Bart De Wever, de son nom complet Bart Albert Liliane De Wever, est un homme politique belge né le 21 décembre 1970 à Mortsel, dans la province d'Anvers.
Il est bourgmestre de la ville d'Anvers depuis janvier 2013, dĂ©putĂ© au parlement flamand et prĂ©sident du parti politique N-VA. Bart De Wever naĂźt le 21 dĂ©cembre 1970 Ă Mortsel, une ville nĂ©erlandophone de Belgique situĂ©e en RĂ©gion flamande, dans la banlieue d'Anvers. Son pĂšre est cheminot, sa mĂšre commerçante. Politiquement proche de la Volksunie, un parti soutenant le nationalisme flamand, il grandit dans un milieu qui dĂ©fend fortement les revendications flamandes. Son grand-pĂšre avait Ă©tĂ© secrĂ©taire du Vlaams Nationaal Verbond, un parti flamand d'extrĂȘme droite de l'entre-deux-guerres, reconnu parti unique par l'occupant nazi, et son pĂšre Ă©tait un militant de la Volksunie.
Toutefois, lors d'une interview, Bart De Wever tempéra le passé de son grand-pÚre en affirmant qu'il n'avait pas réalisé d'actes de collaboration. Alors qu'il a à peine trois ans, sa famille l'emmÚne à une manifestation en faveur de la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Son frÚre, Bruno De Wever, deviendra comme lui, un historien s'intéressant de prÚs au nationalisme flamand. Durant son enfance, Bart De Wever habitait dans un appartement situé au-dessus des locaux du Vlaams Nationaal Jeugdverbond (mouvement de jeunesse indépendantiste flamand) dont ses parents étaient concierges, Bart De Wever en sera membre durant sa jeunesse.
Bart De Wever est titulaire d'une licence d'histoire et d'une agrĂ©gation pour l'enseignement secondaire supĂ©rieur Ă la Katholieke Universiteit Leuven. Durant ses annĂ©es d'Ă©tudes, il est membre du Liberaal Vlaams Studentenverbond (FĂ©dĂ©ration des Ă©tudiants libĂ©raux flamand), et des sections d'Anvers et de Louvain du Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV, Union des Ă©tudiants catholiques flamands, 1991-1994). En 1996, il est Ă©lu membre du conseil communal de la ville de Berchem. Il est Ă©galement assistant en histoire Ă la KUL. Il y participe, en tant que collaborateur scientifique, Ă lâĂ©laboration de la Nouvelle EncyclopĂ©die du Mouvement flamand. Il prĂ©pare un doctorat dont le sujet de thĂšse est « Le Mouvement nationaliste flamand de l'aprĂšs-guerre ». Il abandonne finalement cette thĂšse de doctorat pour se consacrer entiĂšrement Ă la politique.
En 2001, Bart de Wever fonde, avec Geert Bourgeois, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA). Ce parti naĂźt de l'Ă©clatement de la Volksunie, parti nationaliste flamand qui a fait plusieurs fois partie du gouvernement belge. Comme la Volksunie, la N-VA dĂ©fend les intĂ©rĂȘts de la Flandre et souhaite son indĂ©pendance. Son parti a alors relativement peu de poids dans le paysage politique belge. Lors des Ă©lections lĂ©gislatives fĂ©dĂ©rales belges de 2003, Bart de Wever se prĂ©sente en tant que tĂȘte de liste Ă Anvers. Il n'est pas Ă©lu et la N-VA n'obtient qu'un seul siĂšge sur 150 Ă la chambre des reprĂ©sentants. Celui-ci revient Ă Geert Bourgeois, le prĂ©sident du parti. Le Vlaams Blok, parti nationaliste flamand d'extrĂȘme droite, gagne de son cĂŽtĂ© 18 siĂšges de dĂ©putĂ©s. En 2004, la N-VA fait alliance avec le CD&V, une des formations politiques les plus importantes du pays. Les deux partis forment un cartel et prĂ©sentent une liste commune aux Ă©lections rĂ©gionales de 2004. Le cartel CD&V-N-VA remporte ces Ă©lections et devient la formation dominante du gouvernement de la rĂ©gion flamande. Yves Leterme, du CD&V, en est le prĂ©sident. La N-VA obtient, avec Geert Bourgeois, le ministĂšre flamand des Affaires administratives, de la Politique extĂ©rieure, des MĂ©dias et du Tourisme. Bart de Wever est lui Ă©lu dĂ©putĂ© au parlement flamand. Cette mĂȘme annĂ©e, il devient prĂ©sident de la Nieuw-Vlaamse Alliantie.
Le 6 janvier 2005, il attire l'attention du grand public en menant un convoi de 12 camionnettes dans le sud du pays. C'est le nombre de vĂ©hicules qui serait, selon son parti, nĂ©cessaire pour transporter, en coupures de 50 euros, l'argent versĂ© chaque annĂ©e par la rĂ©gion flamande aux rĂ©gions wallonne et bruxelloise. Il fait symboliquement verser ce faux chargement au pied de l'ascenseur Ă bateaux de StrĂ©py-Thieu, situĂ© en rĂ©gion wallonne. Bart de Wever veut dĂ©noncer par lĂ les transferts financiers, qu'il estime trop Ă©levĂ©s, de la Flandre vers la Wallonie. Il s'en expliquera plus tard : « C'Ă©tait une action trĂšs extrĂȘme et, allez, pas trĂšs fine, admet Bart De Wever. Je voulais signifier que la Flandre est prĂȘte Ă une solidaritĂ© efficace, mais pas Ă des transferts sans fin et sans conditions. ». Aux Ă©lections communales de dĂ©cembre 2006, il est Ă©lu au conseil communal de la ville d'Anvers, pour un mandat allant de 2007 Ă 2012.
