-Ocampo a été largement critiqué pour son action dans ce procès.

Moreno Ocampo a également été critiqué pour sa décision prise en juillet 2008 de poursuivre le président soudanais Omar al-Bashir, pour faits de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Antonio Cassese, Rony Brauman et Alex de Waal ont estimé que les preuves contre al Bashir sont insuffisantes. Cassese, ancien président du TPIY, a présidé la Commission d'enquête des Nations Unies sur le Darfour (en), qui a conclu que le gouvernement du Soudan n'avait pas pratiqué de politique de génocide. De Waal a estimé que « pendant dix-neuf ans, le président Bashir a dirigé un gouvernement qui s'est rendu responsable d'un nombre incalculable de crimes. [...] Il y a deux semaines, Moreno Ocampo a réussi à accuser Bashir du crime dont il n'est pas coupable. C'est un fait remarquable. Cassese a également indiqué que si Moreno-Ocampo souhait sérieusement poursuivre Bashir, il aurait dû émettre un mandat d'arrêt sous pli scellé à la Cour et demandé à ce que le mandat d'arrêt soit également scellé, afin de ne révéler publiquement le mandat d'arrêt que lorsque Bashir se serait déplacé à l'étranger, au lieu de rendre publique sa demande et permettre à Bashir d'éviter l'arrestation en évitant simplement de sortir de son pays.

En novembre 2008, Moreno Ocampo a demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des rebelles accusés de la mort de membres de la force de maintien de la paix au Soudan. Les chefs de trois tribus du Darfour, qui se disent victimes de crimes de guerre, portent plainte contre Moreno Ocampo pour diffamation et pour provoquer la haine raciale. En juin 2009, lors d'une interview à la Haye menée par le journaliste Yann Barte du "Courrier de l'Atlas", Moreno-Ocampo dit pour la première fois étudier les possibilités d'une poursuite pour les massacres de civils perpétrés à Gaza, en janvier 2009 et révèle son sentiment : « comment peut-on exclure la Palestine de la juridiction de la CPI (parce qu’elle n’est pas strictement un État), alors que personne d’autre ne peut intervenir en sa faveur ? » .

Taha Ali Osmane

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Ali Osmane Taha est un homme politique du Soudan.

Taha Ali Osmane

En 1998, il devient vice-président du Soudan, nommé par le président Omar el-Béchir, après avoir été trois ans ministre des Affaires étrangères. En janvier 2005, il signe avec John Garang, chef de la rébellion au Soudan du Sud, un accord de paix.

Garang John

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John Garang (de Mabior) était un homme politique et militaire soudanais, né le 23 juin 1945 à Bor dans l'actuel Soudan du Sud et décédé le 31 juillet 2005 près de New Cush (sud du Soudan).

Garang John

Après avoir fréquenté une école primaire sous l’administration britannique, John Garang fait ses études secondaires en Tanzanie avant d’étudier les sciences économiques au Grinnell College (Iowa, États-Unis). En 1970, il rejoint le mouvement rebelle Anyanya contre le régime de Khartoum. Après la signature d’un accord de paix à Addis-Abeba en 1972, il est intégré dans l’armée soudanaise.

En septembre 1983, le général Gaafar Nimeiry impose la loi islamique à l’ensemble du Soudan. John Garang fonde alors l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) qui entame une guerre contre le pouvoir central. Malgré la scission de son mouvement en 1991, John Garang va maintenir la rébellion contre le régime islamiste du général Omar el-Béchir, installé à Khartoum en 1989. Son mouvement bénéficie des pressions de l’administration américaine sur le gouvernement soudanais après l’élection de George W. Bush.

Après un cessez-le-feu en octobre 2002, des accords de paix entre le gouvernement arabe et islamiste de Khartoum et les rebelles animistes et chrétiens de la SPLA sont signés le 9 janvier 2005. Le gouvernement est représenté par le vice-président Ali Osmane Taha et la SPLA par John Garang, son chef historique. En 2010, les habitants chrétiens et animistes des régions du Sud-Soudan devront voter pour ou contre l'indépendance.

John Garang est investi vice-président le 9 juillet mais meurt le 31 juillet 2005, avec 13 autres personnes, dans un accident d'hélicoptère en revenant d'une rencontre à Kampala avec le président ougandais Yoweri Museveni. Celui-ci n'exclut pas la possibilité d'un assassinat. Garang voyageait dans un hélicoptère présidentiel ougandais. Son décès a retardé la formation d'un gouvernement d'unité nationale, cruciale dans le cadre de l'application de l'accord de paix signé le 9 janvier 2005, et d'abord prévue pour le 9 août 2005. Ses funérailles à Djouba ont été précédées par de violentes émeutes, notamment à Khartoum, provoquant la mort de 110 personnes et plus de 1600 arrestations.

Kiir Salva

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Salva Kiir Mayardit, né 13 septembre 1951 dans le Bahr el-Ghazal, est un militaire et homme politique, premier président de la République du Soudan du Sud depuis 2011.

Kiir Salva

Appartenant au peuple des Dinkas, il est l'un des chefs de la rébellion sudiste durant la Seconde Guerre civile soudanaise. Kiir accède le 11 août 2005 aux fonctions de président de la région autonome du Soudan du Sud et premier vice-président de la République du Soudan, après la mort du chef politique et militaire du SPLA-M John Garang, tué dans un accident d'hélicoptère et dont il n'était pas un proche. Il occupe aussi le poste de chef de l'Armée populaire de libération du Soudan (Sudan People's Liberation Army ou SPLA).

Considéré comme étant plus indépendantiste que Garang, il mène le Soudan du Sud sur la voie de l'indépendance totale vis-à-vis du régime de Khartoum. Son élection à la présidence de la région autonome en avril 2010 avec 93 % des voix des électeurs sud-soudanais, est alors considéré pour beaucoup d'analystes comme une confirmation des désirs sécessionnistes de la région autonome.

Les résultats du référendum d'autodétermination qui a lieu du 9 au 15 janvier 2011, donnent un total de 98,83 % des voix en faveur de l'indépendance. Celle-ci devient effective le 9 juillet 2011 avec Salva Kiir comme chef du nouvel État. Le 23 juillet 2013, Salva Kiir limoge son vice-président Riek Machar après que celui-ci a fait état de son ambition de briguer le poste de président de la République lors des prochaines élections prévues en 2015.

Le 15 décembre 2013, des combats éclatent dans la capitale Djouba, entre les partisans de Salva Kiir et ceux de Riek Machar, faisant ressurgir de vieilles dissensions entre les différents clans du Mouvement populaire de libération du Soudan, émanation de la SPLA, sur fond de rivalité ethnique : d'un côté les Dinkas et de l'autre les Nuers (ethnie de Riek Machar). Le 16 décembre, le président Kiir annonce qu'un coup d'État a été déjoué. Au soir du 17 décembre, les affrontements ont déjà fait 73 victimes.

Suárez Mason Guillermo

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Carlos Guillermo Suárez Mason (January 2, 1924 – June 21, 2005) was an Argentine military officer convicted for Dirty War crimes during the 1976 — 83 military dictatorship. He was in charge of the Batallón de Inteligencia 601.

Suárez Mason Guillermo

Born in Buenos Aires, he enrolled at the National War College in 1944, and took an interest in national politics before his 1948 graduation. A magnetic and charismatic figure, he was involved at that time in several liaisons with prominent women, through whom he invariably furthered his interests; he took little or no interest, however, in the children reported at that time to have been fathered by him. Suárez Mason took part in a failed military coup against the populist President Juan Perón in 1951. He was forced to retreat to Uruguay, and later collaborated with the overthrow of Perón in 1955. He was received back in Buenos Aires with honours following the coup's success on September 19.

Suárez Mason taught at the School of Higher War Studies, and rose in rank, becoming a military attaché to the Argentine Embassy in Ecuador in 1971, and a director of military intelligence in 1972. He was attached to the Operativo Independencia counterinsurgency mission in 1975, and upon the March 1976 coup against President Isabel Martínez de Perón, was appointed Commander of the First Army Corps, a unit whose principal duty was to garrison the capital. During the subsequent dictatorship, Suárez Mason had purview over a number of the most notorious detention centers (among the over 300 such facilities that led to the disappearance of between 13,000 and 30,000 people. Those under his command included Automotores Orletti, Pozo de Banfield, La Cacha, and El Olimpo. He also supervised Policía Bonaerense Chief Ramón Camps, as well as Army Intelligence Battalion 601, which carried out numerous extortions and kidnappings for ransom.

He financed Cabildo, a far-right Catholic publication known at the time for its espousal of anti-semitism, and relaunched the previously banned publication. Suárez Mason earned a reputation as a hard-line figure in the regime, particularly after steps toward political liberalization began in 1979, and fell out of favor with the president, General Jorge Videla, after the latter's cancellation of Operation Soberanía (the aborted 1978 invasion of neighboring Chile, at the height of the Beagle Conflict).

Suárez Mason was relieved of his post at the First Army Corps in January 1980, and made Chairman of the Joint Military Chiefs. He oversaw Argentine tactical support for the July 1980 "Cocaine Coup" in Bolivia, and later chaired the Latin American chapter of the World Anti-Communist League. He was appointed Director of the state oil concern, YPF, by President Leopoldo Galtieri in December 1981, and in 1983, at the end of his tenure, the company recorded an US$ 6 billion annual loss (the largest in the world at the time). Subsequent investigations revealed that large quantities of fuel had been pirated from YPF by Suárez Mason through Sol Petróleo, a dummy corporation; the latter entity made Suárez Mason a wealthy man, and was used by him to divert funds to the Contras, as well as to the fascist organization, P2 (to which he belonged).

