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Kaiserliche Marine

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La Kaiserliche Marine est le nom de la marine allemande qui fut créée après la formation de l'Empire allemand en même temps que la Deutsches Heer (armée allemande), et qui exista de 1871 à 1919. 

Friedrich von Ingenohl, Hugo von Pohl, Reinhard Scheer et Franz von HipperFriedrich von Ingenohl, Hugo von Pohl, Reinhard Scheer et Franz von HipperFriedrich von Ingenohl, Hugo von Pohl, Reinhard Scheer et Franz von HipperFriedrich von Ingenohl, Hugo von Pohl, Reinhard Scheer et Franz von Hipper

Friedrich von Ingenohl, Hugo von Pohl, Reinhard Scheer et Franz von Hipper

Elle est gérée par l'office du Reich à la Marine. Issue de la marine prussienne et de la Norddeutsche Bundesmarine, elle fut largement développée par le Kaiser Guillaume II, provoquant une course aux armements entre l'Allemagne et l'Empire britannique. Même si elle ne fut jamais battue, la Kaiserliche Marine fut largement détruite à Scapa Flow en 1919, sabordée par ses propres officiers après la défaite allemande sur le front de l'Ouest de 1918 et la perspective de la signature du traité de Versailles.

Les navires de la Kaiserliche Marine étaient désignés par le sigle SMS, pour Seiner Majestät Schiff (« navire de sa majesté »), équivalent allemand de l'anglais HMS. La marine impériale allemande a été la création de l'amiral von Tirpitz (1849-1930), qui a été nommé par l'empereur Guillaume II Secrétaire d'État de la Reichsmarineamt (bureau naval impérial), devenue le principal bureau administratif de la Marine. Le Commandement suprême de la Marine allemande a été dissout par le Kaiser et réorganisé en trois grands départements investis de responsabilités confuses, chacun jouant le rôle d'un groupe de pression :

 

  • l'Amirauté allemande, qui a été réduite à un rôle de conseil ;
  • Le commandement de la flotte, qui, à partir de 1903, a été responsable de la flotte et de son personnel plutôt que de politique générale ;
  • la office du Reich à la Marine (Reichsmarineamt), sous Tirpitz, qui relève directement du chancelier allemand sous les ordres de l'empereur, et portant sur l'administration, les questions techniques et de formation.


D'autres groupes de pression incluent le cabinet naval et divers autres commandements. L'une des toutes premières actions de cette marine eut lieu le 13 juin 1872, lorsque une flottille allemande composée de SMS Vineta et SMS Gazelle ont saisi les navires de la marine haïtienne, Union et Mont Organisé, ancrés dans le port de Port-au-Prince, comme moyen de pression pour que le gouvernement haïtien paye une dette de 20 000 thalers à un homme d'affaires allemand. En 1880, la nouvelle marine de l'empire allemand était encore très modeste. Elle comprenait 5 700 matelots commandés par quatre amiraux, quatre vice-amiraux, soixante-deux capitaines et trois cent soixante-sept lieutenants. Il y avait, en outre, six compagnies d'infanterie de marine et trois d'artillerie, soit 1 500 hommes. Les matelots étaient recrutés par voie de conscription parmi la population maritime, qui était exempte de service dans l'armée de terre.

Les trois ports de guerre (base navale) à cette époque étaient Kiel (où les chantiers navals Germania du baron von Krupp construisaient l'essentiel des vaisseaux de guerre), Dantzig sur la mer Baltique et Wilhelmshaven sur la mer du Nord. En 1891, cette marine avait soixante-seize bâtiments de guerre portant 511 canons et avait un budget pour l'année fiscale 1891-1892 de 105 millions de francs-or ; en 1901, on comptait cent sept bâtiments de guerre portant 1 075 canons et son budget pour l'année 1899-1900 était de 167 millions de francs-or. Le 28 mars 1898, les lois navales du secrétaire d’État à la marine Alfred von Tirpitz furent adoptées par le Reichstag. Elles prévoyaient la mise en chantier de dix-sept cuirassés de ligne, huit cuirassés côtiers, trente-cinq croiseurs et deux vaisseaux de ligne. Ce programme ne prétendait pas rivaliser avec la flotte britannique mais faire de cette flotte aux origines modestes la seconde au monde, afin de se hisser à la hauteur des ambitions coloniales et commerciales de l’Allemagne. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle s'était adjugée la deuxième place dans la hiérarchie navale derrière la Royal Navy avec une flotte de 980 000 tonnes de navires de combat.

Flotte en juillet 1914 :

 

  • Cuirassés d'escadre 16
  • Cuirassés 30
  • Croiseurs de bataille 6
  • Croiseurs cuirassés 15
  • Croiseurs légers 33
  • Torpilleurs 152
  • Sous-marins 30


L'Allemagne possédait treize dreadnoughts en août 1914 et en mit six en service durant la guerre. Étant en infériorité numérique face aux marines alliés, ces grands navires de ligne n'eurent qu'un rôle mineur dans ses opérations et ce fut l'arme nouvelle des sous-marins; les Unterseeboote, qui joua un rôle prépondérant dans la première bataille de l'Atlantique pour tenter de couper les voies de communication maritimes des Alliés de la Première Guerre mondiale. La bataille du Jutland en 1916, qui fut la plus grande bataille navale de ce conflit, mit en évidence la qualité des équipages allemands qui infligèrent plus de pertes à la Royal Navy qu'ils n'en reçurent, mais fut une défaite stratégique.

Après l'armistice de 1918, 74 navires de la flotte allemande furent internés à Scapa Flow en Écosse jusqu'au sabordage le 21 juin 1919 de 52 de ses principaux bateaux. Les pertes humaines officielles concernant la marine sont estimées à 34 836 morts durant ce conflit. Le premier sous-marin (U-1) de la marine impériale allemande a été livré en décembre 1906. Lorsque la guerre éclate en août 1914, elle en aligne vingt-huit. Les U-Boot furent lancés dans une guerre sous-marine « totale » (sans distinction de la nationalité du navire, et sans faire de différence entre navires civils et militaires) au début de la guerre. Le 22 septembre 1914, le U-9 torpille trois croiseurs britanniques en mer du Nord; En mai 1915, le U-20 coula le paquebot Lusitania. Des 1 195 personnes qui périrent suite à ce torpillage, 123 étaient des civils américains (note : les chiffres donnés sur la page Lusitania sont légèrement différents), dont un célèbre producteur de théâtre et un membre de la famille Vanderbilt. Cet événement provoqua une forte hostilité de l'opinion publique américaine envers l'Allemagne. Le président américain Woodrow Wilson menace l'Allemagne et exige réparation. Pour éviter que les États-Unis ne lui déclarent la guerre, l'Allemagne suspend sa guerre sous-marine.

Toutefois, l'Allemagne annonça près de deux ans plus tard, le 31 janvier 1917, que ses U-Boot engageaient à nouveau une guerre sous-marine totale. L'opinion américaine ayant entre-temps évolué dans un sens plus favorable à l'entrée en guerre des États-Unis, cette décision fut considérée comme une véritable déclaration de guerre par les Américains. Ce fut un facteur déterminant dans l'entrée en guerre des États-Unis aux côtés des alliés le 6 avril suivant. La technologie fait d'immenses progrès et en 1918, les sous-marins ont atteint un niveau qui les rapproche de celui qu'ils auront en 1940. La classe U-139 fait ainsi 2 000 tonnes et plonge à 75 mètres. Sur les 345 U-Boots opérant durant la Première Guerre mondiale, 274 U-Boots coulèrent 6 394 navires marchands représentant 12 800 733 tonneaux et une centaine de navires de guerre représentant 366 490 tonnes. 229 ont été perdus dont 178 en opérations et sur 13 000 officiers et matelots ayant servi dans les U-Boote 515 officiers et 4 849 marins ont trouvé la mort au combat, soit 40% des effectifs. 

Les chefs de la Flotte de haute-mer (Hochseeflotte), pendant la Première Guerre mondiale sont:
 

  • 1914-1915: amiral Friedrich von Ingenohl
  • 1915-1916: amiral Hugo von Pohl
  • 1916-1917: amiral Reinhard Scheer
  • 1917-1918: amiral Franz von Hipper

Légion Condor

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La Légion Condor était une force aérienne formée de volontaires à partir d'effectifs de la Luftwaffe de l'Allemagne nazie, qui combattit en Espagne aux côtés du camp nationaliste durant la guerre civile, entre juillet 1936 et avril 1939. 

Hugo Sperrle, Helmuth Volkmann et Wolfram von RichthofenHugo Sperrle, Helmuth Volkmann et Wolfram von RichthofenHugo Sperrle, Helmuth Volkmann et Wolfram von Richthofen

Hugo Sperrle, Helmuth Volkmann et Wolfram von Richthofen

Elle fut envoyée par Adolf Hitler afin d'aider les forces nationalistes de Franco qui s'étaient soulevées contre la IIe République espagnole, le 17 juillet 1936 à Melilla (une enclave espagnole en territoire marocain). Les 6 000 hommes engagés seront relevés régulièrement, 19 000 y auront servi, parmi lesquels de nombreux officiers qui deviendront célèbres lors de la Seconde Guerre mondiale, comme le maréchal de l'air Hugo Sperrle ou le pilote Adolf Galland. Appelée Operation Feuerzauber ("Opération Feu magique"), l'aide militaire allemande au camp nationaliste espagnol a débuté par une demande d'assistance envoyée par le général Franco, appelé aussi le Caudillo. Cette demande fut reçue par le Führer Adolf Hitler le 22 juillet, cinq jours après le début du soulèvement, le 17 juillet 1936. Hitler appela immédiatement Hermann Göring, commandant en chef de la Luftwaffe, et le Generalfeldmarschall Werner von Blomberg pour concevoir un plan sur les méthodes pour soutenir les Nationalistes.

L'entreprise Sociedad Hispano-Marroqui de Transportes (HISMA, dont le capital social était de 200 000 Pesetas) fut constituée le 31 juillet 1936 a Tétouan, lors d'une réunion entre Fernando Carranza, Fernandez-Reguera et Johannes Eberhard Bernhardt et le Consul d'Espagne, pour permettre à l'Espagne le paiement des aides allemandes. L'intention originale de la HISMA, était de permettre l'organisation et le transport de volontaires et du matériel allemand et d'organiser l'achat de fournitures supplémentaires en provenance du secteur privé en Allemagne. Le contrôle de la HISMA a ensuite été consolidé avec la création de la Rohstoff-Waren-Kompensation Handelsgesellschaft m.b.h. (ROWAK) trois mois plus tard. La SARL ROWAK concentrait son attention sur la gestion des échanges et la réalisation des paiements. Le système reposait sur la définition d'un taux de change fixe (1 Reichsmark = 3,44 Pesetas). Les prix des marchandises, eux, pouvaient varier entre le marche national et le marche international.

C'est alors qu'intervenaient les "primes a l'exportation". L'achat d'un bien à un fabricant ou à un commerçant allemand était compensé par la fourniture d'une marchandise par un fabricant ou commerçant espagnol. La HISMA finançait ses achats de marchandises grâce aux avances en liquide consenties par les importateurs espagnols. De plus, le Trésor Public espagnol payait mensuellement à la HISMA des livraisons de matériels de guerre. Quant a la ROWAK, elle finançait ses achats en Allemagne grâce au produit des ventes de marchandises espagnoles que les importateurs allemands payaient d'avance en Reichsmarks. Elle bénéficiait de surcroit de crédits versés par le gouvernement du Reich. La HISMA tirait ses bénéfices, d'une part, du pourcentage qu'elle percevait sur les exportations et importations entre particuliers (respectivement 2 % et 1 %), et, d'autre part, du pourcentage que lui versait la ROWAK sur les importations réalisées par l'état espagnol (1 % sur le montant des factures). Tout au long de la Guerre Civile, ce système de compensation permit de réaliser un volume d'échanges de 1 047 178 301 Pesetas, pour ce qui est des importations espagnoles, auquel s'ajoutent 1 000 843 928 Pesetas au titre des exportations, avec un minimum de dépenses en devises pour les deux pays.

Grâce à l'intermédiaire de la HISMA et de la ROWAK, l'Allemagne nazie fut en mesure d'exercer une influence considérable sur les échanges économiques entre les zones sous contrôle franquiste et le IIIe Reich. Les deux entreprises augmentèrent de façon spectaculaire les importations de matières premières espagnoles. Pour garder le contrôle, le Ministère économique du Reich interdit même toutes relations d'affaires entre l'Espagne et le secteur privé allemand, de novembre 1936 jusqu'à nouvel ordre. Toutes les transactions d'affaires furent canalisées par la ROWAK, qui voulait alors des relations uniquement avec la HISMA et les mêmes processus furent mis en œuvre dans les zones contrôlées par les franquistes. Des taux de commission entre 0,175 et 5% furent imposés sur toutes ces transactions. L'exploitation économique et le contrôle du IIIe Reich sur l'ensemble des richesses minérales espagnoles, tel que le minerai de fer, le tungstène, le sulfure de fer et le cinnabarite, étaient maintenant possible et dans une perspective d'un nouvel empire.

Au moment de la rébellion, le dictateur italien Benito Mussolini, avait accepté de fournir une aide militaire aux Nationalistes, sous la forme d'envoi de troupes, le "Corps des troupes volontaires" (Corpo Truppe Voluntarie (CTV)). Hitler a immédiatement accepté aussi, et il était heureux de voir à la fois naître et continuer un conflit en Espagne et à la fin, éventuellement en faveur du général Franco.

Les motivations d'Adolf Hitler étaient triples :
 

  • Franco, en cas de succès, représenterait un troisième pouvoir autoritaire inamical sur les frontières de sa rivale, la France.
  • Les tensions internes en France, entre la gauche et la droite, furent exacerbées par la Guerre Civile espagnole et par le fait même, affaibliraient toute opposition organisée contre l'Allemagne nazie.
  • Aider les Italiens en Espagne, tout en gardant les démocraties occidentales de la Grande-Bretagne et de la France en conflit avec l'Italie et amener Mussolini vers l'Allemagne hitlérienne.


Un communiqué en décembre 1936, de l'ambassadeur allemand à Rome, Ulrich von Hassell, illustre chaque point: « Le rôle joué par le conflit espagnol en ce qui concerne les relations de l'Italie avec la France et l'Angleterre pourrait être similaire à celui du conflit en Abyssinie, ce qui porte clairement la réalité, des intérêts opposés des puissances et l'Italie, empêchant ainsi d'être entraînés dans le filet des puissances occidentales et utilisées pour leurs machinations. La lutte pour l'influence politique dominante en Espagne met à nu l'opposition naturelle entre l'Italie et la France, dans le même temps la position de l'Italie en tant que puissance dans la Méditerranée occidentale, entre en concurrence avec celle de la Grande-Bretagne. D'autant plus clairement que, l'Italie va reconnaître l'opportunité d'affronter les puissances occidentales au coude à coude avec l'Allemagne. »

Au cours des semaines suivantes, plus de quinze mille volontaires de troupes sont envoyés en Espagne. Le 27 juillet 1936, Adolf Hitler envoya 26 avions de chasse allemands et aussi 30 avions de transport militaire Junkers Ju 52 depuis Berlin et Stuttgart, vers le Maroc espagnol alors aux mains des Nationalistes de Franco. Les chasseurs allèrent plus rapidement au combat et les Allemands subirent leurs premières pertes quand les pilotes Helmunt Schulze et Herbert Zech furent tués le 15 août 1936. Au cours des deux semaines suivantes, ces avions transportèrent presque 12 000 hommes vers l'Espagne. Précisons que c'est le premier lieutenant Rudolf von Moreau, arrivé par bateau le 7 août 1936, qui avait commandé l'escadrille de Junkers 52 qui avait amené en Espagne les troupes marocaines de Franco.

En septembre 1936, l'Oberstleutnant (lieutenant-colonel) Walter Warlimont de l'état-major allemand arriva en tant que commandant régional et conseiller du Generalisimo Francisco Franco. En raison de l'afflux de l'aide et de volontaires, Warlimont préconisa en novembre 1936, que toutes les troupes allemandes soient combinées au sein de la "Légion Condor".

Hitler espérait qu'il ne serait pas nécessaire, vu que le général Franco affirmait qu'il était sur le point de remporter la victoire, d'envoyer cette Légion. Cette prédiction s'avéra fausse et en novembre, des avions, des chars et des conseillers militaires soviétiques (payés comptant en or) ainsi que les Brigades internationales commencèrent à arriver à Madrid. Le conflit commença à faire boule de neige. Il devint évident que la Légion Condor, à ce moment-là, et même avec l'aide italienne, ne pouvait-être une force à faire pencher la balance du côté des Nationalistes, mais seulement à la maintenir. Le Führer accorda donc la permission de réunir toutes les troupes allemandes affectées en Espagne au sein de la Légion Condor. Cette Légion était équipée à l'origine d'environ 100 avions et comptait 5 136 hommes. Cette force initiale comprenait les éléments suivants :
 

  • Un groupe de bombardement de trois escadrons de bombardier Ju 52
  • Un groupe de chasseur avec trois escadrons de chasseurs He 51
  • Un groupe de reconnaissance avec deux escadrons de He 99 et des avions de reconnaissance/bombardement He 70
  • Un escadron d'hydravions de He 59 et de He 60


La Légion Condor, sous le commandement du major-général Hugo Sperrle, était une unité autonome et n'était responsable qu'envers Franco. Au plus fort de l'assistance militaire allemande, la force totale en Espagne sera presque de 12 000 hommes, même si ceux-ci étaient en rotation et un total de 19,000 serviront dans la Légion Condor. Le général Hugo Sperrle exigea de l'Allemagne des appareils ayant une meilleure performance et finalement, il reçut des Heinkel He 111, des Junkers "Stuka" Ju 87A, des Messerschmitt Bf 109E-1 et six avions de reconnaissance Henschel Hs 126A-1.

Les avions allemands ont largué plus de 21 tonnes de bombes et ont tiré plus de 4 327 949 cartouches. Le nombre total d'avions affecté à la Légion Condor est estimé à 610 (d'après les archives du Sonderstab W). Parmi les autres matériels utilisés, on relève : 91 canons de 20 mm, 12 canons de 37 mm et 71 exemplaires du fameux 88, 1 123 véhicules de tous types (motocyclettes, automobiles, utilitaires légers, moyens ou lourds, tracteurs, autobus), 72 chars de combat Panzer I (toutes versions confondues), 122 pièces d'artillerie de différents calibres, ambulances). Certaines sources établissent une distinction entre le matériel fourni par la Luftwaffe et celui provenant de l'armée de terre (Heer), et ajoutent à l'inventaire des véhicules cité ci-dessus 96 camions et un nombre indéterminé d'autres véhicules. Sur les 6 500 Allemands qui ont servi dans la Légion Condor lors de la Guerre Civile espagnole, 131 moururent au combat et 168 autres lors d'accidents aériens ou terrestres, ou encore de maladies contractées pendant leur séjour, soit un total officiel de 299 morts. Les victimes furent :
 

  • 102 membres d'équipage,
  • 27 pilotes de chasse, et
  • 21 servants de DCA.


Quant aux blessés, leur nombre s'élève à 139 au combat et à 449 à la suite d'autres causes. Le chiffre des pertes ne parait pas exagéré, lorsqu'on songe à l'intense activité exercée par la Légion Condor, et peut s'expliquer par le haut degré de préparation des personnels, qui étaient soit des militaires professionnels, soit des membres de l'une ou l'autre organisation para-militaire du Reich allemand. Un grand nombre, soit plus de 50%, sont décédés dans des accidents, notamment d'accidents de la route et/ou de maladie. Les premiers morts en opérations furent deux aviateurs, les Unteroffiziere (sergents) Helmut Schulze et Herbert Zech, lors du crash de leur Junkers Ju 52, du groupe de bombardement K/88, le 15 août 1936, a Jerez de la Frontera. (Source : Raul Arias Ramos et Lucas Molina Franco, Atlas Ilustrado de la Légion Condor, Susaeta Ediciones, S.A., Madrid, ISBN (978-84-3057276-2).

La Légion Condor perdit 72 appareils au combat. 160 autres ont été perdus dans des accidents, soit en vol, au décollage ou à l'atterrissage. En comparaison, le nombre d'appareils républicains abattus par la Légion Condor s'élève - selon Raymond L. Proctor, ancien officier de l'US Air Force - à 386 (soit 59 par les pièces anti-aériennes du F/88 et 313 par le Groupe de Chasse. Il est bien connu que les leaders de l'armée allemande hésitèrent à s'impliquer dans le conflit et ils résistèrent à l'appel lancé par le gouvernement italien pour un double transfert de troupes terrestres pour combattre en Espagne. Cependant, l'accord fut donné pour une participation de la Luftwaffe à cette guerre civile, qui constituait un terrain d'entraînement idéal pour les troupes qui seront employées plus tard au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce point de vue est appuyé par le témoignage d'Hermann Göring, qui deviendra Reichsmarchall de la Luftwaffe, lors du procès au tribunal militaire international de Nuremberg. Lorsqu'on l'interrogea sur la décision de recourir à la Luftwaffe, il stipula:

« Lorsque la guerre civile éclata en Espagne, Franco a adressé un appel à l'aide à l'Allemagne et a demandé son appui, en particulier aérien. Il ne faut pas oublier que les troupes de Franco étaient stationnées en Afrique du Nord et qu'il ne pouvait pas faire traverser ses troupes, car la flotte était entre les mains des communistes ou, comme ils s'appelaient eux-mêmes à l'époque, le “gouvernement révolutionnaire légitime en Espagne”. Le facteur prioritaire fut de transporter ses troupes vers l'Espagne. Le Führer y a réfléchi. Je lui conseillai d'apporter son soutien (à Franco) en toutes circonstances, tout d'abord, afin de prévenir la propagation du communisme dans cette région et, d'autre part, par cette opportunité, pour tester ma jeune Luftwaffe. »

Le chasseur Messerschmitt Bf 109, le bombardier moyen Heinkel He 111 et, à partir de décembre 1937, le bombardier en piqué Junkers Ju 87 « Stuka », participèrent pour la première fois au combat au sein de la Légion Condor contre des avions fournis par les Soviétiques. Tous ces avions jouèrent par la suite un rôle majeur durant les premières années de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands comprirent rapidement aussi que les beaux jours des chasseurs biplans étaient terminés, ainsi le chasseur Heinkel He 51 fut transféré à un rôle d'attaque au sol et, beaucoup plus tard, il fut relégué au rôle d'avion d'entraînement.

La Légion Condor comprenait également des unités non-aériennes. Les équipages de chars légers, Panzerkampfwagen (PzKpfW) I ou Panzer I, furent commandés par Wilhelm Ritter von Thoma. Les versions utilisées furent le PzKpfW I A, B, B (SdKfz 163) version de commandement et PzKpfW I A (SdKfz 101) "Ohne Aufbau", sans tourelle, pour l'entrainement des pilotes. L'armement du Panzer I consistait en deux mitrailleuses MG 13 de 7,92 sous tourelle, et quatre exemplaires du Panzer I "A" reçurent un canon Breda de calibre 20 mm. Le Panzer I était surnommé "Negrillo" (noiraud) en raison de sa peinture gris foncé. Les Allemands ont également testé leur artillerie lourde anti-aérienne, le fameux canon de 88 mm, qu'ils utilisèrent pour détruire des chars républicains et des fortifications par des tirs directs et pour tirer sur des avions ennemis, dans leur rôle traditionnel.