Aux Ă©lections lĂ©gislatives de juin 2007, Bart de Wever figure en deuxiĂšme position sur la liste du cartel CD&V-NVA menĂ©e par Inge Vervotte dans l'arrondissement d'Anvers. Il est Ă©lu dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©ral avec 41 962 voix. Le cartel CD&V-N-VA devient le groupe le plus important Ă la Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, avec 30 dĂ©putĂ©s, dont 5 de la N-VA. Bart de Wever participe dĂšs lors, aux cĂŽtĂ©s d'Yves Leterme, chef de file du Cd&V, aux discussions avec les autres partis pour former un nouveau gouvernement. C'est une pĂ©riode de crise politique, les responsables des partis peinant Ă s'entendre sur un projet de gouvernement et surtout une rĂ©forme de l'Ătat fĂ©dĂ©ral. En aoĂ»t 2007, alors qu'il se rend Ă la table des nĂ©gociations, Bart De Wever, dĂ©clare franchement que le piĂ©tinement des dĂ©bats sert la cause de son parti : « C'est une bonne pĂ©riode pour moi ». En dĂ©cembre 2007, Au bout de 192 jours de tergiversations, un gouvernement de transition (Verhofstadt III) est constituĂ© pendant que les dĂ©bats de fond continuent entre les chefs des partis.
Les nĂ©gociations aboutissent finalement en mars 2008, Ă la formation du Gouvernement Leterme I, composĂ© de cinq partis. La N-VA refuse de participer Ă ce gouvernement mais vote cependant la confiance. Tout en restant l'alliĂ© du Cd&V, Bart de Wever regrette le peu d'engagements concrets des partis en vue d'une rĂ©forme de l'Ătat : « Nous avons promis Ă nos Ă©lecteurs que nous n'entrerons pas dans un gouvernement sans avoir la certitude qu'il y aurait une importante rĂ©forme de l'Ătat. On sait bien qu'on ne rĂ©alisera pas tout notre programme. Mais il faut des avancĂ©es sur la rĂ©gionalisation des leviers socio-Ă©conomiques : le marchĂ© du travail, fiscalitĂ©, etc. Ce sera aussi bĂ©nĂ©fique pour la Wallonie. ». Durant toute cette pĂ©riode, la fermetĂ© de Bart de Wever sur la question de la rĂ©forme de l'Ătat et sa dĂ©fense des intĂ©rĂȘts communautaires sĂ©duisent de nombreux Flamands et augmentent le potentiel Ă©lectoral de son parti.
Pour faire avancer la rĂ©forme de l'Ă©tat, le premier ministre Yves Leterme propose de dialoguer de communautĂ© Ă communautĂ©. Sa stratĂ©gie est jugĂ©e trop laxiste par certains membres de son parti, le Cd&V, et par la N-VA. Ă la mi-aoĂ»t, Bart de Wever juge ainsi que le rĂ©sultat des discussions sur la restructuration de l'Ătat sont trĂšs insatisfaisants : « (...) il n'y avait rien comme rĂ©sultat de nĂ©gociation. Transferts de compĂ©tences : anecdotiques. Loi de financement : juste pour transfĂ©rer de l'argent. Bruxelles-Hal-Vilvorde : on n'Ă©tait nulle part ! ». Le chef du gouvernement prĂ©sente au roi sa dĂ©mission le 15 aoĂ»t 2008. Ce dernier la refuse et Yves Leterme reste au pouvoir. Ă la mĂȘme pĂ©riode, plusieurs journaux annoncent qu'il est sous la protection de la police car il aurait reçu un flux croissant de menaces de mort Ă©manant de francophones.
Le 21 septembre 2008, rĂ©unie en congrĂšs Ă Gand, la N-VA dĂ©cide de la scission du cartel qu'elle formait avec le CD&V et rejoint l'opposition. Bart de Wever reproche au Cd&V de ne pas tenir ses promesses Ă©lectorales concernant la rĂ©forme de l'Ătat et de faire trop de concessions aux françophones : « (...) On ne marche pas lĂ -dedans : nous tenons nos promesses Ă nos Ă©lecteurs. On ne pouvait que quitter le CD&V. ». Lors des Ă©lections rĂ©gionales du 7 juin 2009, Bart de Wever est Ă©lu dĂ©putĂ© du parlement flamand avec 123.155 voix, soit le 2e meilleur score en Flandre. La N-VA obtient 16 dĂ©putĂ©s sur 124 et est le 5e parti de Flandre. Le parti forme une tripartite, avec les sociaux chrĂ©tiens du CD&V et les socialistes du Sp.a, pour diriger la RĂ©gion flamande. Deux membres de la N-VA, Philippe Muyters et Geert Bourgeois sont nommĂ©s ministres dans ce gouvernement.
En 2009, Bart de Wever est candidat Ă un jeu tĂ©lĂ©visĂ©, « Slimste mens ter wereld » (« lâhomme le plus intelligent du monde ») sur la chaĂźne flamande VRT. Ce jeu remporte depuis des annĂ©es un succĂšs d'audience important en Flandre et a Ă©tĂ© Ă©lu plusieurs fois meilleure Ă©mission de dĂ©tente. De Wever participe Ă une sĂ©rie d'Ă©missions, allant jusqu'en finale. Ses prestations contribuent Ă sa popularitĂ©, les tĂ©lĂ©spectateurs Ă©tant sĂ©duit par sa franchise, son esprit et son sens de la rĂ©partie. Cette mĂȘme annĂ©e, il est Ă©lu homme de lâannĂ©e au palmarĂšs de la VRT. Fin avril 2010, le Gouvernement Leterme II Ă©choue sur le dossier communautaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde. L'Open VLD qui attendait une solution pour le 21 avril quitte la majoritĂ© ce qui entraĂźne la tenue d'Ă©lections fĂ©dĂ©rales anticipĂ©es.