Following the 1983 return to democracy, an arrest warrant was issued for Suárez Mason. He fled to the United States with a false passport, however, and took up residence in Miami. He was stripped of rank and ordered arrested by President Raúl Alfonsín on charges related to a putative 1985 plot to overthrow the democratic government. Pursuant to an Interpol order, however, he was arrested in Foster City, California in January 1987, and on May 9, 1988, extradited to Buenos Aires to face charges of murdering 43 people and kidnapping a further 23, including newborn babies. Convicted for these crimes, he was pardoned by President Carlos Menem in 1990, and fled to California. He was again extradited in 1995, and was prosecuted by Luis Moreno Ocampo on charges of crimes against humanity for the kipnapping of minors. He was later placed under house arrest, and in 2000, was condemned to life imprisonment in absentia by Italian courts for the murder of eight Italian Argentines.

Although prisoners aged over 70 are usually kept under house arrest in Argentina, he would be reimprisoned in 2004 after abusing the terms of his detention. Suárez Mason developed upper gastrointestinal bleed, and died at age 81 at the Military Hospital in Buenos Aires. He had been awaiting the hearing of charges related to 200 kidnappings, 30 murders and the sale of the babies of political prisoners during the military dictatorship of 1976-83 in which he was a central figure.

Peron Isabel Martínez de

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María Estela Martínez Cartas de Perón connue sous le nom de Isabel Martínez de Perón, née le 4 février 1931 à La Rioja (Argentine), est la troisième épouse du président Juan Domingo Perón et la première femme présidente de l'Argentine et d'un État d'Amérique du Sud du 1er juillet 1974 au 24 mars 1976, après avoir succédé à son époux.

Peron Isabel Martínez de

Après moins de deux ans de présidence dans un contexte difficile, elle fut déposée par la junte militaire dirigée par le général putschiste Jorge Rafael Videla, donnant origine à l'autodénommé Processus de réorganisation nationale (Proceso de Reorganización Nacional). Elle vit en Espagne depuis 1981. Isabel Martínez a rencontré Perón, président déchu en exil, au Panamá, en 1955. Elle était alors danseuse dans une troupe folklorique. Elle abandonna sa carrière et l'épousa en 1960, à Madrid. Elle l'accompagna dans son exil espagnol. Elle fit un voyage en Argentine en 1965, à titre de déléguée personnelle de Perón, pour faire face au phénomène dit du néopéronisme, qui tentait d'intégrer les revendications de la classe ouvrière tout en écartant Perón lui-même de la direction du mouvement péroniste. Elle fut envoyée à nouveau par Perón en Argentine, arrivant le 7 décembre 1971 à Buenos Aires, afin de promouvoir la consigne « unité, solidarité et organisation » proclamée par le général dans le cadre des élections internes au Parti justicialiste, de nouveau autorisé grâce au « Grand Accord National » du général Lanusse.

Lorsque Perón retourna en Argentine pour se présenter aux élections de septembre 1973, Martínez l'accompagna comme vice-présidente au sein de la formule dite Perón-Perón. Ils obtinrent plus de 60 % des suffrages. Mais après la mort du général, le 1er juillet 1974, Martínez assuma la continuité de la présidence, conservant son conseiller et ministre José López Rega à ses côtés. Dès son accession au pouvoir, Isabel essaie de faire face à une situation à laquelle elle n'est pas préparée, mais elle subit l'influence de son ministre du Bien-être social et secrétaire personnel, José López Rega, connu sous le surnom de el Brujo (le sorcier). Il essaya de faire prévaloir les intérêts de la droite péroniste contre les divers mouvements sociaux.

López Rega utilisa des fonds publics pour le financement d'un groupe armé, connu comme Alianza Anticomunista Argentina ou triple A. Cette formation paramilitaire, sous sa direction, entreprit des actions de harcèlement contre des personnalités de la gauche argentine, qui se traduisirent en attentats, séquestration, tortures et assassinats. L'attitude du gouvernement se fit aussi plus dure et plus répressive, intervenant dans les provinces « dissidentes », les universités, des syndicats, les canaux de télévision privés, établissant aussi une censure sans cesse renforcée contre les journaux et les revues.

L'économie d'argentine subit des dégâts sévères : une inflation galopante, une paralysie des investissements, la suspension des exportations de viande vers Europe et le début d'un accroissement important de la dette. Une solution de type monétariste fut tentée par le ministre Alfredo Gómez Morales, mais sans succès, provoquant au contraire un processus de stagflation. Les prémices d'une crise politique majeure étaient réunies. Les militaires essayèrent de la convaincre de démissionner, mais elle s'y refusa, et envisageait de se représenter aux élections; Elle fut déposée le 24 mars 1976 par la junte militaire dirigée par le général Jorge Rafael Videla qui mit en place une dictature militaire appelée Processus de réorganisation nationale.

Isabel Perón est enfermée pendant 5 ans par les militaires, dans des conditions initialement si dures que le nonce apostolique doit intervenir à sa demande auprès du gouvernement militaire. Libérée en 1981, elle s'exile en Espagne. A la suite d'un mandat d'arrêt émis par la justice argentine dans le cadre d'une enquête portant sur la disparition d'Hector Fagetti, un opposant politique pendant sa présidence, elle est interpellée par la police espagnole le 12 janvier 2007 à son domicile de Villanueva de la Cañada, à l'ouest de Madrid, où elle résidait depuis 1982.

Le rapport Nunca Mas, rédigé en 1983, estime qu'il y avait eu 600 disparitions et 500 exécutions d'opposants durant sa présidence entre 1973 et 1976. Isabel Peron ayant signé le décret 261/75 dit "d'anéantissement de l'action de la subversion", décret ratifié par ses ministres. Le décret visait notamment les activités du groupe guérillero marxiste ERP (Ejercito Revolucionario del Pueblo) dans la région de Tucuman et autorisait les forces armées à employer "tous les moyens disponibles" pour éliminer ce danger. La justice argentine est en train d'examiner la disparition d'individus aux mains de l'armée au cours de l'année 1975, autorisée précisément par ce décret, pratique qui n'aurait été courante en théorie qu'à partir de mars 1976, après le coup d'État militaire. En effet l'armée se serait permis d'interpréter le décret dans des termes différents, permettant aussi l'anéantissement non seulement de l'action de la "subversion", mais aussi des "subversifs".

Le problème légal tourne autour des deux questions suivantes : dans quel mesure le décret lui même est-il démocratiquement tolérable? et Isabel Peron était-elle vraiment au courant de l'existence même de la Triple A? En ce qui concerne la première question, plusieurs juristes argentins ont plaidé en faveur de la légalité du décret. Placé dans son contexte historique, le décret visait l'élimination de l'ERP. Le décret émanait donc d'un gouvernement légitime contre un groupe guerillero. Le procureur Julio Cesar Strassera, responsable en 1985 du Procès de la Junte, a affirmé qu'Isabel Peron ne pouvait être jugée par ces faits, le décret étant selon lui constitutionnel.

La deuxième question est plus compliquée. Isabel Peron était-elle au courant de l'existence de la Triple A et des raids contre les péronistes de gauche et autres militants de gauche? L'indépendance de José Lopez Rega vis-à-vis d'elle, la gigantesque emprise psychologique qu'il avait sur elle et la grande ingénuité dont elle a fait la preuve ces dernières années montrent que tout est possible. L'intelligence et la lucidité d'Isabel Peron ont souvent été mises en doute et il s'avère fort probable que de la même façon qu'elle ne comprit pas le contexte social ingouvernable du pays qu'elle dirigea entre 1974 et 1976, son ingénuité lui empêcha d'être au courant des politiques souterraines menées par José Lopez Rega.

Dans une interview accordée au journal Clarin le 19 janvier 2007, l'ex-sénateur Hipólito Solari Yrigoyen, la première victime de la Triple A qui survécut à deux attentats contre sa personne, reconnu lui-même que le décret signé par Isabel Peron visait clairement l'action de la guérilla qui mettait en péril les institutions de l'Etat, et non pas les personnes elle mêmes, et il suggère par ailleurs qu'Isabel Peron n'était pas assez lucide pour savoir exactement ce qui se passait dans le pays, étant très influencée par José Lopez Rega. Il rappelle toutefois aussi qu'avant le coup d'Etat du 24 mars 1976 « il y avait déjà 900 disparus », sans compter les innombrables prisonniers politiques, « presque tous péronistes » et « pas nécessairement Montoneros ».

Pour l'instant, l'extradition d'Isabel Peron vers l'Argentine s'avère extrêmement difficile, du fait de sa double nationalité hispano-argentine, et la longue bataille judiciaire ne fait que commencer. Plusieurs membres importants du Parti justicialiste ont fait part de leur indignation devant les attaques dirigées contre Isabel, et l'ancien président de l'Argentine Eduardo Duhalde s'est proposé pour être l'un de ses avocats. Les critiques dirigées contre Isabel Peron sont nombreuses; elle a ainsi été qualifiée de « femme débile, inculte » pourtant, dans son unique biographie, Maria Saenz Quesada en dresse un portrait beaucoup plus nuancé; elle garde d'ailleurs le respect de nombreux péronistes, qui soulignent le courage qu'elle a eu, selon eux, d'assumer la présidence dans des conditions extrêmement dures à laquelle elle n'était pas préparée, et la dignité de son exil volontaire.

Prats Carlos

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Carlos Prats González (24 février 1915 - 30 septembre 1974) est le général en chef des armées chiliennes de 1970 à 1973 sous la présidence d'Eduardo Frei Montalva puis de Salvador Allende

Prats Carlos

Il fut également brièvement ministre de l'Intérieur puis de la Défense d'Allende. Légaliste, il démissionne de l'armée en août 1973 en raison d'attaques nombreuses de la part de la droite, et est remplacé par le général Augusto Pinochet, qui se rallie au coup d'État du 11 septembre 1973. Le général Prats s'exile alors à Buenos Aires, où il est assassiné en septembre 1974 par des agents de la DINA chilienne, avec la coopération de certains membres des forces de sécurité argentines. Cet assassinat est précurseur de l'opération Condor, officialisée peu après.

