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Hitler Adolf

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Adolf Hitler (20 avril 1889 à Braunau am Inn , Autriche – 30 avril 1945 à Berlin) était un homme politique et chef d'État allemand.

Adolf Hitler

Adolf Hitler

Il est notamment connu en tant que fondateur du nazisme . Convaincu, selon ses propres écrits dans Mein Kampf , d'être désigné par le destin , il s'engage en politique fin 1918. Brillant orateur et propagandiste hors pair, il mobilise rapidement de nombreux partisans. Il adhère en 1919 au DAP, futur NSDAP (ou parti nazi). S'appuyant sur les revendications allemandes à l'issue de la Première Guerre mondiale (en dénonçant le Traité de Versailles ), puis sur les conséquences de la crise économique des années 1930 , il accède à la Chancellerie d'Allemagne le 30 janvier 1933.

En quelques mois, de janvier à juillet 1933 , la République de Weimar bascule dans la dictature et la terreur. À la fois Reichspräsident et Reichskanzler (Président et Chancelier du Reich) après le plébiscite du 19 août 1934 , il devient Reichsführer (Chef du Reich). Il viole le Traité de Versailles en réarmant l'Allemagne , en occupant et en annexant des territoires, avec la complicité passive des puissances européennes qui redoutent une nouvelle guerre. Sous ses ordres, l'armée allemande attaque la Pologne le 1er septembre 1939 , ce qui déclenche la Seconde Guerre mondiale .

Parallèlement à sa politique d'agression nationaliste, il met sur pied l'un des plus grands génocides de l'Histoire. Il ordonne ainsi l'élimination des handicapés, des Tziganes , des homosexuels , des franc-maçons , des communistes , des résistants , des multirécidivistes, des Témoins de Jéhovah , des asociaux, et, conformément à ce qu'il laisse entrevoir dans Mein Kampf , l'extermination systématique des Juifs. Principal instigateur de la «  Solution finale  », il est responsable de la mort d'environ 5 millions d'êtres humains dans les camps de concentration et les camps d'extermination , ainsi que lors des tueries de masse sur le front de l'Est par les Einsatzgruppen . Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 dans l'auberge Gasthof zum Pommer , Vorstadt Nr. 219 , à Braunau am Inn , une petite ville de Haute-Autriche près de la frontière austro - allemande . Il est le quatrième des six enfants d' Alois Hitler et de Klara Pölzl . La plupart des enfants meurent en bas âge ; seule sa sœur cadette Paula († 1960 ) lui survivra.

Alois Hitler , le père d'Adolf, est douanier. Né hors mariage le 7 juin 1837 , Alois porte d'abord le nom de famille de sa mère, Maria Anna Schicklgruber , mais le 6 juin 1876 , il est légitimé et obtient un an plus tard le droit de porter le nom « Hitler ». Adolf n'utilisera jamais d'autre patronyme, et « Schicklgruber » ne resurgira que plus tard chez ses opposants politiques. L'arbre généalogique d'Adolf Hitler laisse cependant planer de fortes suspicions de consanguinité. L'incertitude relative à ses origines n'est pas sans conséquence. Ainsi après l' Anschluss en 1938 , il fera détruire Döllersheim , le village natal de son père, en le transformant en place de tir. L'enfance d'Adolf se passe sous la stricte discipline d'un père âgé, fonctionnaire retraité dès 1895 . Dans son ouvrage Am Anfang war Erziehung (traduit en français sous le titre C'est pour ton bien ), Alice Miller analyse les liens entre cette éducation répressive et la suite de la biographie de Hitler. Le 3 janvier 1903 , son père meurt, suivi le 21 décembre 1907 par sa mère qui succombe à un cancer du sein . Élève médiocre à partir de son entrée à la Realschule de Linz (lycée), Hitler refuse de suivre la voie paternelle. Mais il échoue par deux fois à l'examen d'entrée de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne en 1907 et 1908 . Autodidacte, grand lecteur et admirateur de la musique de Richard Wagner , il développe un intérêt profond pour l' architecture .

Il enchaîne les petits boulots, vivant dans une misère constante durant cinq ans. Plus tard, dans Mein Kampf  il écrira : « Cinq années pendant lesquelles je dus, comme manœuvre d'abord, ensuite comme petit peintre, gagner ma subsistance, maigre subsistance, qui ne pouvait même pas apaiser ma faim chronique. Car la faim était alors le gardien fidèle qui ne m'abandonna jamais, la compagne qui partagea tout avec moi. Chaque livre que j'achetai eut sa participation ; une représentation à l'opéra me valait sa compagnie le jour suivant ; c'était une bataille continuelle avec mon amie impitoyable. J'ai appris cependant alors comme jamais avant. Hors mon architecture, hors les rares visites à l'Opéra, fruit de mes jeûnes, je n'avais d'autre joie que des livres toujours plus nombreux. » Adolf Hitler assiste aux séances du Parlement autrichien, il écrira plus tard son mépris pour la démocratie et le parlementarisme . Il étudie les thèses pangermanistes et observe l'influence de la politique sur les masses. Au printemps 1913 , pour éviter son enrôlement dans l'armée de l' Empire austro-hongrois , État multiethnique qu'il exècre, il s'enfuit à Munich et vit en vendant ses peintures de paysages. Sa tentative d'échapper à la conscription est remarquée, mais, après avoir été refusé lors d'un examen médical à son retour en Autriche (pour constitution « trop faible »), il retourne à Munich . En 1914 , exalté par l'entrée en guerre de l' Allemagne , Hitler s'engage comme volontaire. Il se bat sur le front ouest dans le 16e régiment d'infanterie bavarois . Soldat enthousiaste, il est apprécié de ses pairs et supérieurs, qui lui refusent toutefois un avancement, jugeant qu'il ne possède pas les qualités d'un chef. Il remplit pendant presque toute la durée de la guerre la mission d' estafette entre les officiers.

Fin septembre 1916 , sa division part pour la bataille de la Somme . Hitler est blessé une première fois à la cuisse, le 7 octobre. Il rentre se faire soigner en Allemagne, à l'hôpital de Beelitz, près de Berlin . Après une affectation à Munich , il revient sur le front des Flandres. Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1918 , sur une colline du sud de Werwick, près d' Ypres ( Belgique ), son unité subit un bombardement britannique au gaz moutarde . Touché aux yeux, il est évacué vers l'hôpital de Pasewalk , en Poméranie . Hitler est décoré de la Croix de fer 1 re classe (distinction rarement accordée à un soldat engagé mais facilement octroyée à une estafette , du fait de ses contacts avec les officiers) pour avoir accompli le dangereux transport d'une dépêche. Ironiquement, cette décoration lui est remise sur recommandation d'un officier juif. Alors que l'Allemagne est sur le point de capituler, la révolution gagne Berlin et la Kaiserliche Marine se mutine. Le Kaiser Guillaume II abdique et part pour les Pays-Bas avec sa famille. Le socialiste Philipp Scheidemann proclame la République. Deux jours plus tard, le nouveau pouvoir signe l' armistice . De son lit d'hôpital, Hitler est anéanti par cette annonce. Il affirme dans Mein Kampf y avoir eu une vision patriotique. À sa sortie d'hôpital en novembre 1918 , il retourne dans son régiment de Munich . Plus tard, il écrira que la guerre avait été « le temps le plus inoubliable et le plus sublime ».

La Bavière est alors entre les mains d'un gouvernement révolutionnaire, la Räterepublik (« République des conseils ») ; sa caserne est dirigée par un Soviet (« conseil »). Dégoûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein . Cependant, en 1919 , alors que le pouvoir est hésitant entre communistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD , Hitler se fait élire délégué de sa caserne, une première fois lorsque le pouvoir en Bavière est aux mains du SPD, puis une seconde fois en tant que délégué adjoint sous l'éphémère régime communiste (avril-mai 1919), juste avant la prise de contrôle de Munich par les troupes. Hitler n'a pas, pour autant adhéré à ces partis, et il probable que les soldats connaissaient ses opinions politiques nationalistes réelles. Dans Mein Kampf , Hitler donne de cet épisode un récit plutôt elliptique, mais assez clair quant à sa vision du monde : « En mars 1919 , nous étions de retour à Munich . La situation était intenable et poussait à la continuation de la révolution. La mort d' Eisner ne fit qu'accélérer l'évolution et conduisit finalement à la dictature des soviets , pour mieux dire, à une souveraineté passagère des Juifs, ce qui avait été originairement le but des promoteurs de la révolution et l'idéal dont ils se berçaient.

Au cours de cette nouvelle révolution de soviets, je me démasquai pour la première fois de telle façon que je m'attirai le mauvais oeil du soviet central. Le 27 avril 1919 , je devais être arrêté, mais les trois gaillards n'eurent point le courage nécessaire en présence du fusil braqué sur eux et s'en retournèrent comme ils étaient venus. Quelques jours après la délivrance de Munich , je fus désigné pour faire partie de la Commission chargée de l'enquête sur les événements révolutionnaires dans le 2e régiment d'infanterie. Ce fut ma première fonction active à caractère politique. » Hitler reste dans l'armée jusqu'au 31 mars 1921 et est chargé de surveiller un groupuscule politique, le Parti ouvrier allemand ( Deutsche Arbeiterpartei , DAP). Remarqué lors de l'une de ses interventions, il finit par y adhérer, et le transforme en NSDAP Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (« Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands »). En avril 1921 , il devient le chef du parti. Du fait de ses talents d'organisateur et d'orateur, le parti gagne rapidement en popularité.

Les 8 et 9 novembre 1923 , il conduit le coup d'État avorté connu comme le Putsch de la brasserie . Le NSDAP est aussitôt interdit. Arrêté, Hitler est accusé de conspiration contre l'État et condamné pour « haute trahison » le 1 er avril 1924 à cinq ans de réclusion criminelle, qu'il purge à la prison de Landsberg am Lech . Pendant sa détention, il écrit Mein Kampf ( Mon combat ), autobiographie et manifeste politique. Après seulement 13 mois de détention et malgré l'opposition déterminée du procureur Stenglein , il bénéfice d'une libération anticipée le 20 décembre 1924.Craignant d'être expulsé vers l' Autriche , Hitler renonce à la nationalité autrichienne le 30 avril 1925 . Devenu apatride , et bien qu'il soit interdit de parole en public jusqu'au 5 mars 1927 , il reconstruit son parti et retrouve une certaine popularité. C'est de cette époque que date l'entrée en scène de Joseph Goebbels , l'un de ses plus fidèles soutiens. En 1928 , le NSDAP semble pourtant marquer le pas et peine à remonter la pente : seuls 2,6% des votants lui accordent leur confiance aux élections législatives du 28 mai .

Mais l'instabilité politique (décès de Gustav Stresemann, chute du chancelier Hermann Müller , remplacé par le gouvernement conservateur et autoritaire de Brüning du Zentrum ) et surtout les conséquences catastrophiques de la crise de 1929 sur l'économie allemande très dépendante des États-Unis , apportent au NSDAP un succès foudroyant et imprévu aux élections du 14 septembre 1930  : avec 18,3% des voix et 107 sièges, le parti nazi devient le second du Reichstag ). Le septennat du président Hindenburg se terminant le 5 mai 1932 , la droite et le Zentrum , afin d'éviter de nouvelles élections, proposent de renouveler tacitement le mandat présidentiel. L'accord des Nazis étant nécessaire, Hitler exige la démission du chancelier Brüning et de nouvelles élections parlementaires. Hindenburg refuse. Le 22 février 1932 , Joseph Goebbels annonce la candidature d'Adolf Hitler à la Présidence de la République. Le 26 février , Hitler est opportunément nommé Regierungsrat , fonctionnaire d'État, ce qui lui confére automatiquement la nationalité allemande.

Après une campagne électorale sans précédent sur le plan de la propagande , Hitler obtient 30,1% des voix au premier tour le 13 mars 1932 et 36,8% au second tour en avril. Hindenburg est réélu. Lors des scrutins régionaux qui suivent l'élection présidentielle le NSDAP renforce ses positions. En 1932 , la situation se dégrade sur les plans économique et social (plus de 6 millions de chômeurs à la fin de l'année). L'agitation et l'insécurité politique sont à leur comble. Le gouvernement est incapable de réunir une majorité. Engagé dans un bras de fer avec Hitler, le président Hindenburg refuse toujours de le nommer chancelier . Toutes les tentatives de conciliations échouent. Même la baisse de popularité du NSDAP aux élections de novembre n'entame en rien sa détermination. Hitler est nommé à la Chancellerie de la République de Weimar le 30 janvier 1933 , avec le soutien de la droite organisé par l'ancien Chancelier Franz von Papen avec l'implication du Parti populaire national allemand . Le DNVP est dirigé par le magnat nationaliste de la presse Alfred Hugenberg , qui espère être ainsi avec Papen en mesure de contrôler le nouveau chancelier. Cependant le DNVP ne représente que 8 % des voix alors que les nazis en ont 33,1 %. Hitler obtient le soutien de l'armée, déborde ses partenaires, et met en route la Gleichschaltung (la « Mise au pas ») de l' Allemagne . L'incendie du Reichstag , le 27 février , lui permet de limiter les libertés civiles et d'éliminer ses opposants politiques, notamment les députés communistes du KPD, malgré l'illégalité de leur arrestation.

Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec 43,9 % des suffrages. Le 23 mars , le Reichstag vote la Loi des pleins pouvoirs ( Ermächtigungsgesetz ) accordant à Hitler les pouvoirs spéciaux pour quatre ans. C'est le début du durcissement du régime : les syndicats et partis politiques sont progressivement dissous à partir du mois de mai. Le 14 juillet , le NSDAP devient parti unique. Le 30 juin 1934 , durant la Nuit des longs couteaux , fort du soutien bienveillant de l'armée, le Chancelier fait assassiner plusieurs de ses partisans et de ses anciens ennemis politiques. Parmi eux Gregor Strasser et Ernst Röhm , chef de la SA. La mort du président Hindenburg le 2 août marque la fin de la République de Weimar . En vertu de la Constitution, le Chancelier exerce temporairement les pouvoirs du président défunt. Le même jour, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctions en une seule : Hitler devient Führer und Reichskanzler. La popularité du Führer provient notamment de son opposition au Diktat de Versailles , des succès diplomatiques et des succès économiques obtenus (notamment une importante réduction du chômage) par sa politique de réarmement. Encore qu'il ne faille pas oublier ni les conditions sociales et politiques dans lesquelles les améliorations économiques ont été obtenues, ni les pénibles situations de pénurie alimentaire et le manque de devises dès 1935 . L'adhésion des Allemands à sa politique (et plus encore à sa personne) fut importante, surtout au début. Le 2 janvier 1939 , il est élu Homme de l'année 1938 par le Time Magazine.

La diplomatie du Troisième Reich est essentiellement conçue et dirigée par Hitler en personne. Ses ministres des Affaires étrangères successifs ( Konstantin von Neurath puis Joachim von Ribbentrop ) relayent ses directives sans faire preuve d'initiatives personnelles. La diplomatie hitlérienne, par son jeu d'alliances, d'audaces, de menaces et de duperies, est un rouage essentiel des buts stratégiques que poursuit le Führer. En octobre 1933 , Hitler retire l'Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement, tout en prononçant des discours pacifistes. Sur la lancée, il obtient le rattachement de la Sarre à l'Allemagne par un plébiscite, le 13 janvier 1935 , avec 90,8% de oui. En 1935 , Hitler viole le Traité de Versailles , qui était destiné entre autres à empêcher l'Allemagne de rester une puissance militaire, en rétablissant la conscription et en lançant un programme de réarmement massif, créant notamment des forces navales ( Kriegsmarine ) et aériennes ( Luftwaffe ). En juin 1935 , Londres et Berlin signent un accord naval, qui autorise le Reich à devenir une puissance maritime. En mars 1936 , Hitler ordonne la remilitarisation de la Rhénanie , violant une nouvelle fois une clause du Traité de Versailles . C'est un coup de bluff : Hitler a donné comme consignes à ses troupes de se retirer en cas de riposte de l'armée française. Cependant, bien que l'armée allemande, à ce moment-là soit bien plus faible que ses adversaires, ni les Français ni les Anglais ne jugent utile de s'opposer à la remilitarisation. Le succès est éclatant pour Hitler.


Adolf Hitler et Rudolf Hess

Adolf Hitler et Rudolf Hess

 

En juillet 1936 , Hitler apporte son soutien aux insurgés nationalistes du général Franco lors de la Guerre d'Espagne . Il fait parvenir des avions de transports pour permettre aux troupes coloniales du Maroc espagnol de franchir le détroit de Gibraltar, lors des premiers jours cruciaux de l'insurrection. Tout comme Mussolini, il envoie ensuite du matériel militaire, ainsi qu'un corps expéditionnaire, la Légion Condor, qui permettra de tester les nouvelles techniques guerrières, notamment les bombardements aériens sur les populations civiles, à Guernica en 1937. L'Allemagne nazie et l' Italie fasciste (initiallement hostile sur un sujet comme l' Anschluss ) se rapprochent, une relation décrite par Benito Mussolini comme l' Axe Rome-Berlin , lors de la signature du traité d'amitié d'octobre 1936 . Ce rapprochement a été accéléré par l'éviction de l'Italie de la Société des Nations , suite à son agression contre l'Ethiopie . En mai 1939 , les deux pays signent un traité d'alliance militaire, le Pacte d'Acier. En novembre 1936 , l'Allemagne et le Japon signent le Pacte anti-Komintern , traité d'assistance mutuelle contre une éventuelle agression de l'URSS, auquel se joint l'Italie en 1937 . En septembre 1940 , la signature du Pacte tripartite entre le Troisième Reich, l'Italie et l'Empire du Japon, formalise la coopération entre les puissances de l'Axe pour établir un « nouvel ordre ». Ce pacte oblige l'Allemagne à déclarer la guerre aux États-Unis après l' attaque japonaise sur Pearl Harbor .

Afin de réaliser l' Anschluss , rattachement de l' Autriche au Troisième Reich interdit par le Traité de Versailles, Hitler s'appuie sur l'organisation nazie locale. Celle-ci tente de déstabiliser le pouvoir autrichien, notamment par des actes terroristes. Un coup d'État échoue en juin 1934 , malgré l'assassinat du chancelier Engelbert Dollfuss . L'Italie a avancé ses troupes dans les Alpes pour contrer les velléités expansionnistes allemandes, et les nazis autrichiens sont sévérement réprimés par un régime autrichien de type fasciste. Début 1938 , l'Allemagne est davantage en position de force et est alliée avec l'Italie. Hitler exerce alors des pressions sur le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg , lui sommant, lors d'une entrevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des nazis dans son gouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart au ministère de l'Intérieur. Devant la menace croissante des nazis, Schuschnigg annonce en mars l'organisation d'un referendum pour confirmer l'indépendance de l'Autriche. Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise complète du pouvoir aux nazis autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre en Autriche. Le lendemain, l'Autriche est officiellement rattachée au Reich, ce qui est approuvé par referendum (99% de oui) en avril 1938 .

Le Grossdeutschland (« Grande Allemagne ») était ainsi créé, avec la réunion des deux États à population germanophone. Poursuivant ses objectifs pangermanistes , Hitler menace ensuite la Tchécoslovaquie . Les régions de la Bohème et de la Moravie situées le long des frontières du Grossdeutschland , appelé Sudètes , sont majoritairement peuplées par la minorité allemande de Tchécoslovaquie.  Comme pour l'Autriche, Hitler affirme ses revendications en s'appuyant sur les agitations de l'organisation nazie locale, menée par Konrad Henlein . Le Führer évoque le « droit des peuples » pour exiger de Prague l'annexion au Reich des Sudètes. Bien qu'alliée à la France (et à l' URSS ), la Tchécoslovaquie ne peut compter sur son soutien. Paris veut absolument éviter le conflit militaire, incitée en cela par le refus britannique de participer à une éventuelle intervention. Le souvenir de la Grande Guerre influence également cette attitude : si les Allemands ont développé le désir de revanche, les Français entretiennent quand à eux une ambiance générale résolument pacifiste.

Le 29 septembre 1938 , réunis dans la capitale bavaroise, Adolf Hitler, le président du Conseil français Édouard Daladier, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain et le Duce italien Benito Mussolini , signent les accords de Munich . La France et le Royaume-Uni acceptent que l'Allemagne annexe les Sudètes , pour éviter la guerre. En échange, Hitler, manipulateur, assure que les revendications territoriales du Troisième Reich cesseront. Le lendemain, la Tchécoslovaquie , qui avait commencé à mobiliser ses troupes, est obligée de s'incliner. Parallèlement, le Troisième Reich autorise la Pologne et la Hongrie à s'emparer respectivement de la ville de Teschen et du sud de la Slovaquie . Alors que les opinions publiques françaises et britanniques sont enthousiastes, Winston Churchill commente : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur. Et vous allez avoir la guerre. » De fait, Hitler rompt sa promesse quelques mois plus tard.

En mars 1939 , Hitler, lors d'une entrevue à Berlin avec le président tchécoslovaque Emil Hácha (remplacant le président démissionnaire Edvard Beneš ), menace de bombarder Prague si la Bohème et la Moravie ne sont pas incorporées au Reich. Le 15 mars, Hácha cède, et l'armée allemande entre à Prague le lendemain. La Bohème et la Moravie deviennent un protectorat du Reich, dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre 1939. La Slovaquie proclame son indépendance ; son leader, Jozef Tiso place son pays sous l'orbite allemande. En mettant la main sur la Bohème-Moravie , le Reich dispose par la même occasion d'une importante industrie sidérurgique et notamment des usines Škoda , qui permettent de construire des chars d'assaut. Après l'Autriche et la Tchécoslovaquie , vient le tour de la Pologne . Coincée entre deux nations hostiles, la Pologne de Józef Pilsudski a signé avec le Reich un traité de non-agression en janvier 1934 , pensant ainsi se prémunir contre l' URSS . L'influence de la France, allié traditionnel de la Pologne, en Europe centrale a ainsi considérablement diminué, tendance qui s'est confirmée ensuite avec le démembrement de la Tchécoslovaquie et la désagrégation de la Petite Entente (Prague, Bucarest , Belgrade ), alliance placée sous le patronnage de Paris.

Au printemps 1939 , Hitler revendique l'annexion de la Ville libre de Dantzig . En mars, l'Allemagne a déjà annexé la ville de Memel , possession de la Lituanie . Ensuite, Hitler revendique directement le corridor de Dantzig , territoire polonais perdu par l'Allemagne avec le Traité de Versailles en 1919 . Cette région donne à la Pologne un accès à la mer Baltique et sépare la Prusse orientale du reste du Reich. Le 23 août 1939 , Ribbentrop et Molotov , ministres des Affaires Étrangères de l'Allemagne et l' URSS signent un pacte de non-agression . Ce pacte est un nouveau revers pour la diplomatie française . En mai 1935 , le gouvernement de Pierre Laval avait signé avec l'URSS un traité d'assistance mutuelle , ce qui eut pour conséquence de refroidir les relations de la France avec la Pologne, mais aussi avec les Tories au pouvoir à Londres. Avec le pacte de non-agression germano-soviétique, la France ne peut plus compter sur l'URSS pour menacer une Allemagne expansionniste. En outre, la Pologne est prise en tenaille. L'Allemagne et l'URSS ont convenu d'un partage de leurs zones d'influence : Pologne occidentale pour la première, Pologne orientale ( Polésie , Volhynie , Galicie orientale) et Pays baltes pour la seconde.

Le 30 août 1939 , Hitler lance un ultimatum pour la restitution du corridor de Dantzig . La Pologne refuse. Cette fois-ci, la France et le Royaume-Uni sont décidés à soutenir le pays agressé. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale. Une fois la France vaincue en 1940 , Hitler sattellise les pays d'Europe centrale : Slovaquie , Hongrie , Roumanie , Bulgarie . Hitler obtient l'adhésion de la Hongrie et de la Bulgarie, ancien vaincus de la Première Guerre mondiale, en leur offrant respectivement la moitié de la Transylvanie et la Dobroudja , cédées par la Roumanie, où le général pro-hitlérien Ion Antonescu prend le pouvoir en septembre 1940. À partir de juin 1941, Hitler entraîne la Slovaquie, la Hongrie, et la Roumanie dans la guerre contre l'URSS, ainsi que la Finlande , qui y voit une occasion de réparer les torts de la guerre russo-finlandaise . Cependant, Hitler échoue en ce qui concerne l' Espagne franquiste . Comptant sur la reconnaissance du Caudillo qui a gagné la guerre civile espagnole en grande partie grâce à son soutien, il le rencontre à Hendaye le 23 octobre 1940. Hitler espère notamment pouvoir obtenir l'autorisation de Franco pour conquérir Gibraltar et couper les voies de communications anglaises en Méditerranée. Les contreparties exigées par Franco (notamment des compensations territoriales en Afrique du Nord française), dont le pays est par ailleurs ruiné, sont irréalisables pour Hitler, qui souhaite ménager quelque peu le régime de Vichy pour l'amener sur la voie de la collaboration . Celle-ci sera d'ailleurs officialisée le lendemain par Pétain lors de son entrevue avec le Führer à Montoire .

En novembre 1941 , le Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini , rencontre Adolf Hitler et Heinrich Himmler , souhaitant les amener à soutenir la cause nationaliste arabe. Il obtient d'Hitler la promesse « qu'une fois que la guerre contre la Russie et l'Angleterre sera gagnée, l'Allemagne pourra se concentrer sur l'objectif de détruire l'élément juif demeurant dans la sphère arabe sous la protection britannique». Amin al-Husseini relaie la propagande nazie en Palestine et dans le monde arabe et participe au recrutement de combattants musulmans, concrétisé par la création des divisions de Waffen SS Handschar , Kama et Skanderberg , majoritairement formées de musulmans des Balkans. Ce soutien des nazis au Grand Mufti de Jérusalem est contradictoire avec la politique antisémite dans les années 1930, qui a pour conséquence l'émigration d'une grande partie des juifs allemands vers la Palestine . Quant au Grand Mufti, sa stratégie est guidée par le principe selon lequel l'ennemi de ses ennemis (en l'occurence les Anglais et les juifs) doit être son allié.

Du point de vue hitlérien, il s'agit essentiellement d'ébranler les positions de l'empire britannique au Moyen-Orient devant l'avancée de l' Afrikakorps et de permettre le recrutement d'auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans, alors que l'hémorragie de l'armée allemande devient problématique. Hitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de la première phase de la Seconde Guerre mondiale . La Wehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair, impliquant un emploi massif et concentré des bombardiers et des blindés), qui lui permet d'occuper successivement :
 

  • la Pologne ( septembre 1939 ),
  • le Danemark ( avril 1940 ),
  • la Norvège (avril- mai 1940 ),
  • les Pays-Bas,
  • le Luxembourg et la Belgique (mai 1940),
  • la France (mai- juin 1940 ),
  • la Yougoslavie ( avril 1941 )
  • et la Grèce (avril- mai 1941 ).


Six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Yougoslavie), neutres, sont attaqués par surprise. Hitler a souvent exprimé à ses proches collaborateurs son sentiment selon lequel les traités diplomatiques ou de non-agression qu'il signait au nom de l'Allemagne n'était, pour lui, que des papiers sans réelle valeur, uniquement destinés à endormir la méfiance adverse. Autodidacte en matière de culture militaire, Hitler juge que les généraux de la vieille école dominant la Wehrmacht , souvent issus de l'aristocratie prussienne (généralement méprisée par les nazis qui se considèrent révolutionnaires), sont dépassés par les conceptions de la guerre moderne ( Blitzkrieg , guerre psychologique) et sont d'un tempérament trop prudent. Les succès militaires sont avant tout ceux de jeunes généraux talentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel , qui savent faire preuve d'audace, d'initiatives et ont une conception de la guerre plus novatrice que leurs adversaires.

Toutefois, Hitler lui-même démontre une certaine habileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé que la France ne bougera pas pendant que la Pologne sera envahie, évitant à l'Allemagne de combattre sur deux fronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôle de guerre . Il est également en grande partie à l'origine du plan dit " von Manstein ", qui permet, en envahissant la Belgique et la Hollande, de piéger les forces franco-britanniques projetées trop en avant et de les prendre à revers par une percée dans les Ardennes dégarnies, pour isoler le meilleur des troupes adverses acculées à Dunkerque en mai - juin 1940 . Cependant, Hitler ordonne à ses troupes de marquer un arrêt devant le port d'où rembarquent les troupes anglaises, ordre qualifié plus tard de " miracle de Dunkerque ".

La défaite de la France en juin 1940, est l'occasion pour Hitler de profiter d'un véritable triomphe, acclamé par une foule massive à son retour à Berlin. Avant l'invasion de la Russie un an plus tard, l'Allemagne hitlérienne domine l'Europe, occupant la Bohême - Moravie , la Pologne , le Danemark , la Norvège , les Pays-Bas , la Belgique , le Luxembourg , la France , la Yougoslavie et la Grèce. Avec ses succès militaires et la disparition de l'influence française en Europe centrale, la Slovaquie , la Hongrie , la Roumanie (et ses champs de pétrole, obsession continuelle de Hitler durant la guerre) et la Bulgarie , en adhérant au Pacte tripartite au cours de l'année 1940 , tombent dans l'orbite de l'Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futures actions. Entre juin 1940 et juin 1941 , le seul adversaire de l'Allemagne nazie est le Royaume-Uni appuyé par le Commonwealth . Hitler, plutôt enclin à des relations cordiales avec les Anglais, espère que le gouvernement britannique finira par négocier la paix et ne plus intervenir sur le continent. Hitler compte sur l'action de la Luftwaffe , puis les attaques des sous-marins contre les convois de marchandises ( bataille de l'Atlantique ), pour faire plier le Royaume-Uni.

Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill , qui contraste avec les atermoiements de ses prédecesseurs, contrarie les plans du Führer . Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis, soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler s'avére aussi et surtout être un commandant en chef brouillon et imprévisible, dédaigneux de l'opinion de son état-major. Il peut compter sur la très grande servilité de celui-ci, et en premier lieu du chef de l' OKW (haut commandement des forces armées), Wilhelm Keitel. Chez Hitler, un manque fréquent de réalisme se double souvent d'impairs stratégiques. Sa première grosse erreur a sans doute été d'ouvrir un deuxième front, en envahissant l'immense URSS sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni . Persuadé d'avoir une tâche monumentale qu'il aura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquer l'URSS, adversaire principal et doctrinal, dans des délais rapides. En outre, le Führer est inconscient de bien des problèmes du front. Accueillant très mal les mauvaises nouvelles ou qui ne correspondent pas à ses plans, ses subordonnés hésitent à les lui transmettre.