Le 13 juin 2010, aux Ă©lections lĂ©gislatives fĂ©dĂ©rales belges, Bart de Wever est Ă©lu sĂ©nateur avec 785.776 voix de prĂ©fĂ©rence, soit le meilleur rĂ©sultat des hommes politiques flamands. La Nieuw-Vlaamse Alliantie, dont il est le prĂ©sident, devient le premier parti de Belgique avec 17,40 % des suffrages et 27 siĂšges sur 150 Ă la chambre des reprĂ©sentants. Son parti est ainsi un acteur central en vue de la formation d'une majoritĂ© parlementaire et d'un gouvernement de coalition. Le 17 juin 2010, Bart De Wever est donc nommĂ© informateur par le Roi Albert II, c'est-Ă -dire chargĂ© d'une mission d'information afin de voir comment et avec quels partis une coalition gouvernementale peut ĂȘtre nĂ©gociĂ©e. Il doit notamment arriver Ă s'entendre avec le parti socialiste francophone (PS), qui a recueilli le plus de suffrages au sud du pays, alors qu'il prĂ©fĂšrerait traiter avec les libĂ©raux (MR et Open VLD). Le 15 juin, il dĂ©clare : « Je pourrais vous donner une liste avec les points du programme du PS avec lesquels je ne suis pas dâaccord si vous avez lâaprĂšs-midi devant vous. Mais ça ne marche jamais comme cela : le fait que je ne suis pas dâaccord avec un point ne signifie pas que je refuse dâen parler. ».
Au nord du pays, les partis flamands engagĂ©s dans les nĂ©gociations ne veulent pas, contrairement Ă la N-VA, de la crĂ©ation dâun Ătat rĂ©publicain flamand. Mais, en gĂ©nĂ©ral, ils approuvent les rĂ©formes Ă court terme demandĂ©es par la N-VA, comme le transfert des compĂ©tences fĂ©dĂ©rales vers les rĂ©gions et communautĂ©s et une plus grande autonomie financiĂšre des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es. Bart de Wever et son parti bĂ©nĂ©ficient surtout du soutien du parti centriste flamand, le CD&V. Le 8 juillet, Bart de Wever rend son rapport au roi. Il voit des points de « convergences » entre les partis en prĂ©sence, dont la N-VA et le PS, mais les trouve trop limitĂ©s pour commencer Ă former un gouvernement. Le Roi attribue alors Ă Elio di Rupo, chef du parti socialiste francophone, une mission de prĂ©-formation. Fin juillet, sept partis sont engagĂ©s dans ces nĂ©gociations (NV-A ; PS et SP.A ; CD&V et CDH ; Ecolo et Groen). Pendant ce temps, le gouvernement dĂ©missionnaire d'Yves Leterme continue de gĂ©rer les affaires courantes.
Fin aoĂ»t, des tensions entre socialistes francophones et la N-VA se font jour sur la question de la rĂ©gionalisation de lâimpĂŽt des personnes physiques et sur le statut de Bruxelles. Le 23 aoĂ»t la menace du sĂ©paratisme est clairement exprimĂ©e lors d'une altercation entre Bart de Wever et Laurette Onkelinx (PS). Le 3 septembre, la mission de prĂ©formation d'Elio di Rupo Ă©choue. Des avancĂ©es sur la dĂ©centralisation des compĂ©tences fĂ©dĂ©rales vers les rĂ©gions avaient pu ĂȘtre nĂ©gociĂ©es. En revanche, « sur Bruxelles-Hal-Vilvorde et Bruxelles, les discussions n'ont pas pu aboutir » dĂ©clare Elio di Rupo. La N-VA et le CD&V ont marquĂ© leurs dĂ©saccords sur ces deux dossiers (conciliation sur l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde et financement de la rĂ©gion bruxelloise). Pour les mĂ©dias cette crise rappelle celle de 2007. Les Ă©ditorialistes sont sceptiques sur la possibilitĂ© de former rapidement un gouvernement. Des journalistes et hommes politiques francophones voient la sĂ©paration du pays comme une issue possible et envisagent qu'il faudra peut-ĂȘtre la nĂ©gocier, en dĂ©fendant notamment leurs droits sur Bruxelles. Charles PicquĂ© (PS), ministre-prĂ©sident francophone de la RĂ©gion bruxelloise dĂ©clare ainsi : « En aucun cas, il ne faut crĂ©er les conditions ou prendre l'initiative d'une scission du pays. Mais il serait irresponsable de ne pas se prĂ©parer Ă l'Ă©ventualitĂ© d'un divorce. ».