Nommé major en 1954, il fut attaché militaire aux États-Unis de 1954 à 1958, puis promu lieutenant colonel. Il revint alors au Chili, enseignant à l'Académie militaire, devenant commandant d'un régiment en 1961. Promu colonel en 1964, année de l'élection à la présidence du démocrate chrétien Eduardo Frei Montalva, il fut envoyé en tant qu'attaché militaire en Argentine et revint au Chili en 1967, l'année suivant le coup d'État de la « Révolution argentine ». Il commande alors la IIIe Division de l'armée, et est promu en 1968 brigadier général et chef de l'état-major, puis nommé commandant-en-chef des forces armées par le président Montalva après l'assassinat du général René Schneider, tué par des mouvements d'extrême-droite soutenus par la CIA.

Prats prit alors la tête des constitutionnalistes, soutenant la doctrine Schneider (en) qui refusait toute intervention de l'armée en cas d'élection du socialiste Salvador Allende à la présidence. Parallèlement, il réussit à obtenir d'Allende le respect des promesses d'Eduardo Frei concernant l'armée, en particulier les achats d'armes, etc. Après la grève des camionneurs contre le gouvernement de l'Unité populaire, financée par la CIA, Allende forme un gouvernement de « paix sociale », faisant entrer des militaires au gouvernement afin de rassurer la droite. Prats est alors nommé, le 2 novembre 1972, Ministre de l'Intérieur, conservant ses fonctions à la tête de l'armée. Le contre-amiral Ismael Huerta est nommé aux Travaux publics, et le général de brigade Claudio Sepúlveda aux Mines, portefeuille important en raison de l'importance du cuivre au Chili.

En tant que ministre de l'Intérieur, Prats exerce les fonctions informelles de vice-président, étant ainsi à la tête de l'exécutif, le 26 novembre 1972, alors qu'Allende est en voyage. Il représenta ainsi le Chili lors de la cérémonie au cours de laquelle Pablo Neruda fut récompensé d'avoir obtenu le Prix Nobel de littérature. Ceci suscita l'exaspération des groupes anti-Allende au sein de l'armée. Les militaires restèrent au sein du gouvernement jusqu'en mars 1973, date à laquelle se tinrent les élections parlementaires (es) dont ils avaient pour mission de garantir la bonne exécution. En juin 1973, il proposa sa démission à la tête de l'armée suite à l'incident Alejandrina Cox, laquelle fut refusée par Allende. Peu de jours après, il réussit à empêcher le Tanquetazo, une tentative putschiste de l'armée soutenue par la CIA.

Confronté à une campagne de plus en plus violente contre lui, Allende forme un gouvernement de défense nationale le 9 août 1973, intégrant à nouveau des militaires. Prats est alors nommé ministre de la Défense, remplaçant le socialiste Clodomiro Almeyda. Le 21 août 1973, alors que Prats est malade d'une grippe, une manifestation organisée par des femmes de généraux vint le voir à son domicile pour protester contre sa participation au gouvernement (elles protestent aussi contre Augusto Pinochet, considéré comme le second de Prats). Ceci pousse Prats à tenter d'obtenir des gradés de l'armée l'assurance de leur soutien. La majorité s'y nie, ce qui le pousse à démissionner le 23 août 1973 de toutes ses fonctions. Les généraux légalistes Mario Sepúlveda Squella et Guillermo Pickering le suivirent en geste de soutien. Allende lui assure alors de son soutien moral, parlant d'« escalade fasciste » au sujet des attaques contre lui. Le démocrate chrétien Orlando Letelier le remplace à la Défense; il sera assassiné à Washington en 1976.

Sur sa propre suggestion, Prats fut remplacé en tant que commandant-en-chef par le général Augusto Pinochet, alors considéré comme un « modéré » au sein de l'armée. Trois semaines après, celui-ci se rallia au coup d'État du 11 septembre 1973 et évinça rapidement ses rivaux. Prats s'exila le 15 septembre 1973 à Buenos Aires, écrivant une carte à Pinochet dans laquelle il déclare: « l'avenir dira qui s'est trompé ». Pinochet ordonna à son pilote préféré, le brigadier Antonio Palomo Contreras, de le transporter en hélicoptère à destination ; le même brigadier fut inculpé en 2007 pour l'opération Calle Conferencia de 1976, et a piloté l'hélicoptère Puma lors de la caravane de la mort. L'Argentine, bien que confrontée à une intense crise politique et sociale, venait de retrouver la démocratie suite aux élections de mars 1973, et fut ainsi le refuge de nombreux exilés chiliens et uruguayens à ce moment. Le général Juan Perón, qui venait d'être élu président, lui offrit la protection du régime, son gouvernement lui payant un luxueux appartement à Palermo.

Prats rencontrait de nombreux officiers argentins et chiliens, correspondait avec les officiers chiliens restés au pays, et était en contact amical avec l'attaché militaire chilien à Buenos Aires, qui informait le SIM (Service d'intelligence militaire) chilien de tous ses actes. Profondément hostile à la dictature de Pinochet qui, dès les premiers jours du putsch, avait organisé une répression sanglante de l'opposition, le général à la retraite s'abstenait toutefois de toute déclaration publique, se consacrant à ses Mémoires. Terminées le 20 septembre 1974, dix jours avant sa mort, celles-ci ne furent publiées que dix ans plus tard, et consistaient en une défense de la doctrine légaliste de son prédécesseur à la tête de l'armée, le général René Schneider.

L'assassinat de Prats avait été organisé par le chef de la DINA, Manuel Contreras, après que Pinochet lui eut dit qu'il s'agissait d'un « homme dangereux pour le Chili ». Le colonel Pedro Espinoza et Raúl Iturriaga, directeur du Service extérieur de la DINA, furent chargés de l'opération, Iturriaga se rendant fin juillet à Buenos Aires. A Buenos Aires, Enrique Arancibia Clavel était l'agent de liaison entre la DINA et la SIDE argentine, et recruta d'abord Juan Martin Ciga Correa, chef de la Milicia et membre de la Triple A pour se charger de l'aspect matériel du meurtre.

Finalement, l'équipe d'Arancibia ratant ses préparatifs, Contreras fit appel à Michael Townley, en lui faisant briller, en échange de sa participation directe à l'assassinat, la possibilité d'intégrer la DINA. La STASI est-allemande de Markus Wolf et la DST française, qui interceptèrent des renseignements concernant cette opération à la mi-août, avertirent le socialiste Carlos Altamirano, qui faisait la navette entre Paris et Berlin-Est, de l'imminence d'un attentat contre le général Prats. Celui-ci fit avertir Prats par téléphone, lui enjoignant de quitter le pays au plus vite. Mais Prats, titulaire d'un passeport diplomatique qu'il refusait d'utiliser, ayant pris sa retraite, lui répondit qu'il ne quitterai le pays que lorsque le consulat chilien lui aurait fourni son passeport. Depuis des mois, ce dernier faisait traîner la demande.

Altamirano envoya alors un jeune militant, Waldo Fortín, à Buenos Aires, avec de l'argent et un faux passeport pour le général fabriqué par la STASI. Mais Fortín arriva sur place quelques heures après la mort de Prats, tué le 30 septembre 1974 ; il réussit toutefois à convaincre l'ex-ministre Orlando Letelier de s'installer aux États-Unis, où il fut assassiné en 1976. Juan Perón lui-même écrivit à Prats, le 3 janvier 1974, pour lui recommander d'être prudent. Mais Prats perdit cette protection avec la mort du général Perón en juillet 1974, remplacé par sa femme, Isabel Perón, fortement influencée par l'extrême-droite péroniste.

Prats et sa femme, Sofia Cuthbert, fut finalement tué par une bombe (du C4 fourni par la DINA) mise sous sa voiture par Michael Townley et sa femme, Mariana Callejas, et déclenchée à distance. La voiture fut projetée sur le toit d'un immeuble et Prats et Cuthbert furent instantanément tués. Plusieurs indices montrent que des secteurs des forces de l'ordre argentines ont facilité cet assassinat. Parmi ceux-ci: le retrait de la garde policière devant son domicile; l'extinction de l'éclairage public dans sa rue, quelques heures avant l'explosion, etc. Guillermo Osorio, haut fonctionnaire de l'ambassade chilienne, se rendit alors compte que Pinochet avait délibérément bloqué la demande de passeport du général Prats afin de l'empêcher de quitter l'Argentine. Osorio, qui fournit plus tard les faux passeports utilisés par les assassins d'Orlando Letelier, fut assassiné en octobre 1977, alors que le FBI se rapprochait des assassins de Letelier. Quant à Michael Townley et Enrique Arrancibia, ils intègrent officiellement la DINA après ce meurtre, Townley recevant une villa près de Santiago du Chili.

En 1978 - soit après le coup d'État de mars 1976 - la police argentine perquisitionna au domicile d'Enrique Arancibia, agent de liaison de la DINA, dans le cadre d'une enquête sur l'assassinat de Prats. Celle-ci n'aboutira qu'après le retour de la démocratie. Néanmoins, la police découvrit alors une note affirmant que Jean-Yves Claudet, un militant du MIR chilien, avait été tué. Michael Townley et Manuel Contreras, le chef de la DINA, sont les principaux accusés du meurtre de Carlos Prats commis dans le cadre de l'opération Condor. En 1999, Townley accepta de révéler les détails de l'opération à la juge argentine Maria Servini de Cubria, qui vint le voir en Virginie. Le magistrat Alejandro Solis renonça à poursuivre le général Augusto Pinochet dans les années 2000 concernant cet assassinat, mais Manuel ContrerasRaúl Iturriaga, chef des opérations extérieures de la DINA, son frère Roger Iturriaga, Pedro Espinoza et José Zara ont été inculpés au Chili plus de 30 ans après l'assassinat.

