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Hue Robert

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Robert Hue, né le 19 octobre 1946 à Cormeilles-en-Parisis (Seine-et-Oise), est un homme politique français. secrétaire général (1994-2001), puis président (2001-2003) du Parti communiste français, il est actuellement sénateur du Val-d'Oise et président du Mouvement unitaire progressiste (MUP), proche de la majorité socialiste.

 

Hue Robert

Fils de parents ouvriers et communistes, il va souvent vendre L'Humanité avec son père René, ouvrier maçon. Sa mère, ouvrière textile, a pour nom de jeune fille Raymonde Grégorius. Il étudie au collège d'enseignement technique de Cormeilles-en-Parisis et joue dans le groupe de rock « Les Rapaces » sous le nom de Willy Balton. Il est aussi judoka, champion de France académique 1963, ceinture noire deuxième dan. Dès ses seize ans, en 1962, il adhère à la Jeunesse communiste puis un an plus tard au Parti communiste. Après des études d'infirmier à Paris, il exerce ce métier en psychiatrie au centre de santé d'Argenteuil. Au PCF, fidèle de Georges Marchais, il gravit un à un les échelons et est élu en 1977 maire de Montigny-lès-Cormeilles. Populaire en son fief, il sera constamment réélu par la suite et obtiendra d'autres mandats tels que celui de conseiller régional d'Ile-de-France et conseiller général du Val-d'Oise.

En 1987, il entre au comité central du Parti communiste, puis en 1990 au bureau politique. En 1994, alors qu'il est quasiment inconnu, Georges Marchais fait de lui son successeur : il devient alors secrétaire national du parti. Quelques heures plus tard, il commet à l'occasion un lapsus fameux en annonçant : « Je ne suis pas l'homme de personne ». Poussé par la chute du mur de Berlin et l'érosion idéologique et politique du Parti communiste, Robert Hue entame une politique de mutation du parti dont il vient de prendre la tête : ouverture vers d'autres mouvements, abandon d'un certain nombre de doctrines, création d'un exécutif à deux têtes (il devient président du parti alors que Marie-George Buffet devient secrétaire nationale)… En 1995, il publie un livre afin d'expliquer les réformes internes, Communisme : la mutation.

En avril 1995, Robert Hue est le candidat du PCF à l'élection présidentielle. Il recueille 8,64 % face à la concurrence d'Arlette Laguiller, faisant mieux que le précédent candidat communiste, André Lajoinie lors de l'élection présidentielle de 1988. En 1997, il soutient l'idée de la gauche plurielle qui voit l'arrivée de la gauche au pouvoir lors de la troisième cohabitation. Il devient député de la 5e circonscription du Val-d'Oise, et quelques élus communistes entrent au gouvernement.

Pendant ce temps le PCF continue de perdre du terrain : le nombre d’adhérents passe de 200 000 en 1998 à 138 000 en 2001. En 2001, le parti perd une grande partie de ses bastions lors des élections municipales (par exemple, perte des villes d'Argenteuil, de Colombes, Dieppe, Drancy). Sur le plan judiciaire, un jugement est rendu pour l'affaire CGE, qui concerne le financement occulte du PCF ; Robert Hue fait partie des prévenus relaxés. En 2002, Robert Hue se présente de nouveau à l'élection présidentielle et obtient seulement 3,37 % des suffrages. Jean-Marie Le Pen, qui à la surprise générale est présent au second tour, clame que le « Parti communiste a disparu ». Le score est si mauvais que sa campagne n'est pas remboursée totalement : le parti connaît donc une grave crise financière. Une souscription est lancée alors qu'il quitte la présidence du parti, la laissant aux mains de la secrétaire nationale, Marie-George Buffet. Le poste de président du PCF, créé par lui, cesse d'exister avec son départ. Lors des élections législatives de 2002, il perd son mandat de député face au candidat UMP, Georges Mothron, et il ne le récupère pas lors d'une élection partielle en 2003.

En 2004, Robert Hue fait son retour en politique en étant élu sénateur du Val-d'Oise. Le 28 novembre 2008, il quitte le conseil national du PCF, déclarant qu'il ne quitte pas le parti mais effectue néanmoins une « rupture » avec lui, ne le jugeant « plus réformable ». Il annonce le 9 décembre 2008 la création d’une association politique, le Nouvel espace progressiste (NEP). Moins d'un an plus tard, il annonce la création d'une nouvelle formation politique : le Mouvement unitaire progressiste, distinct du PCF mais autorisant la double adhésion. Des candidats du MUP figureront sur les listes du Parti socialiste lors des élections régionales de mars 2010. Robert Hue, s'estimant « à mille lieues du Parti communiste » et lui-même candidat en Île-de-France, justifie sa démarche par un souci de rassembler l'ensemble de la gauche au delà des clivages, alors que le PCF a choisi dans 17 régions de présenter des candidats sans alliance avec le PS, mais avec d'autres organisations situées à la gauche du PS.

En septembre 2011, Robert Hue est réélu au Sénat pour un second mandat. Il est aujourd'hui membre du groupe du Rassemblement démocratique et social européen et vice-Président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Le 12 avril 2012, Robert Hue apporte son soutien à François Hollande dès les primaires qui précèdent le premier tour de l'élection présidentielle. Après l'élection de celui-ci à la présidence de la République, Robert Hue est un temps pressenti pour entrer au gouvernement. En septembre 2012, il annonce son départ du groupe communiste au Sénat pour le RDSE. Le 28 mars 2013, jour d'une intervention télévisée de François Hollande, Robert Hue indique dans une interview continuer de soutenir le Président de la République et la majorité gouvernementale en affirmant n'être ni social-démocrate, ni communiste mais progressiste.

Robert Hue est président du groupe interparlementaire d’amitié France Afrique du Sud au Sénat. Il a à ce titre rencontré Nelson Mandela a plusieurs occasions (1994, 1996). Robert Hue accompagne Jean-Marc Ayrault en Chine en décembre 2013 et il accompagne François Hollande pour se rendre à Pretoria aux obsèques de Nelson Mandela en décembre 2013. En février 1981, il fera brièvement parler de lui à l'échelle nationale en menant un coup d'éclat contre une famille d'immigrés qu'il dénonce à la vindicte populaire comme trafiquants de drogue, sans autre preuve que la lettre de dénonciation d'une voisine de la famille en question, comme le rappelle Philippe Subra. Cette affaire intervient quelques jours avant un meeting de Georges Marchais à Montigny-lès-Cormeilles. Robert Hue est marié à Marie-Édith, et a deux enfants (Charles et Cécilia) et a dirigé jusqu'à début 2012 la Fondation Gabriel-Péri.


Buffet Marie-George

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Marie-George Buffet, née Marie-George Kosellek le 7 mai 1949 à Sceaux (Hauts-de-Seine), est une femme politique française.

 

Buffet Marie-George

Elle a été ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Jospin (1997-2002), secrétaire nationale du Parti communiste français (2001-2010) et candidate à l'élection présidentielle de 2007. Marie-George Buffet est la fille de Paul Kosellek, d'origine polonaise, et de Raymonde Rayer. Elle passe son baccalauréat en 1967 au lycée Joachim du Bellay d'Angers. Le 29 juin 1972, elle épouse Jean-Pierre Buffet, directeur général de mairie, avec lequel elle a deux enfants. Licenciée en histoire-géographie, elle est employée à la mairie du Plessis-Robinson. Durant ses études, elle est présidente de la Fédération des résidences universitaires de France et membre du bureau national de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF).

Membre du Parti communiste français à partir de 1969, elle devient adjointe au maire de Châtenay-Malabry en 1977. Au Parti communiste, elle gravit tous les échelons et, en 1987, entre au Comité central, puis en 1994 au Bureau national où elle se rallie à Robert Hue, qui succède à Georges Marchais. Durant cette période, elle est rédactrice en chef des Cahiers du Communisme. En 1997, elle entre au Secrétariat national du parti. Lors de la victoire de la gauche plurielle, elle devient député et est nommée ministre de la Jeunesse et des Sports le 4 juin 1997. Elle s'y fait remarquer pour son action contre le dopage et par la mise en place du Conseil national de la jeunesse, une nouvelle instance consultative. En 2001, alors que Robert Hue prend la présidence du parti, fonction nouvellement créée, elle devient secrétaire nationale. Marie-George Buffet quitte son poste ministériel le 5 mai 2002, pour être remplacée par Jean-François Lamour. La même année, le 16 juin, elle est élue député pour la XIIe législature (2002 - 2007), dans la 4e circonscription de la Seine-Saint-Denis.

La démission de Robert Hue de sa fonction de président, en 2002, marque la fin de la codirection et la laisse seule à la tête du PCF. En 2004, elle est tête de la liste du PCF aux élections régionales en Île-de-France dans une démarche cherchant à rapprocher le PCF de divers acteurs des mouvements sociaux (Alternative citoyenne, Les Alternatifs, Association de la gauche républicaine, etc.) sous l'étiquette Gauche populaire et citoyenne. Militante féministe, elle participe aux diverses actions de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (CADAC) et aux Assises des droits des femmes. En vue des élections présidentielle et législatives de 2007, elle s'engage dans la démarche de rassemblement antilibéral opérée autour d'environ 700 collectifs locaux dans toute la France, et d'organisations et de personnalités impliquées dans la campagne victorieuse pour le non au projet de Traité établissant une Constitution pour l'Europe lors du référendum du 29 mai 2005, regroupées au sein du Collectif national d’initiative pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes (son parti a signé l'appel du 11 mai 2005). 

Candidate à l'investiture des collectifs, elle est placée en tête par la majorité de ceux-ci lors de leur consultation, malgré la contestation d'adversaires pour qui le Parti communiste aurait effectué un « coup de force » en tentant de « s'approprier » les collectifs1. Les modalités de vote prévoyaient cependant un « double consensus » (au sein des collectifs, puis des organisations). Le 10 décembre, sa candidature n'étant pas consensuelle parmi les organisations du collectif national, le rassemblement antilibéral se trouve dans l'impossibilité de désigner un candidat.

Le PCF consulte ses militants le 20 décembre sur le maintien ou le retrait de la candidature de Marie-George Buffet. Les militants décident, dans un vote interne (à plus de 81 %), de la présenter « pour porter le rassemblement antilibéral à l'élection présidentielle ». Le lendemain, un collectif national se tient et constate que le désaccord entre les organisations parties prenantes du rassemblement persistait, et prenant acte qu'il n'y aurait pas de candidature unique de la gauche antilibérale à la présidentielle de 2007 (mais certains collectifs font depuis le choix de soutenir la campagne de Marie-George Buffet). Marie-George Buffet déclare, le 22 décembre à la télévision, qu'elle entre en campagne, puis se met en congé de la direction du PCF le 4 janvier 2007. Ainsi, elle affirme ne pas se présenter en tant que candidate du seul PCF, mais comme la candidate d'un « rassemblement populaire et antilibéral », laissant la porte ouverte aux autres organisations. Elle prend comme slogans, au cours de sa campagne : « Vivre mieux, on y a droit », puis « Une gauche courageuse, ça change la vie ! » et « Le 22 avril, le vote de gauche : Marie-George Buffet ».

Elle est remplacée par un collectif de direction de cinq personnes, le temps de la campagne : dans une optique de rassemblement, le but était d'élargir au-delà du seul électorat communiste. Le 5 janvier 2007, elle fait sa déclaration de candidature dans une école de sa circonscription du Blanc-Mesnil, en présence de militants du PCF mais aussi de syndicalistes (Didier Le Reste, Jean-Paul Israël) et de militants associatifs (Mouloud Aounit, président du MRAP, Camille Barré, militante LGBT). Elle obtient largement les parrainages nécessaires, ainsi que le soutien public de près de 5 000 élus locaux. Elle se porte donc candidate à l'élection présidentielle de 2007.

Le 22 avril 2007, après une campagne concentrée sur la nécessité de créer une majorité et un gouvernement portant un projet véritablement à gauche (son programme ambitionnait notamment une hausse générale des salaires, de nouveaux services publics démocratiques, une sécurisation de l'emploi et de la formation permettant d'en finir avec le chômage, la régularisation des sans-papiers, une VIe République, etc.), elle est créditée de 1,93 % des voix au premier tour, soit le pire score jamais enregistré par un candidat communiste à cette élection, et arrive en 7e position (sur 12), après Philippe de Villiers et devant Dominique Voynet. Réélue secrétaire nationale par un conseil national le 24 avril, elle prend l'initiative de proposer la tenue d'un congrès extraordinaire avant la fin de l'année, pour que l'ensemble des communistes puissent se poser les questions du rôle, de l'utilité et de la visée du Parti communiste aujourd'hui.

En 2008, elle participe à la création du Front de gauche - avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et la Gauche unitaire de Christian Piquet - dans la perspective des élections européennes de 2009. Lors du XXXVe congrès du PCF, du 18 au 20 juin 2010, Pierre Laurent lui succède au secrétariat national du PCF. Le 17 juin 2012, elle est réélue députée dans la 4e circonscription de la Seine-Saint-Denis. Talonnée au premier tour par candidate socialiste Najia Amzal, elle bénéficie de son désistement au deuxième tour où elle reste seule en lice.

Lajoinie André

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André Lajoinie est un homme politique français né le 26 décembre 1929 à Chasteaux (Corrèze).

André Chassaigne, André Lajoinie et Jean-Claude Mairal hier après-midi sur les hauteurs de Vichy

André Chassaigne, André Lajoinie et Jean-Claude Mairal hier après-midi sur les hauteurs de Vichy

Membre du Parti communiste français (PCF), il est élu au Comité central en 1973, au Bureau politique en 1976 et au Secrétariat du Parti en 1982. Il fut candidat à l'Élection présidentielle française de 1988, réunissant 6,76 % des voix au premier tour. Après des tentatives d'implantation électorales non couronnées de succès en Corrèze, son département d'origine, c'est dans l'Allier qu'il se fait élire, à la fin des années 1970. Député de l’Allier (1978-1993, puis 1997-2002). Président du groupe communiste à l’Assemblée nationale de 1981 à 1993.

Conseiller régional d’Auvergne de 1978 à 1988 et de 1992 à 1998. Ancien Président de l’Association nationale des élus communistes et républicains. Président de la commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale de 1997 à 2002. André Lajoinie est également toujours directeur politique de la revue Économie et politique, la revue marxiste d'économie du PCF. Chevalier de la Légion d'honneur en juin 1996.

Chevènement Jean-Pierre

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Jean-Pierre Chevènement, né le 9 mars 1939 à Belfort (Territoire de Belfort), est un homme politique français qui a été plusieurs fois ministre dans les années 1980 et 1990 et candidat à l'élection présidentielle de 2002. Il est actuellement sénateur du Territoire de Belfort, après avoir été longtemps maire de sa ville natale.

 

Chevènement Jean-Pierre

Cofondateur du Parti socialiste et fondateur du Mouvement des citoyens, il est président d'honneur du MRC du 26 janvier 2003 au 22 juin 2008. Devenu président effectif de ce parti, il est à nouveau président d'honneur depuis le 27 juin 2010. Il est également président de la Fondation Res Publica, signataire de « Gauche avenir » et vice-président du RDSE. Jean-Pierre Chevènement est le fils de Pierre Chevènement, instituteur, et de Juliette Garessus, institutrice. La famille Chevènement est une famille franc-comtoise d'origine suisse (canton de Fribourg), dont le nom était à l'origine Schwennemann, francisé en Chevènement au xviiie siècle.

Lauréat du Concours général en grec et géographie, il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (1960) et ancien élève de l'ENA dans la même promotion (promotion Stendhal 1963-1965) que Lionel Jospin, Jacques Toubon et Ernest-Antoine Seillière. Il est aussi diplômé d'allemand de l'Université de Vienne. Il milite alors à « Patrie et Progrès », cercle prônant l’élitisme technocratique qui regroupe gaullistes de gauche favorables à l'Algérie française, dirigé par un autre énarque Philippe Rossillon et financé par les beaux-parents de celui-ci, René Seydoux et Geneviève Schlumberger. À sa sortie l'ENA , il devient attaché puis conseiller commercial au ministère de l'Économie et des Finances (1965-1973). Il préside de 1957 à 1959 la Conférence Olivaint.

Jean-Pierre Chevènement, préfet d’Oran par intérim, cite le chiffre de 807 victimes fournis par ses services (chiffre qu’il estime devoir être légèrement minoré, des habitants ayant peut-être gagné le port ou l’aérodrome, et trouvé un départ), et préfère pour sa part se résoudre à parler de centaines de victimes. Sous-lieutenant, Jean-Pierre Chevènement était alors chef de cabinet adjoint du préfet d’Oran, chargé des liaisons militaires. Le général Katz le jugeait trop curieux sur la question des disparus. « J'ai bien failli moi-même disparaître dans la tourmente, écrit Jean-Pierre Chevènement, car j'ai été arrêté ce jour-là vers midi par des policiers qu'on appelait ATO — auxiliaires temporaires occasionnels, une sorte de police supplétive composée à la va-vite de gens peu sûrs, qui n'avaient aucune formation. Je me revois coincé par un de ces ATO, appuyant sur moi le canon de son pistolet-mitrailleur MAT 49, culasse en arrière s'il vous plaît. »

Tout en s'engageant dans la vie politique, membre de la SFIO dès 1964, il se montre partisan d'une profonde rénovation du socialisme. Dans cet esprit, lors du congrès d'Épinay en 1971 qui fonde le PS, il apporte son soutien à François Mitterrand qui prend la tête du nouveau parti. Dirigeant le Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (CERES), qui constitue l'aile gauche du PS, il est chargé par Mitterrand d'élaborer le programme du PS et favorise le rapprochement avec le PCF, concrétisé par la signature du Programme commun de gouvernement en 1972. Cependant, son discours jugé trop radical et l'arrivée au sein du PS de Michel Rocard, auquel il s'oppose, entraînent sa mise à l'écart.

