publié le 04/09/2013 à 15h06
HISTOIRE - Le village de la Haute-Vienne où se rendent les présidents français et allemand n'est pas le seul à avoir été victime de l'atrocité nazie...
Le président Nicolas Sarkozy lors d'une commémoration du massacre de Maillé, le 25 août 2008. GERARD CERLES / POOL / AFP
«Par l’ampleur du massacre et la frénésie du massacre, Oradour-sur-Glane est le village le plus
marqué par l’atrocité nazie», estime l’historien Jean-Jacques Fouché, interrogé par 20 Minutes. Pour autant, ce n’est pas le seul à avoir connu une véritable tragédie lors de la Seconde Guerre mondiale. 20 Minutes revient sur ces lieux traumatisés par l’Histoire…
Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne)
Situé à 20 kilomètres au nord-ouest de Limoges, Oradour-sur-Glane n’est pas à proprement parler un haut-lieu de la Résistance. Il n’y a pas de maquis alentours. Pour autant, l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW) note, fin mai 1944, «un fort accroissement de l’activité des mouvements de résistance, particulièrement
dans les régions de Clermont-Ferrand et Limoges». C’est pour éviter que la population locale n’apporte son soutien à la Résistance que les SS décident de préparer une «action visant à produire un effet maximal de violence», selon l’historien Bruno Kartheuser.
Les 9 et 10 juin 1944, le massacre fait ainsi l’objet de trois réunions de préparation.
Encerclant méthodiquement le village, les soldats allemands intiment, le 10, l’ordre aux habitants de se regrouper sur la place de la Foire. A ce moment là, les civils pensent qu’il ne s’agit que
d’un contrôle de routine. Le boulanger, dont le commerce donne sur la place, demande même à l’un des soldats s’il peut aller vérifier la cuisson de ses gâteaux le temps que tous les habitants
arrivent. Vers 15h, les femmes et enfants sont emmenés dans l’église que les SS incendient. Les hommes,
dispersés dans différentes granges, sont eux méthodiquement fusillés. «Les SS ont tiré dans les jambes et après
ils ont mis le feu aux granges pour les faire souffrir encore plus», raconte ainsi à 20 Minutes, Camille Senon, l’une des rares rescapées du drame. Le massacre causera la mort de 642
personnes.
Ascq (Nord)
Le 1er avril 1944, le train N° 649.355 transportant des pièces d’artillerie allemande est victime d’un sabotage orchestré par le groupe de résistants Voix du Nord. Aucun blessé. Les dégâts sont
minimes. Un pneu d’automitrailleuse endommagé, la boîte de vitesse d’une camionnette cassée… Mais il s’agit du troisième sabotage en une semaine.
Une demi-heure après le sabotage, le lieutenant Walter Hauck demande à ses officiers de partir à la recherche des
«terroristes» dans les rues voisines de ce village proche de Lille. Un premier groupe d’hommes rassemblé dans la cabine d’aiguillage se fait fusiller. Les autres hommes de 17 à 50 sont alignés
dans un champ et fusillés d’une rafale. Bilan: 86 civils morts.
Maillé (Indre-et-Loire)
Le 11 août 1944, les habitants du village aident un pilote canadien dont l’avion a été abattu à se cacher puis à s’enfuir. Le 21 août, les Allemands interceptent un parachutage d’armes. Le
lendemain, jour de la Libération de Paris, les SS décident d’orchestrer des représailles. Une cinquantaine de
militaires entrent dans le village et massacrent tout ce qui se présente devant eux: hommes, femmes enfants et animaux. Puis ils mettent le feu aux habitations. Deux heures plus tard, une pièce
d’artillerie pilonne le bourg détruisant 52 des 60 maisons. Sur les 500 habitants, 124 périssent. Les Allemands revendiquent le massacre en laissant une note sur place: «C'est la punission des
terrorists et leur assistents» (sic)