En 2004, l'armée chilienne retira des archives un document de la DINA concernant cet assassinat, afin de ralentir l'enquête; le document fut toutefois récupéré par la justice. Le terroriste néofasciste italien Stefano Delle Chiaie témoigna en 2005, à Rome, devant la juge argentine Maria Servini de Cubria, aux côtés du terroriste Vincenzo Vinciguerra, affirmant qu'Enrique Arrancibia et Michael Townley étaient directement impliqués dans ce meurtre. L'agent civil Enrique Arancibia, intermédiaire de la DINA et de la SIDE à Buenos Aires, fut ainsi condamné à la perpétuité en Argentine pour ce meurtre. L'agent de la SIDE Juan Martín Siga Correa, membre de la Triple A, et qui avait participé à la première tentative d'assassinat contre Prats, recevant plusieurs milliers de dollars de la DINA, fut inculpé en 2000 par la juge argentine Maria Servini de Cubria. Siga Correa était aussi membre du Bataillon d'intelligence 601, nexus des opérations armées des services de renseignement argentins. En 2003, la juge Servini de Cubria demanda aussi au Chili l'extradition de Mariana Callejas, la femme de Michael Townley, et de Cristoph Willeke, l'adjoint de Raúl Iturriaga, mais celle-ci lui fut refusée en juillet 2005 par la Cour d'appel, le juge Nibaldo Segura déclarant qu'ils étaient déjà inculpés au Chili.


Bataillon d'Intelligence 601

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Le Bataillon d'intelligence 601 était un corps spécial des services de renseignement de l'armée argentine, fondé dans les années 1970, avant le coup d'État de mars 1976, dans le cadre de la planification et de l'exécution de la « guerre sale », au cours de laquelle la junte de 1976-83 assassina 30 000 personnes. Les locaux du Bataillon étaient utilisés pour des réunions entre les différents services de sécurité argentins, fonctionnant ainsi comme organe transversal de direction.

Guillermo Suarez Mason - Cristino NicolaidesGuillermo Suarez Mason - Cristino Nicolaides

Guillermo Suarez Mason - Cristino Nicolaides

Dirigé par le général Guillermo Suárez Mason et dépendant du IIe Commandement de l'armée, le bataillon 601 a aussi eu un rôle central non seulement dans l'Opération Condor, mais aussi dans l'Opération Charly, par laquelle Buenos Aires a étendu son « savoir-faire » contre-insurrectionnel à toute l'Amérique latine. Suárez Mason tenait ses ordres du chef de la junte Leopoldo Galtieri. Le Bataillon n'a été dissous qu'en 2000, et le service d'intelligence extérieur actuel de l'armée s'appelle « Central de Reunión de Inteligencia Militar » (CRIM). Le général Cristino Nicolaides en 1983. Il fut chef du Bataillon 601 et responsable de l'Institut de Campo de Mayo, avant d'être nommé commandant en chef de l'armée après la guerre des Malouines, devenant à ce titre membre de la junte. Il fait aujourd'hui l'objet de poursuites judiciaires pour crimes contre l'humanité.

Le Bataillon était le « cerveau » des opérations de l'armée argentine, qui coordonnait les assassinats et les disparitions forcées, se chargeait des infiltrations, des arrestations et de la torture, etc. Selon des archives déclassifiées suite au décret du 1er janvier 2010 de la présidente Cristina Kirchner (FPV, centre-gauche), il était composé de plus de 4 300 PCI (Personnel civil d'intelligence), classe qui comprenait 3 92 civils et 354 militaires, ceux-là allant de professeurs aux concierges. Les civils étaient dotés de grades équivalents à ceux des militaires, et pouvaient obtenir jusqu'à l'équivalent du grade de colonel. En 2000, sous la présidence de Fernando de la Rúa (UCR, centre-droit), les 500 civils qui travaillaient encore dans l'unité ont été remerciés.

Le directeur de l'Archivo Nacional de la Memoria (en), Ramon Torres Molina, a refusé de donner aucun nom tant que le magistrat Ariel Lijo n'aurait pas achevé l'examen de ces archives. Plusieurs noms sont cependant déjà connus: outre celui du chef Guillermo Suárez Mason, Agustín Feced (chef de la police de la province de Santa Fe, exerçant à Rosario, qui faisait partie du bataillon depuis juin 1974), Pascual Guerrieri et Jorge Arias Duval, Leandro Sánchez Reisse, qui témoigna en 1987 devant le Congrès des États-Unis, dévoilant un certain nombre d'opérations de trafic d'armes et de stupéfiants effectuées par le Bataillon5, Raúl Guglielminetti, qui participa aux opérations extérieures, Carlos Alberto Roque Tepedino, qui dirigea un temps le Bataillon, etc.

Un mémo de James J. Blystone, officier américain (Regional Security Officer) à l'ambassade de Buenos Aires, du 6 février 1980, décrit l'évolution de la structure du Bataillon, avec la division en deux groupes de la Division d'analyse de l'intelligence, qui avait surveillé le PCR, le PST (en) de Nahuel Moreno et le PO, ainsi que la création de deux nouvelles branches, l'une pour étudier les partis politiques et l'autre pour l'analyse des activités extérieures. Outre sa participation à la Nuit des crayons (septembre 1976), le Bataillon infiltra ainsi, avec un de ses PCI, l'ERP, ce qui lui permit d'anticiper et de déjouer l'assaut de Monte Chingolo effectué le 23 décembre 1975, sous le gouvernement d'Isabel Perón3. Ils firent la même chose pour déjouer la contre-offensive lancée par les Montoneros lors de la Coupe du monde de football de 1978. Cette fois, ils arrêtèrent dès leur arrivée au pays les militants qui s'étaient exilés (dont Ricardo Zucker, le fils de l'acteur Marcos Zucker): cette affaire a valu l'inculpation de Leopoldo Galtieri et d'agents du Bataillon 601 par le magistrat Claudio Bonadio dans les années 2000.

Un document des États-Unis du 18 août 1980, obtenu par la National Security Archive de l’université George Washington, montre aussi que le Bataillon 601 avait participé à :

  • l’enlèvement de deux Montoneros argentino-italiens8 à Lima, du 9 au 15 juin 1980 (effectués avec l'assistance des services péruviens, sous la dictature de Francisco Morales Bermúdez). Deux autres Argentins furent enlevés lors de cette opération, dont Noemí Gianetti de Molfino, des Grands-mères de la place de Mai, qui se rendait à une conférence sur les droits de l'homme8, informant sur la disparition forcée de deux de ses enfants9. Les détenus ont d'abord été transférés aux services boliviens8. La dépouille de Gianetti de Molfino fut ensuite trouvée à Madrid le 21 juillet 19808. Gustavo Molfino, le fils, échappa alors à l'opération.
  • l’assassinat d’un citoyen argentin à Madrid.
  • au coup d’État du 17 juillet 1980 en Bolivie (Cocaine Coup) inaugurant la dictature de Luis García Meza Tejada.​

Ces différentes opérations extérieures prenaient cadre soit dans la phase 3 de l'Opération Condor (pourchasser les opposants à l'extérieur, y compris en Europe), soit dans celui de l'Opération Charly, qui débuta avec l'assistance fournie en Bolivie avant de culminer avec la formation des Contras pour lutter contre le régime sandiniste au Nicaragua et d'autres groupes paramilitaires au Salvador et au Honduras (entraînement du bataillon 316 dans la base de Lepaterique). Le colonel Osvaldo « balita » Ribeiro du Bataillon 601 travailla ainsi au Honduras, avec José Santiago Hoya et José Luis Arias, et au Salvador (ceci fut avoué dès 1982, dans la presse brésilienne, par l'agent brésilien Héctor Francés García, détaché au Costa Rica, qui admit la participation du Brésil à la séquestration de Mónica Pinus et de Horacio Campiglia, arrêtés à l'aéroport de Rio de Janeiro le 12 mars 1980, et de Lorenzo Ismael Viñas, qui finirent tous à Campo de Mayo).

Avec l'élection de Raúl Alfonsín à la présidence, en 1983, beaucoup de membres du Bataillon furent remerciés, et nombre d'entre eux, dont la bande de l'ex-agent de la SIDE Aníbal Gordón, se reconvertirent dans le kidnapping d'entrepreneurs et le grand banditisme3. Sous Carlos Menem, le Bataillon fut encore « dégraissé », n'échappant pas à la politique générale de réduction des effectifs de la fonction publique. Le 10 juillet 2002, le magistrat Claudio Bonadio a délivré des mandats d'arrêts contre Leopoldo Galtieri et une trentaine d'autres militaires (dont le chef du Bataillon Carlos Alberto Roque Tepedino) pour leur implication présumée dans la disparition forcée de deux présumés Montoneros, Horacio Campiglia et Susana Binstock, capturés par le Bataillon 601, en coopération avec les services de renseignement de la dictature brésilienne, selon un mémorandum du RSO James Blystone à l'ambassadeur Castro (en) du 7 avril 1980. Campiglia et Binstock ont été transférés au centre clandestin de détention de Campo de Mayo avant de « disparaître ».

Les colonels Luis Arias et Waldo Carmen Roldán furent condamnés en décembre 2007 à, respectivement, 25 et 23 ans de prison pour la séquestration et l'assassinat des Argentins à Lima en 1980. Le colonel Julio César Bellene, inculpé dans la même affaire, est décédé le 23 novembre 2007. En janvier 2010, la présidente Cristina Kirchner  a promulgué un décret déclassifiant toutes les archives concernant les violations des droits de l'homme, ce qui a permis notamment de transmettre à la justice la liste des membres du Bataillon: auparavant, les magistrats devaient faire des requêtes individualisées pour obtenir la déclassification d'un nom. La plupart des archives ont été brûlées sous l'ordre du général Cristino Nicolaides dans les derniers jours de la dictature, mais ces listes ont été conservées, servant à payer les retraites de ces agents de l'État.

