Quantcast
Channel: Mémoires de Guerre
Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

La goûteuse d'Hitler raconte ses années de terreur

$
0
0

Pour protéger la vie d'Hitler, Margot Woelk fut forcée de risquer la sienne quotidiennement. Sur la télévision allemande elle raconte sa vie dans le quartier général nazi.

Margot Woelk est désormais âgée de 96 ans et est revenue vivre à Berlin - Margot Woelk en 1939 ou 1940, âgée d'une vingtaine d'années.Margot Woelk est désormais âgée de 96 ans et est revenue vivre à Berlin - Margot Woelk en 1939 ou 1940, âgée d'une vingtaine d'années.

Margot Woelk est désormais âgée de 96 ans et est revenue vivre à Berlin - Margot Woelk en 1939 ou 1940, âgée d'une vingtaine d'années.

Hitler craignait la nourriture, et Margot Woelk craignait la nourriture d'Hitler. Cette Allemande de 96 ans s'est fait connaître en 2013, en révélant qu'Adolf Hitler suivait un régime végétarien. Elle était bien placée pour le savoir: pendant deux ans, elle a goûté les plats du leader nazi avant lui, afin de vérifier qu'ils n'étaient pas empoisonnés. Mardi 16 septembre, elle est revenue sur les détails de cette période historique de sa vie dans un documentaires diffusé par la chaîne allemande RBB, rapporte The Telegraph .

Cette goûteuse n'était pas nazie. Elle a atterri à ce poste contre sa volonté en 1941, lorsqu'elle est obligée de quitter son appartement à Berlin, où les bombardements pleuvent. Elle se réfugie dans la maison de sa belle-mère en Prusse orientale, devenue la Pologne. La maison se situe dans la ville de Parcz. Tout comme le quartier général d'Hitler, surnommé «la tanière du loup», où il a passé la majeure partie de la guerre. Ce hasard l'entraîne dans l'entourage du chef nazi. Sur place, un maire complaisant envers un SS la fait enrôler au service d'Hitler. Avec d'autres jeunes filles, elle devient goûteuse, statut réservé à des Allemandes et rémunéré 300 marks. «C'est devenu mon job», raconte simplement Margot Woelk. Elle n'en était pas spécialement fière. «Mais s'il y a une chose que vous appreniez sur la vie en Allemagne nazie, c'est qu'on ne discute pas avec les SS

«De la nourriture extraordinaire»

Ce rôle durera deux ans. Au départ, les jeunes filles étaient emmenées en bus dans une école locale, où elles devaient goûter les repas du «Führer» sous la menace de gardes armés. Les assiettes étaient ensuite envoyées au quartier général. Le seul avantage, pour celle qui s'était habituée au rationnement et aux aliments bas de gamme, était de déguster chaque jour «de la nourriture tout simplement extraordinaire». Mais en juillet 1944, l'attentat qu'Hitler redoutait tant survient lorsqu'une bombe explose dans «la tanière du loup». «J'ai entendu quelqu'un crier: “Hitler est mort!” Mais, bien sûr, c'était faux», se souvient Margot Woelk. L'événement vaudra à la jeune femme d'être déplacée au sein du QG, tout comme l'ensemble de la quinzaine de goûteuses, désormais prisonnières.

Chaque jour, le manège recommençait. «Certaines filles se mettaient à pleurer lorsqu'elles commençaient à manger, tellement elles avaient peur», raconte la nonagénaire. «Nous devions tout manger», précise-t-elle. S'ensuivait un délai d'une heure, pendant lequel les jeunes femmes attendaient de savoir si ce qu'elles avaient ingéré était mortel. «À chaque fois, nous étions terrorisées à l'idée d'être malades.» Une fois le supplice terminé, les larmes de joie «pour avoir survécu» remplaçaient la peur.

Sauvée par le train de Goebbels

Cette proximité avec le pouvoir nazi ne lui donna jamais l'occasion de rencontrer celui pour qui elle risquait sa vie, en raison des mesures drastiques de sécurité et la perpétuelle crainte d'Hitler d'être agressé. Tout juste l'a-t-elle vu «dans un champ près de la maison, où il jouait avec Blondi», son chien devenu célèbre. Ses contacts se limitaient aux soldats SS et lui valurent le pire et le meilleur. Margot Woelk raconte qu'une nuit, l'un d'entre eux a pu la violer malgré la surveillance permanente. Fin 1944, ce fut pourtant un autre SS avec qui elle avait sympathisé qui lui sauva la vie. L'Armée rouge progressait vers le QG. Grâce au soldat, qui lui trouva une place dans le train de Goebbels à destination de Berlin, elle put s'échapper de la Prusse et retrouver sa ville d'origine. Toutes les autres jeunes femmes utilisées pour goûter les plats furent par la suite abattues par les soldats russes.

Son calvaire n'en fut pas pour autant terminé. La ville de Berlin tomba sous contrôle russe en mai 1945. Des centaines de soldats affluaient. Margot Woelk et ses amis craignaient cette présence. «Nous avions pris l'habitude de nous habiller comme des femmes âgées», confie-t-elle. Cela n'a pas suffi. Les Russes s'en sont pris à elle et ses camarades, séquestrées et abusées pendant deux semaines. «Un véritable enfer» et un «cauchemar qui n'a jamais vraiment disparu» pour Margot Woelk, qui mit des années à s'en remettre et ne put jamais avoir d'enfant.

Après avoir révélé son rôle en 2013, la jeune femme devenue nonagénaire livre davantage de détails sur cette expérience qui a marqué sa vie et l'a fait devenir «la goûteuse d'Hitler» dans l'esprit de tous. Un témoignage de plus des atrocités de la guerre, qui éclaire toutefois sur la personnalité d'Hitler et les conditions de vie au cœur du pouvoir nazi. 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 30791

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>