Bachar el-Assad, né le 11 septembre 1965 à Damas, est un homme d'État syrien. De confession alaouite, une branche du chiisme, il est le secrétaire régional du parti Baas et le président de la République arabe syrienne depuis le 20 juin 2000, date à laquelle il a succédé à son père, Hafez el-Assad.
Bachar el-Assad naît le 11 septembre 1965 à Damas. Il est le deuxième fils de Hafez el-Assad et d'Anisah Makhlouf. Bachar el-Assad parle d'une enfance « très normale » ; la famille vit dans une maison relativement modeste au nord de l'ancienne ville de Damas, jusqu'en 1973, lorsqu'elle déménage vers le quartier plus aisé de Malki. À l'âge de trois ans, il débute sa scolarité à Damas, dans l'École laïque, un établissement jouissant d'une grande réputation nationale. Il apprend le français et l'anglais, respectivement sa deuxième et troisième langue.
Bachar el-Assad se décrit comme un élève « moyen », ses professeurs s'en souvenant comme « au-dessus de la moyenne »4 sans être excellent et plutôt timide. Il va d'ailleurs, en raison de ses notes insuffisantes, quitter la « Laïque » pour terminer ses deux années de secondaire à l'école Le Frère (un lycée français) où il obtient de meilleurs résultats. Des professeurs mentionnent le fait que Bachar el-Assad, dont le père devient président en 1971, ne profite jamais de son rang. Contrairement à d'autres enfants de familles importantes, il arrive à l'école sans service de sécurité et préfère les voyages scolaires en bus, plutôt qu'un chauffeur privé.
En septembre 1982, Bachar el-Assad est admis à l'université de Damas et obtient un diplôme en ophtalmologie en 1988. Il effectue quatre années d'internat à l'hôpital militaire de Tishreen, « libération » en arabe, dans la banlieue de Damas. Afin de poursuivre sa spécialisation, il part à l'automne 1992 vers Londres après avoir passé des examens sélectifs (un candidat sur quatre reçu) ; il échoue lors d'une première tentative mais réussit à la seconde. Il commence sa résidence au Western Eye Hospital, faisant partie du St Mary's Hospital, dans le quartier de Marylebone. Plus tard, il est accepté en tant qu'apprenti par le docteur Ed Schulenber au St Mary's Hospital. Ce dernier garde un bon souvenir de Bachar el-Assad qu'il qualifie de « gentil » et « sympathique », une opinion partagée par ses patients.
À Londres, Bachar el-Assad vit seul dans un appartement au sud de Hyde Park. Il y découvre la liberté d'accès à Internet et de manière plus générale la haute technologie10. Il ne sort que très peu en raison de son travail et de ses études. Durant son séjour à Londres, il rencontre sa future femme, Asma al-Akhras, une Britannico-Syrienne de confession sunnite et travaillant à la City pour JP Morgan.
Bachar el-Assad avait à l'origine un faible intérêt pour la politique. Hafez el-Assad avait préparé son fils aîné, Bassel, à prendre sa succession à la tête du régime. À la mort de son fils aîné dans un accident de voiture en 1994, Hafez el-Assad fait alors appel à son fils cadet. Bachar est contraint de revenir en Syrie où il rentre à l'académie militaire de Homs. En 1999, il devient colonel, puis effectue des missions de confiance pour le gouvernement. Il s'est notamment rendu au Liban pour rendre une visite au président Émile Lahoud et, en novembre 1999, il est reçu en tête-à-tête par le président Jacques Chirac à l'Élysée.
À la mort du président Hafez el-Assad, le Parlement amende la Constitution pour abaisser l'âge minimum de candidature à la présidentielle, qui passe de 40 à 34 ans. Bachar el-Assad est promu deux jours plus tard général en chef des forces armées syriennes par le vice-président Khaddam. Le parlement le propose comme président de la République le 25 juin 2000. Il promet de mettre en œuvre des réformes économiques et politiques en Syrie, et est élu président de la République par un référendum qui s'est tenu le 10 juillet 2000, le peuple syrien voyant en lui un réformateur qui démocratiserait le pays.
À la suite de son élection, le régime se libéralise timidement, ce qu'on appelle généralement le « Printemps de Damas ». Des centaines de prisonniers politiques retrouvent la liberté, des forums regroupant des intellectuels parlant de la démocratisation de la Syrie et de la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 voient le jour. Sous la pression de la vieille garde du régime, en particulier Khaddam qui craint l'« algérisation » de la Syrie, Assad met fin à ce mouvement libéral en déclarant qu'il est des limites à ne pas franchir. Il fait arrêter des dizaines d'intellectuels.
Il est parfois décrit comme un président devant composer avec les membres les plus radicaux de l'administration de son père qui se placent toujours dans une optique de conflit armé avec Israël. Il a cependant réalisé quelques réformes économiques. La libéralisation économique du pays a été très limitée, l'interventionnisme de l'État reste extrêmement présent. Il s'inspire du modèle chinois en proclamant « les réformes économiques passent avant les réformes politiques ». De démocratie, il n'est plus question. En 2003, il explique que les opposants avaient « mal compris » les promesses de son discours d'investiture. Les sanctions économiques mises en place par les États-Unis compliquent la situation.
En dépit des relations tendues qu'a la Syrie avec Israël, le président Assad a demandé la reprise des négociations de paix pour la restitution du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Les États-Unis et Israël l'accusent, par ailleurs, de soutenir activement des groupes armés comme le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique.
