Conseiller diplomatique du chef de l'État depuis mai 2012, Paul Jean-Ortiz est décédé jeudi matin des suites d'un cancer. Fin connaisseur de la Chine, il avait été un des piliers du Quai d'Orsay.
Son visage était apparu au grand public en mai 2012 lorsque François Hollande l'avait appelé à ses côtés à l'Élysée. Le conseiller diplomatique du président, Paul Jean-Ortiz, est décédé jeudi matin des suites d'un cancer. Le chef de l'État a exprimé sa «profonde tristesse» après la perte de son collaborateur, qui était âgé de 57 ans.
Affaibli par la maladie depuis plusieurs mois, la voix éteinte par son traitement médical, Paul Jean-Ortiz avait dû renoncer ces derniers mois à accompagner François Hollande dans ses déplacements à l'étranger. Il avait malgré tout tenu à rester à son poste et à continuer à œuvrer pour la diplomatie française, tout en déléguant une partie de ses attributions à Jacques Audibert, l'ancien directeur des affaires politiques au Quai d'Orsay et spécialiste du dossier nucléaire iranien. Ce dernier a rejoint en mai la cellule diplomatique de l'Élysée en qualité de conseiller G7 et G8 du président, chargé des questions multilatérales. Il devrait logiquement prendre la succession de Paul Jean-Ortiz.
Une longue carrière en Asie
Passionné par la civilisation chinoise, dont il était un des meilleurs connaisseurs au Quai d'Orsay, bilingue en mandarin, Paul Jean-Ortiz était licencié ès lettres (chinois) et diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence (sud). Né le 19 mars 1957 à Casablanca, au Maroc, ce fils de républicain espagnol avait passé l'essentiel de sa carrière en Asie. Il avait notamment séjourné plusieurs fois à Pékin, ainsi qu'à Canton et à Hanoï, avant de prendre la direction Asie-Océanie au Quai d'Orsay en 2009. C'est lui notamment qui avait œuvré dans l'ombre en 1989 à l'accueil de dissidents chinois en France après les événements de la place Tiananmen, comme il le confessait en avril dernier au Journal du dimanche . Une opération baptisée Yellow Bird et restée très discrète jusqu'à aujourd'hui.
Ce pilier du ministère des Affaires étrangères avait également travaillé au cabinet d'Hubert Védrine de 1997 à 2000, sous le gouvernement de Lionel Jospin. Lorsqu'il avait été nommé «sherpa» du chef de l'État le 15 mai 2012 pour remplacer celui de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, Jean-David Levitte, personne ne l'attendait à ce poste clé. Selon le JDD, son nom avait été soufflé par Jean-Claude Cousseran, un ancien du cabinet de Roland Dumas et de la DGSE, puis par Romain Nadal, actuel porte-parole du Quai d'Orsay. François Hollande l'avait rencontré discrètement avant son élection. Il avait apprécié son calme et sa connaissance des pays émergents.