Au lancement de l'opération Barbarossa contre l' URSS en juin 1941, Hitler, considérant que l' Armée rouge s'écroulera rapidement, envisage d'atteindre avant la fin de l'année une ligne Arkhangelsk - Astrakhan . Il divise son armée en trois groupes :
 


À ce dispositif s'ajoutent les alliés finlandais au Nord, hongrois et roumains au Sud, ces derniers étant considérés comme peu fiables par Hitler et son état-major. En août 1941, Hitler donne la priorité à la conquète de l'Ukraine, objectif économique avec ses terres céréalières et ses mines, par le GAS. Ce faisant, il oblige le GAC à stopper, alors qu'il était parvenu à 300 kilomètres de Moscou et qu'il avait déjà parcouru plus du double en un mois. L'offensive sur ce secteur reprend en octobre, mais ce contretemps fait intervenir un adversaire redoutable : l'hiver russe. Hitler a négligé ce facteur autant qu'il a sous-estimé, du fait de sa haine des Slaves et du communisme, la qualité des troupes soviétiques. L'arrivée de troupes fraîches de Sibérie leur permet de dégager Moscou et de faire reculer les Allemands, mal préparés aux dures conditions climatiques. La Wehrmacht a alors perdu 700 000 hommes (tués, blessés, prisonniers), soit un quart de son effectif sur ce front. En décembre 1941, après l'échec des Allemands devant Moscou , Hitler prend directement le commandement de la Wehrmacht sur le front russe, évinçant le général von Brauchitsch . Pendant l'offensive d'été en Russie du Sud en 1942 , il répète l'erreur de l'année précédente en divisant un groupe d'armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable. Le groupe A se dirige vers le Caucase et ses champs de pétrole , le groupe B se dirige vers Stalingrad .

Jusqu'à la débâcle de 1945, Hitler ordonne continuellement à ses troupes, sur quelque front que ce soit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de force largement en faveur des Soviétiques ou des Alliés, ou des conditions du terrain, qu'il ne constate jamais sur place. Cette attitude est particulièrement flagrante lors de la bataille de Stalingrad , quand il refuse à l'armée encerclée de Paulus la permission d'opérer une retraite. De nouveau, il refuse d'évacuer l'Afrique du Nord, prise en tenaille par les Américains et les Anglais, malgré les conseils de Rommel lors de la campagne de Tunisie en février - mai 1943 . Ces deux refus de retraiter coûte à chaque fois environ 250 000 tués ou prisonniers à l'armée allemande. Lors de la bataille de Normandie , Hitler retarde l'envoi de Panzerdivisionen pour rejeter les forces alliées, pensant que l' opération Overlord est une diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu dans le Pas-de-Calais , ce qui était d'ailleurs l'objectif de l' opération Fortitude , intoxication des services secrets alliés.

En août 1944 , il ordonne au général von Kluge d'effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des troupes américaines à Avranches . Cependant, les troupes allemandes engagées dans cette opération ne peuvent avancer jusqu'à leurs objectifs en raison des bombardements alliés massifs, et elles sont prises dans une nasse refermée par Patton et Montgomery , dans la poche de Falaise où 50 000 Allemands sont fait prisonniers. Paris est libérée quelques jours plus tard, intacte, bien que le Führer eut ordonné sa destruction. La capitale de la Pologne n'a pas la même chance, car après l' insurrection de Varsovie , en août- septembre 1944 , plus du tiers de la ville est rasée sur ordre personnel d'Hitler. Hitler a échappé à plusieurs tentatives d'assassinat. En novembre 1939, il a évité en prenant le train une bombe placée dans son avion par Johann Georg Elser . Au fur et à mesure que l'issue de la guerre se précisait dans le sens d'une défaite, plusieurs gradés militaires ont comploté avec des civils pour éliminer Hitler. Bien que les Alliés aient exprimé le choix d'une reddition sans condition lors de la conférence d'Anfa , en janvier 1943 , les conjurés espèrent renverser le régime afin de négocier un règlement politique du conflit.

Parmi eux, l'amiral Wilhelm Canaris , chef de l' Abwehr (services secrets), Karl Gördeler , l'ancien maire de Leipzig, ou encore le général Ludwig Beck . Ce dernier, après la défaite de Stalingrad, met en marche le complot sous le nom d' opération Flash , mais la bombe placée le 13 mars 1943 dans l'avion de Hitler, en visite sur le front de l'Est , n'explose pas. Le 20 juillet 1944 , à la Wolfsschanze , Hitler est blessé dans un attentat lors d'une tentative de coup d'État d'officiers organisée par Claus Schenk von Stauffenberg , qui est durement réprimée. Compromis, les maréchaux Erwin Rommel et Günther von Kluge sont obligés de se suicider, tandis que l'amiral Canaris, est envoyé dans un camp de concentration. Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de plus en plus irréalistes compte tenu de l'écrasante supériorité de l' Armée rouge et des Alliés . Les réunions entre Hitler et son chef d'état-major (depuis juillet 1944) Heinz Guderian sont de plus houleuses, et ce dernier fini par être renvoyé le 28 mars. Devant ses proches, Hitler déclare que les "armes miracles" (dont les V1 , V2 et les premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 ) vont renverser la situation, ou que les Alliés arrêteront de combattre le Troisième Reich pour s'attaquer à l' URSS .

Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé décline rapidement, n'apparait plus en public et reste la plupart du temps à Berlin. C'est Joseph Goebbels , le chef de la propagande , par ailleurs commissaire à la défense de Berlin et responsable de la Volksturm , qui se charge d'exhorter les troupes et les foules. Convaincu que l'Allemagne ne pourra survivre à une défaite devenue inéluctable, Hitler ordonne le 19 mars 1945 la destruction des industries, des installations militaires, des magasins, des moyens de transport et de communications. Cet ordre ne sera pas respecté. Albert Speer , ministre de l'armement et architecte du Reich, a prétendu devant le tribunal de Nuremberg qu'il avait pris les mesures nécessaires pour que les directives de Hitler ne soient pas accomplies par les gauleiters. Le 30 avril 1945 , alors que l' Armée rouge encercle Berlin, Adolf Hitler se suicide en compagnie d'Eva Braun qu'il venait d'épouser, dans le Führerbunker . Dans son testament politique, il écarte Hermann Göring et Heinrich Himmler , qu'il accuse de trahison. Le premier est accusé d'avoir tenté de le renverser et le second d'avoir négocié en secret avec les Alliés. Il désigne l'amiral Karl Dönitz comme successeur. Son corps est incinéré par son chauffeur Erich Kempka et son aide de camp Otto Günsche , dans un cratère de bombe près du bunker.

Hitler et les Juifs

Hitler avait présenté ses thèses raciales et antisémites dans son livre Mein Kampf ( Mon combat ), rédigé en 1924 , lors de son incarcération dans la forteresse de Landsberg, après son putsch raté de Munich . Si son succès fut modeste dans un premier temps, il fut tiré à plus de 10 millions d'exemplaires traduits en seize langues jusqu'en 1945, référence de l'orthodoxie nazie du Troisième Reich. Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impliquant une inégalité et une hiérarchie des « races », et son aversion particulière envers les Slaves , les Tsiganes , et surtout les Juifs . Présentés comme des « races inférieures », ils sont qualifiées d' Untermenschen (sous-hommes). Dans la fantasmagorie hitlérienne, les juifs sont une « race » de « parasites » ou de « vermine » dont il faut débarasser l'Allemagne. Il les rend responsables de l'effondrement de l'arrière et de la défaite allemande en 1918 , ainsi que de la décadence culturelle, physique, sociale, de la prétendue civilisation aryenne. Mein Kampf recycle donc la thèse du complot juif déjà développée dans les Protocoles des Sages de Sion . Hitler puise son antisémitisme et ses théories raciales dans des idéologies de son temps. À Vienne , durant sa jeunesse, les juifs, bien intégrés dans l'élite, sont souvent accusés de la décomposition de l'empire d' Autriche-Hongrie .

La haine des juifs est exacerbée par la défaite de la Première Guerre mondiale . Concernant ses idées sur les races humaines, Hitler les tient du livre Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts (« Génèse du dix-neuvième siècle », 1899) du théoricien britannique d'expression allemande Houston Stewart Chamberlain , dont les thèses reprenaient elles-mêmes celles de l' Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) du racialiste français Gobineau  ; il s'inspire également du darwinisme social de Herbert Spencer tel que le prônait la Deutsche Monistbund (« Ligue moniste allemande ») fondée par Ernst Haeckel. Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doctrines pangermanistes de création d'un « espace vital » allemand ( Lebensraum ) en Europe de l'Est. Selon cette doctrine, les territoires habités par des Allemands doivent être unifiés. Puis, ils doivent être élargis, car trop étroits par rapport aux besoins matériels de leurs populations, et dans une position stratégique inconfortable entre des puissances hostiles à l'ouest et à l'est. Hitler cible également deux adversaires fondamentaux : les communistes et la France, considérée comme dégénérescente (car métissée de juifs et de noirs des colonies), et contre qui l'Allemagne doit se venger de l'humiliant Traité de Versailles .

Adolf Hitler fut obsédé par l'idée fallacieuse de pureté d'une prétendue « race » aryenne, la « race » supérieure dont les Allemands étaient censés être les meilleures représentants, tout comme les autres peuples nordiques (Norvégiens, Danois, Suédois). La notion de « race » aryenne devait être présentée comme une donnée scientifique, et des recherches anthropologiques ou des cours d'université furent menés dans ce sens (Himmler créa un institut scientifique, l' Ahnenerbe ). En fait, les Aryens étaient un groupe de peuplades nomades vivant en Asie Centrale au IIIème millénaire av. JC et sans liens avec les Allemands. Toujours est-il que la notion d'« aryen » devient avec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques que ces scientifiques nazis ont tenté de justifier par de prétendues données objectives. La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiques de l'homme germanique grand, blond et athlétique, tel que le représenta Arno Breker , le sculpteur favori d'Hitler. Parallèlement, Hitler développe un intérêt particulier pour le paganisme nordique pré-chrétien, plus conforme à ses théories raciales qu'un christianisme trop humaniste. La religion des dieux Wotan et Thor avait notamment été glorifiée par les opéras de Richard Wagner, dont Hitler était un fervent admirateur. Heinrich Himmler fut le fidèle hitlérien qui poussa le plus loin cette passion, et on retrouve ce symbolisme mythologique dans l'uniforme et les rituels des SS , « chevaliers noirs » du Troisième Reich .

Dans l'Allemagne nazie, les juifs étaient naturellement exclus de la communauté du peuple allemand ( Volksgemeinschaft ). Le 1 er  avril 1933 , les docteurs, avocats et commerçants juifs sont l'objet d'une vaste campagne de boycott, mise en œuvre notamment par les SA . Ces milices créées par Hitler avaient déjà perpétré, dès le début des années 1920, des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril , deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, la Loi « pour le rétablissement d'une fonction publique professionnelle » exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements (sauf les anciens combattants et ceux qui étaient en service depuis plus de dix ans). Le 15 septembre 1935 , Hitler, officialisant un antisémitisme d'État jusque là modéré, proclame les lois de Nuremberg , comprenant les lois « pour la protection du sang et de l'honneur allemand » et « sur la citoyenneté du Reich ». Celles-ci interdisent aux juifs l'accès aux emplois de la fonction publique et aux postes dans les universités, l'enrôlement dans l'armée ou la pratique de professions libérales. Ils ne peuvent plus avoir de permis de conduire. Les juifs sont déchus de leur nationalité allemande et les mariages mixtes ou les relations sexuelles entre juifs et Allemands sont également interdits. L'objectif est la ségrégation complète entre le peuple allemand et les juifs, ce qui est valable également pour les écoles, le logement ou les transports en commun. En 1937, une "loi d'aryanisation" vise à déposséder les juifs des entreprises qu'ils possèdent. Incités par ces mesures, les juifs allemands émigrent masssivement : environ 400 000 départs en 1933-1939 en comptant les Autrichiens (sur environ 660 000), vers les Amériques, la Palestine ou l'Europe de l'Ouest.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 , c'est un véritable pogrom , la Nuit de cristal , qu'organise Joseph Goebbels à la demande d'Hitler, le prétexte étant l'assassinat à Paris d'un diplomate du Reich par un juif allemand. Les magasins juifs sont saccagés et la plupart des synagogues sont incendiées. Près de 30 000 juifs sont internés dans des camps de concentration ( Dachau , Buchenwald , Sachsenhausen ). À la suite de ces évènements, la communauté juive, tenue pour responsable des violences, est sommée de payer une amende de un milliard de marks . Les biens des juifs sont massivement spoliés. À noter que parmi les Allemands entrés en résistance, très peu l'ont fait en raison de ces mesures antisémites. La majorité de la population allemande, aidée en cela par la propagande de Goebbels ou Streicher , était convaincue de l'existence d'une "question juive". Ce conditionnement permettra la participation de nombre d'entre eux à l'extermination des juifs.

L'allusion à l'extermination physique des juifs dans Mein Kampf fait encore débat dans la communauté des historiens. Certains d'entre eux signalent que ce projet n'est pas explicitement décrit dans ce livre, d'autres analysent la haine des juifs qui y est contenue comme suffisamment alarmante. Si on peut imaginer que le projet d'extermination totale des juifs a pu germer dans l'esprit d'Hitler et de ses séides assez tôt, il ne semble pas qu'il y ait eu un plan précis pour passer à l'acte avant la guerre, et rien n'indique qu'initiallement, il était prévu par les dirigeants nazis que ce devait être la finalité des premières mesures antisémites. Cependant, d'après les mots du procureur général américain Robert Jackson lors du procès de Nuremberg , « la détermination à détruire les juifs a été une force qui à chaque moment a cimenté les éléments de la conspiration ». Les dirigeants nazis ont longtemps envisagé, parmi d'autres « solutions » comme la création de zones de relégation, d'expulser l'ensemble de la communauté juive allemande sans l'exterminer, mais aucune phase de réalisation concrète n'a été enclenchée. Des projets d'installation des juifs en Afrique ( Plan Madagascar ) ont notamment été envisagés. Le déclenchement de la guerre radicalise les persécutions antisémites au sein du Troisième Reich. La prolongation de la guerre contre le Royaume-Uni ne permet plus d'envisager ces déportations, de même que l'idée d'un déplacement des juifs d'Europe en Sibérie est abandonnée.


Reinhard HeydrichReinhard Heydrich

 

L'occupation de la Pologne en septembre 1939 a placé sous contrôle allemand plus de 3 000 000 de juifs. Ceux-ci sont rapidement parqués dans des ghettos , dans les principales villes polonaises. L'attaque contre l' URSS , à partir du 21 juin 1941 , place sur un même plan la conquète du Lebensraum et l'éradication du « judéo- bolchévisme  ». Des unités de la SS , les Einsatzgruppen , souvent secondées par des unités de la Wehrmacht , fusilleront sommairement plus d'un million de juifs sur le front de l'Est. Le 20 janvier 1942 , lors de la conférence de Wannsee , quinze responsables du Troisième Reich, sous la présidence du chef du RSHA Reinhard Heydrich , élaborent la «  solution finale au problème juif  » ( Endlösung der Judenfrage ), soit l'extermination totale des juifs en Europe. Hitler n'a jamais formellement écrit un ordre, mais ces décisions respectaient l'orientation générale de ses objectifs. Himmler , Heydrich et Göring ont prit la part la plus importante dans la mise en place administrative de la Shoah au sommet de l'État. Sur le terrain, l'extermination des juifs a été souvent le fait d'initiatives locales, d'officiers de la SS. Deux proches collaborateurs d'Hitler, Hans Frank , gouverneur général de la Pologne , et Alfred Rosenberg , ministre des Territoires de l'Est, y ont également pris une part active. Lors de l'été 1942, Himmler retient le procédé d'exécution massive par les chambres à gaz testé à Auschwitz . Au total, près de 1 700 000 juifs, surtout d'Europe centrale et orientale, ont été gazés à Sobibor , Treblinka , Belzec , Chelmno et Maïdanek . Dans le camp de concentration et d' extermination d' Auschwitz-Birkenau , 1 000 000 de juifs ont périt.

Le génocide des Tsiganes ou Porajmos est une autre conséquences des théories raciales nazies. Le Troisième Reich mit sur pied l'Office central pour la lutte contre le péril tsigane. Considérés à la fois comme « asociaux » et racialement inférieurs, les Tsiganes d'Europe furent déportés vers les camps de concentration et d'extermination de la Pologne. Seule la tribu des Sinti échappa à ce sort, étant censée n'être point « abâtardie » (paradoxalement, les Tsiganes sont originaire du nord de l' Inde , berceau de la race aryenne pour les nazis). Pendant la Seconde Guerre mondiale, 240 000 Tsiganes (sur 700 000) furent exterminés en Europe (essentiellement à l'Est et dans les Balkans ), en grande partie avec le concours des collaborateurs des territoires occupés. L'extension du Lebensraum allemand devait fatalement se réaliser aux dépens des population slaves repoussées vers l'Est. Pour Hitler, la Pologne , les Pays baltes et l' Ukraine devaient être traitées comme des colonies. À ce sujet, Hitler aurait dit, selon Hermann Rauschning , en 1934 : « Ainsi s'impose à nous le devoir de dépeupler, comme nous avons celui de cultiver méthodiquement l'accroissement de la population allemande. Vous allez me demander ce que signifie "dépeuplement", et si j'ai l'intention de supprimer des nations entières ? Eh bien, oui, c'est à peu près cela. La nature est cruelle, nous avons donc le droit de l'être aussi ».

Les populations non germaniques sont expulsées des territoires annexés par le Troisième Reich après la défaite de Varsovie en 1939 , et sont dirigées vers le Gouvernement général de la Pologne , entité totalement vassalisée. Dès octobre 1939, l'Office central de sécurité du Reich ( RSHA ), programme la « liquidation physique de tous les éléments polonais qui ont occupé une quelconque responsabilité en Pologne [ou] qui pourront prendre la tête d'une résistance polonaise ». Sont visés les prêtres, les enseignants, les médecins, les officiers, les fonctionnaires et les commerçants importants, les grands propriétaires fonciers, les écrivains, les journalistes, et de manière générale, toute personne ayant effectué des études supérieures. Des commandos SS sont chargés de cette besogne. Ce traitement extrêmement dur aura causé la mort de près de 2 200 000 Polonais. En comptant les 3 000 000 de juifs polonais, c'est environ 15% de la population civile polonaise qui a disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec l'invasion de l'URSS, la répression contre les slaves prend une tournure plus massive, bien que certaines populations, notamment les nationalistes ukrainiens aient été initiallement disposées à collaborer contre le régime stalinien . Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par les Allemands a été particulièrement inhumain : 3 700 000 d'entre eux sur 5 500 000 meurent de faim, d'épuisement ou de maladie. Les commissaires politiques sont systématiquement abattus. Les actions des partisans sont l'occasion de représailles impitoyables, aussi bien en URSS qu'en Yougoslavie. Environ 11 500 000 civils soviétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mondiale .

Les doctrines raciales nazies impliquaient également d'« améliorer le sang allemand ». Des stérilisations massives, appliquées avec le concours des médecins, furent ainsi entreprises dès 1934 , portant sur près de 400 000 « asociaux » et malades héréditaires. Par ailleurs, 5000 enfants trisomiques , hydrocéphales ou handicapés moteurs disparaissent. Avec la guerre, un vaste programme d' euthanasie des malades mentaux est lancé sous le nom de code «  Action T4  », sous la responsabilité directe de la chancellerie du Reich et de Karl Brandt , médecin personnel d'Hitler. Hitler assure en 1939 l'impunité aux médecins sélectionnant les personnes envoyées à la mort, libérant ainsi des places dans les hôpitaux pour les blessés de guerre. Comme pour les juifs, les victimes sont gazées dans de fausses salles de douche. Malgré le secret entourant ces opérations, l'euthanasie est condamnée publiquement par l'évêque de Münster en août 1941 . Elle cesse officiellement mais continue dans les camps de concentration . Environ 200 000 schizophrènes , épileptiques , séniles , paralytiques ont ainsi été exécutés. Hitler rejetait dans un même mépris capitalisme et marxisme . Son nationalisme raciste transcendait le clivage traditionnel capital/social : il rêvait d'un peuple uni par une race et une culture communes. La propagande hitlérienne est essentiellement guidée par des considérations d'opportunité politique, mais comporte des points de fixation : le nationalisme et l'anti-marxisme, suivi de près par une obsession de la « pureté » raciale.

Il est clairement préoccuppé par le problème de cohésion nationale et parle d'« espace vital » pour le développement des allemands en général. Ayant lui-même enduré des privations à l'époque où il vagabondait à Vienne dans sa jeunesse, il constate amèrement puis avec rage l'impéritie d'une démocratie affaiblie et méprisable. Pendant les années 1920, il dut louvoyer entre les tendances « droitistes » (de l'armée et de la droite traditionnelle, du patronat qui finançait son parti) et « gauchistes » (de certains de ses partisans, comme Ernst Röhm ou Gregor Strasser qui exigeait une révolution sociale autant que nationaliste). Après le lamentable échec du putsch de 1923 , son problème consiste à capter et conserver un maximum de voix en vue de conquérir électoralement le pouvoir. Le pragmatisme économique brutal de Hitler est mis en oeuvre grâce au pouvoir dictatorial qu'il s'est arrogé par la dissolution de fait de la République de Weimar en 1933-34. En quelques années, l'économie allemande est remise sur pied entre autre grâce à des emplois publics crées par l'État national-socialiste (autoroutes, travaux d'intérêt généraux, etc). Le réarmement n'interviendra que plus tard, après relance de l'économie.

D'après William L. Shirer , dans son livre sur le Troisième Reich, il diminue également de 5% tous les salaires dans le pays, permettant de dégager des ressources pour relancer l'économie. Ce qui semble  confirmer, toujours selon Shirer, la nature interventionniste, voire keynésienne de ses directives. Après la purge de Röhm et la liquidation des SA, Hitler refuse l'idée d'une révolution sociale. Il tient à garder de bons rapports avec ceux qui lui ont permis de prendre le pouvoir, c'est-à-dire les grands industriels, certains financiers et l'armée. On voit là également sa haine de toute idée marxiste. Ainsi, une de ses premières mesures à son arrivée au pouvoir sera la suppression de tous les syndicats . La politique économique et sociale doit encourager la propriété privée pour le plus grand nombre grâce à la main correctrice de l'État. Roosevelt a fait de même aux USA à la même époque avec son New Deal .

Dès mai 1933, Hitler fait dissoudre les syndicats , pour laisser la place au Deutsche Arbeitsfront (DAF), Front allemand du travail, organisation unitaire nazie, dirigée par Robert Ley . Le DAF permit aux patrons d'exiger davantage de leurs salariés, tout en garantissant à ceux-ci une sécurité de l'emploi et une sécurité sociale. Officiellement volontaire, l'adhésion au DAF est de fait obligatoire pour tout Allemand désirant travailler dans l'industrie et le commerce. Plusieurs sous-organisations dépendaient du DAF, dont Kraft durch Freude (la Force par la joie), chargée des loisirs des travailleurs. Entre 1934 et 1937, son ministre de l'Économie, Hjalmar Schacht , ancien directeur de la Reichsbank, a pour mission de soutenir l'intense effort de réarmement du Troisième Reich. Pour atteindre cet objectif, il met en place des montages financiers hasardeux, creusant le déficit de l'État. Par ailleurs une politique de grands travaux, portant notamment sur des autoroutes (déjà planifiées par les précédents gouvernements), est poursuivie, développant ainsi une politique keynésienne d'investissements de l'État. Le chômage baisse nettement, passant de 3,5 millions de chômeurs en 1930 à 200000 en 1938 . Cependant, Schacht considère que les investissements dans l'industrie militaire menacent à terme l'économie allemande et souhaite infléchir cette politique. Devant le refus de Hitler qui considère le réarmement comme une priorité absolue, Schacht quitte son poste.


Procès de Nuremberg

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Le procès de Nuremberg fut intenté contre 24 des principaux responsables du régime nazi, accusés de complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité. Il se tint à Nuremberg du 14 novembre 1945 au 1er octobre 1946.

 

Le procès de NurembergLe procès de Nuremberg

Le procès de Nuremberg

Ce procès se déroula sous la juridiction du Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en exécution de l'accord signé le 8 août 1945 par les gouvernements des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, de l'Union des républiques socialistes soviétiques et par le gouvernement provisoire de la République française, afin de juger pour leurs actes les dirigeants du IIIe Reich.


Il aboutit à la condamnation à mort par pendaison de : 

 

 

Des peines de prison allant jusqu'à la perpetuité sont prononcées contre  :
 

 

Sont acquittés :  
 

 

Précédents


L’un des premiers chefs d’État ou chefs politiques qu’on eut l’idée de juger pénalement devant un tribunal international fut Napoléon : « L’idée, mise en avant surtout en Angleterre, de le faire juger par des députés de tous les souverains d’Europe a quelque chose de séduisant ; ce serait le plus grand et le plus imposant des jugements qu’on eut jamais vus dans le monde ; on pourrait y développer les plus beaux principes du droit des gens…, et, de quelque façon que la chose tournât, ce serait un grand monument dans l’histoire », écrit Joseph de Maistre dans une lettre au Comte de Front le 27 juillet 1815. L’une des premières juridictions plurinationales date de 1899, date à laquelle la Cour permanente d'arbitrage est formée : elle existe toujours, mais ne s’est jamais reconnue de compétence pénale.

Signature du traité de 1919, Galerie des Glaces, Versailles


L’idée d’une juridiction internationale pénale ne date pas de la Seconde Guerre mondiale, mais de la Première Guerre mondiale, ou plus exactement, des traités qui y ont mis fin :
 

  • Le traité de Versailles qui stipule, en son article 27, la mise en accusation de l’empereur Guillaume II, « pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités ». Il prévoit également qu'un tribunal spécial composé de représentants des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie et du Japon soit constitué. En son article 28, il demande le jugement des criminels de guerre, mis à disposition par le nouveau Reich qui doit les extrader sur demande.
  • En son article 230, le traité de Sèvres prévoit quant à lui l’extradition par l'Empire ottoman des criminels de guerre pour leur jugement par un tribunal international.
  •  
  • Mais ces dispositions ne peuvent être appliquées dans la pratique :
  •  
  • Le gouvernement néerlandais, auprès duquel s’est réfugié Guillaume II, refuse de le livrer, se référant au principe de non-rétroactivité des lois. Le procès n’a donc pas lieu.
  • La république de Weimar explique aux Alliés que l’extradition susciterait une opposition populaire féroce, qui augmenterait l’instabilité du gouvernement. Le jugement des criminels de guerre, ou du moins d’une partie d’entre eux, a donc lieu en Allemagne, devant le tribunal du Reich de Leipzig, de mai 1921 à décembre 1922. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes : sur 901 accusés, 888 sont acquittés. Les 13 autres sont condamnés à des peines légères qu’ils ne purgeront pas.
  • Le traité de Sèvres n’est pas ratifié ; le traité de Lausanne, qui le remplace, ne prévoit pas les même dispositions vis-à-vis de la nouvelle république de Turquie.


En 1922, la Cour permanente de justice internationale ouvre ses portes. Pas plus que les précédentes, elle n’a de compétence pénale. Elle est dissoute en 1946, avec la fondation de l’Organisation des Nations unies.

Préparation du Procès


Dès le 17 avril 1940, les gouvernements français, anglais et polonais en exil dénoncent « la persécution des Polonais [et] le traitement atroce infligé à la communauté juive de Pologne ». Le 25 octobre 1941, interrogé sur les buts majeurs de la guerre, Winston Churchill évoque le « châtiment des crimes commis dans les pays occupés par l'Allemagne » et envisage une répression rapide. Le 13 janvier 1942, des représentants de huit gouvernements en exil, ainsi que ceux du Comité national français (CNF), signent la déclaration du palais de Saint-James, dans laquelle ils expriment leur volonté de juger les criminels de guerre par l’établissement d’une juridiction internationale, en élaborant durant la guerre le cadre des futurs procès.

Le 17 décembre 1942, une déclaration interalliée, publiée simultanément à Londres, Moscou et Washington, condamne le dessein d’Hitler d’exterminer les Juifs. Les gouvernements des pays occupés, ainsi que le CNF, affirment leur volonté de « châtier les coupables à la mesure de leurs forfaits ». Toutefois, la nature et le moyen du châtiment ne sont pas plus explicites que dans la déclaration de Saint-James.

Le 30 octobre 1943, en même temps qu’est créée la « commission des crimes de guerre des Nations unies », Cordell Hull, Anthony Eden et Molotov, les trois ministres des Affaires étrangères des grandes puissances, rédigent une déclaration inspirée par leurs dirigeants : la « déclaration de Moscou ». Elle différencie deux types de criminels de guerre : ceux qui ont commis leurs crimes en un seul pays, et ceux dont les actes ont eu lieu dans différents pays.

Si les premiers doivent être jugés par le pays dans lequel les crimes ont été perpétrés, les autres doivent être punis « en vertu d’une décision commune des gouvernements alliés ». L’importance de l’envergure géographique des crimes est mise en avant, mais pas celle de l’importance des crimes en eux-mêmes. Une commission chargée d’enquêter sur les crimes est créée en octobre 1943. Elle regroupe les nations occupées

 

  • Belgique
  • Chine
  • Grèce 
  • Luxembourg
  • Norvège
  • Pays-Bas
  • Pologne
  • Tchécoslovaquie
  • France


ainsi que d’autres qui luttent de concert contre l’Allemagne nazie et ses alliés (Afrique du Sud, Australie, Canada, États-Unis, Indes, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni). L’URSS, ayant souhaité que chacune de ses républiques occupées soit représentée et n’ayant pas obtenu satisfaction, ne fera pas partie de la commission. Faute de moyens, la commission n’a que de minces résultats. Sa réflexion sur les questions juridiques alimente cependant les juristes qui prépareront le futur procès.

