Issu d’une vieille famille aristocratique des Flandres françaises, Jean de Lattre de Tassigny est né le 2 février 1889, à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), d’un père poitevin, maire de Mouilleron-en-Pareds, et d’une mère vendéenne.
Fort d’une éducation soignée, il suit ses études au Collège Saint-Joseph à Poitiers et Paris. Il est reçu quatrième à Saint-Cyr où il entre en 1909 (promotion "Mauritanie") après avoir effectué, comme c’est l’usage, un an de service comme simple soldat, puis comme brigadier, au 22e Dragons. Ayant choisi la cavalerie à la sortie de l’école, il fait un stage d’un an à Saumur, à l’issue duquel, en 1912, il est affecté comme sous-lieutenant au 12e Dragons à Pont à Mousson. Le 11 août 1914, il est blessé au genou et, un mois plus tard, reçoit un coup de lance à la poitrine au cours d’une mission de reconnaissance. Il sert ensuite dans l’infanterie, en 1915, au 93e RI, prend part aux combats de Verdun, du Chemin des Dames et est de nouveau grièvement blessé à trois reprises. Officier de la Légion d’Honneur à la fin de la guerre, il est également titulaire de huit citations et de la Military Cross. Après la guerre, le capitaine de Lattre est affecté à la section franco-américaine de Bordeaux puis au 49e RI à Bayonne avant de se porter volontaire, en 1921, pour le Maroc (1921-1926) où il est chef d’État-major de la région de Taza pendant la campagne du Rif.
Deux fois blessé au cours de ces opérations, il reçoit trois nouvelles citations et est promu au grade de chef de bataillon à titre exceptionnel. En 1927, Jean de Lattre épouse Simone Calary de Lamazière, et entre premier à l’Ecole de Guerre. De 1929 à 1931 il sert au 5e RI à Coulommiers. Il est ensuite affecté au 4e Bureau de l’Etat-major de l’Armée puis, promu lieutenant-colonel, à l’Etat-major du général Weygand de 1932 à 1935. Il commande ensuite le 151e RI à Metz, avec le grade de colonel, jusqu’en 1937. En 1938, il passe un an au Centre des hautes Etudes militaires et est nommé chef d’Etat-major du gouverneur militaire de Strasbourg. Promu général de brigade en 1939, à Strasbourg, il est le plus jeune général de France. Chef d’Etat-major de la 5e Armée, il prend, en janvier 1940, le commandement de la 14e DI à Rethel pendant l’offensive allemande de mai 1940, les unités de de Lattre repoussent l’ennemi à trois reprises, lui faisant deux mille prisonniers. Pendant la débâcle, il continue à se battre à Mourmelon, à Nevers et devant Clermont-Ferrand où il se replie.
Après l’armistice, nommé adjoint pour le commandement des troupes de la 13e Division militaire de Clermont-Ferrand, il se consacre à la formation des cadres pour l’armée à Opme dans le Puy-de-Dôme. En septembre 1941 il est nommé commandant supérieur des troupes de Tunis et crée une nouvelle école de cadres à Salammbô. Rappelé en France en janvier 1942, il est nommé commandant de la 16e division militaire à Montpellier et promu général de corps d’armée. En novembre 1942, à l’arrivée des forces allemandes en zone sud, il donne l’ordre à ses troupes de sortir des garnisons et de résister. Trahi, arrêté, il est interné à Toulouse, puis au Fort Montluc à Lyon. Condamné à dix ans de prison en janvier 1943, il est transféré à Riom, d’où il s’évade, grâce à la résistance française, dans la nuit du 2 au 3 septembre 1943, pour rejoindre Londres. Sous le faux nom de Dequesne, le général de Lattre, s’évade de France, grâce à un appareil de la RAF venu le chercher à Manziat dans l’Ain, le 17 octobre.
Le 11 novembre 1943, il est promu général d’armée par le général de Gaulle qu’il rejoint à Alger cinq semaines plus tard. Après la campagne d’Italie il se voit confier la formation et le commandement de l’Armée B, future Première Armée Française, les effectifs terrestres de la France combattante étant devenus suffisamment important pour permettre la reconstitution d’une véritable armée. De Lattre réalise donc, en six mois, l’amalgame des troupes d’Afrique du Nord avec les Forces françaises libres et les volontaires évadés de France et de l’Empire. Ayant libéré l’Ile d’Elbe en juin 1944, l’Armée B débarque en Provence, le 15 août aux côtés des alliés. Après la libération de Toulon et de Marseille commence la remontée de la Vallée du Rhône avec les durs combats de Chalon-sur-Saône, Beaune et Autun. Le 24 septembre 1944, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération au château de Bournel (Doubs), résidence du marquis de Moustier.
Le général de Lattre met alors au point l’offensive qui mènera la 1ère Armée jusqu’au Rhin. La 1ère Armée, avec ses deux corps d’armée commandés par les généraux Béthouart et Goislard de Monsabert, après avoir fait tomber en novembre 1944 les villes de Montbéliard et Gérardmer, atteint le Rhin, première de toutes les armées alliées. La contre attaque allemande de Von Rundstedt empêche la progression alliée, jusqu’en janvier 1945. Ensuite, les troupes alliées reprennent l’initiative et la 1ère Armée libère Colmar le 2 février, passe le Rhin de vive force le 30 mars, pénètre en Autriche et pousse jusqu’à Arlberg, c’est la fameuse campagne Rhin et Danube.
Le 9 mai 1945, le général de Lattre signe à Berlin, au nom de la France, aux côtés des alliés, l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie. Chef d’Etat-major général de la Défense nationale et inspecteur général de l’Armée de Terre en mars 1947, de Lattre est en 1948 inspecteur général des Forces armées et, auprès du maréchal Montgomery, le premier commandant supérieur des Forces terrestres de l’Europe occidentale. Nommé haut-commissaire en Indochine et commandant en chef en Extrême-Orient en décembre 1950, il rétablit la situation au Tonkin par les victoires de Vinh-Yen et de Mao-Khé. Son fils unique, Bernard, est tué à Ninh-Binh, le 30 mai 1951, à la tête d’un escadron vietnamien du 1er Chasseurs.
Après plusieurs missions à Washington, Londres et Rome, il repart pour le Vietnam. Il rentre en France pour la Conférence des Etats Associés et meurt le 11 janvier 1952 à Paris. Quatre jours plus tard ses obsèques nationales sont célébrées en la cathédrale Notre-Dame. Le jour même, le général de Lattre de Tassigny est élevé à la dignité de Maréchal de France. Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds.