La république de Weimar désigne la démocratie parlementaire que connut le Reich allemand (Deutsches Reich) entre 1919 et 1933. C'est en effet dans la ville de Weimar que, à la suite de la défaite allemande à la fin de la Première Guerre mondiale, l’Assemblée nationale constituante allemande rédigea la Constitution de Weimar qui fut adoptée le 31 juillet 1919.
Friedrich Ebert (SPD) - Il est le premier chancelier de la République de Weimar, démocratie représentative qu'il a érigée après la défaite allemande en 1918. Il instaure les premières élections législatives et le Reichstag l'élit en 1919 chancelier-président. Ce social-démocrate est réélu en 1922, puis est accusé de haute trahison en 1924
Premier régime démocratique allemand, il fut marqué par de nombreuses tensions et des conflits internes. Il disparut de facto après l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier 1933. Si la constitution ne fut formellement invalidée qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mesures légales prises par le gouvernement nazi détruisirent tous les mécanismes du système démocratique et donnèrent naissance à ce qu'on appelle le Troisième Reich.
Depuis 1916, l'empire allemand de 1871 est gouverné par les militaires de Oberste Heeresleitung (OHL, commandement suprême de l'armée), avec comme chef d'État-major Paul von Hindenburg. Lorsqu'il apparut que la guerre était perdue, l'OHL demanda qu'un gouvernement civil soit formé (le gouvernement civil existait déjà puisqu'au début de la guerre ce fut Bethmann-Hollweg, le chancelier au "chiffon de papier"; il fut remplacé par Maichaelis et ce dernier par Hertling. En octobre 1918, lorsque Ludendorff demanda que des contacts soient pris pour un armistice et qu'il demandait de parlementariser le régime, Hertling démissionna et fut remplacé par le prince Max de Bade. Le 28 octobre 1918, la constitution de 1871 fut amendée pour faire du Reich une démocratie parlementaire, ce qui avait été refusé depuis un demi-siècle. Le chancelier serait désormais responsable devant le Reichstag et non plus devant l'empereur. Le plan originel de transformer l'Allemagne en une monarchie constitutionnelle devint rapidement obsolète alors que le pays grondait de révolte. L'Allemagne croulait sous les soldats et les blessés revenant du front. La violence était omniprésente, des combats se produisaient entre groupes rivaux de gauche et de droite.
Le 29 octobre, une rébellion éclata lorsque le commandement militaire, sans consultation du gouvernement, ordonna une ultime sortie à la flotte allemande. Une manœuvre était sans espoir d'un point de vue militaire et risquait de mettre fin aux négociations de paix. Les équipages de deux navires de Wilhelmshaven se mutinèrent. Lorsque les militaires arrêtèrent environ 1 000 marins, et les transportèrent à Kiel, cette révolte locale se transforma rapidement en une rébellion généralisée qui s'étendit rapidement à toute l'Allemagne. Des marins, des soldats ainsi que des ouvriers se solidarisèrent avec les mutins. Ceux-ci commencèrent à élire des « conseils ouvriers » qui regroupaient ouvriers et soldats sur le modèle des soviets de la Révolution russe. Ceux-ci prennent alors le pouvoir civil et militaire dans de nombreuses villes. Le 7 novembre, la révolution atteignit Munich, provoquant la fuite du dernier souverain allemand, Louis III de Bavière.
À l'origine, la demande des conseils d'ouvriers était modeste, ils voulaient obtenir la libération des marins détenus. À l'opposé de la Russie une année auparavant, ces conseils n'étaient pas contrôlés par le Parti communiste d'Allemagne, qui n'était pas encore fondé. Toutefois, avec l'émergence de l'Union soviétique, cette rébellion provoqua une grande inquiétude dans les classes supérieures et moyennes. Le pays semblait à la veille de devenir une république socialiste. Les représentants de la classe ouvrière étaient eux-mêmes divisés. Les sociaux-démocrates indépendants (USPD) qui tendaient à l'instauration d'un système socialiste se séparèrent des sociaux-démocrates majoritaires (M)SPD. Le reste des sociaux-démocrates (« (M)SPD »), qui soutenaient un système parlementaire, décidèrent de prendre la tête du mouvement et demandèrent le 7 novembre à l'empereur Guillaume II d'abdiquer.
