publié le 08/01/2014 à 17h13
ENTRETIEN – Président de l’Association nationale des familles de martyrs d’Oradour-sur-Glane, Claude Milord revient sur l’inculpation d’un allemand de 88 ans pour sa participation présumée au
massacre de 642 civils en 1944…
Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne. Le 10 juin 1944, 642 habitants de ce village ont été massacrés par des membres de la Waffen-SS. EAN MICHEL NOSSANT/SIPA
Ni une «fin», ni un «soulagement». Président de l’Association nationale des familles de martyrs d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), Claude Milord a accueilli avec dignité, ce mercredi, l’annonce
de l’inculpation d’un allemand de 88 ans pour sa participation présumée au massacre de 642 civils en 1944. Il explique à 20 Minutes ce que cela représente pour les familles des victimes,
soixante-dix ans après les faits…
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de l’inculpation d’un homme pour le massacre d’Oradour-sur-Glane?
Nous savions qu’il y avait une enquête depuis un an. C’est donc la suite logique. Ce n’est ni une fin, ni un soulagement. C’est simplement une justice qui doit passer. Depuis quelques années,
l’Allemagne a la volonté de regarder son passé en face. C’est très bien.
>> Les Faits: Un allemand de 88 ans
inculpé...
D’après vous, cet homme doit être jugé?
Oui, il faut le juger et le punir! Même s’il est âgé. Bien sûr, on ne peut pas présager de l’issue d’un éventuel procès. Mais d’après les premiers éléments, il aurait tué, lui-même, 25 personnes.
Pour les familles des martyrs, ce souvenir est particulièrement sensible. Ce n’est pas rien. Une telle atrocité doit être jugée.
Même quand l’auteur des faits a 88 ans?
On sait très bien que s’il est condamné à perpétuité, il ne passera pas cent ans derrière les barreaux. Mais il faut honorer ainsi la mémoire des 642 personnes qui ont été massacrés en 1944. Il
n’y a pas d’âge pour être jugé.
Pensez-vous que les derniers rescapés pourraient se rendre au procès en Allemagne?
Nous verrons. Il reste aujourd’hui cinq témoins du massacre. Ils sont âgés et affaiblis pour certains. Je ne sais pas s’ils pourront témoigner. Mais l’Association des familles des martyrs sera
présente quoi qu’il arrive.