Galtieri Leopoldo

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Leopoldo Fortunato Galtieri, né à Castelar, province de Buenos Aires, le 15 juillet 1926 et mort à Buenos Aires, le 12 janvier 2003 est un militaire et homme politique argentin qui occupe la présidence de la Nation du 22 décembre 1981 au 18 juin 1982, pendant la période dite de Proceso de Reorganización Nacional. 

Galtieri Leopoldo

Pour contenir le mécontentement populaire croissant face à la situation politique et économique du pays, il essaie de dévier les tensions en déclenchant la guerre des Malouines. Il abandonne sa charge suite à l'échec de cette opération. Ses actions comme commandant des forces armées amenent à sa condamnation par le Conseil suprême des Forces Armées pendant le mandat de Raúl Alfonsín. Il est grâcié par Carlos Menem, mais meurt en accomplissant de la prison préventive sous arrêt domiciliaire et ce, pour d'autres faits.

Galtieri naîtt à Castelar, en province de Buenos Aires en 1926. A l'âge de 17 ans il entre à l'armée et sort ingénieur du Collège militaire. Il est également diplômé de l'École des Amériques (Panama). Après 25 ans de service, Galtieri est nommé commandant du corps des ingénieurs de l'armée en 1975, dans la même promotion qui amène Jorge Rafael Videla à occuper le poste de Commandant en chef des Forces Armées. Il est un actif promoteur du coup d'État de 1976. Ses sympathies lui amènent des promotions rapides. Il est nommé général de division en 1977. En 1981, il intègre la junte militaire, avec José Anaya et Basilio Lami Dozo.

Cette année-là, après la destitution de Videla comme président et la promotion de Roberto Eduardo Viola, Galtieri fait une visite officielle aux États-Unis où il est reçu par les représentants de l'administration Reagan qui considérait, dans le contexte de la guerre froide, le gouvernement militaire argentin comme un allié dans sa lutte anticommuniste. Elle lui fournit des informations et des promesses d'assistance de sécurité. Condamné dans les années 1980 à douze ans de prison par un tribunal fédéral, entre autres pour les homicides commis lors du massacre de Margarita Belén, il est amnistié, conservant son grade militaire. Au début des années 1990, le président Carlos Menem l'amnistia par ailleurs de ses responsabilités dans l'échec de la guerre des Malouines. Inculpé en Espagne par le juge Baltasar Garzón, Galtieri est contraint à ne pas sortir d'Argentine depuis 1997.

En juillet 2002, le juge fédéral Claudio Bonadío ordonne son arrestation, avec une quarantaine d'autres membres des services de sécurité, dont l'ex-chef du Bataillon d'intelligence 601 Carlos Alberto Roque Tepedino, dans le cadre de l'enquête concernant la disparition forcée de l'équipe de Montoneros ayant décidé de rentrer clandestinement en Argentine fin 1979-début 1980 (parmi lesquels Ricardo Zucker, fils de l'acteur Marcos Zucker afin de relancer la lutte armée contre la dictature. Le témoignage en 1997 d'un « repenti », le sergent retraité Nelson Ramón González, permit de relancer cette affaire.

Menem Carlos

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Carlos Saúl Menem est un homme politique argentin né le 2 juillet 1930 à Anillaco en Argentine. Il est président de l'Argentine du 8 juillet 1989 au 10 décembre 1999 et sénateur de la province de La Rioja.

Menem Carlos

Menem est issu d'une famille d'origine syrienne. Ses parents, Saúl Menem et Mohibe Akil, ont émigré en Argentine dans la petite ville de Anillaco (province de La Rioja). Étudiant en droit à l'université de Córdoba, il devient un partisan de Juan Perón et rejoint en 1956 le Parti justicialiste. Participant à une révolte visant à ramener Perón au pouvoir, qui avait été chassé par un coup d'Etat catholique-nationaliste, il est brièvement emprisonné. Il obtient en 1958 son diplôme de droit à Córdoba, puis devient conseiller juridique pour un syndicat de Rioja (nord-est).

Gouverneur de La Rioja élu en 1973, il est congédié après le coup d'Etat de 1976 et assigné à résidence jusqu'en 19811, deux ans avant le retour de la démocratie, puis est réélu gouverneur de Rioja en 1983. Il octroie alors des avantages fiscaux aux entreprises, et fait partie en 1984 du groupe des « réformateurs » du Parti justicialiste (PJ) aux côtés de Carlos Ruckauf et d'Antonio Cafiero, élu gouverneur de Buenos Aires en 1987 et président du Conseil national du justicialisme. En 1988, il remporte l'élection primaire au sein du PJ avec son co-listier Eduardo Duhalde, devançant Cafiero et son co-listier José Manuel de la Sota.

Après une grave crise économique marquée par l'hyperinflation, il est élu président en 1989, succèdant au radical Raúl Alfonsín. L'économie argentine souffrait de récession et d'hyperinflation. Il mène une politique libérale en privatisant les sociétés publiques. Il décida aussi la convertibilité peso/dollar qui eut pour effet de diminuer l'inflation et l'afflux de capitaux étrangers. La croissance revint mais le chômage restait important. Il ordonne la « dollarisation » de l'économie en 1992, en créant le « nouveau peso » qui remplace, le 1er janvier 1992, l'austral, lui-même créé en 1985), ce qui ramène le taux d'inflation de 140 % en 1990 à des valeurs inférieures à 10 % en 1992.

Toutefois la politique de privatisation profite avant tout aux entreprises étrangères (implantations de Suez, Ford, Carrefour, etc.) et le gouvernement est accusé de brader les entreprises nationales (notamment Aerolíneas Argentinas ou la firme d'aviation militaire FMA, vendue à Lockheed Martin) aux étrangers ; l'allègement du secteur public est douloureux. Il privatise les retraites en créant en 1993 l'Administradora de Fondos de Jubilaciones y Pensiones (AFJB). Plusieurs de ces décisions furent annulées sous Cristina Kirchner, élue en 2007.

Les inégalités explosent : les classes aisées ayant des capitaux à l'étranger s'enrichissent fortement, la classe moyenne profite de la période de prospérité de 1992 à 1998. Cependant, la protestation est forte au sein des « laissés-pour-compte » du miracle économique et des retraités, dont la pension de retraite a été fortement réduite. Dans le même temps, Menem favorise l'endettement des ménages. En parallèle, à cause de la monnaie surévaluée, le déficit de la balance courante s'accroît. Sur le plan régional, il participe à la création du Mercosur en 1991, avec le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

En octobre 1990, Menem gracie 164 Carapintadas, militaires d'extrême-droite impliqués dans des tentatives de coup d'État entre 1987 et 1990. Le 3 décembre 1990, Mohamed Alí Seineldín, membre de l'unité spéciale de la Marine argentine (groupe Albatros), organise une nouvelle mutinerie. Malgré l'échec de la rébellion, quelques jours plus tard, Menem offre son pardon aux généraux Jorge Rafael VidelaEmilio Massera, Leopoldo Galtieri ainsi qu'à d'autres hauts responsables de la dictature, dont le général Díaz Bessone, Santiago Omar Riveros ou Luciano Benjamín Menéndez, le 19 décembre 1990. Les généraux avaient été condamnés en 1985 à l'issue du Procès de la junte, avant que n'interviennent les lois d'amnistie dite du « Point final » (1986) et du « Devoir d'obéissance » (1987), votées sous le gouvernement d'Alfonsin (et révoquées en 2005). La décision de Menem avait été lourdement critiquée par l'ex-président Raul Alfonsin, qui avait pourtant fait voter les lois d'amnistie.

Menem abolit le service militaire obligatoire. Il est accusé d'avoir manipulé le pouvoir judiciaire notamment en augmentant le nombre de juges de la Cour suprême. Il est réélu en 1995 suite à une réforme de la Constitution, qui interdisait deux mandats successifs. La réforme est votée avec l'aide de l'Union civique radicale (UCR), alliance concrétisée dans le pacte de l'Olivo. Sous son deuxième mandat la situation économique s'aggrave avec la baisse du dollar. Menem a signé trois décrets secrets qui ont permis à l'armée argentine de vendre 6 500 tonnes d'armes à la Croatie et à l'Équateur, qui étaient alors tous deux sous embargo5. Pour cette raison il a été assigné à résidence pendant cinq mois en 2001 pour association illégale avant d'être libéré par des juges qu'il avait nommés6, et a été inculpé de nouveau en septembre 2007 par le juge Rafael Caputo. En tant que sénateur (et ce jusqu'en 2014) Menem bénéficie d'une immunité contre l'emprisonnement.

Selon l'ex-ministre de l'économie argentin, Domingo Cavallo, Monser Al Kassar a été l'intermédiaire de ce trafic d'armes à destination de la Croatie. C'est sous sa présidence qu'a lieu en 1994 l'attentat de l'AMIA (85 morts), deux ans après l'attaque contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires (29 morts). L'enquête, particulièrement longue, s'oriente d'abord vers une piste intérieure (la Bonaerense, ou police de Buenos Aires), avant d'aboutir, sous la présidence de Nestor Kirchner, à un dossier complexe accusant l'Iran. Le juge fédéral Juan José Galeano, chargé de l'enquête, est forcé de démissionner suite à son implication dans des pots-de-vin versés à l'un des accusés de la police de Buenos Aires. Kirchner reconnaît, en 2005, la « responsabilité de l'Etat » dans le déroulement tortueux de l'enquête. Menem a été critiqué pour une implication possible dans ces affaires. Un témoignage, émanant d'Abdolghassem Mesbahi, l'une des sources principales des accusations contre l'Iran, affirmait que Téhéran avait versé 10 millions de dollars à Menem pour qu'il fasse dévier l'enquête.

