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Wever Bart de

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Bart De Wever, de son nom complet Bart Albert Liliane De Wever, est un homme politique belge né le 21 décembre 1970 à Mortsel, dans la province d'Anvers.

Wever Bart de

Il est bourgmestre de la ville d'Anvers depuis janvier 2013, député au parlement flamand et président du parti politique N-VA. Bart De Wever naît le 21 décembre 1970 à Mortsel, une ville néerlandophone de Belgique située en Région flamande, dans la banlieue d'Anvers. Son père est cheminot, sa mère commerçante. Politiquement proche de la Volksunie, un parti soutenant le nationalisme flamand, il grandit dans un milieu qui défend fortement les revendications flamandes. Son grand-père avait été secrétaire du Vlaams Nationaal Verbond, un parti flamand d'extrême droite de l'entre-deux-guerres, reconnu parti unique par l'occupant nazi, et son père était un militant de la Volksunie.

Toutefois, lors d'une interview, Bart De Wever tempéra le passé de son grand-père en affirmant qu'il n'avait pas réalisé d'actes de collaboration. Alors qu'il a à peine trois ans, sa famille l'emmène à une manifestation en faveur de la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Son frère, Bruno De Wever, deviendra comme lui, un historien s'intéressant de près au nationalisme flamand. Durant son enfance, Bart De Wever habitait dans un appartement situé au-dessus des locaux du Vlaams Nationaal Jeugdverbond (mouvement de jeunesse indépendantiste flamand) dont ses parents étaient concierges, Bart De Wever en sera membre durant sa jeunesse.

Bart De Wever est titulaire d'une licence d'histoire et d'une agrégation pour l'enseignement secondaire supérieur à la Katholieke Universiteit Leuven. Durant ses années d'études, il est membre du Liberaal Vlaams Studentenverbond (Fédération des étudiants libéraux flamand), et des sections d'Anvers et de Louvain du Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV, Union des étudiants catholiques flamands, 1991-1994). En 1996, il est élu membre du conseil communal de la ville de Berchem. Il est également assistant en histoire à la KUL. Il y participe, en tant que collaborateur scientifique, à l’élaboration de la Nouvelle Encyclopédie du Mouvement flamand. Il prépare un doctorat dont le sujet de thèse est « Le Mouvement nationaliste flamand de l'après-guerre ». Il abandonne finalement cette thèse de doctorat pour se consacrer entièrement à la politique.

En 2001, Bart de Wever fonde, avec Geert Bourgeois, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA). Ce parti naît de l'éclatement de la Volksunie, parti nationaliste flamand qui a fait plusieurs fois partie du gouvernement belge. Comme la Volksunie, la N-VA défend les intérêts de la Flandre et souhaite son indépendance. Son parti a alors relativement peu de poids dans le paysage politique belge. Lors des élections législatives fédérales belges de 2003, Bart de Wever se présente en tant que tête de liste à Anvers. Il n'est pas élu et la N-VA n'obtient qu'un seul siège sur 150 à la chambre des représentants. Celui-ci revient à Geert Bourgeois, le président du parti. Le Vlaams Blok, parti nationaliste flamand d'extrême droite, gagne de son côté 18 sièges de députés. En 2004, la N-VA fait alliance avec le CD&V, une des formations politiques les plus importantes du pays. Les deux partis forment un cartel et présentent une liste commune aux élections régionales de 2004. Le cartel CD&V-N-VA remporte ces élections et devient la formation dominante du gouvernement de la région flamande. Yves Leterme, du CD&V, en est le président. La N-VA obtient, avec Geert Bourgeois, le ministère flamand des Affaires administratives, de la Politique extérieure, des Médias et du Tourisme. Bart de Wever est lui élu député au parlement flamand. Cette même année, il devient président de la Nieuw-Vlaamse Alliantie.

Le 6 janvier 2005, il attire l'attention du grand public en menant un convoi de 12 camionnettes dans le sud du pays. C'est le nombre de véhicules qui serait, selon son parti, nécessaire pour transporter, en coupures de 50 euros, l'argent versé chaque année par la région flamande aux régions wallonne et bruxelloise. Il fait symboliquement verser ce faux chargement au pied de l'ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu, situé en région wallonne. Bart de Wever veut dénoncer par là les transferts financiers, qu'il estime trop élevés, de la Flandre vers la Wallonie. Il s'en expliquera plus tard : « C'était une action très extrême et, allez, pas très fine, admet Bart De Wever. Je voulais signifier que la Flandre est prête à une solidarité efficace, mais pas à des transferts sans fin et sans conditions. ». Aux élections communales de décembre 2006, il est élu au conseil communal de la ville d'Anvers, pour un mandat allant de 2007 à 2012.

