Centrale syndicale française issue d'une scission de la CGT en avril 1948, menée par des militants hostiles aux options communistes des dirigeants cégétistes.
L'appellation de Force ouvrière est celle d'un hebdomadaire exprimant depuis 1945 le point de vue de Léon Jouhaux au sein de la CGT. Malgré une aide financière considérable accordée par le ministère du Travail et par le gouvernement des États-Unis via l'AFL, le nouveau syndicat a du mal à s'implanter, d'importantes fédérations qui paraissent proches de FO, comme celles du livre et de l'Éducation nationale, faisant défection. Aussi ne regroupe-t-il que 350 000 adhérents environ recrutant surtout dans la fonction publique. Marquée par l'anticommunisme, l'atlantisme, l'acceptation de la construction européenne, la méfiance à l'égard de toute action commune avec la CGT, la CGT-FO (que l'on dénomme de plus en plus FO) se positionne comme un syndicalisme réformiste attaché à sa présence dans les organismes paritaires et à la négociation.
Proche au début du parti socialiste SFIO par le nombre de ses dirigeants et militants, elle soutient le général de Gaulle en 1958, entretient de bons rapports avec les partis de droite et se montre hostile à l'union de la gauche qui se profile au cours des années 1960 et se concrétise en 1972. Plus qu'avec Léon Jouhaux son seul et unique président (1948-1954) et Robert Botherau, secrétaire général (1954-1963), c'est sous son successeur André Bergeron (1963-1989) que FO construit cette identité syndicale particulière qui l'éloigne de plus en plus de la mouvance socialiste. Pendant longtemps le changement de stratégie de la confédération est impossible et la minorité contestataire en son sein est privée de perspective d'où le départ en 1972 de la Fédération de la chimie vers la CFDT.
Pourtant la retraite d'André Bergeron, la fin de la guerre froide, le déclin du communisme, le retour de la gauche au pouvoir en 1981 rendent possible un changement qui se concrétise en 1989 par l'accession au poste de secrétaire général de Marc Blondel, soutenu par la minorité trotskiste et partisan d'un syndicalisme nettement plus contestataire. Au cours de la décennie 1990, FO renoue avec une combativité nouvelle qui rappelle celle qu'elle avait manifestée dans les années 1950 lors des grèves dans les PTT ou les chantiers navals. Ses syndicats se retrouvent souvent dans l'unité d'action aux côtés de la CGT, notamment durant les derniers trimestres de 1995 et 1996. Elle se situe lors des élections prud'homales au troisième rang des organisations syndicales françaises avec 20,44 % des voix en 1987, 20,55 % en 1997 et 15,81 % en 2008. Depuis 2004, la confédération est dirigée par Jean-Claude Mailly, seul candidat à la succession de M. Blondel.