Le 9 novembre 1918, la République était proclamée par Philipp Scheidemann au palais du Reichstag à Berlin, deux heures avant la république socialiste de Karl Liebknecht. Toujours le 9 novembre, dans un acte litigieux, le chancelier du Reich, le prince Max von Baden, transféra tous ses pouvoirs à Friedrich Ebert, le dirigeant du MSPD. Il était clair que cet acte ne suffirait pas en lui-même à satisfaire les masses. Le lendemain, un gouvernement révolutionnaire appelé Conseil des commissaires du peuple (Rat der Volksbeauftragten) fut créé. Il comprenait trois membres du MSPD et trois membres de l'USPD, et était co-dirigé par Ebert pour le MSPD et Hugo Haase pour le USPD. Bien que ce gouvernement fût confirmé par le conseil ouvrier des travailleurs de Berlin, les spartakistes, qui composaient l'aile gauche de l'USPD et étaient dirigés par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, s'y opposèrent.
Ebert appela alors à un Congrès des conseils d’ouvriers et de soldats du Reich, qui eut lieu du 16 au 20 décembre 1918, et dans lequel le MSPD obtint la majorité. Ebert réussit à faire tenir rapidement des élections pour former l’Assemblée nationale constituante afin de mettre en place au plus vite une constitution parlementaire, marginalisant ainsi le mouvement pour l'instauration d'une république socialiste. Afin de s'assurer un nouveau gouvernement capable de conserver le contrôle du pays, Ebert s'allia avec l'OHL, dirigé par le successeur de Ludendorff, le général Wilhelm Groener. Ce pacte Ebert-Groener stipulait que le gouvernement ne réformerait pas l'armée tant que celle-ci jurerait de protéger le gouvernement. D'un côté, cet arrangement symbolisait l'acceptation de ce gouvernement par l'armée et rassurait les classes moyennes, et d'un autre côté, l'aile gauche considérait cet accord comme une trahison des intérêts des travailleurs, et faisait de l'armée un groupe conservateur qui aura une grande influence sur le destin de la république de Weimar. Le 11 novembre 1918 l'armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale est signée.
L'accord entre les militaires et le nouveau gouvernement marqua aussi une des étapes du partage de la classe ouvrière entre le SPD et le Parti communiste (KPD). La rupture devient définitive le 23 novembre 1918 lorsqu'Ebert fait appel à l'OHL pour mater une mutinerie à Berlin lors de laquelle des soldats avaient pris le contrôle de la ville et bloqué la Chancellerie du Reich. L'intervention brutale fit de nombreux morts et blessés, provoquant l'appel de l'aile gauche à la sécession avec le MSPD, qui de leur point de vue avait pactisé avec les militaires contre-révolutionnaires afin de supprimer la révolution. L'USPD quitte alors le Conseil des commissaires du peuple après seulement quelques semaines. La scission devient encore plus profonde lorsqu'en décembre, le Parti communiste d'Allemagne (KPD) est fondé par le mouvement spartakiste et d'autres groupes se réclamant du marxisme révolutionnaire.
En janvier, une nouvelle tentative d'établir un régime socialiste par les travailleurs dans les rues de Berlin est réprimée par les unités d'un Freikorps, un groupe paramilitaire composé de volontaires. Le point de non retour est atteint le 15 janvier avec l'assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht. À la demande d'Ebert, les meurtriers ne sont pas jugés par une cour civile, mais par un tribunal militaire, qui rend des sentences très légères. Le général Walther von Lüttwitz réprima avec ses hommes le soulèvement spartakiste. Les élections à l’Assemblée nationale constituante eurent lieu le 19 janvier 1919. À ce moment-là, les partis de gauche, y compris l'USPD, n'étaient pas vraiment organisés, et le KPD avait refusé de se présenter aux élections, ce qui mena à une solide majorité en sièges pour les mouvements modérés. À lui seul, le SPD obtient 45 % des suffrages exprimés ce qui permet à Ebert de devenir le premier Reichspräsident de la République de Weimar. Pour éviter les émeutes en cours à Berlin, l’Assemblée nationale constituante se réunit dans la ville de Weimar, lui donnant ainsi son nom non officiel.
