Dmitri Anatolievitch Medvedev, né le 14 septembre 1965 à Léningrad, est un homme d'État russe. Premier vice-président du gouvernement russe, il est élu à la présidence de la Fédération de Russie en mars 2008. Entré officiellement en fonction le 7 mai suivant, il nomme à la présidence du gouvernement son prédécesseur, Vladimir Poutine, qui ne pouvait effectuer plus de deux mandats consécutifs.
Menant une politique tournée vers le libéralisme et la technologie, il parvient à se distancier de son chef du gouvernement, même s'il s'efface à son profit pour l'élection présidentielle de 2012. Il est nommé à son tour président du gouvernement, en mai 2012, lorsque Vladimir Poutine retrouve ses fonctions de président de la Russie. Fils unique d'Anatoli Afanassievitch Medvedev, décédé en 2004, professeur à l'Institut technologique Lensoviet, et de Ioulia Veniaminovna, née Chapochnikova, professeur de langue à l'Institut pédagogique Herzen, puis guide de musée. Ils vivaient dans le quartier Kouptchino à la périphérie de Saint-Pétersbourg. Dmitri Medvedev est diplômé de la faculté de droit civil de l'Université de Leningrad en 1987 et obtient son doctorat en 1990. Pendant ses études, il se passionne pour la photographie et le hard rock (son groupe préféré est Black Sabbath, il apprécie spécialement le chanteur Ozzy Osbourne), et remporte des compétitions d'haltérophilie.
Il se marie en 1989 avec sa camarade d'école Svetlana Linnik, née en 1965 à Kouptchino, dans l'oblast de Léningrad, dans une famille de militaires. Diplômée de l'Institut de finances et d'économie, elle travaille à Moscou et organise des manifestations publiques à Saint-Pétersbourg. Un fils, Ilia, naît de cette union en 1996. De 1990 à 1999 il est professeur de droit privé à l'université d'État de Saint-Pétersbourg. De 1990 à 1995, il est conseiller du Président du Conseil municipal de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak, expert près du Comité des relations extérieures de la Mairie de Saint-Pétersbourg, donc directement sous la direction de Vladimir Poutine. Il était chargé de la mise au point de divers contrats et projets d'investissement. En 1993, il est un des fondateurs de l'entreprise « Fincell », elle-même fondatrice de « Ilim Pulp Enterprise », l'un des géants forestiers russes. Dans cette dernière structure, Medvedev est directeur des affaires juridiques. En 1998, il entre au conseil de direction de l'une des plus grandes entreprises contrôlées par celle-ci : le combinat forestier de Bratsk.
Il devient, en novembre 1999, directeur adjoint de l’administration du Gouvernement, puis en décembre 1999, directeur adjoint de l'administration présidentielle, puis premier directeur adjoint de 2000 à 2003. Depuis juin 2000, il siège au conseil de surveillance du groupe énergétique russe Gazprom, dont il a endossé la direction en juin 20021. C'est lui qui est à l'origine du gazoduc sous-marin reliant directement la Russie à l'Europe de l'Ouest en évitant les États Baltes et la Pologne. En octobre 2003, il devient chef de l'administration du Kremlin, collaborant avec le président Vladimir Poutine, dont il deviendra l'un des plus proches collaborateurs, et ce même si leurs relations seront parfois conflictuelles sur certains sujets de société. Entre le 14 novembre 2005 et mai 2008, il est premier vice-président du gouvernement affecté à la mise en œuvre des projets nationaux et prioritaires.
Le 10 décembre 2007, Dmitri Medvedev est désigné candidat à l'élection présidentielle de 2008 par quatre partis, Russie unie, Russie juste, le Parti agrarien et Pouvoir civil, partis de la coalition au pouvoir et soutenant le président Poutine. Medvedev est considéré comme un des chefs de file de l'aile « libérale » au Kremlin, par opposition aux « siloviki » (armée, police, services de sécurité). Le 2 mars 2008, il est élu à la présidence de la Fédération de Russie dès le 1er tour de l'élection présidentielle de 2008 avec 70,28 % des suffrages. À 42 ans, Dmitri Medvedev devient le troisième président de la Russie postsoviétique après Boris Eltsine (1991-1999) et Vladimir Poutine (2000-2008), et également le plus jeune. Le 7 mai 2008, Dmitri Medvedev a prêté serment en tant que troisième président de la Fédération de Russie lors d'une cérémonie au Kremlin.