Du 4 septembre au 5 octobre, les prĂ©sidents de la Chambre, AndrĂ© Flahaut (PS), et du SĂ©nat, Danny Pieters (N-VA), sont chargĂ©s par le Roi dâune mission de mĂ©diation pour relancer les nĂ©gociations. Le 4 octobre, Bart De Wever rompt les nĂ©gociations et dĂ©clare qu'elles ont Ă©chouĂ©. Il invite « tous les partis » à « remettre les compteurs Ă zĂ©ro », avec confiance, dans les dĂ©bats sur la rĂ©forme de lâĂtat et la formation dâun gouvernement. Les partis francophones concernĂ©s par les nĂ©gociations (PS, Ecolo et CDH) estiment pourtant que l'opportunitĂ© se prĂ©sentait de « transformer en profondeur la Belgique et dâaccorder plus dâautonomie aux trois rĂ©gions de notre pays ». De son cĂŽtĂ©, Bart de Wever dĂ©clare que les concessions faites par les francophones lors des discussions sont « des pas de nains de jardin » aux yeux des flamands. Des observateurs lisent aussi dans cette rupture la volontĂ© du prĂ©sident de la N-VA de faire venir les partis libĂ©raux Ă la table des nĂ©gociations.
Le 8 octobre 2010, soit 117 jours aprĂšs les derniĂšres Ă©lections en Belgique, le Roi Albert II confie une mission de clarification de 10 jours Ă Bart de Wever sur les points difficiles, comme le statut de Bruxelles-Hal-Vilvorde, les transferts financiers vers les rĂ©gions et l'attribution de nouvelles compĂ©tences aux entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es. Le 17 octobre, ce dernier rend une note qui Ă©tablit les concessions maximales que la N-VA est prĂȘte Ă faire. Ce rapport est jugĂ© inacceptable, car trop peu consensuel, par les partis francophones. L'Ă©chec de cette tentative de clarification amĂšne le roi Ă donner, le 21 octobre, une mission de conciliation au socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Son but est de restaurer la confiance et de relancer, Ă terme, les discussions de fond entre les sept partis qui Ă©taient impliquĂ©s dans les nĂ©gociations. En cette pĂ©riode de crise politique, la popularitĂ© de Bart de Wever et celle de son parti restent trĂšs importantes en Flandre. D'aprĂšs un sondage rĂ©alisĂ© entre le 26 novembre et le 10 dĂ©cembre 2010, Bart de Wever est de loin l'homme politique le plus apprĂ©ciĂ© et la N-VA obtiendrait trois pourcents de voix en plus en RĂ©gion flamande en cas de nouvelles Ă©lections.
Le 12 dĂ©cembre 2010, dans un entretien au magazine allemand Der Spiegel, Bart de Wever dĂ©plore que les Wallons s'opposent aux importantes rĂ©formes institutionnelles qu'il souhaite. Il dĂ©clare qu'« Il est chaque jour plus difficile de former un gouvernement fĂ©dĂ©ral. Si nous rentrons dans un tel gouvernement, nous courons le risque de perdre les prochaines Ă©lections. Nous avons Ă©tĂ© Ă©lus parce que nous prĂŽnons des rĂ©formes radicales et parce que les Ă©lecteurs nous font confiance pour ne pas capituler aprĂšs 6 mois de nĂ©gociations. ». Pour Paul De Grauwe, professeur dâĂ©conomie Ă la KUL, « la N-VA ne veut pas dâaccord. Câest le fond du problĂšme. Ce parti paralyse lâactivitĂ© politique, il vise les Ă©lections, il ne veut pas souscrire Ă un compromis. ». D'aprĂšs le politologue Carl Devos, les hommes politiques qui participent aux nĂ©gociations ne croient plus Ă un accord et envisagent la tenue de nouvelles Ă©lections. Le 22 dĂ©cembre, Bart de Wever se dit Ă©puisĂ© physiquement et mentalement par les discussions et dĂ©clare son incertitude : « Jâignore ce que seront les consĂ©quences dâun Ă©chec. Cela me hĂ©risse. Jâaime mâappuyer sur ma connaissance du passĂ© pour dĂ©crypter lâavenir. Mais maintenant ? Je ne vois pas. ».
Le 25 dĂ©cembre 2010, cette crise devient la plus longue de l'histoire politique belge avec 195 jours sans gouvernement. Le conciliateur Johan Vande Lanotte doit rendre, le 3 janvier 2011, le rapport qui permettra peut-ĂȘtre la reprise des nĂ©gociations. L'endettement de l'Ătat Ă©tant important, l'agence Standard & Poor's menace d'abaisser la note du pays si un nouveau gouvernement n'est pas rapidement formĂ©. Fin dĂ©cembre, Bart de Wever est Ă©lu homme de l'annĂ©e par les quotidiens du Groupe Sud Presse et par un jury du journal Le Soir. Le 3 janvier 2011, aprĂšs 10 semaines de discussions avec les diffĂ©rents hommes politiques, Johan Vande Lanotte transmet aux partis une note dĂ©taillĂ©es de soixante pages jetant les bases de nouvelles nĂ©gociations. Sept partis PS, SP.A, Ecolo, Groen et CDH accueillent favorablement cette synthĂšse. Mais le 5 janvier, le CD&V rĂ©clame des adaptations de cette note et la N-VA de Bart de Wever dit avoir des «  rĂ©serves fondementales » Ă formuler. Ces deux partis n'envisagent donc pas de reprise immĂ©diate des nĂ©gociations. Bart de Wever ne commente pas cette dĂ©cision. Le soir mĂȘme, est diffusĂ© le jeu tĂ©lĂ©visĂ© « Slimste mens ter wereld » (« lâhomme le plus intelligent du monde ») auquel participe Bart de Wever. La plupart des Ă©ditorialistes dĂ©noncent ce refus de revenir Ă la table des nĂ©gociations. Le 6 janvier, constatant que deux partis ne veulent pas nĂ©gocier sur base de la note qui leur a Ă©tĂ© envoyĂ©e et estimant qu'« Il nây a pas une volontĂ© suffisante de continuer les nĂ©gociations », Johan Vande Lanotte prĂ©sente sa dĂ©mission au roi. Ce dernier se donne jusqu'au 10 janvier pour l'accepter ou non.