Il se forge par ailleurs une solide assise d'élu local en devenant député du Territoire de Belfort en 1973 (réélu en 1978 et 1981), conseiller régional de Franche-Comté (1974-1988) et premier adjoint au maire de Belfort et président du conseil de district de l'agglomération belfortaine (1977-1983). En 1979, avec le CERES (aile gauche du PS), il soutient François Mitterrand au congrès de Metz contre Michel Rocard et Pierre Mauroy. François Mitterrand l'emportant, il a la charge de rédiger le programme socialiste en vue de la présidentielle de 1981. La même année, il est élu président du conseil régional de Franche-Comté. Le 22 mai 1981, il est nommé ministre d'État, ministre de la Recherche et de la Technologie. Il démissionne le 22 mars 1983 pour protester contre la « parenthèse libérale » et lance sa célèbre phrase : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne ».

À partir du 14 mars 1983, il est constamment réélu maire de Belfort ; il devient cependant premier adjoint de sa ville en 1997 lorsque Lionel Jospin demande à ses ministres de choisir entre leurs fonctions gouvernementale et locale. Le 19 juillet 1984, nommé ministre de l'Éducation nationale, il occupe cette fonction jusqu'en mars 1986. Il rétablit à cette occasion l'enseignement de l'éducation civique, alors abandonné depuis 1969. Il est de nouveau élu député du Territoire de Belfort en 1986 et 1988. Nommé le 13 mai 1988, ministre de la Défense des gouvernements Rocard I et II, il démissionne le 29 janvier 1991 pour protester contre l'engagement de l'armée française dans la guerre en Irak. Il retrouve son siège à l'Assemblée nationale lors d'une élection partielle en 1991, et est réélu en 1993 et 1997. En 1992, il fait campagne contre la ratification du traité de Maastricht, puis, critiquant la « dérive gestionnaire » des socialistes, il quitte le PS en 1993 et transforme le Mouvement des Citoyens (fondé en 1992) en parti politique, dont il prend la présidence.

Le 4 juin 1997, il est nommé ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin. La circulaire du 24 juin 1997, passée un an après l'expulsion de l'Église Saint-Bernard décidée par son prédécesseur à l'Intérieur, Jean-Louis Debré (ministre RPR du gouvernement Juppé), aboutit à la régularisation de 80 000 sans-papiers sur 140 000 demandes. Dans un contexte de mobilisation du mouvement de l'immigration et d'une partie de la gauche (Verts, PCF, etc.), ces derniers critiquent des critères trop stricts de régularisation. La droite critique au contraire ces régularisations. Le 28 novembre 1997, Chevènement déclare au Sénat, en réponse à une question de Jean-Pierre Camoin (RPR): « Notre volonté est justement de mettre un terme aux situations inextricables et insupportables de personnes qui sont à la fois irrégularisables et inexpulsables. C'est, très largement, le produit d'une législation mal adaptée. »

Deux lois portent son nom : la loi Reseda du 11 mai 1998, sur le droit des étrangers, et la loi sur l'intercommunalité du 12 juillet 1999. Lors des débats sur la loi Reseda, qui visent à assouplir les lois Pasqua-Debré, Chevènement s'oppose à Charles Pasqua qui déclare, en janvier 1998, à propos de la carte de séjour pour les étrangers malades, « la France n’a ni vocation ni intérêt à devenir l’hôpital du monde. » Le Gisti note qu'un an plus tard, Pasqua réclame la régularisation de tous les sans-papiers. Le 2 septembre 1998, il est opéré de calculs à la vésicule biliaire à l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il est alors victime d'un grave accident d'anesthésie dû à une allergie au produit « curarisant » utilisé : il est plongé dans le coma pendant huit jours, ne sort de l'hôpital que le 22 octobre, et est tenu éloigné de son ministère pendant quatre mois. Il se surnomme alors lui-même le « miraculé de la République ». L'intérim au ministère de l'Intérieur est assuré par Jean-Jack Queyranne.

Il est l'un des défenseurs d'une « politique sécuritaire de gauche », s'opposant notamment au garde des Sceaux, Élisabeth Guigou, sur la question de la mise en détention des jeunes délinquants, et mettant en place la police de proximité. Manifestant une position « républicaine et souverainiste », il exprime aussi ses divergences de vue avec les autres membres du gouvernement à l’occasion du conflit au Kosovo, de la signature de la Charte européenne des langues régionales et au sujet de la Corse. En désaccord avec le plan de Lionel Jospin sur l’avenir de l’île, Jean-Pierre Chevènement démissionne le 29 août 2000 pour protester contre ce qu'il appelle les « accords de Matignon » (en référence aux accords de 1988 entre indépendantistes kanaks et loyalistes), qui reconnaissent les mouvements nationalistes corses sans que ceux-ci n'aient préalablement renoncé à l'utilisation de la violence.

En 2000, il est de nouveau élu député du Territoire de Belfort, lors d'une élection législative partielle provoquée par la démission de Gilberte Marin-Moskovitz. Il perd son siège en 2002 contre le candidat de l'UMP, Michel Zumkeller. Le 21 avril 2002, candidat à l'élection présidentielle soutenu par des grands résistants comme Lucie et Raymond Aubrac, Robert Chambeiron ou Pierre Marie Gallois et par des intellectuels comme Jean-François Kahn, Régis Debray ou Max Gallo, son directeur de campagne ; il est longtemps le troisième homme dans les sondages. Finalement, il recueille 5,33 % des suffrages exprimés, et se place en sixième position sur les 16 candidats présents à ce premier tour. Il fonde le Pôle républicain, qui devient le Mouvement républicain et citoyen (MRC) dont il est le président d'honneur. Il est l'un des rares « entartés » à avoir porté plainte : il a obtenu en octobre 2002 la condamnation de Noël Godin, un agitateur anarcho-humoristique belge à 800 euros d'amende pour « violences volontaires avec préméditation » (amende portée à 2 500 euros en appel en 2004).

En 2004, il fonde l'association pour la Fondation Res Publica. La même année, le MRC s'allie au Parti socialiste ou au PCF dans quelques régions pour les élections régionales et obtient 15 élus. Au mois d'août, il se prononce contre le Traité établissant une Constitution pour l'Europe, dénonçant un risque de vassalisation de l'Union européenne par les États-Unis. En mai 2005, Jean-Pierre Chevènement enchaîne les débats politiques pour soutenir le « non » au traité dit « constitutionnel » européen lequel sera refusé par 54,87 % des votants. Il s'oppose en 2007 au traité « simplifié ». Le 30 décembre 2005, la Fondation Res Publica a été reconnue d’utilité publique par décret. Il annonce sa candidature à la présidentielle 2007 le 6 novembre 2006, avant de se retirer le mois suivant, après un accord politique intervenu entre le MRC et le PS. Cet accord politique, qui prend la forme d'une déclaration commune MRC-PS, comporte un volet politique (accordant la priorité à la relance économique et à la lutte contre le chômage) et se prolonge par un volet électoral offrant la possibilité au MRC d'obtenir en juin 2007 des représentants à l'Assemblée nationale.

Au cours de la campagne électorale, Jean-Pierre Chevènement occupe une place très active auprès de Ségolène Royal. Aux élections législatives de 2007, il ne parvient pas à reprendre son siège de député à Michel Zumkeller. Il démissionne de son mandat de maire le lendemain de sa défaite, mais conserve la présidence de la communauté d'agglomération jusqu'en 2008, cédant à chaque fois son siège à Étienne Butzbach. Le 14 février 2008, il signe, avec 16 autres personnalités politiques de tous bords, l'« Appel du 14 février » pour une vigilance républicaine lancé par l'hebdomadaire Marianne. Le 22 juin suivant, il reprend la tête de la présidence effective du MRC lors du congrès de Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), avec l'appui de 167 voix sur 178 votants. À cette occasion, il fait part de son ambition de se présenter aux élections sénatoriales de septembre de la même année. Il a aussi lancé un appel au PS et au PCF pour la fondation d'un grand parti de la gauche, dont le leader serait le candidat unique de la gauche de gouvernement à l'élection présidentielle de 2012.

Redevenu président de MRC en juin 2008, après avoir laissé pendant quatre ans le poste à Georges Sarre, il est candidat au siège de sénateur contre le sortant socialiste Michel Dreyfus-Schmidt - décédé le 7 septembre - le candidat officiel du PS Yves Ackermann et à l'UMP. Il est élu sénateur du Territoire de Belfort le 21 septembre 2008. Le 14 mai 2009, il appelle à voter « blanc ou nul » aux élections européennes, affirmant que « cette élection à un Parlement-fantôme est un trompe-l’œil. » Lors des élections régionales de mars 2010, il passe un accord avec le PS et son parti le MRC obtient 19 élus. Il devient, en janvier 2011, président de l'association France-Algérie. Le 5 novembre 2011, il annonce qu'il se présente à la présidentielle de 2012, avant de retirer sa candidature le 1er février 2012. Il annonce le 13 mars 2012, son soutien à François Hollande pour la présidentielle. Le 23 octobre 2012, Jean-Pierre Chevènement est nommé représentant spécial pour la Russie dans le cadre de la « diplomatie économique » du Quai d'Orsay. Le 14 juin 2014, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections sénatoriales qui ont lieu en septembre de la même année.

L'épouse de Jean-Pierre Chevènement est Nisa Chevènement. Elle est peintre et sculptrice. Ils ont eu deux fils, Raphaël (scénariste, réalisateur et journaliste) et Jean-Christophe. En 1967, il a publié, sous un pseudonyme, avec son ami et premier collaborateur au CERES (alors courant de la SFIO), Didier Motchane, L'Énarchie ou les Mandarins de la société bourgeoise, premier livre grand public traitant de l'ENA. Jean-Pierre Chevènement est membre du club Le Siècle. Jean-Pierre Chevènement est locataire depuis 1983 d'un appartement de cinq pièces dans le cinquième arrondissement de Paris, propriété de la Régie immobilière de la ville de Paris. Durant les années 2000, plusieurs articles de presse ont évoqué cette situation en soulignant la relative modicité du loyer et cette location – dont la légalité n'est pas contestée – a attiré l'attention de l'Inspection générale de la Ville de Paris puis de la chambre régionale des comptes d'Île-de-France. Jean-Pierre Chevènement a refusé de donner suite aux propositions de deux adjoints au maire de Paris (Jean-Yves Mano puis Pierre Aïdenbaum) qui lui ont suggéré de libérer ce logement « par souci d'exemplarité », soulignant qu'il a déjà accepté une importante augmentation de loyer et mettant en cause la motivation de ses accusateurs, purement politicienne selon lui.

Jean-Pierre Chevènement s’inscrit résolument dans la mouvance souverainiste, cela explique son opposition marquée à la construction de type État fédéraliste de l’Union européenne. Cette réticence s’exprime notamment au travers de ses charges régulières envers le traité de Maastricht (1992). Il regrette ainsi que la France n’ait pas davantage d’indépendance en matière de monnaie, de commerce extérieur, de flux financier mais aussi de manière plus générale la subordination du droit français au Droit de l'Union européenne. L’idée de construction européenne lui tient à cœur, il conteste cependant la forme prise par celle-ci. Sa volonté est d’imposer une vision républicaine de la nation, basée sur le consentement et l’adhésion. Il est également opposé à la réintégration par la France du commandement intégré de l'OTAN, y voyant une menace de subordination de la politique étrangère de la France à celle des États-Unis.

Économiquement, il se montre frondeur contre le capitalisme financier. Il juge que le Parti socialiste s’est conformé au dogme mondialiste néolibéral qu’il rejette. Il estime que les politiques mises en place pour sauver l’euro dans le cadre de la crise de la dette sont des politiques d’austérité qui mèneront à terme à la récession. Si les réformes appliquées ne permettent pas de sortir l’union monétaire de l’ornière, il se dit alors favorable à ce qu’un glissement d’une monnaie unique à une monnaie commune se mette en place. Il prône une relance salariale couplée à une politique de change visant à faire baisser le cours de l’euro. En cela, sa pensée peut être qualifiée de keynésienne. Il se fait par ailleurs le défenseur d’une politique de protectionnisme raisonnable : il a fait sien le concept de démondialisation marchande et financière visant à réindustrialiser la France. En effet, il est selon lui impossible de conserver des services publics et un système de protection sociale forts sans la solidité d'une base productive.

En ce qui concerne l'intérieur, il se montre favorable à une politique sécuritaire de gauche non laxiste, étant par exemple hostile à la légalisation des drogues. Il met cependant en garde contre d'éventuelles dérives liberticides des politiques de sécurité : il a ainsi marqué son opposition au développement des systèmes de vidéosurveillance publique ou encore à la loi Hadopi. L’école est un sujet important dans le projet de Jean-Pierre Chevènement, il souhaite tendre vers une économie de la connaissance[réf. nécessaire]. Selon lui, il faut mettre l’accent sur la formation des enseignants, l’école primaire et l’enseignement supérieur. Pour M. Chevènement, l'école publique doit reposer sur les valeurs de transmission et d'autorité du maître vers l'élève, ainsi que du travail et de l'égalité des chances.

Il est favorable à une laïcité assez stricte qui cantonne la religion uniquement à la sphère privée. Il souhaite une intégration poussée des immigrés, en opposition au communautarisme. Pour cela il préconise que les immigrés soient assimilés culturellement à la population d'origine (langue, traditions…) de manière à rendre pérenne l'idée d'une nation une et indivisible. Il est de fait opposé au concept de la discrimination positive. Sur le plan écologique, ses préférences vont à une sauvegarde du potentiel nucléaire français, condition essentielle à l'indépendance énergétique de la France ainsi qu'à la réduction des gaz à effet de serre qui constituent selon lui la véritable menace.

Laguiller Arlette

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Arlette Laguiller (lagɥije), née le 18 mars 1940 (74 ans) dans le 14e arrondissement de Paris, est une femme politique française d'extrême gauche, appartenant au mouvement Lutte ouvrière. Elle est la première femme à s'être présentée à une élection présidentielle française, et détient à ce jour le record du nombre de candidatures à ce scrutin, avec six candidatures consécutives, en 1974, 1981, 1988, 1995, 2002 et 2007.

 

Laguiller Arlette

Arlette Yvonne Laguiller est née dans une famille ouvrière des Lilas marquée par la Seconde Guerre mondiale et les bombardements. Sa mère, catholique, lui fait faire sa première communion. Son père manœuvre et athée, aimait à se définir anarchiste et lui transmet son goût pour la lecture : enfant, elle s’invente des maux de gorge pour pouvoir rester à la maison avec un livre. À cette époque, elle forge ses premières notions politiques. Elle obtient un BEPC au collège des Lilas avant de commencer à travailler dans une agence du Crédit lyonnais à 16 ans comme mécanographe. En 1963, elle est mutée au siège central et y reste durant toute sa vie professionnelle en tant qu'employée et militante syndicale. Alors qu'elle est cadre depuis plusieurs années, elle part à la retraite en 2000.

En 1960, elle participe à sa première action, contre la guerre d'Algérie. Elle adhère au PSU avant de rejoindre l'organisation trotskiste Voix ouvrière. Elle milite à la CGT dans les années 1960 et en est écartée pour ses idées révolutionnaires. Après la révolte étudiante et la grève générale de mai-juin 1968, les organisations d'extrême gauche dont Voix ouvrière sont dissoutes par décret du général de Gaulle. Elle participe à la formation de Lutte ouvrière le 26 juin 1968, puis est choisie, à 33 ans, pour en être la porte-parole nationale aux élections législatives de 1973.

L’année suivante éclate la grève qui de février à avril s’étendra à tout le secteur bancaire. Avec ses camarades elle convainc la majorité des grévistes du siège à l’idée de la grève active, dirigée par les employés combatifs eux-mêmes, organisés au travers de comités de grèves qu’ils ont eux-mêmes élus. La grève sera un succès. Ce même mois d’avril, à nouveau comme porte-parole de Lutte ouvrière, elle deviendra la première femme candidate à l’élection présidentielle. Militante syndicale, militante révolutionnaire, militante politique, elle est reconduite chaque année dans ses fonctions de porte-parole de Lutte ouvrière et représente le mouvement à toutes les élections.

Dans les élections, elle défend un programme de défense des intérêts du monde du travail. En 1995, elle défendait ce qu'elle appelait un « programme d'urgence » pour les travailleurs, qui contenait des revendications comme l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, et la levée des secrets bancaires et commerciaux. Elle affirmait que les travailleurs ne pouvaient « compter ni sur la droite, ouvertement au service du grand patronat, ni sur la gauche, hypocritement servile envers lui ».

Lors de l'élection présidentielle française de 2007, elle défend un programme de défense des travailleurs qui met l'accent sur les trois problèmes qu'elle estime vitaux pour le « monde du travail » : le logement, l'emploi et les salaires. Elle défend la nécessité de prendre sur les profits des entreprises pour créer des emplois, augmenter les salaires et financer la construction de logements sociaux.

Députée européenne de 1999 à 2004, ses interventions au Parlement européen se sont tournées contre les mécanismes capitalistes et la loi du marché, contre la diminution des salaires et des minima sociaux. Elle y a appartenu au groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et était membre de la commission de l'emploi et des affaires sociales, membre suppléante de la commission de développement et de la coopération, et membre suppléante de la délégation à la commission parlementaire mixte UE-Lituanie.