Winston ChurchillFranklin Delano Roosevelt et Joseph Staline discutent de diverses options pour poursuivre les responsables nazis. Mais les positions des Alliés sont à la fois précises et antagonistes : les Anglais, partisans des jugements après la Première Guerre mondiale, ne souhaitent pas voir se répéter les parodies de procès. Tout en espérant que les principaux responsables du Troisième Reich se suicident ou que le peuple règle leur sort, Churchill souhaite faire exécuter, sans procès, certains responsables, dont la liste doit être établie.

Il est soutenu par Roosevelt. Les Russes, par la voix de Staline, évoquent à la conférence de Téhéran, l’exécution de « 50 000 officiers allemands ». Lorsque Churchill, nanti de l’accord de Roosevelt pour des exécutions sans jugement, vient à Moscou en octobre 1944 pour obtenir celui de Staline, celui-ci refuse. Il ne veut pas d’exécutions sans procès, malgré les exhortations de Churchill qui souligne les lacunes du droit international. À la fin de la conférence de Yalta, Churchill, conformément à la déclaration de Moscou, reformule sa demande que les principaux criminels de guerre soient exécutés.

À la fin de la guerre, les positions des anglo-américains se modifient. L’arrivée au pouvoir de Harry S. Truman change l'attitude du gouvernement américain, le nouveau président refusant les exécutions sommaires. De Gaulle, consulté par un proche de Roosevelt en avril 1945, est également favorable à un procès plutôt qu'à des exécutions. Le 3 mai 1945, le cabinet de guerre britannique renonce : Benito Mussolini ayant été assassiné par la foule, et Adolf Hitler et Joseph Goebbels s'étant suicidés, les Britanniques s’alignent sur la position de leurs principaux alliés. Finalement, c'est la conférence de Potsdam qui fixe le sort des ennemis des forces alliées, tant sur le front européen que sur le front asiatique.

 

Création du Tribunal


Harry S. Truman charge Robert Jackson, juge à la Cour suprême et ancien procureur général des États-Unis, de la préparation du procès. Proche de RooseveltJackson avait légitimé sur le plan juridique l’aide apportée aux Alliés par les États-Unis avant leur entrée en guerre. Dans un de ses premiers rapports à Truman quant au but du procès, il fait part au président de ses convictions : « Le procès que nous entamons contre les principaux inculpés a trait au plan de domination nazi, et non aux actes individuels de cruauté qui se sont produits hors de tout plan concerté. Notre procès doit constituer un historique bien documenté de ce qui était, nous en sommes convaincus, un plan d’ensemble, conçu en vue d’inciter à commettre des agressions et les actes de barbarie qui ont indigné le monde.

Le 20 juin 1945, l’équipe américaine menée par Jackson arrive à Londres afin de négocier avec la délégation britannique. Celle-ci est menée par l’attorney general, Sir David Maxwell-Fyfe, qui sera remplacé après la victoire des travaillistes par Sir Hartley Shawcross. Les discussions portent sur deux points préalables. Faut-il organiser un seul grand procès ou plusieurs, et faut-il axer la procédure sur les crimes de guerre ou sur le complot nazi pour dominer l’Europe ?

Cette dernière question est primordiale pour les Américains : ils sont en faveur d’un procès axé sur l’accusation de complot, et celle de « crimes contre la paix », avec un nombre limité d’accusés et des preuves décisives, même si elles sont peu nombreuses. Ils sont également partisans de juger des organisations qui furent, selon eux, les principaux instruments du complot. Les Britanniques, quant à eux, souhaitent un procès très court, éventuellement de moins de deux semaines. Mais ils ne s’opposent pas aux Américains, et proposent les premiers noms des futurs accusés.

Le 24 juin 1945, arrive à Londres la délégation française, composée du juge Robert Falco, et du professeur André Gros, membre de la commission des crimes de guerre des Nations unies. Le 25 juin, c’est la délégation soviétique qui se présente : le général Iona Nikitchenko et le professeur Trainin.

Ces deux délégations sont en désaccord avec la position anglo-américaine : ni les Français ni les Russes n'acceptent que les notions de « complot » et de « crimes contre la paix » soient au cœur du procès. Leurs deux pays ayant été gravement touchés par les crimes de guerre, ces délégations pensent que c’est cette notion qui doit être au centre du procès. Pour le professeur Gros, une guerre d’agression n’est pas un crime par nature ; c’est la manière criminelle de la mener qui met les Allemands sur le banc des accusés.

De plus, la procédure est remise en cause par les Soviétiques, qui veulent également que le procès se tienne dans leur zone d’occupation, à Berlin-Est, et non à Nuremberg comme le proposent les autres délégations. Néanmoins, après la conférence de Potsdam, Staline se range à l’avis des Alliés : le « complot » fera partie des chefs d’accusation, le procès aura lieu à Nuremberg. Le siège permanent du tribunal est cependant fixé à Berlin. Les accords de Londres, signés le 8 août 1945, définissent l’ensemble des règles du tribunal.

Partie intégrante des accords, le statut pose les règles de fonctionnement du tribunal qui vont suivre une procédure de type anglo-saxonne. Le statut définit également les chefs d’accusation.

Crimes contre la paix et complot


Les crimes contre la paix sont « la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre de violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent ».

Cette définition précise par la suite que tous les accusés, sans exception, ont participé à un complot destiné à commettre des crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les auteurs exposent ainsi la notion de crimes contre la paix et la notion de complot. Tous les accusés seront inculpés de complot, presque tous de crimes contre la paix.

C’est une grande nouveauté : la guerre, considérée jusque là comme la prérogative d'un État souverain, peut désormais être considérée comme un crime en droit international.

Crimes de guerre


La définition des crimes de guerre n'a pas changé depuis du début du XXe siècle : il s'agit de violations des lois et coutumes de guerre, dont l'assassinat et le mauvais traitements des populations civiles ou des prisonniers militaires, déportation des populations civiles, l'exécution d’otages, le pillages de biens, la dévastation et la destruction de villes ou villages sans motifs... Toutefois, les Alliés ne poursuivent que les crimes commis sur les personnes se trouvant au pouvoir des accusés, et non lors d’affrontements directs entre belligérants ou des bombardements d'objectifs non militaires.

Crimes contre l’humanité


La définition des crimes contre l'humanité n’a été retenue qu’après un examen de quinze versions différentes. La version adoptée comprend dans cette notion « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime entrant dans la compétence du tribunal ou en liaison avec ce crime ». Cette définition est partiellement nouvelle : si la notion l’est, la définition peut s’appuyer sur le traité de Sèvres ainsi que sur les principes généraux du droit interne et du droit international.

Cette notion est limitée dans le temps : les crimes antérieurs au début de la guerre et postérieurs au 8 mai 1945 ne relèvent pas de la compétence du tribunal, à moins qu’ils aient un lien avec le « complot », comme lors de l’Anschluss. Ainsi, les persécutions des Juifs avant 1939, sur le territoire allemand notamment, ne sont poursuivies qu’en les considérant comme des « mesures militaires », destinées à atteindre les objectifs de guerre.

C’est le point de vue anglo-saxon qui est retenu dans cette définition, opposé à l’idée d’André Gros qui aurait souhaité faire des persécutions un crime indépendant. Jackson et Maxwell-Fyfe ne sont pas disposés à juger ces mesures, affaires internes de l’Allemagne, à Nuremberg autrement qu’en les reliant au complot.

Responsabilité et Impartialité


L’article 7 du Statut précise que la situation officielle d’un accusé comme haut responsable n'est pas considérée comme une circonstance atténuante, et n’entraîne donc pas de diminution de peine. Le tribunal précise que les représentants d’un État ne pourront être protégés, contrairement au droit international, s’ils sont reconnus comme criminels par le droit international.

L’article 8, quant à lui, confirme que les accusés ayant obéi à leur gouvernement ou à d’autres supérieurs hiérarchiques peuvent voir leur peine diminuée, mais sans que cela ne les dégage de leur complète responsabilité. Enfin, le statut précise que le procès sera équitable, et que les accusés pourront choisir librement leurs avocats.

Choix des Accusés


Au moment de la rencontre entre les délégations américaines et britanniques, ces derniers proposent une liste de dix noms, tous arrêtés par les Britanniques et les Américains et qui ont ont été chargés, à l'exception de Julius Streicher, de hautes responsabilités au sein du régime nazi. Pour la plupart fidèles de la première heure, les dix personnes présentes sur cette première liste sont faciles à incriminer. Les britanniques complètent ensuite cette première proposition en y ajoutant sept noms supplémentaires, dont celui d'Adolf Hitler, dont la mort n'est pas encore prouvée. Les Américains acceptent la liste.

Entre la signature des Accords de Londres, le 8 août 1945, et l’ouverture officielle du procès, le 18 octobre 1945, les quatre délégations se réunissent pour établir la liste définitive des accusés : Adolf Hitler en est retiré et huit nouveaux nouveaux noms y sont ajoutés.

À côté de la mise en accusation de personnes physiques, l’une des innovations du procès de Nuremberg est la mise en cause de groupes complets d’individus, coupables de leur affiliation à l’une ou l’autre des organisations mises en accusation. Ainsi, Murray Bernays, avocat américain à qui l’on doit également l'élaboration de la notion de « complot », espère pouvoir provoquer des condamnations massives, tout en évitant deux écueils : l’impossibilité des trop nombreux procès individuels à organiser, et la proclamation d’une culpabilité collective allemande, contraire au droit.

Ainsi, cette procédure permet de démontrer qu’une organisation est criminelle ; ensuite, dans le cas des individus, il ne reste plus qu’à prouver leur affiliation à cette organisation, qui ne suffit pas à elle seule à justifier une condamnation.

Cette demande de punitions massives est causée par la découverte des camps de concentration : l'un des journalistes qui en effectuent la visite, John Pulitzer Jr, rédacteur en chef d’un journal américain, réclame la mort de plus d’un million de nazis. Aussi, les responsables militaires vont demander dans une circulaire du 26 avril 1945, l’arrestation des dignitaires du parti nazi depuis le grade d’Orstgruppenleiter, (chef de groupe local), des membres de la Gestapo et du SD, de tous les officiers et sous-officiers de la Waffen-SS, des officiers d’état-major, des officiers de police depuis le grade d’Oberleutnant, des officiers SA, des ministres, hauts fonctionnaires et responsables territoriaux, depuis le rang de Bürgermeister dans le Reich et commandants municipaux civils et militaires dans les territoires occupés, des nazis et sympathisants nazis de l’industrie et du commerce, des juges et procureurs des tribunaux spéciaux et des traîtres et des alliés des nazis.

Toutefois, les documents permettant de recenser ces personnes sont rares, et la liste des organisations mises en accusation, déjà prévue dans les accords de Londres, est réduite à un nombre plus restreint.

Enfin, l’organisation interalliée qui contrôle l’Allemagne après la guerre émet une loi s’inspirant des accords de Londres, permettant aux tribunaux allemands de juger les criminels allemands. Mais la non-rétroactivité des lois exigée par le commandement allié auprès des tribunaux allemands, pour éviter de voir à nouveau appliquées les lois nazies, empêche les juges d’appliquer ces dispositions. Ces contradictions seront en partie effacées par le Tribunal, lors de la lecture du jugement.

 

Le banc des accusés

Le banc des accusés

Liste des accusés

 

  • Hermann Goering est le plus haut dignitaire du Reich encore vivant après la mort d’Hitler, de Goebbels et d’Himmler, et est un ancien dauphin d’Hitler ; commissaire à l'aviation, commandant de la Luftwaffe, ministre de l'Intérieur de Prusse et ministre du Plan quadriennal.
  • Rudolf Hess, dont l'état mental pose problème, prisonnier en Angleterre depuis le 10 mai 1941, mais avant cette date numéro deux du régime nazi et successeur désigné du Führer et membre du Conseil de la défense du Reich.
  • Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères depuis 1938.
  • Robert Ley, dirigeant du Front allemand du Travail.
  • Wilhelm Keitel, chef de l’Oberkommando der Wehrmacht de 1938 à 1945.
  • Julius Streicher, l'un des antisémites nazis les plus virulents, directeur du journal Der Stürmer et Gauleiter de Franconie ; il a notamment organisé un boycott des commerçants juifs en 1933 et appelé à l'extermination des juifs ; il n’exerce plus de rôle dans le gouvernement depuis le début de la guerre.
  • Ernst Kaltenbrunner, successeur de Reinhard Heydrich depuis 1943 à la tête du RHSA (bureau central pour la sécurité du Reich).
  • Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme et ministre des Territoires occupés de l’Est.
  • Hans Frank, ancien avocat d'Hitler, président de l'Académie de droit allemand entre 1934 et 1941 et dirigeant du gouvernement général depuis 1939.
  • Wilhelm Frick, prédécesseur d’Himmler au poste de ministre de l’Intérieur du Reich, et dirigeant du protectorat de Bohème-Moravie ; principal auteur des lois antisémites de Nuremberg en 1935.
  • Hjalmar Schacht, ministre de l'Économie jusqu'en 1937 et président de la Reichsbank jusqu'en 1939 ; arrêté par les Américains à Dachau où l’avait enfermé Hitler depuis l’attentat manqué de juillet 1944.
  • Arthur Seyss-Inquart, ministre de l'Intérieur de la République autrichienne en 1938 il a activement pris part à l’Anschluss ; Commissaire du Reich pour les Pays-Bas où il fut responsable de la déportation des juifs hollandais.
  • Karl Doenitz, commandant en chef de la Kriegsmarine, et dirigeant du troisième Reich dans le gouvernement de Flensbourg après la mort de Hitler du 1e au 8 mai 1945.
  • Walther Funk, successeur de Schacht à la tête de la Reichsbank et au ministère de l'économie.
  • Albert Speer, architecte d’Hitler, et successeur de Fritz Todt au ministère de l’Armement ; à ce titre, il a participé à l'exploitation de la main d'œuvre concentrationnaire.
  • Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes et Gauleiter de Vienne.
  • Fritz Sauckel, exécuteur du plan du Service du travail obligatoire, qui a entraîné la déportation de près de cinq millions de travailleurs forcés en Allemagne.
  • Alfred Jodl, chef de l’état-major de la Wehrmacht.
  • Franz von Papen, prédécesseur d’Hitler au poste de chancelier, nommé ambassadeur à Vienne après la Nuit des Longs Couteaux, puis en Turquie pendant la guerre.
  • Konstantin von Neurath, prédécesseur de Ribbentrop comme ministre des affaires étrangères, et ancien dirigeant du protectorat de Bohème-Moravie, avant d’être remplacé par Frick.
  • Erich Raeder, commandant en chef de la Marine jusqu'en 1943 ; responsable de la guerre sous-marine à outrance et de l'exécution de commandos alliés.
  • Martin Bormann, successeur de Hess à la chancellerie du Reich. En fuite.
  • Hans Fritzsche, collaborateur de Goebbels, responsable de la presse et de la radio au ministère de la propagande nazie.
  • Gustav Krupp von Bohlen und Halbach, dirigeant du groupe Krupp Ag, considéré comme médicalement inapte à suivre le procès.
  • Le premier cabinet du Reich (1933)
  • Le Cabinet du Reich (gouvernement), à partir du 30 avril 1933
  • Le corps des chefs politiques du parti nazi (c’est-à-dire la hiérarchie du parti nazi)
  • La SS, y compris le SD
  • La Gestapo
  • La SA
  • L’État-Major général
  • Le Haut commandement des forces armées allemandes

 

Hermann Goering lors de son interrogatoire

Hermann Goering lors de son interrogatoire

Composition de la Cour


Si les anglo-américains proposent la ville de Nuremberg pour y tenir le procès, c’est avant tout parce qu'elle dispose des infrastructures nécessaires. Si une bonne partie de la cité est devenue un champ de ruines après les bombardements en 1945 et les durs combats pour la prise de la ville, elle possède encore quelques bâtiments utilisables : le palais de justice et la prison, reliés par un tunnel, l’hôtel de ville et le Grand Hôtel. Le symbolisme du lieu, où ont été proclamées les lois antisémites de 1935 et où ont eu lieu les rassemblements du parti nazi n’est pas à l’origine du choix, même s'il a sans doute pu renforcer celui-ci.


L’armée américaine rétablit l’électricité, le téléphone, l’eau, la circulation des tramways. Les différentes délégations sont logées en ville ou dans le village voisin de Zirndorf. Les journalistes, dont Joseph Kessel, issus d’une vingtaine de pays, sont rassemblés dans la demeure de l’industriel Faber. Le cœur de Nuremberg est désormais le palais de justice, où des commerces s’installent. La nuit, le Grand Hôtel est le lieu de rassemblement de tout ce microcosme et de ses visiteurs, où l’on danse et où l’on va au théâtre.

Les juges


Chaque puissance représentée dans les accords de Londres nomme un juge et un juge suppléant :
 

  • Pour les États-Unis : Francis Biddle, John Parker suppléant
  • Pour la France : professeur Henri Donnedieu de Vabres, Robert Falco suppléant
  • Pour le Royaume-Uni : Justice Lawrence, Normann Birckett suppléant
  • Pour l’URSS : major général Iona T. Nikitchenko, lieutenant-colonel A.F. Volchov suppléant.


Si les Russes sont les seuls à revendiquer des titres militaires, Lawrence, en tant que représentant en Angleterre de la justice du Roi, est le deuxième personnage du royaume. Donnedieu de Vabres a enseigné le droit pénal ; Falco a représenté la France lors des négociations qui ont abouti au Statut.

Le ministère public


Chaque procureur est entouré d’une équipe de procureurs adjoints et d’avocats généraux ou de substituts pour les aider dans leur tâche :

Equipe Américaine

Les États-Unis sont représentés par Robert Jackson et une équipe de trente-deux personnes.

Equipe Française


La France a choisi comme procureur François de Menthon, nommé par le général de Gaulle. Mais en 1946, de Gaulle se retire du gouvernement. Menthon, alors déjà ministre de la Justice, quittera Nuremberg et sera remplacé par Auguste Champetier de Ribes, qui décèdera en 1947. Dans l’équipe de dix personnes qui les assistent, on compte Edgar Faure, Charles Dubost et Serge Fuster, futur Casamayor. Léon Poliakov est utilisé par l'équipe en tant qu'expert.

Equipe Anglaise


Le Royaume-Uni est représenté par Sir Hartley Shawcross, qui avait remplacé Maxwell-Fyfe aux négociations de Londres lors de la victoire des travaillistes. Shawcross, par son statut d’attorney general, doit siéger au gouvernement. Maxwell-Fyfe restera donc à Nuremberg afin de représenter le Royaume-Uni durant les absences de Shawcross. Il est épaulé par une équipe de sept personnes.

Équipe soviétique


L’URSS envoie une équipe de neuf personnes, pour seconder les procureurs Roman A. Rudenko, général, acteur secondaire du procès des seize, et Y.V. Pokrovsky, colonel.

Si, dans le ministère public, seuls quatre pays ont des représentants, chacun d’entre eux parlera pour d’autres, qui ont également adhéré aux accords de Londres. L’URSS parle ainsi pour les pays libérés de l’Est, et notamment les pays slaves : la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Serbie, la Slovénie, la Biélorussie et l’Ukraine. La France parle pour les pays libérés de l’Ouest : Belgique, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg. En tout, dix-sept pays seront indirectement représentés. 

Royaume de Bulgarie

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Le Royaume de Bulgarie était le régime politique en place en Bulgarie de 1908 à 1946, qui vit le jour lorsque la principauté de Bulgarie déclara son indépendance formelle vis-à-vis de l'Empire ottoman, et disparut après la Seconde Guerre mondiale, lors de la mise en place du régime communiste de la République populaire de Bulgarie.

Ferdinand 1er de Bulgarie - Boris III de BulgarieFerdinand 1er de Bulgarie - Boris III de Bulgarie

Ferdinand 1er de Bulgarie - Boris III de Bulgarie

En 1908, la Principauté de Bulgarie, déjà indépendante de fait depuis 1878. Le 5 octobre, le prince Ferdinand, profitant de la prise du pouvoir des Jeunes-Turcs à Constantinople, déclare l'indépendance pleine et entière de la Bulgarie et s'octroie le titre de tsar. Dès 1911, le gouvernement du Royaume se rapproche du Royaume de Grèce et du Royaume de Serbie pour monter une alliance contre l'Empire ottoman. En 1912, des traités signés avec ces royaumes voisins, ainsi qu'avec le Royaume du Monténégro conviennent d'un partage de la Macédoine et de la Thrace entre les alliés de la Ligue balkanique. En octobre 1912, la première guerre balkanique est déclarée contre l'Empire ottoman. Les alliés remportent un succès militaire éclatant, les troupes bulgares arrivant aux portes d'Istanbul. Par le traité de Londres, l'Empire ottoman perd l'essentiel de ses dernières possessions européennes.

Ayant subi les plus lourdes pertes, la Bulgarie estime avoir droit à une plus large part des territoires conquis, revendiquant notamment les territoires à majorité bulgarophone de Macédoine. En juin 1913, la Bulgarie attaque la Serbie et la Grèce, mais la deuxième guerre balkanique se conclut pour elle par une défaite. Le traité de Bucarest de 1913 partage la Macédoine entre la Serbie et la Grèce et donne la totalité de la Dobroudja au Royaume de Roumanie; la Bulgarie ne garde qu'un débouché sur la Mer Egée. Les guerres balkaniques amènent la Bulgarie, au cours de la Première Guerre mondiale, à s'allier avec l'Empire allemand, l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman. Le 6 septembre 1915, la Bulgarie signe un traité d'alliance avec les Empires centraux, qui promettent au roi Ferdinand la Macédoine ainsi qu'une bonne partie de la Serbie traditionnelle. Le 15 octobre 1915, la Bulgarie déclare la guerre à la Serbie occupant la Macédoine, le nord de la Grèce et la Dobroudja.

La guerre est cependant de plus en plus impopulaire dans la population. Alexandre Stambolijski, chef de l'Union nationale agraire bulgare, est emprisonné pour son opposition au conflit. Sous l'effet de la Révolution russe, le mécontentement éclate au grand jour : des mutineries éclatent dans l'armée, Stambolijski est libéré, et certains des insurgés proclament une République. En septembre 1918, les forces alliées enfoncent le front macédonien, et le roi Ferdinand Ier doit demander l'armistice. Pour apaiser les tensions révolutionnaires, Stambolijski convainc le roi d'abdiquer le 3 octobre en faveur de son fils, qui devient le roi Boris III. Le Royaume se retrouve dans le camp des vaincus : le traité de Neuilly signé en 1919 lui fait même perdre l'accès à la Mer Égée et lui supprime le droit à avoir une aviation. Alexandre Stambolijski devient en 1919 chef d'un gouvernement de coalition; les élections de mars 1920 donnent une forte majorité à son parti.

Le Royaume se voit infliger de lourdes réparations de guerre envers la Royaume de Roumanie et au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Malgré d'importantes difficultés sociales et économiques et l'hostilité du roi, Stambolijski met en oeuvre une politique de réformes. L'opposition qu'il rencontre l'amène à rechercher une alliance avec le Parti communiste bulgare et à ouvrir des relations diplomatiques avec l'Union soviétique. Le Coup d'État du 9 juin 1923 mené par l'armée et les partis nationalistes renverse Stambolijski, qui est assassiné. Alexandre Tsankov, soutenu par le roi, forme un gouvernement conservateur. Une insurrection menée en avril 1923 par le Parti communiste bulgare est un échec. Le 16 avril 1925, les communistes réalisent un attentat contre le roi et le gouvernement à la Cathédrale Sainte-Nedelja de Sofia : cent cinquante personnes y trouvent la mort, mais le premier ministre, blessé, et le roi survivent à cette tentative d'assassinat. En 1926, le régime se démocratise, le roi obtenant le départ de Tsankov : une amnistie est prononcée, bien que le parti communiste demeure interdit.

Pendant l'entre-deux-guerres et en prenant exemple sur l'Allemagne, le Tsar Boris III contourne une à une les clauses du Traité de Neuilly, de façon indirecte tout d'abord, puis ouvertement à partir des années 1930. C'est ainsi qu'il parvient à refonder une Armée de l'Air dès 1935. Dans le même temps, il soumet la Bulgarie à un régime autoritaire après une période où s'entretuent communistes, révolutionnaires macédoniens et ligues fascistes. En 1931, les agrariens, réorganisés, remportent les élections, Nikola Mushanov devenant chef du gouvernement. Mais la Bulgarie subit bientôt les effets de la Grande dépression et les tensions sociales reprennent. Le 19 mai 1934, un coup d'État du Zveno amène Kimon Georgiev à la tête d'un gouvernement militaire autoritaire. Mais, le 22 janvier 1935, le roi Boris III, craignant les visées républicaines de Georgiev, réalise son propre coup d'État et instaure un régime de monarchie autoritaire. Le parlement est restauré, mais l'activité des partis politiques n'est pas rétablie.

Jusqu'au 1er mars 1941, la Bulgarie reste neutre. Ensuite, elle devient l'alliée des forces de l'Axe jusqu'au 9 septembre 1944 et bascule ensuite du côté des Alliés jusqu'à la fin de la guerre. Par rapport à d'autres pays comme le Royaume de Hongrie ou le Royaume de Roumanie qui sont au même titre que la Bulgarie des satellites opportunistes de l'Allemagne nazie entendant tirer des avantages territoriaux d'une alliance avec l'Allemagne, la Bulgarie a maintenu des relations diplomatiques avec l'Union soviétique jusqu'à la fin du conflit mondial. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, en 1939, le roi et son gouvernement se déclarent déterminés à rester neutres jusqu'à la fin des hostilités, mais espèrent profiter de la situation pour en retirer quelques bénéfices en termes d'agrandissement territoriaux, tout particulièrement dans les territoires habités majoritairement par des populations bulgares et attribuées aux pays voisins à l'issue de la seconde guerre des Balkans et de la Première Guerre mondiale. Cependant, la position géopolitique de la Bulgarie dans les Balkans va faire voler en éclat ces velléités de neutralité tant sont fortes les pressions exercées par les différentes puissances.

Bogdan Filov devient premier ministre le 16 février 1940. Cet homme d'extrême-droite est de culture allemande et germanophile notoire. La germanophilie du roi et du premier ministre contraste avec les sentiments russophiles de la population. C'est d'abord par la négociation que la Bulgarie obtient une expansion territoriale aux dépens du Royaume de Roumanie : A la suite des Accords de Craiova le Sud de la Dobroudja est rattaché à la Bulgarie le 7 septembre 1940. En novembre 1940, lors d'une rencontre avec Adolf Hitler à Berlin, Molotov avait manifesté la volonté qu'avait l'Union soviétique de placer la Bulgarie dans sa sphère d'influence. Le refus de l'Allemagne sera l'un des facteurs déclenchant la fin du pacte germano-soviétique conclu en août 1939, et indirectement, pour la Bulgarie, la fin de la période de neutralité. La Bulgarie se voit contrainte de rejoindre les forces de l'Axe en 1941, lorsque la Wehrmacht se préparant à envahir la Grèce à partir de la Roumanie, se présente à la frontière bulgare et demande l'autorisation de traverser le pays. En acceptant, le roi Boris devient l'allié des Allemands, mais l'adhésion au pacte n'est officielle que le 1er mars 1941.

Le 6 avril, malgré son adhésion à l'Axe, la Bulgarie limite son activité militaire durant les premières phases de l'invasion de la Yougoslavie et de la Bataille de Grèce, laissant les Allemands et les Italiens effectuer les opérations décisives. La reddition de la Yougoslavie a lieu le 17 avril et celle de la Grèce le 30 avril. Le 20 avril, la Bulgarie adopte une attitude plus active : les troupes bulgares pénètrent dans la région de la mer Égée avec comme objectif des gains territoriaux en Thrace et en Macédoine grecque. Les Bulgares occupent un territoire situé entre la Strouma et une ligne de démarcation reliant Alexandroupolis à Svilengrad, à l'ouest de la Maritsa. De plus d'Alexandropolis, cette zone comprend les villes de Komotiní, Serrès, Xanthi, Drama et Kavala, ainsi que les îles de Thasos et Samothrace. Les territoires correspondant à la Macédoine yougoslave devenue par la suite République de Macédoine et l'est de la Serbie sont occupés par les Bulgares.

Le 22 juin 1941, la Bulgarie ne participe pas à l'invasion de l'URSS aux côtés de son allié allemand. Des liens diplomatiques sont au contraire maintenus avec le régime soviétique. Le gouvernement bulgare est néanmoins forcé par les Allemands à déclarer la guerre au Royaume-Uni et aux États-Unis à la fin 1941. Les Alliés bombarderont 6 fois Sofia et d'autres villes de Bulgarie entre novembre 1943 et janvier 1944. L'invasion de l'URSS par les Allemands provoque une vague de manifestations et la constitution par le parti communiste bulgare clandestin d'un mouvement de résistance, le Front patriotique. Le Zveno, parti politique clairement situé à droite, mais hostile à l'alliance avec les nazis adhère au Front Patriotique en 1943. Les détachements de partisans sont particulièrement actifs dans les zones montagneuses de l'ouest et du sud du pays. En août 1943, après un voyage en Allemagne, le roi Boris III meurt soudainement, de façon assez mystérieuse, laissant sa succession à son fils Siméon II, agé de six ans. Les trois hommes qui constituent le conseil de régence, le prince Cyrille, l'ancien président du conseil Bogdan Filov et le ministre de la guerre Nikola Mihailov Mihov sont tous favorables au maintien de l'alliance avec l'Allemagne. Le prince Cyrille se rend plusieurs fois à Berlin, non pas pour discuter, mais pour recevoir les ordres d'Hitler.

Après le débarquement allié en Normandie, Ivan Ivanov Bagrianov forme un nouveau gouvernement qui tente d'infléchir la politique pro-allemande du gouvernement. Les lois antisémites sont abrogées et les prisonniers politiques amnistiés; les communistes se voient proposer d'entrer au gouvernement. À l'été 1944, après avoir enfoncé les lignes de défense allemandes, autour de Iassy et de Chişinău, l'Armée rouge s'approche des Balkans et de la Bulgarie. Dès le 1er août, Bagrianov doit démissionner pour laisser la place à l'agrarien Konstantin Mouraviev, qui proclame la neutralité du pays et tente d'obtenir un accord de paix avec les Alliés. Le 23 août 1944, le Royaume de Roumanie quitte le camp des forces de l'Axe et déclare la guerre à l'Allemagne . Les Roumains autorisent alors les soviétiques à traverser leur territoire pour pénétrer en Bulgarie. Les régents demandent alors aux représentants de l'opposition de former un gouvernement, mais les représentants du Front patriotique refusent de coopérer avec les régents qui forment alors un gouvernement modéré recrutés essentiellement parmi les agrariens.