Selon le rapport des procureurs chargés de l'affaire, remis en 2005, l'attentat aurait été organisé par Téhéran en représailles contre la suspension unilatérale, par Menem, en 1991, de l'assistance technologique nucléaire jusque-là accordée à l'Iran. Cependant, la véracité de ces conclusions a été mise en doute par l'ensemble de la presse argentine. Gareth Porter relève en particulier que le rapport d'inculpation lui-même tend à rendre incompréhensible la thèse iranienne. En effet, le rapport montre que la coopération s'est poursuivie, Buenos Aires continuant à livrer de l'uranium faiblement enrichi à Téhéran. En outre, au moment de l'attentat, des négociations pour reprendre à plein régime les trois accords de coopération nucléaire étaient en cours. L'Iran a attendu 1996 avant de déclarer qu'elle allait prendre des mesures légales contre la rupture des deux contrats avec l'Argentine.

Menem a été inculpé en 2009-2010, avec son frère, le tout nouveau chef de la police métropolitaine de Buenos Aires, et d'autres proches, pour entrave à la justice et pour avoir empêché les enquêtes concernant l'AMIA. Il laisse la place en 1999 à Fernando de la Rua, qui démissionne après les manifestations des 19 et 20 décembre 2001, consécutives à l'éclatement de la crise économique de 2001. Les politiques économiques de Menem ont été jugées comme étant l'une des causes majeures de la crise. Il s'est marié à Cecilia Bolocco, ancienne Miss Univers, le 26 mai 2001, et a eu un garçon, Máximo Saúl, né à Santiago le 19 novembre 2003. Mais il se sépare de Bolocco en 2003, pour entamer une procédure de divorce en 2007.

Il s'est présenté à la présidence en 2003 et obtint 25 % des voix au premier tour, le 27 avril 2003. Il se retire ensuite pour le deuxième tour (le 18 mai 2003), constatant un retard important dans les sondages face à son concurrent, Néstor Kirchner. Il prétend aussi avoir reçu des menaces de mort s'il maintenait sa candidature. Il est depuis 2007 membre du Frente Justicia, Unión y Libertad (FREJULI), un secteur péroniste dissident de droite, qui s'oppose au kirchnérisme et au Front pour la victoire (centre-gauche) au pouvoir.

Videla Jorge Rafael

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Jorge Rafael Videla, né à Mercedes, dans la province de Buenos Aires le 2 août 1925, est un général et homme politique argentin. 

Videla Jorge Rafael

Il dirigea l'Argentine et la guerre sale, après le coup d'État militaire du 24 mars 1976 qui destitua Isabel Peron. En 1981, il céda la présidence de la junte au général Roberto Eduardo Viola. Il a été placé en résidence surveillée au retour de la démocratie en 1983 puis condamné à la prison à perpétuité lors du Procès de la junte de 1985. Amnistié en 1989 par le président Carlos Menem, son dossier est rouvert en 2007.

Né d'un père colonel, il obtient un diplôme du Collège militaire de la nation en 1944 puis entame sa carrière militaire. Après avoir travaillé au ministère de la défense de 1950 à 1962, il prend la direction de l’académie militaire en 1962. En 1960, il aurait assisté à une réunion à Madrid de la Cité catholique, en présence de l'ex-aumônier militaire Georges Grasset, proche de l'OAS. En 1971, Videla devient général. Deux ans plus tard, il devient chef d’état-major avant d’être nommé commandant en chef de l’armée argentine, en 1975, sous la présidence d’Isabel Peron, qui a succédé à son époux.

Le 24 mars 1976, Videla, à la tête d'une junte militaire, s’empare du pouvoir. La junte restera en place jusqu'au 10 décembre 1983. Elle se compose dans un premier temps de Videla, du commandant de la marine, l’amiral Emilio Massera et du commandant des forces aériennes, le Brigadier-général Ramón Agosti. Videla cède la présidence de la junte au général Roberto Viola en 1981.

Les militaires argentins répriment brutalement l'opposition de gauche, lors de la prétendue « guerre sale », qui n'eut de guerre que le nom : les guérillas (l'ERP et les Montoneros) étaient déjà démantelées en mars 1976, et les militaires s'attaquèrent aux opposants civils : politiques, syndicalistes, prêtres et nonnes - Alice Domon et Léonie Duquet, etc. - Mères de la place de mai) ainsi qu'à leurs familles, leurs enfants, leurs amis, leurs voisins, etc. Cette entreprise aujourd'hui qualifiée par la justice argentine de « génocide » (voir par exemple la condamnation, en 2008, du général Antonio Domingo Bussi), fut justifiée par la junte au nom d'un anti-communisme virulent, lié à un national-catholicisme prétendant défendre la grandeur de la « civilisation catholique occidentale » contre les « rouges » et les « juifs ». 30 000 personnes furent victimes de disparitions forcées sous la dictature, 500 centres clandestins de détention et de torture créés, tandis qu'environ 500 000 personnes furent contraintes à l'exil, qui plus est clandestin dans les premières années de la junte, qui refusait alors de délivrer des visas de sortie.

Au cœur de la dictature, c'est lui qui remet la coupe du monde de football 1978 au capitaine de l'équipe argentine, Daniel Passarella, El Pistolero. Cette coupe du monde s'est déroulée au moment même où les tortures et assassinats s'exécutaient dans les sous-sols de l'ESMA (École supérieure de mécanique de la Marine), à proximité des stades de Buenos Aires où se jouaient les matches dans la liesse populaire. Affaiblie par sa cuisante défaite face au Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines, la junte cède en 1983 la place à un gouvernement civil démocratiquement élu avec pour président le radical Raúl Alfonsín. Videla est jugé avec d'autres membres de la junte, ainsi que d'ex-guérilleros, lors du Procès de la Junte de 1985, et condamné à la perpétuité. Entre autres affaires, on le juge coupable d'homicides dans le massacre de Margarita Belén. Amnistié en 1989 par le président Carlos Menem, cette grâce fut annulée en 2007 par un tribunal, sentence confirmée en appel en juin 2009 (la Cour suprême ne s'est pas encore exprimée).

Videla doit ainsi être jugé, en 2010, dans quatre procès différents: celui de l'Opération Condor (tribunal fédéral n°1), le procès TOF6 qui concerne le vol systématique des bébés des détenues-« disparues », qui étaient délivrés à des familles de militaires et de policiers, le procès Kamenetzky à Santiago del Estero, et enfin le procès à Córdoba, où il est accusé avec le général Luciano Benjamín Menéndez, les « groupes de travail » du Destacamento de Inteligencia 141 et du Département d'Information (D2, police politique) de la police provinciale, de la torture et du meurtre de 32 prisonniers politiques à la prison de Córdoba et au centre clandestin de détention du Service de renseignement de la police.

Bénéficiant d'une assignation à résidence de 1998 à 2008, celle-ci fut annulée par le juge fédéral Norberto Oyarbide, en charge de l'enquête sur l'Opération Condor, qui l'a fait transférer à la prison de Campo de Mayo en octobre 2008. Par ailleurs, à la suite de l'identification, par l'Equipe argentine d'anthropologie judiciaire (EAAF), de la dépouille de l'argentin-allemand Rolf Nasim Stawowiok, un jeune militant de 20 ans de la Jeunesse péroniste qui fut enlevé le 21 février 1978 puis enterré anonymement, un magistrat allemand de Nuremberg a ouvert une enquête contre l'ex-dictateur.

Opération Condor

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L’opération Condor (Operación Cóndor) est le nom donné à une campagne d'assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay au milieu des années 1970. 

Opération Condor

Les dictatures militaires alors en place en Amérique latine — dirigées à Santiago du Chili par Augusto Pinochet, à Asuncion par Alfredo Stroessner, à Buenos Aires par Jorge Rafael Videla, à Montevideo par Juan Bordaberry, à Sucre par Hugo Banzer et à Brasilia par Ernesto Geisel —, ont envoyé des agents secrets poursuivre et assassiner les dissidents politiques jusqu'en Europe (France, Italie, Portugal, Espagne,...) et aux États-Unis (phase 3 de l'opération Condor, qui culmina avec l'assassinat d'Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende, en septembre 1976 à Washington D.C.).

Diverses techniques de terreur étaient employées par les services secrets, allant de la noyade jusqu'à la transmission d'enregistrements sonores de cris de proches torturés aux « vols de la mort » au-dessus du rio de la Plata. La terreur d'État visait explicitement les « guérilleros terroristes gauchistes » (Tupamaros en Uruguay, Mouvement de la gauche révolutionnaire chilienne, Montoneros en Argentine, etc.) au nom de la dite « doctrine de sécurité nationale », bien qu'elle ait en réalité touché n'importe quel « dissident potentiel » ainsi que leurs proches (famille et amis). L'État argentin a d'ailleurs cherché à justifier les actes de terrorisme commis au début des années 1980 en invoquant la « théorie des deux démons », qui mettait sur un pied d'équivalence les crimes commis par les juntes militaires et leurs escadrons de la mort et l'action révolutionnaire des groupes armés de gauche.

Lílian Celiberti, qui fut emprisonnée avec son mari plusieurs années après avoir été enlevée au Brésil par des militaires uruguayens avec la complicité de la junte brésilienne. Ici au Forum social mondial de Porto Alegre, 2010. Le plan a d'abord concerné le Chili, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay, la Bolivie et le Brésil. Au début des années 1970, la Bolivie, l'Uruguay (coup d'État de juin 1973) et le Chili (coup d'État du 11 septembre 1973), deviennent des dictatures militaires, alors que le Brésil, l'Argentine (« Révolution argentine » de 1966 à 1976 puis coup d'État de mars 1976) et le Paraguay subissent déjà des régimes dictatoriaux depuis des années. À la même époque, les théories socialistes (en général, avec des variantes marxistes, nationalistes et anti-impérialistes selon les pays) reçoivent un écho de plus en plus favorable dans le sous-continent, sous l'influence, notamment, de la Révolution cubaine.