Pour le deuxième tour du 19 mai 1974 puis du 10 mai 1981 qui a vu la victoire de François Mitterrand, elle a appelé les travailleurs à voter pour celui-ci « sans réserves mais sans illusion », « par solidarité avec les millions d'électeurs de gauche, de travailleurs, de gens du peuple, qui souhaitaient mettre fin à des années et des années de pouvoir politique de la droite et qui espéraient beaucoup de la gauche ». En 1988 et 1995, elle ne donne pas de consigne de vote au second tour pour « ne pas cautionner la politique des gouvernements de gauche », estimant que la politique de la gauche au gouvernement « avait suffisamment démontré que les travailleurs n'avaient rien à attendre du Parti socialiste au pouvoir ». En 2002, elle refuse d'appeler à voter pour Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen lors du second tour de l'élection présidentielle. En 2007, elle appelle à soutenir Ségolène Royal au deuxième tour.

Parti Socialist Unifié (PSU)

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Parti politique français constitué le 3 avril 1960 par la fusion de l'Union de la gauche (fondée en 1957 sur la base de l'opposition à la guerre d'Algérie par Claude Bourdet et Gilles Martinet), du parti socialiste autonome (créé en septembre 1958 par des socialistes S.F.I.O. dissidents refusant le vote « oui » au référendum gaulliste du 28 septembre dont Édouard Depreux, Alain Savary et Robert Verdier) et du groupe « Tribune du communisme » (venu du P.C.F. avec Serge Mallet et Jean Poperen).

 

Parti Socialist Unifié (PSU)

Dirigé successivement par Édouard Depreux (1960-1967) et Michel Rocard (1967-1973), le P.S.U. recrute surtout parmi les intellectuels. Son poids électoral est faible : 2,3 % des suffrages exprimés en 1962 et en 1967 ; 3,3 % en 1973. Une première crise le touche au lendemain de la fin de la guerre d'Algérie. Il soutient le mouvement étudiant de mai 1968. Michel Rocard est candidat à la présidence de la République en 1969, mais n'obtient que 3,66 % des suffrages exprimés. Le P.S.U. refuse de signer le programme commun de gouvernement de la gauche (1972). La décision de sa direction en avril 1974 de soutenir la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle inaugure une période de grave crise interne. En décembre 1974, Michel Rocard, Chapuis et leurs amis quittent le P.S.U. pour le parti socialiste, provoquant un important affaiblissement du parti. 

À l'élection présidentielle du 26 avril 1981, Huguette Bouchardeau, secrétaire nationale du P.S.U. ne recueille que 1,1 % des suffrages exprimés. Elle entre au gouvernement en 1983 et Serge Depaquit lui succède au secrétariat national. Celui-ci est remplacé en décembre 1984 par Jean-Claude Le Scornet, qui représente le courant hostile à la politique gouvernementale. Huguette Bouchardeau quitte le P.S.U. en avril 1985. En novembre 1989, le P.S.U. prononce sa dissolution et une partie de ses forces fusionne avec la Nouvelle Gauche (constituée par les anciens comités de soutien à la candidature présidentielle de P. Juquin en 1988) pour former l'Alternative rouge et verte.

Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France (PCMLF)

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Le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) était un parti politique français d'orientation maoïste. Il a pris la suite du Mouvement communiste français marxiste-léniniste le 31 décembre 1967 et s'est transformé en Parti pour une alternative communiste en 1985.

 

Jean-Luc Einaudi

Jean-Luc Einaudi

Le PCMLF est dirigé par Jacques Jurquet. Il édite un journal, L'Humanité nouvelle, qui paraîtra publiquement jusqu'à l'interdiction du parti. Un nouvel hebdomadaire public, L'Humanité rouge, est ensuite lancé ; il devient quotidien à partir d'octobre 1975. Le parti s'aligne strictement sur les positions du gouvernement chinois et condamne les « dérives spontanéistes » de la Gauche prolétarienne. Le PCMLF considère avec sympathie le mouvement étudiant et lycéen de 1968. Le 12 juin 1968, comme onze autres mouvements d'extrême gauche, le PCMLF est officiellement interdit par le décret du président de la République du 12 juin 1968. Il devient une organisation clandestine dont la direction est assurée par Raymond Casas, Jacques Jurquet et François Marty. Les effectifs du PCMLF sont évalués en 1970 à entre 2000 et 3000 militants. Mais le parti éclate cette année-là en trois organisations concurrentes se réclamant chacune du PCMLF :

  • L'Humanité rouge (futur Parti communiste marxiste-léniniste (PCML)) ;
  • Front rouge (qui prendra en 1974 le nom de Parti communiste révolutionnaire) ;
  • Le Travailleur (qui disparaîtra en 1977).

En 1971, le parti réuni autour de L'Humanité rouge subit de nouvelles scissions comme celles donnant naissance à Ligne rouge ou aux Cercles communistes maoïstes. L'Humanité rouge ne rassemble alors plus que quelques centaines de personnes. Il faudra attendre 1975 pour que le parti retrouve ses effectifs de 1970, notamment grâce à des ralliements comme celui du groupe Le Travailleur, de la Gauche révolutionnaire provenant du PSU et de Sklerijenn (« Clarté » en breton), composé essentiellement de militants de l'UDB. Une organisation de jeunes est créée sous le nom de Jeunesse communiste marxiste-léniniste de France qui publie La Jeune garde rouge.

À l'occasion des élections présidentielles de 1969 et 1974, le PCMLF - Humanité rouge se prononce contre tous les candidats, de droite et d'extrême droite comme de gauche et d'extrême gauche, et a appelé à l'abstention « révolutionnaire ». À partir de l'automne 1973, il souligne la dangerosité du « social-impérialisme soviétique » et développe une campagne sur la nécessité d'une défense nationale française contre le « social-impérialisme soviétique », ce qui l'a amené à participer à un meeting avec des gaullistes et la Nouvelle Action royaliste. Cette « dérive » fait rapidement l'objet d'une « autocritique ».

Après la mort de Mao Zedong en 1976, le PCMLF - Humanité rouge abandonne progressivement le maoïsme en même temps que le gouvernement chinois. Très impliqué dans les luttes au côté des travailleurs étrangers, il soutient en particulier les résidents des foyers Sonacotra dans la longue grève qui les oppose à la direction. À cette occasion, des militants rejoindront l'Organisation communiste marxiste-léniniste – Voie prolétarienne.

En 1978, le parti décide de sortir de la clandestinité en prenant le nom de Parti communiste marxiste-léniniste (PCML). Il présente des candidats aux élections législatives de mars 1978, en alliance avec le Parti communiste révolutionnaire. Son quotidien, L'Humanité rouge, fusionne avec celui du PCR (ml), Le Quotidien du Peuple, en gardant ce dernier titre. Début 1980, un grand nombre des membres de Bretagne, région où le parti est bien implanté, quitte l'organisation. En 1981, le dirigeant historique du parti, Jacques Jurquet, accepte de partager la direction du PCML au sein d'un secrétariat collectif composé d'Alain Doronte, Jean-Luc Einaudi, Monique Dagron, et Pierre Bauby. Le PCML appelle à voter pour François Mitterrand au second tour de l’élection présidentielle. À partir de 1982, le PCML publie la revue Travailleurs. Mais le Parti Communiste Marxiste-Léniniste perd sa raison d'être la même année lorsque la République populaire de Chine reprend officiellement contact avec le Parti Communiste Français.

Le PCML doit donc s'adapter à la nouvelle donne : en 1983, Jacques Jurquet est mis en minorité et le PCML rompt avec le stalinisme. Devant la chute accélérée de ses effectifs, le parti finit par abandonner définitivement la référence au maoïsme. En 1985, il se rebaptise Parti pour une alternative communiste (PAC) et s'autodissout trois ans plus tard.

Mégret Bruno

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Bruno Mégret, né le 4 avril 1949 à Paris, est un homme politique français, fondateur du Mouvement national républicain (MNR), parti classé à l'extrême droite, mais qui se réclame de la « droite nationaliste et conservatrice ».

 

Mégret Bruno

Bruno Mégret est le fils du haut fonctionnaire Jacques Mégret, et de Colette Constantinides . Il est l'aîné d'une famille de quatre enfants dont il est le seul garçon. À Bruxelles, où son père est en poste aux Communautés européennes, Bruno Mégret est scolarisé à l'école européenne. De retour à Paris, il est pensionnaire à l'Institut catholique Bossuet et inscrit en seconde au lycée Louis-le-Grand avant d'y être admis en classe préparatoire. Reçu à l'École polytechnique en 1969, il en sort dans la « botte » et intègre le corps des Ponts et Chaussées. Diplômé de l'Institut des hautes études de défense nationale, capitaine de réserve de l'Arme blindée de cavalerie, il a été élève de l'École de cavalerie de Saumur (stage commando à Quellern, deux mois en garnison en Allemagne à Offenbourg). Il a passé ensuite huit mois à Laon comme sous-lieutenant au 6e régiment de cuirassiers.

En 1974, ses études en France terminées, il part, muni d'une bourse, pour les États-Unis où il passe une année à l'université de Californie à Berkeley. Il en revient avec un diplôme de Master of Science. Chargé de mission au Commissariat général au Plan en 1975 et 1976, il est affecté à l'aménagement du territoire lors de la préparation du VIe plan. Nommé à la direction départementale de l'équipement de l'Essonne en 1977, il est ensuite conseiller technique au cabinet du ministre de la Coopération de 1979 à 1981, puis directeur adjoint des infrastructures et des transports à la préfecture de la région Île-de-France jusqu'en 1986. Mis en disponibilité, il rejoint son corps d'origine deux ans plus tard, après sa défaite aux élections législatives. Jusqu'en juin 1989, où il est élu député européen, il est chargé de mission au conseil général de l'environnement et du développement durable(CGEDD).

Dès 1975, il adhère au Club de l'Horloge, un cercle de réflexion créé par de hauts fonctionnaires où s'élabore la riposte intellectuelle au socialisme, puis entre au RPR via les réseaux de Charles Pasqua et devient presque immédiatement membre du comité central du RPR. En 1981, lorsque François Mitterrand est élu, il se présente aux élections législatives au nom du RPR dans les Yvelines contre Michel Rocard qu'il met en ballottage. Pressé d'agir plus efficacement pour ses idées, il quitte le parti et fonde en janvier 1982 les Comités d'action républicaine qu'il mobilise contre le nouveau gouvernement socialiste. Une campagne d'affichage annonce : Face au socialisme, prenons l'initiative. Le symbole choisi est la feuille de chêne. Bruno Mégret entame la rédaction de ses lettres d'orientation et on retrouve dans le mouvement de nombreux orphelins de la droite. Dans sa 22e lettre, Mégret demande à chaque comité local de se doter d'une épigraphe. Les élections municipales de 1983 permettent d'avoir un premier bilan. Les comités ont environ 250 élus, essentiellement des conseillers municipaux, parmi lesquels le journaliste Dominique Jamet alors au Quotidien de Paris, mais aussi quelques maires comme Pierre Bernard, Jean-Paul Hugot, Nelly Rodi, Pierre Quintard ou Francisque Collomb. Les CAR revendiquent alors 10 000 adhérents avec 120 comités en France.

Avec les CAR et de nombreux clubs et associations, Bruno Mégret crée la CODAR, à l'initiative de laquelle se tiendront les premiers et seconds États généraux de l'opposition en 1984 et 1985. En 1984, Mégret cherche à constituer une liste pour les élections européennes. Il approche Maxime Lévêque, Francine Gomez, François Léotard, sans succès. Il se rapproche alors du Front national. Beaucoup d'adhérents sont opposés à ce ralliement. Des comités locaux se sabordent, et nombre d'adhérents rejoignent le RPR, le CNI ou l'UDF. Bruno Mégret reste le président jusqu'en 1988. En 1986, profitant du scrutin à la proportionnelle, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, décide de créer le Rassemblement national afin d'ouvrir son parti à d'autres mouvements. Bruno Mégret et les Comités d'action républicaine s'allient à cette occasion au Front national. Il est alors élu député de l'Isère et deviendra député européen en 1989.

En 1987, il adhère au Front national et Jean-Marie Le Pen le nomme directeur de sa campagne présidentielle. En 1988, il se présente dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône (Gardanne), où il obtient 26 % des suffrages au premier tour et 44 % au second. Son influence ne cesse de grandir au sein du FN où il révèle ses talents d'organisateur et de stratège, devenant ainsi un rival pour Jean-Pierre Stirbois, le secrétaire général. Ce dernier meurt dans un accident de voiture et sera remplacé par Carl Lang, puis par Bruno Gollnisch. En octobre 1988, il est nommé délégué général du Front national par Jean-Marie Le Pen. Il est chargé de la formation, de la communication, des études, et des manifestations du Mouvement national. En juin 1989, il est élu au Parlement européen où il est membre de la Commission politique et de la Commission économie. Depuis octobre 1990, il est, de surcroît, le leader du Front national dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est lui qui conduit la liste aux élections régionales dans les Bouches-du-Rhône et, en mars 1992, il est élu conseiller régional de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Bruno Mégret s'impose comme numéro deux du Front national et forge son image. Ainsi, il fonde en 1989 la revue Identité qui va organiser et mettre en forme le corpus idéologique de l'extrême droite française. Il s'attaque aussi à la question de l'immigration et propose « Cinquante Mesures pour régler le problème de l'immigration » qui provoqueront beaucoup d'émoi dans les médias et au sein de la classe politique. Candidat aux élections législatives de mars 1993 dans la circonscription de Marignane, il frôle l'élection avec 49,5 % des voix au second tour. C'est en décembre 1993 qu'il choisit Vitrolles comme point de chute. Pour les élections européennes de juin 1994, il est placé en deuxième position sur la liste conduite par Jean-Marie Le Pen et réélu au Parlement de Strasbourg. En juin 1995, candidat à l'élection municipale de Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône, il obtient 43 % des suffrages au premier tour, le score record du Front national dans les villes de plus de 30 000 habitants et échoue de justesse au second tour devant la liste conduite par Jean-Jacques Anglade.

Il épouse Catherine Rascovsky qui le remplace comme candidate à la mairie de Vitrolles car il est frappé d'inéligibilité pour un an pour non-respect des dispositions de financement de la campagne. Elle est élue en février 1997 avec 46,70 % des voix au 1er tour et 52,48 % au second. En octobre 1994 Bruno Mégret crée un journal quotidien intitulé Le Français qui ne durera que huit mois. À ce sujet, il a démenti avoir été aidé par Alef Bank ainsi que d'avoir un beau-frère dénommé Paul Loiseau. En 1996, il publie L'Alternative nationale, ouvrage dans lequel il tente de démontrer qu'une véritable alternative politique est possible en France où, selon lui, le sentiment national ne cesse de gagner du terrain. L'année suivante, il fait paraître la Troisième voie, un ouvrage dans lequel il définit les principes d'une autre politique économique et sociale combinant les impératifs de la liberté et de la régulation pour redynamiser notre économie tout en maîtrisant la mondialisation dans le cadre d'un patriotisme économique européen. Le 17 février 1997, Bruno Mégret déclare, au cours d'une émission télévisée sur France 2, « qu'il y a des différences entre les races ». Il est pour cela condamné, le 25 novembre 1998, à verser 10 000 F de dommages-intérêts à l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui s'était portée partie civile.

En 1998, il fait paraître un sixième ouvrage, La Nouvelle Europe. Hostile à la construction bruxelloise mais favorable à une Europe indépendante et puissante, il plaide pour une Europe des nations qui permettrait aux États qui la composent, et à la France en particulier, de revenir sur la scène de l'histoire. Considéré désormais comme un rival embarrassant par la direction du Front national, Bruno Mégret va faire l'objet d'attaques de plus en plus vives. La crise qui éclate le 5 décembre 1998 au sein du parti, et dans laquelle il est impliqué, va rapidement provoquer sa révocation de la délégation générale du parti puis son exclusion. Ces événements font perdre au Front national une majorité de cadres et d'élus qui, scissionnistes par force ou par raison, créent, lors d'un congrès à Marignane, les 23 et 24 janvier 1999, le « Front national-Mouvement national » et portent Bruno Mégret à sa présidence. À la suite d'une action judiciaire de Jean-Marie Le Pen, au mois de mai, le parti est rebaptisé « Mouvement national » puis se transforme formellement en Mouvement national républicain (MNR) au mois de septembre à l'occasion du conseil national de La Baule.

Aux élections européennes qui ont lieu la même année, la liste conduite par Bruno Mégret sous l'étiquette « Mouvement national » obtient 3,28 % des voix et n'a donc aucun député puisque son score est inférieur à la barre des 5 % exigée pour avoir des élus. De son côté, la liste conduite par Jean-Marie Le Pen franchit cette barre avec 5,69 %, obtenant 5 sièges. Le 21 avril 2002, Bruno Mégret, qui est candidat à l'élection présidentielle3, recueille 2,34 % des suffrages. Au second tour, il appelle à voter pour Jean-Marie Le Pen. Son compte de campagne sera invalidé et son parti va connaître de graves difficultés. Bruno Mégret comparaît en septembre 2006 aux côtés de son épouse devant le tribunal correctionnel de Marseille. En effet, Catherine Mégret avait effectué, en qualité de maire de Vitrolles, « quatre envois de courriers entre novembre 2000 et décembre 2001 » à des collègues maires de France pour parrainer la candidature de son époux à l'élection présidentielle de 2002. Selon Bruno Mégret, le financement de cet envoi a été pris en charge par erreur par la mairie et spontanément remboursé par lui. Les juges ont considéré que cet envoi était « sans rapport avec les intérêts des contribuables de la commune » et l'ont donc condamné en première instance et en appel.

