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Ocampo Luis Moreno

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Luis Moreno-Ocampo, né le 4 juin 1952, est un juriste argentin, procureur de la Cour pénale internationale entre le 16 juin 2003 et le 16 juin 2012, date à laquelle Fatou Bensouda lui succède. Précédemment, il a été procureur en Argentine, où il s'est fait connaitre en enquêtant sur des affaires de corruption et de non-respect des droits de l'homme par des militaires. Il a également enseigné le droit pénal et été avocat privé.

Ocampo Luis Moreno

Moreno-Ocampo a été diplômé de la faculté de droit de l'Université de Buenos Aires en 1978. Entre 1980 et 1984, il travaille au bureau du Procureur-général. Par la suite, il obtient un poste de procureur. Il fait ses premières apparitions publiques en 1985 lors du « Juicio a las Juntas », premier procès d'une justice civile d'officiers généraux pour crimes en masse depuis le procès de Nuremberg. Neuf officiers de haut rang dont trois anciens chefs d'État ont comparu, cinq ont été jugés coupables. Moreno Ocampo a ensuite occupé le poste d'avocat général à Buenos Aires de 1987 à 1992, temps pendant lequel il poursuit les responsables de la guerre des Malouines, les chefs de deux rébellions militaires et des douzaines de cas de corruption au plus haut niveau. En 1987, il obtient l'extradition du général Guillermo Suárez Mason depuis les États-Unis.

Il renonce à son poste en 1992 et ouvre une étude privée, Moreno-Ocampo & Wortman Jofre. Il défend plusieurs personnages controversés, dont Diego Maradona, l'ancien ministre de l'économie Domingo Cavallo et un prêtre accusé d'abus sexuels sur mineurs. Il représente les victimes lors de la procédure d'extradition de l'ancien criminel de guerre nazi Erich Priebke, ainsi que dans le procès du meurtrier du général chilien Carlos Prats. Pendant cette période, il travaille également comme professeur de droit pénal à l'université de Buenos Aires ; il est professeur invité à l'université Stanford et à Harvard. Il exerce comme consultant auprès de la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et les Nations unies. Il est membre du comité consultatif de Transparency International et a officié comme président de sa délégation en Amérique latine et aux Caraïbes.

Vers la fin des années 1990, il participe à l'émission de télé réalité Fórum, la corte del pueblo, dans laquelle il arbitre des disputes privées. Le 21 avril 2003, Moreno Ocampo a été élu comme premier procureur de la Cour pénale internationale alors de création récente. Il prête serment pour un mandat de 9 ans le 16 juin 2003. En février 2009, il ouvre une enquête dans quatre affaires : dans le nord de l'Ouganda, en république démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Darfour. La Cour a émis douze mandats d'arrêt. Parmi ces douze personnes, quatre personnes ont été arrêtées et deux sont décédées. Moreno Ocampo a ouvert une enquête contre les chefs de Lord’s Resistance Army, qui sont sous le coup de mandats d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité depuis 2005.

En octobre 2006, un porte parole du bureau du procureur a déposé une plainte contre Moreno Ocampo pour une affaire de mœurs. Un panel de trois juges de la CPI ont enquêté et ont décidé que la plainte était « manifestement infondée » 8, mais Moreno-Ocampo a suscité une polémique en renvoyant le collaborateur qui avait déposé la plainte. Le tribunal administratif de l'Organisation internationale du travail a alors accordé à cet employé environ 120 000 livres sterling à titre de dommages8, en statuant que Moreno-Ocampo n'avait pas suivi la procédure et enfreint les droits de l'employé. L'OIT indique que la plainte conte Moreno Ocampo avait été déposée de bonne foi et que Moreno Ocampo n'aurait pas dû prendre part au processus de décision ayant conduit au licenciement de l'employé, étant donné qu'il était partie prenante à l'affaire.