Les Allemands impliqués en Espagne, ont également vu la mise en place du premier service d'ambulance aérienne, qui amènera à la construction du Junkers Ju 52/JM, pour l'évacuation des combattants blessés. Un facteur important lors de la Seconde Guerre mondiale, dont on pense qu'il est directement le résultat de ce conflit, fut la mise au point technique du Messerschmitt Bf 109. Les types V3 à V6 entrés en service en Espagne sont dus directement à des essais opérationnels vers le mois de janvier 1937. Au printemps 1938, ils furent rejoints par des avions du type C et avec du type E, en décembre 1938. À la suite des combats en Espagne, des améliorations ont également été apportées au canon de 88 mm.

À côté des possibilités de gains d'expériences du combat, diverses initiatives stratégiques furent imaginées, et d'abord testé dans le cadre de la Luftwaffe impliquée dans ce conflit. Les théories sur le bombardement stratégique ont d'abord été mis au point par la Luftwaffe, avec la première démonstration du tapis de bombes lors de la campagne des Asturies, en septembre 1937.[réf. nécessaire] Comme les combats progressaient en mars 1938, les pilotes italiens, sous le commandement du Feldmarchall Hugo Sperrle, furent impliqués dans treize des raids sur la ville de Barcelone, utilisant des bombes incendiaires et des bombes au gaz. Ces raids entrainèrent la mort de milliers de civils. Il est à noter que son remplaçant, Wolfram von Richthofen, sera plus tard fortement impliqué dans l'organisation de la Luftwaffe dans le cadre de l'opération Barbarossa.

La Légion Condor participa à tous les grands engagements, notamment aux batailles de Brunete, de Teruel, d'Aragon et de l'Ebre. Sur ordre de Franco, la Légion Condor bombarda la ville basque de Guernica le lundi 26 avril 1937. Cette attaque fut considérée comme le premier grand raid de l'histoire de l'aviation de guerre moderne sur la population civile sans défense, les motivations sont toujours objet de controverse. Lors de ce conflit, Werner Molders fut crédité de quatorze victoires, plus que tout autre pilote allemand.

Les forces navales allemandes, commandées par le bureau "Anker" (ancre), reçurent la dénomination de Groupe "Nordsee" (Mer du Nord). Elles furent tout d'abord engagées dans la protection des opérations de transport maritime au cours du conflit en Espagne. Cadiz, El Ferrol et Vigo furent les trois principaux ports espagnols par lesquels afflua l'aide allemande. Dans chacun de ces ports, des officiers de la Kriegsmarine étaient en poste pour recevoir et contrôler les envois de matériel et de marchandises. De plus, à El Ferrol, un contingent de douze techniciens allemands était charge de monter des canons et des mitrailleuses sur des navires de la marine nationaliste (Armada Nacional) et aussi d'organiser la flottille des dragueurs de mines de la mer Cantabrique.

Pendant que le personnel de la Kriegsmarine participait à la formation des forces navales fidèles à la cause franquiste, elle a également servi de cadre pour une présence allemande dans une patrouille internationale de non-intervention. Les opérations de U-Boote allemands de lutte contre l'envoi aux républicains par la Kriegsmarine ont été menées clandestinement et sous le code "Unternehmen Ursula" (Opération Ursula, en hommage au prénom porté par la fille de l'Amiral Dönitz, alors commandant de l'arme sous-marine allemande). L'opération devait se dérouler dans un secret absolu, en collaboration étroite avec deux autres sous-marins italiens, qui se relevaient toutes les deux semaines. Les marquages de plusieurs sous-marins allemands avaient été effacés et ils avaient reçu des noms de codes, comme Triton et Poseidon (l' U-33 et l'U-34, bâtiments du type VIIA). Au total, 14 U-Boote opérèrent dans les eaux espagnoles : U-14, U-19, U-25, U-26, U-27, U-28, U-30, U-31, U-32, U-33, U-34, U-35 et U-36. Ils eurent relativement peu de succès dans leurs attaques contre des destroyers républicains. Le 11 décembre 1936, cependant, l'U-34 repéra au large de Málaga le submersible républicain C3, qui naviguait en surface. Peu après 14 heures, le C3 reçut une torpille sur le flanc bâbord et se cassa en deux. Sur les 40 membres d'équipage, seuls 3 survécurent.

La Kriegsmarine engagea également les navires suivants : Cuirassés Deutschland, Admiral Scheer, Admiral Graf Spee. Croiseurs Emden, Karlsruhe, Königsberg, Köln, Leipzig, Nürnberg. Torpilleurs Leopard, Albatros, Seeadler, Falke, Greif, Jaguar, Iltis, Kondor, Luchs, Tiger, Möwe, Wolf. Le cuirassé Deutschland faisait partie des patrouilles navales de contrôle du Comité de Non Intervention en Méditerranée. Le 29 mai 1937, alors qu'il était au repos et au mouillage en rade d'Ibiza, le navire fut bombardé par deux avions républicains Tupolev SB "Katyushka", pilotés par des Russes venus de l'aérodrome de Llíria, près de Valence, et qui le confondirent peut-être avec le cuirassé espagnol nationaliste Canarias. Le Deutschland reçut quatre bombes de 250 kilos, qui touchèrent son pont avant et le mess de l'équipage, ainsi que la passerelle supérieure, l'hydravion Heinkel He 60 embarqué et une tourelle d'artillerie. 22 marins allemands furent tués sur le coup et 70 autres blessés. La réaction de Berlin ne se fit pas attendre : deux jours plus tard, le 31 mai, le cuirassé Admiral Scheer, escorté des torpilleurs Luchs, Albatros, Seeadler et Leopard, partit lancer environ 270 obus contre Almería, capitale de l'Andalousie et sous contrôle républicain. Le bombardement fit entre 19 et 39 morts, selon les sources, 49 édifices furent totalement détruits et 100 autres endommagés.

Le ministre républicain de la Marine et de l'Air, Indalecio Prieto, proposa en Conseil des Ministres le bombardement de tous les navires de la Kriegsmarine par l'aviation républicaine. Les autres ministres républicains refusèrent cette escalade. La guerre civile était à sept mois de sa fin, et Prieto devait admettre plus tard que son projet d'attaque des navires allemands visait à jouer le tout pour le tout, en tentant d'entrainer le reste de l'Europe dans la guerre. Le coût de l'intervention navale : les pertes humaines du contingent de la Kriegsmarine se montèrent à 36 : 31 marins tués lors du bombardement du Deutschland, 3 tués lors de divers accidents d'avions, 1 lors d'un accident de voiture et un dernier lors du naufrage du croiseur nationaliste "Baleares", a bord duquel il était détaché comme spécialiste. Le cout total du matériel fourni par la Kriegsmarine est estimé à 2 674 647,19 Reichsmarks. En plus, de l'affectation d'importants bâtiments de la marine italienne, cinquante-huit sous-marins agissant comme Sottomarini Legionari ("Sous-marin légionnaire") furent envoyés. Le service de renseignement allemand, l'Abwehr, qui travaillait indépendamment de la Légion Condor, fut secrètement impliqué dans l'Opération Bodden. Il joua par la suite un rôle dans la détection de la flotte d'invasion de l'Afrique du Nord, soit l'Opération Torch. 

L'Amiral Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr, rencontra le Caudillo à Salamanque, fin octobre 1936. Canaris entretenait des relations très cordiales avec de nombreux militaires espagnols et parlait très correctement la langue espagnole. Au cours de l'entrevue de Salamanque, l'Amiral transmit à Franco les informations dont il disposait sur l'aide apportée au camp républicain par la France et l'Union Soviétique, ainsi que sur l'envoi en URSS d'une partie des réserves en or de la Banque d'Espagne, à titre de compensation pour les effectifs et le matériel fournis par Staline. L'amiral réussit à convaincre Franco, jusque là réticent et persuadé qu'il disposait de forces suffisantes, d'accepter lui aussi l'apport de volontaires étrangers. Canaris assura Franco que l'Allemagne n'avait aucunement l'intention d'exiger des contreparties territoriales, ni d'attenter de quelque manière que ce soit à l'indépendance de l'Espagne, mais se contenterait de contreparties économiques. L'idée maîtresse de Franco, qui se projetait déjà dans l'après guerre civile et le retour à la paix, était de limiter les dégâts causés à l'infrastructure du pays et d'éviter les destructions massives en zone républicaine, partie intégrante du territoire espagnol, qu'il souhaitait conserver dans le meilleur état possible.

Finalement, il accepta la création du corps de volontaires allemands conformément aux cinq points proposés par le gouvernement allemand et son Ministère de la Guerre : - Les forces allemandes seraient commandées par un chef allemand, qui rendrait compte de ses actes à Franco et ne recevrait d'ordres que de lui. - Le personnel allemand déjà présent en Espagne serait intégré à la nouvelle force avec tout son matériel. - Les bases aériennes utilisées par les formations allemandes seraient placées sous la protection des forces terrestres nationalistes espagnoles. - Les opérations menées par cette force devraient avoir pour objectif de mettre fin le plus rapidement possible au conflit, notamment en axant son effort sur les ports républicains par lesquels affluait l'aide étrangère au camp ennemi. - L'acceptation de ces conditions par le gouvernement nationaliste entrainerait une augmentation immédiate et significative de l'aide allemande. La constitution de la Légion Condor fut finalisée à Berlin le 30 octobre de la même année. (Source : Raul Arias Ramos et Lucas Molina Franco, Atlas Ilustrado de la Legion Condor, Susaeta Ediciones S.A., Madrid, ISBN 978-84-3057276-2).

Divers écrivains, sympathiques à la cause républicaine, ont participé à condamner l'ingérence à peine voilé de l'Allemagne et de l'Italie. Un exemple fut Heinrich Mann, qui a fait appel, de son exil en France, avec le slogan: "Soldats allemands! Un voyou vous envoie en Espagne!", en réponse à l'implication de la Légion Condor. Arthur Koestler (1905-1983) est correspondant du journal britannique "News Chronicle" au quartier général de Franco. Il dénonce l'intervention allemande et s'enfuit. Il revient en Espagne, est arrêté à Séville, condamné à mort puis relâché et échangé contre l'épouse d'un aviateur nationaliste. Il décrit ses aventures dans Un testament espagnol (1939). (Source : Historia hors série n 22, page 133, Librairie Jules Tallandier, Paris, 1971). D'autres états ont approuvé tacitement la lutte de la Légion allemande contre l'URSS qui aidait la fraction stalinienne des républicains espagnols.

Le Portugal de Salazar a constitué une sorte de base arrière pour certains activistes pro nationalistes, ainsi que, dans une certaine mesure, une voie de ravitaillement. Durant les premiers mois de la guerre d'Espagne, le port de Lisbonne servit à débarquer discrètement une importante quantité de matériel et de carburant destinée à la Légion Condor. À titre officiel, le Portugal a au demeurant envoyé plusieurs milliers d'hommes combattre aux cotes des nationalistes, dans les rangs de la légion "Viriato". L'Opération Rügen - le bombardement de Guernica, le lundi 26 avril 1937 a abouti à une virulente condamnation internationale. C'est à ce moment que l'attention internationale s'est portée sur l'implication de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste dans le conflit. Jusque-là, la politique allemande avait refusé publiquement le transit de l'aide militaire et de personnel. Cela fut signifié publiquement en fonction de sa position de neutralité affirmée lors de la signature d'un pacte de non-intervention.

Ce fut la première fois que l'action de l'aviation allemande aboutit à un grand nombre de victimes civiles. Ordre fut donné aux pilotes par le général von Richthofen de bombarder le pont de Renteria et la ville basque de Guernica, peuplée de 7 000 habitants, « sans égards pour la population civile ». Le pont, principal prétexte et objectif stratégique du bombardement aérien, fut paradoxalement épargné !

Cette destruction a reçu une large couverture médiatique et a créé une perception internationale de la participation allemande au conflit espagnol. Le régime de Franco niera quant à lui sa participation, « alléguant que seuls les officiers allemands sont responsables du bombardement, alors que son état-major l'avait approuvé, en conformité avec la tactique de terreur de masse employée à Bilbao, Madrid ou Barcelone1 ». Dans le livre Le jour où Guernica mourut à la page 194, il est écrit : « Peu après 11 heures, ce lundi matin, von Richthofen et (Colonel Juan) Vigon se rencontrèrent seuls, selon le journal de von Richthofen, dans "un champ situé près du Monte Mouchetagui". Les deux hommes examinèrent les photographies aériennes de reconnaissance et discutèrent de la situation militaire. Puis, sans en référer à aucune autorité supérieure,... fixèrent le destin du berceau spirituel des Basques ».

Le gouvernement basque de l'époque compta 1 654 morts et 889 blessés - une ampleur sans précédent pour un bombardement aérien sur une population civile à l'époque. La publication de ces chiffres provoqua un tollé international, inspirant la peinture de Pablo Picasso « Guernica », une illustration de la souffrance des populations. Guernica met en évidence, à certains égards, à quel point les forces fascistes espagnoles du général Franco en étaient venues à compter sur l'expertise des pilotes de l'Axe et la sophistication de plus en plus dévastatrice de leur matériel. Pour de nombreux commentateurs, Guernica est aussi un signe avant-coureur de ce qui allait se jouer contre des zones civiles lors d'un prochain conflit.

Composition de la Légion Condor en novembre 1936
 

  • Commandant en Chef : Generalmajor Hugo Sperrle, puis Helmuth Volkmann, puis Wolfram von Richthofen.
  • Chef d'Etat Major : Lieutenant Colonel Alexander Holle jusqu'au 20 janvier 1937, remplace par le Colonel Wolfram von Richthofen, cousin du "Baron Rouge" Manfred von Richthofen, l'as de la Première Guerre mondiale.
  • S/88: Commandement en Chef, État Major et services administratifs.
  • J/88: groupe de chasse avec quatre escadrilles de 12 avions chacune. La quatrième escadrille fut dissoute au cours de la guerre.
  • K/88: groupe de bombardement comprenant, initialement, trois escadrilles de 12 avions. En février 1937 fut créé une quatrième escadrille, nomme Versuchsbomberstaffel (escadrille expérimentale de bombardement).
  • A/88: escadrille de reconnaissance avec 12 avions.
  • AS/88: escadrille mixte de reconnaissance et de bombardement maritime, composée de 6 hydravions.
  • LN/88: bataillon de transmissions motorisées, composé de 4 compagnies : radio, téléphone, communications aériennes et alerte aérienne.
  • F/88: bataillon d'artillerie anti-aérienne motorisé, initialement composé d'une batterie légère de 20 mm et d'une batterie lourde de 88 mm, qui passa, fin 1936, à 2 batteries de 20 mm et 4 de 88 mm. Une autre batterie de 88 s'y ajouta en 1938. Le bataillon F/88 comprenait également une batterie de ravitaillement en munitions, une de projecteurs anti-aériens, une d'écouteurs contre avions et une batterie d'instruction destinée à former les volontaires espagnols.
  • P/88: groupe de maintenance et de dépannage du parc aérien.
  • MA/88 : dépôt de munitions.
  • San/88 : unité sanitaire.
  • Laz/88 : hôpitaux de campagne ; plusieurs fonctionnèrent sur le territoire nationaliste.
  • W/88 : unité météorologique.
  • VS/88 : bureau de liaison avec les forces aériennes italienne et espagnole.
  • Buro Grau (Département Gris) : bureau du groupement aéronautique.
  • Buro Anker (Département Ancre) : bureau du groupement naval.
  • Imker Gruppe (Groupe Apiculteur) : composé de volontaires de la Wehrmacht, il comprenait le Imker Drohne, groupe de chars de combat à deux compagnies. Fin décembre 1937, il fut complété par une troisième compagnie de chars de combat, une de transport, une de réparations, une de réparations et d'armurerie, une unité de canons antichars de 37 mm, le parc et les pièces de rechange ; l'Imker Ausbilder était le groupe d'instruction et l'Imker Horch la compagnie d'interception radio.
  • Gruppe Nordsee (Groupe Mer du Nord) : il regroupait les officiers et spécialistes de la Kriegsmarine, chargées de tâches d'expertises et d'instruction auprès des unités de la marine nationaliste (Armada Nacional) et dans les ports contrôlés par les autorités de Salamanque.


Participants
 

  • Hermann Aldinger
  • Oskar Dirlewanger
  • Rudolf Demme (Chef instructeur)
  • Adolf Galland
  • Hajo Herrmann
  • Werner Mölders 1913-1941. Commandant de la 3ème escadrille du groupe de chasse (3.J/88). premier as de la Condor avec 14 victoires.
  • Hugo Sperrle 1885-1953. Premier Commandant en Chef de la Légion Condor, de sa création à octobre 1937. Pseudonyme : "Sander".
  • Karl Schweikard
  • Hannes Trautloft 1912-1995. Fit partie des tout premiers pilotes de la Légion Condor. Commença sur Heinkel 51 et fut l'un des premiers à expérimenter le nouveau Messerschmitt 109. Ultérieurement, participa à la campagne de Pologne et à la campagne de France, à la Bataille d'Angleterre, à la guerre aérienne dans les Balkans et sur le Front de l'Est. Nommé Inspecteur Général de la chasse de jour sur le Front de l'Est en 1943. Après guerre, il fit partie de la Bundesluftwaffe, au sein de laquelle il termina sa carrière comme Inspecteur Général.
  • Heinz Trettner (Aide de camp du général Sperrle)
  • Wolfram Freiherr von Richthofen (Chef d'état-major), puis Commandant en Chef de la Légion Condor, à partir d'octobre 1938 et jusqu'à la fin du conflit.
  • Wilhelm Ritter von Thoma 1891-1948. Organisateur de l'arme blindée allemande à partir de 1934. Chef du contingent cuirassé de la Légion Condor et des instructeurs allemands détachés auprès de l'armée nationaliste.
  • Helmuth Volkmann 1889-1940. Commandant en Chef de la Légion Condor du 1er novembre 1937 à fin octobre 1938. Pseudonyme : "Veith".
  • Walter Warlimont 1894-1976. Lieutenant-Colonel de la Wehrmacht, il est envoyé en Espagne pour assurer la liaison entre le Ministère de la Guerre du Reich et les autorités nationalistes, et aussi comme responsable des volontaires allemands déployés en Espagne. Il souligna dans ses rapports la supériorité initiale du camp républicain en avions et en chars, et souligna la nécessité de renforcer Franco dans ces domaines par l'envoi d'un corps expéditionnaire. À son retour d'Espagne, Walter Warlimont poursuivit sa carrière au sein de la Wehrmacht puis de l'OKW. Il fut blessé lors de l'attentat du 20 juillet 1944. Jugé après la défaite et condamné à perpétuité, sa peine fut commuée en 18 années de réclusion. Libéré en 1957, il publia ses mémoires en 1964.


Les principaux "as" de la Légion Condor et leurs victoires aériennes :
 

  • Werner Mölders (Hauptmann, unité 3.J/88) : 14 victoires.
  • Wolfgang Schellmann (Hauptmann, 1.J/88) : 12 victoires.
  • Harro Harder (Hauptmann, 1.J/88) : 11 victoires.
  • Peter Boddem (Leutnant, VJ/88-2.J/88) : 10 victoires.
  • Otto Bertram (Oberleutnant, 1.J/88) : 9 victoires.
  • Wilhelm Ensslen (Oberleutnant, 2.J/88) : 9 victoires.
  • Herbert Ihlefeld (Leutnant, 2.J/88) : 9 victoires.
  • Walter Oesau (Oberleutnant, 3.J/88) : 9 victoires.
  • Reinhard Seiler (Leutnant, 2.J/88) : 9 victoires.
  • Herwig Knuppel (Hauptmann, 4.J/88-VJ/88) :8 victoires.
  • Hans Karl Mayer (Oberleutnant, 1.J/88) : * victoires.

Après la défaite française, Hitler rencontra Franco en octobre 1940, à Hendaye, pour parler du plan Raeder. Le chef de la Marine allemande, l'amiral Raeder, proposait de conquérir Gibraltar, l'installation des forces allemandes à Dakar et aux îles Canaries à l'aide d'une coopération étroite avec Vichy. Alan Clark, dans « La chute de la Crète » (p. 10) précise :

« Le point délicat de l'affaire était l'extension territoriale que Franco entendait réaliser aux dépens du Maroc et de l'Algérie. Hitler devait rencontrer Pétain le lendemain à Montoire, et il pensait qu'il serait possible de persuader le Maréchal de participer activement à une coalition antibritannique. Mais le "loyalisme" de l'administration française risquait de se détériorer, si l'Afrique du Nord apparaissait comme susceptible de passer sous contrôle espagnol au moment du traité de paix. »

Ayant refusé le passage sur son territoire d'une armée allemande pour attaquer et prendre Gibraltar, car la bataille d'Angleterre venait d'être perdu, Franco accepta par la suite que des volontaires espagnols s'engagent pour aller se battre sur le front russe. Ceux-ci formèrent la Division Azul.

La collaboration conditionnelle

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Le collaborateur conditionnel dit : « Je coopère avec la puissance occupante bien que je n'approuve que certains des aspects de la doctrine nazie. Avec réserve, je suis prêt à collaborer fidèlement parce que je veux changer les circonstances qui m'ont conduit à cette attitude ».



 
Philippe Pétain et Adolf Hitler

Philippe Pétain et Adolf Hitler

Selon Rings, la collaboration conditionnelle est la politique officielle de la France de Vichy et le gouvernement Danois la pratique partiellement. En octobre 1940, Pétain propose une collaboration qu'Hitler n'avait pas réclamée. Dans un discours radiodiffusé, il explique aux Français, que « ...pour maintenir l'unité française, ..., dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. » Pour Rings, l'attitude de Vlassov, fondateur du Comité russe de libération et de l'Armée russe de libération, ressortit également à la « Collaboration conditionnelle »

Franchet d'Espèrey Louis

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Louis Félix Marie François Franchet d'Espèrey (25 mai 1856 à Mostaganem - 8 juillet1 1942 à Saint-Amancet) était un maréchal de France. Issu d'une famille de tradition légitimiste, né à Mostaganem, département d'Oran (Algérie française), en 1856,

Franchet d'Espèrey LouisFranchet d’Espèrey sort de Saint-Cyr en 1876. Affecté au 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, le jeune lieutenant fait ses premières armes pendant la campagne de Tunisie de 1881. Après un stage à l’École de Guerre, il part se battre au Tonkin contre les Pavillons noirs. Rentré en France, il commande à Stenay le 18e Bataillon de Chasseurs à Pied.

Il prend part en 1900 à l’expédition de Chine contre les Boxers au cours de laquelle son cousin, l'ambassadeur allemand Klemens von Ketteler trouva la mort. Lieutenant-colonel au 132e régiment d'infanterie à Reims en 1903, puis nommé colonel en 1903, commande le 60e Régiment d'Infanterie à Besançon. Pendant la guerre russo-japonaise, il manifeste son soutien à l'armée russe, avec laquelle il avait participé à des manœuvres dans le cadre de l'Alliance franco-russe. Il est nommé général de division en 1912, et le général Lyautey lui confie le commandement des troupes du Maroc. Pendant la période difficile des débuts du Protectorat, il prend une part importante à la pacification et à l’organisation du pays.