Une des particularités de le Bulgarie parmi les forces de l'Axe est que le rôle du Parlement de Sofia, la Sobranje est effectif: On y vote des lois, mais on discute, on critique et l'on amende l'action gouvernementale. Une revue indépendante, Mir, de tendance plutôt conservatrice est autorisée à publier certaines critiques, aussi bien sur la politique intérieure que sur la politique extérieure. Après mars 1941, les représentants de l'opposition politique connue pour ses opinions antiallemandes, sont internés, mais la plupart d'entre eux sont relâchés en juin 1941. Les seuls à être victimes d'une persécution générale sont les communistes. L'ancienne Bulgarie comptait 50 000 juifs. Dans les territoires conquis aux dépens de la Grèce et de la Yougoslavie vivent environ 15 000 juifs. Les juifs bulgares sont, dans leur grande majorité des urbains, souvent ouvriers. Ils ne sont pas spécialement riches, et l'antisémitisme n'est pas spécialement développé en Bulgarie. Pour exprimer l'état de l'opinion à l'égard des Juifs, Hilberg écrit que les juifs "n'éveillaient ni une sympathie extraordinaire, ni une hostilité exceptionnelle"

Cette absence d'antisémitisme déclaré n'empêche pas que des lois antijuives soient adoptées par le Parlement. Selon une loi promulguée le 21 janvier 1941, au moment du rapprochement avec les Allemands, les mariages mixtes sont interdits, les fonctionnaires juifs sont renvoyés et un numerus clausus est instauré parmi les travailleurs indépendants, mais un tribunal administratif suprême exclut de la loi une catégorie de "juifs privilégiés", c'est-à-dire, par exemple les anciens combattants et les orphelins de guerre. Les entreprises qui ne sont pas autorisées à poursuivre leurs activités sont vendues d'office ou soumises à une "aryanisation" obligatoire. Beaucoup de juifs non fortunés ne sont pas touchés par ces mesures d'expropriation, mais sont engagés dans le service du travail obligatoire, comme les autres citoyens bulgares. Le Service allemand du travail refuse alors toute coopération avec le Service Bulgare du travail, et l'ambassadeur allemand Beckerle obtient qu'à partir d'août 1941 soit créé un service du travail juif spécial où les juifs ne porte pas l'uniforme, mais une étoile. Ils sont 3 300 en juin 1942 et 10 000 au printemps 1943.

A partir de la fin de l'année 1941, les Allemands exercent des pressions de plus en plus fortes pour que les Juifs soient concentrés avant d'être déportés. Lorsque les Allemands pensent avoir fait avancer les choses en ce sens, par exemple, en juin 1942, lorsque le ministre de l'intérieur Grabowski demande l'autorisation d'expulser tous les juifs de la capitale, il se trouve qu'en Bulgarie, les pouvoirs sont suffisamment disséminés à de multiples échelons pour que toutes les mesures décisives que souhaitent les Allemands, soient, de fait bloquées. Le roi Boris entretient de bonnes relations avec le consistoire juif. A la suite d'une manifestation de 350 juifs dans la cour du ministère de l'intérieur, Grabowski fait machine arrière. L'Église orthodoxe s'engage en faveur des juifs: Le 27 septembre 1942, le métropolite Stéphane donne le coup d'envoi d'une campagne contre le port de l'étoile dans un sermon où il affirme qu' il n'appartenait pas aux hommes de torturer ou de persécuter les juifs". Des mesures d'expulsion de tous les juifs de Sofia sont bien mises en oeuvre par les autorités bulgares, et pour les Allemands, il s'agit évidemment d'un prélude à une déportation finale, mais les Bulgares sauront opposer une inertie suffisante pour bloquer les projets allemands.

Si les juifs de la "Vieille Bulgarie" sont donc préservés du plan d'extermination prévu par les nazis, ceux des nouveaux territoires, Thrace et Macédoine, annexés en 1941, ont été déportés et exterminés dans leur grande majorité. En janvier 1943, le nazi Dannecker, adjoint d'Adolf Eichmann arrive de France pour piloter les opérations de déportations en Bulgarie. Le 5 avril, sur les 6 000 Juifs de Thrace, 4 221 ont été déportés et 7 122 sur les 8 000 juifs de Macédoine. Dimitar Pechev, vice-président de la Săbranje, le parlement bulgare, présente alors une motion de censure accusant le gouvernement d'atrocités qui se seraient produites au cours des déportations. La déportation de 6 000 juifs de vieille Bulgarie, promise aux Allemands, est alors stoppée. Le 30 août 1944, les journaux de Sofia annonce que le gouvernement a décidé d'abroger toute la législation antisémite. Le 5 septembre 1944, l'Union Soviétique déclare la guerre à la Bulgarie et envahit le pays. Les troupes soviétiques occupent le nord-est du pays et notamment les ports de Varna et de Bourgas. L'armée bulgare reçoit l'ordre de ne pas opposer de résistance. Le 8 septembre 1944, les Bulgares changent de camp et se rangent aux côtés de l'URSS dans la guerre contre l'Allemagne. Les membres du conseil de régence sont arrêtés.

Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944, un coup d'État militaire organisé par Damian Velchev, un officier membre du Zveno, donne le pouvoir au Front patriotique avec Kimon Georgiev comme premier ministre. La Bulgarie déclare alors la guerre à l'Allemagne qui tente, sans succès, d'imposer un gouvernement fantoche dirigé par Alexandre Tsankov. En Macédoine, des officiers bulgares de haut rang restent fidèles à leur encadrement allemand, mais les troupes se révoltent et regagnent les frontières de l'ancienne Bulgarie. Trois armées bulgares, regroupant quelque 500 000 hommes, participent à l'effort de guerre allié en entrant en Yougoslavie avec l'objectif de bloquer le repli des troupes allemandes stationnées en Grèce. L'est et le sud de la Serbie ainsi que la Macédoine sont libérées en un mois, et les 150 000 hommes de la première armée poursuivent le combat en Hongrie et, en avril 1945, en Autriche. Le contact avec les Britanniques de le 8e armée se fait à Klagenfurt, le 8 mai 1945.

Le front commun ayant pris le pouvoir est composé de quatre partis, dont les plus importants sont l'Union agrarienne et les communistes. Ces derniers prennent cependant rapidement le contrôle : une épuration sauvage est mise en oeuvre dès septembre 1944, visant l'élite politique du pays et les opposants, suivie d'une épuration « légale » menée par des « tribunaux populaires ». Les familles des condamnés sont contraintes à la relégation. La classe politique bulgare est décapitée. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, les communistes bulgares et les Soviétiques organisent un plébiscite qui abolit la monarchie, recevant officiellement 97% des suffrages. Le régime communiste de la République populaire de Bulgarie, dont le principal dirigeant est Georgi Dimitrov, est installé en Bulgarie; Simeon II part pour l'exil. Le Traité de Paris de 1947 confirme le rattachement de la Dobroudja du sud à la Bulgarie alors que les territoires sur les bords de la mer Égée sont restitués à la Grèce. 150 000 Bulgares sont alors expulsés de cette Thrace grecque.

Boris III de Bulgarie

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Roi de Bulgarie (1918-1943) fils aîné de Ferdinand Ier de Bulgarie, le futur Boris III est élève à l'Académie militaire de Sofia et sert dans l'état-major de son père au cours des deux guerres balkaniques et de la Première Guerre mondiale

Boris II de Bulgarie et Adolf Hitler

Boris II de Bulgarie et Adolf Hitler

Quand Ferdinand Ier abdique, en 1918, il lui succède. À cette époque le pouvoir appartient à Stambolijski et au parti agrarien, grandi par son opposition à la guerre. Boris gagne la confiance des paysans et réussit à se débarrasser de la dictature de gauche menée par Tsankov (1923) Coup d'État à Sofia.

Il rétablit le régime constitutionnel, mais en 1934, par un coup d'État militaire, la tendance républicaine prend le pouvoir. Boris sauve son trône grâce à une intervention diplomatique de la Grande-Bretagne et s'occupe activement de la politique étrangère. 

Devant les progrès de l'Allemagne hitlérienne, il ne sait trop quel camp choisir, l'Axe ou les Alliés. En mars 1941, il se décide enfin pour l'Axe, signe une alliance avec l'Allemagne et donne libre passage aux troupes de Hitler en Bulgarie. En décembre 1941, il laisse son gouvernement déclarer la guerre à la Grande-Bretagne, mais se refuse à entrer en guerre contre l'Union soviétique. 

Il meurt le 28 août 1943 après une entrevue dramatique avec Hitler. Crise cardiaque ? Assassinat habilement camouflé par les Allemands ? On ne le sait toujours pas.  Son fils de six ans, Siméon II, le remplace pour peu de temps sur le trône bulgare.

Éditorial. 8 mai 1945, le grand tournant

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Ce jour-là, les cloches sonnent à toute volée remplaçant le fracas des bombes et des canons qui enfin se taisent.

A Douaumont, le 22 septembre 1984, François Mitterand et Helmut Kohl se tiennent symboliquement la main

A Douaumont, le 22 septembre 1984, François Mitterand et Helmut Kohl se tiennent symboliquement la main

La paix revient au monde, plongé dans la folie durant cinq longues années. L'humanité se relève lentement au-dessus d'un tas de ruines. Elle découvre que l'ancien monde s'en est allé. Elle entre dans une ère nouvelle, celle d'une modernité galopante qui va tout bousculer : société, démographie, religions, frontières, relations entre les continents et les peuples, modes de travail, moyens de communication, techniques de soins, etc. Tout va changer. On sort complètement et définitivement du XIXe siècle. C'est un tournant considérable qui ne s'était jamais produit dans l'histoire des hommes sur notre planète.

La barbarie qui a provoqué les massacres industrialisés se retire. Restent les technologies qu'elle avait perfectionnées pour infliger la mort en masse. Nous allons désormais les utiliser pour avancer dans un univers dont nous allons mieux explorer, découvrir et exploiter les ressources, mais aussi en développant une culture de l'instantané souvent au détriment de la réflexion et de la tradition...

Ce tournant est un progrès extraordinaire, mais permet-il l'évolution vers plus de sagesse, de partage, de solidarité ? Certes la misère a reculé. D'immenses pays ont émergé et conquièrent ou reconquièrent leur place dans ce que l'on appelle le concert des nations. Mais on voit bien qu'il est encore loin le but poursuivi plus ou moins clairement : celui d'une humanité rassemblée, unie dans la diversité, responsable de l'environnement dans lequel elle déploie ses activités, gérant mieux les biens naturels qui, contrairement à ce que l'on a pu croire jusqu'alors, ne sont pas inépuisables. Une humanité multipliée par trois depuis 1945, soucieuse d'elle-même aujourd'hui mais aussi de celle qu'elle engendre pour demain.

L'Europe pour la paix

Ce monde ne sera plus jamais comme avant. Il appelle donc de nouvelles formes d'organisation. La naissance des nations avait permis et favorisé de nombreuses convergences. Mais des dérives et des dévoiements avaient provoqué des drames tels que celui dont nous commémorons la fin aujourd'hui. N'oublions pas la parole cinglante de François Mitterrand : « Le nationalisme, c'est la guerre »...

Heureusement, dans ce grand tournant, nous avons vu naître quelque chose qui jusqu'alors paraissait impossible : des pays qui s'affrontaient face contre face se retrouvaient côte à côte, main dans la main comme le président de la République française, François Mitterrand, et le chancelier allemand Helmut Kohl à Verdun.

De la haine, on passa à l'amitié, du nationalisme exacerbé à lacoopération. On mettait en commun les ressources essentielles. On créait cette communauté européenne devenue l'Union européenne que nous allons fêter demain, cette Union qui a instauré la paix sur notre continent depuis soixante-neuf ans. Une Union qui paraît plus nécessaire que jamais en cette année où, de nouveau, des bruits de bottes se font entendre tout près de nous, à l'Est.

En ce 8 mai 1945, la paix revenait mais sachons qu'elle n'est pas donnée définitivement. Sachons qu'elle doit être cultivée comme une plante fragile. L'utilité de cette commémoration d'aujourd'hui est de nous rappeler cette réalité si évidente que nous n'y songeons pas assez : la paix est une construction de tous les instants.

Le 8 mai 1945 à Avignon : un moment douloureux pour une enfant

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Le 8 mai 1945, une enfant juive d'Avignon n'a pas supporté la liesse de la victoire. Elle cherchait dans la foule sa maman déportée. Témoignage 69 ans plus tard.

Le 8 mai 1945 à Avignon : un moment douloureux pour une enfant

69e anniversaire de la victoire de 1945 ce jeudi 8 mai.

 Des cérémonies commémoratives sont organisées dans chaque commune de Vaucluse devant les monuments aux morts en hommage aux combattants et aux déportés de la 2e guerre mondiale.

A Avignon, une femme se souvient de la liesse du 8 mai 1945, elle en garde un triste souvenir. Cette enfant juive de 14 ans, cachée sur l'île de la Barthelasse puis en Ardèche, cherchait sa mère, raflée par les Allemands à Avignon. Elle se confie sur France Bleu Vaucluse.

"Je cherchais un visage qui ne soit pas gai. Je ne supportais pas d'être seule à souffrir de l'absence de ma mère. Je ne comprenais pas que tout le monde soit en liesse rue de la République". (Liliane, 69 ans après la guerre)

A Avignon, la liesse du 8 mai 1945 a mis fin à des années de souffrance à Avignon. Mais Liliane a conservé pendant des années la mémoire de ses terreurs.

8 mai 1945 : la capitulation allemande racontée par un général français

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Le général André Demetz était présent à Berlin le 8 mai 1945. Quelques années plus tard, il racontait cet événement historique à la télévision française.

C'est un document exceptionnel, retrouvé à l'occasion des célébrations du 8 mai 1945. Le général André Demetz était présent lors de la signature de la capitulation allemande à Berlin (Allemagne). Quelques années plus tard, il racontait cet événement historique à la télévision française. Pour France 2, Anne Guery a retrouvé son témoignage dans les archives de l'INA.

Il est minuit passé lorsque le général allemand Wilhelm Keitel entre dans la salle. Il salue avec son bâton de maréchal les généraux alliés, mais personne ne lui répond. L'ambiance est tendue : "Joukov [le responsable russe] demande à Keitel : 'Avez-vous reçu l'acte de capitulation ?' Il répond : 'Ja'", se souvient le général français. Keitel demande ensuite 24 heures de délais, "une demande refusée".

Les commémorations de l'armistice

A l'occasion du 69e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, France 2 bouleverse ses programmes pour diffuser une émission spéciale, jeudi 8 mai. Marie Drucker commente la cérémonie, aux côtés de Pierre Servent, spécialiste des questions de défense, de Fabrice d'Almeida, historien, et de la cheffe du service politique de France 2, Nathalie Saint-Cricq.

Comme à l'accoutumée, le président de la République, François Hollande, se rendra place Clémenceau, à Paris, pour déposer une gerbe au pied de la statue du général de Gaulle. Puis il remontera l'avenue des Champs-Elysées, avec l'escorte de la Garde républicaine. A son arrivée place de l'Etoile, il passera les troupes en revue avant de déposer une gerbe et de raviver la flamme sur la tombe du soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe.

La CIA a-t-elle vendu illégalement des armes ?

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Selon un ancien analyste de la CIA, une base militaire du Texas servirait à collecter et à fournir illégalement de l'armement aux quatre coins du monde.

Siège de l'agence de renseignement américaine CIA

Siège de l'agence de renseignement américaine CIA

L'affaire, révélée par le New York Times, peut sembler déconcertante, mais voilà du pain bénit pour les amateurs de complots. Le quotidien américain s'appuie sur le rapport d'un ancien analyste de la CIA, Allen Thompson, qui a rassemblé des documents officiels entre 1972 et 1985 où figure à de nombreuses reprises le nom de code "Midwest Depot", en référence à un complexe de stockage d'armes "intraçables". Malgré le fait que deux dépôts d'armes - censés être secrets - étaient déjà connus, le rapport prouverait l'existence d'un troisième centre au Texas. 

D'après Yvonnick Denoël, historien spécialiste de l'espionnage et du renseignement, "ce n'est pas une surprise que la CIA dispose aujourd'hui encore de stocks d'armes et y puise pour d'autres missions. C'est désormais un fait avéré que des armes ont été offertes aux groupes islamistes qui combattaient l'Union soviétique sur le sol afghan dans les années 1980. Armes qui ont été ensuite retournées contre les Américains et leurs alliés".

Missiles envoyés vers l'Iran

Dès 2011, ce complexe secret de la CIA abritant un dépôt d'armes de l'armée américaine, à la base Stanley (Texas), avait été évoqué. Dans son rapport, Allen Thompson apporte la preuve de l'existence de ce "Midwest Depot". Dans un document de 73 pages, l'ancien analyste évoque ses activités et "s'inquiète de savoir jusqu'où le gouvernement a pu aller pour vendre des armes". Pour autant, pas question d'en faire un nouveau Edward Snowden qui inquiéterait la CIA, précise Yvonnick Denoël : "Thompson est a priori crédible et s'appuie sur des éléments factuels, des documents officiels, des mémos et des commandes de munitions. Sa démarche concerne exclusivement une installation logistique de la CIA ; il ne s'agit pas d'un grand déballage à la Snowden. Par ailleurs, l'homme n'est pas en fuite à l'étranger. Sa démarche s'apparente plutôt à un contentieux juridique avec son ancien employeur."

Parmi les documents publiés par Allen Thompson, un mémo de 1986 d'un colonel de l'armée américaine évoque comment la CIA a transporté des missiles vers le "Midwest Depot, Texas" pour être ensuite envoyés et vendus à l'Iran, alors ennemi avoué des États-Unis. Deux autres fichiers mentionnent une commande, en 2013, de deux millions de munitions d'AK-47, une arme que n'utilise pas l'armée américaine. Lieu de livraison : Camp Stanley, Texas. "À qui sont destinées ces armes et ces munitions ? Combien d'AK-47 passés par ce camp sont maintenant aux mains des islamistes ?" interroge Allen Thompson.

"Vendre des armes à un État voyou" ?

A priori, une telle histoire ne devrait pas menacer l'administration Obama ni la CIA, déjà en difficulté depuis les affaires WikiLeaks et Snowden, analyse Yvonnick Denoël. "Obama a surpris jusque ses partisans politiques en prenant le parti de la continuité de Bush en matière de services secrets. Les Américains l'approuvent de façon majoritaire pour cela. Mais il n'est pas avéré qu'il ait accepté, comme Reagan à son époque, de vendre des armes à un État réputé voyou en échange de contreparties, libération d'otages ou autre. La notion d'ennemi est très relative pour la CIA."

Le principal élément potentiellement gênant dans ces révélations est la contamination aux produits chimiques, ces dernières années, de la famille d'un agent de la CIA, Kevin Shipp, ayant résidé au camp Stanley. "Cet aspect est embarrassant, même s'il ne touche pas directement Obama, car il pourrait provoquer l'ouverture d'enquêtes sur les activités de la base", précise Yvonnick Denoël. En attendant, Allen Thompson a engagé des poursuites judiciaires contre la CIA. En vain, le département de la Justice ayant invoqué le secret d'État.

À lire : Le Livre noir de la CIA, Yvonnick Denoël & Gordon Thomas

Le Point


Massacre de Maillé

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Le massacre de Maillé est le meurtre, le 25 août 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, de 124 des 500 habitants de la commune française de Maillé, dans l'Indre-et-Loire. 

Massacre de Maillé

Massacre de Maillé

Suite à une embuscade quelques jours avant et en représailles aux actions de la résistance locale contre l'occupant allemand, des troupes allemandes commirent un massacre contre les civils de Maillé. Contrairement à Oradour-sur-Glane, le village a été reconstruit à l'identique après la guerre. Le 24 août 1944 au soir, des accrochages entre FFI et troupes allemandes ont lieu à proximité d'une ferme sur la commune de Maillé. Dans la nuit, le sous-lieutenant, Gustav Schlüter, responsable du poste allemand de Sainte-Maure-de-Touraine, avertit la Feldkommandantur de Tours et reçoit vraisemblablement l'ordre d'exercer des représailles.

Le lendemain matin, jour de la Libération de Paris, une escadrille alliée bombarde à Maillé un convoi militaire et des pièces de DCA. Peu après, l'accès à Maillé est bloqué par les forces allemandes. Au sud-ouest, une cinquantaine de militaires allemands commencent le massacre dans les première fermes avec une cruauté inouie, puis pénétrent dans le village et poursuivent la tuerie et mettent systématiquement le feu aux bâtiments. Les assassins quittent le village vers midi, mais des sentinelles empêchent les survivants de quitter leurs cachettes. Deux heures plus tard, une pièce de 88 pilonne le bourg, tirant 80 obus. Sur les 60 habitations que compte Maillé, 52 sont détruites.

Un quart des habitants du bourg, soit 124 sur 500, sont tués par balle, à l'arme blanche, au lance-flammes, lors des tirs d'artillerie ou périssent dans les incendies. Parmi les victimes, âgées de 3 mois à 89 ans, on dénombre 40 hommes, 42 femmes et 42 enfants. Pour commémorer ce drame, dès l'immédiate après-guerre, une plaque fut posée sur la mairie, un monument édifié sur la nationale 10 (sur la commune de Draché), une stèle dans l'église, une plaque sur la gare du village. Au début des années 50, une pierre avec pour seule mention "25 août 1944" fut posée dans le petit square du village. A la fin des années 70, lors de la reconstruction de l'autoroute A10 traversant la commune, un monument fut construit sur une aire à proximité de Maillé. Ce n'est qu'en 1984 qu'un monument fut réalisé dans le cimetière, mentionnant l'ensemble des noms massacrés avec leurs âges.

La principale ressource bibliographique est le livre de mémoires de l'abbé Payon, édité en 1945, réédité en 1974 puis en 1993 par le Conseil général d'Indre-et-Loire. Les maisons reconstruites sont un rappel de la destruction du village. Tous les bâtiments ont été réédifiés selon le même ordonnancement : murs en moellons blancs alignés, toits en ardoises pour les particuliers et en tuiles pour les édifices communaux. Deux expositions furent réalisées par les archives du département . La première fut organisée à l'occasion du cinquantième anniversaire du massacre, le 24 août 1994. La deuxième en 2001. Depuis le 9 mars 2006, la Maison du souvenir a ouvert ses portes dans la commune de Maillé, dans le café Métais. Elle permet d'accueillir un public scolaire et non-scolaire autour de certains thèmes relatifs au massacre de Maillé.

Selon Christophe Prime, historien au Mémorial de Caen, « La mémoire collective s'était construite autour d'Oradour-sur-Glane et ses 642 villageois exécutés le 10 juin 1944 par les SS de la division Das Reich. Après la guerre, il fallait évacuer le passé pour reconstruire et se reconstruire ». Le président de la République Nicolas Sarkozy s'y est rendu le 25 août 2008, en présence de Jean-Marie Bockel (secrétaire d'État à la Défense et Anciens combattants), et d'Hervé Novelli (secrétaire d'État aux PME, président de la Communauté de communes du Pays de Richelieu et élu de la quatrième circonscription d'Indre-et-Loire dont fait partie Maillé).

Selon un document des archives départementales découvert après 1995, le sous-lieutenant Gustav Schlüter a été condamné à mort par contumace à Bordeaux en 1952, lors d'un procès sans témoin. Il est mort chez lui en Allemagne en 1965, sans être inquiété. Pour Sébastion Cheverau et Luc Forlivesi, le rôle exact de Schülter n'est pas éclairci : « un simple sous-lieutenant aurait-il pu organiser tout seul le déplacement d'une centaine d'hommes ainsi que de deux canons de DCA, pour des représailles alors que la Feldkommandantur préparait activement son départ du département? »

Le 1er août 2005, le procureur général de Dortmund, Ulrich Maass, rouvre officiellement une enquête qui justifie sa visite à Maillé en juillet 2008. En effet, les crimes de guerre sont imprescriptibles en Allemagne, la justice allemande possède un droit d'initiative en ce domaine et l'unité responsable du massacre n'étant pas formellement identifié. L'historien Peter Lieb estime qu'il est très probable que les responsables soient des hommes du Feld-Erstatz-Bataillon (bataillon de réserve) de la 17e Panzer Grenadier Division SS Götz Von Berlichingen, cantonné à Châtellerault.

Cette hypothèse a été confirmée par Ulrich Maas, qui a déclaré, le 9 octobre 2008 qu'il était pratiquement sûr que le massacre avait été perpétré par un bataillon de SS basé à Châtellerault. Il s'est basé sur des documents de la Gestapo qui se trouvaient dans les archives de la ville Tours et du département. Il a indiqué avoir retrouvé les noms de trois sous-officiers allemands qui auraient pu jouer un rôle. Deux sont morts en 1952 et en 1965 et le sort du troisième est encore inconnu. Le procureur a demandé à pouvoir consulter les archives de Fontainebleau.

Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945

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Rappel des faits, par Hassane Zerrouky. Le 8 mai 1945, les premiers tirailleurs algériens qui débarquent du croiseur Gloire font une entrée triomphale à Alger. La presse coloniale fait sa une sur la défaite du nazisme. Le jour même, débutent les manifestations organisées par le PPA à travers les principales villes algériennes. Brandissant des drapeaux alliés, y compris celui de la France mais aussi l'emblème algérien, scandant des mots d'ordre revendiquant l'indépendance de l'Algérie, portant des gerbes de fleurs devant être déposées devant les monuments aux morts, plusieurs centaines de milliers d'Algériens répondent à l'appel du PPA.

Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945

Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945

À Sétif et Guelma, cependant, l'événement prend une tournure dramatique. Le matin du 8 mai, avant que ne débute la marche, les manifestants sont invités par les organisateurs à déposer cannes, bâtons et couteaux devant la mosquée de Sétif. Le cortège, précédé par des scouts, devait se rendre au monument aux morts de la ville pour déposer une gerbe de fleurs en hommage aux soldats algériens tombés face au nazisme. Mais c'était sans compter avec le préfet de Constantine, Lestrade-Carbonnel, qui a ordonné aux forces de police : « Faites tirer sur tous ceux qui arborent le drapeau algérien. » Le commissaire de police Lucien Olivier ne se fait pas prier : il fait tirer sur les manifestants. Les colons, organisés en milices, participent à la répression.

De pacifiques, les manifestations deviennent violentes. Elles échappent au contrôle des nationalistes, tournent à l'émeute et embrasent tout l'Est algérien. Devant l'ampleur des cortèges de Sétif, mais aussi Kherrata et Guelma, l'administration coloniale fait intervenir l'armée. Légionnaires, tirailleurs sénégalais et même des prisonniers allemands et italiens sont engagés pour réprimer la révolte : manifestants fusillés sommairement par centaines, femmes violées... L'aviation mitraille et bombarde les villages de montagne. Le croiseur Duguay-Troin qui se trouvait dans la baie de Bougie bombarde les douars de la montagne kabyle. À Périgotville, près de Guelma, on fusille tous ceux qui savent lire et écrire. À Chevreuil, Petite Kabylie, c'est par groupes de vingt que des Algériens sont passés par des armes. Des prisonniers fusillés sont jetés dans les gorges de Kherrata. Parmi eux, Rabah Hanouz, membre de la Ligue des droits de l'homme, et ses trois enfants. À son frère Lounis, juste démobilisé à son retour de France, qui faisait partie du Comité pour l'amnistie des prisonniers, le ministre de l'Intérieur, André Le Troquet, lui demande d'oublier et de tourner la page. Les dizaines de milliers de manifestants qui ont été arrêtés seront libérés suite à une campagne du PCA qui avait pourtant condamné auparavant ce soulèvement populaire.

Officiellement cette répression a fait 1 500 morts algériens et 110 européens. Mais selon le général Duval qui a organisé cette répression, il y a eu 7 500 morts. Quant au général Tubert, membre de la commission d'enquête chargée de faire la lumière sur ces événements, il avance le chiffre de 15 000. Mais selon les nationalistes algériens, elle a fait 45 000 morts. Au-delà de cette querelle des chiffres, le fait est que les manifestations du 8 mai 1945 ont été durement réprimées et que les auteurs de ce massacre relevant du crime de guerre n'ont jamais été inquiétés. Pis, le général Duval, qui a poussé le cynisme jusqu'à lire une prière à la mosquée de Constantine, déclare alors : « Je vous ai donné la paix pour dix ans. » Moins de dix ans après, le 1er novembre 1954, débutait la guerre d'Algérie !

"Ces événements-là resteront à jamais gravés dans sa mémoire. Lahcène Bekhouche avait dix-sept ans lors du soulèvement du 8 mai 1945 dans le Constantinois. « Des Algériens avaient participé à la libération de la France. En contrepartie, nous demandions la liberté et l'égalité des droits », raconte le vieil homme. Pour avoir pris une part active aux manifestations, il fut condamné à mort. Une sentence finalement commuée en peine de prison. Lahcène Bekhouche sera incarcéré pendant dix-sept ans, jusqu'à l'indépendance, en 1962. En Algérie, un 8 mai toujours à vif."

Commémoration du 8 mai 1945 : la paix en héritage

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« Pas un effort de ces soldats, de ces marins, de ces aviateurs, pas un acte de courage ou d’abnégation de ses fils et de ses filles, pas une souffrance de ces hommes et de ces femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une larme n’auront donc été perdus. » Extrait du discours du Général de Gaulle, le 8 mai 1945.

Commémoration du 8 mai 1945 : la paix en héritage

Commémoration du 8 mai 1945 : la paix en héritage

Le 8 mai 2014. 69 ans après. Ils sont tous là. Ils sont tous réunis au monument aux morts du boulevard Carpeaux pour la cérémonie commémorative de la victoire du 8 mai 1945. Pas un armistice comme en 1918, non, une victoire après la capitulation sans condition des armées nazies, la chute du IIIe Reich, la victoire des pays alliés et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La flamme au cœur du monument brille sous la pluie en ce jour de souvenir.

