Henri Tanguy, officiellement Rol-Tanguy depuis 1970, dit Colonel Rol-Tanguy, né le 12 juin 1908 à Morlaix et mort le 8 septembre 2002 à Paris, est un chef de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et un militant communiste français.
Henri Rol-Tanguy et debout derrière lui l'état major des FFI de la Libération de Paris, dans les Catacombes sous la place Denfert-Rochereau
Né en 1908 dans une famille de marins bretons, fils d'un officier marinier et d'une blanchisseuse, il fait ses études primaires à Toulon, Brest et Cherbourg. Il est ouvrier métallurgiste dès l'âge de quatorze ans. En 1925, Tanguy devient tôlier en carrosserie chez Renault où sa mère travaille. Il est affecté à une unité ultra moderne, l'usine O de Boulogne-Billancourt (Seine). Cette même année, il adhère aux Jeunesses communistes et devient responsable de la cellule de l'usine. Il est licencié au bout de quelques mois pour fait de grève. Dès lors, les portes des grandes usines lui sont interdites. Cycliste de haut niveau, il se classe premier des débutants dans la course Paris-Chauny. En 1926, il participe aux « américaines » et aux poursuites par équipe, au Vélodrome d'hiver, au parc des Princes, à Buffalo, et à la piste municipale de Vincennes.
En 1929, il fait son service militaire en Algérie, par mesure disciplinaire pour ne s'être pas inscrit à temps sur les listes de recensement, au 8e régiment de zouaves. Il quitte l'armée combattant d'élite, soldat de 1re classe, avec une formation de mitrailleur mécanicien, de télémétreur et d'armurier. Embauché à l'entreprise Nessi à Montrouge, puis en septembre 1930 à l'usine Bréguet, il suit des cours de perfectionnement et devient tôlier-formeur, chaudronnier en cuivre, tuyauteur, soudeur. À partir de 1934, il revient au militantisme communiste et crée chez Bréguet une cellule communiste et un syndicat CGTU. Licencié en 1935 à la suite d'une action revendicative, il ne trouve plus de place que dans de petites entreprises.
En octobre 1936, il devient secrétaire du syndicat des travailleurs de la métallurgie CGT de la région parisienne. Lorsqu'éclate la guerre d'Espagne, en 1936, il anime la campagne de solidarité avec les Républicains de la Fédération des Métaux. En 1937, il sert en Espagne dans les rangs des Brigades internationales. Officier, il occupe le poste de commissaire politique dans la 3e brigade (La Marseillaise). En février 1938, il retourne en Espagne, où il fait l'apprentissage du feu. Le 18 juin, il est blessé d'une balle dans la poitrine sur le front de l'Ebre. Revenu en France en novembre 1938, il se marie le 19 avril 1939 avec Cécile Le Bihan, sa marraine de guerre, militante communiste, dont il aura quatre enfants.
Henri Rol-Tanguy est mobilisé en septembre 1939 et affecté comme soldat de 1re classe au 57e régiment d'infanterie coloniale en Lorraine. En mai 1940, il est affecté comme armurier au 28e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais ; il prend part aux combats de la 28e division du 5 au 24 juin 1940. Démobilisé en août 1940 après avoir été cité à l'ordre du régiment, il retrouve son épouse Cécile et reprend contact avec les communistes. Le 5 octobre, apprenant qu'une vague d'arrestations frappe les militants communistes, il entre dans la clandestinité. Il participe à la mise sur pied de l'Organisation spéciale (OS), le PCF lui confiant aussi la responsabilité du secteur Sud de Paris et de sa banlieue.
En août 1941, il est chargé avec Raymond Losserand et Gaston Carré de l'organisation, dans la région parisienne, de groupes armés, qui sont fondus, en février 1942, dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement communiste de résistance armée. Tanguy exerce dans ce « triangle de direction » la fonction de responsable militaire. Losserand et Carré sont arrêtés en mai 1942 et seront fusillés. Tanguy reforme une équipe avec Roger Linet et Raymond Colin. Tanguy change de zone pour raison de sécurité, devenant chef des FTP de la région Poitou-Anjou, puis revient en région parisienne en mai 1943, pour réorganiser, avec Joseph Epstein et Édouard Vallerand, les Francs-tireurs de la région parisienne. Il rédige avec sa femme le journal clandestin, Le Franc-tireur parisien.