InterrogĂ© sur ces « remarques fondamentales » que son parti voudrait faire, Bart de Wever dĂ©clare « Je pense que nos remarques sont inacceptables pour les francophones et que les remarques des francophones sont inacceptables pour nous. Et si aprĂšs six mois on en est Ă ce point, il est temps de faire des conclusions. ». Jan Jambon, chef de groupe N-VA Ă la chambre demande que le dialogue entre Bart de Wever et Elio du Rupo reprenne avec pour base de nĂ©gociation la note que Bart de Wever avait proposĂ©e en octobre, Ă la fin de sa mission de clarification. Dans les jours qui suivent, le CD&V revient en partie sur sa position et manifeste plus de confiance dans la mission du conciliateur. La pression des mĂ©dias et des milieux Ă©conomiques se fait aussi plus importante pour qu'un gouvernement soit mis en place et donne un gage de stabilitĂ© aux investiseurs. La N-VA se dit prĂȘte Ă abandonner des revendications sur certains champs de compĂ©tences mais veut aussi des concessions plus importantes sur des domaines plus prĂ©cis comme l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde et la politique socio-Ă©conomique.
Le 11 janvier, le roi demande Ă Johan Vande Lanotte de poursuivre sa mission avec pour interlocuteurs principaux les deux prĂ©sidents des partis vainqueurs des Ă©lections de juin, Elio di Rupo et Bart de Wever. Pour Bart de Wever, cette nouvelle phase de nĂ©gociation ne peut s'Ă©terniser : « Sâil nây a pas rapidement des avancĂ©es, cela nâa pour lui pas de sens de continuer. Soit, on enregistre des avancĂ©es. Soit, il faut honnĂȘtement constater que cela ne va pas et cela nâira jamais. ». Le 26 janvier, Johan Vande Lanotte remet Ă nouveau sa dĂ©mission au roi, dĂ©clarant qu'« Il n'a pas Ă©tĂ© possible de ramener les 7 partis autour de la table des nĂ©gociations ». Sa dĂ©mission est acceptĂ©e par Albert II qui procĂšde ensuite Ă de nouvelles consultations.
Le 2 fĂ©vrier, le roi demande, en raison de la longueur de la crise, Ă Yves Leterme, toujours premier ministre du Gouvernement d'affaires courantes, d'Ă©tablir un budget pour 2011. Bien que les compĂ©tences de ce gouvernement soient en thĂ©orie rĂ©duites depuis les Ă©lections de juin 2010, le roi l'appelle Ă prendre plus de mesures sur le plan Ă©conomique, social, financier et structurel. ParallĂšlement, Albert II confie au libĂ©ral francophone Didier Reynders (MR) une mission d'information sur les possibilitĂ©s dâarriver Ă un accord institutionnel. Ă la suite de leurs dĂ©faites aux Ă©lections, les libĂ©raux Ă©taient jusque lĂ absents des discussions. Bart de Wever estime alors que des points d'entente sont envisageables avec le MR, notamment dans le domaine socio-Ă©conomique et sur le projet d'un Ătat plus confĂ©dĂ©ral. Mais il est aussi sceptique sur l'issue favorable de nĂ©gociations sur Bruxelles-Hal-Vilvorde avec les libĂ©raux francophones. Le 2 mars, Didier Reynders ayant remis son rapport au roi, une mission de mĂ©diation est cette fois confiĂ© Ă Wouter Beke, le prĂ©sident du CD&V. Ce parti s'Ă©tant montrĂ© jusque lĂ assez proche de la N-VA sur la question du fĂ©dĂ©ralisme, Bart de Wever souhaite qu'il ne s'en dĂ©solidarise pas maintenant qu'il est au centre des nĂ©gociations.
Le 5 mars, la N-VA estime qu'un accord doit ĂȘtre conclu pour fin avril, sans quoi, elle quittera la table des nĂ©gociations. Cet ultimatum est liĂ© Ă la date de finalisation du budget qui, selon la N-VA, ne peut ĂȘtre fait par le gouvernement en affaire courante. Bart de Wever dĂ©plore ainsi que son parti ne puisse contribuer Ă l'Ă©laboration du nouveau budget : « Nous sommes coincĂ©s dans ces affaires courantes qui sont devenues de plein exercice. Cette situation n'est pas tenable pour nous. On ne peut pas tout faire en affaires courantes ». Ce Ă quoi le premier ministre Yves Leterme (Cd&V) rĂ©pond le 24 mars : « Le problĂšme, ce ne sont pas les affaires courantes. Le problĂšme c'est que Bart De Wever a jusqu'Ă prĂ©sent Ă©chouĂ© ». Six ministres et secrĂ©taires d'Ătat CD&V du gouvernement d'affaire courante appuient cette position : « A ceux qui critiquent le gouvernement en affaires courantes, nous rĂ©pondons clairement et simplement : composez un nouveau. En ce qui nous concerne, le plus vite sera le mieux. ». Par ailleurs, le 18 mars 2011, Bart de Wever est reçu officiellement Ă Londres par le 1er ministre David Cameron, marque de reconnaissance qui surprend les observateurs et avive les tensions avec le Cd&V. Le lendemain, il est réélu Ă la prĂ©sidence de la N-Va. Selon les sondages, sa popularitĂ©, dĂ©jĂ trĂšs Ă©levĂ©e, augmente encore en Flandre.