Un nouvel ouvrage de Bruno Mégret est publié à l'automne 2006 sous le titre L'Autre Scénario. Affirmant que la construction européenne actuelle n'apporte rien aux Européens, sinon, d'après lui, un surcroît de réglementations tatillonnes et stériles, il prône une Europe puissante qui placerait les peuples européens au premier rang dans la compétition mondiale et dans laquelle la France pourrait jouer un rôle majeur. Le 20 décembre 2006, Mégret a annoncé qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle 2007, mais soutiendrait Jean-Marie Le Pen lors d'une conférence de presse commune avec celui-ci8. Ce soutien s'inscrivait dans le cadre de l'Union patriotique proposée par le président du Front national. Au premier tour des élections législatives de 2007, Bruno Mégret obtient 2,03 % des voix dans la douzième circonscription des Bouches-du-Rhône. Le MNR fait un score très faible au niveau national et ne franchit pas le seuil permettant d'accéder au financement public des partis. Le MNR n'a plus d'élus nationaux. Il possède toutefois encore des conseillers municipaux et des maires.

Le 23 mai 2008, il se met « en réserve » de la vie politique9, et part travailler en Australie pendant les deux années suivantes, pour le compte du groupe Bouygues. Durant ces deux années à l'étranger, Bruno Mégret continuera à donner son avis sur l'évolution du MNR, tout en laissant la place à une direction collégiale. En 2010, il est de retour en France, chargé de mission au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et affirme qu'il souhaite à nouveau revenir sur le devant de la scène politique.


Madelin Alain

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Alain Madelin, né le 26 mars 1946 dans le 12e arrondissement de Paris, est un homme politique français.

 

Madelin Alain

Fils de Gaétan Madelin, ouvrier spécialisé chez Renault, et d'Aline Madelin, secrétaire dactylo, il passe son enfance à Belleville, à Paris. Il est avocat au barreau de Paris, divorcé, et père de trois enfants (Gaëlle, Armelle et Stefan, ainsi que Charlotte et Niels avec sa compagne actuelle). Il s'engage dès l'âge de seize ans dans la cause nationaliste et devient familier des affrontements avec les militants d'extrême gauche. En 1963, il fait partie de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN, extrême droite), où il est responsable de l'action militante. Il est blessé à l'entrée du lycée Turgot dans une bagarre entre lycéens communistes et membres de la FEN.

Début 1964, alors étudiant en droit à Assas et à peine âgé de dix-huit ans, il est un des principaux fondateurs d'Occident, mouvement étudiant d'extrême droite (qui comprendra également dans ses rangs les futurs ministres Gérard Longuet, Hervé Novelli et Patrick Devedjian). Revenant sur cette époque, il déclare « avoir été animé par un « anticommunisme militant, extrême et passionné, qui a accompagné une bonne partie de ma vie d'étudiant. Et comme à ce moment-là, la France de l'anticommunisme était marginalisée, nous avons été systématiquement confinés à l'extrême droite. En face, ils étaient pour Mao et Pol Pot, pour les Gardes rouges et pour les Khmers rouges. Je ne regrette pas de ne pas avoir choisi ce camp-là. »

Le 2 juin 1964, il fait partie des membres d'Occident qui attaquent le cinéma Le Savoie. Son domicile est perquisitionné par la police. En 1965, Alain Madelin est délégué à la jeunesse dans le comité de soutien à Jean-Louis Tixier-Vignancour dans le 10e arrondissement de Paris. En novembre 1965, Patrick Devedjian et Alain Madelin sont condamnés par le tribunal correctionnel de Draguignan à un an de prison avec sursis et trois ans de mise à l'épreuve pour vol et détention d'armes. Impliqué dans une rixe opposant des militants d'Occident à ceux d'extrême gauche du Comité universitaire pour le Viêt Nam à Rouen, le 12 janvier 1967, son domicile est de nouveau perquisitionné. Il est condamné le 12 juillet 1967 avec douze autres militants d'extrême droite pour « violences et voies de fait avec armes et préméditation. » Selon un rapport de la préfecture de police de Paris daté d'août 1968, Alain Madelin « aurait participé à la préparation d'un hold-up. » Au lendemain des événements de mai 68, il rompt avec le mouvement Occident, estimant que la seule solution pour s'opposer au communisme est désormais la voie démocratique et le choix du libéralisme économique.

À l'automne 1968, Alain Madelin adhère aux Républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing. Il obtient une licence de droit, puis prête son serment d'avocat en 1971. Il travaille alors dans différents instituts et organismes patronaux, notamment avec Georges Albertini. Il est directeur de publication du journal antisocialiste Spécial Banlieue lors de la campagne présidentielle de 1974. Il intègre l'état-major de Valéry Giscard d'Estaing, qui est élu président en 1974. Il conserve sa place pour l'élection de 1981. En 1978, Alain Madelin est élu député de la quatrième circonscription d'Ille-et-Vilaine et devient vice-président du Conseil régional de Bretagne ; il fait sensation en arrivant sans cravate dans l'hémicycle. Pour l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, Alain Madelin, Gérard Longuet et Hubert Bassot, sont les nouveaux élus « d'extrême droite par majorité interposée ».

Délégué général du Parti républicain en 1985, il en devient secrétaire général en 1988. Il intervient alors en faveur du maintien du système de perception de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans la Communauté européenne après 1992. De 1989 à 1997, il exerce les fonctions de vice-président du Parti républicain et de vice-président de l'UDF (de 1991 à 1996). Candidat non élu à la présidence de l'UDF en 1996, il est président du Parti républicain en 1997. Il a également été président de Démocratie libérale jusqu'en 2002. Ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme (1986-1988) : Lorsque la droite gagne les élections législatives en 1986 et que débute la première cohabitation, Jacques Chirac le nomme ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme. Le scénario se répète lorsque la droite gagne les élections législatives en 1993 et qu'Édouard Balladur, premier ministre de la deuxième cohabitation, nomme Alain Madelin ministre des Entreprises et du Développement économique.

Le 2 février 1984, il est puni de la « censure simple » (privation pendant un mois de l'indemnité parlementaire), pour « injures ou menace envers le Président de la République française » (Article 73 du Règlement de l'Assemblée nationale). François d'Aubert, Alain Madelin et Jacques Toubon avaient mis en cause l'honneur du Président Mitterrand, Grand Maître de l'ordre de la Légion d'honneur, en rappelant que celui-ci avait dirigé, pendant quelques mois, un journal détenu par Eugène Schueller. L'historien Henry Rousso écrit à propos de cet incident : « Le rappel de ces faits — sans signification particulière en ce qui concerne Mitterrand (même Catherine Nay en convient implicitement) — est une constante de l'extrême droite et Alain Madelin, ancien dirigeant d'Occident, n'a sans doute pas oublié ses réflexes de jeunesse. »

Durant la catastrophe de Tchernobyl à partir de mai 1986, il affirme : « Personne ne peut dire qu'à un moment donné la sécurité des Français a été menacée ». Son passage laisse deux traces notables : d'une part les contrats de retraite « Madelin », permettant aux non-salariés de se constituer une retraite par capitalisation ; d'autre part une simplification des démarches de création d'entreprise, avec la mise au point du statut d'entreprise unipersonnelle (EURL et EARL). En 1995, Alain Madelin est élu maire de Redon. Il ne sollicite pas de deuxième mandat en 2001. Lorsque l'UDF se range derrière Édouard Balladur lors de l'élection présidentielle de 1995, il choisit de soutenir Jacques Chirac, dont il anime la campagne électorale, avec Philippe Séguin. Après son élection à la présidence de la République, Jacques Chirac le nomme ministre de l'Économie et des Finances. Dès son entrée en fonction, il préconise une réforme des retraites par l'alignement du public sur le privé en supprimant les régimes spéciaux de retraite déficitaires, mais ses positions sont jugées trop libérales. Par ailleurs, il bénéficie d'une bonne réputation dans une partie des milieux économiques pour avoir pris, tout comme Philippe Séguin, du recul par rapport aux excès, entre 1991 et 1994, de la politique dite du "franc fort". En opposition avec le premier ministre Alain Juppé sur ce point, il est contraint à la démission au bout de trois mois. Il est remplacé par Jean Arthuis.

À la victoire de la gauche en 1997, il prend la tête du Parti républicain. À l'été 1997, il renomme ce parti Démocratie Libérale. En mars 1998, le refus d'Alain Madelin de condamner les présidents de région élus, comme Charles Millon et Jacques Blanc, avec les voix du Front national, provoque la rupture entre Démocratie Libérale et sa maison-mère, l'UDF. En 1999, il s'abstient, aux côtés de Philippe Séguin, au moment du vote sur le Pacte civil de solidarité, quand les trois groupes parlementaires de droite appellent à voter contre. Il se présente à l'élection présidentielle de 2002, où il obtient 3,91 % des suffrages exprimés. Il renoue ensuite avec son parti l'UMP en 2002. Au sein de l'UMP, il incarne la doctrine libérale en étant membre du courant « les réformateurs ». En 2003, il se prononce en faveur de l'intervention militaire en Irak, menée par les États-Unis, pour renverser le régime de Saddam Hussein. En 2006, très critique envers les méthodes du Premier ministre pour faire passer le CPE (refus de compromis avec les partenaires sociaux, utilisation de l'article 49-3 de la Constitution), il invite néanmoins le gouvernement à rester ferme sur ses positions, soutenant que le Contrat première embauche n'est pas fait contre les jeunes, mais pour les jeunes.

Il est membre du groupe d'études sur le problème du Tibet de l'Assemblée nationale, en tant que député au cours de la XIIe législature de la Cinquième République française. Le 4 février 2007, il apporte son soutien à Alternative libérale lors du congrès de ce parti à Paris. Le 15 novembre 2006, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections législatives en 2007. On peut voir une marque de sa perte d'influence dans le Pays de Redon : élu dès le premier tour avec plus de 58 % des suffrages en 1993, il n'était passé qu'avec 725 voix d'avance sur la candidate socialiste en 2002. Son successeur, élu en juin 2007, est le socialiste Jean-René Marsac. Alain Madelin se met dès lors en retrait de la vie politique. En 2008, il devient administrateur de Rentabiliweb. En juillet 2011, il est le cofondateur du fonds commun de placement à risque Latour Capital. Le 5 décembre 2011, ce fonds rachète à Veolia quatre de ses filiales : Proxiserve (Veolia Habitat Services) ainsi que les sociétés Prochalor, Semcra et Thop, toutes les trois spécialisées dans les équipements de chauffage. Il devient président du Groupement d’intérêt public pour l’éducation numérique en Afrique (GIP ENA) en 2010. Il intervient régulièrement sur i>Télé, surtout sur les questions économiques, et sur BFM Business.

Krasucki Henri

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Henri Krasucki, né Henoch Krasucki le 2 septembre 1924 à Wołomin dans la banlieue de Varsovie en Pologne et mort le 24 janvier 2003 à Paris, est un syndicaliste français, ancien secrétaire général de la CGT. Résistant, il fut membre actif de la section juive des FTP-MOI pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Krasucki Henri

Son père Isaac (en polonais Izaak, en yiddish Itzik), né à Varsovie en 1903, ouvrier tricoteur, avait commencé à travailler à treize ans dans une fabrique de textile. Militant syndical et politique dans la Pologne du maréchal Pilsudski, où l’anticommunisme le dispute à l’antisémitisme, Isaac s’expatrie, en 1926, fuyant les pogroms. Deux ans plus tard, son épouse, Léa (« Léyelé ») Borszczewska, ouvrière du textile et militante communiste, et son fils quittent à leur tour le shtetl, petit village juif de la banlieue de Varsovie, et le rejoignent à Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris. Isaac et Léa travaillent dans « la maille » (le tricot), tenant un petit atelier de textile de Belleville qui compte alors une importante communauté yiddish1 et reprennent, aussitôt arrivés, le combat des exploités dans la Confédération générale du travail unitaire et au Parti communiste français, dans les organisations juives révolutionnaires.

Pendant son enfance, Henri Krasucki est « l’un des plus célèbres "pionniers rouges" du patronage de la Bellevilloise », l’une des sociétés les plus représentatives du mouvement coopératif français. Il y fait la connaissance de Pierre George, le futur Colonel Fabien qui devient son instructeur1. Dans un entretien accordé à Télérama en 1999, il évoque le « fraternel patronage communiste » de son quartier ainsi que celui de Ménilmontant3. Alors que ses parents souhaitaient le voir poursuivre des études car il se révèle brillant élève lors de ses classes élémentaires à l’école de la rue Levert puis au lycée Voltaire4, il préfère se faire embaucher chez Renault une fois son CAP d'ajusteur en poche ; ses qualités de syndicaliste le font vite remarquer.

Fin 1939[précision nécessaire], le PCF est interdit par le gouvernement à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Isaac Krasucki doit plonger dans la clandestinité. Son fils a quitté l’école. En 1940, quand les Allemands entrent à Paris, il travaille dans une usine de Levallois, comme ajusteur. Il a quinze ans. À la fin de l’année 1940, Henri intègre les Jeunesses communistes dans la section juive de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) du Parti communiste dans le 20e arrondissement. Il a d’abord des responsabilités dans son quartier, puis à l’échelon de son arrondissement, et enfin en 1942 au niveau de la région parisienne. À la suite du premier coup de feu du Colonel Fabien, le 21 août 1941, qui marque le début de la Résistance armée des communistes français, il prend sa part de risques : sabotages, lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires2.

Le 20 janvier 1943, son père est arrêté pour sabotage et interné à Drancy ; il est déporté le 9 février à Birkenau et gazé dès son arrivée le 13 février. Sous le pseudonyme de « Mésange » (une houppe de cheveux noirs coiffant alors son jeune visage émacié)5, Henri Krasucki, dit également « Bertrand », s’occupe des cadres et du recrutement des jeunes avec sa compagne Paulette Sliwka. Arrêté le 23 mars 1943, à 7 h 15, à la sortie de son domicile, 8 rue Stanislas-Meunier Paris 20e, comme sa mère et sa sœur, il est torturé pendant six semaines parfois devant sa mère, mais il ne lâche rien6. Les Français de la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux le livrent à la Geheime Feldpolizei, qui l’enferme à Fresnes, où il demeure privé de tout contact, dans le quartier des condamnés à mort. Puis c’est Drancy. Il y retrouve ses camarades, Roger Trugnan et Samuel Razynski, dit « Sam ».

À la mi-juin, c’est le départ. Les jeunes manifestent dans le camp. Roger Trugnan raconte : « Nous chantions la Marseillaise et les gendarmes tapaient sur celles et ceux qui chantaient. » Son convoi depuis Drancy, le numéro 55, du 23 juin 1943, déportait 1 002 juifs, dont 160 enfants de moins de 18 ans, transportés dans des wagons à bestiaux. Deux jours et une nuit plus tard, ils arrivent à Birkenau, annexe d'Auschwitz. Seules 86 personnes de ce convoi ont survécu à la Shoah. Henri et ses camarades sont affectés au camp annexe de Jawischowitz. Ils travaillent à la mine, seize heures par jour, avec la faim, les coups, et la crainte d’être malade, qui signifie la mort. Mais aussi la résistance. Aussitôt arrivés, Henri, Roger, leur copain Sam ont cherché le contact. Ils continuent la lutte derrière les barbelés. Ils la continueront jusqu’au bout. Jusqu’à Buchenwald, où ils sont évacués en janvier 1945 - la terrible « marche de la mort ». Là, épuisés, ils sont pris en charge par l’organisation de Marcel Paul et du commandant Manhès.

Ils participent à l’insurrection du camp : « J’avais un vieux chassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka ! » (il faut faire la part des déformations de la mémoire : le Chassepot, fusil français de 1870, n'était pas courant en Allemagne ; et on ne s'improvise pas tireur au bazooka). Henri Krasucki en revient le 28 avril 1945, « juste à temps pour manifester le 1er mai », comme il dira avec humour. Le lieutenant Krasucki, au titre des FTPF de Charles Tillon, travaille comme ouvrier métallo dans diverses usines de la métallurgie. Henri Krasucki prit en charge Simon Rayman (le petit frère de son meilleur ami Marcel Rayman fusillé le 21 février 1944 par les nazis) qui se retrouve sans famille après que sa mère fut gazée dès son arrivée à Auschwitz, et s'en occupe comme d'un frère. Portrait parlé de Henri Krasucki, dit Bertrand, par les inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 : « Bertrand: 22 ans, 1,70m, mince, nez long, visage type sémite, cheveux châtain clair rejetés en arrière, retombant sur le côté. Pardessus bleu marine à martingale, pantalon noir, souliers jaunes, chaussettes grises. »

Après la guerre, il devient l'un des dirigeants du Parti communiste français, mais son principal engagement reste syndical. Il est naturalisé français en 1947, l'année même où il devient permanent syndical à la CGT. En 1949, il est secrétaire de l’Union départementale de la CGT de la Seine. En 1953, il entre au bureau fédéral de la Seine du PCF, puis en 1956, au comité central du PCF en tant que membre suppléant. En 1961, il entre au bureau confédéral de la CGT, puis devient directeur de La Vie ouvrière (la « VO »), le journal du syndicat qu'il dirige pendant dix ans. En 1964, il devient membre du bureau politique du PCF. Avec Roland Leroy et Louis Aragon, il est l’un des « accoucheurs » du comité central d’Argenteuil, tournant historique du Parti dans ses relations à la culture, la recherche et aux intellectuels. En 1966, grâce aux liens tissés avec Marcel Paul à Buchenwald, il règle le long conflit entre Marcel Paul et la direction de la fédération de l'éclairage.

Quand Benoît Frachon se retire, en 1967, « Krasu » se trouve aux côtés de Georges Seguy. Un an plus tard, à l’occasion de la plus grande grève que la France ait jamais connue, il est l’un des principaux négociateurs des accords de Grenelle. Il est un temps pressenti en 1967 pour prendre la direction de la CGT, mais Georges Séguy lui est préféré. Henri Krasucki lui succède en 1982, lors du 41e congrès, transmettant la fonction en 1992 au 44e congrès à Louis Viannet. En dix ans, les effectifs de la CGT ont fondu de moitié, à environ 700 000 adhérents.