Durant les débats à Weimar, les combats continuaient. Une « république soviétique » fut même déclarée à Munich, mais elle fut arrêtée en mai 1919 par le Freikorps et des unités de l'armée régulière, provoquant la poursuite des combats dans le pays. Des combats eurent aussi lieu dans les provinces orientales qui restaient fidèles à l'empereur et ne voulaient pas d'une république. Pendant ce temps, la délégation aux pourparlers de paix signa le traité de Versailles, acceptant d'importantes réductions dans l'armée allemande, le paiement d'importants dommages de guerre, et une clause de responsabilité de la guerre. Ainsi naquit le mythe du coup de poignard dans le dos qui connut un grand succès. Adolf Hitler (parmi de nombreux autres) reprochera plus tard à la République la signature de ce traité. Le président du Reich, Friedrich Ebert du MSPD, promulgua la nouvelle nouvelle constitution le 11 août 1919.
Dès le début, la République fut sous la pression des extrémistes de tous bords. L'extrême-gauche accusait les sociaux-démocrates de trahir l'idéal du mouvement ouvrier en s'alliant aux forces de l'ancien régime, au lieu de poursuivre une révolution communiste. La droite était opposée au système démocratique et préférait conserver l'État autoritaire qu'était l'empire de 1871. Le 13 mars 1920 a lieu le putsch de Kapp. Des troupes du Freikorps occupèrent Berlin avec la complicité du commandant militaire de la ville, le général Walther von Lüttwitz et installèrent Wolfgang Kapp, un journaliste de droite, au poste de chancelier du nouveau gouvernement. Ebert se retira avec le parlement de Berlin et s'installa à Dresde. La riposte fut immédiate, un appel à la grève générale fut lancé. Celle-ci fut totale et dura quatre jours, bloquant toute l'économie, ce qui obligea Kapp et le Freikorps à se retirer dès le 17 mars. Toutefois, cet épisode illustre la faiblesse du nouveau régime puisque l'armée régulière refusa d'intervenir pour mater le putsch malgré les ordres d'Ebert. Inspiré par le succès de la grève générale, une révolte communiste se produisit dans la Ruhr en 1920 lorsque 50 000 personnes formèrent une armée rouge et prirent le contrôle de la province. L'armée régulière et le Freikorps mirent fin à celle-ci sans avoir reçu d'ordre du gouvernement. D'autre rébellions communistes furent aussi arrêtées en mars 1921 dans la Saxe et à Hambourg.
Le 24 juin 1922, le ministre des Affaires étrangères Walter Rathenau est assassiné par l'Organisation Consul, un groupe terroriste d'extrême-droite qui lui reproche sa volonté de se rapprocher avec les Alliés ainsi que ses origines israëlites. Des centaines d'attentats perpétrés par l'extrême droite à l'encontre des personnalités politiques des mouvances modérées ensanglantent les premières années de la république de Weimar et déstabilisent le régime. En 1923, la poussée inflationniste provoque de nouveaux troubles. Une armée clandestine, la « Reichswehr noire », qui rassemble en tout 20 000 hommes, tente un putsch, mais est matée en octobre par l'armée régulière. Des vagues révolutionnaires se développent en Thuringe, à Hambourg et en Saxe, mais sont là encore écrasées par l'armée. Le 8 novembre 1923 a lieu une nouvelle attaque contre la république : le Putsch de la brasserie fomenté par Adolf Hitler à Munich. Malgré l'échec du putsch et son interdiction temporaire, le NSDAP (Parti nazi) fondé en 1920 deviendra l'une des forces principales qui mèneront à l'effondrement de la république.
L'Allemagne de l'après guerre connut une crise économique sans précédent dont l'hyperinflation fut la caractéristique principale. En 1923, la république n'avait plus les moyens de payer les réparations fixées par le traité de Versailles, et le nouveau gouvernement cessa les paiements. En réponse, la France sous la direction de Raymond Poincaré et la Belgique occupent la Ruhr, la région la plus industrialisée de l'Allemagne. Ils prirent le contrôle des mines et des usines le 11 janvier 1923. L'appel à la grève générale et à la résistance passive pendant 8 mois amena l'économie allemande vers l'effondrement. Bien qu'en grève, les ouvriers devaient être payés par l'État, pour ce faire, de la monnaie fut imprimée en masse, ce qui ouvrit une période d'hyperinflation. La valeur du mark décline de 4,2 mark par dollar à 1 000 000 de marks par dollar en août 1923 et passe à 4 200 000 000 000 de marks par dollar le 20 novembre de la même année. L'inflation est telle que les prix changent d'heure en heure et que les ouvriers se font payer une voire deux fois par jour pour s'assurer que leur salaire aura encore de la valeur à la sortie du travail. L'apparition du troc (notamment pour se procurer des produits alimentaires) témoigne de la perte de confiance dans la monnaie.