Quelques années avant la mise en place de l'opération Condor, la répression organisée avait déjà permis à la junte brésilienne, alors dirigée par le général Médici, de démanteler en 1972 une organisation révolutionnaire : le MR-8 (Mouvement révolutionnaire du 8 octobre) dont la plupart des membres ont disparu. Trois ans plus tard, la guérilla de l'Araguaia était aussi anéantie, dans le plus grand silence. Ceux ayant pu s'enfuir ont ensuite été traqués dans toute l'Amérique latine. Contrairement à une idée reçue, le coup d'État de 1964 au Brésil n'a pas été une réponse à des mouvements de guérilla: comme le note la journaliste Marie-Monique Robin, à la création du Centre d'instruction de la guerre dans la jungle de Manaus, en 1964, destiné à enseigner les méthodes de contre-insurrection, « il n'y a au Brésil ni guérilla ni mouvement armé de gauche, ceux-ci naissant bien après le coup d'État de 1964, en réaction précisément à la dictature militaire ».

Dès le coup d'État du 11 septembre 1973, la DINA commença à collaborer avec des services étrangers, notamment argentins et paraguayens. Elle bénéficia ainsi de complicités au sein des forces de sécurité argentines lors de l'assassinat, en septembre 1974, du général Carlos Prats à Buenos Aires. En mai 1975, Jorge Fuentes, membre du MIR arrêté avec Amilcar Santucho alors qu'il tentait de passer d'Argentine au Paraguay, afin de contacter des militants locaux au nom de la Junte de coordination révolutionnaire (JCR, une ébauche de coordination entre différentes guérillas), fut arrêté par les services paraguayens. Selon le journaliste John Dinges, « La gestion du cas Santucho-Fuentes créa le moule dans lequel, six mois plus tard, serait coulée l'opération Condor. »

L'interrogatoire et la torture des deux militants furent en effet effectués en coordination avec les services argentins (représentés en particulier par José Osvaldo Riveiro du bataillon d'intelligence 601) et chiliens, tandis que l'agent du FBI Robert Scherrer fut informé par les plus hauts responsables de sécurité paraguayens, le général Benito Guanes et le chef du DIPC Pastor Coronel. Scherrer informa le général chilien Ernesto Baeza de l'arrestation des deux militants, qui envoya immédiatement des agents de la DINA sur place, tandis que le FBI lançait une enquête sur des militants présumés de la JCR exilés aux États-Unis. En septembre 1973, un mois avant la réunion fondatrice de l'opération Condor, Fuentes fut transféré à la Villa Grimaldi au Chili. Le 25 novembre 1975, une réunion des responsables de la police secrète des différents pays, inaugurée par Pinochet, officialise l'opération Condor. Sont présents le général Manuel Contreras (DINA chilienne), Jorge Casas (Argentine), le major Carlos Mena (Bolivie), le colonel Benito Guanes Serrano (Paraguay), le colonel José A. Fons (Uruguay) ainsi que les brésiliens Flávio de Marco, lieutenant-colonel, et Thaumaturgo Sotero Vaz, major, les deux étant des vétérans des combats contre la guérilla de l'Araguaia, envoyés par le général Geisel en tant qu'observateurs. Contacté par Contreras, la DISIP venézuélienne ne participa pas à cette réunion ni à l'opération Condor en général, le président Carlos Andrés Pérez opposant son veto.

En Argentine, l'« Alliance anticommuniste argentine » (ou Triple A) participe aux opérations, ainsi qu'en Uruguay les différents escadrons de la mort. Le vice-chef de la police fédérale argentine, Alberto Villar, était le contact argentin des services étrangers opérant sur le territoire national, et le colonel José Nino Gavazzo (condamné dans les années 2000), chef de la branche uruguayenne de Condor. Fin 1975, 119 militants chiliens du MIR sont tués par un escadron de la mort, la Triple A dirigée par le ministre José López Rega. La presse présente alors le massacre comme un affrontement entre des factions d'extrême-gauche; en réalité, les exécutions étaient planifiées depuis mai 1975 sous le nom d'« Opération Colombo », et des noms de militants chiliens furent accolés aux cadavres de desaparecidos argentins. L'ancien sénateur Zelmar Michelini et l'ancien président de la chambre des députés d'Uruguay Héctor Gutiérrez Ruiz sont retrouvés morts le 22 mai 1976 à Buenos Aires, en même temps que les Tupamaros William Whitelaw et Rosario del Carmen Barredo. Les escadrons de la mort uruguayens opéraient en effet en Argentine, où ils étaient soutenus par la SIDE. Le 25 mai 1976, l'ambassadeur américain Robert Hill met en garde la junte militaire. Dans un câble adressé à Washington, il écrit ainsi :

« Je sollicite l'autorisation de dire les choses suivantes: les États-Unis sont très favorables à la politique de modération annoncée par le Videla (...) Nous comprenons très bien que l'Argentine s'est engagée dans une lutte sans merci contre la subversion. Il y a toutefois certains critères que les gouvernements attachés à l'État de droit ne peuvent en aucun cas négliger. À commencer par le respect des droits de l'homme. La poursuite des activités des escadrons de la mort de la Triple A, qui ont récemment assassiné Michelini, Gutiérrez Ruiz et des dizaines d'autres personnes et ont enlevé un membre du Comité Fulbright, Mlle Elida Messina, portent préjudice à l'image généralement positive du gouvernement argentin à l'étranger. Ces groupes semblent opérer en toute impunité et seraient de l'avis général liés aux forces de sécurité argentines. »

Le lendemain de cet avertissement équivoque, on retrouve dans les environs de Buenos Aires le corps de l'ex-président de la Bolivie, Juan José Torres. Henry Kissinger, conseiller à la sécurité nationale, se rend à Santiago, le 8 juin 1976, pour la conférence annuelle de l'Organisation des États américains (OEA). Alors que le Congrès se prépare à voter l'amendement Kennedy, et que des pressions insistantes s'y font pour couper les crédits militaires au Chili, et bloquer une vente d'avions de chasse F-5E, Kissinger fait un discours public sans concessions au sujet des droits de l'homme. Toutefois, en privé, il a prévenu Pinochet, lui disant en substance qu'il était contraint de faire ce discours pour des raisons de politique intérieure, mais que le soutien de la Maison Blanche vis-à-vis de Santiago était complet8. Cette réunion confidentielle entre Kissinger et Pinochet eut lieu en présence de William D. Rogers, secrétaire adjoint aux Affaires interaméricaines, et, du côté chilien, le ministre des Affaires étrangères Patricio Carvajal, l'ambassadeur chilien aux États-Unis Manuel Trucco, et l'homme d'affaires Ricardo Claro. Le contenu de la conversation fut déclassifié en 1998 à la demande de la journaliste Lucy Komisar.

Au même moment, le MIR ayant été décapité, Manuel Contreras organise la première phase de la rafle de Calle Conferencia contre la direction clandestine du Parti communiste chilien, qui soutenait alors une ligne de lutte politique (non armée) contre le régime. Une semaine plus tard, se tient une réunion au plus haut niveau des représentants de Condor, avec onze délégués présents, dont Contreras et Pedro Espinoza, ainsi que l'argentin José Osvaldo Riveiro, des brésiliens et des uruguayens. Ayant décapité la JCR et pourchassé avec succès les opposants au sein du Cône sud, les services secrets décident de passer à la « phase 3 » de Condor : les opérations d'assassinat en-dehors des pays membres. Le 21 septembre 1976, Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende est assassiné à Washington, D.C. lors d'un attentat à la bombe commis par Michael Townley. En décembre 1976, c'est l'abandon des missions d'assassinat à l'extérieur du sous-continent sud-américain, dites également de « phase 3 ».

Après le massacre d'Ezeiza le jour du retour du général Perón en Argentine (juin 1973) puis le coup d'État militaire de mars 1976, la junte de Buenos Aires, dirigée par Jorge Videla, participe aux opérations avec Santiago. Selon un câble de la DINA publié par les National Security Archive lors de la commémoration des trente ans de la dictature, le bataillon secret de police 601 comptait « 22 000 personnes mortes ou disparues, depuis 1975 à la date présente [juillet 1978] ». Comme des milliers d'autres « desaparecidos », les Uruguayens Jorge Zaffaroni et Maria Emilia Islas de Zaffaroni, peut-être membres des Tupamaros, disparaissaient à Buenos Aires le 29 septembre 1976, enlevés par le bataillon 601 qui les remet à l'OCOAS (Organismo Coordinador de Operaciones Anti-Subversivas, l'Organe de coordination des opérations anti-subversives) uruguayen. D'autres rapports rendus publics à la même occasion prouvent l'existence d'opérations visant à anéantir le groupe de résistants uruguayens OPR-33 (groupe armé de la Fédération anarchiste uruguayenne) à travers l'Opération Condor. Ils montrent que depuis mai 1976, la police secrète de Montevideo surveille des douzaines de guérilleros membres de l'OPR-33 et basés à Buenos Aires. Selon un câble de la DIA américaine de la mi-septembre 1976, une délégation de généraux argentins se rend alors à Montevideo pour coordonner les opérations entre les deux régimes. Un autre câble de la DIA, daté d'octobre 1976, signale que par une opération conjointe la SIDE argentine et la police uruguayenne ont détruit l'OPR-33.

En 1978, l'Équateur et le Pérou se joignent à la coalition. En juin 1980 a lieu la dernière opération connue de l'opération Condor avec l'enlèvement de militants argentins des Montoneros au Pérou. L'opération Condor a été une étape très importante dans l'évolution des méthodes de répression et de contre-insurrection (bien que dans de nombreux pays, en particulier en Argentine et en Uruguay, les guérillas étaient déjà démantelées au moment de l'intensification de la répression par les dictatures militaires). L'un des aspects les plus novateurs est le secret entourant l'opération : la répression s'est organisée dans une discrétion absolue, aucune information ne devait filtrer des centres clandestins de détention, les victimes étaient le plus souvent achevées et leurs dépouilles éliminées, par exemple en les jetant à la mer (« vols de la mort ») ou en les brûlant. On parle de desaparición forzada (disparition forcée).