Rappelé en France, Franchet d’Espèrey reçoit en novembre 1913 le commandement du 1er Corps d'Armée à Lille. Il se distingue à la bataille des Frontières d’août 1914, puis en rejetant sur l’Oise, à Guise le corps allemand de la Garde. Le généralissime Joffre lui confie, le 3 septembre, le commandement de la Ve Armée, en pleine retraite et menacée d’être encerclée et coupée. Franchet d'Espèrey se montre à la hauteur de la situation. Faisant faire demi-tour à ses hommes, il attaque, entraînant à ses côtés l’armée britannique du général French, se précipite dans la brèche entre les armées Bülow et Kluck ; il joue un rôle capital dans la décision et l’exécution de la grande bataille. « Son rôle, écrit Joffre dans ses mémoires, mérite d’être souligné devant l’histoire. C’est lui qui a rendu possible la victoire de la Marne ». Franchet d'Espèrey commande le groupe d’armées de l’Est en 1916, puis le groupe d’armées du Nord en 1917.

Il perd son fils, Louis, sous-lieutenant d’infanterie, tué à Douaumont, et son frère, colonel commandant le 333e Régiment d'Infanterie (lui restaient sa fille, Jacqueline, et sa sœur). En juin 1918, il est appelé au commandement en chef des armées alliées à Salonique pour prendre la suite de l'Expédition de Salonique. Il obtient, après une campagne de quatorze jours, la capitulation de l’armée germano-bulgare. L’armistice mettant fin au conflit sur le front d'Orient, signé à Salonique le 29 septembre 1918, ouvrait de vastes perspectives. Le Haut commandement allemand, qui en est conscient, se décide à demander l’armistice sur tous les fronts. Il n’a pas tenu à Franchet d'Espèrey que sa magnifique victoire n’ait pas été exploitée. En Crimée et à Odessa, il redresse la situation critique des forces françaises à la suite des mutineries de la mer Noire.

Ces remarquables années de services lui valent, le 19 février 1921, la dignité de maréchal de France. Il devient ensuite inspecteur général des troupes d'Afrique du Nord, au moment où l'on veut unifier la défense de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc. Le 2 novembre 1930, il représente la France à la cérémonie du couronnement de l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié Ier. Il est nommé président de la Société de géographie en 1933 et il est élu membre de l’Académie française le 15 novembre 1934, le même jour que l'homme politique Léon Bérard.

À partir de 1934, il encourage certaines ligues d'extrême-droite, dont la Cagoule. Il est inhumé dans l'église Saint-Louis des Invalides. Pour la petite histoire, on peut préciser que lors de son décès, en 1942, il fut impossible de lui organiser des obsèques dues à son rang de Maréchal de France (tout les Maréchaux de France, depuis 1929, sont inhumés au dôme de St Louis des Invalides, sauf disposition testamentaires contraires et à l'exception notable du maréchal Pétain). Les honneurs lui furent donc rendus par l'armée de De Lattre, commandant, à Montpellier, de la 16e division de l'armée de l'armistice, lors de l'inhumation provisoire en la chapelle n° 1, dite des Trois Maries, de la Cathédrale Ste Cécile d'Albi. Le transfert aux Invalides eut lieu en 1947.

IIIème Reich et Géographie

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Friedrich Ratzel, géographe du XIXe, créateur du concept de Lebensraum, lequel a été dévoyé à partir des années 1920 et sous le Troisième Reich. 

Ratzel FriedrichSous le régime du Troisième Reich, les frontières de l'Allemagne sont profondément modifiées, augmentant au rythme des acquisitions et des conquêtes (Sudètes, Autriche, Pologne, etc.), pour atteindre en 1942 un écart maximal de 3200 km, entre la France et l'URSS. La géographe Mechtild Rössler note : « une analyse des rapports entre la géographie comme science et le nazisme englobe trois domaines […] : « le domaine économique et social, le domaine idéologique, et leur répercussion tous deux sur la pensée des géographes à travers l'expansion géographique » ».

Le concept d'espace vital (Lebensraum) date du XIXe et avait été mis en place par Friedrich Ratzel ; ce sont ensuite des scientifiques comme des écrivains (Hans Grimm, Peuple sans espace), qui lui donnent une dimension politique que peut dès lors reprendre l'idéologie national-socialiste. En effet, il convient de noter que ce n'est qu'à partir des années 1920 que le concept de Lebensraum, à l'origine seulement culturel, prend une dimension racialeL1 83. Sous la République de Weimar, beaucoup de géographes sont influencés par ces idées ; augmenté du fait qu'ils appartiennent souvent à des partis conservateurs ou réactionnaires (NSDAP ou Deutsche Volkspartei), « leur [aux géographes] travail universitaire et scientifique et leurs intérêts politiques se recoupaient de plus en plus ».

Une des plus importantes revues géographiques de l'époque est la Geographische Zeitschrift ; le géographe Friedrich Flohr y redéfinit en 1942 le concept de Lebensraum en mettant de côté l'État (« espace vital imparfait ») et en posant la réalité de plusieurs espace : un espace vital communautaire fondé sur la race, puis d'autres espaces semi-vitaux puis complémentaires, critiquant dès lors les conceptions de K. Vowinckel fondée sur la terre, territoire du paysan, ainsi que de Obst qui proposait la mise en place d'un espace eurafricain. Schmittenner défend lui la distinction d'un espace vital actif et d'un espace passif.

Le terme de terroir populaire et culturel (Volks-und-Kulturboden) est lui créé par des géographes d'une fondation géographique située à Leipzig, et développé notamment par Albrecht Penck, Wilhelm Volz (de), Emil Meynen (de) et Friedrich Metz (de) puis, à partir de 1932, par des communautés de géographes et d'historiens, dit « spécialistes de germanité » (Volksdeutsche Forschungsgemeinschaften) jusqu'à devenir, sous le Troisième Reich (en 1943), une composante administrative, au sein de la « Fondation de géographie du Reich » : ces scientifiques défendent notamment l'idée d'un territoire de germanité qui va au-delà des frontières étatiques de l'Allemagne de Weimar (Pologne, pays Baltes, etc.). Des communautés de recherches se spécialisent alors dans des territoires précis (russes, nord-européens), pour en établir des données démographiques et statistiques, à partir des communautés allemandes isolées déjà installées.

La « Communauté du Reich pour la recherche sur l'espace », créée en 1936 est intimement lié au Plan de quatre ans et à des objectifs militaires. Elle est au départ concurrencée par le Bureau du Reich pour l'organisation spatiale. Les théories urbaines suivent celle développée en 1933 par Walter Christaller, reposant sur un système à structure hiérarchique ; cette idée sera plus tard reprise lors des entreprises de colonisation allemande orientale, à partir de l'« Administration centrale pour l'organisation spatiale ». Un Atlas du gouvernement général est réalisé. Des instituts de recherche sont fondés à Poznan (ex-Pologne) et à Kiev (ex-Ukraine) chargés de prévoir la future organisation de l'espace occupé : le generalplan Ost. Des missions de cartographie ont également lieu.

IIIème Reich et Histoire

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Le nazisme, depuis les premiers écrits d'Adolf Hitler (Mein Kampf notamment) se réfère souvent à l'histoire. Cela pourtant relève souvent du mensonge historique, l'historien Pierre Ayçoberry notant le caractère totalement pessimiste de l'idéologie, obsédé par la décadence rendue possible par un métissage ethnique avec d'autres peuples que les Aryens. Il faut donc une race pure, et un territoire (« espace vital ») où elle peut se développer. Si les Slaves ou les Nègres sont vus comme des sous-races, les Juifs sont niés mêmes par principe.

Adolf HitlerLa race pure, allemande, compte également les Allemands ayant émigré à travers le monde ainsi que les peuples nordiques. Pierre Ayçoberry ajoute ainsi que « la discipline historique, se voit reléguée au rang de fournisseur d'exemples, et purement et simplement manipulée ». Adolf Hitler lui-même se réfère par exemple à l'Empire romain où à la Prusse de Frédéric II, quitte à galvaniser les troupes lors de la bataille de Stalingrad en déclarant qu'il veut « une Allemagne frédéricienne », Pierre Ayçoberry ne manquant pas d'ajouter une réutilisation frauduleuse des conceptions politique de l'ancien roi.

Le régime se voit fournir des justifications politiques par l'Institut national d'histoire de la nouvelle Allemagne et son directeur, Walter Frank, notamment chargé d'étudier les « tendances hostiles au Reich dans le catholicisme politique ». Aux membres des Jeunesses hitlériennes, aux écoliers et aux aspirants de la SS, il est surtout demandé de ne pas avoir une vision factuelle de l'histoire mais la connaissance de quelques grands personnages, pour l'occasion mythifiés, comme l'ancien chancelier Otto von Bismarck ou le dieu Odin.

Les leçons enseignées rendent ainsi compte de plusieurs cycles de grandeurs (Germains nomades, règne de Charlemagne, nationalisme allemand) entrecoupés de périodes de décadence (époque chrétienne, développement du capitalisme, etc.), en dépit du découpage historique visant à servir de justification au nazisme. Une Allemagne champêtre, germaine et moyen-âgeuse à la fois est mythifiée, notamment à travers certains Heimatfilm, comme Ewiger Wald, sorti en 1936. Le philosophe Max Horkheimer note ainsi que « quand les nazis disent : l'« histoire », ils veulent dire exactement le contraire : la mythologie ».

Victor-Emmanuel III

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Fils d'Humbert Ier d'Italie et de Marguerite de Savoie, Victor-Emmanuel III (en italien Vittorio Emanuele III), né à Naples le 11 novembre 1869 et mort en exil à Alexandrie le 28 décembre 1947, devint roi d'Italie le 29 juillet 1900 après l'assassinat de son père. 

Victor-Emmanuel IIIIl acquit dès sa naissance le titre de prince de Naples. Il reprend la politique coloniale de l'Italie avec le débarquement en Libye le 29 septembre 1911 et l'occupation des îles du Dodécanèse en mer Égée en mai 1912. Par la paix de Lausanne du 18 octobre 1912 la Turquie reconnaît à l'Italie les possessions de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque.

Lors de la Première Guerre mondiale il soutient la position de neutralité de l'Italie. L'irrédentisme politique concernant les provinces du Trentin, de l'Istrie et la ville de Trieste le décide à abandonner la Triple Alliance pour combattre l'Autriche-Hongrie au côté des alliés. Victor-Emmanuel de Savoie épouse à Rome le 24 octobre 1896, Hélène de Monténégro (8 janvier 1873 † 28 novembre 1952), fille de Nicolas Ier, roi de Monténégro et de Milena Vukotic.
 
Ils ont 5 enfants :
 
  • Yolande (1901 † 1986), mariée à Rome en 1923 avec Charles Calvi (1887 † 1977), comte de Bergolo,
  • Mafalda (1902 † décédée au camp de concentration de Buchenwald 1944), mariée à Racconigi en 1925 avec Philippe (1896 † 1980), Landgrave de Hesse, Humbert II (1904 † 1983),
  • Jeanne (1907 † 2000), mariée en 1930 à Boris III (1894 † 1943), tsar de Bulgarie,
  • Marie-Françoise (1914 † 2001), mariée à Rome en 1939 à Louis de Bourbon-Parme (1899 † 1967).

 

La victoire de 1918 permet à l'Italie d'annexer des territoires comme le Trentin, le Haut-Adige, Trieste et l'Istrie mais pas la Dalmatie ce qui l'empêche de devenir maîtresse de l'Adriatique et rend la paix impopulaire. Dans le contexte de crise économique et politique d'entre-deux-guerres, le pays connaît une série d'agitations sociales que les différents gouvernements n'arrivent pas à endiguer, portant les fascistes au pouvoir. Après la Marche sur Rome des troupes fascistes de Mussolini le 26 octobre 1922, le roi demande à ce dernier, le 28 octobre 1922, de former un nouveau gouvernement. En avril 1924, de nouvelles élections ont lieu, avec de nombreuses irrégularités. Le député socialiste Giacomo Matteotti, qui a dénoncé ces irrégularités, est assassiné le 10 juin 1924. Le 3 janvier 1925, les fascistes revendiquent l'assassinat. C'est le début de la dictature fasciste.


Le 3 octobre 1935, les troupes italiennes basées en Érythrée et en Somalie envahissent l'Éthiopie. La guerre se termine le 9 mai 1936 avec la proclamation de l'Empire d'Afrique orientale italienne, qui vaut à Victor-Emmanuel III le titre d'empereur. En avril 1939, l'Albanie est occupée et Victor Emmanuel III accepte le titre du roi d'Albanie. L'axe Rome-Berlin est signé en octobre 1936 et le pacte d'acier le 22 mai 1939. Le 10 juin 1940 l'Italie entre en guerre au côté de l'Allemagne nazie alors que la France est déjà vaincue. L'offensive britannique en Afrique fait perdre aux Italiens leurs possessions sur ce continent.

Le 25 juillet 1943, le débarquement des alliés en Sicile entraîne la chute de la dictature fasciste : le 26 juillet 1943 le roi remplace Benito Mussolini par un homme de confiance, le Maréchal d'Italie Pietro Badoglio. Une situation de guerre civile s'instaure dans le Nord du pays du 8 septembre 1943 jusqu'au 25 avril 1945 (République de Salò). Le roi, qui après le 8 septembre 1943 avait quitté Rome pour se replier dans le Sud occupé par les alliés, cède les prérogatives royales à son fils Humbert de Savoie le 4 juin 1944, et se retire de la vie publique. Il abdique en faveur de son fils Humbert II le 9 mai 1946 et le 2 juin 1946, un référendum met fin à la monarchie, qui est remplacée par une république. Victor-Emmanuel III meurt en exil à Alexandrie en Égypte (accueilli par le roi Farouk) le 28 décembre 1947.

Burwitz Gudrun

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Gudrun Burwitz, née Himmler, le 8 août 1929, est la fille d'Heinrich Himmler. Elle est membre de l'association d'entraide d'anciens nazis, Stille Hilfe dont le siège est en Allemagne.

Gudrun Burwitz

Gudrun Burwitz

Gudrun Himmler, unique enfant légitime du Reichsführer SS, naît à Munich le 8 août 1929, de l’union d’Heinrich et de Margarete (née Boden), infirmière et homéopathe diplômée, de sept ans son aînée. Heinrich est très attaché à sa fille, qu’il surnomme affectueusement Püppi. La même année, sa ferme (élevage de poulets) de Waldtrudering fait faillite. Membre du NSDAP (d’abord provisoirement) depuis 1923, Heinrich Himmler a vu son destin décoller en 1925, lorsque Hitler décide de créer une « garde prétorienne » dévouée corps et âme à sa protection personnelle, la SS (qui au début ne sera qu’une faction sous l’autorité de la SA)… Nommé Reichsführer SS en 1929 (année de la naissance de Gudrun), ses obligations officielles le mènent à s’absenter de plus en plus du domicile conjugal ; le couple s’effrite. Heinrich et « Marga » se séparent onze ans plus tard, en 1940, mais ne divorceront jamais. Entre temps, le Reichsführer SS – petit-bourgeois propret, flic suprême, et grand nettoyeur ethnique tout à la fois – entretient une relation avec Hedwig Potthast, une de ses secrétaires, fille d’un homme d’affaire de Cologne, de 12 ans sa cadette. Ils auront ensemble deux enfants illégitimes : Helge et Nanette.

À la fin de la guerre, lors de son arrestation par les Anglais, Margarete Himmler affirme être cardiaque. Pour cette raison, les officiers en charge du camp d’internement ne lui annoncent pas le suicide de son mari, survenu quelques jours auparavant (23 mai 1945). Trois semaine plus tard, Marga et Gudrun, maintenant âgée de 15 ans, sont transférées dans une luxueuse villa, et détenues parmi d’autres prisonnières allemandes. Le 13 juin 1945, la journaliste Ann Stringer de l’United Press rencontre et s’entretient avec Margarete. Frau Himmler se déclare fière de son défunt mari, et balaye la haine du monde envers le chef SS avec la simple remarque que personne n’aime un policier. Informée par Ann Stringer de la capture d’Heinrich par les troupes Britanniques, et de son suicide au cyanure, Frau Himmler n’extériorise aucune émotion. N’ayant plus de nouvelles de son époux depuis un dernier appel téléphonique remontant au mois d’avril précédent, elle reste assise, les mains croisées sur ses genoux ; se bornant à hausser les épaules. 

Ann Stringer raconte : « Je lui ai alors dit qu’Himmler était enseveli dans une tombe non marquée ; Frau Himmler ne montra ni surprise ni intérêt. Ce fut l’exhibition d’un contrôle total et glacial des sentiments humains comme je n’en avais jamais vu. […] Je lui demandais si elle était consciente de l’activité de son mari et de la Gestapo, et elle me répondit ‘Bien sûr’. Puis je lui demandais si elle était consciente de ce que le monde pensait de lui. Elle répondit ‘Je sais qu’avant la guerre nombre de personnes avaient une haute opinion de lui’. » Demandée ce qu’elle pensait du fait que son mari était probablement considéré comme le criminel n° 1, elle répondit : « Mon mari ? Comment cela se pourrait-il alors que Hitler était le Führer ? ».

Maragerete et sa fille sont maintenues en détention par les Britanniques pendant quatre ans, jusqu’en 1949. À nouveau libre, Gudrun, âgée de 20 ans, épouse Wulf Dieter Burwitz, journaliste, auteur… et militant néo-nazi. Dès 1951, Gudrun devient membre du Stille Hilfe, une association d’aide aux SS arrêtés, condamnés, en détresse ou en cavale (dont Erich Priebke). En 1952 elle est co-fondatrice de la Wiking-Jugend, un ersatz de la Hitler-Jugend. L’organisation fut interdite en Allemagne en 1994. 

Dans le passé récent, Gudrun Burwitz a participé à nombre de colloques et réunions SS à l’Ullrichsberg, en Autriche, ou encore avec les Freikorps Oberland à l’Annaberg. Pendant nombre d’années, l’ex-Obersturmführer SS danois Sören Kam sera son garde du corps. Gudrun n’a jamais désavoué l’idéologie de son père et a, à plusieurs reprises, tenté de le réhabiliter en « justifiant » ses actes. Elle est amie de Florentine Rost Van Tonningen, connue aux Pays-Bas comme la « Veuve Noire » (elle se maria le 21 décembre 1940 lors du Solstice d’Hiver avec Meinoud Rost van Tonningen, officier Waffen-SS – cette union fut le 1er « mariage SS » officiellement reconnu comme tel). Pendant des années, Gudrun Burwitz a été considérée comme un symbole, et comme idole par l’organisation Stille Hilfe. Dans les manifestations où elle apparaît, elle est perçue à la fois comme une star et une autorité…


Chamberlain Neville Arthur

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Arthur Neville Chamberlain (18 mars 1869 – 9 novembre 1940) est un homme politique britannique, membre du Parti conservateur et Premier ministre du Royaume-Uni de mai 1937 à mai 1940. Il est surtout connu pour sa politique étrangère d'apaisement, notamment à travers la signature des accords de Munich, en 1938, qui cèdent la région tchécoslovaque des Sudètes à l'Allemagne nazie.

Neville Arthur Chamberlain

Neville Arthur Chamberlain

Suite aux agressions répétées d'Adolf Hitler, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, et Chamberlain dirige le pays durant les huit premiers mois de la Seconde Guerre mondiale. ChamberlainNeville Chamberlain, le fils de Joseph Chamberlain, et le frère d’Austin Chamberlain, est né en 1869. Après avoir été instruit à l’école de Rugby, il a passé 7 ans comme manager des plantations de son père aux Bahamas.

Chamberlain est revenu en Angleterre en 1897 où il fit des affaires dans le cuivre et le laiton. Il fut actif dans la politique locale et en 1915 est élu Maire de Birmingham. Lors des élections générales de 1918, Chamberlain a été élu comme député conservateur pour Ladywood. Il a refusé un cabinet sous David Lloyd George, mais accepta le poste de ministre des Postes et Télécommunications (1923 – 1924) et ministre de la Santé (1924 – 1929) sous Stanley Baldwin. Il a aussi servi comme Chancelier de l’Échiquier dans le gouvernement national dirigé par Ramsay MacDonald (1931 – 1937). Il fut un administrateur efficace abolissant la loi régissant l'aide aux pauvres et réorganisant l’aide au chômage.

En 1936 le gouvernement conservateur a craint l’extension du communisme au reste de l’Europe. Stanley Baldwin, le premier ministre britannique, partagea ce souci et fut assez compréhensif du soulèvement militaire en Espagne contre le gouvernement du Front populaire de gauche. Léon Blum, le premier ministre du gouvernement du Front populaire en France, accepta initialement d’envoyer des avions et de l’artillerie pour aider l’armée républicaine en Espagne. Cependant, après avoir subi des pressions de Stanley Baldwin et d’Anthony Eden en Grande-Bretagne, ainsi que de plusieurs membres de droite de son propre cabinet, il changea d’épaule.

Baldwin et Blum appelèrent maintenant tous les pays d’Europe à ne pas intervenir dans la guerre civile espagnole. Un accord de non-intervention fut préparé et signé par la suite par 27 pays, dont l’URSS, l’Allemagne et l’Italie. Cependant, Adolf Hitler et Benito Mussolini ignorèrent ouvertement l’accord et envoyèrent un gros montant de soutien militaire, y compris des troupes, au général Francisco Franco et ses forces nationalistes. Quand Chamberlain remplaça Stanley Baldwin comme premier ministre, il continua la politique de non-intervention. À la fin de 1937, il prit la décision controversée d’envoyer Sir Robert Hodgson à Burgos pour devenir le lien du gouvernement britannique avec le gouvernement nationaliste.

Le 13 mars 1938, Léon Blum retourna au ministère en France. Quand il commença à plaider pour la fin de la politique de non-intervention du pays, Chamberlain et le ministère des Affaires étrangères rejoignirent avec la presse de droite française et des figures politiques comme Henri-Philippe Pétain et Maurice Gamelin afin de le renverser. Le 10 avril 1938, Léon Blum fut remplacé par Édouard Daladier, un politicien qui était d’accord non seulement avec la stratégie espagnole de Chamberlain, mais aussi avec sa politique étrangère qui plus tard devint connue comme apaisement. Chamberlain crut que l’Allemagne avait été mal traitée par les Alliés après sa défaire de la Première Guerre mondiale. Il pensa donc que le gouvernement allemand avait de véritables réclamations et celles-ci devaient êtres adressées. Il pensa également cela en étant d’accord sur certaines des demandes faites par Adolf Hitler et Benito Mussolini, il pensait ainsi pouvoir éviter une guerre.

