Albert Gérard Léo d'Amade, né à Toulouse le 24 décembre 1856 et mort à Fronsac dans le département de la Gironde le 11 novembre 1941, est un général français.
Albert d'Amade intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1874, pour en sortir sous-lieutenant après deux ans de formation. Comme beaucoup de jeunes officiers de sa génération, il est attiré par l'Afrique du Nord et ses promesses d'aventure. À une époque où l'armée française tout entière entamait sa réorganisation en vue de la Revanche, les vastes espaces algériens, à peine pacifiés (la dernière grande révolte de Kabylie date de 1871), offraient l'opportunité d'échapper à une laborieuse vie de garnison et à de pesantes réflexions doctrinales.
En 1876 donc, le sous-lieutenant d'Amade arrive à Constantine, au 3e Régiment de tirailleurs algériens. Il y sert jusqu'en 1881. En décembre de cette année là, il regagne la France et le 143e R.I., nanti de son nouveau grade de lieutenant. Il reçoit son troisième galon en mars 1885, avec sa mutation pour le 108e R.I. Mais cette nouvelle affectation n'est que purement formelle, puisqu'il part pour l'Indochine en avril suivant, pour servir à l'état-major de la 2e brigade de la division d'occupation du Tonkin. La suite de sa carrière est une suite de séjours en France et d'emplois à l'étranger. Attaché militaire auprès de la légation militaire française en Chine, puis en Grande-Bretagne (1901), il ne revient en France pour une longue période qu'en 1904. Il est alors colonel et chef de corps du 71e R.I.. Nommé général de brigade le 27 mars 1907, il est affecté quelques temps à l'état-major général de l'armée, avant de rejoindre le Maroc.
C'est à cette période que le général d'Amade commence à être connu. Sa mission au Maroc est délicate. Il a en effet la charge de pacifier la province de la Chaouïa. Si à la fin de l'année 1907, après les troubles de juillet et août, la ville de Casablanca et ses abords immédiats sont sécurisés et surveillés par les troupes du général Drude, le reste de la Chaouïa est encore très instable. Les postes français y sont fréquemment attaqués. La présence française est loin d'y être totalement assurée. D'Amade est donc chargé d'expulser de la région les forces dissidentes qui s'y trouvent encore. Celles-ci sont surtout concentrées autour de deux principaux centres de rébellion : Settat et M'Dakra.
À la tête de la colonne du littoral, il met son principe en application. Il remporte ainsi ses premiers succès entre le 2 et le 6 février 1908. Le 2 février, sa victoire de Dar-Kseibat lui ouvre la voie de Settat, dont il s'empare quelques jours plus tard. Cette action lui permet de soumettre les Oulad-Saïd. Se retournant ensuite contre les M'Dakra, il les combat entre le 18 et le 29 février, puis exerce contre eux de violentes répressions (entre le 8 et le 15 mars, puis du 11 au 16 mai). Cette campagne pour le moins vigoureuse aboutit à la soumission de ses adversaires.
Mais en marge de son action militaire à outrance, le général d'Amade ne néglige ni la logistique, ni l'aménagement du terrain. Dans les régions pacifiées, il fait installer des lignes téléphoniques qu'il jalonne de gîtes d'étapes et de magasins divers. Dans cette deuxième phase de sa mission, il fait preuve d'une grande activité et d'une incontestable efficacité. Après avoir été pacificateur, il se fait administrateur. Il organise ainsi les camps militaires de la région de Casablanca et se soucie du développement économique de la ville, dont il assure le rétablissement rapide des activités portuaires. En outre, il met sur pied un système d'impôt fondé à la fois sur des taxes sur les marchés et sur les deux impôts coraniques que sont l'Achour et le Zekkat (le premier frappe les productions du sol et le second porte sur le capital en animaux domestiques). Il impose également le versement d'une indemnité de 2.500.000 francs, divisée en trois tranches recouvrables en 1909, 1910 et 1911.
