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Les phalangistes faisaient régner la terreur en Dordogne

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Sud Ouestpublié le 03/12/2013 à 06h00 par Hervé Chassain

"Ils avaient été envoyés ici pour terroriser et humilier la population. Début 1944, en Dordogne, on a appliqué les méthodes des grandes compagnies de soldats du Moyen Âge." Patrice Rolli, historien et ethnologue, raconte dans un nouveau livre (1) l’histoire de la phalange nord-africaine envoyée par la Gestapo dans le département pour traquer les résistants. Une unité de triste mémoire que les anciens Périgordins avaient baptisé du terme de "bicots", venu des coloniaux.



Gestapistes nord-africains

Une image inédite de ces gestapistes nord-africains et de leur encadrement, prise en 1944, dans un lieu non identifié de Périgueux

 

Cette unité d’une cinquantaine d’hommes était basée à Périgueux face à la Kommandantur, dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui la BNP. Elle était composée de supplétifs d’origine nord-africaine, recrutés dans les quartiers populaires de Paris et encadrés par des truands notoires, et notamment d’Henri Lafont. Celui-ci fut proche de Pierre Bonny, un policier aux origines périgourdines qui fut responsable de la Gestapo française et dont Guy Penaud a retracé le parcours il y a quelques années.

Un champion de football

Patrice Rolli, qui a entrepris depuis plusieurs années de collecter la mémoire des derniers témoins de la Résistance et de l’Occupation en Dordogne, avait souvent entendu parler de ces "bicots" dans le Mussidanais. Ce sont ces supplétifs employés par la Gestapo, qui étaient venus semer la terreur dans le secteur et notamment y massacrer 52 personnes en juin 1944.

Depuis, il a écumé les archives dans toute la France pour trouver des éléments sur cette étrange unité. Cette phalange avait été créée en janvier 1944 avec 300 hommes, divisés en cinq sections : deux ont été envoyés à Montbéliard, deux en Corrèze et une en Dordogne.

L’unité basée en Périgord était commandée par un ancien champion de football, Alexandre Villaplane, qui avait été capitaine de l’équipe de France en 1930. Il a, par la suite, sombré dans la délinquance. "Ces hommes avaient une carte de la police allemande et tous les droits. Ils étaient là pour détruire la Résistance. Ils ont participé à la plupart des exécutions à cette époque dans le département : à Brantôme, Mareuil, Eymet, Sigoulès, Les Piles…"

Ces supplétifs étaient encore plus craints et haïs que les autres unités d’occupation ou de collaboration intervenant sur le terrain. Ils employaient la torture et n’hésitaient pas à piller sur leur passage. Plusieurs milliers de familles périgordines ont subi leurs exactions durant les six mois de leur présence. Le livre de Patrice Rolli retrace leurs actes avec une terrible précision sortie des archives de la police, de la justice militaire ou des départements.

Exécutions à la Libération

"Ils n’avaient aucune origine locale donc aucune retenue." Ce qui ne les a pas empêchés, alors que le vent tournait, d’essayer de se faire recruter par la Résistance pour échapper à l’épuration. Beaucoup furent exécutés autour de la Libération. Les rescapés ont été jugés en 1947 et obtinrent des peines de prison plutôt clémentes.

Patrice Rolli prépare aussi un ouvrage sur ces supplétifs au niveau national, cette "militarisation de la pègre et son alliance avec le système nazi sous l’Occupation".

(1) « La Phalange nord-africaine en Dordogne », de Patrice Rolli (Éditions l’histoire en partage, 15, rue Edison, Boulazac) ; 19,90 €. Diffusé dans les librairies et maisons de la presse de Dordogne.


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