Le 12 mai 2011, Wouter Beke a terminé sa mission de médiation. Quatre jours plus tard, Elio Di Rupo est désigné formateur du nouveau gouvernement par le roi. L'objectif visé par Bart De Wever pour les élections communales et provinciales d'octobre 2012 était double :
donner un ancrage local Ă son parti;
faire de ces élections un test national en vue des élections législatives de 2014.
Le 14 octobre 2012, la N-VA obtient un succĂšs dans plusieurs grandes villes flamandes : 22,7 % Ă Ostende, 19,79 % Ă Bruges, 17 % Ă Gand, 16,3 % Ă Courtrai...). Ă Anvers, Bart De Wever remporte largement les Ă©lections communales avec 37,68 % des voix contre 28,62 % pour la liste de cartel sp.a-CD&V emmenĂ©e par le bourgmestre socialiste Patrick Janssens. Cette victoire Ă Anvers est acquise grĂące Ă un report massif des voix des Ă©lecteurs du parti d'extrĂȘme droite flamand Vlaams Belang qui chute Ă Anvers de 33,51 % Ă 10,18 %. AprĂšs la victoire de son parti Ă Anvers et dans de nombreuses communes de la RĂ©gion flamande, Bart De Wever appelle le premier ministre Elio Di Rupo et les partis politiques francophones Ă prĂ©parer une rĂ©forme ouvrant la voie Ă une Belgique confĂ©dĂ©rale : « C'est un dimanche jaune et noir! » s'est-il exclamĂ©, « un point de non-retour dans l'histoire, la plus grande victoire Ă©lectorale depuis la seconde guerre mondiale ». « Les Flamands ont fait le choix du changement », a-t-il ajoutĂ©, lançant un appel au premier ministre Di Rupo et aux partis francophones: « PrĂ©parez avec nous la rĂ©forme confĂ©dĂ©rale. Prenez vos responsabilitĂ©s! ».
Le 9 dĂ©cembre, aprĂšs de deux mois de nĂ©gociations, Bart De Wever annonce enfin avoir formĂ© une majoritĂ© Ă Anvers avec le CD&V et l'OpenVLD, renvoyant les socialistes dans l'opposition communale aprĂšs plusieurs dĂ©cennies de pouvoir. Selon le politologue flamand Dave Sinardet, de la VUB, on ne peut pas vraiment dire que la N-VA a progressĂ© depuis 2010, la comparaison entre les Ă©lections lĂ©gislatives de 2010 et les Ă©lections provinciales de 2012 montrant que la N-VA progresse Ă peine de 1 % alors que le CD&V monte de 4 % et l'Open VLD de presque 1 %. Selon lui, les Ă©lections provinciales se prĂȘtent mieux que les communales Ă une comparaison avec les Ă©lections lĂ©gislatives de 2010 parce que tous les partis s'y prĂ©sentent sous leur propre nom (alors qu'il y a Ă©normĂ©ment de listes de cartel et de listes du bourgmestre aux communales) et, par ailleurs, on peut penser que l'Ă©lecteur vote gĂ©nĂ©ralement peu pour un enjeu purement provincial car il est peu au courant des enjeux provinciaux. Sinardet reconnaĂźt bien entendu par ailleurs que le fait que la N-VA puisse s'ancrer dans les communes est une grande victoire, et Anvers symbolique.
AprĂšs la victoire de Bart De Wever Ă Anvers, le parti d'extrĂȘme droite flamand Vlaams Belang, laminĂ©, offre ses services Ă la N-VA pour monter une coalition, son chef Filip Dewinter dĂ©clarant : « Le Vlaams Belang a semĂ© pendant des dĂ©cennies afin que la N-VA et Bart De Wever puissent maintenant moissonner ». Ce qui n'empĂȘche pas la section de Bruxelles du Vlaams Belang de dĂ©noncer le 15 octobre (en français) sur son site le « Frankenstein politico-mĂ©diatique NVA, produit sponsorisĂ© par le rĂ©gime, bricolĂ© pour servir de caisse de rĂ©sonance dâune partie du patronat flamand et pour rĂ©duire lâĂ©lectorat du Vlaams Belang » avec un programme qui « est sur les questions de la sĂ©curitĂ© et de lâimmigration un copiĂ©-collĂ© de celui du Vlaams Belang ». Dans une interview accordĂ©e Ă une radio publique des Pays-Bas, le bourgmestre socialiste de Gand, DaniĂ«l Termont (qui, avec les 45 % de sa liste de cartel sp.a-Groen, rĂ©alise un score supĂ©rieur Ă celui de De Wever Ă Anvers et de trĂšs loin supĂ©rieur aux 17 % de la N-VA Ă Gand) estime que le style et le langage de Bart De Wever prĂ©sentent « beaucoup de similitudes avec l'extrĂȘme droite ».