Anthony Eden, le ministre des Affaires étrangères de Chamberlain, ne fut pas d’accord avec la politique d’apaisement et démissionna en février 1938. Eden fut remplacé par Lord Halifax qui soutenait entièrement cette politique. En février 1938, Adolf Hitler invita Kurt von Schuschnigg, le chancelier autrichien, à le rencontrer à Berchtesgaden. Hitler exigea des concessions pour le parti nazi autrichien. Schuschnigg refusa et après avoir démissionné il fut remplacé par Arthur Seyss-Inquart, le leader du parti nazi. Le 13 mars, Seyss-Inquart invita l’armée allemande à occuper l’Autriche et proclama l’union avec l’Allemagne. L’union de l’Allemagne et de l’Autriche (Anschluss) avait été spécialement interdite par le traité de Versailles. Quelques membres de la Chambre des Communes, dont Anthony Eden et Winston Churchill, appelèrent maintenant Chamberlain à agir contre Adolf Hitler et son gouvernement nazi.

Hugh Christie un agent des services secrets britanniques basé à Berlin, rencontra Hermann Göring le 3 février 1937. Il rapporta immédiatement sa conversation avec Göring et inclut l’information comme quoi l’Allemagne avait prévu de prendre le contrôle de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie. Il dit également à Christie que l’Allemagne voulait principalement « une main libre sur l’État l’est de l’Europe ». En mars 1938, Hugh Christie indiquait au gouvernement britannique qu’Adolf Hitler serait évincé par les militaires si la Grande-Bretagne joignait ses forces avec la Tchécoslovaquie contre l’Allemagne. Christie a averti que la « question cruciale est – quand est-ce que la prochaine étape contre la Tchécoslovaquie sera essayée ?... - La probabilité est que le délai n’excédera pas deux ou trois mois tout au plus, à moins que la France et la Grande-Bretagne utilisent la force de dissuasion, pour laquelle les leaders en Allemagne prient.

La tension internationale augmenta quand Adolf Hitler commença à demander que le territoire des Sudètes en Tchécoslovaquie soit sous le commandement du gouvernement allemand. Pour résoudre la crise, les chefs du gouvernement allemand, britannique, français et Italie se réunirent à Munich en septembre 1938. Le 29 septembre 1938, Chamberlain, Adolf HitlerEdouard Daladier et Benito Mussolini signèrent l’accord de Munich qui transféra à l’Allemagne le territoire des Sudètes, une région frontalière fortifiée qui englobe une large population germanophone. Quand Eduard Benes, le chef d’État tchécoslovaque, qui n’avait pas été invité à Munich protesta de la décision, Chamberlain lui dit que la Grande-Bretagne serait peu disposée à faire la guerre au sujet du territoire des Sudètes.

L’accord de Munich fut populaire ne Grande-Bretagne parce qu’il semblait avoir empêché une guerre avec l’Allemagne nazie. Cependant, quelques politiciens, dont Winston Churchill et Anthony Eden, désapprouvèrent l’accord. Ces critiques montrèrent que non seulement le gouvernement britannique se conduisait déshonorablement, mais qu’il avait perdu le soutien de l’armée tchèque, une des meilleurs d’Europe. En mars 1939, l’armée allemande a pris le reste de la Tchécoslovaquie. En prenant cette option, Adolf Hitler a cassé l’accord de Munich. Chamberlain réalisait maintenant qu’il ne pouvait pas avoir confiance en Adolf Hitler et que sa politique d’apaisement s’achevait maintenant. Après l’invasion de la Pologne, Chamberlain é été forcé de déclaré la guerre à l’Allemagne.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, des sondages d’opinion publique ont prouvé que la popularité de Chamberlain était de 55%. En décembre 1939, celle-ci avait grimpé jusqu’à 68 %. Cependant, les membres de la Chambre des Communes le voyaient comme un chef de guerre blême. En 1940, les membres du parti travailliste et du parti libéral refusèrent de servir dans le gouvernement national proposé. Chamberlain démissionna et fut remplacé par Winston Churchill. Il a été nommé comme Président du conseil dans le gouvernement de Churchill, mais sa mauvaise santé le força à quitter le ministère en octobre 1940, et il mourut peu après, le 9 novembre 1940.

Nérac. Mémoire et vigilance

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Journée des déportés - C'est en présence de Frédéric Bovet, sous-préfet de Nérac par intérim, des autorités civiles et militaires, qu'était célébrée la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation. Jacques Chantre, ancien déporté et président d'honneur de l'ANACR de Nérac, délivrait son message pour une paix juste et durable.

Jacques Chantre délivrait son message pour une paix juste et durable

Jacques Chantre délivrait son message pour une paix juste et durable

«Il y a 80 ans, le nazisme triomphait. Hitler imposait son pouvoir en Allemagne dans l'indifférence quasi générale des démocraties et entraînait le monde dans un conflit qui prit fin en 1945 après des années de terreur, par la victoire sur le nazisme…». Charles Darroman, président d'honneur de l'association «Les Amis de la fondation pour la mémoire de la Déportation» (AFMD), faisait la lecture du message de toutes les associations de déportés : «Dans nos sociétés où réapparaissent des actes et propos xénophobes, racistes, antisémites et discriminatoires, les rescapés des camps de la mort rappellent toute l'importance des valeurs de solidarité, de fraternité et de tolérance, qu'ils n'ont eu de cesse de promouvoir et défendre depuis leur retour. II appartient aux générations suivantes de préserver ces valeurs qui sont celles de la République…».

Les dépôts de gerbe avaient lieu au pied du monument aux morts, à la Garenne, celui des déportés par Jacques Chantre et Michel Carpentier accompagnés par les présidents des associations d'anciens combattants et victimes de guerres de Nérac, le maire et conseiller général, Nicolas Lacombe puis Olivier Campan, suppléant et représentant la députée, Lucette Lousteau et le sous-préfet de Nérac par intérim. Pour les personnes intéressées à préserver cette mémoire et désirant rejoindre l'association, contact à AFMD 41, avenue de Saint-Antoine 47300 Pujols.

IIIème Reich et Médecine

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L'historien Jean-Pierre Baud relève la « mutation institutionnelle de la science occidentale », qui n'a pas causé mais permis en partie au génocide juif de fonctionner. 

Albert Speer and Karl Brandt

Albert Speer and Karl Brandt

Différent d'un simple massacre, ce génocide extermine en effet pour le simple fait d'être né. Deux facteurs l'expliquent : une légalité et des dogmes scientifiques ainsi que la volonté de défendre un« être collectif ». L'hygiénisme du XIXe siècle pose déjà les base de la défense sanitaire et de l'institutionnalisation de l'extermination de la vermine et de la saleté, vocabulaire qu'Adolf Hitler dévoiera pour parler des Juifs.

Néanmoins, à l'époque, de nombreux théoriciens du racisme et de l'eugénisme rencontrent un certain écho. Alors, pour l'historien Benno Müller-Hill, Hitler se limite au début de sa prise de pouvoir à permettre à ces vues scientifiques de s'imposer, ne définissant qu'un « cadre général ». Dans les camps, les mesures de stérilisation ou d'euthanasie se font toujours sous contrôle médical, justifiées par le droit nazi.

Karl Brandt, médecin personnel d'Hitler, supervise le programme d'euthanasie T-4. Ses directives sont appliquées dans différents camps, comme Karl Gebhardt et Herta Oberheuser à Ravensbrück ou Waldemar Hoven à BuchenwaldAugust Hirt mène des recherches sur des détenus de camp ainsi que sur des cadavres, soutenu par le Conseil national de la recherche du Reich.

1ère Conférence de Moscou

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La Première Conférence de Moscou de la Seconde Guerre mondiale eut lieu du 29 septembre au 1er octobre 1941.

Averell Harriman, Lord Beaverbrook et Joseph StalineAverell Harriman, Lord Beaverbrook et Joseph StalineAverell Harriman, Lord Beaverbrook et Joseph Staline

Averell Harriman, Lord Beaverbrook et Joseph Staline

Averell Harriman représenant les États-Unis et Lord Beaverbrook représentant le Royaume-Uni rencontrèrent Joseph Staline de l'Union soviétique pour l'assurer de soutien des alliés contre l'Allemagne.

Pohl Oswald

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Oswald Pohl (30 juin 1892 - 7 juin 1951) était un officier nazi et un Obergruppenführer (équivalent : lieutenant général) SS. En tant que directeur de la WVHA (services d'administration et d'économie de la SS), il organisa l'exploitation de tout ce qui provenait des Juifs depuis les camps de concentration. 

Commandant Richard Baer (right) accompanies Oswald Pohl (left) during an official visit to Auschwitz by automobile.

Commandant Richard Baer (right) accompanies Oswald Pohl (left) during an official visit to Auschwitz by automobile.

Né le 30 juin 1892 à Duisburg-Ruhrort, il est le fils du serrurier Hermann Otto Emil Pohl et de Augusta Pohl (née Seifert). Il est le cinquième d’une famille de huit enfants. Après avoir fini l’école en 1912, il s’engage dans la marine. Pendant la Première Guerre mondiale, il est envoyé dans la mer Baltique et sur la côte des Flandres. Pohl suit aussi les cours d'une école de la marine, et devient trésorier le premier avril 1918.

Il passe alors la majorité de son temps à Kiel et se marie le 30 octobre de la même année. A la fin de la guerre, Pohl suit les cours d'une école de commerce et commence aussi à étudier le droit à l’Université de Kiel. Il va cependant abandonner l’université, et devient trésorier de la brigade Löwenfeld des corps francs. Son travail l’amènera à Berlin, en Haute Silésie et dans le bassin de la Ruhr. En 1920, il rejoint la nouvelle marine de la république de Weimar (Reichmarine). Pohl est transféré à Swinemünde en 1924. En 1925, Pohl rejoint la SA, puis le parti national-socialiste et reçoit le numéro 30842 le 22 février 1926. Il rencontre Heinrich Himmler en 1933 et devient son protégé. Il est nommé chef du département administratif pour celui-ci et obtient le grade de SS-Standartenführer en février 1934.

Le premier juin 1935, il est nommé trésorier du Reich et chef de l’administration de la SS et met alors sur pied l’organisme qui veillera à l’administration des camps de concentration. Pohl rompt avec l’église en 1935 et devient, quatre ans plus tard, chef de l'Office Central d’Administration et d’Économie, qui fait partie de la SS, et de l’Office Central de la Construction, qui fait partie du Ministère de l’Intérieur. Le 1er février 1942, ces deux organismes sont regroupés sous le nom de "SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt", ou WVHA (Office Central de l’Administration et de l’Économie SS), que dirige Pohl.

Cet organisme a pour tâche l’organisation des camps de concentration (logement, nourriture, soins médicaux, etc...). Pohl est promu SS-Obergruppenführer et général de la Waffen-SS le 20 avril 1942. Le 12 décembre de la même année, il se marie avec Eleonore von Brüning après avoir divorcé de sa première femme. En 1944, on retire des mains de Pohl l’administration des camps de concentration pour confier celle-ci au Ministère de l’Armement. Pohl reste en charge de l’administration de la Waffen-SS jusqu’à la fin de la guerre.

Oswald Pohl lors de son procès

Oswald Pohl lors de son procès

Après la défaite allemande, Pohl se cache en Bavière, puis près de Bremen. Il est capturé par les troupes britanniques en mai 1946. Avec 17 autres personnes il est jugé par un tribunal militaire du 8 avril au 22 septembre 1947, où il est accusé de crime contre l'humanité, de crime de guerre et d’avoir été membre d’une organisation criminelle. Il est condamné à mort le 3 novembre 1947. En 1950 il publie un livre, Credo. Mein Weg zu Gott, après sa reconversion au catholicisme. Il y a plusieurs pétitions de la part des membres du Bundestag pour demander la clémence en sa faveur, mais celle-ci est refusée par le général Thomas T. Handy. Pohl est pendu à la prison de Landsberg le 7 juin 1951.

2ème Conférence de Moscou

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La Seconde Conférence de Moscou, entre les principaux alliés de la Seconde Guerre mondiale, eut lieu du 12 au 17 août 1942. 

Joseph Staline, Averell Harriman et Winston ChurchillJoseph Staline, Averell Harriman et Winston ChurchillJoseph Staline, Averell Harriman et Winston Churchill

Joseph Staline, Averell Harriman et Winston Churchill

Winston Churchill, le premier ministre britannique, Averell Harriman représentant les États-Unis et Joseph Staline, chef de l'Union soviétique planifièrent à cette occasion la Campagne d'Afrique du Nord, ainsi que l'ouverture d'un nouveau front dans le Nord de la France.

Bataille de Berlin

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La bataille de Berlin se déroula de fin avril 1945 au 2 mai 1945. Elle opposa ce qui restait des forces du Troisième Reich à l'Armée rouge. Staline donna une portée symbolique à ce dernier coup porté au régime nazi, après les lourdes pertes subies par les Soviétiques pour inverser le flux de l'invasion. 

Bataille de Berlin

Bataille de Berlin

Au début de l'année 1945, seule une infime partie de l'Allemagne nazie a été envahie. À l'Est, les Soviétiques sont aux portes de la Prusse-Orientale, devant Varsovie et ont encerclé Budapest. À l'Ouest, les Alliés stationnent devant la ligne Siegfried, protégeant la rive gauche du Rhin, en face de la Belgique et de la Lorraine, et la région de Colmar est encore sous contrôle allemand. Hitler croit encore pouvoir compter sur les « armes nouvelles » de ses ingénieurs (dont les V1 et V2) pour renverser la situation...

Le 12 janvier 1945, les Soviétiques déclenchent une offensive massive (de la Baltique aux Carpates), sous le commandement des maréchaux Tcherniakovski (3e Front biélorusse), Rokossovski (2e Front biélorusse), Joukov (1er Front biélorusse) et Koniev (1er Front ukrainien). Staline joue de la compétition entre ces généraux pour leur faire réaliser les avances les plus foudroyantes. En outre les forces allemandes sont concentrées sur le front ouest en raison de la bataille des Ardennes. En dix jours, la Wehrmacht (Groupe d'armées Vistule) est pulvérisée, et l'Armée rouge conquiert l'essentiel de la Pologne d'avant 1939, s'empare des zones industrielles vitales de la Silésie et de la plus grande partie de la Prusse-Orientale, et atteint l'Oder (future frontière germano-polonaise) à Küstrin. Hitler, dont la condition physique s'est considérablement dégradée depuis l'attentat du 20 juillet 1944, ordonne, comme toujours, à ses généraux de ne plus reculer et de contre-attaquer. Ses analyses sont complètement déconnectées de la réalité, il ne paraît pas se rendre compte que chaque armée allemande nominale a en fait tout au plus la valeur combattive d'une division. Il se brouille régulièrement avec Heinz Guderian, chef d'état-major pour le front de l'Est qui lui tient tête en vain, jusqu'à son remplacement fin mars par le général Hans Krebs.

En pénétrant sur le sol allemand, les troupes soviétiques ont propagé la panique parmi les populations allemandes des provinces de l'Est. D'innombrables cas de pillages, de meurtres et de viols collectifs sont rapportés par la propagande de Joseph Goebbels, et ont été plus tard attestés à mots couverts par les archives militaires russes. Un exode massif draine vers l'Ouest des millions de réfugiés des territoires allemands qui ont déjà été attribués, par les Alliés à la Pologne, à l'Est de la ligne Oder-Neisse. Les pertes civiles sont très importantes, comme lors du torpillage par un sous-marin soviétique du paquebot Wilhelm Gustloff, évacuant des réfugiés par la mer Baltique. Le froid, la famine et les bombardements sont les causes de mortalité les plus fréquentes.

Les réfugiés allemands sont très rarement pris en charge par les autorités nazies. Il se peut que la désorganisation générale et la fuite rapide des plus hauts cadres nazis en soit la principale cause, mais il est également vraisemblable que cela fut une stratégie délibérée pour inciter les soldats allemands à combattre plus énergiquement pour protéger les civils restés sur leur sol natal. Le Führer avait par ailleurs demandé que soit appliquée dans toute l'Allemagne la politique de la terre brûlée, ne pouvant supporter que le sol national allemand tombe dans les mains des Slaves sans qu'il soit retourné à l'âge de la pierre. Il estimait également que le peuple allemand, qui avait échoué dans le dessein qu'il lui vouait, méritait son sort de destruction et s'était, selon plusieurs témoignages, complètement identifié à l'Allemagne, considérant que sa propre disparition était liée à la disparition de son pays. Albert Speer, intime d'Hitler et ministre de l'armement fit la tournée des Gauleiters pour les inciter à refuser d'obéir aux directives allant dans ce sens.

Goebbels, de plus en plus exposé alors qu'Hitler n'apparaît plus en public, et qui par ailleurs a été nommé commissaire du Reich pour la défense de Berlin, organise les Volksturm, unités composées des dernières réserves (les hommes les plus âgés ou malades). Les adolescents des Jeunesses hitlériennes sont également intégrés aux forces militaires ; leur fanatisme en fera les combattants les plus motivés de Berlin, mais aussi les plus gravement décimés, la majorité d'entre eux périront. Cependant, les SS exécutent sommairement de plus en plus de civils et de soldats soupçonnés de désertion, dont un grand nombre de membres de la Volksturm. En février 1945, les Soviétiques s'emparent de Budapest, durement défendue par les Allemands. Les Alliés à l'Ouest, s'avancent jusqu'au Rhin. Les bombardements stratégiques américano-britanniques continuent à accabler l'Allemagne : du 13 au 15 février, le bombardement de Dresde, ville remplie de réfugiés, cause près de 40 000 morts.

En mars 1945, l'Armée rouge conquiert la Poméranie, assiège Königsberg et Breslau, et a établi des têtes de ponts sur la rive occidentale de l'Oder, à moins de 50 kilomètres de Berlin. Cependant, les forces alliées, à l'Ouest, progressent à l'est du Rhin début mars, la IIIe armée de George Patton opère une percée fulgurante en Allemagne centrale. Le 1er avril, le Groupe d'Armée B du maréchal allemand Walter Model est encerclé dans la Ruhr. Les Alliés avancent alors plus rapidement que les Soviétiques. Ils sont susceptibles d'arriver à Berlin ou à Prague avant eux. C'est du reste ce que souhaitent Patton ou Winston Churchill et Bernard Montgomery, qui craignent un futur conflit avec les Soviétiques.

Mais à la conférence de Yalta, en février 1945, les chefs alliés et Staline, fort de son avance en Europe de l'Est et des sacrifices massifs de ses troupes, se sont mis d'accord sur leurs zones d'occupation respectives. Le territoire à l'est de l'Elbe, comprenant Berlin, doit revenir à l'Armée rouge. Le commandant en chef des Alliés, Eisenhower, invoquant les accords et souhaitant épargner les vies américaines, arrête l'avancée de ses troupes : au niveau de Berlin, elles ne doivent pas dépasser l'Elbe. La 1re armée américaine de Courtney Hodges et l'armée soviétique de Joukov opèrent leur jonction sur l'Elbe à Torgau, le 25 avril 1945. Les forces allemandes sont coupées en deux. Le 26 avril 1945, les troupes soviétiques s'emparent de l'aéroport de Tempelhof, ce qui prive les troupes allemandes du soutien de la Luftwaffe. Berlin est encerclée par deux groupes d'armées soviétiques : ceux de Joukov (1er front biélorusse) et de Koniev (1er front ukrainien), avec en appui celui de Rokossovski (2e front biélorusse), que la récente prise de Koenigsberg vient juste de libérer. Les forces allemandes disposent de 4 groupes d'armée qui sont pour la plupart un ensemble de troupes de second ordre, disparates, ou désorganisées, mais qui regroupe tous les fanatiques.

 

  • Le groupe d'armée de la Vistule qui est commandé par le generaloberst Gotthard Heinrici, et le chef d'état-major était le général Kinzel et qui dispose d'à peine de 750 tanks et canons automoteurs, 744 canons et 600 pièces de DCA utilisées comme artillerie de campagne avec deux jours de ravitaillement en munitions.
  • La 12e armée du général Walther Wenck qui devait défendre Berlin par l'ouest, sur le front de l'Elbe, indépendamment de l'armée de la Vistule.
  • Le groupe d'armées Centre qui est commandé par le generalfeldmarshall Ferdinand Schörner.
  • La garnison de Berlin aux ordres du général Reymann, commandant la « Zone de défense du Grand Berlin »


Les combats débutent avec l'attaque de nuit, à la lueur de projecteurs de DCA, à partir des hauteurs de Seelow (voir Bataille de Seelow). Cette bataille manque de tourner au fiasco, pour avoir été mal préparée. Les plans de l'armée soviétique sont d'encercler la ville, puis d'éliminer par des tirs de barrage toute résistance. Mais ces bombardements gênent ensuite la progression des troupes à l'intérieur de la ville. Des poches de résistance naissent alors, comme au Tiergarten. Les Soviétiques massent autour de Berlin plus de 40 000 pièces d'artilleries (1 pièce tous les dix mètres).

Le 20 avril 1945, après la cérémonie d'anniversaire d'Adolf Hitler, qui fête ses 56 ans, un bon nombre de hauts dignitaires nazis quittent Berlin précipitamment en abandonnant le Führer. Les Berlinois appelleront cet épisode « la fuite des faisans dorés ». Les combats font rage dans le quartier des ministères, autour du Reichstag et du Führerbunker défendu par des volontaires SS de différentes nationalités ; parmi ces derniers combattent les Scandinaves et les Hollandais de la 11e SS Division "Nordland", à laquelle a été rattaché le groupe de combat Charlemagne, regroupant quelques 300 Français sous les ordres du Hauptsturmführer (capitaine) Henri Fenet, ainsi que des éléments aussi épars que des Espagnols du capitaine Izquierda, des Baltes rescapés des combats de Lituanie et jusqu'à 3 ou 4 Britanniques du SS British Free Corps. En règle générale, ces « desperados » (selon l'expression de l'écrivain collaborationniste Saint-Loup) se sont efficacement battus. Également, la plupart des volontaires étrangers ayant survécu aux ultimes combats des 1er et 2 mai, et qui tombèrent aux mains des soldats de l'Armée rouge furent, à part de rares exceptions, traités dans le cadre de la convention de Genève. Le cas n'était pas si fréquent sur le front de l'Est.

L'Armée rouge se voit obligée d'amener, dans le secteur même des combats, des pièces d'artillerie qui font feu à tir tendu pour réduire les poches de résistance. Hitler, comprenant enfin que la guerre est perdue, se réfugie dans le bunker de la chancellerie avec sa femme Eva Braun ; ils mettent fin à leur vie. Peu après, dans la même journée, le 30 avril 1945, le Reichstag encore durement défendu par 2 Tigres royaux et quelques unités d'élite allemandes est pris, et le drapeau de l'URSS est hissé sur le toit du Reichstag par Meliton Kantaria sur les ordres de Staline. Après la mort d'Adolf Hitler, les avis au sein des derniers hauts dignitaires nazis divergent concernant la demande de négociations pour un armistice ; les jusqu'au-boutistes comme Joseph Goebbels s'y opposent formellement. Peu de temps avant que Hitler ne se suicide et que le Reichstag ne soit pris, la radio berlinoise réussit à diffuser, pour la dernière fois, une œuvre de Richard Wagner : La Marche funèbre de Siegfried, afin de donner du courage aux troupes. Celle-ci annonçait la fin du Troisième Reich.