Au début de son mandat, Henri Krasucki se place en principal interlocuteur du pouvoir, jusqu’au départ des ministres communistes du gouvernement en 1984, où il redevient le porte-parole du mécontentement social. Jusqu’au début des années 1980, il défend les orientations les plus rigides du PCF, ce qui l’amène à s’opposer de façon feutrée à Georges Séguy. En effet, depuis 1978, ce dernier cherchait à préserver la CGT des conséquences politiques résultant de la rupture de l’Union de la gauche, survenue en octobre 1977. Séguy s’efforçait de ne pas prendre parti sur la responsabilité de la rupture. Krasucki lui succède non sans résistances internes. Internationaliste convaincu, il est élu en 1986 vice-président de la Fédération syndicale mondiale (FSM), dont il a du mal à accepter la désaffiliation de la CGT en 1995. Toutefois, il amorce sur la fin de son mandat une prise de distance avec le PCF, qui vaudra au syndicat de beaucoup mieux supporter les évolutions des années 1990 que le parti.

Ainsi, silencieux sur l'insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est, sur l'insurrection de Budapest en 1956 et sur le Printemps de Prague de 1968, il demande secrètement en 1985 au conseil central des syndicats de l'URSS d'accorder à son syndicat une aide urgente de 10 millions de francs (1 million de roubles convertibles). Cette demande a un caractère strictement confidentiel; cette aide sera accordée en deux versements, en 1985 et 1986, de 500 000 roubles provenant du comité du tourisme et d'excursion par le KGB. Il condamne, après le 43e congrès en 1989, la répression de la place Tienanmen en Chine.

Il subit parfois des attaques personnelles, comme en 1987, lors d’un Club de la presse, lorsqu'une journaliste du Figaro-Magazine, Christine Clerc, lui reproche d’être un « Français de fraîche date » qui, « naturalisé en 1947 » se permet de critiquer la politique de la France. Il réplique en racontant l’histoire de son père. « Mes origines n’ont rien d’extraordinaires, explique-t-il à Jean-Claude Poitou, il se trouve d’ailleurs qu’elles sont les mêmes que celles du cardinal archevêque de Paris (il s'agit de Jean-Marie Lustiger, comme lui d'origine juive polonaise). Ses parents et les miens ont, à peu d’années d’intervalle, vécu la même histoire, bien qu’avec des idées différentes. Je ne peux m’empêcher d’observer que si, par hypothèse, les circonstances de la vie m’avaient fait archevêque, on évoquerait aujourd’hui mes origines avec tact, sans insinuation perfide. Et si je comptais parmi mes ancêtres quelques grands princes polonais, alors là... ».

Caricaturé à la télévision comme un rustre par sa marionnette « Crabe Zuki » du Bébête Show, c'était en réalité un homme particulièrement cultivé, polyglotte, fou d'opéra et admirateur d'Éluard, rigoureux, épris de liberté et de justice. Toujours disponible, il était reconnu pour ses qualités humaines et comme un vigoureux négociateur — acteur important des accords sur l’indemnisation du chômage et le droit à la formation, en 1970 —, mais aussi comme un vif partisan de la ligne dure de son parti et de la grève (sauf après l'arrivée de la gauche en 1981).

Il fut membre du bureau politique du PCF jusqu’en 1996. À sa mort, la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, salua « avec émotion et beaucoup de respect » la mémoire du « camarade Henri Krasucki ». Le président Jacques Chirac rendit hommage « au fils d'immigrés polonais dont la jeunesse a été très tôt marquée par le combat pour la liberté et pour la France et qui a connu le drame de la déportation alors qu'il n'avait pas vingt ans ». Henri Krasucki fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise, auprès de sa mère Léa et de sa sœur « Lili », près du carré des déportés en face du mur des Fédérés. Une place Henri-Krasucki fut inaugurée le 23 juin 2005, dans le 20e arrondissement de Paris, au carrefour des rues Levert, des Envierges, de la Mare, des Couronnes et des Cascades, près du parc de Belleville. Il avait longtemps habité au 107 rue des Couronnes, sur la place qui porte aujourd'hui son nom. En 2009, Adrien Jolivet interprète Henri Krasucki dans L'Armée du crime de Robert Guédiguian, retraçant la résistance parisienne des FTP-MOI.

Emmanuelli Henri

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Henri Emmanuelli, né le 31 mai 1945 à Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées), est un homme politique français, membre du Parti socialiste.

 

Emmanuelli Henri

Né le 31 mai 1945 à Eaux-Bonnes, il grandit dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Issu d'un milieu populaire, orphelin de père très jeune, il intègre Sciences Po Paris puis entre en 1969 à la Compagnie financière Edmond de Rothschild. Il est attaché de direction en 1971, puis fondé de pouvoir et enfin directeur adjoint en 1975. À la même époque, il rentre dans la Franc-maçonnerie, qu'il quittera cinq ans plus tard. Il poursuit son activité professionnelle à la banque Rothschild jusqu'à sa première élection comme député à 32 ans, en 1978. Il adhère au Parti socialiste en 1971.

À la demande de François Mitterrand, il est, à 27 ans, candidat lors des élections législatives de mars 1973 dans la 2e circonscription de Lot-et-Garonne. Mais c'est le 19 mars 1978, qu'il est élu pour la première fois député de la 3e circonscription des Landes qu'il fait basculer à gauche. En 1982, il est élu pour la première fois Président du Conseil général des Landes. De 1981 à 1986, il est successivement, sous les gouvernements de Pierre Mauroy et de Laurent Fabius, Secrétaire d'État chargé des DOM TOM (1981 à 1983) puis Secrétaire d'État au Budget (1983 à 1986). Secrétaire national chargé de la Trésorerie et de la Coordination en 1988, puis membre du secrétariat national du PS, chargé du Budget, de l'Administration et de la Trésorerie à l'issue du Congrès de Rennes en mars 1990, il contribue à faire échec à la première tentative de prise de contrôle du PS par Laurent Fabius, en soutenant la motion de Pierre Mauroy et de Lionel Jospin dans cette lutte fratricide entre Jospiniens et Fabiusiens. En octobre, Les fabiusiens prennent leur revanche en empêchant Henri Emmanuelli de devenir président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale après l'entrée de Louis Mermaz au gouvernement. De 1992 à 1993, il est Président de l'Assemblée nationale.

Le 19 juin 1994, lors du Conseil national de la Villette, il est élu premier secrétaire du Parti socialiste, à titre provisoire, après avoir battu son seul concurrent, le jospinien Dominique Strauss-Kahn (140 voix contre 64), avec l'appui des fabiusiens. Il est réélu à ce poste lors du congrès de Liévin, le 20 novembre 1994, avec 92,15 % des voix des militants et le soutien de Laurent Fabius, Lionel Jospin, Michel Rocard, Pierre Mauroy et Jean Poperen. Il est candidat à la primaire présidentielle socialiste de 1995 face à Lionel Jospin, qui l'emporte avec 65,85 % des voix contre 34,15 % pour Henri Emmanuelli soutenu, puis lâché au dernier moment, par Laurent Fabius. Lionel Jospin lui succède à la tête du PS en octobre 1995. Inculpé le 14 septembre 1992 dans l'affaire Urba en tant que trésorier du parti, défendu par Philippe Lemaire et Patrick Maisonneuve, il est condamné ès qualité pour complicité de trafic d'influences, le 16 décembre 1997, à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de ses droits civiques. Également mis en examen le 15 octobre 1998 dans le cadre de l'affaire Destrade de financement illégal du Parti socialiste, il est relaxé, le juge ayant prononcé un non-lieu le concernant.

Mitterrandien de toujours, hostile aux tendances sociales-libérales dont l'influence grandit chez les socialistes européens et français, il s'est placé depuis le Congrès de Grenoble en 2000 dans l'opposition interne, et plaide sans relâche pour un PS clairement ancré à gauche. Pour le Congrès du Mans du Parti socialiste en novembre 2005, il s'associe au courant NPS d'Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Benoît Hamon. Dans le cadre de la campagne sur le référendum en 2005, au sujet du traité établissant une Constitution pour l'Europe, il fait publiquement campagne pour le non, se plaçant en opposition ouverte avec la position officielle du Parti socialiste, favorable au traité.

Il fonde alors les « collectifs socialistes pour le non », qui mettent en avant les nombreuses délocalisations qui touchent l'industrie française. Henri Emmanuelli estime non seulement que le projet de constitution empêchera à l'avenir l'Union européenne de se doter des outils nécessaires à la protection de l'industrie tant française qu'européenne mais aussi qu'il organisera la concurrence entre les pays membres plutôt que d'en faire une zone politique et économique intégrée et homogène en aidant massivement les nouveaux membres de l'UE à rattraper leur retard de développement. Il voit dans le traité une renonciation à l'idéal d'une Europe fédérale, pour laquelle il plaide, notamment dans son Plaidoyer pour l’Europe.

La campagne du non amène l'éclatement de Nouveau Monde et la recomposition de l'aile gauche du Parti socialiste. Alors que Jean-Luc Mélenchon se rapproche de Laurent Fabius en vue du congrès du Mans, Henri Emmanuelli crée un nouveau courant : Alternative socialiste. Il est rejoint par Marc Dolez, de Forces militantes et Gérard Filoche, du Nouveau Parti socialiste (NPS). Alternative socialiste fusionne avec Nouveau Parti socialiste mi-septembre 2005 pour déposer une motion commune lors du Congrès du Mans. Le 7 juin 2011, à l'occasion de la séance de questions de l'Assemblée nationale, il lève un doigt d'honneur à l'encontre du premier ministre François Fillon. Il risque une sanction de la part du bureau de l'Assemblée nationale. Le 10 juillet 2012, il est nommé membre de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations, commission dont il devient le président le 17 juillet 2012. Le 17 juillet 2012, il est l'un des signataires de l'appel à la légalisation du cannabis, intitulé « le laxisme, c'est de ne rien changer ». La même année, il vote contre la ratification du Pacte budgétaire européen mais pour son application en votant la loi organique chargée de sa mise en œuvre.

Frémont Christian

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Christian Frémont, né en 1942 en Dordogne, est un haut fonctionnaire français. Il a notamment occupé du 28 juillet 2008 au 15 mai 2012 le poste de directeur de cabinet du président de la République Nicolas Sarkozy. Christian Frémont est également un ancien professeur de lettres.

 

Frémont Christian

Ancien élève de l'ENA (promotion Charles de Gaulle, 1972), Christian Frémont a notamment été directeur des stages de l'École nationale d'administration pendant près de 10 ans, avant de devenir successivement préfet de l'Ariège en 1991 et 1992, puis du Finistère de 1992 à 1996, puis du Pas-de-Calais jusqu'en 1997, date à laquelle il devient directeur général de l'administration au Ministère de l'intérieur. 

Nommé préfet de la région Aquitaine le 14 septembre 2000, il part à Marseille le 15 mai 2003 pour prendre le poste de préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Lors du Conseil des ministres du 23 mai 2007, sur proposition de la ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales, « Il est mis fin aux fonctions de préfet de M. Christian Frémont, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, préfet de la zone de défense sud, préfet des Bouches-du-Rhône (hors classe) ».

Il devait être nommé Directeur de Cabinet d'Alain Juppé, Ministre d'État, Ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement Durables (il l'était officieusement au lendemain de la constitution du gouvernement Fillon I). Cependant la défaite d'Alain Juppé aux élections législatives et la démission de celui-ci, annulera l'arrêté de nomination qui devait sortir après les élections.

Christian Frémont a ensuite été nommé au poste de directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo qui a succédé à Alain Juppé au lendemain de la défaite de celui-ci aux législatives. Il était, depuis la fin du mois d'avril 2008, conseiller du Président de la République Nicolas Sarkozy, avant d'être nommé directeur de cabinet de celui-ci en remplacement d'Emmanuelle Mignon le 28 juillet 2008.

 

Association nationale des anciens combattants de la Résistance

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L'Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) est une association d'ancien combattants regroupant des résistants et des militaires des Forces françaises libres (FFL). 

Vincent Badie, Robert ChambeironVincent Badie, Robert Chambeiron

Vincent Badie, Robert Chambeiron

Fondée en mars 1945 par des anciens membres des Francs-tireurs et partisans, l'une des principales composantes des Forces françaises de l'intérieur (FFi), l'association s'ouvre en 1952 à tous les anciens combattants de la Résistance Intérieure et de la France libre, et prend son nom actuel. Elle a compté parmi ses membres d'honneur, de célèbres résistants tels que Jacques Chaban-Delmas, Jacques Duclos, l'amiral Émile Muselier, André Dewavrin (dit colonel Passy), Alain Savary ou Mgr Pierre-Marie Théas.

Comité d'Action Militaire (COMAC)

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COMAC est l'appellation usuelle du Comité d'action militaire, organe créé par le Comité central des mouvements de Résistance, le 1er février 1944, pour diriger les Forces françaises de l'intérieur (FFI), qui intégraient en principe toutes les unités armées des différents mouvements de la Résistance intérieure française. 

Maurice Chevance-Bertin, Marcel DegliameMaurice Chevance-Bertin, Marcel Degliame

Maurice Chevance-Bertin, Marcel Degliame

En fait, cet organe est d'abord appelé le COMIDAC. En février 1944, le COMIDAC est composé de Maurice Chevance-Bertin, représentant des mouvements de zone sud, Jean de Vogüé représentant les mouvements de zone nord et Pierre Villon, représentant le Front national. Marcel Degliame, représentant du CNR le général Pierre Dejussieu, chef de l'état-major national des FFI et Louis-Eugène Mangin, délégué militaire national représentant le CFLN d'Alger assistent également aux séances.

Le Front National essaye d'abord de s'opposer à la représentation de l'ORA, suspectée d'attentisme avant d'accepter l'entrée du général Georges Revers à titre de conseiller technique. Par son ordonnance du 10 mars 1944, De Gaulle tente de limiter les pouvoirs du COMIDAC, mais cette ordonnance n'est pas réellement appliquée par les représentants de De Gaulle en France qui ont pris le parti de composer avec les mouvements de résistance intérieure. Le 13 mai 1944, le Conseil national de la Résistance (CNR) décide que le COMIDAC relève de son autorité et prend le nom de COMAC. Le COMC est composé des "3V" : Pierre Villon, représentant du CNR et du Front National, Valrimont Maurice Kriegel (zone sud) et Vaillant (Jean de Vogüé), (zone nord). Le représentant des FFI est alors Alfred Malleret, et le représentant du CFLN, Jacques Chaban-Delmas, délégué militaire national. D'autres personnalités, comme le général Revers assistent parfois aux séances.

La place exacte du COMAC, au sein duquel les communistes (Villon, Valrimont, Malleret) sont en force, n'est pas très claire, et d'autres organes revendiquent également la direction des unités armées de la Résistance: L'état-major des FFI (EMFFI), dirigé par le général Koenig, et un autre Comidac, créé à Alger. Selon l'historien François Marcot, le COMAC n'a jamais été réellement un organisme de « direction et de commandement » sur l'ensemble de la France, où le pouvoir réel appartenait aux chefs régionaux ou locaux, mais lors de la libération de Paris, le COMAC, qui siégeait dans la capitale a pu jouer un rôle important.

Poperen Jean

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Jean Poperen (né le 9 janvier 1925 à Angers et décédé le 23 août 1997) est un homme politique français. Il fut membre successivement de plusieurs partis politiques et principalement du Parti socialiste.

 

Poperen Jean

Il est né le 9 janvier 1925 de Maurice Poperen (instituteur anarcho-syndicaliste et historien du mouvement ouvrier) et d’une ouvrière brodeuse à Angers, qui décèdera en 1937, alors que Jean n'a que 12 ans. Les Poperen auront un autre fils, Claude, né en 1931, qui sera militant et responsable communiste jusqu'en 1987. Il suit ses études secondaires au Lycée David d'Angers jusqu'en juin 1940, lorsqu'il suit sa famille dans l'exode qui les conduit à Denée (Maine-et-Loir). En 1942, après l'obtention de son baccalauréat, il entre en classe préparatoire littéraire au Lycée de Rennes, puis, après sa fermeture à la rentrée suivante, au Lycée Louis-le-Grand de Paris. Après son échec au concours d'entrée à l'École Normale Supérieure, il poursuit ses études à la Sorbonne et décroche l'agrégation d'Histoire en 1947.

Nommé à la rentrée 1947 professeur au lycée de garçons d'Amiens, il y fait la rencontre d'un autre enseignant avec qui il se lie, Gilles Deleuze, qui y enseigne la philosophie. En 1950, il obtient un poste à Paris, au Lycée Janson de Sailly. Après une courte interruption de sa carrière, entre juin 1952 et aout 1953, il reprend son poste, puis sera maitre assistant d'Histoire à l'Université Paris I. Malgré le scepticisme de son père, qui fut toute sa vie opposé à l'autoritarisme "stalinien", Jean fait ses premières armes militants au sein du Parti communiste français qu'il rejoint en pleine guerre, à 18 ans. Il participe à l'activité des jeunes communistes de la capitale, dans le cadre clandestin de la Résistance. À la Libération, il est secrétaire national des étudiants communistes. Puis, après son entrée dans la vie active, s'engage dans l'activité militante dans la Somme. Il y est membre du bureau de la fédération communiste départementale. Après son retour à Paris, il intègre la section des intellectuels dirigée par Laurent Casanova et Annie Kriegel.