Rappelant que De Wever a attirĂ© beaucoup dâĂ©lecteurs du parti d'extrĂȘme droite Vlaams Belang, Termont voit dans son discours du 14 octobre « un langage digne des annĂ©es trente ». Le 31 octobre, Paul Magnette estime sur son blog : « Ce qui a frappĂ© les esprits en Wallonie et Ă Bruxelles, ce soir-lĂ , c'est la brutale mĂ©tamorphose d'un homme ». Il y trouve des « relents inquiĂ©tants ». « La mĂ©tamorphose physique du leader nationaliste est aussi une mĂ©tamorphose politique: sa gourmandise, son humour et sa bonhomie semblent avoir disparu pour ne plus laisser subsister, sans fard, que l'ambition de pouvoir, et un discours nationaliste et conservateur teintĂ© d'une agressivitĂ© qu'on ne lui avait pas connue jusqu'alors ». La Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), le parti de Bart de Wever, souhaite l'indĂ©pendance de la Flandre, nĂ©gociĂ©e dans le cadre europĂ©en23. Mais c'est aussi un parti qui pourrait peut-ĂȘtre participer Ă une coalition gouvernementale Ă la tĂȘte de l'Ătat belge.
Si l'indĂ©pendance de la Flandre est le point no 1 du programme de la N-VA, Bart De Wever esquive souvent ce point car il risquerait de perdre des Ă©lecteurs plus modĂ©rĂ©s. Pour le politologue anversois Dave Sinardet : « Bart De Wever ne tient plus un discours nationaliste traditionnel, qui demande lâautonomie au nom de lâexistence dâune nation flamande. Lui ne parle presque jamais dâidentitĂ© flamande ; son argument est plutĂŽt que la Belgique ne fonctionne plus, quâil y a des points de vue diffĂ©rents.» (...) « Il donne lâimpression de livrer une analyse objective, comme un politologue ». Bart de Wever a plusieurs fois tenu cette position, prĂ©sentant la disparition du pays comme une issue logique qui va se rĂ©aliser progressivement : « (...) on ne peut que constater le dĂ©doublement de la nation belge. Les partis politiques sont scindĂ©s, le rĂ©seau belge s'Ă©vapore. (...) C'est une Ă©volution Ă long terme. Et je ne vois pas pourquoi cela s'arrĂȘterait. Ce n'est pas une circonscription fĂ©dĂ©rale qui pourrait changer le cours de l'histoire. Mais il y a beaucoup de problĂšmes comme le statut de Bruxelles. Je suis un conservateur. Pas un rĂ©volutionnaire. Et cela dĂ©pend aussi beaucoup de l'Ă©volution de l'Europe. Pour moi d'ailleurs, la Belgique est dĂ©jĂ un niveau supranational. Un niveau national demande une dĂ©mocratie avec une certaine homogĂ©nĂ©itĂ©. La Belgique n'est qu'une confĂ©rence diplomatique permanente entre deux pays.(...) Je pense que l'Ă©volution va provoquer une Ă©vaporation de la Belgique. On n'est pas au Kosovo ni au xixe siĂšcle. On est membre de l'Union europĂ©enne qui, aujourd'hui, dĂ©cide de 60 pc de nos lois.» (mars 2008).
En juin 2010, en pleine campagne Ă©lectorale, il prĂ©cise sa stratĂ©gie : «Mon objectif est que la Belgique disparaisse sans que personne ne s'en aperçoive. Avec la Flandre et la Wallonie, nous avons dĂ©jĂ deux Ătats qui fonctionnent avec chacun son Parlement et son gouvernement. Ă Bruxelles, le Premier ministre ne prĂ©side plus qu'une vaine confĂ©rence diplomatique. Il faut laisser le processus aller jusqu'Ă son terme.» (juin 2010). Alors que la N-VA devient lors des Ă©lections belges du 13 juin 2010, le premier de parti de Belgique avec 17,40 % des voix, Bart de Wever se veut toutefois rassurant en ne revendiquant pas, dans l'immĂ©diat, l'indĂ©pendance de la Flandre. Cependant, il n'exclut pas que la Belgique disparaisse un jour et que le pouvoir revienne Ă ses rĂ©gions et Ă l'Union europĂ©enne. Le 30 novembre 2010, dans une confĂ©rence au cercle de Wallonie, il se prĂ©sente Ă nouveau comme un conservateur et dit ne pas vraiment souhaiter la fin de la Belgique : « On veut conserver l'armĂ©e et la monnaie et il y a beaucoup de prospĂ©ritĂ© Ă dĂ©fendre en Belgique ». Il rappelle que son parti n'est pas pour une rĂ©volution mais « pour une Ă©volution en douceur des pouvoirs de la Belgique fĂ©dĂ©rale vers les rĂ©gions et l'Europe. ».
Le 12 dĂ©cembre 2010, dans une interview au journal allemand Der Spiegel, il affirme que la Belgique va disparaĂźtre et que « l'Ătat belge n'a pas d'avenir » tout en avançant qu'il ne travaille pas lui-mĂȘme Ă la fin immĂ©diate de la Belgique. Pour l'heure, il revendique, au nom des flamands, plus de compĂ©tences rĂ©gionales. La justice, les impĂŽts et la politique sociale en rĂ©gion flamande devraient ĂȘtre gĂ©rĂ©es directement par les flamands eux-mĂȘmes. Quant Ă la politique Ă©trangĂšre belge, elle devrait se fondre dans celle de l'Union EuropĂ©enne. Bart de Wever lie ces rĂ©formes et leur impact Ă©conomique avec la viabilitĂ© de l'Ătat belge. Le fait qu'elles n'aboutissent pas, en raison, d'aprĂšs lui, du blocage des nĂ©gociations par les partis du sud du pays, le pousse Ă dire « que la Belgique ne fonctionne plus ! », qu'elle est « une nation qui a Ă©chouĂ©. » ou encore qu'elle est devenue « le malade de lâEurope ».