Après avoir prêté serment à la Constitution, il a déclaré : « Je crois que mes objectifs les plus importants seront de protéger les libertés civiles et économiques... Nous devons lutter pour un respect véritable de la loi et de surmonter le nihilisme juridique, ce qui entrave gravement le développement moderne. » Comme son inauguration a coïncidé avec la célébration du Jour de la Victoire, le 9 mai, il a assisté à la traditionnelle parade militaire sur la Place rouge et a signé un décret pour fournir des logements aux anciens combattants. Le 8 mai 2008, Dmitri Medvedev nomme Vladimir Poutine comme président du gouvernement russe. En septembre, le pays est frappé par la crise économique. Dmitri Medvedev attribue le déclin du marché boursier russe à cette crise mondiale, et soutient que la crise en Russie avait peu, sinon rien à voir avec des problèmes internes de son économie, et les politiques gouvernementales. Il ordonne l'injection de fonds importants du budget de l'État sur les marchés pour stabiliser la situation.
Plus libéral que son prédécesseur Poutine, Medvedev parle souvent de « moderniser » la Russie. Il est même parfois considéré comme un « nouveau Gorbatchev ». Le président Dmitri Medvedev envoie une proposition de révision constitutionnelle à la Douma le 12 novembre 2008 pour faire passer le mandat présidentiel de quatre à six ans et celui de la Douma de quatre à cinq ans, ainsi qu'une proposition offrant à cette dernière des moyens de contrôler le travail de l'exécutif. Le 10 mars 2009, Medvedev signe un décret présidentiel réformant le système de la fonction publique entre 2009-2013 dans le cadre de sa campagne contre la corruption. Ces réformes comprennent l'établissement d'un nouveau système pour gérer le service civil, l'introduction de technologies efficaces et des méthodes modernes d'exploitation des ressources humaines, afin d'accroître l'efficacité et le professionnalisme des fonctionnaires, qui manquaient sérieusement de technologies récentes. Medvedev veut également réformer le système de justice en profondeur, notamment pour lutter contre la corruption.
Le 2 juin 2009, Medvedev signe un amendement par lequel le président de la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie et ses adjoints sont proposés au Parlement par le Président de Russie, et non élus par les juges, comme c'était le cas avant. En mai 2009, Medvedev crée la « Commission présidentielle de la Fédération de Russie pour contrer les tentatives de falsifier l'histoire au détriment des intérêts de la Russie ». Medvedev déclare que l'innovation technologique est l'une des grandes priorités de sa présidence. En mai 2009, il crée la Commission présidentielle sur l'innovation qu'il préside. La commission est composée de l'ensemble du gouvernement russe et de certains des meilleurs universitaires et entrepreneurs14. Medvedev déclare que les grandes entreprises étatiques seront inévitablement privatisées, et bien que l'État avait joué un rôle accru dans l'économie ces dernières années, cela devrait rester une mesure temporaire, ce qui confirme son engagement plus libéral que Poutine.
Tout comme le premier ministre Vladimir Poutine quelque temps plus tôt, le 15 septembre 2009, Medvedev annonce qu'il pourrait se représenter à la présidence en 2012, mais souligne qu'il ne s'opposerait pas à Poutine, et qu'ils réfléchiront pour trouver un accord. Au cours du même discours, il approuve la suppression de l'élection directe des gouverneurs de régions datant de 2004, et met en avant l'efficacité de leur nomination par le Kremlin. Il ajoute qu'il ne voit pas de possibilité d'un retour à des élections directes, même dans 100 ans. En octobre 2009, Medvedev déclare qu'il ne veut pas voir le prix du pétrole revenir à des niveaux records vus en 2008. Au lieu de cela, dit-il, un prix entre 80 $ et 90 $ le baril serait juste. « La Russie n'a aucun intérêt à un prix du pétrole sans cesse élevé. ».