Moreno Ocampo a dirigé l'enquête contre Germain Katanga et Matthieu Ngudjolo Chui, pour lesquels ont été émis des mandats d'arrêt respectivement en 2007 et 2008 pour crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo. En mars 2008, selon un rapport argentin publié sur internet, Moreno Ocampo a expliqué que les FARC pouvaient être poursuivies par la CPI. Moreno Ocampo a commencé à mener des tests préliminaires en Colombie, visant à évaluer l'opportunité de poursuites de dirigeant paramilitaires, ainsi que des entrevues avec des victimes. Il entreprit une visite en Colombie en aout, après que la CPI eut commencé une enquête sur les « soutiens des FARC en dehors de la Colombie ».

Le premier procès de la CPI, celui du chef militaire congolais Thomas Lubanga a été suspendu le 13 juin 2008, la Cour ayant décidé que le refus du procureur de rendre public des documents à décharge avait enfreint le droit à un procès équitable. Le procureur avait obtenu des preuves des Nations Unies et d'autres sources sous condition de confidentailité, mais les juges ont décidé que le procureur n'avait pas appliqué correctement le Traité de Rome (17 juillet 1998) et qu'en conséquence, « the trial process has been ruptured to such a degree that it is now impossible to piece together the constituent elements of a fair trial ». Le 2 juillet 2008, la Cour ordonne la libération de Lubanga, statuant qu'« un juste procès équitable de l'accusé est impossible, il n'y a plus de justification de sa détention ». La chambre d'appel a accepté de maintenir l'accusé en détention le temps de l'examen de l'appel mené par le procureur. Le 18 novembre 2008, Moreno Ocampo accepte de rendre publique les informations demandées par les juges, en conséquence de quoi la décision de libération de l'accusé a été annulée et le procès a pu continuer. Moreno-Ocampo a été largement critiqué pour son action dans ce procès.

Moreno Ocampo a également été critiqué pour sa décision prise en juillet 2008 de poursuivre le président soudanais Omar al-Bashir, pour faits de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Antonio Cassese, Rony Brauman et Alex de Waal ont estimé que les preuves contre al Bashir sont insuffisantes. Cassese, ancien président du TPIY, a présidé la Commission d'enquête des Nations Unies sur le Darfour (en), qui a conclu que le gouvernement du Soudan n'avait pas pratiqué de politique de génocide. De Waal a estimé que « pendant dix-neuf ans, le président Bashir a dirigé un gouvernement qui s'est rendu responsable d'un nombre incalculable de crimes. [...] Il y a deux semaines, Moreno Ocampo a réussi à accuser Bashir du crime dont il n'est pas coupable. C'est un fait remarquable. Cassese a également indiqué que si Moreno-Ocampo souhait sérieusement poursuivre Bashir, il aurait dû émettre un mandat d'arrêt sous pli scellé à la Cour et demandé à ce que le mandat d'arrêt soit également scellé, afin de ne révéler publiquement le mandat d'arrêt que lorsque Bashir se serait déplacé à l'étranger, au lieu de rendre publique sa demande et permettre à Bashir d'éviter l'arrestation en évitant simplement de sortir de son pays.

En novembre 2008, Moreno Ocampo a demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des rebelles accusés de la mort de membres de la force de maintien de la paix au Soudan. Les chefs de trois tribus du Darfour, qui se disent victimes de crimes de guerre, portent plainte contre Moreno Ocampo pour diffamation et pour provoquer la haine raciale. En juin 2009, lors d'une interview à la Haye menée par le journaliste Yann Barte du "Courrier de l'Atlas", Moreno-Ocampo dit pour la première fois étudier les possibilités d'une poursuite pour les massacres de civils perpétrés à Gaza, en janvier 2009 et révèle son sentiment : « comment peut-on exclure la Palestine de la juridiction de la CPI (parce qu’elle n’est pas strictement un État), alors que personne d’autre ne peut intervenir en sa faveur ? » .


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