Pour transmettre cette valeur universelle de paix, Laurent Degallaix, le maire, est entouré de nombreux élus, du sous-préfet de Valenciennes, Frank-Olivier LAchaud, ainsi que de nombreuses personnalités, dont Julian Blake, du Commonwealth War Graves, commission qui est venu avec sa couronne de coquelicots. Tout un symbole. Mais encore : des 02/003 Champagne, escadron de l’armée de l’air encore actif en Afghanistan, du chef d’escadron Christian Walenski, commandant de la compagnie de gendarmerie de Valenciennes et entre autres du commissaire Minta de la SSLT de Denain mais aussi du président de l’Union nationale des parachutistes de Valenciennes et de la délégation d’Ath en Belgique, les anciens para-commando, Christian Jager et Jean Vanloosveldt annoncent « nous sommes jumelés, ils viennent chez nous ce matin et ce soir nous nous rendons à Ath ».

Après quelques discours poignants en hommage aux morts pour la France mais aussi à ces anciens combattants, ceux qui sont revenus des champs de bataille, des camps de concentration et d’extermination pour conter l’horreur, ceux ci même qui témoignent du passé, qui donnent un sens au présent et éclairent l’avenir, les enfants de l’école Henri Lemaître ont chanté la Marseillaise. Pour Maryse Dumortier, adjointe aux affaires patriotiques, « Laurent Degallaix a souhaité associer les enfants pour le devoir de mémoire mais aussi pour la passation des valeurs. Des enfants porteurs d’espoir ».
Parce que se souvenir est un devoir mais aussi une nécessité afin que les jeunes d’aujourd’hui soient les garants de la paix mondiale de demain.

D-Day. 8 mai 1945. Une vague de bonheur submerge Londres et Paris

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Bruxelles, Londres, Paris, connaissent le 8 mai 1945, jour de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, une journée de folie et de joie collective.

À Londres la fin de la guerre en Europe est célébrée avec joie et enthousiasme. Rarissime, les princesses Margareth et Elisabeth sortent de Buckingham Palace pour se mêler à la foule

À Londres la fin de la guerre en Europe est célébrée avec joie et enthousiasme. Rarissime, les princesses Margareth et Elisabeth sortent de Buckingham Palace pour se mêler à la foule

Londres, 8 mai 1945. C'est un petit événement à l'aube de cette grande et folle journée.Mais il a une valeur symbolique forte. Les lecteurs du Times, du Guardian ou du Daily Telegraph retrouvent, pour la première fois depuis six ans, la météo dans leur journal favori. Les prévisions en avaient été retirées au printemps 1939 pour ne pas renseigner l'aviation ou la marine allemandes.Les cieux se sont mis au diapason de ce jour historique. Un temps de roi, a « King's weather » disent les Londoniens en convergeant vers Whitehall et Buckingham Palace.

« Nous sommes-nous découragés? » lance Churchill

A Whitehall, Winston Churchill, le Vieux Lion prononce un de ses discours dont il a le secret. Puissant, fort, patriotique, authentique :« Ce n'est pas la victoire d'un parti, d'une classe sociale ou d'une partie du pays, c'est la victoire de toute la grande nation britannique. Nous avons été les premiers à tirer l'épée contre la tyrannie. Avant de nous retrouver seuls contre la plus formidable puissance militaire jamais vue.Nous étions seuls, quelqu'un est-il est venu nous aider, lance Churchill à la foule ?- « No ! » rugissent des dizaines de milliers de personnes,Nous sommes-nous découragés ?- « No ! »

Les Londoniens déjeunent ensemble dans la rue

Churchill galvanise et électrise des Londoniens fous de joie d'avoir survécu au sort funeste promis par Hitler et d'avoir vaincu le nazisme.Un extraordinaire « Land of Hope and Glory » monte de Whitehall entonné par le Premier ministre en personne.A l'heure du déjeuner, les rues pavoisées de l'Union Jack sont colonisées par des habitants qui déjeunent dehors tous ensemble. Et on danse et on danse et on chante et on chante !

Le protocole royal est chamboulé

Le protocole royal s'est mis aussi à l'heure de V.-E. Day, pour Victory in Europe Day. Fait unique dans les annales du royaume, le roi et la reine apparaissent six fois dans la journée au balcon de Buckingham pour saluer la foule immense qui chante sur le Mall « For he's a jolly good fellow ».Les princesses Margareth et Elisabeth quittent même le Palais, escortées d'officiers de la Garde, pour aller se mêler à la foule en liesse.

Et on chante, et on danse, et on s'embrasse. Ici, dans les rues de Paris

Et on chante, et on danse, et on s'embrasse. Ici, dans les rues de Paris

Et on s'embrasse et on danse

La liesse des Londoniens est à la mesure de leurs souffrances et de leurs sacrifices. Il n'y aura plus de Blitz et de bombes volantes à s'abattre sur leur ville, il n'y aura plus de morts et de blessés, d'angoisse à voir arriver les postmen du Royal mail et leurs télégrammes de désespérance. Non, il fait un temps superbe, 24° et on s'embrasse et on chante et on danse, et c'est fini ! « End of war » comme titrent les journaux du soir.

15h Toutes les cloches de France sonnent à la volée

A Paris la même ferveur est en train de s'emparer de la rue. On n'a pas vu une telle foule depuis la libération, en août dernier, et depuis l'armistice de 1918.A 15h, comme Notre-Dame, les cloches de toutes les églises de France sonnent à la volée la fin de la seconde guerre mondiale eu Europe. L'Allemagne a signé sa reddition, sans conditions.A la radio de Gaulle en fait une annonce solennelle : « La guerre est gagnée. Voici la victoire. C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France. L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l'Ouest et de l'Est. »

Paris 8 mai 1945, une foule considérable célèbre la fin de la guerre en Europe et de cinq années noires

Paris 8 mai 1945, une foule considérable célèbre la fin de la guerre en Europe et de cinq années noires

C'en est fini des déportations, des destructions, des humiliations

Une manifestation patriotique a lieu immédiatement après sous l'Arc de Triomphe devant la tombe du Soldat Inconnu. Le général de Gaulle ranime la flamme.Deux jours de célébrations et de fête déferlent sur la France. Les 8 et 9 mai sont déclarés jours fériés. Comme à Londres, Oslo, New York ou Sydney la foule chante, danse, exulte.C'en est terminé de la Gestapo, des déportations, des menaces quotidiennes, des privations imposées, des destructions, des humiliations, la France est libérée du poids de l'occupation et de la guerre. Son ennemi est définitivement terrassé.

Barre Raymond

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Raymond Barre, né le 12 avril 1924 à Saint-Denis (La Réunion) et mort le 25 août 2007 à Paris, est un économiste et homme politique français. Professeur d'université, il est vice-président de la Commission européenne, chargé de l'Économie et des Finances, de 1967 à 1973. 

Raymond Barre

Raymond Barre

Raymond Barre occupe les fonctions de ministre du Commerce extérieur du gouvernement Jacques Chirac I du 12 janvier au 25 août 1976, date à laquelle il est nommé Premier ministre par le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing. Il met en œuvre une politique monétaire visant à réduire la pression de la monnaie sur les prix et une politique budgétaire stricte du fait de la hausse de la dette. Il démissionne après la victoire du PS à l'élection présidentielle de 1981 et peu avant la prise de fonctions du président élu, François Mitterrand, en 1981.

Candidat à l'élection présidentielle de 1988, il arrive en troisième position. Il fut par ailleurs député du Rhône de 1978 à 2002 et maire de Lyon de 1995 à 2001. La villa Déramond-Barre, la maison natale de Raymond Barre à Saint-Denis de La Réunion. Raymond Barre est un lointain cousin de Paola Ruffo di Calabria, épouse du roi Albert II de Belgique, et de Bertrand du Guesclin. Ils descendent tous les trois de Robert II du Guesclin, seigneur de Broons. La famille Barre est installée à Saint-Denis, à La Réunion, depuis 1843. Raymond Barre est le fils de René Barre, négociant, et de Charlotte Déramond. Ses parents se séparent, lorsque Raymond Barre a quatre ans, suite à une affaire frauduleuse dans laquelle son père a été impliqué, puis acquitté. Son père parti, Raymond Barre ne le reverra jamais, bien qu'il décède le 18 mars 1975. À l'exception de quelques mois à Paris en 1934, il passe son enfance sur son île natale de La Réunion dans une imposante case créole de Saint-Denis autrefois habitée par le poète Léon Dierx, une villa aujourd'hui appelée Déramond-Barre.

Là, il se retrouve d'abord dans la même école maternelle que Raymond Bourgine, l'école de l'Immaculée Conception, avant d'être scolarisé au lycée Leconte de Lisle aux côtés de Paul et Jacques Vergès. Ce dernier lui dispute la place de premier de la classe, mais en vain, car Raymond est un brillant lycéen malgré l'absence de son père, homme d'affaires malheureux parti pour l'île Maurice. Il entre d'ailleurs à la faculté de droit de La Réunion au sortir du lycée. Mobilisé à l'âge de vingt ans, il doit mettre de côté son vœu d'étudier la médecine à Montpellier comme l'avait fait le reste de sa famille avant lui. Il part en 1945 pour Madagascar rejoindre son régiment d'artillerie et débarque à Tamatave, d'où il doit s'embarquer pour l'Indochine. Mais Américains et Britanniques ne fournissent pas les navires de transport nécessaires avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé, il prend le bateau pour Paris le 15 janvier 1946.

Logé à la Cité internationale universitaire jusqu'en 1950, il décroche plusieurs diplômes de l'enseignement supérieur : agrégation de droit et de sciences économiques en 1950 dont il finit deuxième1 et le diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris. En 1953, il traduit l'ouvrage du libéral Friedrich Hayek paru l'année précédente : Scientisme et sciences sociales, Essai sur le mauvais usage de la raison. Il est nommé professeur à la Faculté de droit et de sciences économiques de Caen, mais ne rejoint pas son poste immédiatement et, pendant quatre années, effectue des missions à l'Institut des hautes études de Tunis. Il publie en 1959 un manuel d'économie qui restera longtemps utilisé par les étudiants et qui est appelé familièrement Le Barre. Il devient ensuite professeur d'économie à l'Institut d'études politiques de Paris, à la faculté de droit et de sciences économiques de Paris, ainsi qu'à l'École centrale Paris.

De 1959 à 1962, Raymond Barre est directeur de cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l'industrie. Le 19 novembre 1954, Raymond Barre épouse Eva Hegedüs, une jeune femme d'origine juive hongroise, mariée en premières noces à Michel Tutot dont elle divorça en 1953. Le couple Barre eut deux fils. En 1967, il est nommé vice-président de la Commission européenne, responsable des Affaires économiques et financières, poste qu'il occupera jusqu'en 1973. Son mandat a été marqué par son action en faveur de l'union économique et monétaire entre les six États membres de la Communauté économique européenne. C'est à son initiative qu'a été élaboré un mémorandum en février 1968 sur la politique monétaire de la Communauté économique européenne, préconisant un dispositif d'assistance réciproque entre les États membres, et la définition d'une unité de compte européenne.

Le 12 février 1969, un document connu sous le nom de « premier plan Barre », propose ensuite au nom de la Commission européenne une « convergence des orientations nationales » ainsi qu'une « concertation des politiques économiques ». Au Sommet de La Haye, les gouvernements des six États membres de la CEE se donnent pour objectif l'Union économique et monétaire : le plan Barre sert alors de travail préparatoire. Puis, le 4 mars 1970, la Commission européenne présente au Conseil de l'Union européenne une communication appelée « deuxième plan Barre » proposant trois étapes devant aboutir en 1978 à une Union économique et monétaire. Ce document servira de base à la constitution du groupe présidé par Pierre Werner, qui va élaborer le document connu sous le nom de « Plan Werner », étape suivante dans l'histoire de l'Union économique et monétaire européenne ayant mené à l'euro.

En janvier 1976, il est nommé ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement Jacques Chirac I par le président de la République Valéry Giscard d'Estaing et le Premier ministre Jacques Chirac. Le 25 août 1976, Raymond Barre est nommé Premier ministre par le président Valéry Giscard d'Estaing, après la démission du gouvernement de Jacques Chirac. Le président Giscard d'Estaing, avec qui il avait des réunions régulières à Bruxelles plusieurs années auparavant, dit alors de lui qu'il est « l'un des meilleurs économistes de France ». Confronté aux hausses du chômage et de l'inflation liées à la crise économique mondiale des chocs pétroliers, Raymond Barre mène une politique d'austérité économique, plus couramment nommée par les économistes comme celle de « la rigueur ». Il ne parvient cependant à juguler ni le premier, ni la seconde à l'instar de ce qui se passera dans tous les pays européens à l'exception de la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher.

Son plan de restructuration de la sidérurgie en 1979, consistant à quasi-nationaliser les usines concernées, sauvegarde une industrie sidérurgique en France qui donnera plus tard naissance au groupe Arcelor. Ce plan implique la suppression de plusieurs dizaines de milliers d'emplois, et de violents mouvements de protestations en découlent. Il permet néanmoins de reconstruire un groupe plus moderne et créateur d'emplois. Son gouvernement engagera de plus le plan nucléaire. Cependant sa politique est contestée par la gauche, mais aussi le parti gaulliste, l'obligeant durant ses fonctions à engager dix fois la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale1. Il en gardera toujours une rancœur contre le RPR.

À La Réunion, où il conserve des contacts avec quelques élus comme Pierre Lagourgue et Marcel Cerneau, il décide de la construction du second bassin du Port de la Pointe des Galets. Son passage à Matignon est par ailleurs marqué par la mort de Robert Boulin, alors ministre du Travail, en 1979, dans des circonstances qui provoquent une importante polémique. La cote de popularité de Raymond Barre au début 1981 est alors au plus bas, au point que Giscard d'Estaing le maintient délibérément à l'écart de sa campagne présidentielle de 1981.

Il annonce, après la défaite du président Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle, la démission de son gouvernement. Il souligne les aspects positifs de son action et condamne ceux qui ont « joué au quitte ou double le sort de la Ve République ». Le Premier ministre prédit par ailleurs que la gauche sera obligée de revenir à la politique qu'il avait menée dans les trois ans (le « tournant de la rigueur » de 1983 lui donnera raison). Raymond Barre expédie les affaires courantes jusqu'à l'investiture du socialiste François Mitterrand à la présidence de la République, dix jours plus tard et à la nomination de son successeur à Matignon, Pierre Mauroy. Raymond Barre se replie alors sur une circonscription électorale de Lyon, où il se fait élire à l'Assemblée nationale lors des législatives de juin 1981. Député du Rhône, il sera dès lors volontairement « apparenté » au groupe centriste et sera toujours réélu jusqu'en 2002. Il reprend également à cette époque ses cours à Sciences-Po.

Jusqu'à l'automne 1987, les sondages donnent Raymond Barre vainqueur de l'élection présidentielle à venir, y compris face à François Mitterrand. Sans étiquette, il décide de se porter candidat à l'élection présidentielle, soutenu par l'UDF. Pendant la campagne, les intentions de vote en sa faveur diminuent fortement et il obtient finalement 16,54 % des voix au premier tour4. En vue du second tour, il apporte son soutien à Jacques Chirac face à François Mitterrand. Plus tard, ce dernier rendra hommage à Raymond Barre en le qualifiant de « véritable homme d'État ». Raymond Barre se définira lui-même comme « un homme carré dans un corps rond ». Déjà député du Rhône, il brigue en 1995 le poste de maire de Lyon. Il annonce dès le début de son mandat qu'il ne se représentera pas aux élections municipales de 2001. En 1988, il succède à Edgar Faure à la présidence de l'Institut d'étude des relations internationales de Paris. Raymond Barre fut président de l'Institut Aspen France, de 1994 à 2004, et en a été le président d'honneur jusqu'à sa mort.

Politiquement classé au centre-droit et proche de l'UDF, Raymond Barre est un des rares hommes politiques français contemporains à avoir occupé d'aussi hautes fonctions sans jamais avoir été membre d'un parti politique, ce à quoi il s'est toujours refusé voulant rester comme un « homme au-dessus des partis », disant de lui « je ne suis nulle part. Je suis inclassable ». En 2001, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques au fauteuil d'Alain Peyrefitte (1925-1999). En 2003, il est délégué à la Séance publique annuelle des cinq académies. Membre honoraire du Club de Rome, il se retire de la vie politique en juin 2002, ne se représentant pas aux élections législatives cette année-là. Le 3 octobre 1980, à la suite de l'attentat de la rue Copernic, Raymond Barre, alors Premier ministre, déclare sur TF1 : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les israëlites se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ». Le 8 octobre 1980 à l'Assemblée nationale, il assure, à ses « compatriotes juifs », la « sympathie de l'ensemble de la nation ».

Le 20 février 2007, au cours d'une interview sur France Culture, diffusée le 1er mars 2007, il revient sur cette affaire : « C'était des Français qui circulaient dans la rue et qui se trouvent fauchés parce qu'on veut faire sauter une synagogue. Alors, ceux qui voulaient s’en prendre aux juifs, ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. ». Il estime que cette affaire fut « une campagne […] faite par le lobby juif le plus lié à la gauche », affirmant considérer « que le lobby juif — pas seulement en ce qui me concerne — est capable de monter des opérations qui sont indignes ». Dans la même interview, il estime que Bruno Gollnisch, député européen FN, dont il blâme les propos, est par ailleurs « un bon conseiller municipal [lyonnais], un homme bien ». Il ajoute : « Je vous ai parlé très franchement. Que vous me fassiez passer pour un antisémite, pour quelqu'un qui ne reconnaît pas la Shoah, j'ai entendu cela cent fois et cela m'est totalement égal. »

Cette interview a été vivement critiquée par le Crif, qui s'est déclaré « scandalisé » et par Claude Lanzmann, qui accuse Raymond Barre d'antisémitisme. Ce dernier répond à ces critiques le même jour, sur RTL, dans l'émission Les Grosses Têtes : « Il y a une clique qui depuis 1979 me poursuit pour me faire apparaître antisémite. » Le 11 mars 2007, dans un entretien accordé au Parisien, Raymond Barre se déclare « indigné et attristé » par les accusations d'antisémitisme dont il est l'objet. Déclarant que « l'antisémitisme et le racisme sont contraires à [s]es convictions personnelles », il dénonce un « lobby juif de gauche » qui s'acharnerait contre lui « depuis plus de trente ans ».

Aux problèmes rénaux, dont Raymond Barre souffrait depuis des années et qui l’obligeaient à de régulières séances de dialyses, s'ajoutaient des problèmes cardiaques. Le 11 avril 2007, il est hospitalisé en urgence au Centre cardio-thoracique de Monaco à la suite d'un malaise cardiaque survenu dans sa maison de Saint-Jean-Cap-Ferrat, puis transféré par hélicoptère à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, au sein du service de cardiologie. Il décède le 25 août 2007, à l'âge de 83 ans, à l'hôpital du Val-de-Grâce. Ses obsèques sont célébrées par l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le 29 août 2007 dans la chapelle du Val-de-Grâce, en présence de nombreuses personnalités dont le président de la République Nicolas Sarkozy. Il est inhumé peu après à Paris, au cimetière du Montparnasse, au sein de la 18e division. Le 18 octobre 2008, une esplanade Raymond-Barre a été inaugurée à Lyon, dans le sixième arrondissement, ville dont il fut maire, pour lui rendre hommage, également la construction d'un pont Raymond Barre sur le Rhône va bientôt débuter pour permettre au Tramway T1 d’enjamber le fleuve.

Chirac Jacques

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Jacques Chirac, né le 29 novembre 1932 dans le 5e arrondissement de Paris, est un homme d'État français. Il est Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing de 1974 à 1976 puis, inaugurant la première cohabitation, celui du socialiste François Mitterrand de 1986 à 1988 (Jacques Chirac est d'ailleurs, sous la Ve République, le seul homme politique à avoir été deux fois Premier ministre). 

Chirac Jacques

Député de la 3e circonscription de la Corrèze en 1967, 1968, 1973, de 1976 à 1986 et de 1988 à 1995, maire de Paris entre 1977 et 1995, il est le 22e président de la République française du 17 mai 1995 au 16 mai 2007, période incluant la troisième cohabitation avec lionel jospin entre 1997 et 2002. Il est aussi le fondateur de deux partis politiques majeurs : le Rassemblement pour la République (RPR), en 1976, et l'Union pour un mouvement populaire (UMP), en 2002. Il siège aujourd'hui au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit depuis la fin de son second mandat de président de la République. Né le 29 novembre 1932 à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire (cinquième arrondissement de Paris), Jacques René Chirac est le fils d'Abel François Chirac (1893-1968), administrateur de société, et de Marie-Louise Valette (1902-1973), femme au foyer. Tous deux proviennent de familles de paysans — même si ses deux grands-pères sont instituteurs — de Sainte-Féréole, en Corrèze. D'après Jacques Chirac, son nom « a pour origine la langue d'oc, celle des troubadours, donc celle de la poésie ».

Le jeune Jacques, enfant unique (il avait une sœur aînée, Jacqueline, mais qui est décédée en bas âge avant sa naissance), étudie à Paris au lycée Carnot puis entre au lycée Louis-le-Grand. Après son baccalauréat, il fait une campagne de trois mois comme matelot sur un navire charbonnier. Il intègre en 1951 l'Institut d'études politiques de Paris dont il est diplômé en 1954. Durant cette période, brièvement, il milite dans la mouvance du Parti communiste avec notamment le futur éditeur Christian Bourgois. Il vend L'Humanité rue de Vaugirard, et participe au moins à une réunion de cellule communiste comme il l'a raconté. Il signe en 1950 l'Appel de Stockholm, contre l'armement nucléaire, d'inspiration communiste (cela lui vaudra d'être interrogé lorsqu'il demandera son premier visa pour les États-Unis, pays pour lequel il nourrit une réelle admiration) ; il suit durant l'été 1953 la « Summer school » de Harvard, à Boston.

Ses fiançailles avec Bernadette Chodron de Courcel sont célébrées dans l'appartement des Chodron, boulevard Raspail, le 17 octobre 1953. À l'automne 1954, il est reçu à l'ENA, avant d'être classé premier à l'École de la Cavalerie (i.e. les blindés) de Saumur. On lui refuse cependant le grade d'officier en raison de son passé communisant et il faut l'intervention des relations de la famille de Bernadette (le général Kœnig) pour l'obtenir. Il en ressort sous-lieutenant de cavalerie. En 1954, il soutient une thèse de géographie économique à l'Institut d'études politiques de Paris, où il était entré trois ans auparavant, intitulée Le port de La Nouvelle-Orléans, dirigée par le professeur Jean Chardonnet.

Le 16 mars 1956, il épouse Bernadette, malgré les doutes de la famille de celle-ci face au jeune homme issu d'une famille de paysans. Les parents de Bernadette refusent de consacrer le mariage dans la basilique Sainte-Clotilde, privilège des familles de la haute société du faubourg Saint-Germain. La cérémonie a lieu dans la chapelle Las Cases, simple annexe de ladite église, réservée alors au catéchisme et aux cérémonies à la va-vite. Il a avec elle deux filles, Laurence (1958) et Claude (1962). Juste après son mariage, de 1956 à 1957, il effectue son service militaire. En tant que jeune diplômé prometteur, il aurait pu éviter de faire la guerre d'Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et est affecté 2e Chasseur d'Afrique (il est en poste à Souk-el-Barba). Il est libéré de son service le 3 juin 1957. Jacques Chirac explique qu'il n'est devenu gaulliste qu'en 1958, et qu'en 1947, il a pris sa carte du Rassemblement du peuple français « sans savoir ce [qu'il] faisait ».

Avec son mariage, il change complètement de milieu social. Il rejoint en 1957 l'École nationale d'administration dans la promotion vauban, dont il sort dixième en 1959, celle-ci étant détachée en Algérie par Charles de Gaulle entre le 17 avril 1959 et avril 1960. Jacques Chirac est détaché en tant que « renfort administratif », auprès du directeur général de l'Agriculture en Algérie, Jacques Pélissier. À son retour en France métropolitaine, Jacques Chirac est nommé auditeur à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l'Institut d'études politiques. En juin 1962, il devient chargé de mission (pour la « construction, les travaux publics, et les transports ») auprès du secrétariat général du gouvernement Pompidou, puis au cabinet du Premier ministre. Un an plus tard, il est conseiller référendaire à la Cour des comptes. En 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole, en Corrèze, berceau de la famille Chirac, sans qu'il se soit présenté. Un an plus tard, georges pompidou l'envoie en Corrèze arracher la circonscription d'Ussel (Corrèze) à l'opposition. Bénéficiant du soutien de Marcel Dassault et de son journal, menant une campagne acharnée, il bat son adversaire du Parti communiste français de justesse, dans un bastion du parti.

Moins d'un mois plus tard le 8 mai 1967, Jacques Chirac — surnommé « mon bulldozer » par georges pompidou — est nommé secrétaire d'État à l'Emploi, dans le gouvernement Pompidou (et servira encore dans tous les gouvernements successifs, dirigés par Maurice Couve de Murville, jacques chaban-delmas et Pierre Messmer jusqu'en 1974). L'une de ses premières réalisations est la création de l'Agence nationale pour l'emploi. Durant mai 1968, il joue un rôle capital lors des Accords de Grenelle et devient l'archétype du jeune énarque brillant, parodié dans Astérix. Aussitôt après mai 68, il est nommé secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, chapeauté par le jeune ministre Valéry Giscard d'Estaing. Les deux hommes se méfient l'un de l'autre tout en travaillant ensemble : Jacques Chirac n'est pas mis dans la confidence de la dévaluation du franc, en 1969. En 1971 il devient ministre chargé des relations avec le Parlement, puis, le 5 juillet 1972, il est nommé ministre de l'Agriculture et du Développement rural, dans le gouvernement Messmer, où il se fait remarquer en obtenant massivement les voix des agriculteurs. En novembre 1973, soutenu par le Président, il revient sur des décisions de Valéry Giscard d'Estaing, alors en voyage.

En mars 1974, probablement à la suite de l'affaire des écoutes du Canard enchaîné, il « échange » son poste avec celui de Raymond Marcellin, jusque-là ministre de l'Intérieur. À la mort de georges pompidou, peu de temps après, il choisit de soutenir Pierre Messmer, un temps candidat, puis Valéry Giscard d'Estaing contre le candidat gaulliste jacques chaban-delmas. Il rallie contre ce dernier 43 députés et contribue ainsi largement à la victoire de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle. Il bénéficie aussi d'une bonne connaissance du terrain et des élus locaux acquis en moins de deux ans au ministère de l'Agriculture, et surtout de sa position dans un ministère « stratégique » où il a la haute main sur les préfets, les Renseignements généraux, etc.

Le 27 mai 1974, en raison de son rôle décisif dans son élection, Valéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre. Il conserve l'appui de l'Union pour la défense de la République (qui ne compte que cinq ministres) dont il devient le secrétaire général, sans même en avoir été membre. À Matignon, il instaure un style détendu et studieux, tout en débutant un bras de fer avec le Président. Tous deux désirent gouverner le pays et possèdent un caractère très différent : leur rivalité est la même depuis leurs tensions au ministère des Finances. De plus, Jacques Chirac se voit imposer par le président un grand nombre de ministres qu'il n'apprécie pas. C'est notamment le cas de Michel Poniatowski et Jean-jacques Servan-schreiber, tous deux fermement anti-gaullistes. Jacques Chirac se débarrasse rapidement du co-fondateur de L'Express sur la question des essais nucléaires. « JJSS » y est opposé et le fait savoir, ce qui le pousse à la démission. Pour le remplacer, Valéry Giscard d'Estaing impose à Jacques Chirac le second co-fondateur de L'Express en la personne de Françoise Giroud, qui devient secrétaire d'État.

Les réformes entreprises par Valéry Giscard d'Estaing surprennent puis agacent les gaullistes. Majorité à 18 ans, loi sur l'avortement, extension de la couverture de sécurité sociale, la « poignée de main » à des détenus en prison, tout cela n'est pas du goût de l'UDR et va à l'encontre des idéaux de l'électorat de droite. Les relations se tendent entre les deux têtes de l'exécutif. Les deux conseillers personnels de Jacques Chirac, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, le poussent même à la rupture avec Valéry Giscard d'Estaing. Le 11 janvier 1976, le Président effectue un remaniement ministériel contre l'avis du Premier ministre, qui dénonce le pouvoir exercé par Valéry Giscard d'Estaing et demande une refonte complète de sa politique. Après une rencontre au fort de Brégançon, Jacques Chirac décide de démissionner de son poste, geste qu'il annonce le 25 août 1976. Il déclare à la télévision : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre et dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin ». Jacques Chirac aurait affirmé à Valéry Giscard d'Estaing « qu'il voulait quitter la vie politique […] et qu'il s'interrogeait sur sa vie, et qu'il parlait même de monter une galerie d'art ».

Après avoir annoncé sa candidature au poste de Maire de Paris (il était initialement hostile au changement statutaire de la Ville), il crée le Rassemblement pour la République. Ce parti gaulliste reprend les bases de l'UDR et Jacques Chirac en devient le président. Le 20 mars 1977, malgré l'opposition de Raymond Barre qui soutient Michel d’Ornano, il devient le premier maire de Paris depuis Jules Ferry. Le poste qu'il obtient, nouvellement créé, est très important : quinze milliards de francs de budget, 40 000 fonctionnaires. C'est aussi un tremplin électoral. En vue des élections présidentielles de 1981, Jacques Chirac fait du RPR une puissante machine politique : toujours dans la majorité et plus important, avec 150 députés, que l'Union pour la démocratie française (parti créé en 1978 pour soutenir l'action du Président), il est très critique vis-à-vis du gouvernement. Le 26 novembre 1978, Jacques Chirac est victime d'un accident sur une route de Corrèze et est transporté à l'hôpital Cochin à Paris. De là, il lance l'« Appel de Cochin » qui dénonce le « parti de l'étranger », c'est-à-dire l'UDF. En 1979, il échoue aux élections européennes, sa liste ne recueillant que 16,3 % des voix, derrière les 27,6 % de Simone Veil, tête de liste de l'UDF.