Aux élections législatives de juin 2007, Bart de Wever figure en deuxième position sur la liste du cartel CD&V-NVA menée par Inge Vervotte dans l'arrondissement d'Anvers. Il est élu député fédéral avec 41 962 voix. Le cartel CD&V-N-VA devient le groupe le plus important à la Chambre des Représentants de Belgique, avec 30 députés, dont 5 de la N-VA. Bart de Wever participe dès lors, aux côtés d'Yves Leterme, chef de file du Cd&V, aux discussions avec les autres partis pour former un nouveau gouvernement. C'est une période de crise politique, les responsables des partis peinant à s'entendre sur un projet de gouvernement et surtout une réforme de l'État fédéral. En août 2007, alors qu'il se rend à la table des négociations, Bart De Wever, déclare franchement que le piétinement des débats sert la cause de son parti : « C'est une bonne période pour moi ». En décembre 2007, Au bout de 192 jours de tergiversations, un gouvernement de transition (Verhofstadt III) est constitué pendant que les débats de fond continuent entre les chefs des partis.

Les négociations aboutissent finalement en mars 2008, à la formation du Gouvernement Leterme I, composé de cinq partis. La N-VA refuse de participer à ce gouvernement mais vote cependant la confiance. Tout en restant l'allié du Cd&V, Bart de Wever regrette le peu d'engagements concrets des partis en vue d'une réforme de l'État : « Nous avons promis à nos électeurs que nous n'entrerons pas dans un gouvernement sans avoir la certitude qu'il y aurait une importante réforme de l'État. On sait bien qu'on ne réalisera pas tout notre programme. Mais il faut des avancées sur la régionalisation des leviers socio-économiques : le marché du travail, fiscalité, etc. Ce sera aussi bénéfique pour la Wallonie. ». Durant toute cette période, la fermeté de Bart de Wever sur la question de la réforme de l'État et sa défense des intérêts communautaires séduisent de nombreux Flamands et augmentent le potentiel électoral de son parti.

Pour faire avancer la réforme de l'état, le premier ministre Yves Leterme propose de dialoguer de communauté à communauté. Sa stratégie est jugée trop laxiste par certains membres de son parti, le Cd&V, et par la N-VA. À la mi-août, Bart de Wever juge ainsi que le résultat des discussions sur la restructuration de l'État sont très insatisfaisants : « (...) il n'y avait rien comme résultat de négociation. Transferts de compétences : anecdotiques. Loi de financement : juste pour transférer de l'argent. Bruxelles-Hal-Vilvorde : on n'était nulle part ! ». Le chef du gouvernement présente au roi sa démission le 15 août 2008. Ce dernier la refuse et Yves Leterme reste au pouvoir. À la même période, plusieurs journaux annoncent qu'il est sous la protection de la police car il aurait reçu un flux croissant de menaces de mort émanant de francophones.

Le 21 septembre 2008, réunie en congrès à Gand, la N-VA décide de la scission du cartel qu'elle formait avec le CD&V et rejoint l'opposition. Bart de Wever reproche au Cd&V de ne pas tenir ses promesses électorales concernant la réforme de l'État et de faire trop de concessions aux françophones : « (...) On ne marche pas là-dedans : nous tenons nos promesses à nos électeurs. On ne pouvait que quitter le CD&V. ». Lors des élections régionales du 7 juin 2009, Bart de Wever est élu député du parlement flamand avec 123.155 voix, soit le 2e meilleur score en Flandre. La N-VA obtient 16 députés sur 124 et est le 5e parti de Flandre. Le parti forme une tripartite, avec les sociaux chrétiens du CD&V et les socialistes du Sp.a, pour diriger la Région flamande. Deux membres de la N-VA, Philippe Muyters et Geert Bourgeois sont nommés ministres dans ce gouvernement.

En 2009, Bart de Wever est candidat à un jeu télévisé, « Slimste mens ter wereld » (« l’homme le plus intelligent du monde ») sur la chaîne flamande VRT. Ce jeu remporte depuis des années un succès d'audience important en Flandre et a été élu plusieurs fois meilleure émission de détente. De Wever participe à une série d'émissions, allant jusqu'en finale. Ses prestations contribuent à sa popularité, les téléspectateurs étant séduit par sa franchise, son esprit et son sens de la répartie. Cette même année, il est élu homme de l’année au palmarès de la VRT. Fin avril 2010, le Gouvernement Leterme II échoue sur le dossier communautaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde. L'Open VLD qui attendait une solution pour le 21 avril quitte la majorité ce qui entraîne la tenue d'élections fédérales anticipées.