En août 2009, Medvedev promet de briser le quasi-monopole du parti au pouvoir Russie unie sur le système politique, qu'il trouve injuste, affirmant que les « nouveaux temps démocratiques commencent ». Le 11 octobre 2009, les élections régionales sont remportées par Russie unie, avec 66 % des voix. Mais, selon Lilia Chibanova, chef de l'organisation non-gouvernementale Golos, « la concurrence politique est pratiquement nulle ». En octobre 2009 toujours, un membre du gouvernement russe, Vladislav Sourkov, avertit que les expériences plus démocratiques pourraient entraîner plus d'instabilité et donc déchirer la Russie, faisant allusion à l'instabilité politique pendant la présidence de Boris Eltsine dans les années 1990.
Président sortant en 2008, Vladimir Poutine ne peut se représenter en raison de la limitation à deux mandats consécutifs inscrite dans la constitution russe. Alors que cette constitution énonce clairement la prééminence du président, des journalistes se demandent qui, de Vladimir Poutine ou de Dmitri Medvedev, détient le plus de prérogatives. Il semble que Poutine laissa progressivement la place à Medvedev. Selon certains politologues, au bout de deux ans, Medvedev avait cessé d'être le simple « successeur » de Poutine, pour devenir « président » tout court. Toutefois, les deux hommes annoncent le 24 septembre 2011 que c'est Vladimir Poutine qui sera candidat de Russie unie à l'élection présidentielle russe de 2012, Dmitri Medvedev partant favori pour devenir son président du gouvernement.
Medvedev a déclaré à maintes reprises que le Ministère Interne (responsable de la police) doit devenir plus efficace. Le 6 septembre 2009, il a signé un décret (Oukaz) pour abolir le Département fédéral de l'Intérieur de la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme, ainsi que les entités correspondantes au niveau régional, et sur cette base, il a créé de nouvelles unités spéciales chargées de lutter contre l'extrémisme. Selon le décret, les fonctions anti-crime organisé seront transférés au Ministère de l'Intérieur et des services d'investigation criminelles et de lutte contre les crimes économiques. Le président Medvedev a lancé une politique appelée « Notre nouvelle école » et a demandé au gouvernement de présenter l'avancement du projet chaque année.
La politique étrangère de Medvedev est fortement marquée par la Guerre d'Ossétie en 2008. Lorsque le 7 août 2008, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili décide de bombarder la capitale de l'Ossétie du Sud, région séparatiste, pour y reprendre le pouvoir, perdu depuis des années, des milliers de civils sont tués, et provoquent la mort de militaires russes de la force de paix. Le gouvernement russe décide donc immédiatement de réagir, et d'envahir militairement l'Ossétie du Sud, et l'Abkhazie, autre région séparatiste. Le 26 août 2008, après le conflit militaire avec la Géorgie au sujet de l'Ossétie du Sud, Medvedev signe les décrets reconnaissant l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Le déploiement des boucliers anti-missiles américains en Europe de l'Est est également un autre fait marquant de la politique étrangère de Medvedev, qui promet de déployer dans l'enclave de Kaliningrad des éléments militaires de défense. Mais il se rétracte après l'abandon du projet par le président Obama. Les relations entre la Russie et les États-Unis et entre les présidents Medvedev et Obama sont dans l'ensemble positives, notamment en avril 2010, lorsque les deux pays signent un nouveau traité de désarmement nucléaire START. Obama veut amener Medvedev à voter des sanctions contre l'Iran et le programme de l'enrichissement du nucléaire iranien, qui est très attentivement suivi en Occident. Le 9 mai 2010, à l'occasion du 65e anniversaire de la victoire, Medvedev et la Fédération de Russie veulent marquer le coup en invitant des soldats étrangers, notamment de l'OTAN (américains, britanniques, français et polonais) à participer au traditionnel défilé sur la place Rouge avec les soldats russes. Les armées de toute l'ex-URSS ont également été invitées à défiler. Medvedev déclare que « la participation des troupes de Russie, de pays membres de la CEI et de pays membres de la coalition antihitlérienne témoigne que nous sommes prêts à protéger ensemble la paix, à ne pas admettre la révision des résultats de la guerre et à empêcher l'apparition de nouvelles tragédies ».
La tenue du sommet tripartite de Deauville, en octobre 2010, entre le président Medvedev, le président Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, devrait clarifier les positions de chacun sur la question du bouclier anti-missile, bien que les États-Unis aient instamment demandé qu'aucune décision n'y soit prise.