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Maréchal Leclerc, une destinée liée à l'Afrique

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pubLe Pointlié le 05/09/2013 à 17h13 par Laurent Legrand

La vie de ce héros national est jalonnée d'événements qui le mènent en Afrique, où il fera ses premières armes jusqu'à devenir un leader de la Résistance.



Le maréchal Leclerc

Le maréchal Leclerc

 

"Il faut sans cesse prévoir les feintes, les fausses pistes, les dérobades du gros gibier. On développe ainsi chez soi le goût d'une quête continuelle et obstinée, la rapidité de décision." C'est avec le même acharnement et la même justesse que Philippe de Hauteclocque, passionné de chasse, assura son rôle d'instructeur à Saint-Cyr et M'Zizel, de représentant du général de Gaulle en Afrique équatoriale et de commandant de la glorieuse 2e DB du Tchad à Strasbourg.

Fasciné par l'islam

En 1926, Philippe de Hauteclocque rejoint le Maroc en tant que volontaire et instructeur sur les frontières françaises où persistent des révoltes. Il profite de ces quatre ans et demi pour affiner sa maîtrise de l'arabe, qu'il avait choisi en première langue à Saint-Cyr. Dès le départ, Hauteclocque se distingue par sa capacité d'adaptation aux moeurs du Maghreb et devient rapidement apprécié des hommes dont il assure l'instruction. Il se passionne pour l'islam et vit au plus près de ses troupes afin de saisir leur façon de vivre et leur culture. Sa vie est intimement liée au continent africain. C'est là qu'il effectue son baptême du feu et qu'il connaît ses premiers succès militaires avec le 38e goum en poste à M'Zizel. C'est également durant cette période qu'il accumule de nombreuses connaissances et qu'il démontre des qualités manoeuvrières exceptionnelles, déjouant notamment une embuscade à Dar Beïda qui aurait pu lui coûter la vie.

Après notamment deux années en tant que chef de peloton d'élèves officiers de cavalerie à Saint-Cyr, son lien fusionnel avec l'Afrique le rappelle sur le continent. Le lieutenant Hauteclocque prend connaissance des opérations menées sur le théâtre marocain et trépigne d'impatience d'y retourner, comme il l'explique au général Lecomte, son supérieur à M'Zizel et désormais ami : "Tout cela n'a fait qu'augmenter encore mon désir de sortir un peu de cette stupide Europe pour respirer encore l'atmosphère du Maroc qui me faisait l'effet d'un ballon d'O."

Le jeune lieutenant passe des paroles aux actes et débarque à Rabat le 11 juillet 1933. Il profite des huit semaines de vacances qui lui sont accordées pour aller chercher la guerre là où elle se trouve. Il souhaite participer aux opérations en cours et revêtir des responsabilités de commandement. Il rejoint le poste de commandement du général Giraud et ne tarde pas à informer celui-ci de l'objet de sa permission. Sa persuasion est telle qu'il est nommé adjoint au commandement d'un groupe de partisans. La conviction avec laquelle le jeune Philippe apostropha le général l'interpella puisqu'il déclara plus tard : "Je ne me suis jamais fait engueuler de la sorte par un simple lieutenant." Ce court passage au Maroc est une pleine réussite, Hauteclocque gagne le respect de l'état-major.

L'homme de la conciliation

Le conflit mondial a éclaté dans toute l'Europe. Le désormais Philippe Leclerc est parvenu, non sans difficulté, à rejoindre Londres. Il confie au général de Gaulle qu'il souhaite servir sous ses ordres dans une unité de combat et, si possible, à la Légion. De Gaulle ne met pas longtemps à déceler les potentialités de ce jeune capitaine chevronné, qu'il nomme rapidement commandant. En cette période, les relations avec Londres demeurent tendues à la suite du drame de Mers el-Kébir. De Gaulle prend conscience qu'il ne peut rester dépendant des Britanniques et envisage d'établir une base en Afrique française. Celle-ci, réfractaire à la collaboration dans un premier temps, a finalement rejoint dans certaines zones le positionnement de Vichy en raison des événements de Mers el-Kébir.

Leclerc se voit confier la mission d'"amener entièrement ou en partie les colonies françaises d'Afrique occidentale et équatoriale et le Cameroun à se joindre au général de Gaulle pour continuer la guerre contre les Allemands et les Italiens". Churchill facilite les déplacements de la délégation par l'attribution de moyens logistiques, mais la situation en Afrique s'avère confuse, les hauts fonctionnaires africains oscillant entre Vichy et les alliés.

De Gaulle doit convaincre les réticents. Leclerc s'attelle à sa mission de conciliation et fait pencher la balance en faveur des alliés. Il n'est pas diplomate, ni même baratineur, il ne jure que par la justesse de son discours. Leclerc est un meneur d'hommes et, lorsqu'il faut persuader, il convainc. Le Tchad, le Cameroun puis le Congo se rallient. Leclerc planifie un débarquement à Libreville dans l'optique de consolider le bloc de l'Afrique française libre toujours menacé au sud par le non-ralliement du Gabon. L'opération se fait de nuit et aboutit rapidement à la reddition du colonel Claveau, commandant des troupes de Vichy. De Gaulle constate l'efficacité et la loyauté de Leclerc mais aussi sa ténacité et son caractère parfois difficile à manier : "Leclerc indiscipliné, certes non. Il a toujours exécuté mes ordres, même ceux que je ne lui ai pas donnés."

Les termes de la nouvelle mission de Leclerc sont dictés par de Gaulle dans une note personnelle et confidentielle, le discours est on ne peut plus clair : l'offensive en direction de Koufra et de Fezzan. Il prend officiellement son commandement le 2 décembre 1940 au Tchad à Fort-Lamy et envisage le raid sur Koufra pour le mois de mars. Les moyens militaires et logistiques dont dispose Leclerc sont dérisoires, mais son élan et sa sérénité ont un impact considérable sur des troupes perplexes et enclines à des objections. Néanmoins, Leclerc reste inflexible et impatient afin d'éviter le changement de saison et de profiter de l'offensive britannique en Cyrénaïque. Une reconnaissance poussée sur Koufra au début du mois de février 1941 convainc Leclerc, qui, moins d'un mois plus tard, entre pratiquement seul dans El Tag au milieu d'une place forte bondée d'ennemis toujours opposés à la capitulation.

"Aide-toi, le ciel t'aidera"

C'est la première action offensive victorieuse des troupes françaises libres résultant d'un commandement uniquement français depuis juin 1940. Un événement que ne manque pas de congratuler le général de Gaulle dans un télégramme qu'il adresse au colonel Leclec : "Les coeurs de tous les Français sont avec vous et avec vos troupes. Colonel Leclerc, je vous félicite en leur nom du magnifique succès de Koufra. Vous venez de prouver à l'ennemi qu'il n'en a pas fini avec l'armée française. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse."

Stratège hors pair, homme doté d'une capacité de concentration exceptionnelle, Leclerc ne négligeait aucun détail pour parvenir à ses fins, toute son attention était envahie par le but qu'il s'était fixé. Homme de foi, il garde confiance et, face à l'adversité, il ne cède pas à la panique et s'en remet à la volonté divine. "J'aurais des moments de découragement si n'étais pas convaincu qu'une fois de plus la Sainte Vierge ne me laisse pas tomber." De Saint-Cyr en passant par le Maroc, l'Afrique équatoriale, Paris et Strasbourg, Philippe de Hauteclocque agit avec une foi profonde en la divine providence qui lui octroya toutes les audaces.


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