Le 13 juin 2010, aux élections législatives fédérales belges, Bart de Wever est élu sénateur avec 785.776 voix de préférence, soit le meilleur résultat des hommes politiques flamands. La Nieuw-Vlaamse Alliantie, dont il est le président, devient le premier parti de Belgique avec 17,40 % des suffrages et 27 sièges sur 150 à la chambre des représentants. Son parti est ainsi un acteur central en vue de la formation d'une majorité parlementaire et d'un gouvernement de coalition. Le 17 juin 2010, Bart De Wever est donc nommé informateur par le Roi Albert II, c'est-à-dire chargé d'une mission d'information afin de voir comment et avec quels partis une coalition gouvernementale peut être négociée. Il doit notamment arriver à s'entendre avec le parti socialiste francophone (PS), qui a recueilli le plus de suffrages au sud du pays, alors qu'il préfèrerait traiter avec les libéraux (MR et Open VLD). Le 15 juin, il déclare : « Je pourrais vous donner une liste avec les points du programme du PS avec lesquels je ne suis pas d’accord si vous avez l’après-midi devant vous. Mais ça ne marche jamais comme cela : le fait que je ne suis pas d’accord avec un point ne signifie pas que je refuse d’en parler. ».

Au nord du pays, les partis flamands engagés dans les négociations ne veulent pas, contrairement à la N-VA, de la création d’un État républicain flamand. Mais, en général, ils approuvent les réformes à court terme demandées par la N-VA, comme le transfert des compétences fédérales vers les régions et communautés et une plus grande autonomie financière des entités fédérées. Bart de Wever et son parti bénéficient surtout du soutien du parti centriste flamand, le CD&V. Le 8 juillet, Bart de Wever rend son rapport au roi. Il voit des points de « convergences » entre les partis en présence, dont la N-VA et le PS, mais les trouve trop limités pour commencer à former un gouvernement. Le Roi attribue alors à Elio di Rupo, chef du parti socialiste francophone, une mission de pré-formation. Fin juillet, sept partis sont engagés dans ces négociations (NV-A ; PS et SP.A ; CD&V et CDH ; Ecolo et Groen). Pendant ce temps, le gouvernement démissionnaire d'Yves Leterme continue de gérer les affaires courantes.

Fin août, des tensions entre socialistes francophones et la N-VA se font jour sur la question de la régionalisation de l’impôt des personnes physiques et sur le statut de Bruxelles. Le 23 août la menace du séparatisme est clairement exprimée lors d'une altercation entre Bart de Wever et Laurette Onkelinx (PS). Le 3 septembre, la mission de préformation d'Elio di Rupo échoue. Des avancées sur la décentralisation des compétences fédérales vers les régions avaient pu être négociées. En revanche, « sur Bruxelles-Hal-Vilvorde et Bruxelles, les discussions n'ont pas pu aboutir » déclare Elio di Rupo. La N-VA et le CD&V ont marqué leurs désaccords sur ces deux dossiers (conciliation sur l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde et financement de la région bruxelloise). Pour les médias cette crise rappelle celle de 2007. Les éditorialistes sont sceptiques sur la possibilité de former rapidement un gouvernement. Des journalistes et hommes politiques francophones voient la séparation du pays comme une issue possible et envisagent qu'il faudra peut-être la négocier, en défendant notamment leurs droits sur Bruxelles. Charles Picqué (PS), ministre-président francophone de la Région bruxelloise déclare ainsi : « En aucun cas, il ne faut créer les conditions ou prendre l'initiative d'une scission du pays. Mais il serait irresponsable de ne pas se préparer à l'éventualité d'un divorce. ».

Du 4 septembre au 5 octobre, les présidents de la Chambre, André Flahaut (PS), et du Sénat, Danny Pieters (N-VA), sont chargés par le Roi d’une mission de médiation pour relancer les négociations. Le 4 octobre, Bart De Wever rompt les négociations et déclare qu'elles ont échoué. Il invite « tous les partis » à « remettre les compteurs à zéro », avec confiance, dans les débats sur la réforme de l’État et la formation d’un gouvernement. Les partis francophones concernés par les négociations (PS, Ecolo et CDH) estiment pourtant que l'opportunité se présentait de « transformer en profondeur la Belgique et d’accorder plus d’autonomie aux trois régions de notre pays ». De son côté, Bart de Wever déclare que les concessions faites par les francophones lors des discussions sont « des pas de nains de jardin » aux yeux des flamands. Des observateurs lisent aussi dans cette rupture la volonté du président de la N-VA de faire venir les partis libéraux à la table des négociations.