Inquiet de la progression du parti de Bart De Wever, le parti d'extrĂȘme droite Vlaams Belang a essayĂ© de le mettre en difficultĂ© en publiant sur le site web de Filip Dewinter une photo datant de 1996 et le reprĂ©sentant aux cĂŽtĂ©s de Jean-Marie Le Pen du parti d'extrĂȘme droite français Front national, prise Ă lâoccasion dâune confĂ©rence organisĂ©e par le Vlaams-Nationale Debatclub Ă Anvers, un club qui avait comme objectif lâunitĂ© des forces dâextrĂȘme droite en Europe. De Wever sâest dĂ©fendu dâavoir un quelconque lien avec lâextrĂȘme droite, mais certains mettent en doute la sincĂ©ritĂ© de ses explications. Le 5 mai 2007, Bart De Wever assiste Ă Anvers Ă lâenterrement de Karel Dillen, le fondateur du Vlaams Blok, figure emblĂ©matique de lâextrĂȘme droite flamande et auteur de la traduction en nĂ©erlandais du premier livre nĂ©gationniste.
Fin octobre 2007, De Wever a qualifiĂ© de gratuites les excuses prĂ©sentĂ©es par Patrick Janssens aprĂšs plus de soixante ans Ă la communautĂ© juive. Ă la suite de recherches historiques rĂ©centes, il Ă©tait apparu que lâadministration de la ville dâAnvers et le corps de police communale avaient Ă©tĂ© responsables, au cours de la Seconde Guerre mondiale, de nĂ©gligence coupable et de collaboration avec lâoccupant allemand dans la recherche et lâarrestation de juifs anversois. La position de De Wever, suscita beaucoup de critiques et crĂ©a des polĂ©miques dans le monde politique des deux cĂŽtĂ©s de la frontiĂšre linguistisque, Ă la suite desquelles il prĂ©senta ses excuses aux reprĂ©sentants de la communautĂ© juive, ce qui n'empĂȘcha pas certains commentateurs de considĂ©rer qu'il frĂŽlait le nĂ©gationnisme. Dans une lettre ouverte, il sâexprima sur son erreur dâapprĂ©ciation : « La communication politique ne supporte pas la nuance, la communication scientifique se nourrit de nuances ». Le 27 fĂ©vrier 2011 De Wever assiste Ă la 74e Ă©dition de la FĂȘte du Chant National Flamand (Vlaams Nationaal Zangfeest) Ă Anvers en compagnie de cinq mille nationalistes flamands dont des Ă©lus de la N-VA et des membres du parti dâextrĂȘme droite Vlaams Belang. Ils y fĂȘtaient cette annĂ©e les 50 ans d'existence des jeunesses flamandes du Vlaams Nationaal Jeugdverbond (Alliance de la jeunesse nationale flamande), qui regroupe les jeunesses flamandes dâextrĂȘme droite.
Le prĂ©sident de la N-VA ayant Ă©voquĂ© la "wallonisation" de l'Ă©conomie belge le dimanche 28 octobre 2012 sur la VRT, il s'attire les foudres d'un ancien syndicaliste flamand Ă la SNCB, Jos Digneffe, qui voit dans son propos un caractĂšre raciste. Estimant que « cela avait assez durĂ© », le syndicaliste flamand Ă la pension s'interroge : selon « qui d'autre que Bart De Wever la Wallonie est-elle responsable de la fermeture de Ford? ». « Notre Ă©conomie se wallonise » selon « cette espĂšce de semeur de haine », rapporte-t-il avant de conclure qu'« un grand leader mĂ» par des principes racistes (anti-Wallons) s'est levĂ©. Les Wallons d'aujourd'hui semblent ĂȘtre les Juifs d'hier ». Le 3 fĂ©vrier 2013, Bart De Wever provoque une polĂ©mique en interdisant aux fonctionnaires de la commune d'Anvers d'arborer au guichet un T-shirt affichant leur homosexualitĂ© : "Je ne veux pas qu'une personne portant un T-shirt arc-en-ciel soit assise Ă un guichet. Parce qu'un homosexuel indique clairement, par cette symbolique, Ă quelle obĂ©dience il appartient".
Sa dĂ©claration suscite de nombreuses rĂ©actions dans le monde politique, Ă commencer par celle du secrĂ©taire d'Ă©tat Ă la RĂ©gion Bruxelloise Bruno De Lille qui ironise : "Est-ce que les t-shirt jaune, bleu, rouge... sont aussi interdits ? Ils renvoient Ă la politique. Une solution : nu derriĂšre le guichet ?". Le prĂ©sident du CD&V (parti social-chrĂ©tien flamand) Wouter Beke Ă©crit quant Ă lui : "L'orientation n'est pas un choix idĂ©ologique comme la religion ou la politique. C'est juste ce que je suis. Je suis hĂ©tĂ©ro. Un autre homo. Respect". Cette dĂ©claration suscite Ă©galement la dĂ©sapprobation de Bruno Tobback, prĂ©sident du parti socialiste flamand sp.a, d'Alexander De Croo, ministre fĂ©dĂ©ral et ancien prĂ©sident du parti libĂ©ral flamand Open VLD et mĂȘme d'Alex Polis, prĂ©sident de la section anversoise de l'Open VLD et, Ă ce titre, partenaire de majoritĂ© communale de Bart De Wever. Un pastiche de Bart De Wever apparaĂźt en 2012 dans le roman de politique-fiction Bart chez les Flamands de Frank Andriat, roman dont l'action se dĂ©roule en 2030, quatorze ans aprĂšs la scission de la Belgique, et implique le dirigeant nationaliste wallon imaginaire Bart Lecoq, chef du parti nationaliste wallon NWA (Nouvelle Wallonie).