Les civils berlinois (2 millions environ) pris au piège par les combats, se réfugient dans le métro, dans les abris ou les caves, pour échapper aux bombardements aériens et d'artillerie. En de nombreux endroits, la distribution d'eau est coupée ainsi que l'électricité. L'inondation d'une partie du métro de Berlin a été ordonnée par le Führer car, si l'armée soviétique l'avait investi, son parcours lui aurait permis d'arriver en 120 minutes jusqu'à son bunker ; ce fut la cause d'une catastrophe qui coûta la vie à environ un millier de Berlinois. Il y eut aussi la tragédie des femmes systématiquement violées (et parfois assassinées) par les troupes soviétiques. Ce drame humain, vécu par un peu plus de 100 000 Berlinoises de tout âge et de toute condition, a longtemps été occulté par la plupart des récits de la bataille. Il a fallu attendre la chute du mur de Berlin et le processus de réunification allemande qui s'ensuivit pour que l'on puisse, enfin, évoquer ce sujet épineux, tant d'un point de vue humain que politique. Ce sont aussi les Berlinoises qui déblayèrent des milliers de tonnes de gravats ; elles furent surnommées les femmes des ruines.

Récapitulatif par dates :

 

  • 21 avril 1945 : derniers bombardements aériens américains ;
  • 24 avril 1945 : entrée des armées soviétiques dans Berlin proprement dit ;
  • 25 avril 1945 : jonction des troupes américaines et soviétiques à Torgau ;
  • 30 avril 1945 : suicide de Hitler et de sa femme Eva Braun ;
  • 1er mai 1945 : Joseph Goebbels se suicide à son tour, l'état-major nazi capitule.
  • 7 mai 1945: capitulation à Reims auprès des armées alliées (Britanniques, USA, France), signature à 2 h 41.
  • 8 mai 1945 : la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie est entérinée à Berlin même par la signature de l'armistice auprès de toutes les nations belligérantes, et qui met fin à la guerre en Europe.


La ville de Berlin est détruite à 33 % (jusqu'à 70 % en centre ville) ; les zones aéroportuaires et leurs alentours, furent épargnés autant que possible. Selon le plan d'invasion, les aéroports devaient être utilisables le plus rapidement possible par les Alliés après la chute de la ville. La destruction « complète » de la ville est une rumeur : la ville était trop grande pour être rasée, comme l'avaient été Cologne, Hambourg ou Dresde. De très nombreux civils ont été tués durant les combats, d'autres sont brutalisés ou exécutés par les soldats de l'Armée rouge, ivres de vengeance contre les Allemands. Au début, ces comportements sont tolérés par l'état-major de l'Armée rouge mais, dès que l'armistice est signé et que l'occupation soviétique se met en place, ces exactions sont rapidement arrêtées par le NKVD. En 1945, 4 000 officiers soviétiques ont été jugés pour crimes contre des civils. Les officiers et soldats qui composaient les troupes soviétiques qui ont pris Berlin étaient issues, pour beaucoup d'entre eux, des troupes partisanes en Biélorussie, en Ukraine (donc beaucoup avaient perdu leur familles dans les opérations allemandes de contre-guérilla en 1941-1944) ou de rescapés de la Shoah par balle ; ce recrutement particulier explique le sentiment de vengeance de ces soldats.

Les archives soviétiques revues par Khrivosheev estiment les pertes soviétiques et polonaises à 81 116 tués (2 825 Polonais) et 280 251 blessés et malades pour l'ensemble des trois engagements (ville de Berlin, bataille des hauteurs de Seelow et de la poche de Halbe). Du côté allemand, les pertes humaines totales ont été estimées à 458 080 tués et blessés et 479 298 prisonniers. Les pertes dans la seule ville de Berlin seraient de 22 000 soldats tués et autant de civils. La bataille de Berlin est considérée comme une des plus sanglantes et la plus coûteuse en vies humaines de la Seconde Guerre mondiale.

 

 


Eisenhower Dwight David

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Dwight David Eisenhower (14 octobre 1890 - 28 mars 1969), surnommé « Ike », est le 34e président des États-Unis, durant deux mandats du 20 janvier 1953 au 20 janvier 1961. 

Eisenhower Dwight David

Eisenhower Dwight David

Durant la Seconde Guerre mondiale, il est général cinq étoiles de l'armée américaine, et commandant en chef des forces alliées en Europe. Il est membre du parti républicain. Il est chef d'État-Major général des Forces Armées des États-Unis de 1945 à 1948 et le commandant suprême des forces alliées en Europe du 2 avril 1951 au 30 mai 1952. En tant que président des États-Unis, il supervise le cessez-le-feu en Corée, lance la course à l'espace, développe le système des autoroutes inter États et fait du développement de l'armement nucléaire l'une de ses priorités dans le cadre de la guerre froide avec l'URSS.

Troisième des sept enfants de David Jacob Eisenhower et de Ida Elizabeth Eisenhower (née Stover), David Dwight Eisenhower est né le 14 octobre 1890 à Denison au sein d'une famille modeste, de tradition mennonite et anabaptiste. La mère de Dwight, Ida Eisenhower, faisait partie des témoin de Jéhovah. Il est baptisé David Dwight mais appelé couramment Dwight. L'ordre des deux prénoms est définitivement inversé lors de son incorporation à l'académie militaire de West Point.

Le nom de ses ancêtres s'écrivait à l'origine "Eisenhauer". C'est en 1741 que Hans Nicolas Eisenhauer avait émigré de Sarre pour s'installer en Amérique, dans la colonie britannique de Lancaster (Pennsylvanie). La famille Eisenhower s'installe à Abilene au Kansas en 1892. C’est lors de sa scolarité à Abilène que le jeune Dwight Eisenhower aurait reçu le surnom de « Ike » par son meilleur ami d'enfance. Son éducation est fondée sur les valeurs familiales chrétiennes. Néanmoins, sa mère fut une adepte des témoins de Jehovah à partir de 1895, tout comme son père, et la résidence des Eisenhower servit de lieu de réunion pendant plusieurs années.

À 19 ans, en 1909, il obtient son diplôme de fin d’études secondaires du lycée d'Abilène et commence à travailler dans une laiterie car ses parents n’ont pas les ressources financières nécessaires pour l’envoyer à l’université. Il tente l'examen à l'entrée à l'académie navale mais n'est pas admissible en raison de son âge. Il entre finalement à l'Université de Kansas City pour préparer une carrière militaire et réussit brillamment ses examens qui le font entrer d'office à l'académie militaire de West Point.

En 1911, Dwight Eisenhower, est admis à l’Académie militaire de West Point. Il en sort, quatre ans plus tard, 61e sur 164 avec le grade de Lieutenant, dans la moyenne de sa promotion et est affecté, à sa sortie d'école, au Fort Sam Houston de San Antonio au Texas. C'est là qu'il y rencontre Mamie Geneva Doud (1896–1979), qu'il épouse le 1er juillet 1916, et avec qui il a 2 fils, Doud Dwight Eisenhower (né le 24 septembre 1917 et décédé le 2 janvier 1921 des suites de la scarlatine) et John Sheldon David Doud Eisenhower (né le 3 août 1922).

En 1917, il est promu capitaine et sert comme instructeur dans plusieurs camps d'entrainement alors que le pays est engagé dans la Première Guerre mondiale. Malgré ses demandes, il n'obtient pas d'affectation en Europe et, en 1918, prend le commandement du "Tank Training Center" à Camp Colt en Pennsylvanie. Au Camp Meade, près de Washington, en 1920, promu au grade de major, il rejoint l’Infantry Tank School où il retrouve un officier du corps blindé : le colonel Georges S. Patton, par ailleurs grand joueur de bridge. Ensemble ils publient, comme de Gaulle, des articles préconisant l’utilisation des chars afin d’éviter une nouvelle guerre de tranchées. Ses idées ne sont pas appréciées par ses supérieurs et il est même menacé de passer en Cour martiale.

Il est ensuite affecté dans la zone du canal de Panama sous les ordres du général Fox Conner qui reconnaît sa valeur et l’inscrit, en 1925, à l’école de formation aux fonctions de commandement et d’état-major de Fort Leavenworth d’où il sort premier de sa promotion ce qui lui vaut des affectations importantes notamment auprès du général John Pershing et du général Douglas MacArthur. En 1927, il est membre de la commission des monuments de guerre américain et en 1928, sort diplômé de l'école de guerre américaine (War College). En 1929, il est détaché à Paris en France avant de rejoindre le secrétariat d'État à la guerre.

En 1933, chef d'état-major du général Douglas MacArthur, il accompagne ce dernier à Manille alors qu’il est conseiller militaire auprès du gouvernement philippin. Il est promu lieutenant-colonel en 1936. Eisenhower donnant les dernières instructions aux soldats du débarquement en Normandie : Full victory-nothing else (« la victoire complète et rien d'autre»). À la fin de l'année 1939, c'est sur sa demande, alors que la guerre a été déclenchée en Europe, que Dwight Eisenhower revient aux États-Unis et est affecté à Fort Lewis dans l'État de Washington. Promu au grade colonel, il devient chef d'état-major de la 3ème armée en juin 1941, affecté à Fort Houston au Texas. Chargé de l’entraînement des troupes, il se distingue particulièrement par sa stratégie pendant les manœuvres, qui ont lieu en septembre 1941 en Louisiane, et auxquelles participent plus de 400 000 hommes.

A l'issue de celles-ci, il est promu au grade de général de brigade. Il retourne à Washington quelques jours après l’attaque sur Pearl Harbor pour être affecté au département de la guerre sous les ordres du général Marshall. Il en devient l'assistant en février 1942 et prend la tête de la division Opération de l’état-major sous les ordres du général Patton. Promu général deux étoiles, il est nommé en juin 1942 commandant en chef des forces américaines en Europe. Il supervise alors l'ensemble des opérations militaires tant en Europe qu'en Afrique du Nord. Il commande le débarquement de novembre 1942 en Afrique du Nord, l’opération Torch, où confronté aux divergences entre Britanniques et Américains, il fait preuve de tout son talent de conciliateur et de négociateur pour rapprocher les vues plutôt que de les opposer. Cette opération est aussi, en dépit du manque de moyens matériels, un précieux enseignement pour les débarquements qui ont suivi. En février 1943, il est promu général 4 étoiles alors qu'il prépare la campagne de Tunisie contre les forces de l'Afrika Korps.

En 1943, Dwight Eisenhower est chargé de l’invasion de la Sicile (opération Husky) et de l’Italie. Lors de la conférence interalliée de Téhéran de novembre 1943, il a été décidé qu’un second front allié serait ouvert à l’Ouest. Les Américains fournissant la majorité des hommes et du matériel, le chef de l’opération serait donc américain. Le président Roosevelt ne pouvant se passer de son conseiller militaire, le général George Marshall, c’est tout naturellement qu’Eisenhower est choisi pour cette mission. Il quitte alors le théâtre des opérations méditerranéennes pour Londres.

À la tête du SHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionary Force), Eisenhower planifie l’Opération Overlord et commande la plus importante force d’invasion de tous les temps. Souvent remis en cause par les Britanniques mais soutenu par Marshall, Eisenhower, par son calme, sa finesse psychologique répond parfaitement aux caractères forts que sont Montgomery, Patton et le général de Gaulle. Face à l’opiniâtreté du Général qui défend la souveraineté politique de la France, Eisenhower renonce à la mise en place de l’AMGOT et autorise même la 2e DB du général Leclerc à entrer dans Paris en août 1944. Moins d’un an plus tard, Eisenhower atteint le but fixé : obtenir la capitulation sans condition de l’Allemagne.

En mai et juin 1945, il est successivement promu général cinq étoiles et décoré par le général de Gaulle de la Croix de la Libération. Au lendemain de la guerre, Eisenhower succède à Marshall comme chef d’état-major de l’armée, poste qu’il quitte en 1948 pour devenir président de l’université Columbia. Il garde toutefois le contact avec l’état-major où il intervient en tant que conseiller. En 1950, le président Truman le nomme commandant suprême de l’OTAN.

Plus tard, Dwight David Eisenhower laissera des documents concernant la Seconde Guerre mondiale dans une fosse au cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Elle ne sera ouverte, selon ses souhaits, qu'au matin du 6 juin 2044, date du 100e anniversaire du débarquement en Normandie. En 1948, le président Harry Truman propose à Dwight David Eisenhower d’être son colistier au titre de candidat à la vice-présidence mais il refuse.

Alors qu'il vient d'être nommé commandant en chef de l'OTAN (1950) et qu'il installe son quartier général à Paris, des émissaires du parti républicain viennent le solliciter pour être leur candidat à l'élection présidentielle de 1952. Il se laisse convaincre et entame une campagne électorale qui le conduit à travers quarante-cinq États. Ses discours cherchent à rassurer les Américains et sa stratégie consiste à ne jamais mentionner le nom de son adversaire, mais à attaquer le bilan de son prédécesseur. Sa plate-forme tourne autour de trois thèmes : mettre fin à la corruption qui règne à Washington, en terminer avec la guerre de Corée et faire face à la subversion communiste alors que le pays est en plein maccarthisme.

La campagne électorale ne se passe toutefois pas sans heurts. Le candidat républicain à la vice-présidence est Richard Nixon. Celui-ci est accusé de détournement de fonds à son profit ce qu'il nie. De son côté, Eisenhower reçoit le soutien du sénateur Joseph McCarthy, qui affirme que de nombreux postes gouvernementaux sont infiltrés par les communistes. En novembre 1952, Eisenhower est élu avec 55% des suffrages contre son rival démocrate, Adlai Stevenson. Son mandat débute le 20 janvier 1953.

Réélu en 1956 contre le même Adlai Stevenson, ses deux mandats sont marquées par la fin de la guerre de Corée, le début de contacts directs avec les dirigeants de l'URSS, concrétisé notamment par la visite de Khrouchtchev aux États-Unis en 1959, mais aussi par la poursuite d'une politique d'endiguement du communisme, la condamnation de l'expédition anglo-franco-israélienne en Égypte, l'arrivée de Fidel Castro à Cuba, la création de la NASA, la lutte contre la ségrégation raciale dans l'armée et à l'école ou encore la réduction de l'inflation. Il fut secondé durant ses mandats par des personnalités comme John Foster Dulles, son secrétaire d'État (équivalent de ministre des Affaires étrangères), et George Humphrey, son secrétaire au Trésor.

Sur le plan extérieur, Dwight David Eisenhower mène une politique de fermeté afin de faire reculer la zone d’influence soviétique. Eisenhower lance un programme de « dissuasion nucléaire » visant à augmenter l'arsenal des États-Unis. Dans le même temps, il lance le 8 décembre 1953 le programme Atoms for Peace visant à développer, nationalement et internationalement, les usages pacifiques de l'énergie atomique. Atoms for Peace mène aussi à la création de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

La mort de Staline le 5 mars 1953 modifie les relations Est-Ouest et l’heure est à la détente. Eisenhower et le gouvernement soviétique mettent fin à la guerre de Corée et Eisenhower refuse de s’engager militairement aux côtés de la France en Indochine. La conséquence en est l’indépendance du Cambodge, du Laos et la séparation du Viêtnam en deux parties qui entraîne, pour les États-Unis, une guerre longue et difficile. L’heure est plutôt aux actions clandestines orchestrées par la CIA telles que le renversement du gouvernement du Premier ministre d’Iran Mohammad Mossadegh en août 1953 (opération Ajax) et la prise du pouvoir par le Shah Mohammed Reza Pahlavi, celui du gouvernement de Jacobo Arbenz Guzman au Guatemala en juin 1954 (Opération PBSUCCESS) et la tentative échouée en Indonésie en 1958. En 1956, l’intervention soviétique à Budapest et la crise de Suez rappellent que la guerre froide est loin d’être terminée.

En 1957, le lancement par l’URSS du satellite Spoutnik surprend le monde occidental. Eisenhower renforce alors la politique de défense et accélère le développement des missiles intercontinentaux, définit la doctrine Eisenhower et engage le pays dans un programme spatial très ambitieux. L'année 1960 marque la rupture du dialogue avec Khrouchtchev en raison de l’affaire du U2 abattu sur le territoire soviétique. Par ailleurs, en 1957, il nomme son frère, le professeur Milton Stover Eisenhower (1899-1985), conseiller et ambassadeur spécial sur les affaires latino-américaines.

Sur le plan intérieur les mandats du président Eisenhower se caractérisent par une relative prospérité et la relance de l’économie de consommation après les années de guerre. C’est à lui que l’on doit les quelques 65 000 km d’autoroutes reliant les États entre eux qui ont un impact certain sur le mode de vie des Américains. On lui doit aussi certaines avancées dans le domaine social avec l’extension de l’assurance-maladie, la retraite à 62 ans pour les femmes et l’accroissement des droits syndicaux.

L’un des problèmes les plus irritants était causé par le Sénateur Joseph McCarthy et sa lutte contre les supposées infiltrations communistes au sein du gouvernement. Bien qu’il n’ait jamais pu obtenir la moindre inculpation, il était aux yeux de certains Américains un rempart auto-proclamé contre l’avancée communiste. Eisenhower ne chercha jamais à le confronter directement mais il réussit à obtenir une motion de censure à son encontre en 1954 en utilisant à son avantage un nouveau moyen d’expression : la télévision. Julius et Ethel Rosenberg, accusés d’espionnage au profit de l’URSS et exécutés le 19 juin 1953 furent, indirectement, les victimes de la vigilance anticommuniste.

Dans le domaine culturel, Eisenhower promulgue la loi créant le National Cultural Center à Washington, D.C. La Seconde Guerre mondiale et les impératifs de production ont permis aux minorités, les noirs en particulier, de faire évoluer leur rôle dans la société américaine. Les revendications égalitaires commencent à apparaître, en particulier dans le domaine de l’éducation. En mai 1954, une décision de la Cour suprême interdit la ségrégation dans les écoles publiques et, en octobre 1955 une étudiante noire est admise dans une université d’un État du sud, l’Alabama. Les grands mouvements populaires commencent en décembre 1955 à Montgomery, en Alabama et virent l’arrivée d’un organisateur charismatique, Martin Luther King. Le vote des droits civiques ne se fit pas sans difficulté, un sénateur utilisa même son droit de parole pour faire un discours de vingt-quatre heures et vingt-sept minutes (un record!) afin de retarder le vote du Sénat. Le président Eisenhower dut faire intervenir l’armée pour obliger certaines écoles à s’ouvrir aux élèves noirs.

La présidence d’Eisenhower marque un certain accroissement du pouvoir fédéral qui, par exemple, assoit son autorité sur les eaux territoriales. La création d’un ministère de l’Éducation, de la Santé et des Services sociaux permet de financer des projets fédéraux mais n’enlève que peu d’autorité aux États comme on peut le voir dans les difficultés du gouvernement à imposer la déségrégation dans les écoles.

Ne pouvant solliciter un troisième mandat, Eisenhower quitte la Maison-Blanche en janvier 1961. Il se retire dans sa ferme de Gettysburg en Pennsylvanie (devenu depuis le Eisenhower National Historic Site) où il se consacre à la rédaction de ses mémoires. En novembre 1968, il vit l'élection à la présidence de celui qui était son vice-président Richard M. Nixon (ce dernier avait échoué 8 ans plus tôt à lui succéder, battu en 1960 par John Kennedy) et il assistera deux mois plus tard au mariage entre son petit-fils David et Julie Nixon, fille du nouveau président élu.

Il passe la majeure partie de la dernière année de sa vie au Walter Reed Army Hospital de Washington, D.C. pour traiter ses problèmes cardiaques. Il y meurt le 28 mars 1969. Il reçoit des funérailles militaires et des funérailles d'État à Washington, D.C. en présence de dignitaires de 78 pays et de milliers d’anonymes, puis est enterré au centre Eisenhower aux côtés de son fils Doud Dwight.

Here is the warning given to the American people, and chillingly represents what is happening today. A short video of Eisenhowers speech and the Military Industrial "Congressional" Complex.

Pétain Philippe

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Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain, couramment nommé Philippe Pétain, né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort le 23 juillet 1951 en internement à Port-Joinville (L'Île-d'Yeu), est un militaire et homme politique français, fait maréchal de France en 1918. En tant que chef militaire, le maréchal Pétain est généralement présenté comme le « vainqueur de Verdun » et comme le chef de l’armée qui jugula la crise du moral et des mutineries de 1917.

Philippe Pétain

Philippe Pétain

Comme dernier chef de gouvernement de la Troisième République, son nom est associé à l’armistice du 22 juin 1940 retirant la France défaite de la guerre contre Hitler. Comme fondateur et chef de l'État du régime de Vichy, il a dirigé la France pendant l'Occupation, du 11 juillet 1940 au 20 août 1944. Il a engagé la Révolution nationale et la collaboration avec l’Allemagne nazie. À 84 ans, en juillet 1940, Philippe Pétain est le chef d'État le plus âgé de l'Histoire de France. Jugé à la Libération pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de Justice, il est, par arrêt du 15  août 1945, frappé d'indignité nationale et condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort. Il est gracié par le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, sa peine est commuée en prison à perpétuité. Ayant reçu une éducation catholique, il sert la messe comme enfant de chœur durant sa jeunesse.

Impressionné par les récits de son grand-oncle, l'abbé Lefèvre, qui a servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870 alors qu’il a 14 ans, il décide d’être soldat. À partir de 1876, il est élève à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion Plewna avec le vicomte Charles de Foucauld, le futur bienheureux et Antoine Manca de Vallombrosa le futur aventurier. Il y entre parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en milieu de classement (229e sur 336). Il est affecté à différentes garnisons, mais ne participe à aucune des campagnes coloniales. Lors de l’affaire Dreyfus, le capitaine Pétain ne participe pas à la souscription au fameux « monument Henry », souscription nationale ouverte par le journal antisémite, La Libre Parole, d'Édouard Drumont, au profit de la veuve de l'auteur du faux document, le colonel Henry, responsable de la condamnation inique du capitaine Dreyfus. Ultérieurement, Pétain confiera n’avoir pas cru en la culpabilité de Dreyfus, mais accusera ce dernier de s’être mal défendu, et dira avoir considéré comme normal de le sacrifier à la réputation de l’Armée.

Dans l’ensemble, le militaire Pétain s’occupe fort peu de la vie politique de l’époque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne s’engage à aucun moment, pas plus lors de l’affaire des fiches (1904) que de celle de la séparation des Églises et de l'État en 1905. En 1900, chef de bataillon, il est nommé instructeur à l’École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne, il s’oppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les charges de cavaleries et les attaques à la baïonnette. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles. Le directeur de l'école signale la « puissance de dialectique [...] et l'ardeur [...] » « avec lesquelles il défend des thèses aussi aventurées ». En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à l’École supérieure de guerre de Paris où il se distingue par des idées tactiques originales. Il y retourne de 1904 à 1907 puis de 1908 à 1911 en tant que titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie. Il s’élève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par l’instruction de 1867, « l’offensive seule pouvant conduire à la victoire ». Mais il critique aussi le code d’instruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, baïonnette au canon. Les milliers de morts d’août et septembre 1914 lui donneront raison.