Le 8 octobre 2010, soit 117 jours après les dernières élections en Belgique, le Roi Albert II confie une mission de clarification de 10 jours à Bart de Wever sur les points difficiles, comme le statut de Bruxelles-Hal-Vilvorde, les transferts financiers vers les régions et l'attribution de nouvelles compétences aux entités fédérées. Le 17 octobre, ce dernier rend une note qui établit les concessions maximales que la N-VA est prête à faire. Ce rapport est jugé inacceptable, car trop peu consensuel, par les partis francophones. L'échec de cette tentative de clarification amène le roi à donner, le 21 octobre, une mission de conciliation au socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Son but est de restaurer la confiance et de relancer, à terme, les discussions de fond entre les sept partis qui étaient impliqués dans les négociations. En cette période de crise politique, la popularité de Bart de Wever et celle de son parti restent très importantes en Flandre. D'après un sondage réalisé entre le 26 novembre et le 10 décembre 2010, Bart de Wever est de loin l'homme politique le plus apprécié et la N-VA obtiendrait trois pourcents de voix en plus en Région flamande en cas de nouvelles élections.

Le 12 décembre 2010, dans un entretien au magazine allemand Der Spiegel, Bart de Wever déplore que les Wallons s'opposent aux importantes réformes institutionnelles qu'il souhaite. Il déclare qu'« Il est chaque jour plus difficile de former un gouvernement fédéral. Si nous rentrons dans un tel gouvernement, nous courons le risque de perdre les prochaines élections. Nous avons été élus parce que nous prônons des réformes radicales et parce que les électeurs nous font confiance pour ne pas capituler après 6 mois de négociations. ». Pour Paul De Grauwe, professeur d’économie à la KUL, « la N-VA ne veut pas d’accord. C’est le fond du problème. Ce parti paralyse l’activité politique, il vise les élections, il ne veut pas souscrire à un compromis. ». D'après le politologue Carl Devos, les hommes politiques qui participent aux négociations ne croient plus à un accord et envisagent la tenue de nouvelles élections. Le 22 décembre, Bart de Wever se dit épuisé physiquement et mentalement par les discussions et déclare son incertitude : « J’ignore ce que seront les conséquences d’un échec. Cela me hérisse. J’aime m’appuyer sur ma connaissance du passé pour décrypter l’avenir. Mais maintenant ? Je ne vois pas. ».

Le 25 décembre 2010, cette crise devient la plus longue de l'histoire politique belge avec 195 jours sans gouvernement. Le conciliateur Johan Vande Lanotte doit rendre, le 3 janvier 2011, le rapport qui permettra peut-être la reprise des négociations. L'endettement de l'État étant important, l'agence Standard & Poor's menace d'abaisser la note du pays si un nouveau gouvernement n'est pas rapidement formé. Fin décembre, Bart de Wever est élu homme de l'année par les quotidiens du Groupe Sud Presse et par un jury du journal Le Soir. Le 3 janvier 2011, après 10 semaines de discussions avec les différents hommes politiques, Johan Vande Lanotte transmet aux partis une note détaillées de soixante pages jetant les bases de nouvelles négociations. Sept partis PS, SP.A, Ecolo, Groen et CDH accueillent favorablement cette synthèse. Mais le 5 janvier, le CD&V réclame des adaptations de cette note et la N-VA de Bart de Wever dit avoir des «  réserves fondementales » à formuler. Ces deux partis n'envisagent donc pas de reprise immédiate des négociations. Bart de Wever ne commente pas cette décision. Le soir même, est diffusé le jeu télévisé « Slimste mens ter wereld » (« l’homme le plus intelligent du monde ») auquel participe Bart de Wever. La plupart des éditorialistes dénoncent ce refus de revenir à la table des négociations. Le 6 janvier, constatant que deux partis ne veulent pas négocier sur base de la note qui leur a été envoyée et estimant qu'« Il n’y a pas une volonté suffisante de continuer les négociations », Johan Vande Lanotte présente sa démission au roi. Ce dernier se donne jusqu'au 10 janvier pour l'accepter ou non.

