publié le 15/06/2013 à 18h58 par Christian Bach
Après l'ouverture d'une enquête en 2010 sur le massacre d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne,
(642 morts le 10 juin 1944), trois Allemands, anciens de la division SS Das Reich, pourraient être mis en accusation cette année encore puis jugés.
Le procès de Bordeaux. Capture d'écran-document d'archives de l'INA
Depuis 2011, Andréas Brendel, procureur de Dortmund, et Stephan Willms, commissaire divisionnaire à Düsseldorf, enquêtent sur le massacre d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) perpétré à la fin de la Seconde guerre mondiale par des soldats de la division SS Das Reich. Les deux hommes ont travaillé à partir
d'une déposition découverte dans les archives de la Stasi, qui apporte de nouveaux éléments sur la préparation et la préméditation du massacre, ainsi qu'à partir d'une liste des SS de l'unité de la division Das Reich mise en cause dans ce terrible drame. Sept hommes encore vivants, six Allemands et un Autrichien,
anciens membres de cette unité, ont été identifiés. Trois des six Allemands -tous ont plus de 85 ans et étaient mineurs au moment des faist- pourraient être mis en accusation cette année encore,
puis jugés pour complicité de meurtre. Les trois autres Allemands, anciens SS, ne seraient plus en état de
comparaître devant un tribunal. Tout est expliqué dans une grande interview des deux enquêteurs à paraître demain, dimanche 16 juin, dans les DNA
Le massacre d'Oradour-sur-Glane a donné lieu en janvier et février 1953 à un procès retentissant
à Bordeaux. Le tribunal militaire jugeait alors des membres du régiment Der Führer de la division SS Das
Reich, responsables du massacre d'Oradour-sur-Glane.62 soldats pouvant être impliqués avaient
été identifiés.Parmi les 21 accusés présents à Bordeaux, tous de simples exécutants et aucun donneur d'ordre, figuraient 7 Allemands, 13 Alsaciens, Malgré-Nous et incorporés de force dans les
rangs des SS, et un quatorzième Alsacien engagé volontaire dès 1941. Ce dernier sera condamné à mort. Les 13
Malgré-Nous seront condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés ; ils seront amnistiés en février 1953 par un vote de l'Assemblée nationale, à peine le procès terminé.
Le procès de Bordeaux a profondément divisé la France et opposé le Limousin et l'Alsace, où cette condamnation de jeunes militaires incorporés de force a été perçue comme une injustice.
En 1998, Roland Ries, alors maire de Strasbourg et fils de Malgré-Nous, a été le premier maire de la métropole alsacienne à assister officiellement à une commémoration du massacre d'Oradour-sur-Glane. Depuis, Oradour et Strasbourg ont développé leurs relations, avançant sur
le chemin de la réconciliation.
- Sur le procès, on peut lire le livre "Le procès de Bordeaux", Jean-Laurent Vonau, Editions de la
Nuée-Bleue.
- Le sujet réalisé par Monique Seemann le 9 juin 2004 sur France3 Alsace, 60 ans après le massacre, avec notamment l'interview de deux avocats des Malgrés-Nous, Me Richard Lux (lui même ancien
incorporé de force) et Me Paul Mingès.