Militant communiste "dans la ligne", parfois intransigeant, mais aussi brillant et travailleur acharné, il se voit proposer d'intégrer le Kominform. Il y est chargé, entre 1952 et 1953, de l'adaptation en français de textes communistes soviétiques. C'est de ce séjour à Bucarest que date ses interrogations sur le "communisme réel", et notamment sur l'antisémitisme d'État des pays de l'Est . Il renonce d'ailleurs rapidement à son poste au Kominform pour revenir en France, où il devient secrétaire de la cellule communiste du XVIe arrondissement de Paris. En 1956, c'est la rupture. Le « rapport Krouchtchev », et surtout son occultation par la direction du PCF, ainsi que l'intervention soviétique consécutive à l’insurrection de Budapest finissent de le convaincre de l'impasse stalinienne. En 1958, il participe à la création du "comité provisoire de liaison pour la réunification du mouvement ouvrier", plus connu sous le nom de la revue qu'il publie, Tribune du communisme. En 1959, il est exclu du parti, sans que cela ne soit ni un déchirement, ni une surprise.

Pendant toutes les années 1960, Jean Poperen va être à la recherche de l'unité de la gauche française. Dès 1960, il prend contact avec les dirigeants du Parti Socialiste Autonome et participe activement à la création du PSU dont il devient l’un des dirigeants. Au sein de ce parti, souvent divisé, Poperen anime un courant qui se veut "unitaire", favorable à l'unité de toute la gauche, voire d'un rapprochement organique revenant sur la scission du congrès de Tours. Mais, surtout, il s'oppose au nom de la lutte des classes, contre la branche "moderniste" du parti, incarnée par Gilles Martinet et Michel Rocard. La cristallisation de cette opposition naît en 1963, au congrès dit de "la Grange aux Belles" : Poperen devient le chef de file de la minorité du PSU et conspue la fascination pour la "nouvelle bourgeoisie technicienne" de la majorité.

Après le congrès de 1967, qui voit l'orientation "moderniste" du PSU confirmée et, surtout, le refus de la majorité d'intégrer la FGDS en cours de constitution dans la foulée de la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1965, il compare publiquement la direction du parti à une "secte", ce qui lui vaut une exclusion à laquelle il s'attendait. Il constitue alors avec d'autres l’Union des groupes et clubs socialistes (UGCS).. En avril 1968, l’UGCS rejoint la FGDS, et Jean Poperen devient membre du bureau politique de cette fédération. Après l'échec du Congrès d'Alfortville, dont elle s'est finalement retirée, l'UGCS est partie prenante de la refondation du Parti Socialiste (PS) au Congrès d'Issy-les-Moulineaux.

Lors du Congrès d'Epinay, en 1971, qui voit l'unité des socialistes se réaliser, il dépose une motion qui obtient 12 % des mandats. Il soutient alors Alain Savary contre François Mitterrand. Poperen défend l'union de la gauche, certes, mais il refuse de se coaliser avec ceux qui, au sein de la SFIO, ont toujours défendu l'alliance au centre, et qui viennent, derrière Gaston Defferre, dont la motion a obtenu 29 %, de se rallier à Mitterrand. Il doute de leur sincérité et s'oppose à cette combinaison d'appareil qui lui semble surtout viser à se débarrasser définitivement de Guy Mollet.

Même s'il ne se compte pas forcément à tous les congrès, le courant animé par Jean Poperen, d'abord appelé « Rassembler à Gauche », puis "Nouveau Monde 92", va être un de ceux qui vont structurer le parti jusqu'au début des années 1990. Rallié à la majorité mitterrandienne dès 1973, après que sa motion n'eut obtenu que de justesse 5 % des mandats, ce courant se retrouve surtout autour de sa publication bimensuelle, Synthèses flash, animée par Colette Audry, qui sera publiée de 1969 à 1997. Jean Poperen est nommé, en 1973, délégué national du Parti Socialiste aux questions industrielles. Peu enthousiaste à l'accueil des rocardiens au sein du Parti Socialiste, il rejoint la motion mitterandiste lors du congrès de Pau en 1975 et devient secrétaire national à la propagande, puis secrétaire national à la coordination après le congrès de Metz (1979). Bien qu'officiellement chargé de l'organisation de la campagne présidentielle de 1981, il est cependant écarté du cercle des proches du candidat, qui sont réellement à la manœuvre.

Après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, et l'arrivée de Lionel Jospin au poste de premier secrétaire, Jean Poperen va devenir, tout en restant secrétaire national à la coordination, le no 2 du Parti Socialiste. L'expérience de la gauche au pouvoir met cependant Poperen en situation difficile, tiraillé entre sa loyauté envers le gouvernement et la distorsion entre ses orientations et les choix de l'exécutif. Cela se traduit notamment par des décalages entre l'expression de Synthèses flash et celle de Poperen lui-même. Il n'y a, finalement, que sur la question laïque et l'abandon du projet Savary d'unification du service public d'éducation, en 1984, que Poperen exprime sa colère. Le courant est plus ou moins réactivé en 1986, avec une grande réunion salle de la Mutualité, à Paris. Bien qu'il renonce à déposer une motion lors du Congrès de Lille (1987), il y exprime à la tribune l'ampleur de ses divergences avec le primat de la "structure d'appareil" sur "la volonté de pluralisme". Cette attaque qui vise le premier secrétaire, Lionel Jospin, lui vaut de perdre son poste de secrétaire national et de numéro 2 du parti.

Il profite de son accession au gouvernement après la réélection de François Mitterrand en 1988 pour revitaliser son courant, qui exprime ses nuances, notamment sur la création du RMI, sur la politique salariale de l'État, qu'il juge trop austère, ou encore sur les atermoiements de Lionel Jospin lors de « l'affaire des foulards » de Creil. Lors du Congrès de Rennes, il espère tirer profit de l'explosion du courant mitterrandiste pour prendre la direction du parti. Mais le score de sa motion (7,5 %) montre l'ampleur de ses illusions. Le coup est rude et le courant se délite. Jean-Marc Ayrault, qui faisait figure jusque là de « dauphin » de Poperen, le quitte. Synthèses flash perd la collaboration de Colette Audry, qui décède en 1991. Enfin, la position très favorable de Poperen en faveur d'une intervention militaire lors de la Guerre du Golfe le coupe d'une partie non négligeable de son courant, notamment des jeunes, et rend caduques les offres de rapprochement faites par les animateurs de la Gauche Socialiste en cours de constitution. Une nouvelle tentative, après 1995, se soldera par un nouvel échec, dû au refus de Poperen cette fois-ci.

Après l'échec retentissant des élections législatives de 1993, il présente une motion qui obtient encore 11 % des voix lors du congrès du Bourget. Ce texte qui apparaît comme très critique vis-à-vis du premier secrétaire Michel Rocard, fustige notamment la dérive "sociale libérale" du parti. Après la démission de Rocard à la suite de la déroute électorale des européennes de 1994, Poperen soutient le recentrage à gauche proposé par Henri Emmanuelli, qui doit cependant céder la direction du PS à Lionel Jospin, désigné par les militants comme candidat à l'élection présidentielle de 1995. Après son décès, en 1997, son courant ne lui survit pas. Une partie, derrière Marie-Thérèse Mutin, se maintient provisoirement, obtenant 5,4 % des voix au congrès de Brest (1997), mais disparaît ensuite. La plupart des poperénistes ont suivi le courant Nouveau Monde, puis Un Monde d'Avance, mené par Henri Emmanuelli, puis Benoît Hamon. Emmanuel Maurel, chef de file du courant Maintenant La Gauche lors du congrès de Toulouse (2012) se réclame de l'héritage poperéniste.

Candidat « de témoignage », investi par le PSU, lors d'une législative partielle à Paris en 1965, Poperen avait obtenu 7 % des voix, pas assez pour se maintenir au second tour. Ce n'est qu'en 1973 qu'il se réengage dans la bataille électorale, dans le Rhône. Bien que son « parachutage » n'ait pas été très bien accepté, il est élu député, et constamment réélu ensuite jusqu'en 1993, année où il ne se représente pas. En 1977, il est élu maire de Meyzieu, une ville d'une vingtaine de milliers d'habitants, dans la banlieue lyonnaise, qui le conservera comme premier magistrat jusqu'à sa mort. En 1988, il est nommé Ministre chargé des relations avec le Parlement dans le gouvernement Rocard I. Il conserve ses fonctions dans le second Cabinet Rocard, en juin 1988. Il est reconduit dans le gouvernement d'Édith Cresson, en 1991.


Samphan Khieu

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Khieu Samphân (né le 27 juillet 1931) est un khmer rouge, ancien président du Présidium d'État du Kampuchéa démocratique de 1976 à 1979. 

Samphan Khieu

Il était un des dirigeants les plus importants du gouvernement des Khmers rouges, bien que Pol Pot ait été le véritable leader du mouvement. Avec Hu Nim, Hou Yuon, Pol Pot et Ieng Sary, il est l'un des théoriciens et des dirigeants du Parti communiste du Kampuchéa (alias l'Angkar), l'organisation suprême, responsable entre 1975 et 1979 de la mort d'environ 1,7 million de Cambodgiens.

En 1955, étudiant à l'Université de Montpellier, il publie une thèse sur la paysannerie et la politique cambodgienne dans laquelle on peut déjà trouver toute la trame de l'utopie meurtrière qui va frapper le Cambodge : il met en cause le développement des villes et les compare à un fardeau pour les campagnes. De retour au Cambodge, il fonde un journal d'opposition, pour lequel le prince Norodom Sihanouk le fait passer à tabac en plein rue par des hommes de main, ce qui n'empêchera pas le prince de le nommer plus tard Secrétaire d'État au Commerce, poste qu'il occupe jusqu'en 1967, date à laquelle il rejoint les maquis Khmers rouges.

Après leur prise du pouvoir, il est Vice-premier ministre et Ministre de la Défense jusqu'en 1975, époque où il devient le véritable chef de l'État du Kampuchea. De par sa fonction, il porte une responsabilité importante dans la déportation des habitants des villes vers les campagnes et les massacres des militaires vaincus que le procès qui s'est ouvert tente de déterminer. Cette déportation s'est accompagnée du « génocide cambodgien », qui, selon les sources, a entrainé la mort de 800 000 à 3 millions de Cambodgiens.

Après la chute des Khmers rouges en 1979, Khieu Samphan dirige un gouvernement rebelle qui conserve une reconnaissance internationale jusqu’en 1982. En 1987, il organise la mise à la retraite de Pol Pot et lui succéde officiellement comme chef des Khmers rouges, titre qu'il gardera jusqu’à sa reddition au gouvernement cambodgien en 1998. En 1987, il confie le commandement des forces armées à Ta Mok. Khieu Samphân confirme aussi à son poste Lok Wan accusé par les organisations humanitaires d'innombrables crimes contre l'humanité. À l'automne 1988, il oblige des milliers de prisonniers à ravitailler les troupes des Khmers rouges sous le feu de l'artillerie vietnamienne, plus d'un demi-millier d'entre eux seront massacrés.

En juillet et août 1989, il représente le Kampuchea, lors de la Conférence internationale sur le Cambodge, organisée à Paris. Il a accompagné Pol Pot jusqu'à sa mort en 1998. Il vit réfugié dans la campagne cambodgienne jusqu'en décembre 1999 lorsqu'il se rend avec Nuon Chea au forces gouvernementales. Le dernier chef khmer rouge Ta Mok est capturé quelques semaines plus tard en mars 1999. En 2007 il est arrêté en vue de son procès. Khieu Samphan réside à Pailin, l'un des anciens bastions des Khmers rouges dans le nord-ouest du Cambodge. Il a été arrêté le lundi 19 novembre 2007 et mis en examen pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, chargé de juger les crimes du régime Khmer rouge.

Pol Pot

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Saloth Sâr(19 mai 1928 - 15 avril 1998), plus connu sous le nom de Pol Pot , est le dirigeant politique et militaire des Khmers rouges, partisans d’un communisme radical.

 

Pol Pot

De 1976 à 1979, il fut le Premier ministre du Kampuchéa démocratique (Cambodge actuel). Le programme d'étude sur le génocide cambodgien de l'Université Yale évalue le nombre de victimes des politiques de son gouvernement à environ 1,7 million de morts, soit plus de 20 % de la population de l'époque. Saloth Sâr appartient à une famille sino-khmère. Son grand-père Phem s'enrichit au milieu du XIXe et participe matériellement à la révolte de 1885-1886, durant laquelle il serait mort dans une embuscade. Son père s'appelle loth, mais change de nom avec l'établissement de la colonisation française en Phem Saloth. Cheng, la tante de Sâr, sert auprès du roi Norodom Ier, sa fille devenant dans les années 1920 l'une des concubines de Sisowath Monivong. Sâr serait né le 19 mai 1928 ou en mars 1925. Il a huit frères et sœurs, dont il serait le benjamin s'il est né en 1928, ou l'avant-dernier s'il est né en 1925. Suoung, l'aîné, devient officier de palais à vie en 1930. La première fille, Roeung, devient l'une des concubines de Sisowath Monivong par l'intermédiaire de sa cousine. Nhep, né en 1927, est le plus proche de Sâr.

La famille Saloth est une famille de notables paysans. Établie à Prek Sbauv, dans la province cambodgienne de Kampong Thom, elle possède l'une des plus grosses maisons du village ainsi que 25 hectares de rizières. L'environnement familial semble avoir été serein et les punitions corporelles moins courantes que la norme de l'époque. Si loth raconte à ses enfants l'engagement de son père (que Sâr n'a pas connu) durant les conflits avec les Vietnamiens et Thaïlandais, il ne fait pas étalage de ses convictions politiques. La superstition et la croyance en la magie tiennent alors une place très importante dans la société cambodgienne. Un culte entoure le roi du Cambodge, présenté comme intrinsèquement supérieur. C'est dans cet environnement et celui du bouddhisme theravāda que Saloth Sâr grandit. En 1934, Saloth Sâr est envoyé par son père à Phnom Penh pour parfaire son éducation (le village ne possédant ni école ni wat), comme son grand frère Chhay avant lui. Il intègre le Wat Botum Vaddei, un monastère-école à proximité du Palais royal et tenu par le Thammayut Nikaya, proche du pouvoir. Véritable village, ce wat accueille chaque année une centaine de novices, âgés de 7 à 12 ans. L'éducation religieuse qui y est apportée est rigoureuse, l'organisation de la vie des apprentis et des moines stricte et l'individualité prohibée. Saloth Sâr y passe un an et semble avoir apprécié cette période.

L'été 1935, il emménage chez Suong et sa femme, chez qui habite déjà son frère Chhay, bientôt rejoint par Nhep. Il intègre à la rentrée avec Chhay l'école Miche dont les cours sont prodigués en français par des prêtres français et vietnamiens. L'accès à une telle éducation est alors le privilège d'une petite minorité de Cambodgiens. Saloth Sâr est plutôt un mauvais élève, redoublant deux fois avant son Certificat d'études primaires, qu'il passe en 1943. Il échoue au concours d'entrée au lycée Sisowath. À la rentrée scolaire 1943, il intègre le collège Preah Sihanouk, situé à Kampong Cham, en tant que pensionnaire. Contrairement à la plupart des élèves cambodgiens à cette époque, Saloth Sâr reçoit un enseignement imprégné de la Révolution nationale. Il ne se passionne toujours pas pour ses études, mais a plusieurs activités périscolaires (musique, sport, …). Il y rencontre Lon Nol, qui devient l'un de ses meilleurs amis.

Saloth Sâr n'est guère touché par la politique, malgré la montée des sentiments anticolonialistes et nationalistes. Il est touché, comme l'ensemble de sa génération, par la haine séculaire qui oppose les Khmers aux Vietnamiens, haine renforcée par le nombre de Vietnamiens dans la fonction publique coloniale. Ce n'est qu'en mars 1945, avec l'intervention des troupes japonaises en Indochine, que l'actualité entre dans la vie du jeune Sâr. Suite à cet évènement, la troupe de théâtre amateur de l'école quitte Kampong Cham pour partir en tournée dans le reste du Cambodge. Les vacances ayant été avancées en mai, Saloth Sâr travaille alors dans le commerce.

À la rentrée scolaire de 1945, Saloth Sâr progresse. Il réussit en 1947 a intégrer comme interne le lycée Sisowath de Phnom Penh, en même temps que Lon Nol, et loge ainsi chez Suong. Tandis que ses amis et camarades s'initient peu à peu à la politique, il ne semble pas s'y intéresser. Il échoue au brevet élémentaire en 1948 et doit se rediriger vers une école technique du nord de Phnom Penh, à l'atmosphère « déprimante » et violente. Il suit les cours de menuiserie et fait la rencontre de Nghet Chhopininto. Ayant réussi son brevet d'études techniques un an plus tard, il fait partie des cinq élèves de l'école à recevoir une bourse pour partir étudier en France métropolitaine. En août, une cérémonie est organisée à cette occasion en présence du roi Norodom Sihanouk. Le lendemain, Saloth Sâr et d'autres boursiers partent pour Saigon. Au bout d'une semaine, le matin du 31 août, ils embarquent au bord du bateau Jamaïque pour un voyage de quatre semaines, s'arrêtant à Singapour et Colombo.

Ayant débarqué à Marseille, ils arrivent par train à Paris le matin du 1er octobre 1949. À la gare de Lyon, ils sont pris en charge par un fonctionnaire du ministère de l'Éducation nationale et des membres de l'Association des étudiants khmers de France (AEK). Saloth Sâr s'inscrit à l'École française de radioélectricité (devenue plus tard EFREI) pour suivre les cours de radiophonie, école qu'avait intégré un an auparavant le prince Sisowath Somonopong. Placés temporairement dans un foyer étudiant rue Monsieur-le-Prince, les étudiants doivent par la suite trouver par eux-mêmes un logement, la Maison de l'Indochine de la Cité internationale universitaire de Paris étant trop petite. Saloth Sâr est aidé dans cette recherche par le prince qui lui trouve un appartement. Il habite alors soit rue Amyot avec les deux fils du gouverneur de la province de Kratie soit au 17 de la rue Lacépède avec deux princes de la cour royale.