Interrogé sur ces « remarques fondamentales » que son parti voudrait faire, Bart de Wever déclare « Je pense que nos remarques sont inacceptables pour les francophones et que les remarques des francophones sont inacceptables pour nous. Et si après six mois on en est à ce point, il est temps de faire des conclusions. ». Jan Jambon, chef de groupe N-VA à la chambre demande que le dialogue entre Bart de Wever et Elio du Rupo reprenne avec pour base de négociation la note que Bart de Wever avait proposée en octobre, à la fin de sa mission de clarification. Dans les jours qui suivent, le CD&V revient en partie sur sa position et manifeste plus de confiance dans la mission du conciliateur. La pression des médias et des milieux économiques se fait aussi plus importante pour qu'un gouvernement soit mis en place et donne un gage de stabilité aux investiseurs. La N-VA se dit prête à abandonner des revendications sur certains champs de compétences mais veut aussi des concessions plus importantes sur des domaines plus précis comme l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde et la politique socio-économique.

Le 11 janvier, le roi demande à Johan Vande Lanotte de poursuivre sa mission avec pour interlocuteurs principaux les deux présidents des partis vainqueurs des élections de juin, Elio di Rupo et Bart de Wever. Pour Bart de Wever, cette nouvelle phase de négociation ne peut s'éterniser : « S’il n’y a pas rapidement des avancées, cela n’a pour lui pas de sens de continuer. Soit, on enregistre des avancées. Soit, il faut honnêtement constater que cela ne va pas et cela n’ira jamais. ». Le 26 janvier, Johan Vande Lanotte remet à nouveau sa démission au roi, déclarant qu'« Il n'a pas été possible de ramener les 7 partis autour de la table des négociations ». Sa démission est acceptée par Albert II qui procède ensuite à de nouvelles consultations.

Le 2 février, le roi demande, en raison de la longueur de la crise, à Yves Leterme, toujours premier ministre du Gouvernement d'affaires courantes, d'établir un budget pour 2011. Bien que les compétences de ce gouvernement soient en théorie réduites depuis les élections de juin 2010, le roi l'appelle à prendre plus de mesures sur le plan économique, social, financier et structurel. Parallèlement, Albert II confie au libéral francophone Didier Reynders (MR) une mission d'information sur les possibilités d’arriver à un accord institutionnel. À la suite de leurs défaites aux élections, les libéraux étaient jusque là absents des discussions. Bart de Wever estime alors que des points d'entente sont envisageables avec le MR, notamment dans le domaine socio-économique et sur le projet d'un État plus confédéral. Mais il est aussi sceptique sur l'issue favorable de négociations sur Bruxelles-Hal-Vilvorde avec les libéraux francophones. Le 2 mars, Didier Reynders ayant remis son rapport au roi, une mission de médiation est cette fois confié à Wouter Beke, le président du CD&V. Ce parti s'étant montré jusque là assez proche de la N-VA sur la question du fédéralisme, Bart de Wever souhaite qu'il ne s'en désolidarise pas maintenant qu'il est au centre des négociations.

Le 5 mars, la N-VA estime qu'un accord doit être conclu pour fin avril, sans quoi, elle quittera la table des négociations. Cet ultimatum est lié à la date de finalisation du budget qui, selon la N-VA, ne peut être fait par le gouvernement en affaire courante. Bart de Wever déplore ainsi que son parti ne puisse contribuer à l'élaboration du nouveau budget : « Nous sommes coincés dans ces affaires courantes qui sont devenues de plein exercice. Cette situation n'est pas tenable pour nous. On ne peut pas tout faire en affaires courantes ». Ce à quoi le premier ministre Yves Leterme (Cd&V) répond le 24 mars : « Le problème, ce ne sont pas les affaires courantes. Le problème c'est que Bart De Wever a jusqu'à présent échoué ». Six ministres et secrétaires d'État CD&V du gouvernement d'affaire courante appuient cette position : « A ceux qui critiquent le gouvernement en affaires courantes, nous répondons clairement et simplement : composez un nouveau. En ce qui nous concerne, le plus vite sera le mieux. ». Par ailleurs, le 18 mars 2011, Bart de Wever est reçu officiellement à Londres par le 1er ministre David Cameron, marque de reconnaissance qui surprend les observateurs et avive les tensions avec le Cd&V. Le lendemain, il est réélu à la présidence de la N-Va. Selon les sondages, sa popularité, déjà très élevée, augmente encore en Flandre.

