Ana Pauker, née Hannah Rabinsohn le 13 février 1893 près de Vaslui (Moldavie) et décédée le 14 juin 1960 à Bucarest, est une femme politique communiste roumaine. Elle tient un rôle de premier plan dans les premières années du régime communiste roumain.
Hannah Rabinsohn naît en Moldavie, dans une famille de rabbins. Elle rejoint en 1915, alors qu'elle est étudiante, le Parti social-démocrate roumain. Après 1917, lorsque celui-ci se scinde (comme partout ailleurs en Europe) entre sociaux-démocrates et maximalistes pro-bolchéviques, elle rejoint ces derniers et contribue à la fondation du Parti communiste roumain avant d'être élue en 1922 au Comité central de ce parti. Elle épouse Marcel Pauker ; ils ont ensemble trois enfants : Tanio (1921 - 1922), Vlad (né en 1926) et Tatiana (née en 1928 et qui se fait appeler « Marie »). Ces deux derniers vivent aujourd'hui en France.
Après une première arrestation en 1925 (son avocate, française, est la tante d'Alain Bombard, elle-même militante socialiste et féministe), Ana Pauker rejoint Moscou une fois libérée. En 1931, elle participe, sous la direction d'Eugen Fried, au « Collectif de direction » mis en place par l'Internationale communiste pour épauler la direction du Parti communiste français. En 1938, son mari Marcel Pauker, ancien militant communiste qui se trouvait alors en URSS, est arrêté et exécuté à l'occasion des « Grandes Purges » staliniennes. Selon sa biographie officielle, en 1945, cet événement ne détourne cependant pas Ana Pauker « de ses ferventes convictions communistes et de son attachement au camarade Staline et à l'Union soviétique ».
De retour en Roumanie, où elle mène une activité clandestine, elle est de nouveau arrêtée, puis libérée en 1940, à la suite d'un échange de prisonniers entre l'Union soviétique et le Royaume de Roumanie. En septembre 1944, elle devient membre du Secrétariat du Comité central du Parti communiste roumain. Elle représente le PC roumain lors de la conférence de fondation du Kominform, puis devient ministre des Affaires étrangères en septembre 1947, et plus tard vice-Premier ministre. Durant cette période, une répression « qui se doit d'être impitoyable » (selon ses propres termes) s'abat sur la société roumaine, et notamment sur les intellectuels, et de façon générale sur tout « ennemi de classe », en particulier toute personne en lien avec les structures historiques de la société traditionnelle roumaine ; en Roumanie, le souvenir d'Ana Pauker, véritable criminelle politique, reste lié à cette époque. En 1948, elle fait la une du Time magazine avec comme titre : « La femme la plus puissante d'aujourd'hui » (The most powerful woman alive).
En 1952, dans un contexte d'antisémitisme au sein des mouvements communistes, elle est démise de ses fonctions dans le parti et au gouvernement pour « cosmopolitisme » (euphémisme qui désigne alors souvent les victimes juives des purges) et « déviation de droite » à la suite d'une lutte d'influence perdue face au premier secrétaire Gheorghe Gheorghiu-Dej, soutenu par Joseph Staline, alors que de nouvelles épurations sont organisées contre des anciens dirigeants communistes et qu'une campagne contre des intellectuels juifs est lancée (notamment l'affaire du complot des blouses blanches). Elle est arrêtée en février 1953, puis libérée après la mort de Staline et placée pendant plusieurs années en résidence surveillée. Exclue du parti des ouvriers, elle est autorisée à travailler comme traductrice d'allemand et de français à la Maison d'éditions politiques. Elle décède des suites d'un cancer, le 3 juin 1960, à Bucarest. L'un des fondateurs du Parti communiste roumain, le vétéran Gheorghe Cristescu, assiste à la cérémonie, lors de son incinération.