Malgré sa participation aux activités de l'AEK, Saloth Sâr se consacre avec assiduité à ses études, bien qu'il ne soit admis en deuxième année que grâce à la session de rattrapage et qu'il sorte de l'école sans recevoir le diplôme. Il participe l'été aux « brigades de travail » composées de volontaires internationaux pour aider à la reconstruction de la Yougoslavie proposées par l'AEK. Par l'intermédiaire de Rath Samoeun et Ieng Sary, Keng Vannsak aide Saloth Sâr à trouver un nouveau logement, non loin du sien, au croisement de la rue du Commerce et de la rue Letellier. Keng Vannsak, élu au comité exécutif de l'AEK, organise à partir de la fin décembre 1950 des « Cercles d'étude » en son sein. En particulier, il commence à réunir chez lui deux à trois fois par mois un nombre restreint de ses connaissances en vue de discuter de l'Indochine française et de son avenir. Saloth Sâr, Rath Samoeun, Ieng Sary, Sien An, Ea Sichau et Hang Thun Hak y participent. Ces réunions sont le premier rapport direct du jeune Sâr avec la politique.

Dans le même temps au Cambodge, le 15 juin 1952, Norodom Sihanouk écartait du pouvoir le Parti démocrate, vainqueur des élections 9 mois plus tôt et installait un nouveau gouvernement dont il prenait la tête. Saloth Sâr, sous le pseudonyme Khmer Daeum (Khmer de base), attaquait énergiquement la royauté dans le magazine Khemarak Nisat, littéralement l’Étudiant Khmer. Il affirmait que « les édits royaux n’affectent pas la solidarité des étudiants khmers, mais au contraire la renforcent ». Il rajoutait que « la démocratie est un régime auquel aspirent aujourd’hui tous les peuples du monde ; elle est aussi précieuse qu’un diamant et ne peut être comparée à aucun autre gouvernement. » Il faisait aussi remarquer que le prince Youthevong - l’ancien dirigeant des démocrates - et le Bouddha étaient tous deux antimonarchiques. Le ton de l’article était plus proche des milieux nationalistes que de l’idéologie marxiste, mais le recul des démocrates amenait Saloth Sâr et d’autres étudiants cambodgiens à se rapprocher des thèses du communisme.

Il rejoint ainsi les cercles du Parti communiste français, auprès desquels il fait la connaissance de Jacques Vergès. Début 1953, Saloth Sâr reprenait le Jamaïque pour rentrer au Cambodge. Il quittait la France en ayant arrêté sa scolarité et sans avoir obtenu de diplôme. À Phnom Penh, il parla à son frère avec enthousiasme de son expérience en Yougoslavie et vantait les mérites de l’URSS. D’après Keng Vannsak rentré avant lui, Sâr quittait rapidement la capitale pour rejoindre les forces khmères Issarak du prince Chantarainsey près de Kampong Spoe. En août 1953, d’après des sources vietnamiennes et cambodgiennes datant d’après la chute du Kampuchéa démocratique, il se serait présenté aux forces Việt Minh de l’Est cambodgien comme un membre du PCF. En 1981, Ieng Thirith affirmera à Elizabeth Becker que les Vietnamiens l’assignèrent à des tâches humiliantes telles que le transport d’excréments des latrines. Que ces informations soient fondées ou non, il semble que cette période lui ait été précieuse pour la suite ; les responsables Việt Minh appréciaient cette nouvelle recrue, avec son affabilité, ses relations au palais royal et son éducation française. Sâr se fit également repérer par Tou Samouth, futur responsable du Parti communiste du Kampuchéa, qui en fera son secrétaire jusqu’à sa disparition en 1962.

Lorsque les Français se retirent d'Indochine en 1954, le roi Norodom Sihanouk est nommé à la tête de l'État et la monarchie est restaurée au Cambodge. Comme plusieurs de ses contemporains, Saloth Sâr s'oppose au nouveau pouvoir et entre dans un parti communiste de faible envergure, le Parti révolutionnaire du peuple khmer (ce parti deviendra par la suite le Parti communiste du Kampuchéa, l'organe politique des Khmers rouges). Il est élu secrétaire du comité central du parti en 1962.

Dans le même temps, il devient professeur de littérature française, d’histoire, de géographie et d’instruction civique dans deux établissements privés de Phnom Penh, Chamroeun Vichea et Kampuchaboth (1956-1963). L’écrivain Soth Polin qui suivit ses cours de littérature française à Chamroeun Vichea en 1958 et 1959 se rappelait de ses manières respectueuses, voire mielleuses et affectionnait tout particulièrement les poètes romantiques français du XIXe siècle, notamment alfred de vigny et Paul Verlaine. Il parlait avec emphase, sans notes, cherchant parfois le terme correct mais sans jamais se laisser submerger par son lyrisme. Dans un article paru en 1981, Polin écrivait que la douceur du parler de celui qui allait devenir Pol Pot rappelait ses liens avec le Palais royal et préfigurait la courtoisie diabolique des discours du Kampuchéa démocratique. Un autre lycéen qui étudia l’histoire avec lui au début des années 1960 se rappelait d’un professeur populaire auprès de ses élèves dont le comportement était exemplaire. Il parlait un français facile à comprendre et, dans ces cours, exaltait la croisade pour l’indépendance de Sihanouk en 1953. Enseigner l’histoire d’une autre façon lui aurait de toute façon attiré des ennuis et aurait conduit ses étudiants à rater leurs examens. Un autre de ses élèves le décrivait comme un homme très droit dont on voulait facilement se faire un ami qui, comme sa femme Khieu Ponnary, parlait de manière fort courtoise. la plupart de ceux qui le connurent comme enseignant eurent beaucoup de mal, à partir des années 1970, à admettre que les méfaits dont on l’accusera pouvait venir d’un homme à l’époque si affable, dont les traits et le ton étaient alors si doux.

En 1963, pour fuir la police de plus en plus suspicieuse quant à ses activités politiques, Saloth Sâr prend le maquis avec ses compagnons et entre dans la clandestinité. Il s'efforce alors de former les premiers combattants Khmers rouges avec l’aide et le soutien de la Chine. À cette époque, Mao Zedong voit en lui un moyen aisé de favoriser l'expansion du communisme anti-soviétique et pro-chinois dans la région. À la fin des années 1960, la guerre que les États-Unis livrent au Viêt Nam s’étend au Cambodge, d'où les troupes américaines tentent de déloger par des bombardements massifs les forces vietnamiennes qui s’y réfugient pour fournir des armes au Front national de libération du Viêt Nam du Sud (Vietcong). Le 18 mars 1970, avec la bénédiction de la CIA, le maréchal Lon Nol orchestre un coup d'État et renverse la monarchie cambodgienne, incapable selon lui de faire respecter la loi dans le pays. Une guerre civile éclate. Norodom Sihanouk et ses partisans se joignent aux Khmers rouges contre le nouveau régime sous la bannière commune du Front uni national du Kampuchéa (FUNK).

Malgré l'appui du Viêt Nam du Sud et des États-Unis, le régime brutal et corrompu de Lon Nol s'avère incompétent dans la lutte contre le communisme. En 1973, la situation militaire se détériore et l'armée n'est en mesure que de défendre la capitale, Phnom Penh, surpeuplée de réfugiés fuyant les bombardements américains ou les mesures drastiques déjà imposées dans les zones rurales par les Khmers rouges. Les forces communistes menées par Saloth Sar triomphent de l’armée de Lon Nol le 17 avril 1975, date à laquelle Phnom Penh tombe entre les mains des Khmers rouges, considérés au départ comme une force libératrice par la population. Saloth Sâr se fait alors connaitre comme le « frère numéro un » et adopte son nom de guerre : Pol Pot. Il est le membre le plus important de l'Angkar, forme abrégée d'« Angkar padevat » (en khmer, « Organisation révolutionnaire »), dont le nom cache le Parti communiste du Kampuchéa, organe suprême du gouvernement des Khmers rouges.

Dès leur prise de pouvoir, les Khmers rouges soumettent le pays à la dictature. Se servant de la légitimité du GRUNC pour gouverner, Pol Pot et ses alliés mettent en place un régime totalitaire qui entreprend rapidement d'éliminer tout individu lié au gouvernement de Lon Nol. Sous le prétexte, fictif ou réel, d'une attaque américaine imminente, Phnom Penh est pratiquement vidée de ses deux millions d'habitants dans les jours qui suivent. Assimilés au capitalisme, tous les citadins, à la pointe du fusil, sont forcés d'aller travailler dans les campagnes.

Pendant près de quatre ans, les Khmers rouges font régner la terreur dans le pays, s'acharnant particulièrement sur la population urbaine et sur les intellectuels. Des prisons d'État sont instituées dans tout le pays, dont la plus connue reste S-21 à Phnom Penh. Ce centre de détention voit passer, entre 1975 et 1979, plus de 20 000 détenus, dont beaucoup d'enfants. Sept seulement survécurent. Les personnes internées sont ensuite menées à des terrains d'exécution. Sur celui de Choeung Ek, à 17 km au sud-ouest de Phnom Penh, se trouve aujourd'hui un mémorial contenant les ossements des victimes. Tout ce qui pouvait rappeler la modernité ou l'Occident est systématiquement détruit, telle la cathédrale catholique de Phnom Penh et la Banque nationale du Cambodge, toutes deux détruites par les flammes en 1975. La monnaie, la famille, la religion et la propriété privée sont abolies. Le Cambodge est coupé du monde.

Les Khmers rouges tardent à se doter d'un gouvernement. La République Khmère (nom donné au Cambodge depuis 1970) ne devient le Kampuchéa démocratique qu'en 1976. C'est à ce moment que Pol Pot est nommé Premier ministre et qu'une nouvelle constitution, un nouveau drapeau et un nouvel hymne national sont adoptés. Ailleurs dans le monde, les informations concernant le Kampuchéa démocratique arrivent au compte-gouttes, sauf en Chine et au Viêt Nam, dont quelques journalistes et hommes politiques sont autorisés à visiter le pays. Pour sa part, Pol Pot est pratiquement absent de la scène internationale. Personnage effacé et méconnu de son propre peuple, il se déplace peu et évite les interviews et les apparitions publiques.

À partir de 1977, après avoir survécu à trois tentatives d'assassinat et constatant l'incapacité des Khmers rouges à maintenir l'ordre, Pol Pot multiplie les purges au sein de son parti, parsème les frontières de mines anti-personnelles et se montre très menaçant envers le Viêt Nam, son ancien allié, à qui il impute la responsabilité de ses échecs. Son gouvernement ne cesse de créer des incidents avec ses voisins en mettant en avant des revendications territoriales. Dans une tentative de raviver l'économie à la dérive, Pol Pot élabore également un plan quadriennal aux effets catastrophiques, dont les objectifs irréalistes ne peuvent être partiellement atteints que par un effort surhumain de la population. Au total, plus d'un million et demi d’individus, soit près de 20 % de la population cambodgienne, périssent sous la direction de Pol Pot, par les exécutions et la torture, le travail forcé excessif, la maladie non traitée ou la famine.

Fin 1978, en réponse à des menaces sur ses frontières, le Viêt Nam envahit le Cambodge dans le but de renverser le régime de Pol Pot. L'avance de l'armée vietnamienne est rapide, et dès le 11 janvier 1979, un nouveau gouvernement est formé par d'anciens Khmers rouges opposés à Pol Pot, dont la plupart ont fui les innombrables purges de 1977-1978. Le Kampuchéa Démocratique devient la République Populaire du Kampuchéa. Pol Pot et ses fidèles s'enfuient alors dans la jungle, d'où ils organisent une guérilla contre le nouveau régime pro-vietnamien. Condamné à mort par contumace par les autorités pour les crimes commis pendant son règne, il disparaît jusqu’à la fin des années 1990. Selon les dires de plusieurs personnes, il aurait coulé des jours paisibles bien loin de la jungle cambodgienne, dans une résidence luxueuse en Thaïlande. Il se serait, par ailleurs, livré au trafic illégal de bois et de pierres précieuses pendant cette période.

En 1985, il décide de se remarier avec une jeune paysanne de 22 ans (il en a près de 60) qui travaillait à son service comme cuisinière depuis un an. De leur union naîtra une fille en 1986. À la même époque, on lui détectera un lymphome de Hodgkin qu’il devra aller faire soigner en Chine. Ses anciens camarades le retrouvent, en juillet 1997, affaibli par la malaria et d'importants problèmes de santé. Sur ordre de son rival Ta Mok, il est arrêté par ses propres troupes pour l'assassinat de Son Sen, l'ancien chef de la sûreté du Kampuchéa Démocratique, et condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité. Pol Pot meurt le 15 avril 1998 à l’âge de soixante-neuf ans, officiellement d'une crise cardiaque. Son corps est incinéré avec des ordures et des pneus.

Monivong Sisowath

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Preah Bat Sisowath Monivong (27 décembre 1875 - 24 avril 1941) est roi du Cambodge de 1927 à sa mort.

 

Monivong Sisowath

Quatorzième fils du roi Sisowath, il naît à Phnom Penh en 1875, à une époque où, depuis Oudong - alors capitale du pays -, son oncle le roi Norodom Ier avait été placé sous la tutelle du protectorat français. En 1884, alors que les Français avaient conquis le Laos et occupé le Vietnam, le Siam subit une défaite militaire mais bénéficia d’un accord franco-anglais qui l’érigea en état tampon entre les deux puissances coloniales, ce qui lui permit d’échapper à une occupation. Toutefois, la famille royale dut quitter Oudong pour s’installer à Phnom Penh, devenue la nouvelle capitale et où résidait déjà Sisowath Monivong. En 1904 son oncle mourut, et son père le prince Sisowath accéda au trône. En 1906, Monivong accompagnait son père en France, mais restera en métropole afin de suivre une formation militaire.

Sorti de Saint-Maixent en 1908 avec un grade de sous-lieutenant, il sera affecté au 126e régiment de ligne à Brive avant de rejoindre le 2e régiment de la légion étrangère à Saïda en Algérie qu'il quittera en 1927 avec le grade de capitaine. Le 2 février 1909, dans une lettre adressée à Louis Paul Luce, résident général à Phnom Penh, et àAntony Klobukowski, gouverneur général de l'Indochine française, Sisowath fait part de son désir de voir son fils Monivong lui succéder. Si dans un premier temps, les protecteurs souhaitent plutôt appuyer un descendant de Norodom, ils se rangeront finalement au souhait du roi. Ainsi, quand le monarque décède, et sachant qu'on prêtait au principal candidat Norodom, le prince Sutharot, des affinités avec les milieux nationalistes, on pencha tout naturellement pour Monivong, l'aîné des fils encore en vie du roi défunt, qui abandonna son ambition de devenir le premier général asiatique de l’armée française pour accéder au trône le 9 août 1927.

Comme son père, il s'effaça devant l’administration coloniale française, où l’essentiel du pouvoir était entre les mains du résident général. C’est sous son règne que le Cambodge s’ouvrit aux influences communistes extérieures. Le 3 février 1930, le Vietnamien Hô Chi Minh fonda le parti communiste indochinois, qui devint très vite populaire au Cambodge. Les premiers communistes cambodgiens avaient alors comme but principal de chasser les Français. En 1940, quand la France dut capituler devant l’Allemagne nazie, le gouvernement de Vichy obtint de conserver l’administration de l’empire colonial français, dont le Cambodge. Toutefois, à la fin de 1940, c’est un Monivong impuissant qui assista aux incursions japonaises au Viêt Nam. Finalement le Japon envahit et occupa le Cambodge au début de 1941, mais il maintint en place l’administration coloniale, se contentant de la superviser. Le roi khmer rendait alors compte aux Français qui à leur tour rendaient compte aux japonais. De son côté, la Thaïlande, alliée du Japon, réinvestit les provinces occidentales de Battambang et Siem Reap, qu’elle avait dû restituer en 1907. Comme l’oppression japonaise et thaïe devenait de plus en plus évidente, Sisowath Monivong se retira à Kampot, où il mourut le 22 avril 1941.

Sa jeune concubine, Roeung, était la cousine de Saloth Sâr, le futur Pol Pot. Bien que son fils Sisowath Monireth apparût comme l’héritier naturel au trône, les autorités françaises lui préférèrent le fils de sa fille, Norodom Sihanouk, 19 ans, à la fois arrière-petit-fils du roi Norodom Ier par son père et de Sisowath par sa mère. Certains prétendent aussi que l’administration coloniale escomptait également que le jeune prince soit plus docile que son oncle. Il fut incinéré et ses cendres furent transférées le 3 novembre 1941 dans une stūpa de la nécropole royale à Oudong.

Thirith Ieng

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Ieng Thirith, née en 1932 au Cambodge, est une dirigeante politique cambodgienne du mouvement khmer rouge.

Thirith Ieng

Bien que ne faisant pas partie du comité permanent ou du comité central du Parti communiste du Kampuchéa1, elle occupa différents postes ministériels dans le gouvernement du Kampuchéa démocratique et a été accusée par la Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens de crimes contre l’humanité. Elle est par ailleurs l'épouse du dirigeant khmer rouge Ieng Sary et la belle-sœur de Pol Pot. Née Khieu Thirith dans la province de Battambang le 10 mars 1932, elle était la seconde fille d’une famille aisée dont le père était juge.

