publié le 17/05/2013 à 18h32 par Bertrand Guyard
Tout au long de son existence, le «Fou Chantant» a été l'objet de bruits, souvent malveillants, qui, pourtant, n'ont pas nui à sa longue carrière.
Le néologisme «buzz» n'existait pas encore. Et pourtant, Charles Trenet a traîné comme un boulet une litanie de
malveillances et de fausses rumeurs durant presque toute sa carrière.
Ses ennuis commencent dès le début de la Seconde guerre mondiale. Le soldat Trenet est appelé sous les
drapeaux. Juste après son incorporation, les journaux annoncent sa mort. Paris Soir publie une nécrologie mélodramatique: «Midinettes vos beaux yeux vont pleurer: le prince charmant de la chanson
est mort en avion (sic!)...». L'artiste doit démentir. Il écrit dans le Marianne du 18 octobre 1939: «M et Mme Bobard ont décidé que j'étais mort... mais il n'en est rien, mes amis,
réjouissez-vous je suis bien vivant». La même mésaventure lui arrivera quarante ans plus tard. Selon Jacques Pessis, l'un des grands défenseurs de la chanson française, il affichera toujours
envers ses oiseaux de mauvais augure que du mépris.
Ce que ne sait pas le chanteur c'est que ses tourments ne font que débuter. Après la défaite de juin 40, l'Allemagne nazie occupe la moitié de la France. L'époque est troublée. La délation et la
rumeur malveillante deviennent la loi commune. Le chanteur, très populaire, jouit d'une grande notoriété, il est une cible idéale. Le 2 septembre 1940, L'Action Française parle du «chanteur juif
Netter dit Charles Trenet». Je suis partout, Le Réveil du peuple et d'autres journaux collaborationnistes
continueront de plus belle. Sa propre mère devra présenter un certification d'aryanisation à la Kommandantur.
Le Sacerdoce de Charles Trenet n'est pourtant pas fini. Après avoir été dénoncé comme «juif», le chanteur est
soupçonné d'être un collaborateur. Là encore la rumeur est folle. L'artiste a pourtant plusieurs fois essayé de se défiler lorsqu'il savait que des soldats allemands assistaient à ses
représentations. Après la victoire des Alliés, Trenet sera finalement lavé de tout soupçon, non sans être passé devant un comité d'épuration. Bien des années plus tard, il confiera à Jacques
Pessis que cette décision fut prise «au regret évident de certains de ses membres».
Des amours mouvementées
Jacques Pessis ne semble pas croire à l'homosexualité du poète chantant. Pour étayer sa thèse, qui n'est pas celle de Jean-Philippe Ségot, qui vient de sortir une exhaustive biographie Charles
Trenet à ciel ouvert, il a recensé une myriade de femmes que le poète aurait aimé. Dans l'ordre chronologique de leur apparition, furtive dans la vie du chanteur: une Miss France, Simone Signoret
alors qu'elle n'était encore que figurante, Corinne Luchaire, une jeune comédienne, Monique Pointier, une admiratrice.... En fait, Charles Trenet n'aima vraiment qu'une seule femme dans sa vie,
sa mère, Marie Louise-Caussat, un soutien indéfectible tout au long de sa vie.