En septembre 1943, il est nommé représentant FTP au Comité d'action contre la déportation, qui sabote les départs au STO. En octobre, il passe à l'état-major des FFI de la « région P », qui regroupe onze départements autour de Paris, où il représente les FTP. D'abord sous-chef de l'état-major, puis chef régional en mai, il est en juin colonel chef de la région P1 (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise), qu'il baptise « Île-de-France ». C'est alors qu'il prend son dernier pseudonyme Rol, nom d'un combattant des Brigades internationales, Théo Rol, tué en 1938 pendant la bataille de l'Èbre. Il se consacre alors entièrement à la préparation de la libération de la capitale en liaison étroite avec le Comité d'action militaire du Conseil national de la Résistance, le COMAC et le délégué militaire national du général de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas. Le 10 août 1944, l'avance des Alliés en Normandie donne le signal de l'insurrection.
Le 11 août, les cheminots de Paris entament la grève. Le 15 août, la CGT appelle à la grève générale. Plusieurs corps d'administration y répondent. La grève des agents de police apporta un soutien armé à l'insurrection. L'état-major FFI est installé en sous-sol place Denfert-Rochereau. Le 17 août, l'état major de la résistance parisienne appela à la lutte décisive. Le 20 août, et la préfecture de police est prise. Le colonel Rol-Tanguy réalise dans les journées du 20 au 24 août une manœuvre générale libérant les 9/10e de la capitale. Le 25, avec l'appui de la 2e DB du général Leclerc, le colonel Rol reçoit et signe l'acte de reddition sans condition des forces allemandes du général Von Choltitz.
Dans le courant du mois de septembre, Rol-Tanguy est désigné auprès du colonel Billotte pour contribuer à mettre sur pied une nouvelle unité, la 10e division d'infanterie, mais il ne sera pas nommé à la tête de cette division. En janvier 1945, il effectue un stage de perfectionnement à Provins. Il est ensuite affecté au PC de la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny mais ne participe aux combats en Allemagne qu'entre le 8 et le 25 avril, de Tübingen à Sigmaringen. Il reste en Allemagne jusqu'au 2 octobre comme adjoint au colonel gouverneur militaire de Coblence. Le 18 juin 1945, il avait été décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle. Il devient militaire d'active avec le grade de lieutenant-colonel.
En avril 1947, il est affecté au cabinet militaire du ministre de la Défense nationale. De 1948 à 1951, il est chef du 3e bureau de l'état-major de la subdivision du Mans, puis part à la retraite en 1962. De 1962 à 1987, il est membre du comité central du PCF, avec un rôle limité. Figure emblématique de la Résistance communiste à partir des années 1960, Henri Rol-Tanguy soutient publiquement Georges Marchais lors de la polémique relancée en mars 1980 par L'Express concernant son passé de travailleur volontaire en Allemagne, mais signe en octobre 1991 la pétition d'anciens résistants demandant qu'il ne préside pas les cérémonies commémoratives des fusillades de Châteaubriant.
Il était président de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et de l'Amicale des anciens volontaires français en Espagne républicaine. Le 13 septembre 2002, un hommage national présidé par Jacques Chirac lui est rendu aux Invalides. Il repose à Monteaux (Loir-et-Cher). Le 23 août 2004, une avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy est inaugurée dans le 14e arrondissement de Paris à l'occasion du soixantième anniversaire de la libération de Paris. Cette avenue n'est en fait qu'une courte voie de quelques dizaines de mètres de long, insérée dans une partie de la place Denfert-Rochereau. Dans le film Paris brûle-t-il ?, son rôle est interprété par Bruno Cremer.