En 1949, fraîchement diplômée du lycée Sisowath de Phnom Penh, elle se fiance à Ieng Sary avant de partir à Paris pour étudier la littérature anglaise à la Sorbonne. Elle est la première personne de nationalité cambodgienne à obtenir un diplôme dans ce domaine. En 1951, elle épouse Ieng Sary à la mairie du XVe arrondissement de Paris, devenant Madame Ieng Thirith. Quelque temps plus tard, sa sœur aînée, Khieu Ponnary, se marie avec Pol Pot. En 1956, elle participe à la création de l’Union des Étudiants Khmers. Elle retourne au Cambodge en 1957 et travaille comme professeur au lycée Sisowath, avant d’ouvrir en 1960, l’Institut supérieur khméro-anglais de Bœung Trabek dont elle devient proviseur.

En 1968, elle entre dans la clandestinité et rejoint son mari, son beau-frère et Son Sen dans la zone nord-est, où ils sont installés depuis 1966 et où elle sera responsable du service de santé. Après le coup de force du 18 mars 1970 contre Norodom Sihanouk, elle devient vice ministre de l’éducation et de la jeunesse du gouvernement en exil créé par celui-ci. Elle prendra ensuite la responsabilité de la radio du Front d’Union Nationale du Kampuchéa à Hanoï. En 1971, elle fait partie des signataires de l’« Appel des 91 Intellectuels » qui affirme que les ennemis les plus dangereux sont les communistes vietnamiens. A la prise du pouvoir par les khmers rouges le 17 avril 1975, Thirith ajoute à son poste de vice ministre de l’éducation et de la jeunesse, la direction de la Croix Rouge du Kampuchéa démocratique (nouveau nom officiel du pays).

Elle est alors chargée de la gestion des hôpitaux et de la diffusion des médicaments à travers le pays. De plus, en tant qu"épouse d'Ieng Sary, elle participe également aux réceptions des délégations étrangères. En 1976, elle laisse son poste de vice ministre à Yun Yat pour devenir ministre de l’action sociale. Après la chute du régime en 1979, elle conserve son poste au moins jusqu'en mai 1982, puis, en septembre 1982 elle est nommée secrétaire générale du ministère des affaires étrangères du mouvement khmer rouge replié dans les maquis à la frontière thaïlandaise, mais qui conservait le siège de seul représentant du Cambodge auprès de l'ONU. Elle portera ce titre jusqu'en août 1985. Toujours en 1985, elle est nommée vice-présidente de l’association des femmes, puis, en 1986, présidente de la Croix Rouge du Kampuchéa démocratique en exil.

Elle vivait avec son mari, entre leur résidence de Païlin - proche de la frontière thaïlandaise - et leur luxueuse villa de Phnom Penh lorsque, le 12 novembre 2007, ils furent arrêtés dans cette dernière, et inculpés par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens de crimes contre l’humanité. On reproche à Ieng Thirith d’avoir organisé la « planification, direction, coordination et ordonné les purges massives (…) et l’homicide de membres du personnel du Ministère des Affaires sociales ». Le jeudi 17 novembre 2011 les juges de la Chambre de première instance jugent Ieng Thirith inapte à un procès pour des raisons neurologiques (maladie d'Alzheimer). Cette décision a été infirmée 13 décembre 2011.

Sary Ieng

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Ieng Sary né le 24 octobre 1925 à Tra Vinh (Vietnam) et mort le 14 mars 2013 (à 87 ans) à Phnom Penh, est un homme politique et dirigeant khmer rouge. Il fut vice-Premier ministre et ministre des affaires étrangères du Kampuchéa Démocratique de 1976 à 1979.

Sary Ieng

Il est marié avec Khieu Thirith, sœur de Khieu Ponnary, la première femme de Pol Pot, ce qui fait de Sary le beau-frère du chef de file khmer rouge. Ils ont eu trois filles et un fils. Son père, Kim Riem, est un Khmer Krom alors que sa mère, Tran Thi Loi, est une immigrante chinoise qui arriva au Viêt Nam avec ses parents alors qu’elle était encore enfant. Suite à une maladie, Kim Riem a perdu un œil. Ieng Sary est le dernier d’une famille de trois enfants. L’aîné, son frère Kim Chau, a travaillé comme chef du marché Psar O'Russei pendant le régime khmer rouge. Vers 1980, il s’enfuit avec toute sa famille en Floride. Sa sœur, Kim Thi Cau et son mari Thach Song sont décédés, laissant sept enfants. Un est mort de maladie, trois vivent au Cambodge et les trois derniers au Viêt Nam.

Né Kim Trang, il vit le jour entre 1922 et 1930 (les sources différent sur ce point) dans la province vietnamienne de Trà Vinh. Comme un grand nombre de ses semblables originaires du delta du Mékong, il est très attaché à ses racines khmères. À la mort de son père, et alors qu’il est âgé de 15 ans, il s’installe chez un oncle à Svay Rieng, au Cambodge. C’est à ce moment qu’il abandonna son nom trop vietnamien à son goût pour celui plus khmer de son oncle et devient Ieng Sary. Ayant brillamment passé ses examens de fin d’études en 1942, il est envoyé chez son frère aîné à Phnom Penh et se rajeunit de 4 ans sur ses papiers pour pouvoir poursuivre ses études au lycée Sisowath. C’est là qu’il eut ses premiers contacts avec les mouvements contestataires. Il fonde en 1946 « Libération du Cambodge du colonialisme français », un des premiers groupes étudiants indépendantistes du pays.

C’est aussi à ce moment qu’il fit la connaissance de Saloth Sar (qui ne s’appelait pas encore Pol Pot) et de leurs deux futures épouses, les sœurs Khieu Ponnary et Khieu Thirith, filles d’un magistrat cambodgien. Avant de quitter le Cambodge pour aller étudier en France, Sary se fiança avec Thirith. Sary et Saloth Sar étudièrent aussi ensemble à Paris dans les années 1950. Le premier apprenait les sciences politiques, d’abord au lycée Condorcet, puis à l’IEP, alors que le second suivait des cours d’électricité. Ils y firent la connaissance d’étudiants khmers tels Khieu Samphân, Hou Yuon ou Son Sen. À ce moment, Sary louait un appartement au quartier latin, un haut lieu de la contestation étudiante. Lui et son futur beau-frère rencontrèrent des intellectuels de gauche français et délaissèrent leurs études. Ils militèrent activement dans l’Union des étudiants khmers et suivaient les formations de l’université populaire du parti communiste français.

Khieu Tirith et Ieng Sary se marièrent à la mairie du 15e arrondissement de Paris lors de l’été 1951. La même année, Sary s’inscrit au parti communiste français et est un des cofondateurs du cercle marxiste des étudiants khmers de Paris. De retour au Cambodge, en 1957, il est employé comme enseignant en histoire et géographie au lycée Sisowath et au lycée privé Kampuch Botr dirigé par Hou Yuon. Il adhère aussi au parti communiste du Kampuchéa. En septembre 1960, il intègre le comité central du parti en tant que suppléant7, mais dès 1963, il doit fuir la police de Norodom Sihanouk et rejoint les maquis au Viêt Nam puis dans la province de Kampong Cham. C’est à ce moment qu’Ieng Sary prend le nom de guerre de Camarade Vann. En 1966, il rejoint le nord-est du Cambodge où les relations entre les minorités ethniques et les forces armées s’envenimaient à cause des expropriations liées à l’installation de plantations d’hévéas. En 1970, la région est la première à passer sous le contrôle exclusif de l’administration khmère rouge. Sa direction en est confiée à Ieng Sary.

Il abandonnera rapidement le commandement de la zone à Son Sen et va au Viêt Nam pour y organiser la coopération avec Hanoï. En août 1971, il est à Pékin où il entre au Gouvernement royal d’union nationale du Kampuchéa créé par Norodom Sihanouk. Il reste en Chine où il occupe les fonctions de financier de sa formation, chargé notamment de collecter les fonds chinois. Il est aussi nommé envoyé spécial du parti communiste du Kampuchéa auprès du souverain qui ne cache pas son agacement à l’égard de celui qu’il considère comme son geôlier. De 1971 à 1972, lui et sa femme établissent des contacts avec la communauté khmère installée au Viêt Nam. En 1973, il travaille pour les services secrets du parti dans la banlieue de Hanoï.

À la chute de la république khmère, le 17 avril 1975, Sary lança un appel radiodiffusé aux expatriés, les enjoignant de rentrer pour participer à la reconstruction du pays. Ceux qui commirent l’imprudence de répondre à l’invitation furent envoyés dès leur arrivée dans des « camps de rééducation » où on les soumit à des conditions de vie épouvantables. En septembre 1975 il devient un des six membres du comité central du parti révolutionnaire du peuple. Le 9 octobre 1975, il est nommé à la tête des affaires étrangères du parti et de l’État. Le 30 mars 1976, il devient vice-premier ministre chargé des affaires étrangères. Il prend alors le surnom de « frère numéro 3 » et, en tant que responsable de la diplomatie, il sera le seul dignitaire à ne pas cultiver le secret sur son identité. À ce titre, il accueille les visiteurs étrangers et est également chargé des purges et des arrestations au sein de son ministère. À la fin de 1977, devant la tribune des nations unies, il réfute les accusations de réfugiés qui voulaient faire ouvrir une enquête.

Au début de 1979, alors que l’armée vietnamienne est entrée au Cambodge, il s’enfuit précipitamment dans un train en direction de la Thaïlande avec l’ensemble des archives de son ministère. Il est ensuite envoyé en Chine où il négociera une assistance militaire. Le 19 août 1979, Sary et Pol Pot sont condamnés à mort par contumace par un tribunal mis en place par l’armée vietnamienne. Ce jugement ne sera toutefois pas reconnu par la communauté internationale à cause des manquements « aux normes internationales d'équité ». Ieng Sary garde son ministère dans le gouvernement en exil considéré comme seul représentant légitime du Cambodge par la quasi-totalité de la communauté internationale. Seul le camp prosoviétique reconnaîtra le gouvernement installé à Phnom Penh par l’armée vietnamienne. En 1982, à la création du gouvernement de coalition qui outre la composante khmère rouge, comprend les partisans de Norodom Sihanouk et ceux de Son Sann, il cède sa fonction aux affaires étrangères à Khieu Samphân et prend la direction de la place forte de Pailin.

Il y déploiera, contrairement aux autres responsables de son parti, des idées plutôt libérales en matière économique, autorisant un certain niveau de propriété privée et l’ouverture de pagodes. En 1990, il laissera même un casino s’ouvrir à Pailin. Il conservera durant cette période son poste de trésorier du mouvement à la demande de la Chine qui imposera que sa signature apparaisse sur toutes les conventions d’aide. Cette confiance ne se démentira pas pendant une dizaine d’années, même après la perte en 1988 de 16 millions de dollars imprudemment confiés à un homme de main qui s’était évaporé dans la nature. La donne ne changera qu’en 1991, lorsque conformément aux accords de paix, Pékin suspend son aide militaire et fragilise la position d’Ieng Sary au sein de la direction khmère rouge. À cette époque il se démarquera aussi de ses compagnons en soutenant la participation de son parti aux accords de paix que doit superviser l’APRONUC alors que les radicaux du mouvement appelaient à un boycott du processus.

La fin des années 1980 voit aussi les khmers rouges tenter de se racheter une respectabilité en annonçant notamment que Pol Pot n’a plus aucune fonction officielle au sein du mouvement. Dans ce contexte, le maintien d’Ieng Sary, dont le nom évoque lui aussi trop facilement une période sombre, va à l’encontre de cette politique. En août 1996, le divorce est consommé et profitant d’une volonté de paix quasi générale au Cambodge, il engage des tractations avec le gouvernement. Il négocie une amnistie en échange de la reddition des unités qu’il dirigeait et de leur intégration dans l’armée royale. L’accord est finalisé le 14 septembre 1996 avec le pardon officiel du roi Norodom Sihanouk et le droit de continuer à administrer son fief de Pailin transformé pour l’occasion en municipalité autonome. Dans la foulée, la moitié des troupes khmères rouges rejoint les forces gouvernementales. La réaction des derniers partisans de Pol Pot ne se fait pas attendre. Alors qu’ils accusent Sary d’avoir détourné une partie de l’aide chinoise, celui-ci répond en accusant son ancien beau-frère d’être seul responsable des crimes commis alors qu’ils dirigeaient le pays.

Il profitera alors des revenus tirés de l’exploitation des forêts de bois précieux et des mines de rubis et de saphirs de son domaine pour amasser une fortune conséquente. En mars 1997, il obtient même de la part de vénérables bouddhistes une absolution qui sera télévisée. Il crée alors un parti, le mouvement démocratique d’union nationale, qu’il envisage de présenter aux élections de 1998 avant de renoncer. Au début des années 2000, les mines de pierres précieuses de Pailin sont épuisées et les collines environnantes déboisées. Ieng Sary décide alors de se retirer dans sa luxueuse villa de Phnom Penh d’où il ne sortira que pour de courts séjours dans des cliniques thaïlandaises. Le 12 novembre 2007, malgré la grâce dont il bénéficiait, il est arrêté sur ordre des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens et inculpé de crimes de guerre et contre l'humanité alors que sa femme était aussi arrêtée et poursuivie pour crimes contre l'humanité.

Ils avaient toutefois pris la précaution de faire inscrire l’intégralité de leurs biens au nom de leurs enfants afin de présenter des ressources insuffisantes pour couvrir leurs frais de justice et bénéficier ainsi de leur prise en charge par les instances judiciaires. Le 16 décembre 2009, le tribunal l’inculpe officiellement de génocide pour son implication dans l’assujettissement et les meurtres au sein des minorités chame et vietnamienne au Cambodge. Sa mort à 87 ans, annoncée le 14 mars 2013, interrompt les procès à son encontre, et supprime la possibilité de tout jugement. Si certains lui reconnaissent une certaine intelligence, d’autres mettent en avant son arrogance, son côté dédaigneux, son don de la manipulation et le manque de sympathie qu’il suscitait. Laurence Picq (une Française – probablement la seule occidentale présente dans l’administration khmère rouge – qui travailla sous ses ordres au ministère des affaires étrangères) le dépeint ainsi comme « un maître cruel et dévoué. »

On dit aussi de lui qu’il est un adepte de la double règle – une pour lui et ses proches, la seconde pour les autres. Ainsi, il parle Khmer avec un fort accent vietnamien, porte des lunettes cerclées de fer, a un goût prononcé pour les cigares et le cognac. Ces caractéristiques sont à mille lieux de l’austérité qu’il prônait et ont valu la mort à beaucoup de ses compatriotes lorsqu’il était au pouvoir. Philip Short, de son côté, souligne qu’il s’agit du dirigeant khmer rouge qui avait poussé le népotisme au plus haut point, n’hésitant pas à placer « systématiquement ses enfants et neveux à des postes élevés pour lesquels ils n'avaient aucune compétence. » Il était aussi connu pour privilégier son intérêt personnel ; le meilleur exemple en est sa défection de 1996, où il n’avait pas hésité à trahir ses alliés pour rejoindre les rangs des forces d’un gouvernement qu’il accusait de tous les maux encore peu de temps auparavant. Il a aussi profité de l’occasion pour se proclamer principal artisan du retour de la paix au Cambodge grâce à la reddition de ses troupes et avaliser la grâce dont il a bénéficié en réclamant «au nom de la réconciliation nationale» de «tirer un trait» sur un passé douloureux.

Enfin, comme Nuon Chea et Khieu Samphân, eux aussi arrêtés sur ordre des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, il conteste son implication dans les crimes d’un régime qui a fait tant de victimes (il arguera que de par ses fonctions il faisait de fréquents déplacements à l’étranger et n’avait pas connaissance de la situation intérieure). Néanmoins, la découverte opportune de son journal discrédite ses assertions. En outre, de par sa présence au comité permanent du parti communiste du Kampuchéa, il parait difficile de croire qu’il n’était sinon à l’origine, au moins au courant des décisions concernant la politique menée au Cambodge entre 1975 et 1979. Toutefois, il semble suffisamment dépourvu de scrupule pour rejeter ces accusations, au grand dam des survivants du régime dont il était une figure de proue. Si à ses débuts politiques Ieng Sary ne rechigne pas à fustiger l’impérialisme américain, il devait plus tard vitupérer contre le Viêt Nam dont il craignait des velléités expansionnistes.

Il avait d’autre part, une opinion très élevée de ce que devait devenir le Kampuchéa démocratique. Dans ses discours il aimait bien donner une vision très négative de la situation internationale et prétendre que le monde entier avait les yeux tournés vers le régime khmer rouge et en enviait voire jalousait la réussite. Il pouvait aussi au besoin s’éloigner des politiques de gauche, notamment lorsqu’il louait les bienfaits des journées de travail de 17 heures, loin des 40 heures hebdomadaires réclamées par « certains syndicats révisionnistes. » Les résultats désastreux de cette politique furent attribués à des ennemis cachés dans le pays et au sein même du parti, à la solde du Viêt Nam, du KGB et de la CIA. Les purges qui en découlèrent furent particulièrement sanglantes parmi le personnel des affaires étrangères. Le ministère possédait son propre réseau de camps de « rééducation » dont les plus connus sont certainement ceux de Bœung Trabek, au sud de Phnom Penh, ainsi que B17 et B18 dans la province de Kampong Cham. D’autres ont disparu à Tuol Sleng où ils ont été torturés avant d’être exécutés. Sary n’hésitait pas, lors des réunions de groupes, d’appeler à la dénonciation des « traitres » et de se féliciter de la mise hors d’état de nuire des prétendus réseaux d’espionnage. Il était alors « de bon ton de considérer Ieng Sary comme un héros qui avait su mener sur le front intérieur une lutte victorieuse. »

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