L'hyperinflation n'a pas été endiguée pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les grandes compagnies industrielles allemandes voyaient d'un bon œil ce phénomène qui permettait d'alléger leur dettes auprès des banques et d'exporter plus facilement leur production (le mark perdant de la valeur auprès des autres monnaies internationales, les produits allemands devenaient moins chers). Mais l'État allemand porte également une part de responsabilité puisque l'hyperinflation lui permettait de combler lui aussi ses dettes et de restaurer ainsi l'équilibre budgétaire. Le 1er décembre 1923, une nouvelle devise, le Rentenmark, est créé au taux de 4 200 000 000 000 de marks par dollar. Après l'adoption du plan Dawes, pour le rééchelonnement des dommages, le paiement des réparations put reprendre et le 17 août 1924 les troupes françaises commencèrent à quitter la Ruhr. La première action du nouveau chancelier, Gustav Stresemann, fut d'introduire une nouvelle monnaie, le Rentenmark, pour arrêter l'hyperinflation qui rongeait l'économie et la société allemande. Il fut assisté dans son action par le docteur Schacht, directeur de la Reichsbank ainsi que par le ministre des Finances, Hans Luther qui mirent tous les deux en place une banque chargée d'émettre cette nouvelle monnaie, la Rentenbank. Le gouvernement réussit son opération en refusant à plusieurs reprises d'augmenter la masse monétaire, première cause de la spirale inflationniste. Afin de poursuivre la stabilisation de l'économie, il diminua les dépenses de l'État et augmenta les taxes et les impôts.
Durant cette période, fut introduit le plan Dawes qui visait à associer le remboursement des réparations de guerre avec la capacité économique de l'Allemagne. Simultanément, l'Allemagne est admise à la société des Nations, trouve des arrangements pour sa frontière ouest, signe un pacte de neutralité avec la Russie, et arrête le désarmement. Toutefois, ces progrès sont financés par des prêts étrangers, augmentant la dette du pays, pendant que le commerce diminue et que le chômage augmente. Les réformes que Stresemann met en place ne modifient pas en profondeur les faiblesses de la République de Weimar, mais elles lui donnent l'apparence d'une démocratie. En 1929, la mort de Stresemann coïncide avec la fin de l'âge d'or de la République de Weimar. À la fin des années 1920, malgré une relative prospérité, l'Allemagne se trouve dans une situation peu stable. Elle est en effet dépendante de l'extérieur sur deux niveaux :
- premièrement, elle a un déficit budgétaire impressionnant (6,5 milliards de dollars) ce qui rend indispensable l'importation de capitaux étrangers pour l'investissement dans l'industrie nationale. De plus, environ 40 % de ces capitaux sont des prêts à court terme aux banques allemandes alors que ces dernières les investissent ensuite dans l'industrie nationale sous forme de crédits à long terme. Si le prêt des capitaux étrangers n'est pas renouvelé, les banques se trouvent donc dans l'impossibilité de rembourser leur dettes ;
- deuxièmement, même si la balance commerciale est déficitaire, l'Allemagne exporte, ce qui la rend dépendante de la conjoncture internationale. Si le commerce mondial diminue, l'économie allemande en souffre.
Or, la crise de 1929 va porter au grand jour les faiblesses de l'économie allemande des années 1920. Dès la fin de 1928, les capitaux provenant de l'étranger, notamment ceux des États-Unis, diminuent. Puis, à partir de 1929, l'affaiblissement du commerce international (provoqué par le ralentissement du commerce américain) se répercute sur le niveau des exportations allemandes qui baissent de 25 % en volume de 1929 à 1932. La Bourse allemande s'effondre, la production industrielle chute de 20 % et le 11 mai 1931, la plus importante banque autrichienne, le Kredit Anstalt, fait faillite. Le gouvernement allemand doit donc faire face à une situation de panique bancaire, car les Allemands, n'ayant plus confiance dans les institutions bancaires qui sont au bord de la faillite, se ruent vers les banques pour opérer des retraits massifs. La Danatbank, importante institution de crédits, annonce le 12 juillet 1931 l'impossibilité de régler ses paiements. Le lendemain, le gouvernement de Brüning (« Zentrum ») annonce la fermeture temporaire des banques et des caisses d'épargne pour tenter de calmer les esprits.