Le 12 mai 2011, Wouter Beke a terminé sa mission de médiation. Quatre jours plus tard, Elio Di Rupo est désigné formateur du nouveau gouvernement par le roi. L'objectif visé par Bart De Wever pour les élections communales et provinciales d'octobre 2012 était double :
donner un ancrage local à son parti;
faire de ces élections un test national en vue des élections législatives de 2014.
Le 14 octobre 2012, la N-VA obtient un succès dans plusieurs grandes villes flamandes : 22,7 % à Ostende, 19,79 % à Bruges, 17 % à Gand, 16,3 % à Courtrai...). À Anvers, Bart De Wever remporte largement les élections communales avec 37,68 % des voix contre 28,62 % pour la liste de cartel sp.a-CD&V emmenée par le bourgmestre socialiste Patrick Janssens. Cette victoire à Anvers est acquise grâce à un report massif des voix des électeurs du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang qui chute à Anvers de 33,51 % à 10,18 %. Après la victoire de son parti à Anvers et dans de nombreuses communes de la Région flamande, Bart De Wever appelle le premier ministre Elio Di Rupo et les partis politiques francophones à préparer une réforme ouvrant la voie à une Belgique confédérale : « C'est un dimanche jaune et noir! » s'est-il exclamé, « un point de non-retour dans l'histoire, la plus grande victoire électorale depuis la seconde guerre mondiale ». « Les Flamands ont fait le choix du changement », a-t-il ajouté, lançant un appel au premier ministre Di Rupo et aux partis francophones: « Préparez avec nous la réforme confédérale. Prenez vos responsabilités! ».

Le 9 décembre, après de deux mois de négociations, Bart De Wever annonce enfin avoir formé une majorité à Anvers avec le CD&V et l'OpenVLD, renvoyant les socialistes dans l'opposition communale après plusieurs décennies de pouvoir. Selon le politologue flamand Dave Sinardet, de la VUB, on ne peut pas vraiment dire que la N-VA a progressé depuis 2010, la comparaison entre les élections législatives de 2010 et les élections provinciales de 2012 montrant que la N-VA progresse à peine de 1 % alors que le CD&V monte de 4 % et l'Open VLD de presque 1 %. Selon lui, les élections provinciales se prêtent mieux que les communales à une comparaison avec les élections législatives de 2010 parce que tous les partis s'y présentent sous leur propre nom (alors qu'il y a énormément de listes de cartel et de listes du bourgmestre aux communales) et, par ailleurs, on peut penser que l'électeur vote généralement peu pour un enjeu purement provincial car il est peu au courant des enjeux provinciaux. Sinardet reconnaît bien entendu par ailleurs que le fait que la N-VA puisse s'ancrer dans les communes est une grande victoire, et Anvers symbolique.

Après la victoire de Bart De Wever à Anvers, le parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang, laminé, offre ses services à la N-VA pour monter une coalition, son chef Filip Dewinter déclarant : « Le Vlaams Belang a semé pendant des décennies afin que la N-VA et Bart De Wever puissent maintenant moissonner ». Ce qui n'empêche pas la section de Bruxelles du Vlaams Belang de dénoncer le 15 octobre (en français) sur son site le « Frankenstein politico-médiatique NVA, produit sponsorisé par le régime, bricolé pour servir de caisse de résonance d’une partie du patronat flamand et pour réduire l’électorat du Vlaams Belang » avec un programme qui « est sur les questions de la sécurité et de l’immigration un copié-collé de celui du Vlaams Belang ». Dans une interview accordée à une radio publique des Pays-Bas, le bourgmestre socialiste de Gand, Daniël Termont (qui, avec les 45 % de sa liste de cartel sp.a-Groen, réalise un score supérieur à celui de De Wever à Anvers et de très loin supérieur aux 17 % de la N-VA à Gand) estime que le style et le langage de Bart De Wever présentent « beaucoup de similitudes avec l'extrême droite ».

Rappelant que De Wever a attiré beaucoup d’électeurs du parti d'extrême droite Vlaams Belang, Termont voit dans son discours du 14 octobre « un langage digne des années trente ». Le 31 octobre, Paul Magnette estime sur son blog : « Ce qui a frappé les esprits en Wallonie et à Bruxelles, ce soir-là, c'est la brutale métamorphose d'un homme ». Il y trouve des « relents inquiétants ». « La métamorphose physique du leader nationaliste est aussi une métamorphose politique: sa gourmandise, son humour et sa bonhomie semblent avoir disparu pour ne plus laisser subsister, sans fard, que l'ambition de pouvoir, et un discours nationaliste et conservateur teinté d'une agressivité qu'on ne lui avait pas connue jusqu'alors ». La Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), le parti de Bart de Wever, souhaite l'indépendance de la Flandre, négociée dans le cadre européen23. Mais c'est aussi un parti qui pourrait peut-être participer à une coalition gouvernementale à la tête de l'État belge.

