L'expression Deuxième Bureau désigne communément le service de renseignements de l'armée française, entre 1871 et 1940, en référence au Deuxième Bureau de l'État-major général dont il était une composante.
Le SR-Guerre français a été créé en 1871 au sein de l’État-major des Armées. Le Deuxième Bureau fut dirigé par le colonel Jean Sandherr entre 1886 et 1895, puis Georges Picquart entre 1895 et 1896, et Hubert-Joseph Henry de 1897 à 1898. Le deuxième bureau fut impliqué dans l'affaire Dreyfus. Dirigé par le colonel Charles Joseph Dupont de 1913 à 1917 puis par le colonel de Cointet. Après l'armistice de 1940, le SR Guerre est officiellement dissout. Les services de renseignements militaires sont clandestinement restructurés. L'amiral Darlan s'efforce de développer à son profit le petit service de renseignements de la Marine, sans grand succès. La Section Air du SR devient le SR Air sous l'autorité du colonel Georges Ronin.
Les activités du 2ème bureau de l'état-major de l'armée de terre (EMA), commandé par le colonel Louis Baril, sont reprises par le Bureau des menées antinationales (BMA). Le M.A.1 est braqué contre l'Allemagne et l'Italie. Le 5e bureau EMA est commandé par le colonel Louis Rivet. Officiellement, c'est le M.A.3. Sous son autorité, Paul Paillole dirige le contre-espionnage militaire offensif. Ce service est camouflé sous le nom d'une entreprise de travaux ruraux (T.R.). Les services spéciaux français font du renseignement en zone occupée et en zone interdite d'une part, du contre-espionnage en zone non-occupée d'autre part.
Pour le contre-espionnage, les activités du SR Air et des TR sont communes. En zone libre, les enquêtes et les arrestations sont du ressort de la Police Spéciale de Surveillance du Territoire créée en 1937. Les BMA et les TR ciblent non seulement les espions de l'Axe, mais encore les agents britanniques, les "gaullistes" et "communistes" considérés comme agents de l'étranger. La situation est compliquée. Au départ, Henri Frenay, Robert Guédon, Pierre de Froment, sont parrainés par le colonel Baril. Maurice Chevance est un correspondant de Rivet. Frenay et Paillole sont des amis. En août 1942, sous la pression allemande, les BMA sont dissous par Pierre Laval, ce qui ne change pas grand chose. Après les débarquements alliés en Afrique du Nord et l'invasion de la zone libre, Rivet et Paillole, passés à Alger, poursuivent leur activité clandestine, en liaison avec les réseaux de métropole : TR et TR jeune notamment. Paillole met en place un Service de Sécurité Militaire.
Simultanément, la France libre met en place, à Londres, son propre service de renseignement, le "2ème Bureau" puis Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), sous la direction du colonel Passy (André Dewavrin). Lors du rapprochement Giraud-de Gaulle, le comité français de la Libération nationale ordonne la fusion du BCRA et des services de renseignement de Rivet dans une nouvelle structure, la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Opposé aux conditions de cette fusion, Louis Rivet démissionne. La DGSS devient la Direction générale des études et recherches (DGER) le 6 novembre 1944. En 1946, elle est remplacée par le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), qui deviendra la DGSE en 1982.
Les directeurs du deuxième bureau
- Paul Paillole : Services Spéciaux, éditions Robert Laffont, 1975
- Henri Navarre : Le Service de Renseignements (1871-1944), édition Plon, 1978 (ISBN 2-259-00416-4) (co-écrit avec un groupe d'anciens membres du SR)