L'économie allemande plonge dans la récession (baisse de la production et des prix dans l'industrie et dans l'agriculture) et l'État voit donc ses recettes diminuer (baisse de l'activité, donc baisse des prélèvements fiscaux). Face à ces difficultés, le gouvernement opte pour une politique de déflation et de restauration de l'équilibre budgétaire. En mars 1930, le gouvernement de Brüning (« Zentrum ») augmente les impôts sur les entreprises, ce qui déplaît au patronat puis, en septembre 1931, il baisse des salaires, des prix et des loyers (baisse des salaires dans la fonction publique, réduction des allocations chômage et des prestations sociales...). Le gouvernement décide également de limiter les importations afin de limiter l'endettement extérieur. Cette politique échoue (le chômage atteint six millions de personnes en 1932) et mécontente tous les citoyens. Lors des élections anticipées du 11 septembre 1930, le KPD et surtout le parti nazi réalisent de bons résultats du fait de leur programme qui promettent le plein-emploi. Le parti nazi comprend alors 375 000 membres.
Nazis et communistes s’affrontent dans les rues : le gouvernement est dépassé par la situation. Au second tour de l’élection présidentielle (10 avril 1932), Paul von Hindenburg, héros de la guerre de 1870 (il avait fait prisonnier Napoléon III à Sedan) et de la Première Guerre mondiale, bat Adolf Hitler qui réalise tout de même 13 millions de voix contre 39 millions au vieux maréchal, conservateur, mais ayant bénéficié du report des voix des socialistes. Aux élections législatives anticipées du 31 juillet 1932, les nazis obtiennent une majorité relative, le Parti compte 1,4 million d’adhérents. Hindenburg veut nommer Adolf Hitler chancelier. Ce dernier refuse, car il n’est pas encore en position de force. Hindenburg dissout alors le Reichstag, et aux élections du 6 novembre 1932, il y a un léger recul des nazis, mais le patronat se met à voter pour eux pour faire échec aux communistes, qui ne peuvent s’allier aux socialistes sur ordre de Staline qui prône encore la tactique « classe contre classe ».
Hitler accepte le poste de chancelier le 30 janvier 1933, à condition de procéder à de nouvelles élections. Dès le 4 février 1933, certains journaux socialistes et communistes sont interdits. Le 27 février 1933, le bâtiment du Reichstag est incendié par un chômeur communiste néerlandais, peut-être manipulé. Le lendemain, un décret présidentiel, le Reichstagsbrandverordnung, restreint les libertés individuelles. Hitler accuse les communistes de cet incendie, fait interdire le KPD, suspend la liberté d’opinion (28 février 1933), ce qui permet d’arrêter de nombreux anti-nazis. Malgré le climat de terreur, les élections du 5 mars 1933 ne donnent que 44 % des sièges pour les nazis au Reichstag. Les députés communistes sont arrêtés, ce qui lui donne la majorité absolue (51 % des voix). Le 23 mars 1933, la loi « sur la suppression de la misère du Peuple et du Reich » lui accorde les pleins pouvoirs par 441 voix contre 92.
Le 12 novembre 1933, de nouvelles « élections » au Reichstag sont organisées sur une liste unique ne comportant que des nazis qui sont élus avec 92 % de « oui ». Hitler supprime alors les Assemblées dans les Länder et dote l’Allemagne d’une administration centralisée. Conformément à sa stratégie, Hitler a accédé au pouvoir par la voie légale, sur un programme démagogique et populiste, avec l’aide des partis politiques de la droite et du « Zentrum », comme « rempart » contre le communisme. Le 14 juillet 1933, le Parti nazi devient le seul parti légal ; son emblème et son idéologie sont présents partout. Le président Hindenburg meurt le 2 août 1934, mais les élections présidentielles sont supprimées. Hitler cumule alors les deux fonctions : Président de la République et Chancelier sous le nom de Führer. Près de 90 % des électeurs approuvent ce bouleversement constitutionnel par référendum. Par le « Führerprinzip », il affirme n'être responsable devant personne. Dès lors, on parle de Troisième Reich, même si formellement la République de Weimar n'a jamais été abrogée par les nazis.