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20 ans de la mort de Pierre Bérégovoy : le mystère plane toujours

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Presse Océanpublié le 01/05/2013 à 18h08


Dans un premier livre sorti en 2003, le journaliste baulois Dominique Labarrière avait créé la polémique en remettant en cause la thèse du suicide avancée pour expliquer la mort de Pierre Bérégovoy le 1er mai 1993 à Nevers.



Pierre Bérégovoy

Pierre Bérégovoy est décédé le 1er mai 1993 à Nevers

 

L'ex-Premier ministre se serait tiré une balle dans la tête avec l'arme de service de son garde du corps, laissée par ce dernier dans la boite à gants de la voiture. Mais cette mort brutale survenue dans un contexte tendu d'affaires politico-financières touchant des proches du Président de la République, François Mitterrand, a nourri, depuis, bien des interrogations.

Dans un nouvel ouvrage, "Mort de Pierre Bérégovoy : 20 ans de questions sans réponses" (éditions La Table Ronde), dont la sortie est prévue le 19 avril, Dominique Labarrière remet à plat les nombreuses questions restées sans réponses et apporte de nouveaux éléments.

Les éléments clés de l'affaire

Témoins. Une infirmière, qui se promenait près du canal avec son mari, dit avoir entendu deux coups de feu. « Elle a vu l’arme et le corps, dont elle a fait une description clinique » précise Dominique Labarrière. Elle décrit deux plaies : une balle est rentrée par la joue et est ressortie par le haut du crâne, sans éclatement. « 30 minutes se passent et les pompiers arrivent puis le correspondant de presse qui, de l’autre rive, prendra la photo où l’on voit le trou sur le sommet du crâne ».

Médecin. Le médecin du Samu est sur les lieux une demi-heure après. Le corps est transféré à l’hôpital. À19 h 20, le médecin des urgences prévient la préfecture qui émet un avis de décès, relayé par l’Élysée et Reuters vers 19 h 40. «’’Décès constaté’’ : le terme est clair » souligne le journaliste. « Puis le décès est démenti à 20 heures. Ce subterfuge permet de transférer l’affaire à Paris puisqu’officiellement, Pierre Bérégovoy est encore vivant ».

Hommes en noir. « Le médecin fait des constats qui ne sont pas conformes avec un suicide ». Mais vers minuit, « des hommes en noir débarquent de Paris et les gendarmes sont dessaisis. Les mystérieux émissaires récupèrent les vêtements et les effets personnels de Pierre Bérégovoy ».

Autopsie. Bérégovoy est transféré au Val-de-Grâce. L’autopsie se déroule à l’Institut médico-légal. « Après mon premier livre en 2003, un huissier, mandaté par le légiste, est venu me voir pour me dire que ce dernier conservait le rapport dans ses archives. Il voulait se couvrir encas de disparition du rapport » explique Dominique Labarrière.

Arme. Officiellement, Pierre Bérégovoy s’est tué avec l’arme de service de son garde du corps, un 357 magnum. « J’ai cru moi aussi qu’il s’agissait de l’arme. Les témoins qui ont vu les blessures parlent, eux, de plaies faites avec un petit calibre. Mais le rapport balistique n’a jamais été montré ».

Dépression. Pour Dominique Labarrière, Bérégovoy n’était pas dépressif. « Ceux qui l’ont vu ce jour-là n’ont pas décelé signes de dépression. Il venait d’être réélu après une campagne très active ».

Lettres. Certains ont affirmé que Pierre Bérégovoy avait laissé lettres. Dominique Labarrière est formel : « Il n’y en a aucune et celles qui ont pu être produites sont bien antérieures ». En conclusion, « tout semble avoir été monté pour asseoir la thèse du suicide et classer l’affaire ». Dominique Bloyet

Le carnet. Dominique Labarrière l’affirme : le carnet, « un agenda hermès », est, avec l’arme, l’une des pièces maîtresses de l’affaire. Dans un premier temps, le dit-carnet était introuvable. « Pourtant, sur desimages tournées peu de temps avantsa mort par la télé régionale, on le voitqui le consulte » rappelle le journaliste. Puis le précieux objet est réapparu subitemment. 15 ans après !

Interview de Dominique Labarrière

Presse Océan : En 2003, vous aviez déjà publié un premier ouvrage sur la mort de Bérégovoy. Pourquoi ce nouveau livre ?

Dominique labarrière : « Je n’admets pas que, dans une démocratie qui se veut exemplaire, on fasse preuve d’une telle désinvolture face à la mort d’un homme, qui plus est quand il a occupé les fonctions de Pierre Bérégovoy. Je suis également troublé par la permanence de l’émotion populaire autour de sa mort dans toute la région de Nevers. Là-bas, chacun sait encore où il était le 1er mai 1993. »

C’est aussi le vingtième anniversaire de sa mort…

« Après la sortie de mon premier livre, dans lequel je posais déjà de nombreuses questions par rapport à la thèse officielle du suicide, de nouveaux témoignages sont arrivés. Ce premier livre a permis une prise de conscience mais il était encore trop tôt pour que la parole se libère. Aujourd’hui, vingt ans ont passé et les langues commencent à se délier. »

Pensez-vous que l’affaire intéresse toujours ?

« Je suis assez surpris de voir à quel point cette affaire intéresse encore. Pour ces 20 ans, j’enchaîne les plateaux radio et télé. Les gens se souviennent de la mort de Pierre Bérégovoy comme d’un fait divers important, et comme un fait émotionnel très ancré dans les mémoires. Les gens l’ont assimilé comme une injustice. »

N’est-ce pas simplement l’effet des 20 ans ?

« Je ne pense pas car ces 20 ans auraient très pu passer sous silence. Or, ce n’est pas le cas : il y aura des hommages à l’Assemblée nationale et dans la région de Nevers. Sans faire d’amalgame avec l’affaire Cahuzac, je pense qu’il y a aussi un climat politique qui se ressemble entre aujourd’hui et la fin du second mandat de François Mitterrand. On n’y voit pas clair. »

Vous doutez toujours de la thèse du suicide ?

« Le travail du journaliste est de poser les bonnes questions, pas automatiquement d’y apporter les réponses. Et en l’occurrence, il reste de nombreuses questions sans réponse. Je pense notamment au rapport balistique. Si Pierre Bérégovoy s’est suicidé avec l’arme de son garde du corps, pourquoi ne pas montrer le rapport balistique qui lèverait tous les doutes ? Quand on reprend le dossier, on se rend compte que la manipulation est constante ».

S’il ne s’est pas suicidé, pourquoi et par qui aurait-il été tué ?

« Sa mort survient à une période marquée par une série de scandales politico financiers. Un mois après sa mort débutait le procès Péchiney, une affaire de délit d’initié à laquelle sont liés Roger-Patrice Pelat, un proche de Mitterrand et Alain Boublil, ex-directeur du cabinet de Pierre Bérégovoy lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances… Il est possible que ce 1er mai 1993, il ait eu rendez- vous clandestin qui ait mal tourné ».

Recueilli par Dominique Bloyet et Pierre-Adrien Rou


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