Le 20 octobre 1912, il est le premier chef d’unité de celui qui deviendra le général de Gaulle, alors sous-lieutenant. En septembre 1913, amené à commenter la tactique du général Gallet, qui avait fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, il dit : « le général vient de nous montrer toutes les erreurs à ne pas commettre ». Ce qui lui vaut l’hostilité de la hiérarchie. Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône l'offensive à outrance. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, l’initiative : « le feu tue ». Ainsi il déclara à un élève officier : « Accomplissez votre mission coûte que coûte. Faites-vous tuer s'il le faut, mais si vous pouvez remplir votre devoir tout en restant en vie, j'aime mieux cela. »  À 58 ans, en juillet 1914, le colonel Philippe Pétain s’apprêtait à prendre sa retraite après une carrière relativement médiocre, le ministre de la Guerre ayant refusé sa nomination au grade de général. Dès le début de la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, à la tête de la 4e brigade d’infanterie, il se distingue en Belgique. Il est promu général de brigade le 31 août 1914 et commande la 6e division d'infanterie à la tête de laquelle il participe à la bataille de la Marne, puis devient général de division le 14 septembre. Nommé le 20 octobre général commandant de corps d'armée, il prend le commandement du 33e corps et réalise des actions d’éclat tout en se montrant soucieux d’épargner la vie de ses hommes, dont il gagne le cœur.

En juin 1915, il commande la 2e armée. En février 1916, c’est lui qui commande les troupes françaises à la bataille de Verdun, et son charisme n’est pas étranger à l’issue victorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme, par exemple, celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. On notera cependant que sa vision stratégique de la bataille lui a permis de comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure, ou relevé après de durs combats, sera finalement vaincu. Pétain met en place une noria continue de troupes, d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui va devenir la « voie sacrée ». Comprenant la valeur de l’aviation dans les combats, il crée en mars 1916 la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de décembre 1917 : « L’aviation doit assurer une protection aérienne de la zone d’action des chars contre l’observation et les bombardements des avions ennemis [...] » Désormais, aux yeux de tous, il est le « vainqueur de Verdun », même si cette appellation sera surtout exploitée plus tard, sous le régime de Vichy.

En 1917, le général Nivelle prend la tête des armées françaises, alors que Joffre n’était que le chef du front du Nord-Est. Le général Pétain est nommé chef d'État-Major général, poste spécialement créé pour lui. Il s’oppose à Nivelle qui est peu économe du sang de ses hommes, et dont l’attitude contraste avec le pragmatisme de Pétain. Cela aboutit à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-avril 1917 : 100 000 hommes sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Bien que les Français, à défaut de percer, aient tenu, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être l’homme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en mettant fin aux offensives mal préparées et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité est fusillée malgré les exigences des hommes politiques. En octobre 1917, il reprend le Chemin des Dames aux Allemands, par des offensives plus limitées, ne gaspillant pas la vie des soldats et toutes victorieuses. Certains ont dénié à Pétain le titre mythique de « vainqueur de Verdun » et considèrent cette réputation comme due principalement à sa gestion du moral des combattants, grâce à ses mesures « humaines » et à sa volonté d’éviter les offensives inutiles, plus qu’à ses qualités militaires.

Parmi eux, ont figuré Joffre, Foch et Clemenceau, qui ont reproché à Pétain son pessimisme. Au début de 1918, il est à l’origine du retour de Foch, qui avait été renvoyé avec Nivelle. Il est désormais à l’origine de la coordination de toutes les troupes alliées, dont Foch est le chef suprême. En août 1918 la médaille militaire lui est attribuée : « Soldat dans l’âme, n’a cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de haute abnégation. Vient de s’acquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement. »  En octobre 1918, il prépare une grande offensive qui aurait mené les troupes franco-américaines jusqu’en Allemagne. Prévue à partir du 13 novembre, elle n’a pas lieu puisque, contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté l’armistice demandé par les Allemands. Après l’armistice, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918. Il reçoit à Metz son bâton de maréchal le 8 décembre 1918.

En 1919, Pétain est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Le 14 septembre 1920, âgé de 64 ans, il épouse Eugénie Hardon, âgée de 42 ans, dont il n’eut pas de descendance. Général en chef de l’Armée française (il le reste jusqu’au 9 février 1931), il estime en 1919 à 6 875 le nombre de chars nécessaire à la défense du territoire. Soit 3 075 chars en régiment de première ligne, 3 000 chars en réserve à la disposition du commandant en chef et 800 chars pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit: « C’est lourd, mais l’avenir est au maximum d’hommes sous la cuirasse. » De 1919 à 1929, avec l'aide du général Buat, son chef d'État-Major, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. En juin 1922, il obtient la démission du maréchal Joffre de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt. En 1925-1926, des troupes françaises sous le commandement de Pétain, en campagne avec une armée espagnole (450 000 hommes au total), dans laquelle se trouve aussi Franco, mènent une campagne contre les forces d’Abd el-Krim, chef de la très jeune République du Rif, au Maroc ; les forces franco-espagnoles sont victorieuses, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'armes chimiques sur les populations civiles. Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages.

Lors de la séance du Conseil supérieur de guerre du 15 décembre 1925, il s’oppose à la construction d’une ligne défensive continue, mais pour des môles défensifs sur les voies d’invasion. Puis lors de la séance du 19 mars 1926, contre l’avis de Foch, qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd). Le 20 juin 1929, il est élu à l’unanimité membre de l’Académie française, au 18e fauteuil, où il succède au maréchal Foch. Il finira par s'incliner et accepter la construction de la ligne Maginot, lorsque André Maginot, alors ministre de la Guerre, déclarera, lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ».

Le 22 janvier 1931, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception — qui retrace sa biographie — rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain : « le feu tue », et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède. Le 9 février 1931, il est remplacé par le général Weygand au poste de commandant suprême de l’Armée, et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. À ce titre, il écrit le 2 décembre 1931 à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander la création d’une force aérienne puissante de défense et d’attaque, indépendante de l’Armée de terre et de la Marine. Il préconise pour cela de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.

Le 9 février 1934, il est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue, fonction qu’il occupe jusqu’au renversement du cabinet le 8 novembre 1934. Il va aussitôt mettre toute son énergie et son prestige pour infléchir la politique de réduction du budget de l’Armée. Partisan des chars de combat, il décide dès le 26 mars de l’adoption du char B1 dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. Le même jour, il décide aussi de l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à l’École supérieure de guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviation. Le 31 mai 1934, convoqué devant la commission des finances, il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : « la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. » Il soutient néanmoins le principe de cette ligne. Cependant, selon Robert Aron les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre ainsi : «  [...] Entre les deux guerres, les conceptions stratégiques qu’il va défendre et imposer à l’Armée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de l’autre conflit : il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise l’édification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à l’abri et attendrons paisiblement l’offensive allemande, qui se déclenchera ailleurs. ».

Le 15 juin 1934, il obtient le vote d’un crédit supplémentaire de 1,275 milliard de francs pour la modernisation de l’armement. Le 27 octobre 1934, il convainc Louis Germain-Martin, ministre des Finances, de signer le « plan Pétain pour 1935 », qui prévoit la construction de 60 chars lourds, 300 chars moyens et 900 chars légers. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le général Maurin, partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois. Au moment où il quitte le ministère, Pétain jouit d’une très grande popularité, notamment dans les milieux d’extrême droite. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par Gustave Hervé intitulée « C’est Pétain qu’il nous faut ». Sa courte expérience ministérielle le brouille avec le parlementarisme et le conduit à refuser toutes les sollicitations ultérieures. Il participe par la suite au Conseil supérieur de guerre, où il soutient la politique de guerre offensive promu par le colonel de Gaulle, qui fut un temps son « porte-plume », préconisant la concentration de chars dans des divisions blindées. Il écrit dans la Revue des deux mondes du 15 février 1935 : « Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars [...] ».

Et lors d'une conférence à l’École de Guerre en avril 1935 : « Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici […] L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille [...] On peut se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir [...] ». Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du général Sikorsky : « Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale. » Le 6 avril 1935, il dit, devant le président Lebrun, dans un discours à l’École supérieure de Guerre : «  Il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l’engin blindé et par l’aviation. L’automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, met la vitesse au service de la puissance [...] La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action. »

À l’instigation des grands chefs militaires (Foch, Joffre), les gouvernements de la fin des années 1920 vont affecter d’importants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète ligne Maginot qui fut arrêtée à la frontière belge. Winston Churchill, dans son ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale, émet l'avis que l'idée de la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement appliquée et qu'elle paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne. Il juge « extraordinaire qu'elle n'ait été prolongée au moins le long de la Meuse » mais indique : « [...] Mais le maréchal Pétain s'était opposé à cette extension [...]. Il soutenait avec force que l'on devait exclure l'hypothèse d'une invasion par les Ardennes en raison de la nature du terrain. En conséquence, on écarta cette éventualité. » Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands,

Pétain ne pouvait plus ignorer que la débâcle de 1940 était due aux « grands chefs militaires », dont les autorités gouvernementales n’avaient fait que suivre les orientations stratégiques quand il tenta de faire juger les « responsables » de la défaite, en imputant celle-ci exclusivement aux politiques. Pétain n’avait pas manqué non plus, depuis plusieurs années, d’annoncer comme perdue d’avance une nouvelle guerre contre l’Allemagne, si la France n’effectuait pas le même effort de réarmement mais ce manque de conviction peut également être vu comme ayant empêché la préparation nécessaire de l’Armée française à une guerre qui était pourtant inéluctable. Le 2 mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Le 20 mars 1939, il présente ses lettres de créance au général Franco, chef de l’État espagnol, résidant alors à Burgos. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec l’Espagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des accords Bérard-Jordana, le rapatriement à Madrid des réserves d’or de la Banque d’Espagne et des toiles du musée du Prado que l’ancienne République espagnole avait transférées à l’abri en France durant la guerre civile.

Le Gouvernement Pétain

Le Gouvernement Pétain

Le 17 mai 1940, Pétain est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement de Paul ReynaudFranco lui avait conseillé de ne pas accepter d’apporter sa caution à ce gouvernement. Le 14 juin 1940, Paris est occupé par l’Armée allemande. Le Gouvernement, le président de la République et les Assemblées sont alors réfugiés à Bordeaux. Dès son arrivée au Gouvernement et alors que la bataille de France est irrémédiablement perdue, Pétain se fait un des avocats les plus constants de l’armistice auprès du président du Conseil Paul Reynaud. Ainsi, il met plusieurs fois sa démission dans la balance et déclare qu’il n’est aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutte. Le 16 juin 1940, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun. Pétain est alors vu par beaucoup comme l’homme providentiel.

Charles Maurras saluera son arrivée comme une « divine surprise ». Le 17 juin 1940, suivant le conseil énoncé le 12 juin par le général Maxime Weygand, chef d’État-Major des Armées, Pétain annonce son intention de demander l’armistice qui est signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République. Son discours radiodiffusé, où il déclare, alors que les négociations ont à peine commencé : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat », a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du 17 juin à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive le 10 mai. Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait « don de sa personne à la France ». Le 20 juin 1940, dans un nouveau discours, il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige « l'esprit de jouissance » : « [...] Depuis la victoire [de 1918], l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur. » Le 25 juin 1940, Pétain annonce les conditions « sévères » de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : « C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence [...] ». Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement « Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié [...] ».

Le 29 juin 1940, le Gouvernement s’installe à Vichy, en zone non occupée par l’Armée allemande. C’est Pierre Laval qui, résidant à Châteldon, à une trentaine de kilomètres de la cité thermale, avait insisté pour que le Gouvernement s’établisse à Vichy. Cela évitait de chercher refuge à Lyon ou à Toulouse, vieux fiefs du radical-socialisme. De plus, cette ville présentait les avantages d’un réseau téléphonique extrêmement performant et d’une multitude d’hôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades. Le 10 juillet 1940, une loi, dite « constitutionnelle », votée par les deux Chambres (569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions) réunies en Assemblée nationale au casino de Vichy donne tous les pouvoirs au maréchal Pétain, sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour. De sorte que l’État français allait rester durant toute sa durée un État provisoire. La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d’un ennemi. Mais surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, basées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire ayant tous les aspects d’une dictature.

Dès le 11 juillet 1940, par trois « actes constitutionnels », Pétain s’autoproclame chef de l’État français et s’arroge tous les pouvoirs. Laval lui dit un jour : « Connaissez-vous, Monsieur le Maréchal, l'étendue de vos pouvoirs ? [...] Ils sont plus grands que ceux de Louis XIV, parce que Louis XIV devait remettre ses édits au Parlement, tandis que vous n'avez pas besoin de soumettre vos actes constitutionnels au Parlement, parce qu'il n'est plus là. », Pétain répondit : « C'est vrai. » Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il « a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d'État, qui ne sont responsables que devant lui [...] » et il « exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres [...] ». Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : « Nous, maréchal de France, le Conseil des ministres entendu, décidons... » Par prudence, par contre, Pétain évite de s’attribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.

Jusqu’en avril 1942, Pétain reste par ailleurs à la fois chef de l’État et chef du gouvernement en titre, Pierre LavalPierre-Étienne Flandin et l'amiral François Darlan n’étant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire. Ainsi, le 13 décembre 1940, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'Eure-et-Loir Jean Moulin. Le maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La Franc-Maçonnerie est mise hors-la-loi. Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux.

Des milliers de municipalités sont destituées et remplacées par des « Délégations spéciales » nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal. Des juridictions d’exception sont mises en place. Dès le 2 août 1940, Vichy fait ainsi condamner à mort par contumace Charles de Gaulle (même si Pétain précise qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée) puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à Pierre Mendès France, condamné en juin 1941 à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion » (l'affaire du Massilia, bateau-piège), avec Jean Zay et quelques autres. À l’automne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la guillotine plusieurs prisonniers communistes, dont le député Jean Catelas, en représailles à des attentats anti-allemands.

Pétain décrète par ailleurs l’arrestation, dès 1940, de Léon BlumGeorges MandelÉdouard DaladierPaul Reynaud et du général Gamelin. Mais le procès de Riom, qui devait lui servir à faire le procès du Front populaire et de la IIIe République, et à les rendre seuls responsables de la défaite, tourne en avril 1942 à la confusion des accusateurs. Léon Blum notamment sait rappeler la responsabilité propre du haut commandement militaire dans la réduction des crédits militaires en 1934 et dans la stratégie défensive désastreuse fondée sur la ligne Maginot. Le procès est suspendu, et les accusés restent internés avant d’être livrés l’an suivant aux Allemands. Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi qu’aux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des PTT. Le visage du chef de l’État apparaît aussi sur les timbres et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de Marianne sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque 3 mai, est célébrée à l’instar d’une fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal, nous voilà !, est interprété à dans de nombreuses cérémonies parallèlement à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les instituteurs. À qui douterait, des affiches péremptoires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? » ou encore « Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ? ».

Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires à sa propre personne. L'acte constitutionnel no 7 du 27 janvier 1941 oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État. Après son discours du 12 août 1941 (discours dit du « vent mauvais », où il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement), Philippe Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels no 8 et no 9 du 14 août 1941 concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à l’exception d’un seul, Paul Didier, qui fut aussitôt révoqué et interné au camp de Châteaubriant. Puis c'est l’ensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par l’acte constitutionnel no 10 du 4 octobre 1941. Il concernera donc jusqu'aux policiers et aux postiers. Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à Jeanne d'Arc ou à Vercingétorix, pour vanter l’allant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluricentenaire reçoit son nom en forêt de Tronçais. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre. Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. »

La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, où des foules considérables viennent l’acclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : « La terre, elle, ne ment pas », « Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal » (août 1940), « Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle » (novembre 1940).

Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel. Le 19 novembre 1940, le primat des Gaules, le cardinal Gerlier, proclame ainsi, à la Primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maréchal : « Car Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain ! ». L’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, en 1941, assure le chef de l’État de sa « vénération », dans une résolution sans équivalent au XXe siècle. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au maréchal. Tous les courants politiques sont ainsi représentés dans son gouvernement à Vichy, de la droite le plus réactionnaire à la gauche la plus radicale.

Les collaborationnistes, en général, sont hostiles à Vichy et à la Révolution nationale, qu’ils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans l’appui à l’Allemagne nazie. Cependant, à la suite de Philippe Burrin et Jean-Pierre Azéma, l’historiographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris. Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la Milice françaiseJoseph Darnand, est ainsi toute l’Occupation un inconditionnel fervent du « Maréchal ». Le chef fasciste français Jacques Doriot proclame quant à lui jusqu’à fin 1941 qu’il est « un homme du Maréchal ». Son rival Marcel Déat a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, s’attirant de ce dernier une fin de non-recevoir (« un parti ne peut pas être unique ») ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain d’attaques dans son journal L’Œuvre, à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. D’autres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels Gaston Bruneton, chargé de l’action sociale auprès des travailleurs (volontaires et forcés) Français en Allemagne en étroite collaboration avec le DAF (Front allemand du travail), ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy. Ainsi le journaliste pro-hitlérien Fernand de Brinon, qui représente le gouvernement Pétain en zone nord de 1941 à 1944.

Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « Révolution nationale », à fortes consonances xénophobes et antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et, instaure un ordre nouveau fondé sur l’autorité, la hiérarchie, le corporatisme, l’inégalité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie » remplace l’ancien triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Dès l’été 1940, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime « ne reposera plus sur l’idée d’égalité entre les hommes ». La Révolution nationale est la priorité de Pétain dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès août 1941, il avoue à la radio « la faiblesse des échos qu’ont rencontré » ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en avril 1942, la Révolution nationale n’est plus à l’ordre du jour. Comme l’a montré l’historiographie récente depuis Henri Michel, Robert Paxton ou Jean-Pierre Azéma, c’est le désir de pouvoir enfin « redresser » la France à sa façon qui a poussé largement Pétain, en juin 1940, à retirer le pays de la guerre par l’armistice. C’est également lui, qui le pousse à accepter l’entente avec le vainqueur : la Révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite. Car pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait le retour des Juifs, des Francs-Maçons, des républicains et des communistes.

Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction, qu’il y a à entreprendre ses réformes sous le regard de l’occupant. Cette illusion est d’ailleurs dénoncée dès l’époque par la France libre du général de Gaulle, mais également par nombre de résistants, dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays. En août 1943, François Valentin, le chef de la Légion française des combattants, nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint Londres, enregistre et fait diffuser à la BBC un message retentissant dans lequel il y fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : « On ne reconstruit pas sa maison pendant qu’elle flambe ! ».

Mais si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les « vichysto-résistants » souvent séduits par la Révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'Occupant furent nombreux. « Grande revanche des minorités », le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la Révolution française, la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà avivées dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures d’exclusion. Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927.

En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées. Ces textes discriminatoires, adoptés à la hâte en octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du 2 juin, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément. Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul BaudouinPétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Dans le même temps par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un « Commissariat général aux questions juives ». Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa « dictature pluraliste », des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de L’Action française (seul journal qu’il lise quotidiennement) et cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, qu’il connaît personnellement depuis 1939.

Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au « relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes. Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la naissance de l’IGN en juillet 1940, l’étatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier, pénalisation de l'homosexualité (seulement abrogée en 1981). D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État. De nombreux étrangers supposés « en surnombre dans l’économie française » sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE). Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées. Les lois des 11 et 27 octobre 1940 contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres. En 1943, Pétain refuse de gracier une avorteuse condamnée à mort, qui est guillotinée. Autre rupture avec la IIIe République, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’église Saint-Louis de Vichy.

Dans l’optique de la « restauration » de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction du général de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. L’idée est de réunir toute une classe d’âge (en remplacement du service militaire désormais supprimé), et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime (culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice), ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État. D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.

À destination des ouvriers, Pétain prononce le 1er mai 1941 un important discours à Saint-Étienne, où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en octobre 1941. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux (préfiguration des comités d'entreprise) et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords (René BelinHubert Lagardelle). Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) en septembre 1942, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.

Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, le maréchal affirme que « la terre, elle, ne ment pas », et encourage le retour à la Terre - politique soldée sur un échec, moins de 1 500 personnes en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du 2 décembre 1940. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture (CGA) qui voit le jour officiellement le 12 octobre 1944, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946.

Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : « Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus » (à une délégation, mai 1942), et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : « Je pense à eux parce qu’ils souffrent [...] », (Noël 1941). Selon son chef de cabinet, du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la Révolution Nationale à leur retour. Le période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la « Légion française des combattants » (LFC), à laquelle sont ensuite agrégés les « Amis de la Légion » et les « Cadets de la Légion ».

Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ». Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire (SOL) qui s’engage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain (sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que « le Maréchal » ne comprendrait pas). Ce même organisme devient en janvier 1943 la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publics ou contre des fonctionnaires. Pétain attend le 6 août 1944 pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. « Pendant quatre ans », rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, « vous m’avez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France. On aurait pu s’y prendre avant ! »

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès octobre 1940, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre. Il pratique donc une « neutralité dissymétrique » qui bénéficie aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son Empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci démontre une naïveté certaine de la part de Pétain : en effet, dans l’idéologie nazie, la France était l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés. Le calcul de Vichy était donc dès l’origine voué à l’échec.

Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la Révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le « mythe Pétain » est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités. Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, le régime de Vichy dans la collaboration, suite à l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, durant laquelle il rencontra Hitler.

Cette « poignée de main de Montoire », sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande. Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais l’autonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au devant de celles-ci. Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’Alsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le 4 septembre 1942 alors que commence l’incorporation massive et illégale des malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui resta sans suite. Lors de l’exécution en octobre 1941 des otages français à Châteaubriant, qui soulève l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la Ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer.

Au printemps 1944 encore, il ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq. Par contre, il ne manque pas de dénoncer « les crimes terroristes » de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattent en URSS sous l’uniforme allemand, leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent « une part de notre honneur militaire ». En 1941, Darlan, dauphin désigné du maréchal, frôle la cobelligérance avec l’Allemagne de Hitler lorsqu’il fait mettre les aérodromes de Syrie et de Liban à la disposition de l’aviation allemande. En avril 1942, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de « chef du gouvernement ».

Contrairement aux légendes d’après-guerre, il n’existe pas de différence en politique extérieure entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », comme l’ont cru André Siegfried, Robert Aron ou Jacques Isorni, et comme l’a démenti toute l’historiographie contemporaine depuis Robert Paxton. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, le maréchal couvre sa politique de son autorité et de son charisme, et approuve ses orientations en Conseil des ministres. En juin 1942, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain tient des propos largement répercutés, assurant qu’il est « main dans la main » avec Laval, que les ordres de ce dernier sont « comme les [siens] » et que tous lui doivent obéissance « comme à [lui-même] ». Lors du procès de PétainLaval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré au maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.

Le 22 juin 1942, Laval prononce un discours retentissant dans lequel il déclare qu’il « souhaite la victoire de l’Allemagne. » Pétain, à qui il a consenti à montrer préalablement le texte à la demande de ses conseillers effarés, n’a pas élevé d’objection. Du moment que selon le maréchal, un civil n’a pas à faire de pronostic militaire, il s’est contenté de lui faire changer un « Je crois » initial en un « Je souhaite » encore plus mal ressenti des Français. Lorsque Laval informe, fin juin 1942, le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal conservé, montre Pétain approuvant comme « juste » la livraison de milliers de Juifs étrangers aux nazis. Puis le 26 août 1942, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes), furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.