Dans le domaine militaire, d'Amade doit être considéré comme l'initiateur des goums marocains, dont l'avenir devait prouver les grandes qualités guerrières. C'est lui en effet qui organise ces troupes indigènes ayant pour mission de suppléer les troupes françaises en campagne au Maroc, puis de les remplacer peu à peu dans certaines missions. Après une quinzaine de mois de présence, il quitte le Maroc le 22 février 1909. En revenant en France, il se montre particulièrement fier de son bilan, qu'il considère lui-même, non sans raisons, comme "la base de l'œuvre de Lyautey". Général de division depuis le 9 octobre 1908, il prend le commandement de la 9e D.I. en septembre 1909. Dès lors, sa progression dans le haut-commandement est régulière. Le succès de sa mission au Maroc n'y est sans doute pas étranger. Le 25 janvier 1912, il est nommé à la tête du 13e Corps d'Armée puis, le 18 juin suivant, à celle du 6e C.A.. Enfin, consécration d'une carrière, il entre au Conseil supérieur de la guerre le 24 avril 1914.
Le 17 août 1914, Albert Gérard Léo d'Amade est nommé commandant du Groupe de Divisions Territoriales, et occupe une position défensive entre Maubeuge et Dunkerque. Après quelques combats, il bat en retraite. Le général Percin, gouverneur de la place de Lille, qui devait le soutenir, aurait refusé de marcher, comme le lui aurait ordonné le général Joseph Joffre. Quittant les Flandres, Albert d'Amade mène le repli avec une certaine précipitation, traverse Amiens qu'il laisse sans défense et arrête sa course en Normandie! Là, il assure un temps la couverture de Rouen puis reprend la marche en avant à la suite de la bataille de la Marne. Le 17 septembre 1914, Joseph Joffre le fait relever de son commandement et remplacer par le général Henri Joseph Brugère.
Albert d'Amade aurait eu la faiblesse d'accéder au désir de Joseph Marie Auguste Caillaux qui lui aurait demandé ne pas faire marcher la division où se trouvait le régiment territorial de Mamers, Sarthe, composé de ses fidèles électeurs. Sa disgrâce lui est très dure et il essaye même de s'engager comme officier à Légion Étrangère ; n'étant pas cassé de son grade de général, il ne le peut pas. Le général Joseph Joffre le fait nommer gouverneur militaire de Marseille. Le 24 février suivant, il reçoit un nouveau commandement important: celui du Corps expéditionnaire d'Orient, chargé de combattre l'Empire ottoman aux côtés d'une armée britannique. Avec lui, il débarque à Gallipoli le 25 avril 1915. Après quelques succès initiaux, la campagne tourne court et les Alliés se retrouvent bloqués au sud de la presqu'île par des Turcs bien plus accrocheurs que prévu et solidement encadrés par les Allemands. Comme en France, une guerre de positions se met en place et le général d'Amade se retrouve impuissant à peser sur le déroulement de la bataille. Malade, il rentre en France le 14 mai et cède la place au général Gouraud.
Son action dans les Dardanelles lui vaut d'être au centre d'une polémique. On lui reproche notamment son manque d'initiative sur le terrain. Toutefois, il faut reconnaître à sa décharge que l'opération dans son ensemble souffrait de graves défauts de conception, auxquels il ne pouvait rien. D'autre part, les Britanniques, certes plus actifs et plus entreprenants que le corps expéditionnaire français, n'ont pas été plus heureux et toutes leurs tentatives pour débloquer la situation (débarquement à Suvla par exemple) se sont soldées par de sanglants échecs... Revenu pour de bon en métropole, le général d'Amade termine sa carrière comme commandant de la 10e Région militaire, à Rennes. Il se retire en Gironde, où il meurt, à Fronsac, le 11 novembre 1941.
Décorations
- 21 août 1886 Chevalier de la Légion d'honneur
- 25 décembre 1899 Officier de la Légion d'honneur
- 11 juillet 1908 Commandeur de la Légion d'honneur
- 11 juillet 1914 Grand Officier de la Légion d'honneur
- 30 janvier 1925 Grand-croix de la Légion d'honneur
- 23 janvier 1909 Médaille militaire
- Croix de guerre 1914-1918 française
- Grand officier de l'Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare (Italie)
- Grand officier de l’Ordre royal de Dannebrog (Danemark)
- décoré par Édouard VII de l'Ordre d'Afrique du Sud
décoré des médailles suivantes
- Médaille interalliée 1914-1918
- Médaille commémorative du Tonkin (1885)
- Médaille commémorative de l'expédition de Chine (1900-1901)
- Médaille commémorative du Maroc(1909) avec agrafe "Casablanca"
- Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
- Médaille coloniale avec agrafes "Algérie" et "Tunisie"
- Distinguished Service Medal (États-Unis d'Amérique).