Lors des élections présidentielles, il fait campagne sur le sujet de la réduction des impôts — suivant l'exemple de ronald reagan — et obtient 18 % des voix au 1er tour, et se retrouve largement distancé par Valéry Giscard d'Estaing (28 %) et François Mitterrand (26 %), qui remporte le second tour (parmi les slogans de campagne, on retrouve la chanson Jacques Chirac Maintenant). Il annonce que « personnellement » il votera pour le chef de l'UDF. Ses militants, et surtout ses jeunes militants, retiennent le peu de conviction du message et votent massivement pour le candidat de l'opposition. Selon Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre et Christian Bonnet, la permanence du RPR conseille de voter pour François Mitterrand entre les deux tours. La stratégie de Jacques Chirac est de faire élire François Mitterrand puis d'essayer d'obtenir une nouvelle fois la majorité au parlement, François Mitterrand étant obligé de dissoudre la chambre issue de 1978. La présence de ministres communistes créera chez les français, pense-t-il, un sentiment de peur comparable à celui de mai 1968, ce qui provoquerait un nouveau raz-de-marée gaulliste. Pierre Messmer confirme cette version des faits. Jacques Chirac rencontre François Mitterrand par l'intermédiaire d'Edith Cresson. Le candidat socialiste est élu.

Affaibli par sa défaite, le RPR ne remporte que 83 sièges aux élections législatives. Jacques Chirac est l'un des rares de son camp à voter pour l'abrogation de la peine de mort (contre l'avis de la majorité des français). Il devient cependant de plus en plus populaire chez les électeurs de droite comme maire de Paris, notamment en développant une politique de transports en commun, en venant en aide aux personnes âgées, aux handicapés et aux mères célibataires, tout en incitant les entreprises à rester dans la ville mais en organisant la destruction des quartiers populaires . En 1983, il est réélu en remportant le « grand chelem » : la totalité des vingt arrondissements. Il devient le chef de l'opposition. En mars 1986, lors des élections législatives à la proportionnelle, l'union RPR-UDF obtient de justesse la majorité et survient ce que Raymond Barre baptise « cohabitation ». Jacques Chirac, chef de la majorité, devient Premier ministre.

La cohabitation est l'occasion d'une guerre de tranchées entre le Premier ministre et le Président. François Mitterrand, critiquant ouvertement l'action de son Premier ministre, se pose en président impartial. Il refuse de signer des ordonnances et Jacques Chirac doit recourir à l'article 49 al 3. La stratégie du Président favorise la lassitude de l'opinion vis-à-vis de la méthode et des réformes du gouvernement, et le Premier ministre doit se résoudre à en abandonner certaines. Il réussit à freiner la progression du chômage, mais pas à la stopper. Il paye également la défiance de la jeunesse, à laquelle son ministre Alain Devaquet s'est heurté en novembre 1986 et l'image de son ministre Charles Pasqua, populaire à droite mais détesté à gauche. Ce dernier négocie en secret la libération des otages du Liban. La version officielle, commune dans les affaires de prise d'otages, est qu'il n'y a pas eu de rançon ; on accuse le Premier ministre d'avoir vendu la technologie nucléaire française à l'Iran et de vouloir manipuler l'opinion publique.

Confronté à la remontée spectaculaire de François Mitterrand dans les sondages, Jacques Chirac se lance dans une tournée dans toute la France pour expliquer sa politique. Au premier tour, il obtient seulement 19,9 % et est talonné à droite par Raymond Barre qui en attire 16,5 %, et se trouve largement distancé par François Mitterrand et ses 34,1 %. Selon Éric Zemmour, il rencontre Jean-Marie Le Pen à deux reprises chez le général De Bénouville durant l'entre-tour, par l'entremise de Charles Pasqua. Jacques Chirac le nie ; depuis cette date, Jean-Marie Le Pen nourrit une rancune pour Jacques Chirac. Il affronte le Président sortant lors d'un débat télévisé rugueux, durant lequel François Mitterrand affirme « dans les yeux » qu'il n'était pas au courant des tractations pour libérer les otages. Jacques Chirac subit une défaite au second tour en n'obtenant que 45,98 % des voix.

Son camp est démoralisé, et sa femme va jusqu'à affirmer : « les Français n'aiment pas mon mari ». De nouveau dans l'opposition, il reste maire de Paris, réélu triomphalement en 1989 et travaille à se maintenir en tête de l'opposition. En 1991, il déclare qu'il est « absolument hostile au plan Delors tendant à instituer en Europe une monnaie unique ». Passionné par les arts premiers tout comme par les Indiens d'Amérique, il écrit au roi d'Espagne pour expliquer son refus de participer aux commémorations en mémoire du génocide de ce peuple. Face aux grandes difficultés du gouvernement de gauche, il participe à la campagne législative de 1993 qui voit la victoire écrasante de la droite. Échaudé par l'expérience précédente, il préfère rester en retrait et laisse Édouard Balladur devenir Premier ministre, formant ainsi la seconde cohabitation. L'accord tacite entre les deux hommes est simple : à Édouard Balladur Matignon, à Jacques Chirac l'Élysée en 1995.

Cependant Édouard Balladur, au vu de sa popularité, décide de se présenter aux élections présidentielles : les partisans du président du RPR crient à la trahison, d'autant que le Premier ministre entraîne avec lui une partie des élus dont Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Philippe Seguin, un temps hésitant, se lance dans la bataille auprès du candidat « légitime » et devient avec Alain Juppé et alain madelin un des principaux soutiens de Jacques Chirac. Celui-ci entame une campagne dynamique et centrée sur le thème de la « fracture sociale ». Jacques Chirac réussit à devancer Édouard Balladur au premier tour, avant de remporter le second face à lionel jospin, candidat des socialistes, avec 52,64 % des voix : il devient président de la République.

À son arrivée à l'Élysée, le 17 mai, il nomme Alain Juppé Premier ministre. Ce dernier met l'accent sur la lutte contre le déficit de l'État afin de respecter le pacte de stabilité de l'Union européenne et d'assurer l'arrivée de l'Euro. Jacques Chirac et George W. Bush en juillet 2001Le 17 juillet 1995 à l'occasion du 53e anniversaire de la rafle du vélodrome d'hiver, il reconnait « la faute collective » de la France et déclare : « ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'État français ». Dès juillet 1995, une de ses toutes premières décisions est d'effectuer une ultime campagne d'essais nucléaires avant la signature du TICE, afin de permettre au CEA de développer son programme Simulation. Cette décision, arrivée au moment du cinquantenaire des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, provoque un tollé, en particulier en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Japon, aux États-Unis et dans les milieux écologistes, sans qu'il cède : la campagne d'essais a lieu.

La politique internationale de la France change subitement en Yougoslavie, où le Président ordonne des représailles suite au meurtre de soldats français, conjointes avec l'OTAN, qui met fin à la guerre civile. Il mène parallèlement une politique qui le rapproche des pays arabes tout en travaillant au processus de paix dans le conflit israélo-palestinien. La France rejoint le commandement intégré de l'OTAN. De plus en plus impopulaire, le gouvernement d'Alain Juppé doit affronter des grèves massives durant l'hiver 1995-1996, dues à la réforme des retraites du privé et au gel du salaire des fonctionnaires. Devant l'essoufflement de sa majorité, il risque une dissolution, attendue par beaucoup et probablement conseillée par Dominique de Villepin, de l'Assemblée nationale le 21 avril 1997, soit onze mois avant la date prévue. Pris de court, ni son parti ni son électorat ne comprennent son geste tandis que l'opposition crie à la manœuvre. Les élections qui suivent voient la victoire de la gauche plurielle, menée par lionel jospin. Jacques Chirac nomme ce dernier Premier ministre.

Chirac Jacques

La troisième cohabitation est bien plus longue que les précédentes, puisqu'elle dure cinq ans. Le Président et le Premier ministre tentent de parler d'une seule voix dans le cadre de l'Union européenne ou de la politique étrangère, se rendant ensemble aux sommets européens (comme lors des deux autres cohabitations), même si on y assiste parfois à des passes d'armes verbales entre les deux hommes. C'est à cette époque qu'éclatent les affaires politico-financières au sujet du RPR et de la mairie de Paris (dont l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris). Le 21 septembre 2000, est publié dans le journal Le Monde un aveu posthume de Jean-Claude Méry, promoteur et financier occulte du RPR, lequel accuse Jacques Chirac, alors maire de Paris, d'avoir été au cœur du système. Le RPR (tout comme l'UDF, le PS et le PC) est accusé d'avoir alimenté son budget à l'aide de commissions versées par des entreprises du bâtiment auxquelles la région Île-de-France a confié en contrepartie d'importants travaux publics. Jacques Chirac était alors le président du RPR. Il était également maire de Paris lors des faits de l'affaire des faux électeurs du Ve arrondissement. Une enquête a lieu dans le cadre du financement de voyages en avion à caractère privé de l'ancien maire. Bertrand Delanoë, nouveau maire de Paris, ignorant ces premières accusations, rend public durant la campagne présidentielle de 2002 un rapport détaillant les 2,13 millions d'euros (soit 700 euros par jour) dépensés en « frais de bouche » par Jacques Chirac et sa femme entre 1987 et 1995 ; un non-lieu pour prescription est prononcé par le juge d'instruction Philippe Courroye en 2003.

À l'initiative d'un député socialiste, Arnaud Montebourg, trente députés (dix-neuf PS, quatre Verts, quatre radicaux, deux PCF et un MDC) déposent une motion demandant la traduction de Jacques Chirac devant la Haute cour. La motion est rejetée. Dans une décision du 22 janvier 1999, le Conseil constitutionnel, présidé alors par Roland Dumas, confirme au président son immunité telle qu'elle est définie dans la constitution. Le 24 septembre 2000 la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans est adoptée par un référendum marqué par une abstention record. Le gouvernement de lionel jospin connaît une popularité importante, marquée par la loi des 35 heures, la baisse du chômage et la reprise économique mondiale de la fin du siècle. Partant favori, le Premier ministre décide de rétablir le calendrier initial des élections (la présidentielle avant les législatives) et surtout obtient du Président, d'abord très réticent, qu'il propose la modification de la Constitution pour transformer le septennat en quinquennat. Face à la pression de ses soutiens, les sondages lui étant peu favorables, il décide d'annoncer plus tôt que prévu sa candidature pour les élections de 2002, à Avignon, devançant ainsi lionel jospin.

S'appuyant sur la jeune garde des députés RPR, il favorise la formation progressive d'un nouveau parti qui doit voir la fusion du RPR, de l'UDF et de Démocratie Libérale : l'Union pour une majorité présidentielle. Les futurs éléments de ce nouveau parti (que l'UDF, dirigée par François Bayrou, refuse de rejoindre) développent les thèmes de la sécurité et de la baisse des impôts. Après un début de campagne moyen, Jacques Chirac prend du poil de la bête suite aux erreurs de lionel jospin (la phrase « Un président vieilli et usé » choque). Fort de sa grande expérience des campagnes présidentielles, Jacques Chirac mène alors une campagne dynamique, notamment sur les thèmes de la baisse des impôts (promesse de baisse de 33 % de l'impôt sur le revenu) et de l'insécurité, très largement relayé et diffusé par les médias (les Guignols de l'info de Canal + accusent TF1 et son journal de 13h d'amplifier le mouvement ; la gauche parle de « sentiment d'insécurité ») qui multiplient le temps d'audience sur le sujet et celui de la violence urbaine. lionel jospin voit dans le même temps sa campagne s'essouffler.

Le 21 avril, c'est la surprise, « comme un coup de tonnerre » : lionel jospin est battu dès le premier tour. Jacques Chirac, arrivé en tête avec 19,88 % (le plus faible score pour un président sortant) se voit opposé à Jean-Marie Le Pen. Souvent décrit comme un antiraciste viscéral, assuré de l'emporter, il décide de refuser de débattre avec son adversaire, déclarant que « face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible ». Les deux hommes se détestent notoirement. Il laisse la gauche et la jeunesse manifester en appelant à voter pour lui (le slogan de ses opposants les plus farouches est « Votez escroc, pas facho »), et il est élu avec un score sans commune mesure : 82,21 %.

Lionel Jospin lui ayant aussitôt remis sa démission, il nomme un membre de Démocratie libérale, Jean-Pierre Raffarin comme Premier ministre, lequel gouverne par ordonnances pendant quelques semaines : l'UMP, alors créée, remporte largement les élections législatives suivantes, et obtient la majorité absolue à l'Assemblée Nationale, avec 365 des sièges. Jacques Chirac peut à nouveau s'appuyer sur cette majorité parlementaire. Il s'appuie aussi sur un groupe de députés UDF réduit à 30 membres, et nomme un seul ministre de ce parti, Gilles de Robien, député-maire d'Amiens. Jean-Pierre Raffarin entame la mise en œuvre de certaines des promesses de la campagne : baisse de l'impôt sur le revenu et multiplication d'actions ciblées contre la délinquance, avec son très médiatique et populaire ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et conte l'insécurité routière, avec le ministre des transports Gilles de Robien. Viendront ensuite l'assouplissement des 35 heures, la réforme des retraites et de la sécurité sociale, la décentralisation.

Jacques Chirac au côté George W. Bush, Tony BLAIR et Silvio Berlusconi lors du sommet du G8 en 2003La situation internationale, marquée par l'attentat du 11 septembre, voit l'intensification de la politique étrangère du président des États-Unis, George W. Bush, avec qui Jacques Chirac s'entend mal. S'il l'avait soutenu lors de l'intervention en Afghanistan, il place la France, aux côtés de l'Allemagne dirigée par Gerhard Schröder, la Russie dirigée par Vladimir Poutine et la Chine Populaire de Hu Jintao, comme l'opposante principale des États-Unis contre l'invasion de l'Irak. Épaulé par son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, il obtient que les États-Unis passent par l'ONU avant toute intervention. Profitant d'un large consensus national sur la question, Jacques Chirac se fait le chantre d'un « monde multipolaire ». Soutenu par les opinions publiques européennes mais seulement par quelques dirigeants (le belge Guy Verhofstadt et l'allemand Gerhard Schröder), il s'oppose aux États-Unis, soutenu par huit gouvernements ouest-européens (dont la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne) et dix pays est-européens et laisse entendre qu'il utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies "quelles que soient les circonstances". Cette annonce lui vaut une campagne hostile, notamment dans une partie des médias anglo-saxons (The Sun titre alors « Chirac is a worm » — « Chirac est un ver »). Les relations avec les États-Unis deviennent exécrables, ne commençant à se normaliser qu'à partir de la commémoration du débarquement en Normandie, quinze mois plus tard.

Au lendemain d'une défaite massive aux élections cantonales et régionales de 2004 (20 des 22 régions de France métropolitaine passent ou repassent à gauche), il nomme Nicolas Sarkozy ministre d'État, ministre de l'Économie, des finances et de l'industrie : la plupart des éditorialistes politiques (dont ceux du Canard enchaîné, du Nouvel observateur et de l'Express) y voient un moyen de contrer sa popularité toujours aussi forte (contrairement à celle du Premier ministre, au plus bas dans les sondages). Face aux ambitions présidentielles affichées par Nicolas Sarkozy, il le met en demeure, lors de son allocution du 14 juillet 2004, de choisir entre son fauteuil et le poste de président de l'UMP. En novembre, Nicolas Sarkozy est élu président du parti et quitte son ministère, alors confié à Hervé Gaymard. En février 2005, celui-ci est contraint à la démission suite à un scandale très médiatisé et est remplacé par le PDG de France Télécom, Thierry Breton.

Pour impliquer les Français dans la Constitution européenne, Jacques Chirac décide qu'un référendum sera organisé pour la ratification de celle-ci, à organiser au plus vite afin de remporter le scrutin. Désormais favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (son « vœu le plus cher »), il voit une partie de sa majorité s'opposer à cette perspective, ce qui vient brouiller les cartes du référendum : le 17 décembre 2004, les vingt-cinq décident l'ouverture de négociations avec la Turquie. Le projet de directive Bolkestein détourne une partie de l'inquiétude sociale grandissante sur l'Europe, malgré les tentatives de désamorçage du président. Pis, Jaques Chirac, pour la première fois aux yeux du public, semble déconnecté des attentes sociales, notamment des jeunes, lors d'un débat télévisé bien encadré, le 14 avril 2005 sur TF1. Dans un contexte de quasi-unanimmité en faveur du "oui" des partis de gouvernement et des médias, les sondages s'inversent trois fois, le débat enflamme les Français et mobilise les médias jusqu'au jour du référendum.

Le 29 mai 2005, après une campagne marquée par l'implication personnelle du président, le « non » l'emporte avec 54,87 % des voix et avec une forte participation de 69,74 %. Le surlendemain, Jean-Pierre Raffarin démissionne ; Jacques Chirac annonce son remplacement par un duo formé par Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy : l'un comme Premier ministre, l'autre comme ministre d'État, rejoignant le ministère de l'Intérieur. La presse se déchaîne contre le peu de changement des membres du gouvernement mais est intriguée par la « cohabitation » des deux (on parle de « vice-premier Ministre »).

Jacques Chirac entame alors un bras de fer avec Tony BLAIR (qui prend la présidence de l'Union), sur le budget de l'Union. Cette confrontation s'étend à la candidature de Paris et Londres pour les Jeux Olympiques d'été de 2012 où les deux hommes s'impliquent personnellement. Les Français partent favoris et espèrent contrer la morosité qui s'abat sur le pays, mais, le 6 juillet, Londres est choisie par le CIO. Le 4 octobre 2005, lors d'un sommet franco-italien, Jacques Chirac reproche à la Commission européenne de ne pas lutter contre des licenciements chez Hewlett-Packard, ce qui fait réagir le président de la Commission qui qualifie cette accusation de « démagogie », estimant que le sujet est du domaine national.

Depuis le référendum, les sondages de popularité le concernant sont au plus bas et ne remontent que lentement. Le 2 septembre 2005, il est hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, pour un accident vasculaire cérébral (ou attaque cérébrale) ayant entraîné un léger trouble de la vision qui disparaît en quelques jours. Il en sort le 9 septembre 2005, mais ne doit pas prendre l'avion pendant quelques semaines. Le premier ministre Dominique de Villepin représente alors la France au sommet de l'ONU le 13 septembre 2005. Il peine à masquer la rivalité qui l'oppose à Nicolas Sarkozy, rendue plus aigüe depuis l'accident du président. Fin 2005, selon un sondage, 1 % des Français souhaitent que Jacques Chirac soit le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle de 2007. En outre, un Français sur trois déclare souhaiter que le chef de l'État démissionne de l'Élysée pour provoquer une présidentielle anticipée. La plupart des éditorialistes affirment que Jacques Chirac ne se représentera pas en 2007 mais Patrick Devedjian pense le contraire; Jacques Chirac demande au début de l'année 2006 à Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, « de la retenue » en attendant que la question de sa succession vienne à l'ordre du jour.

À partir de la fin du mois d'octobre 2005, suite à la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois électrocutés en se réfugiant dans un transformateur EDF, puis à des déclarations du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, les actes de violence se multiplient les nuits suivantes, les médias finissant par parler d'émeutes, se propageant dans de nombreuses banlieues en France (des milliers de voitures brûlées, des entreprises et bâtiments publics détruits, etc.). Le 8 novembre, Jacques Chirac décrète en Conseil des ministres l'état d'urgence (qui sera levé environ 2 mois plus tard, le 4 janvier 2006), les préfets pouvant déclarer le couvre-feu dans toute ou partie du territoire. Jacques Chirac s'adresse pour la première fois sur ces émeutes en banlieues directement aux Français via la télévision et la radio le lundi 14 novembre, regardé par plus de vingt millions de télespectateurs.

En visite le 19 janvier 2006 à l'Île Longue, base opérationnelle des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français, Jacques Chirac y réaffirme les principes de la politique de dissuasion nucléaire française, marquant une inflexion de la doctrine nucléaire du pays : ne plus raisonner « du faible au fort » mais « du fort au fou », dans une période marquée par le terrorisme et les ambitions nucléaires de pays comme l'Iran et la Corée du Nord. Si les États-Unis et le Royaume-Uni réagissent positivement à cette annonce, la classe politique allemande s'inquiète de cette position, alors que l'Iran proteste.

Après le Contrat nouvelle embauche (CNE), Dominique de Villepin décide, au début de l'année 2006, de lancer un nouveau contrat de travail similaire, pour les jeunes, baptisé Contrat première embauche (CPE). La mobilisation syndicale et étudiante contre ce projet en particulier, et contre la dite loi pour l'égalité des chances plus généralement, se met lentement en place mais finit par prendre des proportions très importantes, et le Premier ministre est mis en difficulté. Jacques Chirac prend plusieurs fois la parole pour le soutenir, mais n'intervient pas avant le 31 mars, où, dans une allocution devant 21 millions de téléspectateurs, il annonce la promulgation de la loi qui contenait le CPE mais demande de ne pas appliquer cette mesure en attendant une nouvelle loi sur le sujet, confiant le dossier à l'UMP, ce qui fait dire à un proche de Nicolas Sarkozy : « en réalité, le CPE est bel et bien suspendu, mais on ne le dit pas pour ne pas vexer Villepin ». La presse se montre très critique sur ces demi-mesures et le 10 avril, le Premier ministre annonce le remplacement rapide du CPE par une autre loi.

L'affaire Clearstream 2 vient ensuite bousculer l'emploi du temps du gouvernement. Dominique de Villepin, mais aussi Jacques Chirac, sont soupçonnés par la presse d'avoir commandité des enquêtes confidentielles sur des hommes politiques français, entre lesquels Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Chevènement et alain madelin, qui ont été accusés anonymement et faussement d'avoir profité de rétrocommissions en marge de l'affaire des frégates de Taiwan. Nicolas Sarkozy porte plainte contre X en janvier 2006 pour « dénonciation calomnieuse », rapidement rejoint par une série d'autres personnalités françaises. Enfin, le Canard enchaîné affirme dans son édition du 10 mai 2006 que le procès-verbal du général Rondot, membre de la DGSE, indiquait aussi que Jacques Chirac aurait détenu un compte de 300 millions de francs (45 millions d'euros) au Japon, à la Tokyo Sowa Bank appartenant à Soichi Osada, un ami de Jacques Chirac (fait chevalier de la Légion d'honneur en 1994), arrêté en 2000 au Japon pour faillite frauduleuse. Jacques Chirac nie aussitôt détenir tout compte au Japon, affirmant que le Canard faisant référence à une enquête ouverte par la DGSE en 2000 (juste avant la présidentielle) au sujet de comptes supposés qu'il aurait détenus au Japon, enquête qui elle-même aurait été ouverte sur la base d'un article dans la presse japonaise.

Giscard d'Estaing Valéry

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Valéry Giscard d'Estaing est né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne parce que son père y est directeur des finances. Cette famille appartient à la haute bourgeoisie : sa mère est issue d’une lignée de grands notables orléanistes et républicains. Valéry Giscard d'Estaing a eu une ascension politique fulgurante grâce en partie au cadre familial : son père faisait partie de l'Académie, et était un haut fonctionnaire. Du côté de sa mère, le grand-père et l'arrière-grand-père étaient sénateurs du Puy-de-Dôme et le second fut également ministre de l'Instruction publique.

Valéry Giscard d'Estaing

Valéry Giscard d'Estaing

Après la mort du président Georges Pompidou en 1974, des élections sont très vite organisées. Giscard d'Estaing se présente contre Jacques Chaban-Delmas. Il reçoit notamment le soutien de Jacques Chirac et de certains députés UDR. Il s'affiche comme le candidat du renouveau, jeune, dynamique, désireux de réformer la France en profondeur. Au premier tour, il obtient 43,24% des voix tandis que son principal adversaire, François Mitterrand en obtient 32,60%. Mais au second tour, les deux candidats se tiennent au coude-à-coude, tandis que Giscard d'Estaing est élu avec 50,80% des suffrages contre 49,2%. Selon les paroles mêmes du nouveau président, « date de ce jour une ère nouvelle de la politique française ». Il veut ainsi mettre fin à la période gaulliste.

Le septennat de Giscard d'Estaing se caractérise par de nombreuses réformes, notamment l'abaissement de la majorité à l'âge de 18 ans, la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, le divorce par consentement mutuel, la création d'un secrétariat d’État à la condition féminine. Son objectif est de moderniser et libéraliser la France. Pour cela il mène une politique de « décrispation » qui « regarde la France au fond des yeux ». Ainsi, pour se rapporcher des Français, il se fait inviter chez des citoyens « ordinaires ». Mais sa politique de proximité déplaît à certains membres de la majorité plus conservateurs. Jacques Chirac, par exemple, Premier ministre démissionne. Il ne s'accorde pas avec ce président non-gaulliste, trop éloigné des valeurs du parti. De plus, la France traverse une période de crise économique très grave, celle du premier choc pétrolier (en 1973) et Giscard est obligé de ralentir la mise en oeuvre de ses réformes. Raymond Barre, moins marqué politiquement, mais spécialiste des affaires économiques, est alors appelé au poste de Premier ministre. Il mène une politique austère visant à résorber la crise du pétrole et réduire le taux de chômage.

Tandis que Jacques Chirac crée en 1976 un parti réunissant les partisans gaullistes : le Rassemblement pour la République (RPR), Giscard crée l'Union pour la démocration française (UDF), parti regroupant les centristes et les libéraux en 1978. Lors des élections législatives de 1978, la droite l'emporte mais le RPR remporte 154 sièges tandis que l'UDF seulement 124. A partir de la création de ces deux grands partis, la droite est clairement divisée. Chirac affiche son hostilité envers l'UDF. Lorsqu'il est hospitalisé suite à un accident de la route en 1979, il lance « l'appel de Cochin », resté célèbre, dans lequel il dénonce les mesures de l'UDF trop tournées vers l'Europe et non vers la Nation. Pour lui, c'est « le parti de l'étranger ». Il est cependant obligé de modérer ses propos, lâché et critiqué par une partie de la majorité.

Giscard d'Estaing axe essentiellement sa politique vers l'Europe. Il s'associe notamment avec le chancelier allemand Helmut Schimmdt ce qui lui permet ainsi de renforcer les liens franco-allemands. Par ailleurs, il est très favorable à la création,du Conseil européen en 1974 ainsi que du Système monétaire européen en 1979. Il mène également une politique proarabe afin d'assurer les approvisionnements en pétrole.

Mais la crise en France est de plus en plus grave : Raymond Barre, malgré ses compétences et ses réformes, ne parvient pas à résorber l'inflation. Peu à peu, la personnalité même de Giscard est contestée : ses repas avec le Français moyen finissent par agacer ou susciter des moqueries. Mais c'est le scandale des diamants de Bokassa qui va précipiter sa déchéance. Tandis qu'il tisse des liens étroits avec les présidents africains, comme l'avaient fait avant lui ses prédécesseurs, Le Canard enchaîné publie, en octobre 1979, la phococopie d'une lettre dans laquelle l'ancien dictateur centrafricain Bokassa déclare avoir offert au Président français une plaquette de diamants. Giscard nie les faits jusqu'en 1985. Cette affaire lui portera préjudice, notamment en 1981, lors des élections présidententielles qu'il perd avec 48,24% des suffrages. Cet échec est donc dû d'une part au scandale et également à sa rivalité avec Chirac. François Mitterrand devient donc Président de la République. Giscard d'Estaing est le premier président à ne pas se faire réélire.

Pendant trois ans, Giscard d'Estaing se retire de la politique. Il refuse le siège au Conseil constitutionnel qui lui revient de droit. Cependant dès février 1982, il se présente aux élections cantonales dans le Puy-de-Dôme et les remporte avec 71,99% des voix. Dès lors, il va peu à peu cumuler les mandats : il est président du conseil régional d'Auvergne (à partir de 1986), député du Puy-de-Dôme (en 1984 puis réélu en 1986 et 1988).

Il lance également un appel aux « déçus du socialisme » voulant réunir deux Français sur trois (selon le titre du livre qu’il publie en 1984). Dès 1982, il se retrouve chez Drouant pour un déjeuner très médiatisé avec Jacques Chirac afin de sceller la paix. Mais les rivalités ne s'atténuent pas pour autant. Ainsi, contrairement à ses espérances, le Premier Ministre Jacques Chirac ne fait pas appel à lui pour participer, en 1986, à son gouvernement. Malgré tout, il parvient à s'imposer dans le paysage politique français comme figure emblématique de l'opposition. Il défend ainsi, lors des élections législatives de 1986 et européennes de 1989, la liste des deux partis désormais réconciliés l'UDF et le RPR qui arrive en tête avec 28,87% des voix et 26 sièges au Parlement européen.

En 1988, il est de nouveau élu président de l'UDF mais avec certaines difficultés : le parti se rajeunit et François Léotard brigue avec ardeur le poste. Les rivalités entre les membres du parti sont nombreuses. En 1993, la droite l'emporte aux élections législatives : le RPR obtient 242 sièges tandis que l'UDF en obtient 206. Le président Mitterrand fait appel à Edouard Balladur comme Premier ministre. Valéry Giscard est de nouveau déçu car, tandis que Balladur demande la participation de nombreux membres de l'UDF, il reste en dehors du nouveau gouvernement. En 1995, il échoue aux élections municipales et décide de ne pas se présenter aux élections présidentielles bien conscient de n'être pas assez populaire auprès des Français. Il se retire également de la présidence de l'UDF en 1996.

Depuis, Giscard d'Estaing est président du conseil régional d’Auvergne (1986-2004) et député au Parlement européen. Au printemps 2000, il relance l'idée du quinquennat déjà proposé, en son temps, par Pompidou. En décembre 2001, il est choisi par les chefs d'Etats et le gouvernement des Quinze pour présider la Convention chargée de réfléchir à la mise en oeuvre d'un élargissemnt de l’Union européenne et d'élaborer un projet de Constitution pour l’Union européenne. Giscard est appelé à mener les débats autour du référendum sur la Constitution européenne, finalement rejetée par les Français en mai 2005. Enfin, Giscard d'Estaing est élu en 2003 à l'Académie française.


Poncelet Christian

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Christian Poncelet, né le 24 mars 1928 à Blaise (Ardennes), est un homme politique français. Ancien député gaulliste de la troisième circonscription des Vosges, il est secrétaire d'État lors des présidences de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing. Président du conseil général des Vosges depuis 1976 et sénateur depuis 1977, il préside le Sénat du 2 octobre 1998 au 1er octobre 2008. 