Personnellement antisémite, Pétain s’est opposé en mai 1942 à l’introduction en zone Sud du port obligatoire de l’étoile jaune, mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En août 1943, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que « le pape s’inquiète pour l’âme du Maréchal », ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet. En tout, 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration. À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : « Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux [pour les Juifs] que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période.

De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français. » En août 1942, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la tentative de débarquement allié à Dieppe. Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire. Complété par celle du 16 février 1943, le STO permet en une dizaine de mois le départ forcé de plus de 600 000 travailleurs en Allemagne. Ce sont les seuls de toute l’Europe à avoir été requis non par ordonnance allemande, mais par les lois et les autorités de leur propre pays. Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, au Maroc, à Oran et dans le port d'Alger, Pétain donne officiellement l’ordre de les combattre, en déclarant : « La France et son honneur sont en jeu. Nous sommes attaqués. Nous nous défendons. C'est l'ordre que je donne. » L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'Afrique du Nord. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'Armée de Vichy, obéissant aux ordres de ses chefs.

En réaction à ce débarquement, le 11 novembre, violant la convention d’armistice, les Allemands envahissent la zone sud. Pétain refuse à plusieurs proches conseillers de gagner l’Afrique du Nord, d’ordonner à la flotte de Toulon d’appareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusqu’à invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre l’avion… Il veut surtout pouvoir continuer à « servir d'écran entre le peuple de France et l'occupant ». Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940 associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et Révolution nationale. Sa décision déçoit d’innombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique « double-jeu » secret du maréchal et s’imaginaient qu’il souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre l’ennemi. Nombre d’entre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain, et vont parfois gonfler les rangs clandestins des « vichysto-résistants » inspirés notamment par les généraux Giraud et de Lattre de Tassigny. La dissidence de la plus grande partie de l’Empire, la fin de la « zone libre » le sabordage de la Flotte Française à Toulon, le 27 novembre 1942, la dissolution de l’Armée d’armistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940 et la Résistance s’intensifie malgré le durcissement de la répression.

Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles Darlan et Giraud, qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à l’automne 1943, une vague d’arrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont WeygandLucien Romier ou Paul de La Porte du Theil, emmené en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à Pierre Laval, redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du 26 novembre 1942, de signer seuls les lois et les décrets. Fin 1943, voyant le sort de l’Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en septembre 1943, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu’un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d’une nouvelle constitution, pourra au « jour J » écarter de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs l’impunité de Vichy et la ratification de ses actes.

Le 12 novembre 1943, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle stipulant qu'il revient à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands par l'intermédiaire du consul général Krugg von Nidda, bloquent ce projet. Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Il accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l’entrée au gouvernement de Joseph DarnandPhilippe Henriot et Marcel Déat. Dans les derniers mois de l’Occupation, Pétain affecte désormais d’être un simple « prisonnier » des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusqu’au bout, ainsi que les atrocités de l’ennemi et de la Milice française. En août 1944, il songe à se livrer au maquis d’Auvergne du colonel Gaspard, et tente de déléguer l’amiral Auphan auprès de De Gaulle pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de ses actes. « Aucune réponse ne fut donnée à ce monument de candeur ».

Cecil von Renthe-Fink

Le 17 août 1944, les Allemands, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nord. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demande. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin ».

Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy.

Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et « [...] lorsque à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller le confection de ses valises et de ranger ses papiers. » Le lendemain, 20 août 1944, il est emmené contre son gré par l'Armée allemande à Belfort puis, le 8 septembre, à Sigmaringen en Allemagne, où s’étaient réfugiés les dignitaires de son régime. Plutôt que de démissionner, il entretient, dans une lettre aux Français la fiction selon laquelle « je suis et demeure moralement votre chef. »

À Sigmaringen, Pétain refuse d’exercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la commission gouvernementale présidée par Fernand de Brinon. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense. Le 23 avril 1945, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en Suisse, et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire de l'ambassadeur Karl Burckhardt, le Gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le Gouvernement provisoire de la République décide de ne pas s'y opposer. Le 24 avril, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le 26 avril. Le général Kœnig est chargé de le prendre en charge à Vallorbe. Le maréchal est ensuite interné au fort de Montrouge.

Le Maréchal Pétain lors de son procès

Le Maréchal Pétain lors de son procès

Le procès du maréchal Pétain débute le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de justice créée le 18 novembre 1944. Le tribunal est présidé par Paul Mongibeaux, premier président de la Cour de cassation, assisté du premier président de la chambre criminelle à la Cour de cassation Donat-Guigne, et Picard, premier président de la Cour d'appel. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires et de douze non-parlementaires issus de la Résistance. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort.

Défendu par Jacques Isorni, Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen, Philippe Pétain déclare le premier jour qu’il avait toujours été un allié caché du général de Gaulle et qu’il n’était responsable que devant la France et les Français qui l’avaient désigné et non devant la Haute Cour de justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : Édouard DaladierPaul ReynaudLéon BlumPierre Laval, soit à décharge : le général Weygand, le pasteur Boegner. Le procès s’achève le 15 août 1945 à l’aube. La cour déclare Pétain coupable, notamment, d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Elle le condamne à mort, à la dégradation nationale à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge. La condamnation a été voté à une voix de majorité.

Le verdict de la Haute Cour de justice frappe d'indignité nationale Philippe Pétain, ce qui implique « la perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations », de facto il est déchu de son titre (de sa « dignité ») de maréchal de France. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme  avant d'être incarcéré. La mention du titre sur l'acte de décès est une liberté prise par un agent de l'état-civil qui n'engage aucune institution officielle. Il convient donc, comme le font les historiens d'aujourd'hui, de le nommer simplement « Philippe Pétain », en particulier pour la période qui suit sa condamnation du 15 août 1945. On rencontre aussi la dénomination « ex-maréchal Pétain ».

Cependant la décision judiciaire qui le frappe d'indignité nationale interprétée stricto sensu comme « lui retirant son rang dans les forces armées et son droit à porter ses décorations », le titre de maréchal de France étant une distinction, et non un grade, décernée, non pas par un décret, mais par une loi votée au Parlement, peut permettre de considérer que cette décision de justice ne peut annuler une mesure législative. Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le 17 août 1945. Compte tenu de la peine de dégradation nationale (article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944), le maréchal Pétain est exclu automatiquement de l'Académie française (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Toutefois, celle-ci s’abstient d’élire un remplaçant de son vivant au 18e fauteuil, égard auquel a également eu droit Charles Maurras (tandis qu’Abel Bonnard et Abel Hermant sont remplacés dès 1946).

Philippe Pétain est emprisonné au fort du Portalet, dans les Pyrénées, du 15 août au 16 novembre 1945, puis transféré au fort de la Citadelle sur L'Île-d'Yeu (Vendée). Son épouse installée à son tour dans l’île, bénéficie d’un droit de visite quotidien. La santé du maréchal Pétain décline à partir du début de l’année 1951, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Eu égard à cette situation, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue d’adoucir une fin prévisible, autorise le 8 juin 1951 « l’élargissement » du prisonnier et son assignation à résidence « dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère ». Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville a lieu le 29 juin 1951, où Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951. Il est inhumé le surlendemain dans le cimetière marin de l’île d’Yeu.

Payen FernandAu procès Pétain, l’avocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du « détournement de vieillard » : Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la IVe République, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires : « la vieillesse est un naufrage », « la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne s’en est aperçu ». L’historien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le « régime des partis » honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé.

En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine. Quant aux fameuses « absences du Maréchal » rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet (il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs), il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire.

Le journaliste Robert Aron, aurait contribué, selon Robert Paxton, à lancer la légende parallèle de « l’épée et du bouclier » : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche ; d’autre part, il y aurait un « Vichy de Pétain » opposé au « Vichy de Laval ». Cheval de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, ces distinctions ont volé en éclats à partir de la parution de son livre La France de Vichy en 1973. Archives allemandes puis françaises à l’appui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la collaboration a été recherchée par Pétain, alors qu'Adolf Hitler n’y croyait pas et n’a jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration n’est pas allée aussi loin qu’elle aurait pu, c’est bien en raison des réticences de Hitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de l’occupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux « double jeu » du maréchal, il n’a jamais existé. Les quelques sondages informels qu’il a autorisés avec Londres, fin 1940, n’ont eu aucune suite, et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration d’État jusqu’à la fin de son régime, à l’été 1944.

Loin d’avoir protégé les Français, selon les historiens, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah, répression de la Résistance, envoi forcé de main-d’œuvre au STO, pillage alimentaire et économique. Avec son peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais l’occupant n’aurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction qu’ils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des 76 000 Juifs de France déportés et exterminés par les nazis dans les camps de la mort ont ainsi été arrêtés par la police française. La France a, par ailleurs, été le pays le plus pillé d’Europe occupée, et l’un des premiers fournisseurs de main-d’œuvre et de tributs financiers et alimentaires au Troisième Reich.

De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale (Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants), Pétain les a rendu plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté d’emblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les Alsaciens-Mosellans, abandonnés.

Aussi Pétain apparaît-il aujourd’hui aux historiens, selon le mot de Jean-Pierre Azéma, comme « un bouclier percé ».

Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de ses cendres à Douaumont. Dans une note à Alexandre Sanguinetti, le 4 mai 1966, le général de Gaulle, alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question :

« Les signataires de la « pétition » relative au « transfert » des restes de Pétain à Douaumont n'ont aucunement été mandatés par les 800 000 anciens combattants pour s'emparer de cette question politique. Ils ne sont mandatés que pour faire valoir les intérêts spécifiques de leurs associations. Le leur dire »

En 1995, le président Jacques Chirac reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans la rafle du Vélodrome d'Hiver et, en 2006, pour les 90 ans de la bataille de Verdun, son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’ultime avatar, à l’heure actuelle, de la volonté de la France et des Français de « regarder en face » un des personnages les plus énigmatiques et les plus controversés de leur histoire récente.

Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'octobre 1984 à septembre 1998 au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. Jacques Isorni et François Lehideux avaient fait paraître le 13 juillet 1984 dans le quotidien Le Monde un encart publicitaire intitulé « Français, vous avez la mémoire courte », dans lequel, au nom de l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense. À la suite d'une plainte déposée par l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le procureur de la République prit un réquisitoire définitif de non-lieu le 29 mai 1985, mais le juge d'instruction renvoya, une semaine plus tard, les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le 27 juin 1986 — jugement confirmé par la Cour d'appel de Paris le 8 juillet 1987. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la Cour de cassation le 20 décembre 1988. La Cour d'appel de Paris se déjugea le 26 janvier 1990 en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe, et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans Le Monde. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le 16 novembre 1993.

Enfin, le 23 septembre 1998 (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France) la Cour européenne des droits de l'homme décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme — portant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée.

Le point de vue de Charles de Gaulle : « Toute la carrière de cet homme d’exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l’intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu’il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l’avait pas comblé, faute de l’avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l’extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l’occasion tant attendue de s’épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu’il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire [...] Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu’aussi longtemps qu’il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu’il put voir qu’il s’était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous l’enveloppe, avaient rongé son caractère. L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France. » — Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, l’Appel, 1940-1942.

Procés Pétain

Staline Joseph

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Staline est d’origine géorgienne (il est né dans la ville de Gori), son père (Vissarion) était cordonnier, il meurt lorsque le petit Joseph à 11 ans. Sa mère, Catherine Guéladzé, fait entrer son fils au séminaire de Tiflis en 1894, Joseph à 15 ans. Dans ses études il fit preuve d’une remarquable mémoire et d'une intelligence tout à fait à la hauteur de ce que demandent ses professeurs. C’est du côté de la foi que Joseph laissa à désirer. Il sera exclu du séminaire pour ses idées marxistes en 1899. 

Joseph Staline

Joseph Staline

A 18 ans, il va se rallier secrètement au Parti social-démocrate de Tiflis. Dès lors il mena une activité révolutionnaire ce qui lui valu d’être déporté en Sibérie à plusieurs reprises. Joseph est alors connu sous son diminutif de Sosso puis sous le pseudonyme de Koba. En 1904, il rejoint le les bolcheviks dont il fut un militant exemplaire ; à nouveau déporté il s’évade et organise au Caucase en 1907 des «expropriations», qui sont en fait des hold-up, pour soutenir le Parti.

En 1912, Lénine le nomme membre du comité central du Parti ouvrier social-démocrate de Russie puis devient le premier directeur de la Pravda, c’est à ce moment qu’il prend le pseudonyme de Staline (l’homme d’acier). En 1913, il sera à nouveau déporté et ne sera libéré que quelques mois avant la révolution d’octobre dans laquelle il ne joua qu’un rôle marginal. Lors de sa détention il écrivit Le Marxisme et la question nationale ; mais Staline n’est pas un théoricien et on peut dire que la matière de ses écrits lui a été largement inspirée par Lénine ; en tout ce seront cependant treize tomes d’écrits qui nous parviendrons : Les Fondements du léninisme (1924), Les Questions du léninisme (1926), Matérialisme historique et matérialisme dialectique (1938) Abrégé de l’histoire du Parti communiste (1937), enfin Les Problèmes économiques du socialisme. Ce sont pour la plupart des discours.).

Il se rallia aux « thèses d’Avril » de Lénine en 1917 et devint, après la révolution ,commissaire du peuple aux Nationalités, il le sera de 1917 à 1922. En même temps, de 1919 à 1922, il sera commissaire à l’Inspection ouvrière et paysanne ; il est, dès ce moment, en rapport étroit avec la Commission extraordinaire, la Tchéka. Il prendra une part active à la guerre civile, c’est lui qui organisa la défense de la ville de Tsaritsyne (le nom de Stalingrad de 1925 à 1961) contre les forces des Blancs de Denikine. Il participa également à la défense de Petrograd contre le général Ioudénitch. Il a épousé en 1918 Nadejda Alliloueva une jeune fille de 17 ans qui est sa seconde femme. Elle se donnera la mort en novembre 1932, révoltée par la grossièreté de son mari et la cruauté de sa politique, elle lui laissera deux enfants: Svetlana, aujourd’hui américaine, et Vassili, mort en 1962.

En 1922, lorsque le poste de secrétaire général du Parti est crée, sentant l’importance de la fonction, Staline se porte candidat et obtint le poste. En 1924 il parviendra à succéder à Lénine bien que ce dernier ne fut pas tendre envers lui dans son « testament » politique ( en fait son testament est une lettre qu’il avait préparée pour le prochain congrès du parti dans laquelle il dénonce Staline comme étant trop « grossier » pour se maintenir à son poste. Il ne faut pas comprendre « grossier » par des écarts de langage (bien que…) mais par le fait que Staline n’est pas un théoricien et qu’il use de méthodes brutales.).

Staline va habilement jouer des alliances pour affaiblir ses adversaires, on dit qu’il était « prêt à toutes les trahisons ». Bientôt il aura assis son autorité incontestable au sein du Parti et de la société. Il développe la doctrine de la « construction du socialisme dans un seul pays » en opposition à ce qu’il appelle la «révolution permanente» de Trotski, il décide la collectivisation totale des terres (automne 1929) et de l’industrialisation (premier plan quinquennal en 1928). Il s’opposera violemment aux thèses de Trotski (commissaire à la guerre) . Pour combattre ce dernier il s’appuya dans un premier temps sur Kamenev et Zinoviev mais finit par les évincés avec Trotski en 1927. Staline s’adonna alors à une pratique qui allait devenir funestement célèbre : la purge.

En 1929, il « purge » la droite du Parti. Staline est désormais le chef incontesté qu’il souhaitait être. Devant les résistances paysannes et industrielles aux collectivisations, Staline déclenche en 1934, après l’assassinat de Kirov, des purges importantes au sein du Parti qui s'étendent de 1936 à 1938. ZinovievKamenev, Smirnov, Boukharine et Rykov seront purgés août 1936 (procès des seize). Mais les purges ne se restreignent pas aux cadres du Parti, des millions d’hommes et de femmes (des officiers –dont le maréchal Toukhatchevski-, des anciens bolcheviks, des membres du Parti…) furent les victimes des terribles purges staliniennes. En 1939, on admet qu’ont été arrêtés plus de sept millions de citoyens, dont au moins trois millions ont péri.

Au niveau international Staline fut longtemps hésitant entre le camps des démocraties libérales et celui des fascismes. C’est parce qu’il ne fut pas convié aux accords de Munich en 1938 qu’il conclut avec Hitler le pacte germano-soviétique de non-agression d’août 1939.. Le pacte était accompagné d’une clause secrète sur les zones d’influences en Europe orientale (partage de la Pologne). Staline ne voulut pas croire à la possible rupture du pacte mais dut s’y résigner, il avait alors pris un sérieux retard dans l’organisation de la défense soviétique, après l’invasion allemande de juin 1941.

En mai 1941, Staline devient homme de guerre, il est élu généralissime et président du Comité d’Etat à la défense. La mobilisation fut général, dans un premier temps le pays plia, puis résista et enfin remporta la guerre. Staline se résigna à accepter l’aide matérielle des démocraties et démantela le Komintern (l’Internationale communiste) en 1943 pour satisfaire ses fournisseurs. En 1943, il participa à la conférence de Téhéran, en 1945 à celles de Postdam et de Yalta.

On ne sait que trop bien qu’après la guerre il plaça les pays d’Europe centrale sous l’influence, toujours plus dominatrice, de l’URSS. Les démocraties populaires florissaient au travers de l’Europe ; mais elles avaient comme funestes compagnes les inévitables purges. Staline réorganisa le Kominform (le Bureau d’information des partis communistes ; la nouvelle Internationale communiste) bien qu’il ne fut pas internationaliste (c’était avant tout la Russie qui l’intéressait) et engagea contre l’Occident, et principalement les Etats-Unis, la guerre froide. Le rideau de fer partageait désormais l’Europe en deux.

A la fin de son « règne » Staline organisa encore de nouvelles purges (« procès de Prague », complot des « blouses blanches »). On a bien saisit les aspects négatifs de l’action politique de Staline, mais il y eut aussi des effets positifs : la création de grandes industries, notamment d’armement, les grands canaux et voies de communication, les barrages et la production d’énergie, le charbon, l’acier, l’alphabétisation, la formation des cadres, la création à partir de 1935 d’une armée disciplinée et entraînée.

Il mourut en 1953 ; des centaines de millions de personnes, dans le monde entier, pleurèrent la disparition du « petit père des peuples ». Ses victimes se comptaient alors par dizaines de millions, exécutées dans les caves de la Loubianka, morts de faim (famines de 1932-33), déportés, victime de l'impérialisme soviétique ou « purgés ». En 1956, Khrouchtchev condamna, lors du 20ème congrès du parti communiste, les crimes de Staline et le culte de la personnalité qui lui avait été témoigné. Son corps fut retiré en 1961 du mausolée de Lénine ; Il repose désormais au pied du mur du Kremlin.

Bormann Martin

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Martin Bormann (né le 17 juin 1900 près de Halberstadt et qui serait décédé officiellement le 2 mai 1945) était un haut dignitaire nazi. Conseiller de Hitler, il devint un des hommes les plus puissants du Troisième Reich. Plusieurs historiens l'ont qualifié d'éminence grise du parti nazi. À ce titre, il devint chef du Parteikanzlei (chancellerie du parti nazi) et secrétaire particulier d'Adolf Hitler. Le procès de Nuremberg l'a condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité.

Bodensee, Germany, 1935 Martin Bormann dining

Bodensee, Germany, 1935 Martin Bormann dining

Fils d'une employée des postes, il abandonna l'école pour travailler dans une ferme dans le Mecklembourg. Après un bref service au cours de la Première Guerre mondiale, il rejoignit le Freikorps dans cette province. En mars 1924, il fut condamné à une année de prison comme complice de son ami Rudolf Höss (futur commandant d'Auschwitz) pour le meurtre de Walther Kadow (supposé avoir dénoncé l'activiste nationaliste Albert Leo Schlageter aux Français qui occupaient à l'époque la Ruhr).

Après sa libération, il rejoignit le NSDAP en Thuringe en 1927, devint l'officier de presse régional, et, plus tard, chargé d'affaires en 1928. En octobre 1933, il devint un des Reichsleiter du NSDAP et en novembre un membre du Reichstag. De juillet 1933 jusqu'à 1941, Bormann fut le secrétaire personnel de Rudolf Hess. Anti-chrétien notoire, il rappela plusieurs fois l'incompatibilité entre nazisme et christianisme, et se montra favorable aux persécutions contre les églises catholiques et protestantes. La fuite de Rudolf Hess vers la Grande-Bretagne permit à Bormann de prendre la tête de la Parteikanzlei en mai 1941, où il prouva qu'il était un maître dans le combat politique et administratif.

Il administra et développa le fonds Adolf-Hitler pour l'industrie, des ressources obtenues par des contributions « volontaires » d'entrepreneurs à succès qui furent versées aux fonctionnaires au sommet du parti. De plus, il administra les finances personnelles de Hitler, ainsi que ses rendez-vous et documents administratifs. Il était toujours aux côtés de son chef pendant les discours publics, prenant des notes.

Martin Bormann fit construire le Kehlsteinhaus surnommé le « Nid d'aigle » dans l'Obersalzberg, aux environs de Berchtesgaden en Bavière, à la limite de la frontière autrichienne. Il en fit cadeau à son Führer pour son 50e anniversaire au nom de la NSDAP. C'était un projet très coûteux (et luxueux) où Hitler ne se rendit que très rarement. C'était aussi un lieu de rassemblement des chefs nazis avec leurs femmes et enfants. Peu eurent le privilège d'accéder au nid d'aigle. Ce lieu, se trouvant à 1 834 m d'altitude, offrait une superbe vue panoramique du pays de Berchtesgaden et des montagnes autrichiennes. Bormann était marié avec Gerda Buch (décédée en 1946 et fille du juge de la cour suprême du parti, Walter Buch, avec laquelle il eut dix enfants, dont Martin Bormann junior.

Durant les derniers jours du Troisième Reich, Bormann se saoula en compagnie des généraux Hans Krebs et Wilhelm Burgdorf, se demandant s'il était préférable de se suicider ou de fuir. Bormann choisit finalement de fuir, à la différence des deux généraux nazis qui se suicidèrent dans la nuit du 1er au 2 mai. Après le suicide de Hitler, des personnes réfugiées dans la chancellerie du Reich décidèrent de fuir l'avancée des troupes soviétiques. Le soir du 1er mai « Bormann et Mohnke tentèrent d'organiser en groupes le personnel à évacuer.

Ces groupes prirent le départ vers vingt-trois heures, deux heures plus tard que prévu. Pendant un certain temps, Bormann, Stumpfegger, Schwägermann et Axmann restèrent groupés. Ils suivirent la ligne de chemin de fer jusqu'à la gare de Lerther Strasse. Puis ils se séparèrent. Bormann et Stumpfegger partirent vers le nord-est en direction de la gare de Stettin. Axmann partit dans le sens opposé, mais il se heurta à une patrouille soviétique. Il revint sur ses pas, reprenant l'itinéraire qu'avait emprunté Bormann. Peu après, il tomba sur deux cadavres. Il les identifia comme étant ceux de Bormann et de Stumpfegger, mais n'eut pas le temps de déterminer comment ils avaient été tués ».

