Le général Władysław Eugeniusz Sikorski (20 mai 1881 à Tuszów Narodowy - 4 juillet 1943 à Gibraltar), militaire et homme politique polonais, général et chef des forces armées polonaises, et Premier ministre du gouvernement polonais en exil de 1939 à 1943.
De 1898 à 1902, il étudie à l'Institut de formation des maîtres à Rzeszów. En 1902, il intègre L'École des Ponts et Chaussées de Lwów. Étudiant, il participe activement aux activités des organisations patriotiques polonaises. Entre 1916 et 1918, il sert dans l'armée autrichienne, puis rejoint la nouvelle armée polonaise. Il participe à la guerre polono-bolchevique (1919-1920) comme commandant de la 3e Armée. De 1921 à 1922, il est chef d'état-major de l'armée ; entre 1922 et 1923 il est Premier ministre, puis, de 1924 à 1928, inspecteur général de l'infanterie ; mais en désaccord avec Józef Piłsudski, alors ministre des affaires militaires, il est limogé.
En 1936-1939, général sans attribution, il étudie en France à l'École supérieure de Guerre. Écarté de la campagne 1939, il part en France où, le 28 septembre, il commence la formation de l'armée polonaise en exil. Le 30 septembre 1939, il est nommé Premier ministre de la République polonaise. Le 7 novembre, il devient également le chef des armées et met sur pieds l'armée polonaise en France (84 000 hommes). Après la défaite de la France, il signe le 5 août 1940 un accord avec le Royaume-Uni pour la reconstruction de l'armée polonaise sur les îles britanniques. Le 30 juillet 1941, après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie, il signe l'accord de formation de l'armée polonaise de l'Est, placée sous le commandement du général Wladyslaw Anders, ce qui permettra la libération de milliers de Polonais déportés en Union soviétique entre 1939 et 1941. Grâce à Maczek et à Sikorski, la 1re Division blindée polonaise est constituée le 25 février 1942 et placée sous les ordres de Maczek.
En 1943, la Wehrmacht découvre le charnier de Katyń, où se trouvent les corps de plus de 4 500 officiers polonais empilés dans plusieurs fosses ; Radio-Berlin rend la découverte publique le 13 avril 1943, en accusant les Soviétiques du forfait. Deux jours après, les Soviétiques nient leur responsabilité sur les ondes en répliquant que les nazis ont commis ces atrocités lors de leur avance au cours de l'année 1941. La découverte en forêt de Katyń conduit cependant l'URSS à rompre ses relations diplomatiques avec le gouvernement polonais, qui avait vainement cherché à retrouver les restes de son armée dès juin 1941, après l'entrée en guerre de l'Union soviétique. Le gouvernement polonais en exil enverra sur place une délégation de la Croix-Rouge polonaise, ce que Staline ne pardonnera pas.
Le 4 juillet 1943, le général Władysław Sikorski, sa fille et d'autres membres du gouvernement polonais sont tués dans ce qui semble être un accident d'avion, sans que l'on puisse cependant écarter la thèse d'un attentat. L'appareil, un Consolidated B-24 Liberator, décollait de Gibraltar, ramenant Sikorski d'une inspection des armées polonaises au Proche-Orient. Le pilote raconta qu'il avait perdu le contrôle de l'avion. Les circonstances de sa mort sont loin d'être éclaircies, les archives de l'enquête britannique devant rester secrètes jusqu'à 2050. Le responsable de la sécurité de Sikorski à Gibraltar était l’agent double Kim Philby, à la fois membre du MI6 britannique et espion de Staline. « Et aujourd’hui, il est à peu près certain que l’accident était en fait un attentat » dit l'historienne Alexandra Viatteau.