En mai 2001, il accueille le pape Jean-Paul II et prononce un discours à Damas dans lequel il critique Israël, il dit notamment :
« Nous constatons que la justice est bafouée : les territoires sont occupés au Liban, au Golan et en Palestine. Nous les entendons massacrer les principes de l’égalité lorsqu’ils disent que Dieu a créé un peuple meilleur que les autres [...] Ils violent les lieux sacrés, ils tentent de tuer tous les principes des religions célestes avec la même mentalité par laquelle fut trahi puis torturé le Christ et de la même manière qu'ils ont essayé de trahir et tuer le prophète Mahomet. »
Assad s'est opposé à l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003, en utilisant le siège de la Syrie au conseil de sécurité de l'ONU en dépit de l'animosité qui existait alors entre les régimes syrien et irakien. Avec l'assassinat du Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, et l'hébergement supposé de militants palestiniens en Syrie, il s'attire les foudres de Washington et de Paris.
Dans le monde arabe, Bachar el-Assad a repris de bonnes relations avec l'OLP et a essayé d'en établir avec des États arabes conservateurs, tout en se tenant garant de l'agenda nationaliste arabe de la Syrie.
Il est reconduit à la présidence de la République par 97,62 % des suffrages exprimés lors d'un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007.
Il a commencé le retrait des forces d'occupation syriennes au Liban, sous la pression internationale. En juin 2001, le gros des forces syriennes s’était retiré de Beyrouth et de sa région, et un nouveau retrait des forces de la capitale et du Metn avait eu lieu en avril 2002. Ces redéploiements avaient ramené les effectifs syriens au Liban de 35 000 à 20 000. En septembre et décembre 2004, la Syrie a ramené ses effectifs à environ 14 000 soldats. L'assassinat, en février 2005, de l'ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, provoque la colère d'une large partie de la population libanaise, les accusations se focalisant rapidement sur les services secrets syriens. Il a abouti à un troisième redéploiement des troupes syriennes, lancé en mars 2005. Le retrait complet du territoire libanais est effectué à la fin avril 2005.
Le vice-président Abdel Halim Khaddam, annonce sa démission de son poste le 30 décembre 2005 dans une interview à la chaîne Al-Arabiya à Dubaï et se réfugie à Paris avec sa famille. En janvier 2006, il y accuse Bachar el-Assad d'avoir menacé Rafiq Hariri quelques mois avant son assassinat, ainsi que d'être l'une des têtes d'un système mafieux s'étendant à la Syrie et au Liban.
Partisan du projet de Nicolas Sarkozy pour instituer une Union pour la Méditerranée, Bachar el-Assad est devenu un partenaire indispensable à la réussite du projet. Il participe au sommet des 13-14 juillet 2008 à Paris et est invité au défilé militaire du 14 juillet aux côtés des autres chefs d'États signataires de l'accord. Sa présence à la tribune officielle a provoqué une controverse.
À partir de mars 2011, le régime baassiste doit faire face à une vague de contestation populaire sociale et politique sans précédent. Elle s'inscrit dans le contexte de protestation dans certains pays arabes baptisé « Printemps arabe ». Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent le départ de leur dirigeant. À partir du vendredi 18 mars 2011, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Damas, Homs, Banias et surtout à Deraa. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du Parti Baas, tribunaux) sont notamment incendiés. Bachar el-Assad et ses collaborateurs ordonnent la répression de ces manifestations, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés, aussi bien militaires que civils (insurgés ou non). Des dizaines d’opposants, armés ou non, sont arrêtés. À partir du 25 mars, malgré la répression et des concessions du gouvernement, le mouvement s'étend aux principales villes du pays. Des manifestations de soutien au gouvernement sont également organisées en réponse.
Les manifestations étant réprimées dans le sang, le mouvement évolue vers une révolution armée. Les déserteurs de l'armée rejoignent l'armée syrienne libre. Des armes lourdes sont utilisées, et des hélicoptères et des avions bombardent les villes. En juillet 2012, le comité international de la Croix-Rouge et le Croissant Rouge ont officiellement déclaré la Syrie en état de guerre civile. En novembre 2012, le bilan provisoire est estimé à 40 000 morts par l'opposition. Bachar el-Assad conteste cet état de guerre civile et se décrit en défenseur d'une nation stable et laïque, face à une vague de terrorisme soutenue financièrement, militairement et humainement par des puissances étrangères.
L'opposition et des pays occidentaux accusent le régime syrien d'avoir tué des centaines de personnes le 21 août 2013 à Moadamiyat al-Cham et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l'ouest et à l'est de Damas, en ayant recours à des gaz toxiques. Les mêmes accusent son régime de manipuler la littérature du djihad afin de faire naître la rumeur d'un « djihad du sexe (en) » de Tunisiennes enrôlées en Syrie pour assouvir les besoins sexuels des combattants islamistes de l’opposition grâce à la pratique du mariage temporaire le temps d'un rapport sexuel, affaire qui doit son immense succès à son côté fantasmatique.
Fin avril 2014, il annonce être candidat à un troisième mandat lors de l'élection présidentielle qui a lieu le 3 juin suivant. Un jour plus tard, le président du Parlement syrien annonce officiellement que Bachar el-Assad a remporté le scrutin avec 88,7 % des voix.