Christian Poncelet

Christian Poncelet

Né dans une famille de modestes exploitants agricoles, Christian Poncelet devient orphelin de père à quinze ans. Il entre à l'École nationale professionnelle des PTT, dont il sort sous-ingénieur, et débute sa carrière en 19501. Contrôleur des télécommunications aux PTT de 1953 à 1962, il assume parallèlement à son activité professionnelle, des responsabilités syndicales dans le cadre de la CFTC, dont il est membre du Comité confédéral national.

En 1953, il rencontre Pierre Mendès France, auquel il se lie et qui l'initie à la politique. Gaulliste de gauche, il est élu en 1962, 1967 et 1968 député des Vosges dans la circonscription de Remiremont. Il s'implante dans cette commune en en devenant le conseiller général à partir de 1963, conseiller municipal chargé du budget en 1965, puis premier adjoint à partir de 1971. Maire de Remiremont de 1983 à 2001, il démissionne à cette date pour respecter la règle du non-cumul des mandats. Ainsi se vante-t-il de n'avoir jamais perdu une élection, ayant écarté ceux, à droite ou à gauche, qui ont tenté de le supplanter, comme Lionel Stoleru, candidat aux législatives de 1978, Philippe Séguin, député-maire d'Épinal, et Christian Pierret, maire de Saint-Dié, ou qui se sont opposés à son pouvoir3.

Localement, il développe une image d'homme convivial et disponible3. Homme de pouvoir, il fait profiter son département et sa commune, faisant notamment desservir Remiremont par le TGV et deux routes à deux fois deux voies. Il embellit sa commune, la dote d'un cinéma, d'un centre culturel, et d'un centre hippique. En 1972, il est appelé par le Premier ministre Pierre Messmer pour entrer dans son gouvernement en tant que secrétaire d'État auprès du ministre d'État chargé des Affaires sociales (1972-1973), puis secrétaire d'État auprès du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Population (1973-1974), et enfin secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique (1974). Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing et la nomination de Jacques Chirac à Matignon, il devient secrétaire d'État chargé du Budget, reconduit sous le gouvernement Raymond Barre.

Ayant abandonné son mandat de député en 1972 et 1973 pour entrer au gouvernement, il est élu, le 17 mars 1976, président du conseil général des Vosges, puis sénateur l'année suivante, démissionnant de sa fonction de secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement, qu'il occupait depuis quelques mois. Entré la même année au conseil régional de Lorraine, il est réélu jusqu'en 1992. Président de la commission des finances du Sénat à partir de 1986, il dispose dès lors, du rôle clé du versement mensuel de la « réserve parlementaire » aux sénateurs. Le 2 octobre 1998, il crée la surprise en succédant à René Monory à la présidence du Sénat. Alors que le groupe centriste qui soutient René Monory est le plus puissant au Sénat, Christian Poncelet, grâce au « fruit de tant de services rendus, de tant de mains serrées, de tant de mots convenus, d'amitiés maçonniques et catholiques à la fois », le devance de 16 voix au premier tour, et après le retrait du président sortant, recueille 189 des 283 suffrages exprimés au troisième tour.

À sa tête, il cherche à moderniser l'image de la Haute assemblée, en l'ouvrant davantage à travers le musée du Luxembourg rénové, des expositions de photographies le long des grilles du jardin du Luxembourg, et des événements comme les Tremplins entreprise ou les Rendez-vous citoyens. Durant la campagne du référendum sur le quinquennat présidentiel, qui se déroule le 24 septembre 2000, il prend position pour le « non », préférant un « mandat présidentiel de sept ans non renouvelable immédiatement ». L'année suivante, puis en 2004, il est réélu président du Sénat dès le premier tour. Le 27 janvier 2003, candidat face au président du Conseil constitutionnel Yves Guéna, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques.

Alors qu'il souhaite conserver la tête du Sénat et qu'on cherche à l'en dissuader, plusieurs affaires judiciaires sortent dans la presse. En juillet 2005, Le Monde affirme que Christian Poncelet aurait été au début des années 1990, actionnaire d'une petite banque de Floride, South Florida Bank. En juin 2007, une enquête préliminaire est ouverte sur « d'éventuels faits de trafic d'influence » contre le président du Sénat qui serait intervenu à plusieurs reprises en France et à l'étranger en faveur de la Sogea et du Groupe Carrefour. Dénonçant « une tentative de déstabilisation », il nie tout enrichissement et pression de sa part, expliquant avoir simplement « voulu aider des entreprises françaises à s'installer à l'étranger en toute transparence ». À quelques jours de sa fin de présidence, la presse révèle qu'un appartement de 200 mètres carrés lui a été affecté à vie, en 2004, rue Bonaparte à Paris à partir de son départ de la présidence du Sénat ; face à la polémique naissante, il annonce y renoncer le jour de l'élection de son successeur, Gérard Larcher.

Dès lors, il est de plus en plus contesté au sein du conseil général des Vosges : la majorité de droite se scinde en deux, plusieurs élus critiquant des projets qu'il a lancés et un manque de transparence dans la gestion des affaires publiques du département. Son âge (83 ans) et sa longévité à la tête du département (11 mandats consécutifs, soit 35 ans) sont également présentés comme étant un problème par ces « rénovateurs », qui, à la suite du renouvellement de 2011, présentent la candidature du divers droite Philippe Faivre à la présidence du conseil général. Le 31 mars 2011, lors du troisième tour de scrutin, Christian Poncelet recueille 15 voix, soit le même score que son adversaire, ce qui lui permet finalement d'être réélu au « bénéfice de l'âge » (le candidat le plus âgé l'emporte en cas d'égalité).

Expérimentation médicale nazie

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L’expérimentation médicale nazie désigne les expériences médicales pratiquées en vertu de l'idéologie nazie par des médecins SS sur des déportés dans les camps de concentration et des instituts scientifiques sous l'égide de la société Ahnenerbe - héritage des ancêtres dont Heinrich Himmler était le président. 

August Hirt et Joseph Mengele et Otto BickenbachAugust Hirt et Joseph Mengele et Otto BickenbachAugust Hirt et Joseph Mengele et Otto Bickenbach

August Hirt et Joseph Mengele et Otto Bickenbach

Les médecins nazis sont influencés par l'enseignement prodigué dans les facultés européennes de médecine au XIXe siècle : les promoteurs du racisme biologique, Joseph Arthur de Gobineau et Houston Stewart Chamberlain, construisent le mythe de la pureté de la race qui affirme la supériorité des races pures sur les races dites métissées. Les médecins allemands, dont plus de 50 % sont alors membres du parti nazi (SA et SS), sont influencés par cette idéologie mais empruntent un Sonderweg basé sur l’imaginaire médical de la souillure et l'hygiène raciale allemande développée par le médecin Alfred Ploetz, sur la notion d' espace vital forgée par le pharmacien Friedrich Ratzel puis sur le mythe de la race aryenne prôné par Adolf Hitler.

Suite au Programme Aktion T4 qui euthanasie des handicapés allemands, programme qui est une répétition générale avant ces expérimentations, le régime nazi dispose d'une centaine de spécialistes de la mise à mort issus des six stations d'euthanasie T-4, dont des médecins qui sont envoyés à Odilo Globocnik, chef de la SS et de la police du district de Lublin dans le cadre de l'Opération Reinhard.

Les expériences pratiquées par les médecins nazis se sont déroulées hors des protocoles scientifiques et des codes déontologiques admis et reconnus par la communauté scientifique et médicale internationale, qui n'existaient pas à l'époque. Elles exposaient les cobayes humains à des conditions cruelles voire barbares pour les plus extrêmes d'entre elles avec des apports scientifiques contestables voire inutiles.

Des expériences comme des inoculations de germes mortels (typhus) étaient également pratiquées, ainsi que des expériences sur l'alimentation, sur les gaz de combats, les brûlures au phosphore, des injections intraveineuses de phénol, essais de nouveaux sulfamides, etc. Expériences sur l'hypothermie, l'ingestion d'eau salée, la dépressurisation (les médecins de la Luftwaffe voulant prévenir l'exposition au froid ou à la soif de ses aviateurs lorsqu'ils tombent à l'eau ou qu'ils volent à haute altitude), prise de mescaline.

Camp de Ravensbrück

Expériences sur la reconstitution de l'os sans périoste.

Camp d'Auschwitz

Expériences sur la gémellité, différentes maladies et la reproduction humaine menées par le docteur Josef Mengele : l'un de ses projets porte sur l'étude du noma, maladie qui provoque de graves mutilations faciales et dont il pense qu'elle a un caractère héréditaire, particulièrement fréquent chez les Tziganes : il traite un grand nombre d'enfants souffrant de cette maladie, en leur administrant des vitamines et des sulfamides ; mais dès que les progrès sont suffisants pour attester de l'efficacité du traitement, il interrompt celui-ci et laisse les enfants rechuter. Dans la ligne de son mentor Otmar von Verschuer, il met également en place des programmes de recherche pseudo-scientifiques, portant sur les jumeaux, mais aussi sur les nains, les bossus, les transsexuels.

Camp de Natzwiller

Expériences sur l'ypérite. Ces expériences sont menées par le Dr August Hirt. Expériences sur le typhus. Ces expériences sont menées par le Dr Eugen Haagen. Expériences sur le phosgène. Ces expériences sont menées par le Dr Otto Bickenbach.

Camp de Buchenwald

Expériences de traitements hormonaux sur des homosexuels, expérience sur le paludisme, stérilisations massives, etc.

Les experts militaires chargés d'enquêter sur ces expériences montrèrent que les motivations étaient de deux sortes : les uns foncièrement guidés par l'ambition personnelle de gravir rapidement les échelons dans l'appareil administratif, les autres dans une démarche engagée et idéologique, voulaient contribuer en tant que serviteur sincère et fanatique de l'État national-socialiste, à asseoir la domination du régime nazi sur l'Europe . Les témoignages des rescapés soulignent le caractère pathologique des conditions qui entouraient ces expériences : une véritable folie s'installait dans certains camps (en particulier Buchenwald et Dachau), où tous types d'expériences étaient pratiqués, de la plus inepte à la plus atroce, le plus souvent sur un coup de tête d'un garde SS.

À la fin de la guerre, 23 personnes impliquées dans des expériences sur des humains, dont 20 médecins (dont une femme) et trois officiels nazis, sont jugées au cours d'un procès connu comme le « procès des médecins » qui est le premier de la série des Procès de Nuremberg. Cinq personnes sont acquittées, sept condamnées à mort et les autres à diverses peines de prison. Suite au procès des médecins, en 1947, est élaboré un ensemble de principes, le Code de Nuremberg, qui pose les bases de la bioéthique et de ce qui est tolérable en matière d'expérimentation sur l'humain.

D'un point de vue méthodologique, ces expériences ne sont pas « reproductibles », et d'un point de vue statistique, elles ne sont pas représentatives (panel trop restreint, trop affaibli). En outre, ces expériences n'apprirent rien que l'on ne sache déjà sur l'hypothermie, la mescaline, la consommation d'eau salée, l'évolution des plaies ouvertes ou le déroulé des maladies infectieuses (jusqu'à la mort). Enfin, du point de vue éthique, les expériences de dépressurisation (aviateurs), les essais de stérilisations massives ou les essais de casques ne donnèrent aucun résultat de nature à légitimer les souffrances infligées aux victimes.

Code de Nuremberg

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Le « code de Nuremberg » est une liste de dix critères contenue dans le jugement du « procès des médecins » de Nuremberg (1946-1947). Ces critères indiquent les conditions que doivent satisfaire les expérimentations pratiquées sur l'être humain pour être considérées comme « acceptables ». 

Le Dr. Karl Brandt

Le Dr. Karl Brandt

C'est sur ces critères que le tribunal condamna les 16 accusés sur 23, convaincus d'avoir pratiqué ou participé à l'organisation d'expériences médicales illicites dans des conditions atroces, notamment sur les prisonniers des camps de concentration. La liste des critères de licéité des expérimentations médicales, tirée de la section « Expériences acceptables » du jugement, circula rapidement en anglais sous le nom de « Nuremberg Code ».

Le « code de Nuremberg » n'est nullement le point de départ de la réflexion éthique et juridique sur l'expérimentation humaine : il récapitule des principes connus et acceptés très antérieurement au jugement, depuis au moins le début du XXe siècle ; le tribunal n'a pas jugé sur des règles qui auraient été inventées spécialement pour le procès (ce qui aurait été contraire à tous les principes du droit pénal). Le « code de Nuremberg » eut peu d'effet direct sur les pratiques d'expérimentation après la guerre : elles furent plus sensibles à la déclaration d'Helsinki de 1964 et plus encore à sa révision en 1975, lors du Congrès de Tokyo (qui disposait que les recherches sur les sujets humains qui ne respecteraient pas la Déclaration ne devraient plus être publiées). Mais le « code de Nuremberg » reste incontestablement le texte séminal d'un nouvel ordre normatif international en matière de recherche sur l'être humain, que les textes internationaux ultérieurs n'ont cessé de consolider.

Le « procès des médecins » ne doit pas être confondu avec le procès des dignitaires nazis qui se tint en 1945-1946 devant le Tribunal militaire international (TMI) de Nuremberg. Le « procès des médecins » eut lieu devant un tribunal militaire américain (et non pas international), mais qui agissait dans le cadre de dispositions internationales et pour le compte des forces alliées. C'est pourquoi les jugements du Tribunal militaire américain (TMA) sont, comme ceux du TMI, des jurisprudences internationales.

La liste des critères définissant les expériences médicales acceptables a été établie par le Tribunal de Nuremberg à partir du rapport de deux experts de l’accusation : le Dr Leo Alexander (qui revendiqua ultérieurement la paternité du « code ») était attaché aux services du procureur (il colligea une grande partie des témoignages et des preuves contre les accusés) ; le Pr Andrew Ivy, désigné en raison de ses compétences en matière de recherche par l’Association médicale américaine. Ces expertises avaient été requises par le tribunal qui constatait que le serment d’Hippocrate ne constituait pas une base normative suffisante pour établir le caractère criminel ou non des expérimentations nazies. La défense s’était efforcée avec succès de mettre en doute sa validité universelle, de même qu’elle déstabilisait l’accusation en produisant les publications d’expérimentations pratiquées par les nations alliées, qu’elle tentait d’assimiler aux expériences incriminées.

Travaillant séparément, les deux experts sont amenés par les procureurs de la poursuite à produire des rapports convergents sur les conditions dans lesquelles les expérimentations humaines étaient admises depuis la fin du XIXe siècle par la morale médicale. Les scandales qui émaillèrent l’histoire de l’expérimentation médicale indiquent qu’il était parfaitement compris au début du XXe siècle que le consentement des sujets d’expérience était la condition première à remplir. La traduction moderne de référence du « code de Nuremberg », faite depuis le texte du jugement, est la suivante pour les 10 articles :

 

  • Le consentement volontaire du sujet humain est absolument essentiel. Cela veut dire que la personne concernée doit avoir la capacité légale de consentir ; qu’elle doit être placée en situation d’exercer un libre pouvoir de choix, sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes sournoises de contrainte ou de coercition ; et qu’elle doit avoir une connaissance et une compréhension suffisantes de ce que cela implique, de façon à lui permettre de prendre une décision éclairée. Ce dernier point demande que, avant d’accepter une décision positive par le sujet d’expérience, il lui soit fait connaître : la nature, la durée, et le but de l’expérience ; les méthodes et moyens par lesquels elle sera conduite ; tous les désagréments et risques qui peuvent être raisonnablement envisagés ; et les conséquences pour sa santé ou sa personne, qui pourraient possiblement advenir du fait de sa participation à l’expérience. L’obligation et la responsabilité d’apprécier la qualité du consentement incombent à chaque personne qui prend l’initiative de, dirige ou travaille à, l’expérience. Il s’agit d’une obligation et d’une responsabilité personnelles qui ne peuvent pas être déléguées impunément.
  • L’expérience doit être telle qu’elle produise des résultats avantageux pour le bien de la société, impossibles à obtenir par d’autres méthodes ou moyens d’étude, et pas aléatoires ou superflus par nature.
  • L’expérience doit être construite et fondée de façon telle sur les résultats de l’expérimentation animale et de la connaissance de l’histoire naturelle de la maladie ou autre problème à l’étude, que les résultats attendus justifient la réalisation de l’expérience.
  • L’expérience doit être conduite de façon telle que soient évitées toute souffrance et toute atteinte, physiques et mentales, non nécessaires.
  • Aucune expérience ne doit être conduite lorsqu’il y a une raison a priori de croire que la mort ou des blessures invalidantes surviendront ; sauf, peut-être, dans ces expériences où les médecins expérimentateurs servent aussi de sujets.
  • Le niveau des risques devant être pris ne doit jamais excéder celui de l’importance humanitaire du problème que doit résoudre l’expérience.
  • Les dispositions doivent être prises et les moyens fournis pour protéger le sujet d’expérience contre les éventualités, même ténues, de blessure, infirmité ou décès.
  • Les expériences ne doivent être pratiquées que par des personnes scientifiquement qualifiées. Le plus haut degré de compétence professionnelle doit être exigé tout au long de l’expérience, de tous ceux qui la dirigent ou y participent.
  • Dans le déroulement de l’expérience, le sujet humain doit être libre de mettre un terme à l’expérience s’il a atteint l’état physique ou mental où la continuation de l’expérience lui semble impossible.
  • Dans le déroulement de l’expérience, le scientifique qui en a la charge doit être prêt à l’interrompre à tout moment, s’il a été conduit à croire — dans l’exercice de la bonne foi, de la compétence du plus haut niveau et du jugement prudent qui sont requis de lui — qu’une continuation de l’expérience pourrait entraîner des blessures, l’invalidité ou la mort pour le sujet d’expérience.


Aux États-Unis, le « code de Nuremberg » glissa sur une communauté médicale qui ne se sentait pas concernée. « Le point de vue dominant était que [les accusés] étaient d’abord et avant tout des nazis ; par définition, rien de ce qu’il firent et aucun code établi en réponse à cela n’étaient pertinents pour les États-Unis », indique l’historien D. Rothman. « C’était un bon code pour les barbares, mais un code inutile pour les médecins normaux », résume J. Katz. Le « code de Nuremberg », de ce fait, n’empêcha pas des recherches sur l’être humain qui enfreignaient parfois gravement les principes (étude de Tuskegee sur la syphilis, par exemple).

Les versions antérieures en français du « code de Nuremberg » proviennent de deux sources : le texte du Dr François Bayle, un observateur français au « procès des médecins », issu de la synthèse du procès publiée en 1950 ; un texte d’origine inconnue (probablement une autorité déontologique nationale), publié en 1984 en annexe de l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la recherche sur l’être humain et repris par le rapport du Conseil d’État préparatoire à la loi de 1988 sur les recherches biomédicales. La traduction de Bayle donne la partie du jugement de Nuremberg qui ne s’appelle pas encore « code de Nuremberg ». Cette version, qui fit longtemps référence, contient de nombreuses inexactitudes et approximations.

Elle est le fait d’un médecin – Bayle était un psychiatre de la Marine – peu au fait des questions et de la terminologie juridiques. Bayle a tenté de corriger des formulations qui paraissent abruptes du point de vue d’un déontologue français : ainsi, l’expression « human subject » est traduite non par « sujet humain », mais par « sujet qui sert à l’expérience » ; le bien de la « société » (que doit poursuivre l’expérience) est transformé en bien de « l’humanité ». La traduction de Bayle a été corrigée sur ces points dans la version publiée par C. Ambroselli dans son « Que sais-je ? » sur l’Ethique médicale. Le texte du CCNE, publié sans source, est une adaptation déontologique simplifiée du « code de Nuremberg », destinée aux médecins expérimentateurs. Le « sujet humain » est remplacé par « le malade ». Le « code de Nuremberg » a été très régulièrement pris pour un texte déontologique ou éthique. Il s’agit, en réalité, d’un texte juridique : le procès des médecins n’était pas un congrès d’éthique, mais un procès pénal international.

Occupation de la Pologne

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Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre formelle, l'armée allemande envahit la Pologne sous le prétexte que les troupes polonaises ont commis des provocations le long de la frontière germano-polonaise. Ce prétexte s'ajoute au contentieux concernant les droits de l'Allemagne sur la Ville libre de Dantzig et le passage entre la Prusse-Orientale et le reste de l'Allemagne à travers le corridor de Dantzig. Conformément au Pacte germano-soviétique, la Pologne est partagée entre l'Allemagne et l'Union soviétique dont les troupes envahissent l'est de la Pologne le 17 septembre 1939.

Occupation de la Pologne

L'armée polonaise résiste à l'invasion allemande mais l'issue du combat est sans espoir par le simple fait que la Pologne est ceinturée sur deux côtés par l'Allemagne à l'Ouest et par l'URSS à l'est. La tactique mise en œuvre en Pologne par l'armée allemande est celle de la Vernichtungsgedanke, littéralement, le « concept d'annihilation », une doctrine datant de Frédéric le Grand et basée sur la rapidité de mouvement qui déstabilise l'ennemi. Le concept a évolué vers ce que les Allemands appellent un Blitzkrieg ou « guerre éclair » : les divisions blindées font des percées, l'aviation effectue des bombardements en piqué pour disperser les concentrations de troupes en même temps qu'elle bombarde les villes pour démoraliser la population.

L'armée polonaise ne peut mettre en face qu'une armée de terre, une aviation et une artillerie peu modernes, même si ses officiers subalternes et supérieurs se montrent capables. Les blindés en grande partie sont anciens et peu nombreux comme les chars légers et les automitrailleuses. L'aviation est surclassée dans les airs malgré des modèles de bombardiers récents mais mal utilisés. Les Polonais réussissent tout de même à abattre 285 appareils allemands. Dès le premier jour du conflit, la plus grande partie des meilleures unités navales de la flotte polonaise (sous-marins et destroyers) a déjà été évacuée. L'invasion de la Pologne provoque l'entrée en guerre de la France, du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, le 3 septembre. Sur les 102 divisions dont la France dispose, elle en lance neuf sur la Sarre, qui progressent sur une profondeur de huit kilomètres sans rencontrer de résistance. Les Allemands ne déplacent pas un seul soldat du front polonais. Dans cette même période, la Royal Air Force largue des tracts sur les villes allemandes.

Le 17 septembre, une offensive polonaise à l’ouest de Varsovie est écrasée. Le même jour, environ 500 000 soldats de l'Armée rouge envahissent la Pologne orientale, conformément aux clauses secrètes du Pacte germano-soviétique. La progression de l'Armée rouge est facilitée par la destruction des meilleurs matériels polonais et la destruction presque complète d'une grande partie de l'armée polonaise par la Wehrmacht. Par ailleurs, la population de la Pologne orientale, qui est majoritairement biélorusse et ukrainienne, fait plutôt bon accueil aux troupes soviétiques. L'Armée rouge s'arrête sur la ligne Curzon et une parade militaire germano-soviétique a lieu à Brest-Litovsk, le 23 septembre.

Varsovie capitule le 27 septembre et, le 28 septembre, le partage du pays entre l'Allemagne et l'URSS est entériné. Les Allemands ont fait 694 000 prisonniers et les Soviétiques 217 000. Cent mille parviennent à s’enfuir. L'armée allemande compte 13 000 tués et 30 000 blessés contre respectivement 65 000 et 133 000 du côté polonais. Le 1er octobre, l'Allemagne et l'URSS contrôlent complètement le territoire mais le gouvernement polonais ne s'est jamais rendu. Les forces polonaises qui n'ont pas été capturées sont évacuées par la Roumanie et la Hongrie voisines. Beaucoup de ces exilés rejoindront l'armée polonaise reconstituée dans les pays alliés que sont alors la France et le Royaume-Uni. Le 4 octobre, le Haut-Commandement français ordonne le repli des troupes françaises qui avaient envahi la Sarre.

Selon les termes des deux décrets édictés par Hitler, les 8 et 12 octobre 1939, de vastes régions de la Pologne occidentale sont annexées à l'Allemagne. Il s'agit de tous les territoires perdus par l'Allemagne en 1919, à la suite du traité de Versailles, c'est-à-dire du corridor de Dantzig, de la Prusse-Occidentale et de la Haute-Silésie, mais aussi, à l'est de ces territoires, de régions qui avaient toujours été polonaises comme la ville de Łódź. La totalité des territoires annexés couvre une superficie de 94 000 km2 et compte 22 millions d'habitants, des Polonais pour la plupart.

Selon les termes du Pacte germano-soviétique, complété par un accord le 28 septembre 1939, l'URSS annexe les territoires situés à l'est des rivières Narew, Bug et San, à l'exception de la région de Vilnius, qui est rétrocédée à la Lituanie, et de la région de Suwałki, annexée par l'Allemagne nazie. Ces régions sont majoritairement peuplées d'Ukrainiens et de Biélorusses, avec d'importantes minorités de Polonais et de Juifs. La frontière orientale de la zone annexée par l'URSS correspond approximativement à la Ligne Curzon, proposée en 1919-20 par le ministre des Affaires étrangères britannique Lord Curzon. L'ensemble de ces territoires s'étend sur 200 000 km2 pour une populations de 13 millions d'habitants.

Le reste des territoires de la Pologne est regroupé sous une administration allemande appelée « Gouvernement général » (nom complet en allemand : Generalgouvernement für die besetzten polnischen Gebiete), dont la capitale est Cracovie. Le Gouvernement général est subdivisé en quatre districts : Varsovie, Lublin, Radom et Cracovie. La population des territoires occupés par les soviétiques comprend 38 % de Polonais, 37 % d'Ukrainiens, 14,5 % de Biélorusses, 8,4 % de juifs, 0,9 % de Russes et 0,6 % d'Allemands. Comme la répartition de ces populations n'est pas homogène, une grande partie des territoires est donc habitée par des fortes minorités non polonaises, notamment les Biélorusses au Nord et les Ukrainiens au sud.

Alors que les Allemands fondent leur politique sur le racisme, les soviétiques appliquent une politique de soviétisation de la zone qu'ils contrôlent. Quelques semaines seulement après la reddition des Polonais, les soviétiques organisent un simulacre d'élections au Soviet Suprême de la « Biélorussie occidentale » et de l'« Ukraine occidentale », nouvelles appellations des provinces conquises par les soviétiques. À la suite de ces élections, toutes les administrations de l'ancien État polonais démantelé sont fermées et rouvertes sous la direction de nouveaux directeurs, Russes dans la plupart des cas et, plus rarement, Ukrainiens. L'Université de Lviv ainsi que beaucoup d'autres écoles sont rouvertes mais elles fonctionnent plutôt comme de nouvelles institutions soviétiques que selon leurs anciennes traditions. L'université de Lviv (Lwow), autrefois inaccessible à la population rurale ukrainophone, est réorganisée avec la création de nouvelles chaires : langue russe littérature russe, Marxisme-léninisme

Tous les médias passent sous le contrôle de Moscou. Les nouvelles autorités mettent en place un régime politique qui est d'abord un État policier qui repose sur la terreur. Toutes les organisations polonaises sont dissoutes. Seul est autorisé le parti communiste ainsi que les organisations qui lui sont subordonnées. Les religions organisées sont persécutées, les entreprises sont étatisées et l'agriculture est collectivisée. Tous les résidents de la zone annexée acquièrent automatiquement la citoyenneté soviétique. Dans un premier temps, les soviétiques bénéficient d'un certain soutien de la part des minorités non polonaises qui ont subi la politique nationaliste d'avant 1939. Beaucoup de Juifs et plus encore d'Ukrainiens et de Biélorusses accueillent favorablement l'unification avec le reste de l'Ukraine, unification qui avait failli se faire en 1919 mais qui avait été torpillée par la Pologne. Cette adhésion de la population ukrainienne à la politique soviétique est renforcée par la réforme agraire par laquelle la plupart des gros propriétaire sont étiquetés « koulaks » et dépossédés de leurs terres, redistribuées aux paysans pauvres.

Le NKVD a joué un rôle important dans la « soviétisation ». Les premières victimes du nouveau régime sont les 217 000 prisonniers de guerre capturés par l'URSS après l'invasion de septembre 1939. Presque tous les officiers capturés et une grande partie des simples soldats sont assassinés (Voir Massacre de Katyń). Si les prisonniers de guerre forment le groupe le plus touché par la répression soviétique, les populations civiles ne sont pas épargnées pour autant. Les personnes qui ont travaillé pour l'État polonais deviennent coupables de « crimes contre la révolution » et d'activités « contre-révolutionnaires ». En vertu de ces considération, on arrête un grand nombre d'intellectuels polonais, des politiciens, des fonctionnaires et même de simples citoyens suspectés de représenter une menace pour le pouvoir soviétique. Parmi les personnalités arrêtées figurent les anciens premiers ministres Leon Kozłowski et Aleksander Prystor.

Lorsque les nazis prennent possession de ces territoires, après juin 1941, ils les incorporent à différentes entités administratives : Prusse-Orientale, Reichskommissariat Ostland, Reichskommissariat Ukraine, Gouvernement Général. À l'issue de la guerre, les soviétiques annexent ces territoires à l'exception des régions de Białystok, Przemyśl, rendues à la Pologne. Lorsque, après la guerre, la Pologne devient une démocratie populaire alliée de l'URSS, les soviétiques reçoivent de la part du gouvernement de la République populaire de Pologne l'autorisation de laisser stationner leur armée en Pologne. Ce n'est qu'au début des années 1990 que les troupes soviétiques quittent définitivement la Pologne. Hans Frank, un avocat allemand, fervent nazi, est nommé Gouverneur général le 26 octobre 1939. C'est lui qui va superviser la ségrégation des Juifs dans les ghettos des plus grandes villes et l'utilisation des civils polonais comme main d'œuvre forcée pour les industries de guerre allemandes. La population du Gouvernement Général est initialement de 12 millions d'habitants pour une surface de 94 000 kilomètres carrés, mais ce chiffre s'accroît de 860 000 Polonais, juifs ou non-juifs expulsés de la zone annexée et réimplantés dans le Gouvernement Général.

La ligne politique des nazis qui occupent la Pologne est de réduire les Polonais non juifs à l'état de servage et de les remplacer le cas échéant par des colons allemands. Les Juifs, eux, sont voués à la mort, c'est un sujet traité dans la section suivante. Dans le Gouvernement Général, les Nazis, poursuivant leur dessein de l’anéantissement de la culture polonaise, interdisent toute forme d'enseignement supérieur, et contrôlent strictement l'enseignement à visée professionnelle. Il ne subsiste en matière d'éducation publique qu'une école primaire. Tous les établissements secondaires et les universités sont fermés et il en va de même pour tout ce qui concerne la vie culturelle artistique et scientifique polonaise. Dès la conquête, des persécutions violentes sont prises contre les catholiques polonais. Contrairement à ce qui a pu arriver dans d'autres pays occupés, elles ont lieu ouvertement car on ne craignait pas d'indiscrétion.