Dans le chaos de la chute de Berlin, les cadavres ne furent pas retrouvés, donnant naissance à des spéculations sur une fuite éventuelle. Du fait de l'incertitude autour de sa disparition, Bormann fut condamné à mort par contumace au procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. En décembre 1972, un squelette fut découvert lors de travaux près de la station Lerther, un lieu qui correspondait au témoignage d'Artur Axmann. Ce squelette fut identifié comme celui de Bormann grâce à sa denture. Du verre retrouvé entre ses dents indiquerait qu'il se serait suicidé avec une capsule de cyanure. Le 4 avril 1973, le procureur de Francfort reconnut officiellement la mort de Bormann sur la base de l'expertise dentaire de Reidar Sognnaes. En 1998, un test d'ADN (analyse de l'ADN mitochondrial) le confirma. De nombreuses controverses demeurent sur la mort de Bormann. En effet, certains contestent les analyses effectuées sur la dentition du squelette ainsi que les analyses ADN.

Des personnalités comme le fils d'Adolf Eichmann ou Simon Wiesenthal affirmèrent qu'il était en vie en Amérique de Sud et plus particulièrement au Paraguay. Certains affirment d'ailleurs qu'il est mort en Amérique du Sud et que son corps a été ramené en Allemagne pour qu'il soit découvert à Berlin. Cette thèse se fonde sur l'argile rouge retrouvée sur le squelette de la station Lerther. Ce type d'argile ne se trouve pas à Berlin mais bien à Ita au Paraguay où la présence de Bormann était suspectée. Ces deux thèses sont évoquées dans le documentaire Bormann, un homme à l'ombre du Führer réalisé par Chanoch Zeevi pour Set Productions en 1998.

Une fiction du journaliste et écrivain français Jacques Kaufmann, parue en 2008 aux éditions de l'Archipel, sous le titre El Lobo a relancé la polémique au sujet du fameux trésor nazi dont Bormann aurait organisé le transfert en Argentine à la fin de la guerre. Certains auteurs affirmèrent en effet que le trésor avait été subtilisé aux Allemands par le couple Perón qui avait accueilli à bras ouverts de nombreux criminels de guerre. L'auteur s'est engouffré dans la brèche en imaginant que le trésor était caché dans le mausolée d'Evita Peron. D'autres pensent que Bormann aurait survécu en tant qu'espion soviétique et qu'il continua de conseiller les Soviétiques après la guerre.

Conférence de Yalta

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Tenue du 4 au 11 février 1945 dans le palais de Livadia situé dans les environs de la station balnéaire de Yalta, sur la côte de la mer Noire, en Crimée, la conférence de Yalta réunit en grand secret les chefs de gouvernement de l'Union soviétique (Joseph Staline), du Royaume-Uni (Winston Churchill), des États-Unis (Franklin D. Roosevelt) dans les buts suivants :
 

  • adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre,
  • régler le sort de l’Europe après la défaite du IIIe Reich et
  • garantir la stabilité du monde au-delà de la victoire.
Les dirigeants Alliés à la conférence. De gauche à droite : Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et Joseph Staline.

Les dirigeants Alliés à la conférence. De gauche à droite : Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et Joseph Staline.

Le propos principal de Staline était sans doute de préserver son pays de futures attaques, comme en 1914 et en 1941, en le protégeant par un glacis territorial et politique. La meilleure solution pour lui, c’était la création d’une Pologne qui serait dirigée par un gouvernement ami de l’Union soviétique. Churchill et Roosevelt, de leur côté, étaient disposés à obtenir de la part de Staline la promesse que l'URSS entrerait en guerre contre le Japon dans les trois mois après la capitulation de l’Allemagne. Il est vrai que Staline négociait en position de force, les armées soviétiques n’étant plus qu’à une centaine de kilomètres de Berlin. Par ailleurs, Roosevelt, dont la santé se dégradait de plus en plus, faisait preuve d’une totale méconnaissance des valeurs morales de son interlocuteur en affirmant :

« Si je lui donne tout ce qu'il me sera possible de donner sans rien réclamer en échange, noblesse oblige, il ne tentera pas d'annexer quoi que ce soit et travaillera à bâtir un monde de démocratie et de paix. »

En février 1945, le rapport des forces est nettement à l'avantage de Staline. Les forces soviétiques sont, de loin, les premières en nombre et en armement. Elles atteignent Varsovie et Budapest, et ne sont qu'à quelques étapes de Berlin, alors que les Anglo-Américains se demandent encore comment ils vont passer le Rhin. Cependant, Staline est prudent. Sa priorité est la prise de Berlin, à la fois comme symbole de sa victoire et pour les avantages politiques et scientifiques qu'elle lui conférerait. Il tient à s'emparer du maximum de régions industrielles allemandes, et de l'institut de physique nucléaire de Dahlem, où il espère trouver des éléments de fabrication de la bombe atomique. Il craint une capitulation allemande, voire un retournement des alliances, qui le frustrerait de sa victoire. Habilement, il a fait croire à ses alliés que Berlin n'était pas prioritaire, et que l'offensive principale de l'Armée Rouge porterait vers la Bohême et la vallée du Danube: il les invite à chercher la jonction en Allemagne du Sud.

Pour RooseveltEisenhower et les responsables américains en général, la priorité est de finir la guerre avec le minimum de pertes en vies américaines. Le président américain accepte de laisser l'URSS fournir l'effort de guerre le plus lourd, quitte à lui abandonner une plus vaste zone d'occupation. Peu méfiant, il annonce dès le début de la conférence que les troupes américaines quitteront l'Europe deux ans après la fin de la guerre.

Churchill souhaiterait rétablir un équilibre européen et éviter une hégémonie soviétique sur le continent, mais, représentant d'un empire affaibli économiquement et démographiquement, il a peu de poids sur les décisions de ses alliés.

Les accords conclus à l'issue des rencontres prévoyaient :

 

  • des élections libres dans les États européens libérés, les Trois Grands s'engageant à « constituer des autorités gouvernementales provisoires largement représentatives de tous les éléments démocratiques des populations et qui s'engageront à établir, dès que possible, par des élections libres, des gouvernements qui soient l'expression de la volonté des peuples » (cf. Communiqué final en annexe : Déclaration sur l'Europe libérée);
  • l'organisation en avril 1945 de la conférence de San Francisco ;
  • l’entrée en guerre de l'Union soviétique contre le Japon dans les 3 mois qui suivront la défaite de l'Allemagne, l'URSS recevant en échange le sud de l’île de Sakhaline et les îles Kouriles ;
  • la destruction du militarisme allemand et du nazisme ;
  • la division de l'Allemagne en trois zones occupées par les trois vainqueurs : États-Unis, URSS, Royaume-Uni (par la suite, Churchill soutiendra une division de l'Allemagne en quatre zones d'occupation : la quatrième revenant alors à la France : cette proposition aboutira peu après la conférence de Yalta) ;
  • déplacement de la Pologne vers l'ouest : elle céderait des territoires à l'URSS et recevrait en compensation des territoires enlevés à l'Allemagne ;
  • l'établissement de la frontière soviéto-polonaise sur la ligne du pacte germano-soviétique de 1939 (correspondant en partie à la ligne Curzon) ;
  • la réorganisation du « Comité de Lublin », gouvernement pro-soviétique établi en Pologne libérée, « suivant des bases démocratiques plus étendues, avec l'inclusion des chefs démocrates se trouvant à l'étranger », c'est-à-dire des membres du gouvernement polonais en exil à Londres (cf. Communiqué final en annexe : Pologne) ;
  • quelques modalités concernant le fonctionnement de l'ONU, dont la création avait été décidée en 1944 à la conférence de Dumbarton Oaks : le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité jouera pour tous les cas sauf pour les questions de procédure ; l’URSS demande autant de sièges qu'il compte de provinces et de régions (soit 16), mais en obtient "seulement" 3 (Russie, Ukraine, Biélorussie) ; les Nations unies auront un droit de regard sur l'organisation de l'Europe.


Lors de la première séance plénière, la question principale porte sur la défaite de l’Allemagne par une analyse de la situation militaire. Cela débouchera sur le premier article du communiqué disponible au public. Comme on peut le lire à la dernière phrase de cet article : « Il a été procédé à un échange complet et réciproque des renseignements ». Le général Marshall indique qu’une offensive massive sera possible sur le front de l’ouest mais les alliés ne pourront franchir le Rhin avant le mois de mars. Staline prend alors sa décision, l’armée rouge libèrera la Tchécoslovaquie et la Hongrie, repoussant la prise de Berlin. Ainsi, Staline évite toute tension avec les alliés occidentaux. Cependant, cette première séance plénière est importante car elle définit bien le cadre général des négociations qui vont suivre : les Occidentaux sont en position d’infériorité par rapport aux Soviétiques.

Lors de la deuxième séance plénière du 5 février, Staline entame la question de l’occupation de l’Allemagne qu’il considère être la plus importante. Lors de la conférence de Téhéran, tous les Alliés étaient d’accord sur un démembrement complet de l’Allemagne. Mais à l’approche de la victoire cette certitude devient moins évidente. Les Occidentaux pensent briser le Reich nazi, mais faut-il détruire l’Allemagne et sa population ?

On peut voir dans le deuxième article du communiqué disponible au public : « Nous sommes inflexiblement résolus à anéantir le militarisme et le nazisme allemand » mais les alliés présentent le peuple allemand comme victime du nazisme et décident qu’« Il n’est pas dans notre intention d’anéantir le peuple allemand ». Churchill considère l’Allemagne comme une future alliée contre l’expansionnisme soviétique. Pourtant, un démembrement de l’Allemagne est conclu avec une « autorité suprême » des occupants, censé garantir la paix future en Europe. Chacun des alliés occupera une zone séparée, et la France est invitée à participer à ce projet.

Cependant, les Soviétiques étant en position de force, la zone française sera prise dans la zone anglaise et américaine. La France est aussi invitée à siéger au Conseil de contrôle interallié pour l’Allemagne. De plus il est conclu que l’Allemagne sera entièrement démilitarisée et désarmée. Cette mesure est encore plus sévère que ce qu’avait prévu le traité de Versailles de 1918, qui fixait le nombre de militaires allemands à un maximum de cent mille.

La question des réparations est elle aussi engagée par Staline. Il demande de l’Allemagne en gage de réparation, 20 milliards de dollars au total, dont 50% de cette somme devrait aller à l’URSS. Sur ce point, c’est aussi Churchill qui s’oppose à cette somme démesurée, insistant sur le fait que l’économie allemande ne devait pas être anéantie. Il est d’ailleurs écrit dans le troisième article du communiqué disponible au public, que les dommages que verserait l’Allemagne devaient être calculés « dans la plus grande mesure possible ».

Cette question n’a pas été résolue entièrement. Il est défini les différents moyens de réparation des dommages auxquels serait contrainte l’Allemagne, c’est-à-dire : des transferts de biens et d’argents, des livraisons de marchandises, et l’utilisation de la main-d’œuvre allemande. Les deux points sur lesquels la conférence ne s’est pas fixée est sur la mise en œuvre de ce plan et surtout sur le montant des réparations. Pour cela, les Alliés décident la création d’une commission dont le siège est à Moscou. Cette commission réunira les représentants des trois pays alliés et devra fixer le coût total des réparations sur la base de la proposition du gouvernement soviétique. Si la demande soviétique est à moitié acceptée, c’est pour la simple raison que Roosevelt considère que les Soviétiques ont déjà fait pas mal de concessions, et ne prend donc pas le parti des Anglais.

La conférence porte sur la question de la défaite japonaise. Il est dit que : « Les chefs des gouvernements des trois grandes puissances […] ont décidé d’un commun accord […] que l’URSS entrera en guerre contre le Japon ». Si cette formule « commun accord » est employée dans ce cas précis c’est tout d’abord pour ne pas contrarier Churchill. En effet, la question de l’Extrême-Orient, concernant les modalités et les conditions de l’engagement soviétique, s’est réglée lors d’une conversation privée entre Roosevelt et Staline. L'URSS devait entrer en guerre 3 mois après la capitulation allemande. Les conditions de l’engagement ayant fait débat furent celles de Port-Arthur et des chemins de fers mandchous.

L’URSS obtient le statu quo en Mongolie et l'annexion des îles Kouriles et Sakhaline, Port-Arthur n’est pas annexé mais internationalisé et les chemins de fers mandchous ne seraient pas propriété de l’URSS mais contrôlés par une commission soviéto-chinoises. Néanmoins, Staline et Roosevelt voulaient un accord du président chinois sur ces points, et ne pas les lui imposer. Churchill ne fut mis au courant de ces propositions que le lendemain de l’entrevue et malgré son hostilité et sa volonté de négociations, il finit par céder, craignant d’être mis à l’écart sur les affaires japonaises.

Pour Roosevelt, le principal dossier de Yalta est celui de la future Organisation des Nations unies. Il entendait réussir, là où Wilson avait échoué après la première guerre mondiale avec la Société des Nations, et devenir l’arbitre entre les Anglais et les Soviétiques. Il ne montre donc pas trop exigeant avec Staline, notamment sur la question de la Pologne. Tous les acteurs sont d’accord sur ce projet mais une question fait débat : qui sera membre du Conseil de Sécurité, et quels pays composeront l’Assemblée ?

Les Américains soutiennent l’adhésion de la Chine, et les Britanniques celle de la France, au sein du conseil de sécurité. Bien que Staline objecte le fait qu’il serait en position défavorable, il finit par céder. Le réel problème se pose alors pour la composition de l’assemblée. Les Soviétiques craignent une mainmise anglo-américaine (soutien des pays du Commonwealth et d’Amérique latine). L’URSS exige donc que chacune des seize républiques soviétiques fédérées dispose d’un siège. Dans l’extrait de la conférence non disponible au public, on constate que l’URSS obtient l’adhésion de deux républiques fédérées : la Russie blanche (Biélorussie) et l’Ukraine. Après réflexion et négociations, Staline ne demandait plus que l’adhésion de ces deux républiques ainsi que la Lituanie. Cette dernière est refusée mais Roosevelt doit s’incliner face à Staline pour préserver la réussite de son projet (ONU).

Une conférence future est programmée pour le 25 avril 1945 à San Francisco. L’organisation de cette conférence est due au fait que les trois grands n’ont su se mettre d’accord sur le système de vote de l’assemblée de la future ONU, ainsi que sur l’obtention du droit de veto ou non. Ils ne se sont d’ailleurs pas mis d’accord sur les états qui pourront accéder à cette organisation. Il est donc déclaré dans un extrait non disponible au public, que « Les nations associées qui auraient déclaré la guerre à l’ennemi commun avant le 1er mars 1945 » seront invitées à la conférence de San Francisco et pourront faire partie de l’ONU.

Le thème de la Pologne fait l’objet de vives tensions à Yalta. En effet, du côté de l’URSS, la Pologne est le pays dont elle a obtenu une partie du territoire après le pacte Germano-Soviétique, et du côté occidental, la Pologne est une alliée qui avait eu la garantie d’une aide en cas d’agression allemande, ce qui a entraîné l’entrée en guerre des alliés. Lors de la conférence, les deux principales questions concernant la Pologne étaient : quelles seront ses frontières, et quelle sera la nature de son régime politique ?

La frontière orientale de la Pologne ne pose pas de problème, comme on peut le voir dans l’article VI : « La frontière orientale de la Pologne à l’Est devra suivre la ligne Curzon, avec des déviations au profit de la Pologne sur une profondeur de 5 à 8 kilomètres par endroits ». Le réel problème est celui de la frontière occidentale, celle avec l’Allemagne. Staline propose alors le fleuve de la Neisse. Ce déplacement de la frontière occidentale vers l’ouest est une compensation des pertes orientales.

La question porte ensuite sur le choix de la Neisse : le fleuve se sépare en deux, la Neisse orientale et la Neisse occidentale. Les trois s’accordent sur une formule ambiguë : « La Pologne devra obtenir des accroissements sensibles de territoire au nord et à l’ouest ». Churchill est sceptique : l’annexion de cette partie du territoire allemand, jusqu’à l’Oder et la Neisse signifie la présence de six millions d’Allemands sous la souveraineté polonaise. Mais Staline déclare alors : « le problème des nationalités est un problème de transport » : dans l'année suivante, 11,5 millions d'Allemands seront « déplacés » hors de ces territoires, remplacés par 4,5 millions de Polonais eux-mêmes « déplacés » hors de la Pologne orientale devenue soviétique.

La question du régime politique est plus aigüe. En effet, pour Churchill, elle a une forte signification symbolique puisque le Royaume-Uni a accueilli le gouvernement polonais en exil durant la guerre. Pour Roosevelt, elle touche à l’électorat américain, car venant d’être réélu, il vient de faire des promesses à des millions d’Américains d’origine polonaise. Mais Staline a mis en place un gouvernement polonais communiste, l’a installé à Lublin après la libération de l’Est de la Pologne l’a officiellement reconnu en juillet 1944 et lui a confié l’administration du territoire polonais derrière les lignes militaires soviétiques.

Les Occidentaux refusent de reconnaître ce gouvernement car ils estiment qu’il y a un problème de représentativité. Pour pallier ce problème, on s’accorde à Yalta sur la mise en place « d’élections libres et sans contraintes ». Pourtant, Staline n’a pas la moindre intention de dissoudre le gouvernement de Lublin ni de se soumettre à de véritables élections libres, il réaménagera seulement l’équipe de Lublin en ajoutant quelques membres supplémentaires polonais.

Cette déclaration a été proposée par Roosevelt et montre généreusement les principes censés permettre l’établissement d’un « ordre mondial régi par le droit ». Il est dit dans cet article que dans chacun des pays libérés, des gouvernements provisoires seront constitués en ayant la forme et la politique que chacun de ces États souhaite. Il est aussi dit que des élections libres auront lieu dans chacun de ces pays. Cet article est une grande preuve de naïveté de la part de Roosevelt qui se félicite d’avoir donné une tonalité morale aux accords de Yalta. D’ailleurs, par cynisme ou lassitude, Staline approuve tout sans protester.

Cependant, cette déclaration sur l’Europe libérée ne mentionne pas une convention anodine sur la libération des prisonniers. Celle-ci n’apparaît ni dans le communiqué officiel ni dans le protocole des travaux. Elle prévoit que tous les prisonniers des allemands seront regroupés par nationalité et dirigés vers leur pays d’origine. En réalité de nombreux prisonniers russes ne souhaitent pas repartir en URSS, d'autant que le règlement de l'Armée Rouge assimile la capture par l'ennemi à une trahison. On évalue à deux millions le nombre de Soviétiques rapatriés contre leur gré et déportés au Goulag comme « traîtres ».

Dans le communiqué officiel du 11 février 1945, il n'est pas fait état des trois sièges concédés à l’URSS à l’assemblée générale de l’ONU, ni de l’évaluation des réparations allemandes, ni des avantages territoriaux reconnus à l’URSS en Asie. Ce communiqué produit donc une profonde impression sur la presse et dans les milieux parlementaires. Spontané ou organisé, aux États-Unis et en URSS l’enthousiasme est très manifeste.

En Europe occidentale, la satisfaction est plus nuancée, les Britanniques évoquent le chaos allemand après Versailles comme un exemple à ne pas suivre. En France, bien que Charles de Gaulle ait souligné le manque de précision sur le cas polonais et parfaitement perçu la naïveté de la déclaration sur l’Europe libérée, la Conférence et ses conclusions sont globalement saluées, d'autant qu'elle admet la France parmi les « Quatre Grands » et lui fait de substantielles concessions par rapport au statut que les anglo-américains étaient initialement prêts à lui accorder.

Les résultats de Yalta sont approximatifs. Les anglo-américains obtiennent peu d'engagements concrets importants sur le futur européen en contre-partie de ce qu'ils offrent à Staline, celui-ci étant de plus décidé à exploiter au mieux sa position de force en Europe de l'est. Les trois chefs de gouvernement ou d’État n’ont négocié aucun point sur la question des déportés (les Soviétiques ont libéré Auschwitz le 27 janvier, mais rien n’est révélé avant début mai).

Contrairement à la légende, ce n'est pas à Yalta que s'est décidé le « partage de l'Europe » en « taux d'influence » mais à Moscou, le 9 octobre 1944. Contresigné par Churchill et Staline, cet accord prévoit les « taux d'influence » suivants, respectivement pour les Alliés occidentaux et pour l'URSS : Hongrie et Yougoslavie : 50-50%, Roumanie : 10%-90%, Bulgarie: 25%-75% et Grèce : 90%-10%, nonobstant le poids respectif des non-communistes et des communistes dans les mouvements de résistance et les opinions (par exemple, les communistes étaient très minoritaires en Roumanie et Bulgarie, mais majoritaires en Grèce à la tête du principal mouvement de résistance). Certains historiens ont estimé que l'influence de cet accord a été exagérée: par exemple, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Yougoslavie ont vu les communistes y monopoliser le pouvoir, bien que les accords ne mentionnent pas la première et aient prévu une égalité d'influences dans les deux autres…

Cet accord avait été préparé au printemps 1943 lorsque Winston Churchill et Anthony Eden s'étaient rendus à Moscou pour conférer avec Joseph Staline et Viatcheslav Molotov. Selon Churchill, ces accords n'avaient qu'une portée provisoire, le temps de la guerre. Il est cependant peu probable qu'il n'en avait pas perçu le risque, même s'il a sous-estimé la violence qui allait s'exercer sur les pays laissés aux Soviétiques. Son principal objectif était d'obtenir de Staline un renoncement à la Grèce, où la guerre civile grecque allait découler du choc entre la résistance grecque à majorité communiste et la volonté anglaise de maintenir la Grèce dans la sphère d'influence occidentale. L'établissement de la tutelle soviétique en Europe orientale allait se traduire par plusieurs décennies de dictature au sein du bloc de l'Est, tandis qu'en Grèce, les troubles et la dictature des colonels traduisaient la tutelle des Anglo-Américains.

Presque immédiatement après Yalta, Staline violait les accords. En Roumanie, les communistes noyautent les institutions, répriment les protestations de manière sanglante et imposent au roi de nommer un gouvernement communiste par le coup d'état du 6 mars 1945, alors que l'armée roumaine combat contre la Wehrmacht en Hongrie et Tchécoslovaquie. Le cas de la Bulgarie obéit aux mêmes règles. En Pologne, les Soviétiques favorisent les hommes politiques qu'ils ont placés, temporisent les discussions avec les alliés pour réprimer l'opposition, tendent des pièges aux membres de la résistance non communistes. Pendant tout ce temps, Roosevelt cherche à faire évoluer Staline en jouant la carte de l'apaisement.

La conférence suivante réunissant les trois alliés est celle de Potsdam d’août 1945, qui tente d’éclaircir certains points jugés trop flous à Yalta, mais l’Union soviétique et les Alliés ont fait le lit de la guerre froide. L'accord stipulait aussi le renvoi en URSS de ceux qui avaient rejoint la Wehrmacht pour combattre le communisme, ainsi que de tous les prisonniers soviétiques : or être fait prisonnier au front était assimilé par le code militaire soviétique à une trahison, passible de la peine de mort (pour ceux qui s'étaient rendus) ou de la déportation au Goulag (pour ceux qui avaient été capturés).

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