Si l'indépendance de la Flandre est le point no 1 du programme de la N-VA, Bart De Wever esquive souvent ce point car il risquerait de perdre des électeurs plus modérés. Pour le politologue anversois Dave Sinardet : « Bart De Wever ne tient plus un discours nationaliste traditionnel, qui demande l’autonomie au nom de l’existence d’une nation flamande. Lui ne parle presque jamais d’identité flamande ; son argument est plutôt que la Belgique ne fonctionne plus, qu’il y a des points de vue différents.» (...) « Il donne l’impression de livrer une analyse objective, comme un politologue ». Bart de Wever a plusieurs fois tenu cette position, présentant la disparition du pays comme une issue logique qui va se réaliser progressivement : « (...) on ne peut que constater le dédoublement de la nation belge. Les partis politiques sont scindés, le réseau belge s'évapore. (...) C'est une évolution à long terme. Et je ne vois pas pourquoi cela s'arrêterait. Ce n'est pas une circonscription fédérale qui pourrait changer le cours de l'histoire. Mais il y a beaucoup de problèmes comme le statut de Bruxelles. Je suis un conservateur. Pas un révolutionnaire. Et cela dépend aussi beaucoup de l'évolution de l'Europe. Pour moi d'ailleurs, la Belgique est déjà un niveau supranational. Un niveau national demande une démocratie avec une certaine homogénéité. La Belgique n'est qu'une conférence diplomatique permanente entre deux pays.(...) Je pense que l'évolution va provoquer une évaporation de la Belgique. On n'est pas au Kosovo ni au xixe siècle. On est membre de l'Union européenne qui, aujourd'hui, décide de 60 pc de nos lois.» (mars 2008).

En juin 2010, en pleine campagne électorale, il précise sa stratégie : «Mon objectif est que la Belgique disparaisse sans que personne ne s'en aperçoive. Avec la Flandre et la Wallonie, nous avons déjà deux États qui fonctionnent avec chacun son Parlement et son gouvernement. À Bruxelles, le Premier ministre ne préside plus qu'une vaine conférence diplomatique. Il faut laisser le processus aller jusqu'à son terme.» (juin 2010). Alors que la N-VA devient lors des élections belges du 13 juin 2010, le premier de parti de Belgique avec 17,40 % des voix, Bart de Wever se veut toutefois rassurant en ne revendiquant pas, dans l'immédiat, l'indépendance de la Flandre. Cependant, il n'exclut pas que la Belgique disparaisse un jour et que le pouvoir revienne à ses régions et à l'Union européenne. Le 30 novembre 2010, dans une conférence au cercle de Wallonie, il se présente à nouveau comme un conservateur et dit ne pas vraiment souhaiter la fin de la Belgique : « On veut conserver l'armée et la monnaie et il y a beaucoup de prospérité à défendre en Belgique ». Il rappelle que son parti n'est pas pour une révolution mais « pour une évolution en douceur des pouvoirs de la Belgique fédérale vers les régions et l'Europe. ».

Le 12 décembre 2010, dans une interview au journal allemand Der Spiegel, il affirme que la Belgique va disparaître et que « l'État belge n'a pas d'avenir » tout en avançant qu'il ne travaille pas lui-même à la fin immédiate de la Belgique. Pour l'heure, il revendique, au nom des flamands, plus de compétences régionales. La justice, les impôts et la politique sociale en région flamande devraient être gérées directement par les flamands eux-mêmes. Quant à la politique étrangère belge, elle devrait se fondre dans celle de l'Union Européenne. Bart de Wever lie ces réformes et leur impact économique avec la viabilité de l'État belge. Le fait qu'elles n'aboutissent pas, en raison, d'après lui, du blocage des négociations par les partis du sud du pays, le pousse à dire « que la Belgique ne fonctionne plus ! », qu'elle est « une nation qui a échoué. » ou encore qu'elle est devenue « le malade de l’Europe ».