Un système clandestin d'enseignement organisé et soutenu financièrement par le gouvernement polonais en exil à Londres se met en place au nez et à la barbe de l'occupant. Des écoles professionnelles, autorisées par l’administration scolaire allemande, servent de « couverture » destinée à permettre la réalisation d'un enseignement clandestin au niveau universitaire. L'enseignement s'effectue dans les locaux officiellement attribués à ces écoles professionnelles et bénéficie de leurs équipements de travaux pratiques. Ainsi, l'école du personnel sanitaire auxiliaire (Prywatna Szkoła Zawodowa dla Pomocniczego Personelu Sanitarnego), fondée à Varsovie par le chirurgien Jan Zaorski, est en réalité la faculté de Médecine de l’université Józef Piłsudski de Varsovie. Mais, malgré cette forme de résistance, beaucoup de professeurs d'université sont arrêtés ainsi que de simples professeurs, des avocats, des intellectuels et autres membres de l'élite. En 1943, le gouvernement choisit la province de Zamość pour en faire une colonie de peuplement allemande. La population polonaise en est expulsée avec une grande brutalité, mais en fait peu d'Allemands s'y établissent vraiment avant 1944.

L' opération Tannenberg a été imaginée dès 1939, avant l'invasion de la Pologne. Par la suite, la politique ethnique menée par les Allemands en Pologne sera définie dans le Generalplan Ost (GPO), (plan général pour l'Est de l'Europe). Ce plan, préparé en 1941 et confirmé en 1942, vise à réaliser le « nouvel ordre ethnique » cher à Hitler. On n'a pas retrouvé de copies de ce plan qui peut être reconstitué à partir de divers mémoires, résumés et autres documents annexes. Le GPO s'inscrit dans la vision de l'espace vital (Lebensraum) allemand qui implique de mener à bien une politique de poussée vers l'est (Drang nach Osten). Une liste de 61 000 activistes, intellectuels (Sonderfahndungsbuch Polen), acteurs, anciens officiers, avait été élaborée avec l'aide de membres des minorités allemandes vivant dans l'ouest de la Pologne. Les personnes figurant sur la liste devaient être internées ou abattues. La mise en œuvre de ce plan est confiée à des groupes spéciaux, les Einsatzgruppen, formés d'officiers de la Gestapo, de la police criminelle (Kripo) et du SD, théoriquement sous les ordres des officiers locaux de la Wehrmacht. Les Einsatzgruppen opèrent dès septembre 1939. Au moins 20 000 personnes sont tuées au cours de 760 exécutions de masse.

La population civile polonaise souffre de l'occupation allemande de différentes façons. De nombreux habitants sont expulsés de la zone annexée par l'Allemagne en vue d'une colonisation allemande et forcés de se réinstaller dans les territoires du Gouvernement général. Des centaines de milliers de Polonais sont déportés en Allemagne pour un travail forcé dans l'industrie ou l'agriculture. Des milliers y laissent la vie. Des Polonais sont aussi requis pour un travail forcé en Pologne même et enfermés dans des camps de travail (Gemeinschaftslager), où le taux de mortalité est élevé. La pénurie générale de nourriture, de combustible et de médicaments, est également une cause de surmortalité. Enfin, des milliers de Polonais sont exécutés, en représailles aux attaques de la Résistance polonaise contre les forces allemandes. Au total, environ 3 millions de Polonais non-juifs sont victimes de la seule occupation allemande. Ils s'ajoutent aux 3 millions de Juifs exterminés. Des six camps d'extermination principaux créés en Pologne pour exterminer les Juifs, seul celui d'Auschwitz est également un camp de concentration pour Polonais. Le camp de Stutthof est un camp où sont exterminés des Polonais et d'autres populations non-juives. Quelque 85 000 personnes y périssent. À Auschwitz, jusqu'en 1942, la majorité des déportés est constituée de Polonais non-juifs. Les premières victimes de gazage à Auschwitz sont un groupe de 300 Polonais et de 700 prisonniers de guerre soviétiques. De nombreux Polonais sont envoyés dans des camps de concentration situés en Allemagne : 35 000 à Dachau, 33 000 à Ravensbrück (camp de femmes), 30 000 à Mauthausen et 20 000 à

Il n'y a pas de gouvernement de collaboration en Pologne et relativement peu de collaboration active individuelle. A long terme, en effet, les nazis prévoient de repeupler la Pologne avec des Allemands et chaque fois que certains responsables nazis suggèrent de favoriser l'émergence d'une collaboration, cette idée est rejetée par Hitler, car elle impliquerait de relâcher le régime de la terreur. Dans les camps d'extermination, les auxiliaires des gardes allemands sont rarement polonais, mais plutôt ukrainiens ou baltes. La persécution des Juifs par les nazis allemands du Gouvernement général commence au tout début de l'occupation, surtout dans les zones urbaines. Pendant dix-huit mois, les Allemands se contentent de dépouiller les Juifs de tous leurs biens, de les regrouper dans les Ghettos et de les astreindre au travail forcé dans les industries d'armement. Pendant cette période, les Allemands reconnaissent les conseils juifs (Judenrat) et traitent avec eux. À partir de juin 1941, date de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, ce sont des groupes spéciaux, les Einsatzgruppen qui sont entraînés pour tuer des Juifs dans la zone orientale qui avait été occupée par les Soviétiques.

Occupation de la Pologne

Certains massacres de Juifs bénéficient de l'aide, et même de la participation active de Polonais non juifs. L'exemple le plus connu est celui du massacre de Jedwabne, au cours duquel plusieurs centaines de Juifs sont torturés et battus à mort par les habitants de la bourgade. L'ampleur de ce type de massacre est un sujet de débat. L’Institut du souvenir national a répertorié 22 autres localités où de semblables pogroms se déroulèrent. La cause de ces massacres donne lieu à des interrogations : en plus de l'antisémitisme traditionnel et de la convoitise des biens des juifs, il peut également y avoir, dans les territoires occupés par les Soviétiques en 1939, un ressentiment consécutif à une certaine sympathie que les Juifs ont pu manifester vis-à-vis des envahisseurs. Après la conférence de Wannsee, qui se tint le 20 janvier 1942 à Berlin, les Allemands commencent l'extermination systématique des Juifs. Ils commencent par les Juifs du Gouvernement Général. Six camps d'extermination (Auschwitz, Bełzec, Chełmno, Majdanek, Sobibor et Treblinka) sont construits en Pologne pour y faire périr des millions de Juifs de Pologne et des autres pays d'Europe. Des trois millions de Juifs présents en Pologne avant-guerre, seuls 50 000 survivront à la guerre.

Le rôle joué par les Polonais dans le processus d'extermination des Juifs de Pologne a fait l'objet d'un vaste débat. Avant la guerre, les trois millions de Juifs représentaient approximativement 10 pour cent de la population polonaise. La Pologne étant un pays profondément catholique, la présence de cette forte minorité non-chrétienne a toujours été une source de tension et, souvent, de violence entre les Polonais et les Juifs. Avant la guerre, il y avait un antisémitisme à la fois officiel et populaire, parfois encouragé par l'Église catholique et par certains partis politiques, mais non directement par le gouvernement. Il y avait également des forces politiques qui s'opposaient à l'antisémitisme, mais, dans les années 1930, les forces réactionnaires antisémites gagnaient du terrain.

Dans certains cas, les Allemands purent tirer parti de ces sentiments anti-juifs. Des Polonais livrèrent aux Allemands des Juifs traqués. D'autres purent gagner leur vie en tant que chasseurs de Juifs. Bien d'autres aussi aidèrent les Juifs à se cacher plutôt que de collaborer à leur extermination. L'antisémitisme était particulièrement virulent dans les territoires de l'Est, occupés par les Soviétiques de septembre 1939 à juin 1941. La population locale soupçonnait les Juifs d'avoir collaboré avec les Soviétiques et soupçonnait également les communistes juifs d'avoir joué un rôle de premier plan dans les actions répressives et les déportations de catholiques polonais. Des actes de pure vengeance visèrent des innocents.

D'une façon générale, pendant l'occupation allemande, la lutte pour la survie absorbait complètement les ressources et l'énergie des Polonais. À supposer qu'ils veuillent le faire, ceux-ci n'étaient guère en position de s'opposer peu ou prou au plan d'extermination des Juifs. Ceci n'exclut pas de nombreux cas où des Polonais risquèrent leur vie pour leur compatriotes juifs. En Pologne, la mort était la sanction pour celui ou celle qui apportait un secours aux Juifs, et cette sanction pouvait s'étendre à l'ensemble de la famille et quelquefois même aux voisins. En septembre 1942, un Comité provisoire d'aide aux Juifs (Tymczasowy Komitet Pomocy Żydom) fut fondé à l'initiative de Zofia Kossak-Szczucka. Le comité devint plus tard le Conseil pour l'aide aux Juifs (Rada Pomocy Żydom) plus connu sous le nom de Żegota. Le nombre de Juifs secourus par Zegota n'est pas connu, mais il y eut une période, en 1943, pendant laquelle 2 500 enfants furent pris en charge à Varsovie. À une échelle plus petite, un autre exemple est celui du village de Markowa, qui permit à 17 Juifs de survivre. Ceci explique pourquoi les Polonais furent les plus nombreux à recevoir le titre de Juste parmi les nations accordé par le Mémorial de Yad Vashem (6 066 personnes au 1er janvier 2008).

La Résistance polonaise, qu'il s'agisse de l'AK ou de l'AL, condamna la collaboration en matière de persécution des Juifs et put exécuter des contrevenants. Le Gouvernement polonais en exil fut le premier à révéler, en novembre 1942, l'existence des camps de concentration et l'extermination des Juifs par les nazis. Si un mouvement distinct de l'AK, l'ultra-nationaliste Narodowe Siły Zbrojne (NSZ ou Forces armées nationales) commit des meurtres de Juifs, l'Armée de l'intérieur (Armia Krajowa), dans son ensemble resta imperméable à toute collaboration contre les Juifs. Après l'invasion de 1939, le gouvernement polonais, regroupé dabors à Paris, s'installe rapidement à Angers et au château de Pignerolle (Faubourg d'Angers) et forme un gouvernement polonais en exil, dont le président est Władysław Raczkiewicz et le premier ministre, le général Władysław Sikorski. La plus grande partie de la flotte polonaise a pu se replier au Royaume-Uni et des milliers de soldats polonais ont également pu s'enfuir par voie de terre, vers la Roumanie, ou par voie de mer, par la mer Baltique C'est ainsi que beaucoup de Polonais peuvent poursuivre le combat en participant à la défense de la France jusqu'en juin 1940, et ensuite à la Bataille d'Angleterre.

Le gouvernement en exil, basé à Angers jusqu'en juin 1940, puis à Londres, est reconnu par tous les gouvernements alliés. Après l'attaque de l'URSS par l'Allemagne, en juin 1941, il établit des relations diplomatiques avec l'URSS, qui avait pourtant participé à la destruction de la Pologne aux côtés de l'Allemagne. Des centaines de milliers de prisonniers de guerre polonais et également d'autres prisonniers et déportés sont libérés et autorisés à quitter le pays par l'Iran. Ils forment la base de l'armée polonaise du général Władysław Anders, que l'on verra combattre dans les rangs alliés à la bataille du Monte Cassino en mai 1944, à Arnhem en septembre 1944 et sur d'autres champs de bataille.

En avril 1943, les Allemands annoncent qu'ils ont découvert des charniers contenant les corps de 4 300 officiers polonais à Katyń, près de Smolensk. Les Allemands font appel à la Croix-Rouge internationale pour prouver que ce sont des prisonniers de guerre massacrés par les Soviétiques. À l'inverse, des gouvernements alliés qui ont des raisons diplomatiques que l'on comprend bien, acceptent la version soviétique, ce que réfute le gouvernement polonais en exil. Cela va entrainer un durcissement dans ses relations avec StalineStaline s'empresse alors de mettre sur pied le noyau d'un gouvernement polonais d'obédience communiste et de constituer une Armée polonaise communiste dirigée par le général Zygmunt Berling. En juillet 1943, cette armée compte 40 000 hommes. C'est à cette date que Sikorski meurt dans un accident d'avion près de Gibraltar, alors qu'il revenait d'une inspection de ses troupes stationnées au Moyen-Orient. Stanisław Mikołajczyk succède à Sikorski à la tête du gouvernement en exil.

Au cours des années 1943-44, les dirigeants alliés et en particulier Churchill s'efforcent de réchauffer les relations entre Staline et les Polonais de Londres, mais ils échouent pour plusieurs raisons. Le massacre de Katyn et la disparition, depuis l'invasion soviétique de 1939, d'un certain nombre de Polonais dans les prisons et les camps de travail soviétiques, restent une source de défiance vis-à-vis des intentions soviétiques. La définition des frontières de l'après-guerre est également une autre divergence. Staline entend bien que les territoires annexés en 1939 restent soviétiques, les Polonais devant se contenter de compenser cette perte en gagnant vers l'ouest aux dépens de l'Allemagne. Malgré les pressions de Churchill, les Polonais de Londres refusent cette proposition. La constitution du futur gouvernement d'après-guerre est le troisième sujet de discorde : Mikołajczyk veut obtenir de Staline qu'il s'engage à ne pas mettre en place un gouvernement communiste. Or Staline est déterminé à contrôler la Pologne. En fin de compte, les Polonais restent convaincus que, sur chacun des trois points, les Britanniques et les Américains ont plutôt soutenu Staline.

De 1939 à 1944, les armées polonaises s'illustrent sur différents théâtres d'opérations : Bataille d'Angleterre, Bataille de l'Atlantique, Afrique du nord, Monte Cassino, bataille de Normandie, Falaise, Arnhem, apportant ainsi à l'effort de guerre allié une contribution essentielle dont le gouvernement en exil tente de tirer quelque bénéfice politique. Mais comme l'Armée rouge marche sur la Pologne, Staline peut durcir sa position et demande, outre la reconnaissance de la Ligne Curzon, le renvoi de tous les éléments anti-soviétiques du gouvernement de Londres, ce qui, dans la pratique, aurait inclus le président Raczkiewicz et la plupart des ministres.

En dépit du fait que le territoire polonais ne se prête pas particulièrement à la constitution de maquis et aux opérations de guérilla, un mouvement de résistance se développe assez spontanément dès le début de l'occupation allemande. L'Armée de l'intérieur, (en Polonais Armia Krajowa ou AK), liée au gouvernement en exil basé à Londres, est formée en 1942 d'un certain nombre de petits groupes. À partir de 1943, l'AK est en compétition avec l’Armée populaire (Armia Ludowa ou AL), liée au Parti ouvrier polonais (Polska Partia Robotnicza ou PPR), communiste et soutenu par l'URSS. En 1944, l'AK compte 360 000 hommes, peu armés. Avec entre 18 000 et 22 000 hommes, l'AL est moins importante. Les mouvements d'extrême-droite se coordonnent en septembre 1942 pour former les Narodowe Siły Zbrojne (Forces armées nationales, NSZ), comptant entre 70 et 100 000 personnes, et entretenant des liens avec l'AK. La Résistance polonaise, toutes organisations confondues, est créditée d'avoir tué environ 22 000 soldats allemands pendant toute la durée de l'occupation .

La dureté de l'occupation du troisième Reich est décriée par des posters anti-nazis produits par Armia Krajowa (exemple mettant en scène Hitler et Himmler, 1943). En août 1943 et en mars 1944, la Résistance polonaise liée à l'AK diffuse un plan à long terme, rédigé pour contrer la sympathie que rencontre la Résistance communiste chez la population. Ce plan prévoit une réforme agraire, la nationalisation de l'industrie, l'exigence de compensation territoriales de la part de l'Allemagne en même temps que le retour à la frontière orientale de 1939. On voit que la principale différence entre les deux tendances ne réside pas dans le programme économique et social, mais dans les relations avec l'Union Soviétique et les revendications territoriales à l'est.

En avril 1943, les Allemands commencent à déporter les juifs qui restent encore dans le Ghetto de Varsovie, provoquant son soulèvement, du 19 avril au 16 mai, l'une des premières insurrections armées contre des Allemands en Pologne. Des unités de l'AK essaient de venir en aide aux insurgés mais, en gros, les Juifs restent isolés. Les responsables du soulèvement du ghetto savaient bien qu'ils seraient écrasés, mais ils préférèrent mourir en combattant plutôt que d'attendre d'être déportés dans les camps de la mort.

Pendant l'année 1943, l'AK prépare ses forces en vue d'une insurrection nationale dont le nom de code est Opération Tempête. L'insurrection est déclenchée à la fin de 1943. Les épisodes les plus connus sont l'insurrection de Wilno (nom polonais de Vilnius), déclenchée en juillet 1944 et celle de Varsovie, déclenchée août. Alors que l'Armée rouge soviétique s'approche de Varsovie, le gouvernement en exil appelle au soulèvement dans le but de pouvoir rentrer dans une Varsovie libérée et d'essayer ainsi d'empêcher les communistes de prendre le pouvoir. L'AK, sous la direction de Tadeusz Bór-Komorowski, lance l'insurrection, mais les soviétiques ne viennent pas en aide aux insurgés. Les Polonais demandent de l'aide aux alliés qui parachutent quelques armes mais, comme en 1939, il est quasiment impossible aux Alliés d'aider les Polonais sans le concours des Soviétiques.

Les insurgés livrent des combats de rue désespérés qui sont autant de barouds d'honneur. L'AK, qui compte de 12 000 à 20 000 hommes mal armés, fait face à une armée allemande de 20 000 SS suréquipés, appuyés par des unités de l'armée régulière. Après 63 jours de combats acharnés, la ville n'est plus qu'un tas de décombres.

Le 2 octobre, Tadeusz Bór-Komorowski signe l'ordre de capitulation des forces polonaises survivantes en présence du général allemand Von dem Bach. L'accord de capitulation prévoit que les soldats de l'armée intérieure seront traités selon les Conventions de Genève et que les populations civiles seront traitées humainement. De fait, 15 000 soldats de l'armée intérieure sont envoyés en Allemagne dans différents camps de prisonniers de guerre, mais quelques 5 000 insurgés, craignant d'être exterminés s'ils se rendent, se fondent dans la population. Les représailles vis-à-vis de la population sont terribles : La population entière de Varsovie est expulsée de la ville et parquée dans le camp de Pruszków. Entre 350 000 et 550 000 civils transitent par ce camp et, parmi eux, 90 000 sont envoyés en camps de travail et 60 000 sont envoyés vers des camps de concentration (Ravensbruck, Auschwitz, Mauthausen) tandis que le restant est transporté dans diverses localités du Gouvernement Géneral et relâchés.

La fin de l'année 1944 voit simultanémént l'avancée de l' Armée rouge et l'effondrement de l'administration allemande. En juillet 1944, un Comité Polonais de Libération Nationale (Polski Komitet Wyzwolenia Narodowego ou PKWN) dirigé par Bolesław Bierut est installé par les soviétiques à Lublin, première ville polonaise d'importance à être libérée des nazis. Il fait office de gouvernement provisoire et prend le contrôle de l'administration au fur et à mesure du retrait des Allemands. De leur côté, le gouvernement en exil de Londres et l'AK font mine de collaborer avec l’Armée Rouge afin de faciliter la prise de pouvoir par la Résistance intérieure polonaise et contrer ainsi la prise de pouvoir par les soviétiques et le PKWN. L'échec de l'insurrection de Varsovie réduit à néant les chances d'échapper à un gouvernement inféodé aux soviétiques compte-tenu de la volonté des Alliés occidentaux de ne pas risquer un conflit avec l'URSS à propos de la Pologne. Des membres de l’Armée de l'intérieur sont arrêtés et déportés. Les forces soviétiques continuent à lutter contre le mouvement polonais pour l'indépendance jusqu'en 1946.

En février 1945, à la conférence de Yalta, Staline est en mesure de mettre les alliés occidentaux, Roosevelt et Churchill devant le fait accompli : ses armées et sa police sont sur le terrain et tiennent le pays en main et les conmmunistes polonais contrôlent l'administration. L'annexion définitive des provinces orientales envahies en 1939 est également en cours, à l'exception de Białystok rétrocédé à la Pologne. En compensation, la Pologne peut s'étendre, à l'ouest, sur les anciennes provinces allemandes de Poméranie, Silésie et Brandebourg, à l'est de la ligne Oder-Neisse et également sur le sud de la Prusse-Orientale. Toutes ces provinces sont appelées « Territoires retrouvés » et les Polonais des zones annexées par l'URSS seront invités à s'y établir.

Staline était déterminé à installer un gouvernement communiste en Pologne et, en 1943, il avait refroidi ses relations avec le Gouvernement polonais en exil à la suite des révélations sur le Massacre de Katyń. Cependant, pour amadouer Roosevelt et Churchill, il accepte à Yalta le principe d'un gouvernement de coalition. Le Premier Ministre Stanisław Mikołajczyk du gouvernement en exil, démissionne de son poste et se rend à Lublin avec d'autres dirigeants politiques, au siège du gouvernement provisoire contrôlé par les communistes. Un socialiste est à la tête de ce gouvernement, mais ce sont les communistes qui détiennent les postes clés. Ce gouvernement est reconnu par les occidentaux en juillet 1945 et Staline accepte que la Pologne reçoive de l'Allemagne une réparation financière de 10 milliards de dollars.

En avril 1945, le gouvernement provisoire signe un pacte d'assistance mutuelle avec l'Union Soviétique. Un nouveau « gouvernement d'unité nationale » est constitué le 28 juin avec le socialiste Edward Osóbka-Morawski comme premier ministre et deux vice-premiers ministres, Mikołajczyk et le communiste Wladislaw Gomulka. Les principaux rivaux des communistes sont le Parti populaire polonais (Polskie Stronnictwo Ludowe ou PSL) et des anciens des deux groupes de résistance, l'AK et l'armée polonaise qui avait combattu à l'ouest. Du côté communiste, on trouve le PPR dont les leaders sont Gomulka et Bolesław Bierut, qui contrôle l'armée et la police et qui est soutenu par l’Armée rouge. Les opposants potentiels aux communistes sont la cible de campagnes de terreur avec arrestations, exécutions et tortures. Au moins 25 000 personnes laissent leurs vies dans les camps créés par les communistes à partir de 1944.

Le gouvernement polonais doit se positionner sur la question de la définition des frontières orientales. Mikołajczyk et ses collègues du gouvernement en exil veulent se montrer fermes pour revenir à la frontière orientale d'avant 1939, une position qui ne peut que rester théorique du fait que Staline contrôle déjà tous les territoires contestés et que Churchill et Roosevelt lui en ont déjà fait la concession. Churchill, irrité par l'intransigeance du gouvernement en exil, se montre peu motivé pour s'opposer à Staline sur la composition du gouvernement. Finalement, les exilés de Londres perdent sur les deux points : Staline annexe les provinces orientales et impose à la Pologne un nouveau gouvernement qui lui est inféodé. Le pire est quand même évité, Staline ne retient pas la proposition d'annexer purement et simplement la totalité de la Pologne comme le propose Wanda Wasilewska, une dirigeante du PKWN.

Hans Franck est capturé par les Américains en mai 1945 et jugé au Procès de Nuremberg. Pendant le procès, il revient au catholicisme, la religion de son enfance. Il livre au tribunal quarante carnets où il avait écrit son journal. Le contenu de ce journal contribua à établir des preuves de la culpabilité des accusés. Condamné pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, il est pendu le 1er octobre 1946. Auparavant, il avait déclaré : « Il se passera mille ans et la culpabilité de l'Allemagne n'aura pas encore été effacée. »

Crime de guerre

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Un crime de guerre est une violation des lois et coutumes de guerre d'une gravité particulière. La notion de crime de guerre est aussi ancienne que les lois de la guerre, elle est actuellement définie par des accords internationaux et en particulier dans le Statut de Rome (les 59 alinéas de l'article 8), régissant les compétences de la Cour pénale internationale (CPI), comme des violations graves des Conventions de Genève. Ceci inclut les cas où une des parties en conflit s'en prend volontairement à des objectifs (aussi bien humains que matériels) non militaires. Un objectif non-militaire comprend les civils, les prisonniers de guerres et les blessés.

Procès de Nuremberg

Procès de Nuremberg

En 1945, le procès de Nuremberg, chargé après la Seconde Guerre mondiale de juger les criminels et organisations nazis, définissait ainsi le crime de guerre, dans la Charte de Londres : « Assassinat, mauvais traitements ou déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, assassinat ou mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, exécution des otages, pillages de biens publics ou privés, destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne justifient pas les exigences militaires. »

Bien que cette définition ne soit ni la première, ni la meilleure, car elle est floue, a posteriori et ad hoc, elle a une importance considérable dans la mesure où c'est la dernière qu'aient reconnue les États-Unis, qui ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale (CPI). La plus récente définition internationale de ce qui constitue un crime de guerre est donnée à l'article 8 du Statut de Rome, entré en vigueur en 2002 et définit les attributions de la CPI. Les crimes de guerre ont une signification importante dans les droits de l'homme, car c'est un domaine où les États ont pu s'entendre pour créer des tribunaux internationaux. Il en existe, ou en a existé, à ce jour, six :

 

  • le Tribunal militaire international de Nuremberg, qui a jugé les crimes commis par le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale
  • le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (TMIEO), qui a jugé les crimes commis par le régime showa (le régime impérial japonais); durant la Seconde Guerre mondiale
  • le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), qui est chargé de juger les personnes responsables des crimes commis sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis le 1er janvier 1991
  • le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui est chargé de juger les personnes responsables des crimes commis au Rwanda durant le Génocide au Rwanda
  • le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), qui est chargé de juger les plus importants responsables des crimes commis durant la guerre civile de Sierra Leone
  • la Cour pénale internationale (CPI), siégeant à La Haye depuis le 1er juillet 2002 de façon permanente, créée pour poursuivre les crimes de guerres commis après cette date


Tous ces tribunaux sont, ou ont été, chargés de juger les personnes responsables de crimes et non les États ou les organisations. La légitimité de certains de ces tribunaux, notamment la CPI, est remise en question par certains états ou gouvernements. Le 19 juillet 2005, la justice britannique a inculpé trois soldats pour crime de guerre, suite à des exactions commises sur des prisonniers irakiens entre le 13 et le 15 septembre 2003 à Bassorah. C'est la première fois qu'une juridiction nationale utilise contre ses propres ressortissants l'accusation de crime de guerre telle qu'elle est définie par la CPI. Le procès a débuté en avril 2006, et a été conduit par une cour martiale britannique, la CPI n'est en effet compétente qu’en cas de défaillance ou de mauvaise volonté des États. En marge de la justice internationale, se sont constitués des « tribunaux d'opinion », organismes qui débattent, entre autres, des crimes de guerres. Le plus célèbre fut le Tribunal Russell, appelé aussi « Tribunal international des crimes de guerre ». Il y a distinction entre « crime de guerre » et « ruse de guerre ».

Tirer sur un parachutiste autre que d'une troupe aéroportée, ou attaquer l'ennemi alors qu'on est venu se présenter à lui avec un drapeau blanc - ou qu'il se présente lui-même avec un drapeau blanc - est un crime de guerre. En revanche le fait que des membres de l'armée allemande aient revêtu des uniformes alliés pour donner aux convois de fausses indications (afin de permettre la fuite du reste de leur détachement) - manœuvre qui n'avait pas entraîné mort d'homme et n'avait pas non plus pour but de le faire - n'a été considéré que comme « ruse de guerre », au même titre que les « leurres » placés par les Alliés autour de Douvres (plusieurs milliers de chars) pour persuader Hitler de l'imminence d'un débarquement dans le Pas-de-Calais ou que le bombardement d'Abbeville effectué pour faire croire à ce scénario. Une « fausse bannière » peut être selon les cas être considérée comme un crime de guerre : par exemple, un navire de guerre peut approcher un navire ennemi en hissant le pavillon de l'ennemi, ou d'un de ses allier, ou neutre (comme le faisaient les corsaire), mais il devra impérativement hisser ces couleurs nationales avant d'engager le combat pour que cela reste une ruse de guerre, s'il ne le fait pas et qu'il combat avec un autre pavillon, alors c'est un crime de guerre .

Le droit des conflits armés n'interdit pas la ruse ou la déception. Il est licite de chercher à induire l'ennemi en erreur, par exemple en utilisant des leurres qu'il attaquera inutilement ou en cherchant à lui faire croire à une offensive ailleurs et à un autre moment que celui auquel elle aura vraiment lieu. En revanche, s'abriter faussement derrière le droit des conflits armés est qualifié de « perfidie » et constitue un crime de guerre. Faire croire à une reddition pour attaquer ensuite ou abriter des combattants derrière l'emblème de la croix-rouge sont des perfidies.

Les conventions de Genève sont quatre traités adoptés et continuellement mis-à-jour de 1864 à 1949 avec des protocoles additionnels. Elles représentent la base légale et le cadre dans lequel se fait la conduite de la guerre sous les lois internationales. Chaque état-membre a actuellement ratifié les conventions, lesquelles sont universellement acceptées comme Droit international coutumier, applicable à chaque situation de conflit armé dans le monde. Cependant, le Protocole additionnel à la Convention de Genève adopté en 1977 et contenant les protections les plus pertientes, détaillées et virulentes du Droit international humanitaire pour les personnes et les biens en « temps de guerre moderne » n'est toujours pas ratifié par un certain nombre d'Etats continuellement engagés dans des conflits armés, notamment les Etats Unis, Israël, l'Inde, le Pakistan, l'Irak, l'Iran et autres. Il en résulte que ces états observent des codes et des valeurs différents eu égard à la conduite en temps de guerre. Quelques signataires ont l'habitude de violer les Conventions de Genève d'une manière telle qu'ils utilisent les ambigüités de la loi ou des manoeuvres politiques aux limites des clauses et des principes.

« Toutes les conventions furent révisées et étendues en 1949 :

 


Les protocoles additionnels furent adoptès en 1977. »

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