En Argentine, environ cinq cents enfants, généralement nés en captivité, ont été enlevés à leurs parents pour être confiés à des couples stériles, politiquement proches du pouvoir. Des enfants uruguayens ont aussi été confiés à des militaires ou policiers argentins, d'autres abandonnés au Chili. Des enfants uruguayens restent, à ce jour, desaparecidos. Beaucoup d'Uruguayens exilés d'abord au Brésil et au Chili, puis en Argentine, ont disparu de façon permanente en Argentine (on estime que 142 desaparecidos uruguayens sur 180 l'ont été en Argentine). La question de l'implication d'États non sud-américains dans cette opération fait l'objet de controverses. Elles touchent notamment la question du niveau d'implication des États-Unis et de la France.

États-Unis

Ronni Moffitt, l'assistante de l'ex-ministre Orlando Letelier, tous deux assassinés à Washington DC le 21 septembre 1976 par la DINA. L'affaire provoqua certaines tensions entre les États-Unis et le Chili. Le journaliste britannique Christopher Hitchens soutient que les États-Unis ont été complices de l'opération Condor tout comme le journaliste uruguayen Eduardo Galeano qui estime qu'ils ont soutenu cette forme de terrorisme d'État. Pour la journaliste Marie-Monique Robin, Henry Kissinger savait et n'a rien fait. Dans le cadre d'une politique internationale anti-communiste, Henry Kissinger, secrétaire d'État du gouvernement Nixon, a été impliqué dans les relations diplomatiques avec les gouvernements de l'époque.

Le New York Times a publié le 6 mars 2001 un câble de la Central Intelligence Agency (CIA) daté de 1978, envoyé par l'ambassadeur américain au Paraguay, Robert White, qui suggère que la communication des chefs de services d'espionnage d'Amérique latine, qui se trouvaient collaborer sur Condor, transitaient par un centre de communication américain. Selon la National Security Archive, la communication publiée par le NYT « suggère » un rôle des États-Unis dans l'opération Condor. Pour les historiens Peter Kornbluh et J. Patrice McSherry, qui essaient d'établir depuis longtemps l'implication américaine, le document soulève des questions sur la connaissance et le rôle des États-Unis dans Condor, et offre un nouvel indice d'une collaboration secrète des États-Unis à Condor. J. Patrice McSherry soutient que Kissinger a donné en 1976, au cours d'une série de rencontres avec les pays concernés par l'Opération Condor, « carte blanche » à leurs équipes dirigeantes.

Le chef de la DINAManuel Contreras, a reçu de l'argent en au moins une occasion de la part de la CIA, laquelle indique que ce versement était une erreur. D'autre part, dans un cas au moins, des fonctionnaires américains en poste en Argentine (notamment l'agent du FBI Robert Scherrer) ont aidé les services argentins à interroger des opposants au Paraguay, aidés par la police paraguayenne. Ils ont transmis ensuite les informations recueillies lors de l'interrogatoire aux services chiliens.

France

La France pourrait également avoir une responsabilité dans l'exportation des techniques de guerre subversive utilisées pendant la guerre d'Algérie. De nombreux anciens membres de l'OAS ont trouvé refuge en Amérique latine. Comme l'a reconnu Pierre Messmer alors ministre des Armées, le gouvernement français a mis en place de 1959 à 1981 une mission militaire française permanente à Buenos Aires qui fournissait des conseillers aux troupes argentines. Des contacts ont également pu exister avec d'autres pays : le général Paul Aussaresses a ainsi été attaché militaire au Brésil en 1973, et enseigna au Centre d'instruction de la guerre dans la jungle (CIGS).

Dans un documentaire de Marie Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française, le général Contreras, ex-chef de la DINA, y déclare notamment : « C’est la DST qui a le plus coopéré. C’était un service de renseignement ami. » Peu après les députés Noël Mamère, Martine Billard et Yves Cochet présentent une proposition de résolution « tendant à la création d'une commission d'enquête sur le rôle de la France dans le soutien aux régimes militaires d'Amérique latine entre 1973 et 1984.». La commission des Affaires étrangères, alors présidée par Édouard Balladur, est chargée d'examiner la recevabilité de cette proposition. Le député UMP Roland Blum, chargé du travail de la Commission, refuse d'entendre Marie-Monique Robin, et publie en 2003 le rapport no 1295 du 24 décembre 2003, qui refuse la création d'une commission d'enquête, au motif que :

« (...) les allégations portées sur le rôle de la France en Amérique latine dans les années 1970 sont sans fondement sérieux. Elles reposent en effet largement sur des raccourcis discutables liés à la prétendue invention par l'armée française du concept de "guerre subversive". Dans ces conditions, il ne semble pas opportun de créer une commission d'enquête sur le rôle que la France aurait joué dans la répression menée par les dictatures latino-américaines entre 1973 et 1984, qu'elle a toujours condamnées. » Lors de son voyage au Chili en février 2004, Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, nie toute coopération entre la France et les dictatures latino-américaines.

S'appuyant sur ce même documentaire, l’amiral argentin Luis Maria Mendia, idéologue des « vols de la mort » lors de la « sale guerre » menée par la dictature argentine de 1976 à 1983, a demandé en janvier 2007, au cours de son procès pour crimes contre l’humanité, à l'ex-président Valéry Giscard d’Estaing, à l’ancien premier ministre Pierre Messmer, à l’ex-ambassadeur à Buenos Aires François de la Gorce et à tous les officiels en place à l’ambassade de Buenos Aires entre 1976 et 1983 de comparaître devant la cour en tant que témoins. Alfredo Astiz, l’ « ange de la mort », avait émis une requête similaire lors de son procès.

En Argentine, le mouvement des mères de la place de Mai manifeste tous les jeudis à Buenos Aires depuis 1977 pour obtenir justice. Lors du retour de ces pays à la démocratie, dans les années 1980 les anciens militaires ont fait voter des lois d'amnistie. L'amnistie d'Augusto Pinochet a été annulée le 2 décembre 2004 par la cour suprême du Chili, qui a finalement mis fin aux poursuites engagées le 15 septembre 2005. Pinochet a été ensuite mis en examen pour évasion fiscale, enrichissement illicite, malversation de fonds publics et falsification de documents, mais les poursuites contre lui se sont éteintes avec sa mort, le 10 décembre 2006.

Liste de victimes

  • Martín Almada, éducateur au Paraguay, arrêté en 1974, torturé 3 ans de suite.
  • Víctor Olea Alegría, membre du Parti socialiste chilien, arrêté le 11 septembre 1974, « disparu » (le chef de la DINA Manuel Contreras a été condamné en 2002 pour ce crime).
  • Général Carlos Prats, prédécesseur de Pinochet à la tête de l'armée, assassiné à Buenos Aires en 1974.
  • William Beausire, homme d'affaires britannique et chilien, enlevé en novembre 1974 à Buenos Aires, transféré au centre de torture Villa Grimaldi au Chili, « disparu ».
  • Bernardo Leighton, chrétien-démocrate qui échappe en 1975 à une tentative d'assassinat à Rome de la part du terroriste italien Stefano Delle Chiaie.
  • Carlos Altamirano, dirigeant du Parti socialiste chilien, ciblé pour assassinat par Pinochet en 1975.
  • Emilio Aragonés, ambassadeur cubain à Buenos Aires, échappe en 1975 à une tentative d'assassinat par le Cubain Orlando Bosch, dirigeant du CORU.
  • Sheila Cassidy, médecin britannique, arrêtée au Chili en 1975 et torturée pour avoir soigné un opposant au régime.
  • Volodia Teitelboim, membre du Parti communiste chilien, ciblé pour assassinat aux côtés de Carlos Altamirano, à Mexico en 1976.
  • Crecencio Galañega Hernández et Jesús Cejas Arias, deux jeunes diplomates cubains ayant disparu en Argentine, après avoir transité par le centre de torture Orletti, le 9 août 1976 ; interrogés par la SIDE et la DINA, avec la connaissance du FBI et de la CIA.
  • Pascal Allende, neveu de Salvador Allende et président du MIR, échappe à une tentative d'assassinat au Costa Rica en mars 1976.
  • Orlando Letelier, ancien ministre chilien, assassiné en 1976 à Washington DC avec son assistante Ronnie Moffitt.
  • Edward Koch, député américain, qui apprend en 2001 les rapports entre des menaces de mort lors des années 1970 et l'Opération Condor.
  • Eduardo Frei Montalva, président (chrétien-démocrate) du Chili de 1964 à 1970, qui, selon des enquêtes actuelles, a été empoisonné au début des années 1980.
  • Juan José Torres, ex-président de la Bolivie, assassiné à Buenos Aires en 1976.
  • Héctor Gutiérrez Ruiz, député uruguayen, assassiné à Buenos Aires en mai 1976.
  • Zelmar Michelini, sénateur uruguayen, assassiné à Buenos Aires en mai 1976.
  • Carmelo Soria, diplomate espagnol, travaillant pour la CEPAL (Nations unies), assassiné le 21 juillet 1976.
  • Jorge Zaffaroni et Maria Emilia Islas de Zaffaroni, potentiellement membres des Tupamaros, « disparus » à Buenos Aires le 29 septembre 1976, enlevés par le Bataillon d'intelligence 601.
  • Dagmar Ingrid Hagelin, jeune fille suédoise (17 ans), sur laquelle Alfredo Astiz tire en 1977, morte par la suite.
  • Le fils et la belle-fille du poète Juan Gelman (le bébé de sa belle-fille ayant été par la suite volé par des militaires uruguayens).

 

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