Inquiet de la progression du parti de Bart De Wever, le parti d'extrême droite Vlaams Belang a essayé de le mettre en difficulté en publiant sur le site web de Filip Dewinter une photo datant de 1996 et le représentant aux côtés de Jean-Marie Le Pen du parti d'extrême droite français Front national, prise à l’occasion d’une conférence organisée par le Vlaams-Nationale Debatclub à Anvers, un club qui avait comme objectif l’unité des forces d’extrême droite en Europe. De Wever s’est défendu d’avoir un quelconque lien avec l’extrême droite, mais certains mettent en doute la sincérité de ses explications. Le 5 mai 2007, Bart De Wever assiste à Anvers à l’enterrement de Karel Dillen, le fondateur du Vlaams Blok, figure emblématique de l’extrême droite flamande et auteur de la traduction en néerlandais du premier livre négationniste.

Fin octobre 2007, De Wever a qualifié de gratuites les excuses présentées par Patrick Janssens après plus de soixante ans à la communauté juive. À la suite de recherches historiques récentes, il était apparu que l’administration de la ville d’Anvers et le corps de police communale avaient été responsables, au cours de la Seconde Guerre mondiale, de négligence coupable et de collaboration avec l’occupant allemand dans la recherche et l’arrestation de juifs anversois. La position de De Wever, suscita beaucoup de critiques et créa des polémiques dans le monde politique des deux côtés de la frontière linguistisque, à la suite desquelles il présenta ses excuses aux représentants de la communauté juive, ce qui n'empêcha pas certains commentateurs de considérer qu'il frôlait le négationnisme. Dans une lettre ouverte, il s’exprima sur son erreur d’appréciation : « La communication politique ne supporte pas la nuance, la communication scientifique se nourrit de nuances ». Le 27 février 2011 De Wever assiste à la 74e édition de la Fête du Chant National Flamand (Vlaams Nationaal Zangfeest) à Anvers en compagnie de cinq mille nationalistes flamands dont des élus de la N-VA et des membres du parti d’extrême droite Vlaams Belang. Ils y fêtaient cette année les 50 ans d'existence des jeunesses flamandes du Vlaams Nationaal Jeugdverbond (Alliance de la jeunesse nationale flamande), qui regroupe les jeunesses flamandes d’extrême droite.

Le président de la N-VA ayant évoqué la "wallonisation" de l'économie belge le dimanche 28 octobre 2012 sur la VRT, il s'attire les foudres d'un ancien syndicaliste flamand à la SNCB, Jos Digneffe, qui voit dans son propos un caractère raciste. Estimant que « cela avait assez duré », le syndicaliste flamand à la pension s'interroge : selon « qui d'autre que Bart De Wever la Wallonie est-elle responsable de la fermeture de Ford? ». « Notre économie se wallonise » selon « cette espèce de semeur de haine », rapporte-t-il avant de conclure qu'« un grand leader mû par des principes racistes (anti-Wallons) s'est levé. Les Wallons d'aujourd'hui semblent être les Juifs d'hier ». Le 3 février 2013, Bart De Wever provoque une polémique en interdisant aux fonctionnaires de la commune d'Anvers d'arborer au guichet un T-shirt affichant leur homosexualité : "Je ne veux pas qu'une personne portant un T-shirt arc-en-ciel soit assise à un guichet. Parce qu'un homosexuel indique clairement, par cette symbolique, à quelle obédience il appartient".

Sa déclaration suscite de nombreuses réactions dans le monde politique, à commencer par celle du secrétaire d'état à la Région Bruxelloise Bruno De Lille qui ironise : "Est-ce que les t-shirt jaune, bleu, rouge... sont aussi interdits ? Ils renvoient à la politique. Une solution : nu derrière le guichet ?". Le président du CD&V (parti social-chrétien flamand) Wouter Beke écrit quant à lui : "L'orientation n'est pas un choix idéologique comme la religion ou la politique. C'est juste ce que je suis. Je suis hétéro. Un autre homo. Respect". Cette déclaration suscite également la désapprobation de Bruno Tobback, président du parti socialiste flamand sp.a, d'Alexander De Croo, ministre fédéral et ancien président du parti libéral flamand Open VLD et même d'Alex Polis, président de la section anversoise de l'Open VLD et, à ce titre, partenaire de majorité communale de Bart De Wever. Un pastiche de Bart De Wever apparaît en 2012 dans le roman de politique-fiction Bart chez les Flamands de Frank Andriat, roman dont l'action se déroule en 2030, quatorze ans après la scission de la Belgique, et implique le dirigeant nationaliste wallon imaginaire Bart Lecoq, chef du parti nationaliste wallon NWA (Nouvelle Wallonie).


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